Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Comme vous le savez, nous discuterons aujourd'hui de la présence des femmes dans les professions non traditionnelles. Nous voulons donc que vous nous fassiez part de votre expérience et de toute information que vous jugerez digne d'intérêt.
Je vous souhaite la bienvenue à vous toutes: du Status of Women Council of the Northwest Territories, Mme Phaneuf; de l'Association des femmes autochtones du Canada, Mme Calder; du Ralliement national des Métis, Mme Watteyne; des Femmes métisses de la Saskatchewan, la présidente, Mme Bailey; et de la Fédération des Métis du Manitoba, la vice-présidente de la région du sud-est, Mme Denise Thomas.
Je vais vous expliquer brièvement les procédures habituelles. Dix minutes vous seront allouées. Nous avons trois groupes. Plusieurs d'entre vous font partie du même groupe. Chacun des trois groupes, c'est-à-dire le Ralliement national des Métis, l'Association des femmes autochtones du Canada, et le Status of Women Council of the Northwest Territories, auront 10 minutes pour faire leur présentation. Je vais vous faire signe lorsque votre temps sera presque écoulé pour que vous puissiez conclure. Par la suite, nous aurons une série de questions et réponses, c'est-à-dire que les membres du comité vont pouvoir vous poser des questions.
Nous allons commencer avec le Status of Women Council of the Northwest Territories.
Madame Phaneuf, je vous souhaite la bienvenue.
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Bon après-midi, tout le monde.
J'ai parcouru beaucoup de chemin depuis vendredi, et j'ai fait plusieurs arrêts en cours de route, mais je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui.
Cette année, notre conseil a terminé son projet Northern Women in Mining, Oil and Gas. En plus de nos fonctions courantes, nous avons mené un projet spécial concernant les métiers non traditionnels pour les femmes qui sont sous-représentées sur le marché du travail.
Permettez-moi d'abord de vous donner un bref aperçu du projet.
Le Status of Women Council et ses partenaires ont présenté le projet Northern Women in Mining, Oil and Gas, une initiative qui visait à répondre à la question suivante. Compte tenu de la population actuelle de femmes non employées ou sous-employées dans les Territoires du Nord-Ouest, est-ce qu'une approche stratégique de formation et de perfectionnement destinée aux femmes et menée en partenariat avec d'autres intervenants permettrait d'accroître le niveau d'intérêt, la présence et le maintien en poste des femmes dans les emplois industriels et les corps de métier au sein des industries minière, pétrolière et gazière du Nord?
Le projet étant maintenant presque terminé, nous savons que notre question était trop longue. Si nous avions à entreprendre un autre projet de ce genre, nous tâcherions de mieux cibler notre question.
Parmi les obstacles, ou les défis sociaux, qui compliquaient l'entrée des femmes dans les corps de métier, le manque de formation ou de compétences appropriées était celui qui revenait le plus souvent. Parfois, c'étaient les problèmes éprouvés par les mères célibataires, les possibilités de formation limitées, les restrictions financières, la perception et le point de vue traditionnel que les femmes n'étaient pas faites pour les corps de métier, mais aussi les différents problèmes sociaux comme la violence et les dépendances. Les trois principaux obstacles signalés par les répondantes, et les réponses cadrent avec la proposition de recherche, étaient le manque de connaissances et de compétences spécialisées, les soucis financiers, et l'idée qu'il s'agit d'un milieu de travail masculin.
Dans le cadre du projet, nous avons offert trois types de cours. Nous avons donné des cours d'initiation en menuiserie, qui s'échelonnaient sur cinq semaines et qui étaient offerts principalement le soir. Nous avons aussi mené deux projets communautaires. Le premier était un cours de conduite de machinerie lourde donné à Trout Lake, une collectivité de 90 personnes. Nous avons aussi offert un cours d'été en entretien d'aéroport à Hay River, une collectivité un peu plus populeuse dans le Nord, qui compte entre 1 000 et 1 500 habitants. Les deux cours ont très bien fonctionné. Les femmes qui y ont pris part veulent poursuivre leur formation. Certaines travaillent déjà, d'autres ont de la difficulté à trouver un service de garde pour leurs enfants, mais elles ont réussi le cours qu'elles ont suivi.
Nous avons aussi coordonné un programme d'accès aux corps de métier, qui était en fait un programme de formation pour inciter les femmes à faire l'examen d'entrée dans un métier. Le cours leur a permis de perfectionner leurs connaissances en vue de réussir l'examen, et ensuite entrer dans un programme de stage, pour finalement exercer leur métier. Avant de mettre en oeuvre le projet, nous avions communiqué avec les compagnies minières, qui avaient l'intention d'embaucher les femmes qui auraient réussi l'examen. Elles ont bel et bien embauché trois de ces femmes, mais avec le recul économique mondial actuel, nous attendons toujours qu'elles en embauchent plus.
Nous avons également offert un programme d'aide en construction, un cours de 12 semaines. Le tout combinait une formation pratique et des cours théoriques de base, et était associé au programme Ready to Work North. C'est un cours qui préparait les femmes pour les postes de premier échelon dans l'industrie des métiers. Ces cours ont été très populaires, et les compagnies minières étaient très heureuses d'embaucher les femmes qui les avaient suivis.
Ce qui complique surtout les choses dans l'industrie minière aux Territoires du Nord-Ouest, c'est le calendrier de travail qui est de deux semaines de travail pour deux semaines en congé. Il peut donc être très difficile pour les mères célibataires de trouver quelqu'un pour s'occuper de leurs enfants.
Nous avons en outre offert dans le cadre du projet des services complémentaires de toutes sortes. Les femmes pouvaient donc obtenir l'aide d'un tuteur après les classes si elles éprouvaient des problèmes d'apprentissage. Nous avions aussi un service de placement pour leur trouver un logement, un service de garde pour leurs enfants, et ainsi de suite. Dans le Nord, un programme d'aide financière est offert aux étudiants, qui ressemble un peu à un programme de prêts, mais la dette des étudiants est effacée s'ils travaillent dans le Nord.
Une foule de services leur étaient offerts. Counselling personnel, appui au logement, transport... les femmes ont reçu des fonds pour couvrir les frais de déplacement à partir de leurs collectivités, et dans les Territoires du Nord-Ouest, les déplacements peuvent coûter très cher. Nous leur avons fourni des vêtements de travail, des cartes d'appel, des chèques-cadeaux dans les supermarchés, et tout ce dont elles avaient besoin pour réussir leur formation.
Au cours de la première année, nous avons reçu 37 demandes; dans la deuxième année, nous en avons 43; et dans la troisième année, nous avons reçu 73 demandes. Maintenant que nous attendons du financement, nous avons une liste d'attente de femmes qui veulent s'inscrire au programme. Après trois années d'existence, notre programme commence à être connu dans le Nord, alors les femmes veulent y participer, mais nous sommes toujours en attente de nouveaux fonds.
Il a été difficile de recruter des candidates qualifiées en raison des prérequis scolaires exigés pour certaines de nos formations. Alors beaucoup de femmes qui avaient posé leur candidature n'ont pas pu se qualifier pour le cours de perfectionnement offert au Aurora College, un collège communautaire dans le Nord.
Il a aussi été difficile de garder les femmes en poste dans les programmes de stage spécialisé suivant la formation. Souvent, c'était parce qu'elles n'avaient personne pour s'occuper de leurs enfants, ou parce qu'elles avaient un problème de dépendance. Certaines des participantes ne semblaient pas intéressées à poursuivre des carrières dans le métier qu'elles avaient appris, même si on avait éliminé les obstacles qui se dressaient sur leur chemin. La prochaine chose que nous tenterons probablement de déterminer est la raison pour laquelle elles s'étaient inscrites au programme. Différentes hypothèses sont mises de l'avant. Il se peut qu'elles aient voulu s'en servir comme porte d'entrée vers d'autres programmes. Nous ne sommes pas certains pourquoi elles se sont inscrites si le programme ne les intéressait pas.
L'industrie minière requiert des travailleurs spécialisés et un certain niveau d'études. Compte tenu des valeurs traditionnelles et des responsabilités parentales, il est très difficile de doter ces postes. La rotation de travail de deux semaines de travail pour deux semaines de congé y est pour beaucoup. Et bien sûr, la récession économique a freiné l'embauche de nouveaux employés.
Sur une note un peu plus positive, notons que 23 femmes ont réussi le cours d'aide en construction et le programme d'accès aux corps de métier. Des femmes ont fait leur examen d'entrée, et cinq d'entre elles ont obtenu un travail après leur formation et sont toujours en poste. Bien qu'elles n'aient pas toutes continué dans un programme connexe, elle travaillent quand même. Elles pourraient bien travailler dans une bibliothèque; même si ce n'est pas la pelle à la main, elles sont sur le marché du travail. De ce point de vue, le programme a sans contredit porté fruit.
Est-ce que mon temps est écoulé?
Je vais vous citer en exemple une des toutes premières participantes. Lorsqu'elle s'est inscrite au programme, elle venait de déménager du Nunavut et elle dormait chez l'un et chez l'autre à Yellowknife. Grâce à tous les services complémentaires dont elle a profité, elle travaille aujourd'hui pour BHP et gagne un très bon salaire. Son fils de 15 ans travaille également. Il travaille à Boston Pizza. Cette femme avait alors 43 ans et n'avait jamais vraiment eu d'emploi rémunéré. Aujourd'hui, elle travaille, et son fils aussi.
Elle m'a dit une chose un jour qui m'a beaucoup touchée. Elle reconnaissait qu'avoir eu la chance de gagner elle-même sa vie lui avait donné conscience qu'elle était maître d'elle-même et qu'elle n'avait pas à compter sur l'aide du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest pour vivre ou pour prendre soin de son fils. Elle est très indépendante. Elle est sur les affiches de De Beers et sa photo a même paru dans le journal. Elle est devenue une sorte de célébrité aux Territoires du Nord-Ouest. Autrefois, elle vivait aux crochets de l'État, et trois ans plus tard, elle gagne près de 100 000 $. Toutes les histoires ne finissent pas de cette façon, mais elle a été une des premières femmes à participer au programme. Tout au long de ces trois années, les conseillers du Status of Women Council ont travaillé avec elle et l'ont encouragée à conserver son emploi.
Nous ne savons donc pas ce que nous allons faire si nous n'obtenons pas le financement, car nous avons créé un besoin aux Territoires du Nord-Ouest. Non seulement les femmes inscrites au programme viennent nous voir pour avoir des conseils, mais les femmes de métier en général sollicitent notre appui.
Voilà la situation aux Territoires du Nord-Ouest.
Bon après-midi à tous.
Je m'appelle Carey Calder. Je suis une Ojibway bispirituelle du Nord-Ouest de l'Ontario, et je suis arrivée dans la région d'Ottawa il y a environ sept ans. Je suis la gestionnaire du développement du marché du travail de l'Association des femmes autochtones du Canada, aussi dénommée l'AFAC.
L'AFAC est l'une des cinq organisations autochtones nationales du Canada, et la seule représentant spécifiquement les femmes autochtones. Notre mission consiste à favoriser la participation significative des femmes autochtones dans l'élaboration de lois et de politiques qui tiennent compte des besoins uniques des femmes autochtones.
Dans tous les projets que nous entreprenons, nous nous efforçons de cerner les modèles et les politiques exemplaires à l'aide d'une analyse comparative entre les sexes et adaptée à notre culture. L'AFAC a dirigé l'élaboration de l'outil d'analyse comparative entre les sexes adaptée sur le plan culturel (ACSAC), qui donne un aperçu global de la position politique des femmes autochtones en ce qui a trait à différents enjeux. C'est un outil particulièrement utile pour déterminer les résultats attendus et les mesures de rendement.
Par exemple, si on examine à l'aide de l'ACSAC les déterminants sociaux de la santé au Canada, on constate que le simple fait d'être Autochtone vous place en situation défavorable, et c'est doublement vrai si vous êtes une femme autochtone. Nous devons donc tenir compte de cette réalité lorsque l'on étudie les politiques et les programmes.
L'AFAC est maître dans l'art de passer les lois et les politiques sous la loupe de l'ACSAC, c'est donc avec un grand intérêt que nous participons à la séance d'aujourd'hui, et que nous vous ferons part de nos commentaires sur la présence accrue des femmes dans les professions non traditionnelles.
Le message clé que nous voulons faire passer aujourd'hui dans le contexte de l'ACSAC, c'est qu'il faut soutenir adéquatement la présence des femmes autochtones dans les professions non traditionnelles: d'abord, il faut veiller à ce que les femmes autochtones aient un accès équitable aux professions non traditionnelles et qu'elles y soient bien représentées; ensuite, il faut aussi reconnaître que les femmes autochtones sont sous-représentées dans toutes les professions, et ce, même si elles sont de plus en plus nombreuses à faire des études postsecondaires dans les domaines des affaires, de la santé et de l'éducation.
Permettez-moi de préciser mon premier point pour commencer. Pour que les femmes autochtones soient plus présentes dans les professions non traditionnelles, il faut s'assurer qu'elles y ont bel et bien accès et qu'elles sont représentées et respectées dans ces domaines.
Les femmes autochtones qui veulent avoir une carrière enrichissante dans les corps de métier, le secteur industriel et les postes d'apprentis sont confrontées à des obstacles qui compliquent inévitablement l'accès à ces professions et qui freinent par conséquent la participation des femmes. Nous devons d'abord et avant tout nous attaquer aux barrières sur lesquelles les chercheuses d'emplois n'ont aucun pouvoir. On peut penser que les stratégies de recrutement initiales n'ont pas été conçues d'après une analyse comparative entre les sexes, et certainement pas d'après une analyse comparative entre les sexes adaptée sur le plan culturel. Au départ, le processus de planification n'a pas tenu compte de la façon dont les choses pourraient évoluer. C'est pourquoi nous devons aujourd'hui trouver des moyens pour veiller à ce que les femmes aient accès à toutes ces professions et qu'elles y soient équitablement représentées.
Il ne suffit pas d'établir des objectifs de participation, mais ce serait au moins un début. Nous devons nous assurer que toutes les voies et toutes les portes sont ouvertes et que nous sommes bien préparés pour relever les défis uniques auxquels sont confrontées les femmes autochtones.
Il faut notamment se demander comment les politiques concernant les congés de maternité peuvent s'intégrer aux plans de carrière. Est-ce quelque chose qu'on encourage dans ces milieux? Est-ce que les femmes auront perdu leur ancienneté à leur retour au travail?
Nous avons besoin de stratégies concrètes pour remédier au racisme et au sexisme qui imprègnent encore ces milieux. Les propos que l'on tient dans les environnements de travail à dominance masculine ne sont pas nécessairement propices à créer un milieu accueillant pour les femmes. Nous devons ainsi reconnaître qu'un changement culturel sera peut-être nécessaire dans certains milieux pour accroître la présence des femmes de façon durable.
Pour ce qui est de certaines des recommandations, on a pu constater que les campagnes promotionnelles se multiplient pour encourager la population autochtone, en particulier les jeunes, à faire carrière dans les corps de métier. Ces initiatives sont toutefois rarement menées en partenariat avec les employeurs. Il faut créer des occasions réelles et concrètes d'emploi rémunéré ou de formation en milieu de travail, et conclure des ententes de stage avec les employeurs. Cela implique de cibler davantage les employeurs, de façon à ce qu'on puisse clairement voir et comprendre comment se compose leur effectif. À quel point leurs propres stratégies de recrutement et de maintien en poste des employés sont-elles efficaces? Est-ce la législation en place, peu importe où ils se situent, appuie aussi les stratégies qu'ils ont mis en oeuvre? Quelles mesures concrètes ont-ils prises pour veiller à ce que les travailleurs autochtones soient bien représentés au sein de la main-d'oeuvre? Et surtout, quelles mesures précises ont été prises pour les femmes autochtones?
Le deuxième message que nous voulons lancer, c'est que pour accroître la présence des femmes autochtones dans un secteur en particulier, nous devons d'abord tenir compte du fait que les femmes autochtones sont sous-représentées dans toutes les professions, et ce, même si elles sont de plus en plus nombreuses à faire des études postsecondaires dans les domaines des affaires, de la santé et de l'éducation.
On remarque une diminution marquée de la proportion de femmes autochtones qui obtiennent un certificat d'une école de métiers. Par exemple, entre 2001 et 2006, la proportion est passée de 12 à 9 p. 100; pourtant, on note une hausse globale de la réussite scolaire si on se fie au nombre de diplômes d'études collégiales et universitaires obtenus. En 2006, les femmes autochtones étaient plus susceptibles de détenir un diplôme d'études collégiales et universitaires que leurs homologues masculins.
Il est aussi important de signaler que l'écart séparant les femmes autochtones des femmes non autochtones s'est amenuisé entre 2001 et 2006. Essentiellement, on constate que les femmes autochtones ont de plus en plus de succès dans les études postsecondaires. Elles ne se dirigent pas nécessairement vers les corps de métier.
À cet égard, comme les femmes autochtones sont sous-représentées dans toutes les professions, nous recommandons de favoriser la création de possibilités dans les domaines appropriés, de façon à ce que les réussites scolaires des femmes se concrétisent sur le marché du travail. Il faut orienter les initiatives relatives à l'emploi vers les domaines dans lesquels les femmes font des études supérieures, là où elles veulent aller. Il faut tâcher de répondre aux besoins et à la demande, ce qui établira le cadre et les modèles exemplaires à appliquer dans le domaine de travail en question. Il est important de ne pas être réactionnaire en décidant du secteur à la mode et en tentant de diriger les gens vers des domaines précis.
En terminant, nous voulons aussi parler du terme « professions non traditionnelles ». On présume ici qu'il s'agit des professions occupées principalement par des hommes, comme les corps de métier, les transports et les emplois industriels. Il est très important de souligner que les femmes continuent à être sous-représentées dans les postes de gestion en général. Il y aurait lieu de se demander si les postes supérieurs de gestion et les rôles décisionnels ne pourraient pas aussi être définis comme des professions non traditionnelles pour les femmes. Il faudrait ainsi aussi discuter de cette réalité et mettre en place les stratégies et les politiques qui s'imposent. Les stratégies adoptées doivent prévoir l'intégration des femmes autochtones à titre de bénéficiaires à part entière des avantages économiques qu'offre le Canada.
Merci de nous avoir permis de nous adresser au Comité permanent de la condition féminine. Ce sera un plaisir pour nous de poursuivre notre travail dans ce domaine.
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Oui, nous nous partagerons le temps.
J'aimerais commencer en remerciant les honorables membres du comité d'avoir invité le Ralliement national des Métis à comparaître aujourd'hui.
Le Ralliement national des Métis représente la nation métisse à l'échelle nationale et parle en son nom. Les femmes constituent 50,6 p. 100 des Métis résidant sur la terre natale des Métis du Canada, qui englobe les provinces de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Selon le recensement de 1996, il y avait un peu plus de 170 000 femmes métisses sur ce territoire.
Notre population est très jeune. Des femmes métisses vivant sur les terres natales des Métis, 25 p. 100 ont moins de 15 ans et 26 p. 100 sont âgées entre 15 et 29 ans. Autrement dit, la majorité des Métisses sont des enfants ou des jeunes.
Nous témoignons aujourd'hui en bonne partie pour parler de leur avenir. Un grand nombre d'entre nous avons choisi notre carrière en fonction de notre époque et de notre situation. Même si au cours de notre vie, les idées sexistes que l'on se fait des rôles et des métiers qui conviennent aux femmes ont évolué rapidement, nous ne sommes pas au bout de nos peines et les résultats sont loin d'être satisfaisants. Nous espérons que grâce aux travaux de votre comité et aux efforts persistants déployés par les leaders de l'industrie et du gouvernement, nous offrirons des conditions plus équitables aux femmes autochtones sur le marché du travail et un avenir meilleur et plus prometteur aux jeunes femmes métisses.
Il importe de corriger une importante idée fausse au sujet des Métisses et des autres femmes autochtones. On nous croit absente de la main-d'oeuvre, alors qu'en fait, les chiffres indiquent qu'en 2006, les taux de participation des femmes métisses de 15 ans et plus sur le marché du travail étaient d'environ 67 p. 100, ce qui est supérieur à la moyenne des femmes en général sur notre terre natale. Dans l'ensemble, 62,8 p. 100 des femmes sont sur le marché du travail. Même après avoir effectué des rajustements en fonction des différences d'âge et de profils entre les Métis et la population en général, les taux de participation des Métisses ressemblent beaucoup aux taux équivalents dans la population en général. Elles sont déjà intégrées à l'économie canadienne, et il est faux de croire le contraire.
Mais dans les faits, cette intégration à l'économie ne s'est pas traduite par des avantages équitables. Nos taux de chômage restent très élevés, ce qui fait que le pourcentage de Métis en âge de travailler qui occupent un emploi est également inférieur à celui de la population en général. Mais rien n'illustre mieux les disparités entre les femmes métisses et la population en général que le revenu d'emploi.
Sachez que selon le recensement de 2006, le revenu d'emploi moyen d'un homme d'âge adulte au Canada était de 45 588 $ en 2005. Si l'on veut évaluer l'égalité entre les sexes, c'est au revenu des hommes qu'il faut réellement nous comparer. Malheureusement, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir en ce qui concerne le revenu des Métisses. Nous gagnons à peine 23 253 $ par an, ce qui est 48,8 p. 100 inférieur au revenu des hommes en général.
Notre mémoire comprend un tableau qui fournit de l'information sur l'écart entre les revenus d'emploi des hommes et des femmes métis pour chaque province sur la terre natale des Métis. Il est intéressant de constater que la différence la plus criante se trouve en Alberta. Au moment du recensement, cette province jouissait d'une économie florissante et du revenu d'emploi le plus élevé au Canada. Mais les femmes ont été totalement laissées pour compte. Notre revenu moyen en Alberta était toujours d'à peine 24 060 $ par an; notre situation dans cette province n'était donc pas plus reluisante qu'ailleurs sur notre terre natale au chapitre du revenu.
Il existe également des différences entre le revenu des femmes et des hommes métis. Le revenu d'emploi moyen d'une femme est également de 20 p. 100 inférieur à celui des femmes dans la population en général dans les provinces de l'Ontario et de l'Alberta. Au Manitoba et en Saskatchewan, cette différence est d'environ 15 p. 100.
Nous n'avons pas l'intention de vous bombarder de statistiques. Si le comité veut en savoir plus à ce sujet, nous vous fournirons avec plaisir tous les renseignements dont nous disposons.
Même si les Métisses participent pleinement à l'économie canadienne, en moyenne, nous sommes reléguées au bas de l'échelle salariale. Il faut donc se demander pourquoi et ce que nous pouvons faire pour corriger la situation. Il y a énormément de facteurs qui entrent en jeu ici. Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses pour vous aujourd'hui.
Il ne fait aucun doute qu'il faut tenir compte de l'influence qu'ont sur l'orientation professionnelle et les décisions d'embauche les idées préconçues sur les hommes et les femmes pour comprendre les différences qui existent entre eux sur le marché du travail. Les taux de décrochage élevés et les faibles taux de réussite scolaire sont également des facteurs qui peuvent expliquer les piètres résultats observés au chapitre de l'emploi. La discrimination et les stéréotypes persistants à l'égard des femmes et des Autochtones, même s'ils sont difficiles à évaluer, contribuent certainement à rendre l'accès au marché de l'emploi si difficile que peu réussissent à atteindre le sommet.
Toutefois, nous constatons que les femmes métisses ont fondamentalement tendance à trouver du travail dans des professions plus manuelles et moins rémunératrices dans des secteurs occupés par les femmes. Elles sont généralement attirées par les mêmes types d'emplois que les femmes de la population en général. Nous avons beaucoup plus tendance à travailler dans le secteur des ventes et des services, où l'on trouve 39 p. 100 des Métis qui possèdent de l'expérience de travail, comparativement à seulement 30 p. 100 pour les femmes en général.
Sur la terre natale des Métis, notre profil professionnel suit une tendance commune à toutes les femmes; nous nous concentrons dans le secteur des services et occupons principalement des postes dans la vente au détail, la santé, l'éducation, le gouvernement et l'administration. Une répartition détaillée de l'emploi montrerait que, comparées aux femmes en général, les Métisses ont tendance à occuper des emplois mal rémunérés dans ces secteurs.
Voilà où nous nous intéressons beaucoup au concept de la participation des femmes dans des domaines non traditionnels, lequel s'applique habituellement à des professions qui sont, traditionnellement, surtout occupées par des hommes.
Selon le ministère américain du travail, les professions non traditionnelles se définissent comme étant des métiers où l'on trouve 25 p. 100 de femmes ou moins. Il est toutefois possible de les définir autrement selon la manière dont on examine les choses. Nous constatons que certains métiers qui ne sont pas considérés comme étant non traditionnels pour les femmes de la population générale le sont pour les Métisses et les autres femmes autochtones. Comme les définitions sont importantes, nous demanderions au comité de bien vouloir examiner cette question plus en détail.
La raison la plus souvent invoquée pour vouloir augmenter la participation des femmes dans des professions traditionnellement occupées principalement par des hommes, c'est que les femmes jouiront d'un revenu d'emploi supérieur et rattraperont le salaire des hommes. C'est certainement là notre objectif, mais nous croyons qu'il convient de faire attention, non pas pour refroidir l'enthousiasme, mais pour nous assurer de prendre en compte tous les aspects du problème.
Le fait est que la société, au cours de l'histoire, a toujours sous-évalué le travail des femmes par rapport à celui des hommes. Mais les femmes envahissent de plus en plus la chasse gardée des hommes — lentement, mais sûrement. C'est, par exemple, ce qui se passe dans les métiers et d'autres domaines traditionnellement ouvriers. Les femmes métisses ouvrent la voie en conquérant ces secteurs dans l'Ouest canadien. Elles ne représentent peut-être que 1,6 p. 100 de la main-d’œuvre féminine sur la terre natale des Métis, mais elles constituent près de 7 p. 100 des femmes qui travaillent comme conductrices d'abatteuses et d'équipements lourds, et sont relativement surreprésentées dans un éventail de métiers et de professions connexes, comme ceux de plombiers, de tuyauteurs et d'ouvriers.
Or, nous sommes loin d'être convaincues que cette situation a un impact majeur sur leurs revenus. À mesure que les femmes s'aventurent en territoire masculin, il est plus important que jamais pour elles de recevoir un salaire équitable: à travail de valeur égale, salaire égal.
Le comité devrait également considérer l'importance d'investir dans l'éducation et le perfectionnement des compétences. La majorité des emplois au pays n'exigent pas de formation universitaire, mais requièrent des compétences et de l'expérience. Si nous voulons qu'un plus grand nombre de femmes autochtones travaillent dans les métiers ou les secteurs des mines, de la foresterie et des ressources, occupent des postes bien rémunérés d'ingénieures, de conceptrices et de spécialistes en technologies de l'information ou travaillent sur des chaînes de montage, nous devons les y préparer quand elles sont jeunes, particulièrement nos jeunes femmes.
On pourrait entreprendre un certain nombre d'initiatives pour préparer les Métisses à occuper ces postes. Tout d'abord, un bon nombre d'entre vous savez peut-être que le gouvernement du Canada finance nos gouvernements autochtones pour offrir des programmes et des services sur le marché du travail dans le cadre de ce que l'on appelait autrefois la Stratégie de développement des ressources humaines autochtone, rebaptisée Stratégie pour les compétences et l'emploi des Autochtones.
Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que les niveaux de financement des organisations autochtones dans le cadre de ce programme n'ont pas changé depuis plus de 10 ans. Or, ce financement est essentiel, car il permet à notre peuple, y compris les jeunes femmes, d'acquérir les compétences nécessaires sur le marché du travail. Nous vous demandons donc instamment de recommander une augmentation du financement de ce programme et de l'axer davantage sur la préparation des femmes pour des postes non traditionnels.
Ensuite, il importe de concevoir des programmes adaptés à notre réalité culturelle pour informer les femmes métisses, autochtones et inuites du potentiel que recèlent les professions non traditionnelles. Comment ces femmes peuvent-elles choisir des métiers non traditionnels si elles croient qui leur est impossible d'y accéder? Aucun programme de ce genre n'a été développé expressément pour les Autochtones.
En outre, nous ne devrions pas sous-estimer l'importance de la question des soins à l'enfance pour les femmes en général et les Métisses en particulier. C'est aux femmes qu'il incombe de s'occuper de leur famille. Or, elles ont de la difficulté, particulièrement si leur revenu est peu élevé, à s'investir dans une carrière exigeante lorsqu'elles savent qu'elles doivent quitter le marché du travail pour de longues périodes afin d'élever leurs enfants. Si l'on n'offre pas de services de garde adéquats, accessibles et abordables, comment peut-on s'attendre à ce que les femmes entrent dans un environnement de travail exigeant?
Pour les Métis et les autres Autochtones, ces problèmes sont encore plus criants en raison du pourcentage élevé de familles monoparentales au sein des communautés. Sur la terre natale des Métis, environ 15,1 p. 100 des femmes de plus de 15 ans vivent dans des ménages unifamiliaux, alors que dans des provinces comme la Saskatchewan, ce pourcentage est encore plus élevé et s'établit à 18,6 p. 100. Les subventions provinciales pour garde d'enfants sont inadéquates. Il faut implanter un réseau national de garde d'enfants auquel toutes les femmes peuvent aisément avoir accès. Si on ne le peut le faire, nous demanderions au comité d'examiner la possibilité d'élargir aux Métis l'initiative de soins à l'enfance offerte aux premières nations et aux Inuits. Nos propres organisations pourraient alors commencer à combler les besoins de nos jeunes mères.
Il faut ensuite informer les employeurs et leur offrir des incitatifs intéressants pour qu'ils embauchent des femmes, même dans les professions non traditionnelles. Les États-Unis offrent depuis un certain temps des programmes d'action positive, et tout laisse croire qu'ils ont permis d'augmenter la participation des femmes dans les emplois non traditionnels. Au Canada, nous devrions envisager l'établissement de normes et de cibles d'équité en matière d'emploi dans les industries non traditionnelles afin d'encourager les employeurs à embaucher des femmes.
Enfin, il est primordial d'éliminer les préjugés relatifs au sexe et à la race qui empoisonnent le milieu de travail des femmes autochtones qui entrent dans des secteurs non traditionnels. Nous savons que les femmes peuvent faire un aussi bon travail que les hommes et que les Autochtones peuvent faire un aussi bon travail que les non-Autochtones. Mais les femmes autochtones ne sont pas seulement en butte à des obstacles pour entrer dans des industries non traditionnelles; elles sont également victimes de discriminations de toutes sortes, subtiles ou non, lorsqu'elles trouvent un emploi dans des secteurs non traditionnels. Notamment, il est moins probable que l'on nous accorde des responsabilités ou des promotions. Il faudra du temps pour changer les choses, mais les autorités publiques pourraient encourager de manière plus proactive les employeurs et les collègues à accepter les femmes et les Autochtones en milieu de travail.
Merci de votre attention.
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Ce programme a commencé par une proposition de développement élaborée par une équipe constituée de partenaires communautaires de Yellowknife et des régions du Nord. Cette équipe a collaboré avec le collège. Notre tâche a consisté à préparer des cours de perfectionnement pour que les programmes soient mieux adaptés aux femmes. Nous nous sommes notamment intéressées à l'établissement de budgets, aux démarches à entreprendre lorsque l'on a besoin de services de garde d'enfants et au logement pour les familles monoparentales. Les participantes ont non seulement appris un métier, mais ont également appris à vivre et à survivre.
Ce que nous voulions, c'est qu'elles trouvent toutes un emploi. Ce n'est pas ce qui est arrivé. Mais comme je l'ai indiqué précédemment, en renforçant leur estime personnelle et en acquérant des connaissances qui leur seront utiles toute leur vie, elles pourront peut-être travailler dans d'autres domaines.
Nous tenons à continuer d'offrir le programme. Ce qui m'effraie le plus dans ce projet, c'est que les femmes continueront de s'adresser au conseil parce que le projet a rendu notre organisation accessible. Ainsi, nous accueillons non seulement les femmes qui participent au projet, mais également leurs amies et leurs enfants. Nous avons dû nous procurer des crayons. Et nous offrons d'autres sortes de programmes à ces femmes, pas seulement du perfectionnement.
Nous devons maintenant envisager sérieusement d'affecter une personne chargée expressément de poursuivre les travaux dans les Territoires du Nord-Ouest. Il arrive parfois que les gens se découragent. Comme ils n'ont pas travaillé depuis peut-être 25 ans, il leur est très difficile de laisser, du jour au lendemain, leurs enfants derrière pour aller travailler pour deux semaines dans une mine.
Il ne s'agit donc pas seulement de travailler. En fait, c'est tout le programme d'encadrement qui permet aux participantes de continuer à travailler. Je crois que nous maintiendrons donc ce poste pour que les femmes des Territoires du Nord-Ouest puissent faire appel à nous.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, mesdames. Merci de votre présence aujourd'hui. Je trouve très intéressant de vous entendre. Ça nous explique beaucoup de choses concernant les problématiques des femmes à l'extérieur des grandes villes, car dans les régions, c'est très différent.
D'ailleurs, comme Mme Thomas l'a dit, je me rends compte que dans différents lieux, « non traditionnel » veut dire différentes choses. Ce ne sont pas nécessairement des aspects non traditionnels auxquels nous sommes habitués ici, mais ce sont quand même des aspects non traditionnels qui peuvent être importants pour les femmes. Cela m'a rappelé que, lorsque je suis allée au Nunavut, à Iqaluit, j'ai remarqué que tous les emplois étaient occupés par des hommes blancs venant du Sud. Dans l'hôtellerie, la restauration, bref, peu importe où on allait, tous les emplois étaient occupés, la plupart du temps, par ces hommes blancs venant du Sud et qui avaient des contrats très payants. Je me suis demandé pourquoi ce n'étaient pas des femmes, car à Iqaluit, beaucoup de femmes sont sans emploi et n'ont pas la chance de développer ces compétences.
Je me demandais, puisque vous travaillez avec Ressources humaines et Développement des compétences Canada, si vous discutez des situations différentes d'un lieu à un autre afin de pouvoir vous assurer que les programmes répondent véritablement aux personnes, aux femmes, auxquelles vous vous adressez.
Je veux également savoir si, pour vous, il serait important d'établir le financement — car vous avez aussi parlé du financement — sur une base à plus long terme, plutôt que de le voir basé sur les projets? Car sur cette base par projet, on ne peut pas nécessairement répondre à la même clientèle à laquelle on répondrait si on y allait sur une base à plus long terme.
J'aimerais entendre votre opinion là-dessus, madame Thomas, madame Phaneuf, madame Calder.
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C'est un aspect très important pour notre conseil. L'apprentissage continu et l'accès à des postes stables figurent parmi les objectifs premiers du projet.
Selon moi, le gouvernement devrait considérer que notre projet est couronné de succès, car nous avons pu démontrer que les services généraux offerts aux femmes sont essentiels à leur réussite. Il s'agit de femmes dont nous évaluions le dossier par crainte de marginalisation. Nous n'avons pas cherché à aider uniquement les premières de classe. Nous voulions donner un coup de pouce aux femmes sous-représentées qui avaient besoin de soutien. Même le processus d'évaluation ciblait ces femmes.
À notre point de vue, ce programme a été formidable. Il y a actuellement deux ministères qui mettent tout en oeuvre pour nous offrir le financement nécessaire à la poursuite du projet. Nous avons obtenu des fonds pour un projet pilote. Et vous avez raison d'affirmer que trois années de financement, ce n'est pas suffisant; cela ne fait que créer un besoin.
Comme nous sommes une ONG, nous allons poursuivre notre travail quoi qu'il advienne. Nous devrons compter sur Lorraine Phaneuf, Annemieke Mulders et les autres femmes qui travaillent au projet, car nous n'allons pas laisser tomber toutes ces femmes qui ont besoin de soutien et que nous estimons pouvoir aider.
Nous avions deux chargés de projet, mais l'équipe dans l'ensemble ne compte que six personnes. Toutes ont contribué d'une manière ou d'une autre au projet pour le secteur minier.
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Merci, madame la présidente.
Merci pour vos exposés très intéressants et pour votre franchise. Vous avez contribué de façon très utile à nos délibérations et je vous remercie pour les recommandations que vous nous avez formulées. J'ose espérer que notre rapport fera ressortir à quel point votre aide nous a été précieuse pour trouver la façon de répondre aux besoins des femmes, peu importe l'endroit où elles travaillent, que ce soit à la maison — car nous savons qu'elles y travaillent très fort — ou dans la profession qu'elles choisissent d'exercer à l'extérieur.
J'aurais quelques précisions à vous demander. J'espère que vous pourrez éclairer ma lanterne. Je vais m'adresser d'abord à Mme Phaneuf, mais n'hésitez pas si vous avez quelque chose à ajouter.
Vous avez parlé du très grand succès obtenu avec le programme de formation avec 37 participantes la première année, 41 à la deuxième, puis 73 au cours de la troisième année. Cela montre très clairement que vous répondiez à un besoin.
Vous avez parlé de financement, mais j'aimerais savoir d'où vous venaient ces fonds. S'agissait-il des entreprises minières et d'Irving ou y avait-il une autre source de financement?
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Je ne ferais jamais ça.
Nous avons présenté une demande au MAINC, mais on nous a répondu qu'on ne pouvait nous fournir des fonds que si nous avions une source de financement principale. Ce ministère ne peut assurer qu'une portion du financement requis. Nous avons aussi demandé une aide financière à Condition féminine Canada.
La ministre fédérale, Helena Guergis, est venue à Hay River pour notre ouverture officielle. Il est possible que j'exagère un brin, mais je crois qu'elle a été impressionnée par le travail que nous avons accompli là-bas en voyant toute la collectivité mobilisée et tout l'équipement déjà en place pour la formation de ces femmes. C'est elle qui m'a alors exhortée à demander le financement du ministère. Nous attendons donc toujours des nouvelles à ce sujet.
Mais si nous n'obtenons pas ces fonds, nous n'allons pas nous arrêter pour autant. Nous allons multiplier les demandes... vous savez, il existe d'autres sources de financement. Il y a un fonds territorial pour le marché du travail, mais il est d'application plutôt régionale, ce qui fait que ce sont les collectivités dans lesquelles nous nous rendrons qui devront demander des fonds, après quoi nous pourrons peut-être les aider à mettre en oeuvre le projet et à remplir les formalités administratives.
Alors tout dépend de la façon dont le financement est octroyé. Il serait préférable qu'il nous vienne directement de telle sorte que nous puissions simplement aider les collectivités qui en ont besoin.
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L'une des choses que nous remarquons, lorsqu'il est question de la participation des femmes sur le marché du travail, c'est que toutes les femmes autochtones ont tendance à trouver des emplois qui, en bout de ligne, seront utiles aux familles et aux communautés. Pendant longtemps, nous n'avons pas fait, et nous continuons de ne pas faire du très bon travail, lorsque nous traitons les données de recensement, pour établir des statistiques sur les postes que nous occupons déjà et ceux que nous avons occupés. Nous avons tendance à rester à la maison, parfois en prenant soin plus longtemps des enfants, mais aussi des aînés; or, on n'en tient pas compte comme s'il s'agissait d'un véritable poste de préposé aux services de soutien à la personne certifié. Si vous exercer une profession comme celle de sage-femme sans avoir de diplôme reconnu, habituellement, cela ne sera pas pris en compte.
Donc, une bonne partie de ce travail a déjà été réalisé. Alors que les possibilités augmentent sur le plan de la formation postsecondaire, nous constatons souvent qu'on s'intéresse à la santé, à l'éducation et aux autres genres de domaines dans lesquels nous travaillons déjà.
Ce qui ne veut pas dire que nous n'avons pas absolument besoin de mesures de soutien particulières pour les femmes qui regardent à l'extérieur de ces rôles traditionnels. Nous en avons besoin, mais lorsque nous faisons de la promotion en mettant l'accent sur des messages comme: « Décrochez un métier spécialisé » ou, comme je l'ai écrit moi-même, « L'apprentissage d'un métier, c'est branché »... Mais que cela signifie-t-il, et en quoi est-ce profitable? Nous proposons donc de chercher des moyens de soutien qui vont dans le sens des objectifs que nous poursuivons déjà.
L'autre point que je tentais vraiment de faire valoir à cet égard, c'est que malgré le fait que nous accomplissions... Et les femmes autochtones arrivent parfaitement bien à obtenir leur diplôme d'études postsecondaires lorsqu'elles en ont l'occasion. Beaucoup d'éléments font obstacle à une telle possibilité, mais lorsque celle-ci se présente, il n'y a pas toujours des débouchés en bout de ligne.
Nous savons que nous avons encore affaire au racisme, au sexisme. Nous sommes conscientes d'être encore confrontées parfois à une absence de débouchés, ou, je pense, de débouchés qui correspondent à une « liste de besoins » dans certains endroits. On peut avoir un travail informel qui est disponible dans la communauté, plutôt que de ce qu'on pourrait considérer comme un emploi dans le cadre du recensement.
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue à nos témoins.
Effectivement, ce qu'on entend est super intéressant. On a déjà entendu beaucoup de témoins et d'organisations au sujet des métiers non traditionnels, et quelque chose me chicote. De façon générale, les femmes autochtones semblent avoir des problèmes beaucoup plus évidents que les femmes qui vivent en milieu urbain ou les femmes blanches. Les femmes autochtones semblent avoir de la difficulté à avoir accès à la formation. Dans les différentes provinces, d'un bout à l'autre, ce n'est pas tout le monde qui a des projets comme les vôtres.
Cela m'amène à me questionner sur la situation des différentes bandes réparties aux quatre coins pays et également au Québec. Au Québec, il y a des endroits, comme dans le Nord, où les femmes ont des problèmes importants et ne trouvent pas d'emploi. La formation ne semble pas être un outil majeur.
Sur la base de la connaissance que vous avez de vos milieux, j'imagine que vous me pourriez me dire s'il y a une culture d'hommes indiens qui est encore plus forte et qui fait en sorte d'empêcher les femmes de quitter les milieux ou les réserves et d'avoir une carrière intéressante?
Je pense que vous avez des statistiques à ce sujet.
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Je vais tenter de répondre. C'est vraiment une grande question.
Je pense que vous mettez le doigt sur un point très important. Les femmes autochtones ont des indicateurs inférieurs à ceux de tous les autres Canadiens en matière de déterminants sociaux de la santé. Et cela n'a pas à voir avec ce que font les hommes autochtones dans les réserves. Et même si vous deviez examiner cet exemple, cela représente un très petit segment de la population autochtone. Cela n'inclut pas les Métis et les Inuits.
L'une des choses les plus importantes que nous ayons observées dans le cadre de notre travail est en lien direct avec la manière dont, globalement, il est difficile d'avoir un programme ou une stratégie qui ne tienne pas compte de quelques-unes des autres réalités auxquelles nous continuons de faire face. Dans la mesure où les peuples et les communautés autochtones se situent à un autre niveau, les comparaisons ne tiennent plus. Le fait de vivre dans la pauvreté, de ne pas avoir accès à des soins de santé, ni à de la nourriture ou à un endroit pour se loger — tous ces éléments changent certainement vos priorités quant à savoir si vous déciderez ou non d'exercer une certaine profession.
Nous parlons beaucoup du fait que les jeunes Autochtones composent la plus grande part de notre population en ce moment, mais qui est responsable d'eux? Les femmes autochtones ont fondé une famille, ont élevé leurs enfants, et n'ont pas participé à certains autres programmes de stimulation qui ont été offerts. Donc, d'ici à ce qu'elles soient prêtes à suivre un programme, auront-elles eu la chance de terminer leur école secondaire? Auront-elles eu la chance de faire des études postsecondaires? À quel moment reviendront-elles aux études pour entreprendre une carrière? Je pense que tous ces différents éléments qui composent la réalité des Autochtones sont contenus dans ce seul exemple.
C'est une grande question. Nous pourrions probablement en parler pendant des mois.
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Au Manitoba, nous avons une organisation de femmes métisses faisant partie de la Fédération des Métis du Manitoba — elle a un siège au conseil d'administration — donc, pour tout ce qui est des formations destinées aux femmes, l'organisme accorde beaucoup d'aide aux Métisses du Manitoba. Nous les aidons beaucoup.
J'oeuvre auprès de la Fédération des Métis du Manitoba, et nous avons un porte-parole, alors nous apportons beaucoup de soutien aux femmes qui veulent pratiquer des métiers non traditionnels.
Nous comptons beaucoup d'exemples de réussite. L'une des choses que nous avons emmenées ici aujourd'hui est un ouvrage décrivant l'impact du programme de développement de la main-d'oeuvre métisse dont le titre est Métis Works. Si c'est possible, nous vous laisserons cette publication à titre d'information.
L'un des exemples de nos mesures visant l'éducation des femmes métisses — et les étudiants dans leur ensemble, mais cela a vraiment aidé les femmes — est notre programme appelé Standing Tall. Il est calqué sur le programme Tu Tangata de la Nouvelle-Zélande. Il s'agit d'un projet pilote, et nous avons des vidéos là-dessus. Cela aide vraiment les étudiants à bénéficier d'une meilleure éducation, car les parents travaillent au sein du système scolaire. Au moyen de notre financement alloué au développement des ressources humaines autochtones, nous sommes en mesure d'amener certains étudiants — je pense qu'il s'agissait entièrement de femmes métisses, car c'est moi qui signais leurs chèques — à travailler dans les écoles dans le but d'aider les parents à s'impliquer davantage dans le système d'éducation. Ce fut donc un véritable cas de réussite.
Bien sûr, nous avons établi un partenariat et nous espérons vivement poursuivre le projet Standing Tall. Nous avons pu détacher un enseignant de l'une de nos divisions scolaires, qui est venu travailler à ce projet avec nous. Nous offrons beaucoup de soutien aux femmes dans nos provinces, et nous continuerons de le faire. Mais, pour ce qui est des métiers non traditionnels, notre problème selon moi, c'est que bon nombre de femmes exercent ces métiers non traditionnels sans recevoir de salaire égal à celui des hommes.
Nous nous occupons aussi de formation communautaire. Nous avons organisé des formations communautaires pour des emplois comme celui de pompier ou d'opérateur de machinerie lourde. Nous l'avons fait. Je vois parfois l'une des femmes qui fait fonctionner une de ces grosses machines. Nous sommes très fiers de tout cela.
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Bonjour, et merci beaucoup d'être venues nous faire ces merveilleux exposés.
D'après ce que je comprends de vos arguments, je peux voir qu'il y a un grand nombre de défis liés non seulement à un emploi en soi, mais également aux compétences. Autrement dit, les difficultés auxquelles font face les femmes autochtones qui optent pour des emplois non traditionnels pourraient être les mêmes pour n'importe quelle autre femme qui en fait autant au Canada ou ailleurs dans le monde.
Ma question porte sur l'évaluation préalable. Vous avez particulièrement mentionné, Lorraine, que vous n'arriviez pas à retenir les femmes suffisamment longtemps car, si elles semblent intéressées au départ, une fois qu'elles commencent à exercer leur métier, elles perdent de l'intérêt. Dispose-t-on d'outils d'évaluation préalable pour déterminer si elles sont vraiment faites pour un emploi? Parfois, si nous les poussons à faire quelque chose qu'elles sont vraiment incapables de faire ou qui ne les intéresse pas, ces femmes pourraient se mettre à passer d'une formation professionnelle à une autre, mais au bout du compte, n'exerceront aucun de ces métiers et reviendront aux traditionnels. Pourriez-vous nous éclairer là-dessus, s'il vous plaît?
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Merci, madame la présidente.
Merci, mesdames. Je pense que vous nous avez très bien renseignés sur certains des problèmes.
Je voudrais aborder deux ou trois points; je vais tenter de regrouper mes questions.
Tout d'abord, je crois que nous devons corriger ce qui a été dit. En réalité, le financement des centres de guérison provient maintenant d'un autre fonds: Santé Canada, plutôt qu'AINC, fournira 199 millions de dollars. Il s'agit donc simplement d'un changement de source.
Madame Calder, pourriez-vous nous donner des pourcentages relatifs aux femmes autochtones qui pratiquent des professions traditionnelles, qui sont devenues, par exemple, infirmières ou enseignantes? Les provinces ont-elles établi des normes de rémunération, de façon à ce que les femmes qui tiennent des emplois de ce genre atteignent un certain niveau de revenu?
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Je pense seulement que nous pourrions ainsi faire des comparaisons. C'est ce que je cherche, je crois.
Mme Carey Calder: Tout à fait.
Mme Lois Brown: L'un des points que je trouve très important, c'est que notre gouvernement vient de mettre en place des fonds considérables: 200 millions de dollars sur 2 ans pour la construction d'écoles et 75 millions de dollars sur 2 ans pour le Fonds d'investissement stratégique pour les compétences et la formation des Autochtones.
Je regarde ensuite la prochaine donnée, celle selon laquelle, en 2000, les femmes étaient les propriétaires majoritaires de 16 p. 100 des entreprises du Nord. Encourage-t-on les femmes à démarrer leurs propres entreprises? Quelles obstacles doivent-elles surmonter?
Est-ce que cela aiderait si elles avaient accès à des biens, comme le foyer familial, qui leur permettraient de se présenter à la banque et de dire: « J'ai un bien d'une telle valeur que je peux donner en garantie. » Est-ce sur des plans de ce genre qu'on peut apporter des améliorations pour les femmes?
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Merci, madame la présidente.
Ce que Mme Brown a dit était très intéressant. Au Québec, la SOCLE fait du microcrédit pour les personnes qui veulent démarrer une entreprise. Je crois que c'est très intéressant, parce que les petites entreprises sont probablement la solution du futur sur le plan de l'emploi.
Madame Phaneuf, j'ai été fort intéressée quand vous avez parlé de services de garde pour les femmes qui veulent intégrer le marché du travail. Quand je suis confrontée à un problème, j'y vois une occasion. Vous avez parlé de coopératives, alors je me demandais s'il n'y aurait pas lieu d'essayer de créer des coopératives d'usagers dirigées, peut-être, par des grand-mères autochtones qui seraient rémunérées tout en transmettant les valeurs et la culture de leur peuple aux enfants qu'elles garderaient. Les meilleures personnes pour garder sont toujours les grand-mères, évidemment. Quand on a la chance d'avoir des services de garde bien structurés, c'est tant mieux.
Par contre, dans l'éventualité contraire, pourrait-on penser à des coopératives d'usagers? Les personnes utilisant les services de garde détermineraient les besoins et la façon dont elles veulent que ces coopératives soient dirigées. Cette idée me souriait et semblait être une réponse à vos problèmes.
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Je ne sais pas si les portes se ferment littéralement devant les femmes ou si c'est plutôt qu'on ne leur offre pas les mêmes occasions. Alors, pour poursuivre sur la question de la parité salariale, je vous dirais que, si de l'argent est disponible pour certains types d'emplois, si ce sont des emplois de débutant et si la personne embauchée n'a pas de contrat d'apprentissage, elle risque de demeurer à l'échelon inférieur pendant des années. Il est certain qu'en raison de sa nature même, l'univers des apprentis est dominé par les hommes. Souvent, il faut déjà avoir un pied dans l'usine pour y entrer. Un apprenti obtient un emploi parce que son oncle ou son père a travaillé au même endroit. C'est ainsi que ça se passe. C'est par les réseaux de connaissances qu'on embauche depuis toujours les apprentis.
Pour arriver à surmonter cet obstacle, pour que des femmes puissent faire carrière dans les domaines où elles n'étaient pas présentes traditionnellement, nous ne voulons pas qu'elles soient obligées de faire comme les hommes. Nous voulons qu'elles puissent se trouver un emploi sans renoncer à leur identité féminine. Nous cherchons actuellement à accroître leur participation. Il n'y a pas de plan pour résoudre ou cerner le problème, et il y a un facteur d'intimidation. Je ne suis pas certaine de ce que nous devons faire. J'imagine que c'est le travail que vous faites actuellement. Vous cherchez à déterminer comment il faut s'y prendre pour que la participation augmente.
Comme je n'ai pas suivi les travaux du comité, je me demande où il est rendu dans la collecte d'information sur le taux de persévérance des femmes, jusqu'à maintenant, dans les rôles qu'elles ne jouaient pas traditionnellement. Quelle est la situation actuelle, compte tenu des recommandations déjà formulées dans les stratégies visant à accroître la persévérance?
Je n'étais pas au courant du travail fait par le comité dans le dossier des femmes autochtones, mais il serait intéressant qu'il y ait davantage de collaboration avec les organisations autochtones nationales pour que nous puissions vous faire profiter du travail que nous faisons déjà depuis plus de 10 ans dans le secteur de l'emploi et de la formation.
Il reste un peu moins de cinq minutes, et j'aimerais poser une question aux témoins.
Il est de notoriété publique que... je voudrais faire suite à la question de Mme Brown en parlant des femmes entrepreneures qui s'adressent aux banques. Nous savons ce que les banques ont toujours dit. Parmi les indicateurs concernant les femmes qui veulent se lancer en affaires se trouve la politique non discriminatoire des banques exigeant que certains biens soient donnés en garantie lorsqu'on veut emprunter de l'argent. De nombreuses femmes ne possèdent pas ces biens. Alors, elles doivent s'adresser à un homme, comme leur père, leur frère ou leur oncle, pour qu'il fournisse la garantie nécessaire.
Lorsque nous formions le gouvernement, à l'époque, nous avions mis sur pied des centres de services pour les femmes entrepreneurs, centres qui accordaient du microcrédit comme ce dont Mme Demers vient de parler. Les femmes n'avaient qu'à s'y présenter. Elles y trouvaient de l'aide pour élaborer un plan de travail. Elles pouvaient y emprunter de minuscules sommes d'argent si elles voulaient et n'avaient pas besoin de donner en garantie les biens normalement exigés. Il leur fallait seulement un bon plan de travail, et les centres de services pour les femmes entrepreneurs les aidaient à établir ce plan.
Ces services sont-ils encore offerts? Pensez-vous qu'ils seraient utiles pour les femmes autochtones?