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Je vous remercie, docteure Fry, madame la présidente.
Je m’appelle Tom Dufresne et je suis le président de l'International Longshore and Warehouse Union Canada. J’occupe ce poste depuis maintenant près de 14 ans.
M’accompagnent aujourd’hui Barb Byers, vice-présidente exécutive du Congrès du travail du Canada, et Susan O'Donnell, directrice principale de la B.C. Human Rights Coalition. Susan conseille l’ILWU, l’International Longshoremen’s and Wharehousemen’s Union, ainsi que nos membres quant aux processus permettant d’améliorer, à l’avenir, la vie active dans les milieux de travail côtiers, non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes.
L'ILWU représente environ 5 500 personnes qui travaillent dans les ports de la côte du Pacifique. Nous avons distribué un document d'information à tous les membres du comité et aux interprètes. J’espère que vous en avez tous un exemplaire.
Nous sommes ravis de témoigner aujourd'hui grâce à votre initiative. Cette séance permet de faire la lumière sur notre secteur, qui commence à ouvrir ses portes aux femmes. C'est un processus lent mais régulier qui bénéficiera de libres négociations collectives et qui souffrira si l’on y met un frein. Nous avons fait quelques progrès, mais il reste encore beaucoup à faire.
Au cours des dernières années, on a mis ce fait en évidence. Par exemple, en 2008, la Commission canadienne des droits de la personne a accordé à la BCMEA, la British Columbia Maritime Employers Association, la pire note possible pour avoir omis de satisfaire les attentes concernant la participation des femmes dans notre milieu de travail.
Je sais qu’en ce qui concerne l’étude sur les femmes dans des professions non traditionnelles, votre comité se penche sur trois aspects en particulier: le recrutement, les obstacles à la participation et le maintien en poste. Nous allons axer nos observations sur ces domaines.
Nous sommes d’avis que le meilleur moyen, et le plus équitable, de recruter de nouveaux travailleurs dans notre secteur, c’est de procéder à un recrutement équilibré entre les sexes, selon lequel un nombre égal d'hommes et de femmes sont recrutés en fonction de la section locale — une démarche à parts égales, si vous voulez. Ce processus fait l'objet de négociations variant d’une section locale à l’autre, car ce qui convient à une section locale ne convient pas nécessairement à une autre.
Prenons l’exemple du port de Vancouver, qui représente environ 60 p. 100 de la main-d’œuvre de la Colombie-Britannique. Ce qui permet d’obtenir les résultats optimaux à Vancouver n'est pas nécessairement ce qui convient le mieux à Fort Simpson. Nous avons également des accords qui tiennent compte des Nisga'a dans le Nord de la Colombie-Britannique; nous ne voudrions pas leur imposer des processus, quels qu’ils soient. Nous collaborons aussi avec les bandes des Heiltsuks et de la Nation Nuxalk pour recruter des travailleurs. Ils travaillent dans leurs propres régions particulières et sont autorisés à se déplacer.
En outre, dans quelques sections locales, nous avons des listes de gens qui ont postulé lors d’embauches passées. Nous sommes d’avis qu’il faudrait épuiser ces listes avant de procéder à de nouvelles embauches. Certaines de ces personnes ont déjà passé les tests. Elles les ont peut-être échoué, mais on leur a donné l’occasion de corriger les lacunes qu’elles avaient, de se présenter et de faire le test de nouveau et d’essayer de le réussir.
Par exemple, la liste de la section locale 502, qui se trouve sur le fleuve Fraser et qui représente tous les bassins le long du Fraser ainsi qu’à Deltaport et à Westshore, compte 286 personnes environ. De ce nombre, 83 sont des femmes. Ce serait injuste pour ces 83 personnes de les écarter et de lancer un nouveau processus de recrutement pour qu’un tas de gens se retrouvent dans les effectifs. Cependant, nous sommes prêts à en discuter, comme je l'ai dit, d’une section locale à l’autre.
Il s’agit d’une politique que le syndicat a mise de l’avant pendant un certain nombre d'années dans les discussions avec nos employeurs. Malheureusement, étant donné que la grande majorité du recrutement supplémentaire est réalisé conjointement avec l'employeur, nous n'avons pas réussi à ce que cette politique soit entièrement mise en œuvre. Comme je l’ai mentionné, nous avons pour objectif de parvenir à un processus de recrutement à parts égales une fois que ces listes seront épuisées.
Cela dit, je constate qu'il existe des obstacles de taille à surmonter pour créer les conditions favorables à la hausse de la présence des femmes dans nos milieux de travail. Je demanderais à Susan de parler de ces enjeux.
Merci.
Saviez-vous qu’actuellement, il n’y a pas de dispositions pour les congés de maternité dans les ports de la côte du Pacifique, au-delà du minimum prévu par la loi? C’est la même chose pour le congé de paternité. Qui plus est, il n'y a pas de dispositions pour la garde d'enfants. Les travailleurs des quais n'ont pas de politique en milieu de travail qui leur permet de s'occuper plus facilement de parents âgés ou d’enfants adultes à charge.
Comme vous le savez, il revient souvent aux femmes de s’acquitter de ces responsabilités familiales que représentent les soins aux jeunes et aux moins jeunes de la famille. L'absence de ces formes de soutien est l’une des raisons pour lesquelles le milieu de travail sur les quais est moins attrayant pour nos filles, nos soeurs et nos mères. Il est également moins attrayant pour les femmes et les hommes en raison des obstacles considérables qui empêchent les nouveaux travailleurs d’accéder aux prestations comme les soins de santé de longue durée et les soins dentaires.
D’autres indications troublantes de l'inégalité entre les sexes sur les quais constituent des obstacles de taille pour les femmes. D’après tout un éventail de rapports et de ouï-dire, il semblerait que le milieu de travail doit radicalement changer pour les femmes et probablement pour la plupart des hommes. Bien que de nombreux rapports aient été produits, les recommandations contenues dans ces rapports sont issues d'un processus quelque peu subjectif. Il faut mener une vérification relativement aux droits de la personne pour déterminer ce qui se passe actuellement.
Il faudrait une vérification pour évaluer le harcèlement, la drogue, l'alcool, la violence, l’hygiène, les graffitis, etc. Une fois que nous aurons une image claire et actuelle, nous pourrons concevoir des politiques et des procédures pour améliorer l'environnement. Il est inutile d’entreprendre un énorme processus de recrutement sans améliorer l'environnement par la même occasion.
Le syndicat a tenté à maintes reprises de travailler de concert avec l'employeur. Quand je conseille des gens, le modèle qui m’est le plus familier est celui où l’employeur et le syndicat travaillent ensemble. Or, ce n'est pas le cas en l’occurrence, car l'employeur ne coopère pas. Nous avons donc décidé de mettre sur pied une table de concertation composée de femmes qui travaillent dans le syndicat, du CTC et moi-même — une spécialiste en droits de la personne. Ce groupe se penche sérieusement sur la manière d’aider nos membres féminins à réussir. Nous sommes également heureux d’annoncer que Transports Canada a accepté de financer une vérification, ce que j’estime être l’étape la plus critique à franchir avant de changer quoi que ce soit au milieu de travail.
D’après ce que j’ai compris, l'employeur, la BCMEA, vient de proposer de placer 200 femmes à la tête de la liste d'embauche. Si l’on procède ainsi, on crée une catégorie distincte de travailleurs, et tous les autres travailleurs reculeraient de 200 places dans la liste qui détermine l'accès au travail. J’ai peine à vous dire quel effet désastreux cela aurait. Passer devant tout le monde, ce n’est pas de l'équité en matière d’emploi, mais bien de la discrimination. La législation sur les droits de la personne ne permet pas d’accorder la priorité à une personne en en supprimant une autre. En outre, les femmes et de nombreux hommes touchés par cette manœuvre ou qui l’appuient pourraient être victimes de représailles.
Nous savons que le comité a déjà entendu des témoignages selon lesquels cette démarche va à l'encontre du maintien en poste des nouvelles recrues féminines. Des efforts à une seule étape ne font rien pour éliminer la discrimination systémique. L’outil approprié, c’est un processus permanent et continu, comme un objectif d’embauche de 50 p. 100. Un tel processus permettrait qu’un nombre égal d'hommes et de femmes accèdent à la barrière de départ. De plus, selon cette proposition inopportune, des employées actuelles se retrouveraient au chômage.
J’aimerais également ajouter quelques éléments. Je suis certaine que vous savez tous que la compétence fédérale est la seule où l’on retrouve l'équité en matière d’emploi. Il y a donc probablement plus de débardeuses que partout ailleurs. Manifestement, en Colombie-Britannique, les femmes dans un autre travail peuvent se compter sur les doigts d'une main.
L'équité en matière d’emploi s'est révélée un très bon outil dans la compétence fédérale. Je dois dire que je n'ai jamais vu de proposition selon laquelle le taux doit être égal à 50 p. 100 dès le départ. Vous vous souviendrez peut-être que la Cour suprême du Canada a déclaré, dans Action travail des femmes, qu’il faudrait sélectionner une femme sur quatre, jusqu'à 17 p. 100, si je ne m’abuse. C'est donc s’éloigner énormément de ce pourcentage très faible.
Tom, je vous laisse poursuivre l’exposé.
Compte tenu des problèmes évidents liés à la proposition d’ajouter 200 personnes, pourquoi l'employeur insisterait-il sur l’adoption d’une telle démarche? D’après nous, les solutions de la BCMEA permettraient facilement à l’employeur d’atteindre un objectif de longue date: prendre le contrôle du système de répartition et diminuer les droits d'ancienneté. Il semblerait que l'employeur est prêt à tout pour atteindre cet objectif, même au risque de perpétuer l'inégalité entre les sexes sur les quais.
Quelles sont donc les réponses? Qu'est-ce que propose l'ILWU pour surmonter les obstacles qui empêchent les femmes de travailler sur les quais et d’y rester une fois qu’elles font partie de nos effectifs? Permettez-moi de vous donner une idée des efforts qu’a déployés l'ILWU.
Avec Susan et la B.C. Human Rights Coalition, nous examinons attentivement les problèmes soulevés dans un rapport exécuté sur demande de la plus grande section locale de l’ILWU, la section locale 500 du port de Vancouver, pour aller au fond de la discrimination fondée sur le sexe sur les quais. Au cours de la ronde de négociations actuelle, nous avons également déposé des propositions visant à remédier à l'absence d’indemnités de maternité, de garde d’enfants et de services aux aînés, et à donner l'accès aux prestations pour les nouveaux travailleurs.
Il y a eu un tollé général, et à juste titre, à propos des obstacles qui empêchent les femmes de travailler sur les quais. Nous réussirons à régler ces problèmes beaucoup plus rapidement si l’on nous autorise à négocier des solutions à la table de négociation.
En ce qui concerne le recrutement en fonction des diverses sections locales, nos milieux de travail sont très différents d’un endroit à l’autre; j’en ai déjà parlé. Étant conscients de ces différences, nous avons proposé de collaborer avec la BCMEA en fonction des diverses sections locales pour trouver le meilleur moyen d’inciter davantage de travailleurs et davantage de femmes dans notre milieu de travail.
Pour notre part, nous avons envisagé immédiatement de recruter au moins autant de femmes que les 200 femmes de la proposition de la BCMEA. Notre démarche respecterait les droits d'ancienneté de nos employés actuels et l'objectif d'embauche de 50 p. 100. Malheureusement, le programme de la BCMEA est tel qu’elle a balayé cette approche de la main.
Pour ce qui est d’augmenter les normes d'emploi pour les femmes des effectifs, nous avons également présenté une proposition. Un millier de femmes occupent des postes administratifs dans les bureaux des sociétés membres de la BCMEA, des emplois peu rémunérés et offrant peu d'avantages. L'ILWU a décidé d’organiser l’adhésion syndicale de ces femmes en priorité pour augmenter leurs salaires et leurs conditions de travail. Nous nous engageons à le faire.
Le syndicat a également dépensé un montant considérable à l'arbitrage pour protéger le travail de certaines de nos consoeurs sur les quais. Actuellement, l’une de ces affaires a coûté près d'un million de dollars au syndicat. Je tiens juste à dire que l'employeur nous a livré bataille à chaque occasion dans le cadre de cet arbitrage pour tenter de mettre cette question de côté.
Je vais laisser Mme Byers, du CTC, conclure l'exposé.
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Je remercie la présidente et les membres du comité.
Encore une fois, je m'excuse de l'absence de M. Smith. Il n'a pas pu venir aujourd'hui pour des raisons de santé. Mme Marynuik et moi continuerons au nom de la BCMEA.
Je suis vice-président de la commercialisation et des services d'information à la BCMEA. Je m'occupe des quais depuis quelque 33 années, alors je connais certainement à fond les rouages de ce secteur.
Je vais vous renseigner un peu sur la BCMEA. Nous représentons quelque 66 entreprises membres, dont environ la moitié sont des employeurs directs de débardeurs de l'ILWU dans la région de la porte et du corridor de l'Asie-Pacifique. J'entends par là la région qui s'étend de Prince Rupert jusqu'au sud du fleuve Fraser, y compris l'île de Vancouver.
Pour ce qui est du profil de nos membres, on retrouve parmi eux des entreprises de manutention de conteneurs, de vrac et de marchandises générales, des exploitants de terminaux pour navires de croisière, des sociétés de transport maritime à l'échelle mondiale et leurs agences de gérance maritime locales. Nos membres exploitent à peu près tous les terminaux de la porte et du corridor de l'Asie-Pacifique ou y font escale.
La BCMEA représente ses membres dans de cadre des activités suivantes: la négociation d'une convention collective — nous sommes justement en train de négocier une nouvelle convention collective avec l'ILWU —, la facilitation des relations de travail et de la gestion des ressources humaines, la défense des intérêts des membres auprès du gouvernement, le recrutement, la formation professionnelle, la formation sur la sécurité et la répartition des services de main-d'œuvre de l'ILWU.
Maintenant que je vous ai communiqué quelques renseignements à notre sujet, je vais céder la parole à Eleanor Marynuik, notre vice-présidente des ressources humaines. Eleanor vous donnera une idée de son expérience de travail en tant que femme sur les quais.
Bonjour. Je suis heureuse d'assister à la séance du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
Je me demandais ce que j'allais dire pendant les sept ou huit minutes que je passerais devant vous, puis j'ai décidé que la meilleure façon d'employer mon temps serait de vous décrire ou d'illustrer l'ambiance oppressante des quais.
Imaginez-vous, si vous le voulez bien, en train de conduire vers le bureau de répartition, un bureau situé en bordure d'une des régions les plus économiquement défavorisées du Canada, une région connue pour sa pauvreté, sa population de drogués et de prostituées et son taux de criminalité. En fait, on appelle ce coin le code postal le plus pauvre du Canada. C'est là où vous allez jour après jour dans l'espoir de trouver du travail — non pas pour obtenir du travail, mais pour avoir la chance d'en obtenir.
Maintenant, imaginez-vous en train d'arriver au bureau de répartition et d'espérer trouver une place dans le stationnement parce que, si vous n'en trouvez pas, il vous faudra vous garer dans le voisinage et marcher jusqu'au bureau. Imaginez-vous en train de traverser le stationnement pour atteindre le côté du bureau où vous devez vous inscrire pour le travail. Pendant que vous marchez, vous apercevez un groupe d'hommes rassemblés à l'extérieur du bureau avant la répartition. C'est là qu'ils se réunissent parce que cet endroit représente leur réseau social. Pour une femme, cette situation est intimidante. Ce n'est pas tant ce qu'ils disent qui est gênant que ce qu'ils taisent; ce sont les regards qu'ils vous adressent et les conversations qui s'interrompent quand vous passez à côté d'eux.
Vous traversez rapidement le bureau en empruntant une entrée distincte où vous inscrivez votre disponibilité pour le travail. Les travailleurs occasionnels se tiennent d'un côté et les travailleurs syndiqués de l'autre. Les deux groupes ne se mêlent pas. De nouveau, vous êtes accueillie par un groupe d'hommes, encore plus nombreux cette fois, qui attendent d'être répartis; il y a une foule d'hommes. Vous regardez autour de vous dans l'espoir d'apercevoir une autre travailleuse que vous pourriez côtoyer jusqu'à ce que la répartition soit terminée — l'union faisant la force. Après la répartition, si vous n'avez pas décroché un boulot pour ce quart, vous retraversez le stationnement en affrontant une fois de plus les regards intimidants, et vous parcourez la rue pour gagner votre voiture.
Imaginez ce scénario, et ajoutez-y la complication découlant de la nécessité de prendre des dispositions à l'égard d'autres membres de votre famille chaque fois que vous quittez votre domicile dans l'espoir d'obtenir du travail. Encore une fois, vous ne quittez pas la maison pour aller travailler; vous la quittez simplement pour avoir la chance d'aller travailler.
Par conséquent, vous avez maintenant une décision à prendre. Abandonnez-vous la partie pour aujourd'hui, ou retournez-vous au bureau en après-midi pour reprendre le processus à zéro? Toutefois, si vous vivez à Vancouver — où un trajet vers les banlieues de Vancouver prend 40 minutes — la décision est facile à prendre. À Vancouver, lors des journées de grande affluence, jusqu'à 1 000 travailleurs convergent vers le bureau dans l'espoir de se voir attribuer du travail au cours de l'une des trois différentes heures de répartition.
En cette ère de l'informatisation, pourquoi faut-il se rendre à un bureau dans l'espoir de trouver du travail? Pourquoi une femme ou qui que ce soit ayant des responsabilités familiales ne pourrait-il pas utiliser un ordinateur pour ouvrir une session et s'inscrire pour le travail? Ce système de répartition, vieux de 50 ans, qui oblige quelqu'un à être présent physiquement pour signaler sa disposition à travailler, est l'un des nombreux obstacles qui empêchent les femmes d'intégrer la population active des débardeurs.
Il y a deux ans, j'ai été embauchée à titre de responsable des relations de travail dans le cadre d'une initiative d'Andy Smith. J'ai été consternée de voir ce qui se passait sur les quais. Pour être honnête, après avoir observé les pratiques de travail en vigueur et la façon dont les femmes étaient traitées, j'ai eu l'impression d'avoir reculé dans le temps jusqu'aux années 1960. Je savais qu'il n'était pas nécessaire que les choses se déroulent ainsi.
J'ai passé 31 ans dans l'industrie du transport aérien, dont trois à titre de gestionnaire des activités liées aux aires de trafic. Lorsque j'ai été nommée à ce poste en 1995, c'était la première fois dans l'histoire de l'industrie qu'une femme exerçait cette fonction. Je dirigeais 13 superviseurs et 750 préposés d'escale qui étaient membres de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale et dont la majorité était des hommes. Ils occupaient des postes de mécaniciens d'aéronefs, de préposés d'escale, d'employés de bureau et de préposés au nettoyage d'aéronefs.
Les activités liées aux aires de trafic ressemblent beaucoup à celles des débardeurs. C'est un travail physique qui comprend le chargement et le déchargement du fret, soit manuellement, soit à l'aide d'appareils. Un certain nombre de femmes travaillaient à titre de préposées d'escale, et on leur offrait les mêmes perspectives qu'aux hommes au chapitre de la formation, des affectations et des promotions. Le processus était transparent. Les femmes n'étaient pas marginalisées au travail comme elles le sont aujourd'hui par l'ILWU.
Ne vous méprenez pas. Nous avions bel et bien des problèmes, mais nous nous efforcions de les résoudre. La principale différence résidait dans le fait que le syndicat était prêt à régler ces questions. Ils ne pratiquaient pas la politique de l'autruche en prétendant que ces problèmes n'existaient pas, comme le fait l'ILWU.
Par exemple, compte tenu de l’arrivée de nombreuses femmes dans le milieu de travail, le syndicat ne s’est pas opposé à ce que des séances de formation sur le harcèlement soient offertes. Ils ont senti qu’il était nécessaire d’éduquer non seulement les hommes, mais aussi les femmes, sur le harcèlement.
Je fais allusion à mon expérience seulement dans le but d’établir un parallèle entre deux industries à prédominance masculine et de montrer à quel point elles sont différentes en ce qui concerne la façon dont les femmes y sont traitées et la manière dont les syndicats se comportent à l’égard des femmes.
En tant que responsable des relations de travail à la BCMEA, j’ai moi-même traversé à de nombreuses reprises le stationnement au moment des répartitions. J’ai été exposée au même genre de comportements intimidants auxquels se heurtent les débardeuses, et j’ai remis en question la raison pour laquelle cela se produisait.
Les débardeuses actuelles m’ont parlé de la peur, du désespoir et de la frustration qu’elles ressentaient. Peu de temps après mon entrée en fonction à la BCMEA, une débardeuse a communiqué avec moi par téléphone. Elle n’avait personne d’autre à qui se confier. Elle m’a dit que, parce qu’elle n’appartenait pas à la vieille clique des quais, ses problèmes n’étaient pas considérés comme importants et que le syndicat ne prenais pas la peine de les régler.
J’ai vu de mes propres yeux à quel point elle craignait d’être aperçue en train de parler avec moi. Elle était tellement inquiète, en fait, que nous nous sommes rencontrées dans un parc. Elle n’arrêtait pas de regarder derrière elle, apeurée à l’idée qu’un membre du syndicat l’aperçoive et signale sa rencontre au syndicat. Elle m’a tout raconté à propos du harcèlement et des représailles exercées quand les problèmes étaient portés à l’attention du syndicat. Après l’avoir rencontrée quelques fois, je me suis rendu compte à quel point son travail sur les quais l’avait désensibilisée.
Aujourd’hui, elle ne travaille plus sur les quais. Rien n’est plus scandaleux que de voir une femme forcée d’abandonner une industrie en raison du harcèlement et de l’intimidation dont elle fait l’objet, deux comportements que le syndicat excuse. Je dis « excuse » parce qu’ils ne font rien pour l’empêcher.
Nous ne pouvons plus tolérer les erreurs du passé dans le domaine du recrutement, une pratique qui manque de transparence et qui est entachée de népotisme. Prenons, par exemple, la liste dont parle M. Dufresne. À Vancouver, 411 des 758 personnes dont les noms figurent sur cette liste sont des parents de membres du syndicat qui travaillent déjà comme débardeurs, et seulement 41 d’entre elles sont des femmes. Maintenant, M. Dufresne dit qu’ils veulent épuiser ces listes avant de commencer à embaucher un nombre égal d’hommes et de femmes. La situation est très difficile, et nous ne parviendrons pas à l’équité en matière d’emploi si nous suivons ces listes.
La formation est un autre domaine contrôlé par le syndicat, et cela s’ajoute au fait que nos pratiques désuètes en matière de répartition obligent les gens à se présenter à un endroit particulier pour signaler leur disposition à travailler, et que les femmes font l’objet de discrimination systématique sur les quais. Si nous perpétuons ces pratiques, nous commettrons la deuxième plus grande injustice dans l’histoire de cette industrie.
Merci.
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J’aimerais signaler que c’est le syndicat qui a commandé le rapport. Nous avons offert à l’employeur de partager les coûts de l’étude moitié-moitié, et il a refusé.
M. Ready a mené ce que certains appelleraient une étude subjective. Plusieurs problèmes qui devaient être réglés ont été soulevés, et il a fait un certain nombre de recommandations quant à l’élaboration de politiques et de procédures visant à éliminer la discrimination et les comportements déficients qui ont cours sur les quais.
J’aimerais également mentionner que, compte tenu du rapport Ready, nous avons offert, en collaboration avec l’employeur, de… Nous avons communiqué avec les Métallurgistes unis d'Amérique, et nous avons tenté d’adopter une partie du programme qu’ils ont élaboré au fil des ans à l’intention de l’industrie forestière côtière ou d’autres industries. Nous avons offert de mener un projet pilote dans le port de Vancouver. L’employeur a refusé.
Récemment, une femme a été élue vice-présidente d’ILWU Canada pour la première fois dans l’histoire. Il y a aussi une femme dans la haute direction de la section locale 500. Nous avons communiqué avec le Congrès du travail du Canada, et nous nous prévalons en ce moment des services qu’il est en mesure de nous offrir pour nous aider à élaborer non seulement des programmes de recrutement, mais aussi des programmes de maintien en poste, et à mieux préparer les femmes à participer au syndicat. Donc, le but n’est pas seulement qu’elles puissent travailler sur les quais, mais qu’elles puissent également occuper des postes au sein du syndicat.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup de votre présence aujourd'hui, monsieur Vurdela, madame Marynuik, madame Byers, monsieur Dufresne, madame O'Donnell.
Madame Marynuik, je vous écoutais parler, et cela me semblait un petit peu comme l'histoire d'Oliver Twist. C'était très noir, et je voyais les difficultés que les femmes peuvent avoir quand elles travaillent dans ces métiers, surtout pour ce qui est de se rendre au port le matin et tout cela.
Cela me rappelle quand nous, les femmes, arrivons ici, au Parlement — nous sommes seulement une soixantaine. Nous vivons la même chose. Ce n'est donc pas vrai seulement pour les personnes qui travaillent sur les quais. Quand on arrive au Parlement, on se rend compte que c'est un monde d'hommes, que les choses changent petit à petit et qu'on doit travailler nous-mêmes pour les changer, pour les modifier, si on veut améliorer la situation.
Ce que je trouve bizarre, c'est que des deux côtés, on semble vouloir que plus de femmes travaillent comme débardeurs. Cependant, on veut s'y prendre différemment. Du côté du syndicat, on veut implanter des mesures qui favoriseront l'accueil des femmes qui voudront exercer ces métiers. Du côté de l'employeur, on semble vouloir embaucher en vrac 200 femmes qui n'ont aucune expérience ni aucune formation, qui ne savent pas dans quoi elles s'embarquent, et ce, seulement afin d'augmenter le nombre de femmes qui travaillent dans ce milieu. Cependant, la demande a été faite après que le syndicat eût déposé une plainte de harcèlement. J'ai de la difficulté à comprendre et à suivre.
Madame O'Donnell, pourriez-vous dire ce que vous avez ressenti lors du témoignage de Mme Marynuik?
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C'est là la raison principale pour laquelle nous avons déposé notre plainte pour atteinte aux droits de la personne. Nous avons tenté de satisfaire le syndicat en lui présentant plusieurs propositions qui régleraient les problèmes qui persistent depuis longtemps, soit en ce qui a trait au recrutement, à la transparence de l'accès à la formation et aussi à la possibilité d'obtenir un emploi sans devoir être présent au moment de la répartition. Cette méthode est discriminatoire contre les gens qui ont des difficultés liées à leur situation de famille — en particulier, la personne qui s'occupe de la majorité des tâches familiales.
Permettez-moi de mettre quelques choses au clair. La proposition officielle que la BCMEA a déposée auprès de l'ILWU et, en fait, le fondement de sa plainte pour atteinte aux droits de la personne n'incluent pas le recrutement immédiat et l'adhésion forcée au syndicat de quelque 200 femmes. Pour répondre à l'argument de M. Dufresne, nous comprenons tous quel désastre ce serait. Il n'en est tout simplement rien. Nous n'avons jamais recommandé officiellement une telle mesure. Nous ne l'avons jamais incluse dans une proposition. Elle ne se trouve pas dans notre plainte pour atteinte aux droits de la personne. Elle ne fait tout simplement pas partie de la question.
Nous parlons du recrutement initial et nous disons au syndicat: « Nous devons nous limiter à vos listes. » En réalité, elles sont illégales. Elles sentent le népotisme. Elles sont pleines de parents. Nous ne pouvons pas faire preuve de discrimination envers les parents, que la discrimination soit positive ou négative. Nous ne pouvons tout simplement pas nous servir de leurs listes.
Ce que nous disons au syndicat... L'exemple que M. Dufresne a choisi de donner est le seul point sur lequel nous avons collaboré. Nous mettons des annonces dans les journaux, les gens font demande et nous choisissons simplement les meilleurs. Pour faire entrer une masse critique de femmes afin de commencer à instaurer la culture dont parle Mme Marynuik, nous devons recruter pour l'instant autant de femmes que d'hommes. En réalité, si... Selon nos données, si les hommes et les femmes entament le processus sur un pied d'égalité, comme nous le suggérons, ils réussissent aussi bien les uns que les autres. Il n'y a pas de problème une fois que les femmes intègrent la main-d'œuvre, qu'elles sont bien formées et qu'elles sont en mesure d'obtenir du travail. Voilà le plan sur lequel nous devons apporter des changements.
Nous avons essayé à maintes reprises de discuter avec l'ILWU. Nous n'en finissons plus de tenir des réunions, de présenter des suggestions et de faire des propositions. L'ILWU ne cesse de faire preuve d'intransigeance: « Pourquoi ne pouvons-nous pas procéder comme avant? » et « Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement suivre les recommandations de M. Ready? »
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Bien sûr. Dans le Nord, la tribu Nisga'a faisait du chargement de billes. Les Nisga'a ont démarré leur propre entreprise spécialisée dans cette activité. Nous avons signé un accord avec eux, comme nous l'avions fait dans le passé avec les Nuxalk et les Heiltsuk.
Nous avons passé une entente avec les Nisga'a pour qu'ils travaillent selon les conditions de la convention collective ILWU-BCMEA et qu'ils gagnent le même salaire que les gens du Lower Mainland. Nos formateurs ont enseigné aux Nisga'a comment faire fonctionner les grues et comment charger les billes de manière sécuritaire et appropriée. Nous ne faisons que superviser la formation. Toutes les autres tâches sont effectuées par les Nisga'a.
À Bella Coola, nous avons aussi envoyé des formateurs, dont certains étaient des opérateurs de grues. Le reste du travail a été réparti par le conseil de bande, qui a choisi des gens. Il ne sert à rien de simplement demander à des personnes de charger des billes. C'est un boulot très dangereux, n'est-ce pas? Il faut recevoir une formation pour savoir comment le faire de manière adéquate, sécuritaire et efficace. Si on n'est pas efficace, les gens ne reviendront pas travailler. Alors, nous avons aussi formé les gens à Bella Coola.
Selon nos conditions... À propos des avantages sociaux d'environ 40 p. 100 dont M. Vurdela parle, dans ce cas précis, nous avons placé l'argent dans un fonds, parce que les Nisga'a n'exigeaient pas de recevoir les prestations accordées en vertu de la convention collective. Ainsi, tous les deux ou trois ans, les Nisga'a demandent à la BCMEA et à l'ILWU de leur donner accès à ces fonds pour acheter un appareil d'IRM, pour installer le toit d'un complexe sportif ou quelque chose comme cela. En tout et pour tout, les Nisga'a reçoivent autant d'argent que les débardeurs de la côte de la Colombie-Britannique, du Lower Mainland ou d'ailleurs.
Comme je n'ai que cinq minutes, je vais faire très vite. Par le passé... Nous étudions la présence des femmes dans les professions non traditionnelles. Dans une large mesure, j'y ajouterais aussi la présence des femmes en politique. Dernièrement, j'ai pris part à une discussion au sujet des femmes en politique. Il faut savoir que dans de nombreux pays d'Europe, on s'efforce désormais de modifier le système électoral pour que les gens s'intéressent davantage à la politique.
Essayez-vous de faire la même chose en modifiant votre processus d'embauche? Parce qu'on peut aussi encourager les femmes à s'investir en politique par le financement de campagnes électorales, l'éducation des jeunes femmes, la défense de causes et ce genre de choses. Il y a deux façons de faire participer les gens.
Vous avez souligné qu'il faut être sur place pour répondre à un appel. Je vous prie de m'excuser, mais je ne comprends pas vraiment comment les choses fonctionnent, comparativement à quelqu'un qui est à la maison tout le temps et qui veut bouger mais qui en est incapable. Est-ce le genre de changement systémique que vous voulez voir? À propos de votre liste actuelle, et mon collègue a souligné un bon point concernant l'ancienneté, je me demande si, et il semble y avoir un moyen fondamental de... Compte tenu des problèmes que vous rencontrez, êtes-vous d'accord pour dire que le système dont il parle serait une bonne chose pour permettre à plus de femmes d'entrer en politique?
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Comme je l'ai mentionné, à la section locale 502, à New Westminster, on a une liste d'environ 286 personnes, dont 83 sont des femmes qui attendent d'être embauchées. Selon la proposition de la BCMEA, la candidature de ces femmes serait éliminée. D'autres personnes passeraient devant elles. Nous croyons que ce serait injuste. Bien des personnes sur la liste ont subi des évaluations, ont reçu de la formation et se sont préparées en vue d'occuper ces emplois. Par exemple, elles se sont inscrites dans un centre de conditionnement physique, ou je ne sais quoi.
Nous croyons aussi qu'on peut réduire les obstacles, notamment en ne faisant pas passer les tests d'arrimage sur lesquels les responsables de la BCMEA ont insisté. Pour qu'on ne soit pas soumis à cette exigence, les gens de la section locale 502 ont simplement refusé de faire passer le test d'arrimage. Ils ont dit que les femmes n'ont pas à se plier à ce test, qu'ils ne l'estiment pas pertinent dans le cadre des emplois qu'elles vont occuper. Malgré tout, on peut passer le test si on le désire, car il est optionnel.
Par ailleurs, le constat très sombre de Mme Marynuik est vraiment trompeur. La section syndicale du port de Vancouver, dont la répartition du personnel est gérée par la BCMEA, est la seule où on a de la difficulté à régler les plaintes relatives aux droits de la personne. À la section locale 502, qui s'occupe du site du fleuve Fraser, il y a ce qu'on appelle une répartition préalable. Pour avoir du travail, les gens donnent leur nom le jour précédent. À Prince Rupert, la répartition, effectuée à environ 95 p. 100 par téléphone, est faite à l'avance. Sur l'île de Vancouver, la répartition est effectuée à l'avance dans presque tous les cas.
On fait état de chiffres très décourageants pour essayer de noircir le tableau.
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C'est toute une question.
Concernant le syndicat et le CTC, mon mandat consiste en partie à améliorer les façon de faire en matière d'éducation, mais c'est à l'employeur que revient la responsabilité dans ce domaine. L'employeur est responsable du milieu de travail. C'est lui qui doit veiller à ce qu'il n'y ait pas de harcèlement sur les lieux de travail.
Toutefois, — c'est une proposition juridique et quelque peu logique — je dirai que le syndicat est tout à fait d'avis qu'il doit assumer une partie de la responsabilité pour la conduite de ses membres. Nous voulons qu'on procède à un examen entre autres pour voir les comportements particuliers dont nous devons nous occuper.
On dit ici que les gens ont peur. J'ai entendu d'autres personnes qui ont participé au processus dire la même chose. Pourquoi ont-ils peur? Comment les personnes se comportent-elles? Quels programmes pouvons-nous élaborer pour mettre fin aux comportements indésirables? Cela fait partie de mon mandat.
Que les droits de la personne ne relèvent pas du droit punitif est un autre problème. En ce qui a trait aux droits de la personne, une des grandes difficultés qu'affrontent les syndicats est que l'employeur — et pas seulement l'employeur qui nous intéresse — met souvent l'accent sur les mesures disciplinaires s'il est mis au fait d'un cas d'harcèlement. Le syndicat est alors obligé de prendre la défense de l'accusé. Or, on oublie le plaignant dans tout cela. Nous voulons donc élaborer un programme qui aide les syndiqués à modifier leurs comportements sur les lieux de travail, et si...
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Merci, madame la présidente. Bienvenue à vous tous.
Dans un premier temps, monsieur Vurdela, il me semble que l'argument au sujet de l'embauche de familles ne tient pas. Il ne tient pas, car les grands chemins de fer — CN, CP, VIA — ne se seraient pas développés s'il n'y avait pas eu, à l'époque, une embauche par familles. C'est pourquoi le chemin de fer est devenu aussi fort et s'est développé de façon aussi importante.
Dans le secteur automobile, il y avait également de l'embauche par familles. Les emplois duraient 25 ou 30 ans à l'époque. Aujourd'hui, ce n'est peut-être plus la même chose, mais je pense que l'argument est de moins en moins évident et valable. Je pense que les débardeurs en sont au point de devoir mettre en place des politiques. À ce que je sache, le droit de gérance ne relève pas du syndicat. Je suppose qu'il doit relever de l'employeur. Alors, quand on parle de mettre en place des politiques afin que les femmes aillent travailler dans ce milieu, il peut y avoir une multitude d'options.
Plus tôt, Mme O'Donnell a mentionné le sujet des garderies. L'employeur est-il prêt à instaurer des garderies en milieu de travail afin de faciliter la présence des femmes dans son entreprise? Je ne sais pas si vous êtes prêts à le faire. On sait que les employeurs soulèvent toujours l'aspect des coûts qui s'y rattachent, mais des témoins provenant du secteur pétrolier, qui est en plein développement, nous ont parlé d'employeurs qui ont procédé à toutes sortes d'arrangements et d'aménagements pour les femmes.
Je pense que le milieu des débardeurs en est un qui a besoin d'arrangements et l'employeur est le premier qui puisse répondre à la situation. Est-il prêt à le faire? Je ne pense pas que la solution soit de prendre 200 personnes et de les placer devant les autres. Cela ne règle pas le problème. Un processus doit être mis en place pour faire en sorte qu'éventuellement, on ait une structure qui favorise l'embauche des femmes et qui en même temps leur facilite la tâche. Je pourrais prendre l'exemple du secteur automobile où il n'y avait que des hommes il y a à peu près 15 ans. Aujourd'hui, parce que le syndicat et l'employeur ont mis des politiques en place, les choses sont différentes. Par exemple, à propos du harcèlement, vous soulignez qu'il devrait y avoir une politique qui, sans être punitive, pourrait régler le problème. Je ne sais pas si pareille politique est inscrite dans votre convention collective, mais cela demande une prise de responsabilité de la part de l'employeur et du syndicat. Tous deux doivent travailler à régler le problème de harcèlement ou de discrimination.
Je ne sais pas si vous voulez mettre en place des structures pour favoriser les garderies en milieu de travail, la non-discrimination et la formation de ces femmes. Je pense que des choses importantes doivent être faites parce que ce ne sont pas toutes les femmes qui peuvent facilement accéder à vos programmes de formation. En effet, elles ont peut-être des enfants et doivent peut-être quitter le travail plus tôt ou arriver plus tard.
On sait que chez les débardeurs, les horaires sont complètement différents de ceux d'autres milieux de travail. L'employeur attend que les bateaux arrivent pour appeler les gens au travail. Si aucun bateau n'arrive, on n'appelle personne. Quand le bateau arrive, on prend la liste et on appelle les travailleurs. Plus tôt, vous avez dit, monsieur Dufresne, que vous appeliez les gens. Alors, comme Mme Marynuik le disait plus tôt, il ne s'agit pas seulement de se rendre dans un milieu, par exemple à Vancouver, pour postuler un emploi. Vous avez dit, et j'aimerais vous entendre à ce sujet, qu'on rejoint les gens par téléphone. Cela leur évite d'avoir à se rendre à un endroit donné. C'est peut-être une solution au problème que vous avez soulevé. M. Dufresne a mentionné que c'était la pratique chez eux.
Je vous lance de nombreuses idées en même temps, mais je pense que les solutions relèvent de vous et qu'il faut une volonté des deux parties pour en arriver à des résultats. Évidemment, c'est l'employeur qui a l'argent et non le syndicat, alors quand on veut mettre des choses en place...
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Évidemment, nous en sommes encore au début des discussions avec le syndicat des débardeurs. Notre personnel de la région du Pacifique collabore avec lui. De plus, une fois que nous aurons engagé quelqu'un pour occuper la direction de notre service de défense des droits des femmes et des droits de la personne, ce nouveau responsable participera évidemment aux discussions.
Mais je voudrais dire qu'une quantité énorme d'information a été préparée par le CTC et par d'autres syndicats et est à la disposition de tout syndicat, qu'il s'agisse du syndicat des débardeurs ou d'un autre syndicat. On a mentionné tout à l'heure les changements qui se sont produits dans le monde des travailleurs de l'automobile. Je me souviens de l'époque où une vidéo contre le racisme et le sexisme dans l'industrie de l'automobile mettait en vedette Carol Phillips. Cette vidéo était destinée à sensibiliser nos membres. C'était un instrument puissant, et il est probablement tout aussi puissant aujourd'hui.
Il y a déjà de trop nombreuses années, j'ai fait partie du groupe au sein du comité des femmes du CTC qui fut à l'origine de l'adoption, par le CTC, d'une politique voulant que chaque congrès, conférence ou atelier commence par une déclaration contre le harcèlement. La pratique s'est répandue dans les syndicats, les conseils syndicaux et les fédérations syndicales. Elle est désormais entrée dans les moeurs. Un tas d'information et de programmes de sensibilisation sont disponibles. Ils ont été produits tantôt par le CTC, tantôt par nos syndicats affiliés et les fédérations. Le syndicat des débardeurs pourrait s'en servir.
Comme Susan O'Donnell l'a indiqué, je pense qu'il faut se demander quel plan nous voulons nous donner. Il doit y avoir un plan de concert avec l'employeur, mais aussi un plan concernant le syndicat et ses membres, hommes et femmes.
Alors, il y a tout un éventail de moyens. Soit dit en passant, votre comité sera peut-être heureux d'apprendre que le CTC et les Manufacturiers et Exportateurs du Canada sont sur le point de lancer un nouveau site Web sur les emplois non traditionnels pour les femmes. Je pense que le site n'est pas encore en ligne, mais il comprend des sections présentant aux employeurs les avantages de la présence des femmes, les raisons pour lesquelles eux et les syndicats devraient accroître cette présence au sein de leurs effectifs ainsi que les moyens, pour les deux acteurs, de collaborer pour y parvenir. Le site sera bientôt en ligne. La semaine passée, lors de notre dernière conférence téléphonique, nous avons évalué l'avancement des travaux d'élaboration du site Web.
Donc, les moyens ne manquent pas. Je ne sais pas si ça répond complètement à votre question, mais il y a une longue liste d'outils et de mécanismes qui sont à la disposition des gens. Nous n'avons qu'à demander aux débardeuses par où elles veulent commencer et ce qu'elles souhaitent le plus maintenant. S'agit-il de l'accès aux postes électifs ou du traitement des plaintes pour harcèlement?
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Tom et moi allons nous livrer à une véritable séance de tir au poignet à ce sujet, mais j'ai gagné la première manche.
La présidente: Je n'en suis pas étonnée.
Des voix: Oh! oh!
Mme Barbara Byers: En somme, vous êtes en train de dire que nous devons créer une atmosphère où, par exemple, nous allons encourager de jeunes femmes à choisir des professions non traditionnelles. Je suis membre du conseil d'administration du Forum canadien sur l'apprentissage. Il y a quelques années, nous avons fait une étude pour les groupes revendiquant l'égalité, à propos des obstacles qui empêchent les gens d'occuper des emplois dont ils sont traditionnellement absents et de se faire embaucher comme apprentis. Le rapport de cette étude est disponible. Le site Web dont je viens de parler est disponible.
Il y a deux ou trois ans, la Fédération du travail de l'Ontario a tenu une conférence empreinte d'un grand dynamisme sur les femmes et le travail non traditionnel. Voilà comment on change les attitudes. Je me souviens que l'une des femmes qui ont pris la parole était électricienne. Elle n'a pas seulement parlé de la discrimination que lui faisaient subir les hommes, mai aussi du jour où elle s'est présentée à la directrice d'une succursale bancaire pour y faire des travaux. Il faut sans doute se réjouir que des femmes soient aujourd'hui directrices de succursale bancaire, mais la gérante ne croyait pas qu'une femme puisse faire ce genre de travail et a envoyé avec l'électricienne, pour la superviser, un homme qui était caissier et qui ne connaissait rien aux circuits électriques.
Alors, mes soeurs, nous avons beaucoup de travail à faire sur nous-mêmes et sur les hommes.
Tom, je vous laisse le temps qu'il reste.
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Je pense que nous allons devoir nous occuper des affaires du comité, alors il n'y aura pas de troisième tour de table. Nous n'aurions pas le temps puisqu'il ne nous reste que cinq minutes.
Je voudrais remercier tout le monde d'être venu aujourd'hui. Normalement, la présidente peut poser une question lorsque les membres du comité ont tous pu poser les leurs, et il nous reste un peu de temps. Alors, je vais poser une question, car, après avoir écouté, je constate que nous avons simplement entendu les voeux des hommes et des femmes.
En fin de compte, je veux simplement savoir ceci. Que se passera-t-il si, comme l'ont dit Mme Byers et Mme O'Donnell, on encourage les femmes à exercer des professions non traditionnelles, on leur fournit toute l'information, on leur explique la structure salariale, et ainsi de suite, comme l'a dit Mme Marynuik? Que se passera-t-il si on les invite à exercer ces professions et si on leur enseigne qu'elles devraient en éprouver de la fierté? J'ai entendu dire que la liste d'attente est déjà très longue et qu'on y trouve surtout des hommes. De plus, il y a deux listes: une liste syndicale et une liste de travailleurs occasionnels. Comment fera-t-on entrer les femmes dans ces métiers si elles ne peuvent pas être embauchées?
Il n'y a pas de place pour elles. Comme on disait dans le temps, il faudrait, pour y arriver, pouvoir se frayer un chemin à travers une masse compacte d'hommes. Quelle est la solution concrète à ce problème? Nous aimerions que les femmes exercent des professions non traditionnelles, et j'aimerais qu'on nous propose des solutions concrètes. Je vais laisser une personne de ce côté répondre rapidement, puis une personne de l'autre côté. Allons-y.
Tom.
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Nous sommes d'avis qu'il faut résoudre le problème une section syndicale à la fois. Nous sommes prêts à en discuter avec les employeurs pour trouver une solution dans chaque section syndicale.
Comme je l'ai dit, dans les installations portuaires du delta du fleuve Fraser, la liste comprend 286 personnes, parmi lesquelles se trouvent 83 personnes. Elles méritent qu'on leur donne la chance d'être embauchées. Certaines d'entre elles attendent depuis trois ans d'avoir un emploi. Elles espèrent trouver un emploi. Il faudrait aller jusqu'au bout de cette liste, puis embaucher une proportion égale d'hommes et de femmes.
En outre, nous participons au programme TranspoVille, qui est mis en œuvre par le groupe WESTAC, dont nous faisons partie. On trouve, dans le site Web de ce programme, tous les emplois non traditionnels. Vous devriez peut-être y jeter un coup d'oeil.
Nous allons dans les écoles secondaires et ailleurs parler aux gens, comme l'a dit notre soeur Mme O'Donnell, pour tâcher d'encourager non seulement les femmes, mais également les minorités et les gens en général. Si vous vous souvenez, à l'époque de la ruée vers l'or des entreprises point-com, tout le monde se précipitait pour devenir concepteur de jeux vidéos. Plus personne ne voulait réparer les automobiles, les téléphones et le reste. Alors, il nous a fallu susciter un regain d'intérêt pour les métiers, puisque le développement de notre économie ira dans ce sens. On aura besoin de gens pour entretenir les machines. Nous sommes prêts à discuter de cette question et à agir.
Je ne voudrais pas qu'on se serve de votre comité dans le but d'obtenir des privilèges indus pour certains et pour projeter un écran de fumée. Je pense qu'il y aurait lieu pour vous d'être insultés si cela se produisait. Merci.
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Merci, madame Demers. C'est très aimable de votre part.
Maintenant que nous avons adopté cette motion, j'aimerais rapidement poursuivre avec la prochaine. Nous avons une autre motion, dont j'ai été avisée le 29 mars. C'est une motion de Mme Demers qui dit:
[Français]
« Que le Comité envoie le rapport « Les femmes et la protection de pensions » au ministre fédéral des Finances, qui est en consultation pancanadienne sur le régime de pensions, avant la rencontre fédérale-provinciale des ministres des Finances prévue en mai. »
[Traduction]
Je vais la lire en anglais: « That the Committee send the report entitled Women and Pension Security to the federal Minister of Finance, who is involved in Canada-wide consultations on the pension system, before the federal-provincial finance ministers’ meeting scheduled for this coming May. »
Dois-je mettre la question aux voix? Quelqu'un veut intervenir? Je n'en vois pas. Tous ceux qui sont pour.
(La motion est adoptée.)
La présidente: C'est la deuxième motion adoptée unanimement. C'est très bien.
Maintenant, je vais demander que nous levions la séance pour un bref moment pour pouvoir poursuivre à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]