:
La séance est ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le comité effectue une étude sur la violence faite aux femmes autochtones.
Nous nous penchons sur les causes profondes, l'ampleur et la nature de la violence. Outre la violence au foyer, nous envisageons la violence sociétale — s'il existe une violence générique présente d'un autre type. Par nature de la violence, on veut dire psychologique, physique, sexuelle. Il y a différents types de violence. Ou alors, s'agit-il de discrimination? La discrimination constituant une forme majeure de violence à l'encontre des gens, surtout s'il s'agit de racisme.
Cela dit, j'espère que nous pourrons entendre ce que nos témoins ont à dire sur certaines de ces questions.
Vous êtes nombreux ici à savoir comment nous fonctionnons: vous avez sept minutes pour un exposé; deux minutes avant la fin de votre temps de parole et encore une fois une minute avant la fin, je vous ferez signe, car sans cela, vu le grand nombre de témoins nous risquons de ne pas avoir le temps de poser des questions. Après les exposés, suivra une période de questions et de réponses où vous aurez l'occasion d'approfondir certains points que vous n'avez peut-être pas pu soulever dans votre exposé de sept minutes.
Nous commençons par le ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. Barbara Lawless.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invitée à parler de ce problème. Je vous présenterai aujourd'hui la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance du gouvernement fédéral et vous expliquerez comment elle contribue à répondre aux besoins des femmes autochtones vivant en dehors des réserves qui sont sans-abri ou qui risquent de le devenir suite à des problèmes de violence familiale.
L'itinérance est un problème complexe et multidimensionnel dont les facteurs contributifs sont nombreux. Parmi ces facteurs notons le faible revenu, les problèmes de santé mentale et de toxicomanie, le manque de logements abordables, la violence et les conflits familiaux.
Ce sont des combinaisons de ces facteurs, plutôt qu'un seul élément déclencheur, qui conduisent souvent une personne ou une famille à l'itinérance. Bien qu'il soit difficile de déterminer le nombre exact de sans-abri au Canada, nous savons, à partir des recensements des sans-abri menés dans différentes villes, que les Autochtones sont surreprésentés dans la population des sans-abri et que les femmes autochtones sont souvent surreprésentées dans la population des femmes itinérantes.
De plus, selon les résultats des recherches qui ont été menées, il se pourrait que les femmes autochtones courent un plus grand risque de devenir sans-abri, parce que de nombreux facteurs de risque commun, comme les faibles salaires et la violence familiale se manifestent plus fréquemment chez les femmes autochtones. Nous savons aussi que l'itinérance n'est pas un phénomène que l'on constate uniquement dans les grands centres urbains. Elle est présente aussi dans les petites localités de toutes les régions du Canada, ainsi que dans le Nord.
En raison de la complexité du phénomène, il faut souvent adopter une approche axée sur la collaboration pour mobiliser de nombreux partenaires différents afin de relever le défi de l'itinérance. C'est pourquoi le gouvernement du Canada a adopté, en 2007, la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. Il s'agit d'une approche communautaire qui rassemble un large éventail de partenaires locaux pour cerner les problèmes et trouver des solutions locales.
La Stratégie fournit un financement direct aux collectivités pour appuyer leurs efforts de collaboration avec leurs partenaires afin d'aider les sans-abri à acquérir plus d'autonomie et empêcher les personnes à risque de devenir sans-abri. Cette approche reconnaît que les collectivités ont des problèmes et des priorités qui leur sont propres et que c'est donc à l'échelle locale qu'il faut s'y attaquer, en collaboration avec des partenaires locaux.
Par conséquent, l'approche communautaire a permis de renforcer la capacité des collectivités à contrer l'itinérance et d'utiliser des fonds et des ressources communautaires d'autres intervenants clés, comme les autres ordres de gouvernement et le secteur privé.
Comment la stratégie fonctionne-t-elle? La stratégie comporte sept volets de financement, dont trois sont administrés par Service Canada dans les régions. Je vais vous décrire quelques-uns de ces volets.
Les collectivités désignées constituent le principal volet de financement et représentent 83,7 millions de dollars par année. Ce volet permet de financer des projets dans 61 collectivités désignées, principalement dans les grands centres urbains, où un problème grave d'itinérance a été constaté. Les fonds ciblent les priorités locales définies par la collectivité dans le cadre d'un processus de planification communautaire globale qui exige, au niveau local, une vaste consultation auprès d'un éventail d'intervenants et la réalisation d'un consensus.
Cette approche vise à faire en sorte que les collectivités puissent mobiliser les ressources dans la plus grande mesure possible. C'est dans le cadre de ce processus que les problèmes locaux liés à l'itinérance qui résultent de la violence envers les femmes autochtones peuvent être recensés à titre de priorités de financement.
Reconnaissant que les Autochtones sont surreprésentés dans la population des sans-abri et à risque de le devenir, on a créé le volet de financement Itinérance chez les Autochtones, qui représente 14,3 millions de dollars par année. Bien qu'ils n'aient pas à le faire, de nombreux partenaires des collectivités autochtones élaborent des plans communautaires pour orienter la prise de décision et la sélection de projets. De façon similaire, c'est grâce à ces processus que les problèmes relatifs à l'itinérance et à la violence envers les femmes peuvent être soulevés.
Le volet de financement pour la lutte contre l'itinérance dans les collectivités rurales et éloignées, qui représente 5,6 millions de dollars par année, vise à répondre aux besoins des collectivités rurales et éloignées non désignées, y compris le Nord, qui sont actuellement mal outillées pour lutter contre l'itinérance. Les collectivités de 25 000 habitants ou moins constituent la grande priorité de financement.
Il est important de noter que les projets financés dans le cadre des volets Collectivités désignées et Itinérance dans les collectivités rurales et éloignées ciblent souvent les besoins des Autochtones vivant en dehors des réserves qui sont sans-abri ou qui risquent de le devenir.
Maintenant, permettez-moi de parler de quelques-uns des résultats obtenus. Depuis 2007, 57 projets d'un peu plus de 27 millions de dollars sont financés par les trois volets de financement administrés à l'échelle régionale dont il était question précédemment et ciblent exclusivement les femmes autochtones. Un certain nombre de ces projets ciblent les besoins des femmes autochtones qui sont sans-abri parce qu'elles ont été victimes de violence.
En outre, par le biais des dépenses de programmes nationaux, il a été répondu aux besoins des femmes autochtones sans-abri ou à risque de le devenir grâce au transfert de biens immobiliers fédéraux pour des projets qui viennent en aide aux victimes de violence conjugale, au financement des projets de recherche relatifs aux femmes autochtones et à la violence, et grâce à la collaboration avec d'autres ministères et organismes du gouvernement fédéral pour étudier de nouvelles façons de contrer l'itinérance.
La Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance permettra au gouvernement de continuer à aider les Canadiens sans-abri, notamment les femmes autochtones, en misant sur les atouts d'une approche communautaire qui fait appel à l'expertise d'un large éventail de partenaires pour définir les priorités locales et mobiliser des ressources afin de trouver des solutions locales au problème de l'itinérance.
Je vous remercie.
Bonjour. Je désire tout d'abord remercier le comité de m'avoir invitée à comparaître et à parler du logement autochtone et des femmes des Premières nations.
La population canadienne compte une forte proportion de femmes autochtones. Selon les données du recensement de 2006, parmi toutes les femmes de Premières nations âgées de 15 ans et plus, plus de 100 000 d'entre elles habitent dans des réserves.
Je serai brève.
En matière de logement, tous les Canadiens ont besoin d'un logement sûr, abordable et adéquat. Cependant, nous admettons que, pour les Canadiens d'origine autochtone, c'est trop souvent le contraire qui se produit. Il existe, chez les femmes et les enfants autochtones, un besoin de logement de transition qui leur permettrait de quitter leurs demeures et la violence qu'ils y subissent ainsi qu'un besoin de logement permanent qui leur offrirait le milieu de vie sain dont ils ont besoin pour développer leur plein potentiel.
La responsabilité et le cadre d'intervention du gouvernement fédéral envers le logement autochtone diffèrent selon que le logement se trouve dans une réserve, hors réserve ou dans un territoire. Nous avons un peu entendu parler des initiatives reliées à l'itinérance et nous entendrons la SCHL expliquer son rôle à l'égard du logement autochtone.
En résumé, les dépenses annuelles dans les réserves s'élèvent à 290 millions de dollars, dont 155 millions de dollars proviennent du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien et environ 135 millions de dollars de la SCHL. Cette contribution annuelle appuie les rénovations d'environ 3 600 unités. Au total, il y a environ 105 000 unités dans les réserves. Nous appuyons également la construction de nouvelles unités, soit 2 300 par année, ainsi que d'autres activités reliées au logement.
Afin d'appuyer les Premières nations qui éprouvent un besoin de logement de transition, AINC fournit, par l'entremise du Programme de prévention de la violence au foyer, un fonds de soutien aux foyers d'accueil d'urgence dans les réserves. Ce programme contribue actuellement au financement d'un réseau de 41 refuges et soutient des projets communautaires de prévention de la violence qui visent la sécurité et la protection des habitants de la réserve, particulièrement les femmes et les enfants.
Le gouvernement du Canada, dans le cadre de son Plan d'action économique, a fourni 400 millions de dollars de plus sur deux ans pour la construction et la restauration de logements sociaux et leur raccordement au service public pour aider à la transition vers des logements dont la valeur repose sur les mécanismes du marché. De ces 400 millions de dollars, AINC a affecté 150 millions aux Premières nations, sur deux ans. C'est au cours de l'exercice 2009-2010 qu'on a vu la construction et la rénovation de presque 2 000 logements, le raccordement au service public de 600 terrains en vue d'une construction ultérieure et la création de 825 emplois. Quant à la Société d'hypothèques et de logement, elle a reçu les 250 millions de dollars restants.
Même si le gouvernement fédéral soutient le logement dans les réserves, son financement n'est pas destiné à couvrir la totalité des coûts. La responsabilité d'assurer l'offre de logement dans les localités est partagée avec les Premières nations. Ces dernières ont également l'obligation d'établir le montant additionnel de financement dont elles ont besoin et de l'obtenir d'autres sources. À l'extérieur des réserves et dans les territoires, la responsabilité du logement relève des gouvernements provinciaux et territoriaux. Cependant, le Plan d'action économique du Canada comprend l'affectation d'une somme de 200 millions de dollars versée aux territoires pour la construction et la rénovation de logements sociaux. Ce financement fait suite à un engagement pris dans le budget de 2006 de 300 millions de dollars pour le logement dans le Nord et dans le cadre duquel un fonds de 300 millions de dollars a été créé pour le logement autochtone hors réserve.
Bien que les conditions de logement de certains peuples autochtones se soient améliorées au cours des dernières décennies, d'autres ont vu leurs conditions se détériorer, comme le fait de vivre dans des logements surpeuplés qui nécessitent des rénovations majeures. C'est particulièrement vrai pour les Autochtones qui vivent dans les réserves.
En 2006, 26 p. 100 des Autochtones vivant dans les réserves habitaient dans des logements surpeuplés. Cette situation fait également partie des préoccupations croissantes dans le Nord, surtout chez les Inuits de la région nordique qui s'étend entre les Territoires du Nord-Ouest et le Labrador, en passant par le Nunavut et le Québec. Dans cette région, plus de 15 000 Inuits, soit 38 p. 100 de l'ensemble de la population vivent dans des logements surpeuplés.
Mais pour tout le lot de défis que pose le logement autochtone, il y a des cas de réussite dont la plupart sont attribuables aux efforts de femmes autochtones. J'aimerais prendre quelques instants pour vous faire part de ces exemples de réussite.
Parmi les initiatives prometteuses qui ont vu le jour au cours des dix dernières années, on compte la formation de plusieurs associations professionnelles autochtones, c'est-à-dire des associations de logement qui appuient la construction et la gestion de logements dans les réserves. Affaires indiennes et du Nord canadien et la Société canadienne d'hypothèques et de logement se réjouissent d'avoir contribué au financement de certaines activités de ces associations.
L'Association nationale des gestionnaires d'habitation des Premières nations a vu le jour en 2007. Sa mission est de promouvoir et de soutenir le perfectionnement professionnel des gestionnaires d'habitation, de créer un réseau professionnel central pour l'échange de pratiques exemplaires et de servir de source de renseignements centralisée.
Plusieurs des gestionnaires d'habitations dans les réserves sont des femmes autochtones. AINC leur offre des ateliers de développement des capacités et une assistance professionnelle individualisée pour les aider à gérer et à monter leur portfolio dans le domaine de la gestion d'habitations. Le personnel d'AINC a eu l'occasion de rencontrer plusieurs des gestionnaires d'habitations et il est clair que ces personnes font figure de champions participant activement au succès de la communauté.
En 2010-2011, AINC a contribué au financement du projet d'élaboration d'un plan d'habitation détaillé à long terme de la Première nation Piikani, en Alberta. En travaillant en partenariat avec le fédéral, le personnel de la Société de logement de la Nation des Piikani, formée majoritairement de femmes, a amélioré de façon importante l'état et la disponibilité des logements dans leur communauté.
Une autre tendance positive qui se dégage veut que les communautés de Premières nations favorisent un rapprochement entre la construction et la rénovation de logements et la formation professionnelle et la création d'emplois. Les femmes autochtones ont participé à ces initiatives en tant qu'instigatrices et en tant que bénéficiaires de la formation et des contrats de travail. Par exemple, AINC appuie le projet des métiers d'apprentissage pour les femmes dans la communauté de Onion Lake. En 2010, 27 membres de la communauté ont suivi une formation en charpenterie et en conduite de machinerie lourde et le programme continue son expansion.
Il y a également des exemples de réussite à l'extérieur des réserves. Les sections provinciales de l'Association canadienne de l'immeuble de l'Alberta et du Manitoba se sont efforcées d'accroître et d'améliorer l'accès à la propriété et au logement.
Pour terminer, les femmes autochtones devraient pouvoir bénéficier, comme toutes les femmes canadiennes, d'un accès à un logement sécuritaire, adéquat et abordable. Nous savons qu'il reste beaucoup à faire. Nous sommes toutefois témoins de tendances positives en matière de logement et ce sont les femmes autochtones qui jouent un rôle essentiel dans la réalisation de cet objectif.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis heureuse d'être ici pour représenter la SCHL et parler de logement par rapport à la violence faite aux femmes autochtones.
L'un des points clés du mandat de la SCHL est de collaborer avec les partenaires provinciaux, territoriaux et non gouvernementaux, de même qu'avec le secteur privé, pour faire en sorte que les Canadiens de tous les milieux puissent avoir accès à un logement abordable et de qualité. Les initiatives d'aide au logement de la SCHL visent à aider certains des plus vulnérables de notre société, notamment les femmes qui sont victimes de violence familiale.
Comme nous le savons tous, l'accès à un logement sûr et abordable constitue un ingrédient fondamental d'une vie saine, de même qu'un catalyseur de réussite dans beaucoup d'autres domaines: relations personnelles, engagement communautaire, éducation, marché du travail. Par l'entremise de la SCHL, le gouvernement fédéral a déjà versé 7 milliards de dollars annuellement, afin de permettre à 620 000 ménages à faible revenu vivant dans des logements sociaux de continuer à vivre dans un chez soi sûr et abordable.
J'aimerais ajouter qu'environ 60 p. 100 des habitants actuels des logements sociaux sont des femmes et des filles.
La SCHL soutient également la production de nouveaux logements sociaux par le biais de l'Initiative en matière de logement abordable. Dans le cadre de cette initiative, les provinces et les territoires conçoivent et administrent les programmes de logement et versent une contribution équivalant à l'investissement fédéral. Nous offrons également une série de programmes d'aide à la rénovation pour permettre à des ménages à faible revenu d'effectuer des réparations à leur propriété. Ces programmes sont administrés dans certains cas par les provinces et les territoires, dans d'autres, plus rares, directement par la SCHL.
La SCHL dispose, par ailleurs, d'une équipe de spécialistes qui s'emploient à donner corps à des solutions de logement abordable partout au pays. Par l'entremise de cette équipe, nous offrons aux organismes sans but lucratif, groupes confessionnels, promoteurs privés et autres groupes désireux de réaliser des initiatives locales de logement, un éventail complet de renseignements, d'outils et de ressources leur permettant de faire de leur projet de logement abordable une réalité. À l'instar de tous les Canadiens, les femmes et les familles autochtones vivant hors réserve ont accès à ces initiatives.
Cependant, la SCHL a également pour mandat précis de collaborer avec le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien afin d'aider à répondre aux besoins de logement des membres des Premières nations vivant dans les réserves. Comme ma collègue vient de le dire, la SCHL injecte quelque 135 millions de dollars par année en faveur du logement dans les réserves. Cela comprend l'octroi de fonds pour la rénovation des logements sociaux existants, ainsi que versement de subventions continues dans le cadre du Programme de logement sans but lucratif dans les réserves, communément connu sous l'appellation « Programme de l'article 95 ».
Le Plan d'action économique du Canada prévoit aussi des investissements importants dans le logement social, notamment un montant de 400 millions de dollars, échelonné sur deux ans, pour le logement dans les réserves. Une partie des fonds — 250 millions de dollars — est administré par la SCHL. Grâce à cette enveloppe fédérale, les Premières nations aux quatre coins du Canada sont en mesure d'améliorer de façon importante les conditions de logement de leurs membres.
Un autre montant de 200 millions de dollars est prévu, dans le cadre du Plan d'action économique du Canada, pour soutenir la rénovation et la construction de logements dans le Nord où se trouvent d'importantes populations autochtones. L'amélioration de la qualité des logements sociaux et de l'offre — tant dans les réserves qu'en dehors — peut avoir un effet direct sur la prévention de la violence contre les femmes autochtones.
Mais il est important aussi d'offrir des refuges aux victimes de violence familiale, lorsque celle-ci se produit. Là aussi, la SCHL joue un rôle par l'entremise de son Programme d'amélioration des maisons d'hébergement, lequel fait partie de la série de programmes d'aide à la rénovation qu'elle offre. Ce programme fournit une aide financière pour rénover les maisons d'hébergement existantes et en créer de nouvelles de même que pour construire des logements de transition pour les victimes de violence familiale, et ce, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des réserves. Les fonds fédéraux versés dans le cadre de l'Initiative en matière de logement abordable dont je vous ai parlé peuvent être utilisés également pour créer des maisons de transition et des refuges de deuxième étape.
Le financement fédéral des places d'hébergement a amélioré les choses. Citons l'exemple de la Première nation de Fort Albany. Située sur la côte Ouest de la Baie James, dans le Nord de l'Ontario, cette collectivité n'est accessible que par avion ou, en hiver, une route de glace. En 2008, la SCHL a versé au conseil de bande un peu plus de 800 000 $ pour la construction d'une maison d'hébergement de cinq places. Les femmes autochtones en situation de vulnérabilité dans cette collectivité isolée ont désormais un endroit où aller en cas de besoin.
Le Programme d'amélioration des maisons d'hébergement aide également les organismes sans but lucratif ou de bienfaisance qui hébergent des victimes de violence familiale hors réserve. Ces maisons d'hébergement sont aussi ouvertes aux femmes autochtones, comme je l'ai indiqué.
Par exemple, la résidence du YMCA à Regina offre un logement sûr et abordable aux femmes, y compris les femmes autochtones. Les gouvernements du Canada et de la Saskatchewan ont versé conjointement environ 1,8 million de dollars dans le cadre de l'Initiative en matière de logement abordable et du Programme d'amélioration des maisons d'hébergement, pour rénover et agrandir cette résidence de 53 lits.
Le gouvernement fédéral est l'un des nombreux partenaires à se pencher sur cette question grave et très complexe. Les fonds que la SCHL consacre au logement permettent aux collectivités de répondre de façon plus efficace aux besoins des femmes en situation de crise. En permettant aux femmes d'accéder à l'un des 620 000 logements sociaux existants ou de séjourner dans une maison de transition ou d'hébergement construite ou rénovée grâce à des fonds fédéraux, cet apport améliore la situation de ces femmes et contribue à la solution globale.
Merci encore de m'avoir donné l'occasion d'être ici aujourd'hui. Je serai maintenant heureuse de répondre à toutes les questions que les membres du comité voudront me poser.
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En ce qui concerne la représentation, il est essentiel que les Autochtones aient le contrôle sur leurs propres affaires. On pense notamment à l'Association des femmes autochtones du Canada, qui défend activement les femmes autochtones. Nous travaillons en étroite collaboration avec diverses organisations du même genre, mais je pense que des fonds devraient être consacrés à cette question afin qu'on puisse accroître la représentation de ce segment de la population et progresser de façon globale.
J'aimerais revenir brièvement sur les chiffres cités plus tôt. L'ANHA a effectué une étude basée sur les données du recensement de 2006, que nous avons publiée en 2009. Nos conclusions confirment que les trois quarts des Autochtones habitent hors réserve. En ce qui concerne les chiffres globaux qui ont été cités, selon nos calculs, il y a au Canada 450 000 femmes autochtones. Ces chiffres sont tirés de recensements antérieurs, mais on y comptait 800 000 personnes, dont 51 p. 100 étaient des femmes. Dans le recensement de 2006, on comptait 1 172 000 personnes se disant autochtones, et si 51 p. 100 d'entre elles sont des femmes, cela nous donne 450 000.
De nombreuses études ont été faites sur la violence faite aux femmes, et certaines ont même porté directement sur la violence faite aux femmes autochtones. Soeurs par l'esprit est l'une des organisations ayant réclamé haut et fort qu'on accorde davantage d'attention aux femmes autochtones victimes de violence. Je tiens à signaler que cette organisation fait un excellent travail, mais se heurte encore à beaucoup de résistance.
Les documents que j'ai présentés au comité exposent les raisons initiales de la violence, mais la raison fondamentale, c'est la pauvreté. Au fil des années, nous avons été exclus de la participation économique au Canada, et jusqu'à ce que j'atteigne 14 ans, je ne pouvais pas légalement quitter une réserve sans un laissez-passer. Nous étions donc confinés dans les réserves, nous étions légalement exclus, maintenant c'est l'inverse et j'ai l'impression qu'on essaie de nous assimiler.
Ma soeur, à mes côtés, me dit que des refuges offrent des places aux femmes autochtones, mais il y manque l'affinité culturelle. Ainsi, de nombreuses femmes autochtones n'ont pas recours aux principaux refuges. Je pense qu'il existe toujours du racisme et une différence culturelle, et c'est pourquoi j'ai dit plus tôt qu'il faudrait que les Autochtones aient le contrôle de leurs propres logements — et dans ce cas-ci, des refuges autochtones.
Je voudrais que M. Lanigan vous parle brièvement de l'échelle locale... mais avant, j'aimerais passer en revue les recommandations que j'ai jointes en annexe de mon rapport.
Nous avons besoin de financement additionnel pour aider les fournisseurs de logements autochtones locaux en régions urbaines à acquérir davantage d'unités de logement: c'est aussi simple que cela. Nous faisons face à une pénurie de logements partout au Canada, c'est une situation qui a une incidence négative sur les familles, et évidemment les hommes et les femmes. Cela permettrait également de lutter contre la pauvreté.
À ce sujet, en 2006, le gouvernement fédéral a fourni 300 millions de dollars à la population vivant hors réserve. C'était un pas dans la bonne direction, une initiative très utile. Dans de nombreuses provinces, l'administration des fonds a été transférée aux organisations autochtones, et c'est le modèle que je propose qu'on adopte à l'avenir, parce qu'il est très avantageux et il nous donne l'occasion de prospérer en accédant à la propriété.
Nous devons fournir aux organisations autochtones les ressources nécessaires pour qu'elles puissent établir et gérer un plus grand nombre de refuges qui tiendraient compte de notre culture ainsi que des maisons de transition pour les ex-détenus. Si j'avais plus de temps, je vous aurais parlé plus en détail des maisons de transition. À une exception près, je n'ai entendu personne parler de l'attention que l'on doit accorder aux prisonniers libérés.
Il faut reconnaître que c'est en laissant les femmes autochtones se charger elles-mêmes des services dont elles ont besoin qu'elles en tireront le plus. Il faut maintenir une approche globale et faire preuve de sensibilité pour permettre aux femmes autochtones de conserver la garde de leurs enfants. C'est l'une des questions essentielles qu'il faut régler.
Nous devons fournir des ressources pour la formation et pour l'acquisition de connaissances de base, en pré-emploi comme en emploi, et des services conseils pour aider les femmes autochtones à s'établir et à reprendre le contrôle de leur vie, services qui doivent être offerts au niveau local.
J'aimerais maintenant demander à M. Lanigan de prendre la parole pendant une minute.
Tout d'abord, je tiens à signaler que les organisations membres de l'Association nationale d'habitation autochtone gèrent, à travers le Canada, quelque 10 000 unités de logement au loyer proportionné au revenu. Ces habitations se trouvent dans presque toutes les grandes villes.
On se demande toujours comment une association nationale peut fournir du logement au niveau local. C'est très important, donc je vais vous parler brièvement du travail de la Gignul Non-Profit Housing Corporation, une association sans but lucratif pour le logement ici même à Ottawa. Cet exemple illustre bien notre fonctionnement et ce que nous faisons pour rendre l'aide au logement abordable plus accessible aux femmes autochtones.
Gignul a été créée en 1985 et gère 162 unités de logement au loyer proportionné au revenu dans 73 édifices situés dans les cinq anciennes municipalités qui forment maintenant la ville d'Ottawa. L'organisation gère également une résidence pour personnes âgées ici, en ville.
Nous répondons aux demandes de logement en accordant la priorité aux personnes qui en ont le plus besoin. Puisque nous avons une liste d'attente d'environ 200 personnes et que la période d'attente pour accéder au logement est d'au moins un an, nous devons établir des priorités. Au cours des dernières années, nous avons essayé de répondre aux besoins des mères seules et des étudiants inscrits dans des établissements d'enseignement postsecondaire. Nous avons établi un système de points en fonction des besoins.
Ainsi, de tous nos locataires, 52 p. 100 sont des femmes célibataires avec ou sans enfant. On voit donc le résultat de nos efforts, et nous nous efforçons de tout faire fonctionner.
Nous travaillons beaucoup en collaboration avec des partenaires, notamment Ottawa Aboriginal Coalition et la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain pour veiller à ce que les ressources disponibles consacrées à cette question soient utilisées efficacement. Cela nous a permis d'établir une gouvernance communautaire.
La Nunavut Housing Corporation a été établie en 1972 environ et s'appelait à l'époque la Northwest Territories Housing Corporation. Elle a été créée par le gouvernement territorial, qui a reconnu que le logement était un enjeu clé et de ce fait, méritait notre pleine attention. Les affaires de la Nunavut Housing Corporation sont gérées principalement par des organisations locales responsables du logement qui ont été créées dans chacune des 25 collectivités qui constituent le Nunavut. Dans la plupart des cas, ces organisations étaient en place avant la constitution de gouvernements municipaux organisés, donc ce sont des fournisseurs de services aux clients bien établis qui permettent de répondre aux besoins en matière de logement des Nunavummiuts.
Le Nunavut, pour situer le contexte, a une population d'environ 34 000 personnes, vivant dans 25 collectivités isolées qui ne sont pas accessibles par route ou par train. Sa superficie se chiffre à 1,9 million de kilomètres carrés, ce qui est le double de l'Ontario, ou 20 p. 100 de la masse terrestre du Canada. On y trouve trois fuseaux horaires. Nous avons donc certains défis logistiques à surmonter pour fournir nos services.
Les populations de ces collectivités isolées se chiffrent entre 140 et 2 310 personnes, la plus importante de celles-ci étant Iqaluit, la capitale, dont la population se chiffre à 6 740 personnes selon le dernier recensement. Le gouvernement du Nunavut est le fournisseur principal des 9 400 unités résidentielles du territoire. Le nombre d'unités par collectivité va de 60 à 800, le plus important nombre se trouvant encore une fois à Iqaluit, qui compte 2 560 unités.
Le gouvernement du Nunavut, par le truchement de la Nunavut Housing Corporation, dispose d'environ 4 400 unités de logement public dont le loyer est établi en fonction du revenu. La Nunavut Housing Corporation est propriétaire de 4 170 de ces unités. Deux cent soixante-quatre sont louées. Nous gérons aussi 1 350 unités de logement pour le personnel gouvernemental. Environ 250 de ces unités appartiennent à la Nunavut Housing Corporation, et 1 100 sont louées. De plus, nous sommes responsables d'hypothèques de 500 propriétaires par le biais de divers programmes de soutien à la propriété.
Tout cela représente plus de 65 p. 100 du nombre total d'unités résidentielles du Nunavut. Cette situation est assez différente de celle que l'on trouve dans la plupart des provinces et territoires canadiens. Les unités occupées par leur propriétaire représentent seulement environ 20 p. 100 de toutes les unités de logement. De plus, les unités pour loger les employés du gouvernement représentent une portion importante du nombre total de logements, surtout dans les centres régionaux. Il n'y a pratiquement pas de marchés de location privés, surtout à l'extérieur de la capitale, Iqaluit.
Les chiffres que je vous donne en fait illustrent le manque d'options en matière de logement dans la plupart des collectivités. Elles sont très limitées dans la capitale, mais dans les plus petites collectivités isolées, leur nombre est encore davantage restreint. Il y a peu d'options de logement autres que celles fournies par le gouvernement.
Nous avons profité grandement des fonds fédéraux alloués au logement, qui nous ont permis de construire davantage de logements et d'agrandir notre parc d'unités d'habitation. Grâce à la Fiducie pour le logement dans le Nord, 200 millions de dollars ont été alloués au Nunavut. Nous avons maintenant terminé la construction de 725 unités de logement public dont le loyer est établi en fonction du revenu. Grâce au Plan d'action économique du Canada, 100 millions additionnels ont été versés au Nunavut. Grâce à ces fonds, 285 nouvelles unités de logement public sont en cours de construction. Le nombre d'unités de logement public dont nous sommes propriétaires atteindra environ 4 650 par suite de l'injection de ces fonds, ce qui représente essentiellement une augmentation de 30 p. 100 de nos logements publics.
En partenariat avec le Nunavut Bureau of Statistics et Statistique Canada, nous venons tout juste de terminer une étude sur les besoins en matière de logement au Nunavut, qui a été effectuée grâce à un recensement dans 24 des 25 collectivités et grâce à un échantillon à Iqaluit. Soixante-quinze commis au recensement locaux ont été embauchés. Ainsi, tous les immeubles qui font office de résidences ont pu être identifiés et inclus dans l'étude.
Selon les résultats, 35 p. 100 des logements occupés sont considérés surpeuplés. Ces chiffres se comparent au taux de 6 p. 100 enregistré au Canada dans le recensement de 2006. Le taux de surpeuplement le plus bas a été enregistré à Grise Fiord, une collectivité de 140 personnes, mais même là, le taux se chiffre à 15 p. 100. Le deuxième taux de surpeuplement le plus bas a été enregistré à Iqaluit et se chiffre à 20 p. 100.
Le problème le plus important se situe au niveau des logements subventionnés dont 50 p. 100 sont surpeuplés en se basant sur les normes nationales en matière de logement. Ces logements subventionnés représentent plus de 50 p. 100 de toutes les résidences du Nunavut. De tous les occupants de logements subventionnés que l'on considère surpeuplés, 2 990 familles ont indiqué qu'elles déménageraient si un autre logement s'offrait à elles. Encore une fois, le principal problème du Nunavut est le manque de logements. Selon le recensement de 2006, 23 p. 100 des ménages ont indiqué que des réparations importantes devaient être effectuées, comparativement à un taux national de 7 p. 100.
Pour les propriétaires dans les petites collectivités, l'un des facteurs contribuant à ce manque de logements est la pénurie d'entrepreneurs locaux... La majorité des logements de ces collectivités étant subventionnés, c'est-à-dire administrés et entretenus par des organismes locaux chargés du logement, il y a alors un très petit nombre de propriétaires pour qui un entrepreneur pourrait travailler et être rentable. C'est pourquoi beaucoup d'entrepreneurs dans les collectivités ne considèrent pas que ce secteur est viable. Ils ne s'établissent pas dans les collectivités, ils partent ailleurs.
Donc, en ce qui concerne les deux facteurs, soit l'aspect adéquat et la pertinence, 49 p. 100 des logements au Nunavut sont soit surpeuplés soit en attente de réparations majeures. Il y a 3 780 personnes sur la liste de demande d'un logement subventionné.
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Comme je l'ai dit, nous offrons un certain nombre de programmes auxquels les membres de diverses collectivités peuvent avoir accès.
À l'extérieur des réserves, la majorité du financement fédéral consacrée aux logements est gérée par l'intermédiaire des provinces et des territoires. Dans le cadre de l'Initiative en matière de logement abordable, n'importe quel groupe ou communauté peut faire des démarches auprès de la province. Pour le gouvernement fédéral, l'avantage de procéder ainsi réside dans le fait que les provinces doivent fournir des sommes équivalentes. Or, en contrepartie, les provinces et les territoires prennent les décisions sur l'utilisation des fonds destinés au loyer abordable et déterminent l'offre de logements de transition ou de nouveaux logements sociaux. Il y a donc des compromis à l'échelle locale et régionale.
Dans les réserves, il y a l'exemple du Programme d'amélioration des maisons d'hébergement. Le financement consiste en une enveloppe budgétaire globale employé pour nos programmes de rénovation dans les réserves. Nous collaborons par l'intermédiaire de comités de liaison. Nous avons un comité de liaison nationale dont l'APN fait partie, et c'est ce comité qui décide de l'affectation des fonds à l'échelle du pays.
Nous collaborons également avec des comités régionaux, dans lesquels siègent de nombreux membres des collectivités autochtones. Le financement est ultimement réparti entre les différentes Premières nations. Chaque Première nation étudie le financement en matière de rénovation, par exemple, et décide ensuite du montant qu'elle veut allouer au Programme d'amélioration des maisons d'hébergement. Il se peut qu'elle décide aussi de consacrer les fonds à la rénovation d'un type différent de logements, donc...
D'abord et avant tout, je désire préciser que dans le cadre de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, nous adoptons une approche très communautaire. Le financement est versé aux collectivités qui recensent elles-mêmes leurs priorités en matière d'itinérance et les projets qu'elles veulent appuyer pour s'attaquer à ces priorités.
Pour revenir aux chiffres que j'ai donnés, il y a généralement deux types de projets que nous finançons. Il y a premièrement les projets d'immobilisation qui comprennent la rénovation ou la création de maisons d'hébergement ou de logements transitoires. Deuxièmement, il y a les projets qui ne visent qu'à offrir des services de soutien aux femmes autochtones.
Pour revenir aux chiffes que je vous ai donnés, dans les 27 millions de dollars, on compte 57 projets qui sont exclusivement destinés aux femmes autochtones. Cela comprend des immobilisations ainsi que des mesures de soutien et des services de prévention à l'échelle du pays. Plus précisément, sur ces 57 projets, 21 représentent des projets d'immobilisation d'environ 7,9 millions de dollars qui seront consacrés exclusivement aux femmes autochtones victimes de violence conjugale. On s'attend à ce que cet investissement de taille dans les projets permette d'offrir 142 places de plus.
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Je sais. Je n'ai pas dit que vous vous en preniez à moi...
Des voix: Oh, oh!
M. Charles Hill: Je dis simplement qu'il est difficile de répondre à votre question.
J'ai grandi dans une réserve, et je n'ai pas constaté une forte propension à la violence contre les femmes. Il y avait cependant beaucoup de violence à l'endroit des autres gars et des Blancs, mais...
D'après les statistiques, il y a une hausse. De plus, le nombre de femmes autochtones tuées, portées disparues ou présumées avoir été assassinées est absolument effarant.
J'aimerais également parlé de la question du suicide que l'on n'a pas mentionné. Je sais que le nombre de suicides est monté en flèche chez tous les Autochtones, pas seulement les femmes. Le suicide constitue un autre problème dont il faudrait s'occuper.
Pour ce qui est du concept des sept générations, d'après ce que j'en sais, il ne faut pas attendre nécessairement sept générations pour voir les changements, mais si vous agissez maintenant, vous devez imaginer les conséquences à l'avenir...
Mme Dona Cadman: Sur sept générations...
M. Charles Hill: Oui, sur sept générations, pas du tout pareil que de voir quelque chose se produire immédiatement, comme un changement radical.
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... parce que nous étions entre autres indépendants et responsables de notre propre survie jusqu'à ce que nous soyons confinés dans des réserves où nous avons perdu les assises économiques dont nous jouissions. Ce processus s'est poursuivi étape après étape pendant sept générations. Nous en sommes maintenant à la septième génération. Nous devons revenir à l'époque où nous étions maîtres de nos vies. Voilà pourquoi nous parlons toujours d'exercer un contrôle autochtone sur les affaires autochtones, qu'il s'agisse de l'hébergement, de la gouvernance ou de tout autre domaine de ce type.
Au début de la récession, j'ai appris que des habitants de Toronto perdaient leur emploi. Ils déploraient le fait que c'est si dégradant d'être un sans emploi. Je leur dirais: « Bienvenue dans le monde des Indiens ». Tout le monde était éploré.
En ce qui a trait au suicide, il y a une jeune joueuse de hockey qui s'est suicidée de façon tragique, ce qui a soulevé un tollé. Moi, je me disais que si l'on compare ce fait aux 200 à 300 Indiens qui se suicident chaque mois, quel...
On ne peut aborder ces sujets sans parler de l'exclusion. Il y a sept générations, nous avons été exclus de la société et nous nous sommes retrouvés en position minoritaire. En ce moment, d'un côté, nous sommes toujours exclus et de l'autre, on essaie de nous assimiler.
S'agissant d'exclusion, je vous rappelle un bon exemple, c'est-à-dire la publicité dans les médias: combien d'Autochtones voyez-vous dans les publicités? À la télévision, vous voyez toujours des Blancs, des Noirs et des Asiatiques. Il n'y a jamais de membres des Premières nations. La seule personne que j'ai vue récemment dans les publicités qui appartiennent à une Première nation, c'est Floyd Westerman, qui est décédé il y a un an. Il faisait la publicité des médicaments Lakota. Je ne me rappelle avoir vu personne d'autre.
Il y a beaucoup de chemin à faire. L'une des façons de s'attaquer au problème, c'est de travailler en collaboration les uns avec les autres et de garder à l'esprit ces statistiques qui reflètent une réalité tragique. Les statistiques ne mentent pas.
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Merci madame la présidente.
Je remercie tous ceux qui nous écoutent dans cette pièce et à la télévision. J'espère pouvoir poser une question à tous les témoins. J'aimerais pouvoir commencer par vous, monsieur Hill.
Vous avez parlé du logement transitoire. D'après les témoignages, il n'y a simplement pas assez de logements de transition pour les femmes qui veulent reprendre leur vie en main et s'occuper de leurs enfants.
Vous avez également parlé des logements de transition offerts aux femmes qui sortent de prison. Or, en ce moment nous avons un gouvernement qui veut allonger les peines, ce qui signifie que les délinquantes seront plus longtemps séparées de leurs enfants. Je sais que cela nuit considérablement à la dynamique familiale et nous avons certainement été fort préoccupés par le fait que ces enfants éprouvent de l'angoisse.
Le gouvernement a annoncé maintenant qu'il veut que les délinquants purgent la totalité de leur peine en incarcération. Maintenant, l'admissibilité à la libération conditionnelle est fort restreinte. On refuse de plus en plus la libération conditionnelle, ce qui signifie que les occasions de réadaptation sont moindres et que le type de counselling qui aiderait ces femmes à reprendre leur vie à main et à réunifier leur famille est de moins en moins accessible.
J'aimerais que vous nous parliez de vos expériences. Ai-je brossé un portrait juste de la réalité en disant que les occasions et le counselling échappaient de plus en plus à ces femmes qui méritent la chance de remettre leur vie sur les rails?
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Oui. C'est pourquoi j'en ai parlé. J'ai remarqué en lisant la documentation préparatoire à cette séance que l'on n'en faisait pas mention. On a à peine effleuré le sujet du processus de transition, qui comprend l'hébergement des femmes autochtones qui sortent de prison. Je crois qu'on devrait y accorder une attention spéciale.
Je pense qu'il serait avantageux de créer un foyer de transition pour ces femmes. Il y a plusieurs pavillons autochtones destinés aux hommes, car j'ai travaillé dans quelques-uns d'entre eux, mais à ma connaissance, il n'y en a aucun destiné aux femmes. Dans ces pavillons, les hommes discutent de la formation qui leur est donnée, ils suivent un processus de guérison traditionnelle, ils abordent la question de l'éducation traditionnelle des enfants et des relations familiales.
Il faut garder à l'esprit que le spectre des pensionnats indiens n'est pas bien loin derrière nous. Cette tragédie a détruit beaucoup de nos membres. Le système de pensionnats indiens n'est pas bien différent du système carcéral. J'imagine que nous discutons maintenant de la guérison des victimes des pensionnats indiens. Il faut appliquer le même raisonnement à ceux qui sortent de prison. D'abord, pourquoi ont-ils abouti en prison? Quelqu'un ici a déclaré qu'il s'agissait d'une réaction à la violence dont ces personnes sont victimes, et c'est bien souvent le cas. Il faut cependant creuser encore plus loin pour comprendre quels sont les problèmes à l'échelle individuelle et comment s'y attaquer.
Cela me rappelle qu'il s'agit de l'un des principaux enseignements des croyances et de l'éducation traditionnelle, c'est-à-dire qu'il revient à tout un chacun de déterminer ce qu'il va faire tout en gardant à l'esprit que les gestes posés auront une incidence sur les autres membres de la communauté. Il s'agit d'une partie intégrante de l'enseignement transmis durant les séances de réadaptation.
Pour ce qui est des peines plus dures et plus longues, nous sommes en train de devenir un autre État américain de toute façon, alors vaut mieux s'y habituer. Peut-être que...
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Oui. L'ANHA représente essentiellement les fournisseurs de logements pour Autochtones hors-réserve, par conséquent, on n'a pas vraiment accès aux ressources qui sont offertes dans les réserves.
Toutefois, à titre d'exemple, le pourcentage d'Autochtones qui sont logés grâce au système de logements autochtones urbains hors-réserve est de 90 p. 100 ici à Ottawa. Dans un rayon de 100 milles de la ville d'Ottawa, il y a 30 000 membres des Premières nations. Ils viennent à Ottawa pour suivre des études, pour avoir accès à des soins de santé ou bien visiter des membres de leur famille.
Nous n'obtenons aucun soutien. Nous n'exigeons pas vraiment de montants faramineux, mais nous aimerions être en mesure de faire des activités comme de la recherche et du travail à l'échelle nationale, lorsque ce genre de problèmes se présentent à nous. Alors, à cet égard, je pense que la SCHL n'est plus impliquée depuis quelques années, et maintenant nous recevons des services de la Direction du logement de la Ville d'Ottawa.
Nous sommes la seule province au pays où le système de logements est géré à l'échelle locale et fonctionne tant bien que mal. En revanche, il y a eu une lueur d'espoir lorsque le nouveau maire a annoncé une affectation de 14 millions de dollars pour les initiatives ayant trait aux sans-abri et aux logements dans la ville d'Ottawa, et ce, sur une base annuelle, ça fait bouger les choses.
Mais ce qui serait très utile, c'est que le MAINC commence à reconnaître le fait qu'un bon nombre d'Autochtones vivent hors-réserve et que les organismes dans les collectivités urbaines qui répondent à leurs besoins sont sous-financés.
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Je peux également répondre à cette question.
Je dois toujours prendre Ottawa comme exemple. Bien sûr, je pense que la Ville d'Ottawa offre aux Autochtones une bonne panoplie de services. Nous avons des services pour les enfants, pour les jeunes, pour les femmes, et il y a les logements et le centre de santé autochtone. Il y a passablement d'activités.
Alors, oui, nous faisons des progrès. Encore une fois, c'est une question d'offre et de demande. Un nombre croissant de personnes viennent chercher ces services, et il y a également d'autres problèmes. Un bon nombre des services pour lesquels les gens se rendent à Ottawa ne sont pas disponibles ailleurs pour les membres des Premières nations... Les gens doivent venir ici pour y avoir accès. Il faut s'assurer que lorsqu'ils arrivent, ils s'intègrent à la collectivité, qu'ils aient un sens d'appartenance et qu'ils deviennent de bons voisins pour les personnes qui vivent dans leur quartier. C'est ce que nous essayons de faire grâce à notre système de logements. Nous avons des conseillers. Chacune des organisations en ville en a également.
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue à vous tous. Ma première question s'adresse à tous.
Monsieur Lanigan, vous m'avez fait un peu peur en disant que ça va prendre de 10 à 15 ans pour répondre aux besoins en logements sociaux, car vous avez peut-être raison. Cela veut dire que pour contrer la violence faite aux femmes, on a mis l'accent sur les problèmes de pauvreté et de manque de logements, puisque ces éléments sont parmi les principales sources pouvant entraîner de la violence à l'égard des femmes.
Je m'adresse maintenant à Mme Mitchell. En 2005, on disait qu'il manquait de 20 000 à 35 000 unités de logement dans les réserves autochtones. En 2006, on disait que 26 p. 100 des Autochtones dans les réserves vivaient dans des logements surpeuplés. Quant aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, on dit que près de 40 p. 100 des habitants vivent dans des logements surpeuplés.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a-t-il une stratégie pour régler ce problème? D'ailleurs, on sait que c'est un des éléments les plus importants lorsqu'on parle de violence faite aux femmes.
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Ça veut dire que si nous ne changeons pas la façon de mener nos affaires, nous ne pourrons pas régler les problèmes. Nous sommes en train d'essayer de trouver de meilleures façons de faire.
Un des points à améliorer serait la logistique. On a une petite population éparpillée partout. Les villages ne sont pas reliés entre eux. Peu importe l'appui que l'on donne à une communauté, il est destiné à cette seule communauté et ne peut pas être partagé. Pour nous, c'est très coûteux et cela représente de grands défis. Chaque petit village de 140 personnes a besoin de logements et de soutien, ce qui est très coûteux. Jusqu'à maintenant, les fonds utilisés pour résoudre les problèmes sont distribués de façon égale, du point de vue de la population, mais ce n'est pas équitable compte tenu de notre logistique.
Pour bâtir un immeuble à Taloyoak, on achète des matériaux à Ottawa. Ces matériaux sont ensuite envoyés par camion 5 000 km plus loin, sur la côte de la Colombie-Britannique. Par la suite, ces matériaux voyagent par navire, lequel doit traverser encore 12 000 km avant d'arriver au village. Il est coûteux de trouver des solutions.
M. Luc Desnoyers: Est-ce que vous en avez?
M. Alain Barriault: On n'a pas une...
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Très bien. Je pensais que c'était le refuge lui-même qui devait couvrir ces coûts, ce qui signifie que les responsables devaient retirer de l'argent du programme pour veiller à ce que les femmes puissent quitter leurs collectivités et y retourner.
Également, dans certains cas, le fait est qu'une femme pouvait devoir quitter plus d'une fois. Elle rentrait à la maison parce qu'elle était désespérée de revoir ses enfants et, s'apercevant que rien n'avait changé et que les abus se poursuivaient, elle devait de nouveau retourner au centre urbain.
Ce qui me préoccupent beaucoup dans la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, c'est sa nature limitée dans le temps. Le financement, si je ne m'abuse, est accordé jusqu'au 31 mars 2012?
Une voix: Jusqu'en 2014.
Mme Irene Mathyssen: Jusqu'en 2014? Mais une fois que la date butoir sera atteinte, les gens se demanderont encore une fois « est-ce que nous recevrons d'autres fonds ou pas? » Ceux qui veulent planifier et mettre en place quelque chose de concret qui pourrait changer les choses à long terme doivent ressentir une grande frustration. Comme quelqu'un l'a dit, nous somme en retard de sept générations.
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Je pense que je vais me doter d'une sonnerie qui pourra retentir pour tous les intervenants.
Merci.
Nous devons passer à huis clos dans environ cinq minutes, de sorte que nous ne pouvons pas faire un autre tour de questions. Quelquefois, c'est faisable, mais d'autres fois, ce ne l'est pas. Nous n'avons pas suffisamment de temps pour un autre tour, mais en tant que présidente, j'ai le droit de poser des questions à l'occasion, et j'aimerais en poser aujourd'hui. Je n'en ai pas eu la chance lors de réunions précédentes parce que nous manquions de temps.
Ce qui me préoccupe, c'est que peu importe où je vais, j'entends les mêmes problèmes et je constate également qu'on ne les résout pas à ma satisfaction. Je ne comprends toujours pas.
Le MAINC est responsable des peuples autochtones. C'est une responsabilité fiduciaire du gouvernement fédéral. Par conséquent, si quelqu'un doit aider les peuples autochtones dans les réserves, qu'il s'agisse de logement, de soins de santé, d'éducation ou de formation — peu importe —, ce doit être le MAINC, qui doit bien sûr travailler avec des partenaires au sein du gouvernement fédéral. Mais cette responsabilité fiduciaire incombe au gouvernement fédéral, alors je ne comprends pas pourquoi cela ne se produit pas de façon adéquate dans les réserves.
Mais, deuxièmement, je comprends qu'hors réserve — et je crois comprendre que les trois quarts des Autochtones quittent les réserves —, une fois que les membres de peuples autochtones se rendent dans les villes et qu'ils quittent les réserves, ils sont abandonnés par le ministère et laissés aux bons soins des autres ordres de gouvernement.
Je sais que vous donnez des fonds aux autres ordres de gouvernement, mais ne sont-ils pas accompagnés de critères? Ne leur dites-vous pas, chaque fois que vous leur envoyez des fonds, que l'argent doit être réservé pour les refuges, pour les maisons de transition ou bien pour des logements pour les Autochtones... ? Voilà ce à quoi cet argent est réservé: c'est pour les peuples autochtones et personne d'autre.
Nous constatons que le problème chez les femmes — et je pense que M. Lanigan l'a bien exprimé — relève du logement, du logement et du logement. Vous savez, les gens nous disent, « Ce n'est pas sorcier, c'est le logement ». Ils disent que c'est l'élément de base. Nous avons pu le constater et les gens nous l'ont répété, et il a été très difficile pour chacun d'entre nous — et j'ose croire que je parle pour tous ceux qui sont ici, peu importe le parti auquel ils sont membres et qu'il s'agit d'une question non partisane pour nous tous — de constater que les femmes autochtones quittent les réserves parce qu'elles n'ont pas d'endroits sécuritaires où elles peuvent échapper à la violence familiale.
Ainsi, elles se rendent dans les villes et, lorsqu'elles s'y trouvent, elles n'ont pas accès aux refuges — ou si elles y ont accès, ce n'est que temporaire — ni à un endroit pour vivre. Elles reçoivent de l'argent des services sociaux et, dans bien des cas, il s'agit de 1 000 ou de 950 $, selon la province, et on s'attend à ce qu'elles prennent soin de leurs enfants qu'elles ont amenés avec elles pour échapper à des abus. On s'attend à ce qu'elles trouvent un logement et à ce qu'elles nourrissent et habillent leurs enfants avec des montants qui sont insuffisants. Par conséquent, on leur enlève leurs enfants et on les met en adoption dans des familles non autochtones, qui ont droit à 2 500 $ pour prendre soin de deux enfants.
Donc, s'il ne s'agit pas de discrimination — discrimination flagrante, systémique et institutionnelle — à l'encontre des femmes autochtones, je ne sais pas de quoi il s'agit. Je ne veux blâmer personne ici... Je dis tout simplement que ce sont des faits qui nous ont été rapportés et j'en suis abasourdie. Je ne comprends pas pourquoi cela se produit et pourquoi le gouvernement fédéral ne croit pas qu'il a le devoir de garantir que les femmes autochtones voulant échapper à des situations violentes hors réserve puissent obtenir le même montant d'argent pour prendre soin de leurs enfants que les familles non autochtones. Ce serait très certainement juste, équitable et raisonnable.
Pouvez-vous m'expliquer cet état de fait? Je ne comprends pas.
Madame Mitchell, nous allons commencer avec vous.
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Je n'ai pas la réponse non plus, en toute honnêteté, mais en ce qui concerne l'établissement de paramètres fédéraux, assurément, avec tout le financement que le gouvernement fédéral fournit par l'entremise de la SCHL — et ce ne sont pas des sommes dérisoires, elles sont considérables...
La présidente: Certainement.
Mme Sharon Matthews: Il y a des ententes avec toutes les provinces et les territoires. Elles sont conçues de sorte que les provinces et les territoires élaborent et mettent en oeuvre ces programmes.
Vous nous avez en quelque sorte demandé pourquoi nous n'établissons pas de paramètres qui énoncent des exigences. Nous avons certaines exigences. Elles ne s'appliquent pas à des groupes de clients particuliers; elles s'appliquent aux fonds fédéraux alloués par unité, par exemple, ou aux entités qui sont ouvertes à l'efficacité énergétique. Il y a des mécanismes d'établissement de rapport qui vous permettent de comprendre ce que vous faites avec les fonds dans un cadre global.
Mais la vraie raison, en toute honnêteté, pour laquelle nous n'établissons pas d'exigences et n'obligeons pas quelqu'un à fournir des services à un groupe de clients dans des circonstances particulières comme nous l'avons fait, disons, il y a 20 ans, c'est que la relation est différente. Nous avons des partenariats avec les provinces et les territoires. Ils participent aux négociations. Pour chaque dollar que nous allouons, ils fournissent un dollar de contrepartie, et ils font tout en leur pouvoir pour oeuvrer à l'échelle locale.
Et comme d'autres ici présents l'ont dit, la communauté locale...
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Ce n'est pas nécessaire? Très bien.
Dans ce cas, peut-être pourrions-nous aller de l'avant rapidement. Pendant que nos témoins nous quittent, j'aimerais souligner quelques-unes des questions dont nous devons discuter aujourd'hui.
Nous devons vous soumettre un budget pour qu'il soit approuvé, et j'aimerais donc que tous les membres du comité m'accordent leur attention, s'il vous plaît. Nous sommes saisis d'un budget nous permettant d'étudier les modifications au libellé à apporter au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Ce budget totalise 6 300 $. Est-ce que quelqu'un peut proposer son approbation, s'il vous plaît?
Très bien, Dona en fait la proposition. Je vous remercie beaucoup.
Est-ce que quelqu'un appuie la motion? Bien.
Je vous remercie.
Nous allons maintenant passer à la motion de Mme Neville, que je vous lis à l'instant, et je cite:
Que le comité recommande que le gouvernement effectue une vérification concernant le financement fédéral dans le domaine du sport selon le sexe, y compris les programmes de financement de Sport Canada, le financement des projets d'infrastructure par Infrastructure Canada ainsi que les contributions aux compétitions sportives canadiennes et internationales tenues au Canada, pour garantir que le financement est distribué sur une base équitable;
Que les résultats de cette vérification soient rendus publics et soient déposés à la Chambre des communes; et
Que cette motion fasse l'objet d'un rapport à la Chambre.
Madame Neville, s'il vous plaît, auriez-vous l'obligeance de nous expliquer votre motion, après quoi nous en débattrons.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Très brièvement, madame la présidente. Je m'étonne constamment — même si je ne le devrais pas — de voir combien d'injustices sévissent encore dans les nombreuses sphères d'activités de notre monde. Je ne cherche pas ici à comparer ce dont je vous parle à la violence envers les femmes autochtones, mais vous avez parlé de la discrimination institutionnalisée. Eh bien, cette forme de discrimination, qu'elle soit consciente ou non, s'exerce certainement contre les athlètes de sexe féminin. Or, j'estime qu'en tant que comité, il importe que nous parlions au nom de ces femmes.
Nous l'avons fait en février 2008, lorsque nous avons manifesté notre préoccupation au sujet de la reconnaissance ou de la non-reconnaissance par le comité olympique du saut à ski féminin comme évènement des Jeux olympiques d'hiver. Nous savons aussi que des subventions sont accordées ou seront demandées pour les Jeux panaméricains. Nous n'ignorons pas non plus qu'on affecte des montants à divers projets d'infrastructure qui se concentrent surtout sur la participation des hommes à des évènements athlétiques.
Je ne réclame pas que nous posions des gestes radicaux. Je dis que nous devrions recueillir des renseignements afin de connaître la situation des athlètes de sexe féminin de notre pays. Je pouvais parcourir toute une liste d'évènements discriminatoires. Je ne tiens pas à prolonger la discussion cependant, mais ces cas sont nombreux: les évènements auxquels elles sont autorisées à participer, les sommes affectées et le fait que les femmes relèvent d'un organisme sportif international qui impose des règles, que ces dernières soient conformes ou non aux codes canadiens des droits de la personne où ailleurs dans le monde. Ce qui compte ici, c'est que ces organismes disposent des ressources nécessaires pour prendre des décisions à cet égard.
Tout ce que je demande, c'est que le comité parle au nom des athlètes de sexe féminin et que nous demandions au gouvernement de recueillir les renseignements pertinents.
Je vous remercie.
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Je ne suis pas tout à fait en désaccord, mais je ne suis pas en accord non plus, du moins pas de la manière que c'est rédigé.
Premièrement, le financement de Sport Canada est déjà accessible et rendu public en ligne. Vous avez toute la liste de ceux qui ont reçu de l'argent, dont les femmes. Tout est accessible.
En ce qui concerne Infrastructure Canada, j'aimerais que vous précisiez votre pensée. Je suis convaincue que quand on fait des routes et tout cela, il n'est pas question des sexes. Quand on construit une route, c'est une route. Quand on construit un aréna, c'est un aréna. On ne sexualise pas tout.
En outre, effectuer une vérification exige de l'argent des contribuables. Pour avoir des informations, on devrait peut-être inviter les représentants de Sport Canada ou le ministre à se présenter devant nous pour s'expliquer. Ce serait pas mal mieux et cela n'engagerait pas d'argent des contribuables non plus.
On devrait adresser une question à Sport Canada, par l'entremise de la greffière ou des analystes, afin de connaître le financement, mais c'est déjà public. Je suis convaincue que les représentants ou le ministre seraient prêts à venir en discuter avec nous, puisque tout est rendu public en ligne. J'ai vérifié sur Internet hier et tout y est.
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J'avais l'impression que des analyses sexospécifiques se faisaient déjà dans les différents ministères. Si ce n'est pas le cas, je suis d'avis que cela devrait se faire.
Dans le domaine du sport, après le programme À nous le podium, beaucoup d'athlètes se sont retrouvés sans financement, sans le soutien que leurs commanditaires leur avait accordé pour les Olympiques. En effet, Sport Canada, par l'entremise du programme À nous le podium, leur avait accordé du financement pour se rendre jusqu'aux Olympiques. Cela nous a donné plus de médailles que jamais auparavant: 26 médailles, dont 14 d'or. Je m'en souviens parce qu'on en a parlé à la télévision cette semaine.
Cela devrait nous motiver à nous assurer que nos athlètes ont le soutien nécessaire pour continuer à s'entraîner sans s'inquiéter sur le plan financier. C'est le cas plus particulièrement des femmes, qui sont moins soutenues par les commanditaires que les hommes.
On a vu le skieur Érik Guay qui a gagné encore cette semaine. Pour lui, c'est plus facile d'avoir des commanditaires. Or, c'est plus difficile pour les femmes. J'ai vu deux skieuses dire à la télévision, cette semaine, que c'était plus difficile pour elles.
Il y aurait peut-être lieu d'examiner cela.
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Madame Neville, êtes-vous disposée à attendre jusqu'à la semaine prochaine?
C'est bien alors. Nous allons donc reporter le vote à la semaine prochaine. Nous tiendrons une discussion plus complète. Je vous en remercie.
Évidemment, nous devons mettre fin à notre réunion à une heure donnée, et tout ce que je peux faire, c'est de prolonger quelque peu le débat ou bien le reporter à un autre jour, si la marraine de la motion est d'accord puis si tout le monde donne son consentement... Je ne peux pas tout simplement permettre aux gens de continuer à parler.
Je ne suis pas injuste, madame Boucher, lorsque je vous dis que le temps de parole est écoulé et que nous devons mettre un terme aux délibérations. Je vous remercie.
Est-ce que quelqu'un peut proposer une motion d'ajournement?
Excusez-moi. Dona?