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Merci, mesdames et messieurs, honorables membres du comité.
Je suis très heureuse que la question des enfants soit maintenant associée à la question des femmes et de la maternité. Il est primordial de considérer la situation des enfants dans le contexte de leur famille, de ce que c'est que d'être une femme et de la pérennité d'une société.
Aujourd'hui, il y a trois fois plus d'enfants des Premières nations pris en charge par les organismes de protection de l'enfance qu'il n'y en avait à l'apogée de la période des pensionnats indiens. Nous croyons que, dans la vaste majorité des cas, il serait tout à fait possible de prévenir cette situation.
Les enfants des Premières nations sont pris en charge par les organismes de protection de l'enfance en raison de facteurs comme la pauvreté, la médiocrité des logements, la toxicomanie que l'on peut lier aux conséquences des pensionnats indiens et les services inéquitables dispensés aux enfants et à leur famille par les organismes de services et les autres services financés par le gouvernement fédéral dans les réserves.
Les propos que je me prépare à vous tenir posent une question fondamentale et centrale à la conscience canadienne. Est-ce canadien de la part d'un gouvernement de dire « non » à un enfant ou d'affirmer qu'un enfant est moins méritant qu'un autre en raison de sa race? Si vous croyez que c'est juste, vous ne verrez que des obstacles alors que le problème que je vais vous décrire peut être réglé. Si vous croyez qu'il n'y a pas de place dans la société canadienne pour refuser à des enfants les avantages dont bénéficient d'autres enfants canadiens au seul motif de leur race — une chose qu'ils ne peuvent changer et qu'on ne devrait pas leur demander de changer —, alors vous ne verrez que des occasions de régler un problème qui peut l'être au profit de la génération actuelle d'enfants.
Certaines personnes ne savent peut-être pas que, en matière de protection de l'enfance, les lois provinciales et territoriales s'appliquent dans les réserves et hors réserve, tel qu'exigé par le ministère des Affaires indiennes. C'est le ministère qui accorde les fonds au moyen d'une foule d'arrangements financiers, si le financement n'est pas lié aux lois provinciales ou aux besoins des enfants. La vérificatrice générale a passé en revue tous les divers arrangements financiers prévus par le ministère des Affaires indiennes, y compris le modèle amélioré dont on a tant vanté les mérites, et les a tous trouvés iniques et imparfaits. C'était en 2008.
J'arrive tout juste du Comité sur les affaires autochtones, et il y avait là des organismes de protection de l'enfance des Premières nations qui ont reçu le financement amélioré. Cela fait maintenant trois ans; ils ont accumulé des déficits d'exploitation et sont incapables de répondre aux besoins de leurs enfants, ne serait-ce qu'un peu.
Je vais rapidement passer en revue certains de ces modèles de financement afin de vous en informer. Je vais parler un peu du principe de Jordan, et je vais passer la plus grande partie de mon exposé à parler des solutions.
À l'heure actuelle, le ministère des Affaires indiennes applique trois formules de financement. L'une d'entre elles s'appelle la Directive 20-1. Ce que vous devez savoir au sujet de cette formule, c'est qu'elle ne prévoit pratiquement aucune somme d'argent pour que les enfants pris en charge puissent rester en toute sécurité dans leur propre famille. D'ailleurs, le feuillet de documentation du ministère lui-même sur les services pour les enfants et leur famille indique que le financement est si mal structuré et que les montants qu'il accorde sont si inéquitables qu'il amène les enfants des Premières nations à être pris en charge par les organismes de protection de l'enfance parce qu'ils n'ont pas droit aux mêmes services que les autres Canadiens.
Une autre forme de financement porte le nom de modèle amélioré et, en réalité, ce n'est que l'interprétation que les Affaires indiennes font de la directive. C'est une simple adaptation de la directive. Le ministère a dit: « Nous avons maintenant déployé le modèle, voici la solution. » Comme je viens de vous l'expliquer, il y a trois ans, Sheila Fraser a déclaré ce modèle inique et imparfait, et pourtant c'est tout ce que le ministère est disposé à offrir aux enfants des Premières nations. Vous avez le choix: désastreux et inique aux termes de la directive, ou imparfait et inique aux termes de cette nouvelle approche.
Le troisième modèle a environ le même âge que moi. J'ai 46 ans. Le troisième modèle a 45 ans. Pouvez-vous vous imaginer le fait d'être financé au moyen d'une pratique de protection de l'enfance qui s'appuie sur un modèle vieux de 45 ans? Eh bien, c'est ce qui arrive aux organismes de services pour les enfants et la famille en Ontario. Tous les jours, ces organismes se débattent pour répondre aux besoins uniques de leurs enfants, dans le cadre de leur culture et de leur propre contexte. La vérificatrice générale du Canada a également examiné ce modèle et a conclu qu'il était imparfait et inique.
Alors, si tout ce que notre pays peut faire pour les enfants des Premières nations est de leur offrir le choix entre désastreux et inique ou imparfait et inique, je pense que vous seriez tous d'accord avec moi pour dire que la conscience canadienne ne peut se satisfaire de cette situation.
L'autre problème, c'est que nos enfants des Premières nations se retrouvent au beau milieu de conflits entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux pour savoir qui devrait payer la facture.
Jordan River Anderson est né dans la Norway House Cree Nation en 1999. Il lui a fallu passer deux ans dans un hôpital pour des raisons médicales, mais, après deux ans, il aurait dû obtenir son congé de l'hôpital pour rentrer chez lui. Tout était prêt pour qu'il puisse bénéficier de soins à domicile.
S'il avait été un non-Autochtone, il serait rentré chez lui, mais le Canada et la province se disputaient pour savoir qui allait payer pour chaque aspect en lien avec ses soins, et ce bébé est resté à l'hôpital inutilement pendant plus de deux ans et demi.
Des médecins, des travailleurs sociaux et des membres de sa famille ont supplié les gouvernements provincial et fédéral de permettre à cet enfant de rentrer chez lui, comme l'aurait fait n'importe quel autre enfant, mais leurs supplications n'ont pas été entendues; Jordan est décédé à l'hôpital sans avoir passé une seule journée dans sa résidence familiale.
La famille a imploré les gouvernements d'agir pour que cela n'arrive plus à aucun autre enfant, mais nous savons que cela s'est reproduit. Nous avons mené une étude auprès de seulement 12 des 108 organismes des Premières nations et avons constaté que 400 autres enfants se voyaient refuser des services gouvernementaux dont bénéficiaient tous les autres enfants en raison de ces conflits.
Le principe de Jordan est une notion très simple, selon laquelle, lorsqu’un service gouvernemental est offert à tous les autres enfants — remarquez donc que ce n’est pas que les services ne sont pas offerts; pour l’essentiel, un enfant non autochtone les recevrait — et qu’un différend entre le gouvernement du Canada et celui de la province surgit, le gouvernement qui a été contacté le premier paie pour le service; la dispute relative au remboursement par un autre gouvernement passe au second plan.
Bon nombre d’entre vous avez adopté ce principe à titre de parlementaires en décembre 2007. Certains d’entre vous vous souviendrez peut-être d’Ernest Anderson, qui se tenait dans la tribune ce jour-là, et de l’ovation debout que vous lui avez tous donnée afin de souligner la contribution de sa famille.
Je regrette de vous dire que les bureaucrates ont réinterprété la directive donnée par les parlementaires et ont restreint la portée du principe de Jordan, qui ne s'applique maintenant qu'aux enfants présentant des besoins médicaux complexes faisant intervenir plusieurs fournisseurs de services, laissant entendre que, d'une certaine manière, il est acceptable de refuser aux enfants des services en matière d'éducation et dans d'autres domaines. Je vous recommanderais d'utiliser votre influence de parlementaires pour enjoindre les bureaucrates à renouer avec la véritable tradition de la Chambre des communes.
En ce moment, le Canada se trouve devant le Tribunal canadien des droits de la personne. Je raconte aux gens autour de moi que l'une des journées de février 2007 était probablement l'une des plus tristes de ma vie en tant que citoyenne canadienne, parce que je me suis retrouvée à devoir déposer une plainte relative aux droits de la personne contre le gouvernement du Canada parce qu'il avait omis de redresser les iniquités en matière de protection de l'enfance, malgré l'existence de deux solutions axées sur les données probantes et malgré le fait qu'il disposait d'un excédent budgétaire de milliards de dollars ou de milliards de dollars à dépenser sur des projets de relance.
D'une manière ou d'une autre, les enfants se trouvaient toujours au dernier rang des priorités; de concert avec l'Assemblée des Premières Nations, nous avons donc déposé une plainte devant la Commission canadienne des droits de la personne, alléguant que le gouvernement du Canada pratique la discrimination raciale à l'endroit des enfants des Premières nations en fournissant des prestations iniques, incitant ainsi le retrait de ces enfants de leur famille pour les confier à des milieux non autochtones.
Cette affaire se trouve devant le tribunal depuis quatre ans maintenant. Pourquoi s’est-il écoulé autant de temps sans qu’un jugement ait été prononcé? Parce que le gouvernement canadien ne plaide pas sa cause sur le fond. En l’espèce, le gouvernement estime qu’il n’a pas à présenter tous les faits devant le public canadien et les tribunaux pour régler ce conflit. Le gouvernement s’appuie sur un vide juridique, et son argument est le suivant: il soutient que, en tant que gouvernement fédéral, il ne finance que la protection à l’enfance. D’autres organismes dispensent les services, et c’est donc eux qui devraient être tenus responsables de la discrimination, s’il y a lieu.
Voilà ce qu’on appelle couper les cheveux en quatre. Pouvez-vous imaginer cela? Le gouvernement fédéral offre très peu de services directs aux Canadiens. Si c’était ainsi qu’on évaluait la situation, on affirmerait que ce sont les médecins qui dispensent les soins de santé. Si les médecins décidaient de réduire de 20 p. 100 les soins de santé dispensés à des gens qui portent un chandail bleu aujourd’hui, selon cet argument, ce n’est pas le gouvernement fédéral qui ferait de la discrimination, mais le médecin. Cela serait inacceptable et bafouerait les valeurs canadiennes, et pourtant, c’est la position que défend le gouvernement canadien devant le Tribunal canadien des droits de la personne.
À deux occasions, le gouvernement fédéral a interjeté appel devant la Cour fédérale pour que le tribunal soit dessaisi de l’affaire sur cette question du fait que « le financement n’est pas un service ». La Cour fédérale a refusé. Tout juste en juin dernier, le gouvernement fédéral a également déposé une motion similaire — non pas devant la Cour d’appel fédérale, comme on aurait pu s’y attendre, mais à l’instance judiciaire inférieure qu’est le Tribunal — pour faire avorter l’affaire sur ce même point de procédure; et nous attendons la décision.
Il y a une autre chose que le gouvernement ne veut pas, c'est que le grand public prenne conscience de cette situation. Nous avons organisé une campagne intitulée « Je suis un témoin » — vous voyez le macaron que je porte — et nous avons publié tous les documents de procédure en lien avec cette affaire sur un site Web. Nous invitons les Canadiens non pas à appuyer notre position — parce qu’ils ne connaissent pas tous les faits —, mais à écouter attentivement le gouvernement du Canada, à nous écouter attentivement, à lire le rapport de la vérificatrice générale et à se forger leur propre opinion: leur pays fait-il la bonne chose pour les enfants des Premières nations, trois ans après les excuses présentées par le gouvernement?
Il y a plus de 7 000 Canadiens et organismes qui représentent environ 10 millions de Canadiens qui suivent cette affaire en ce moment. C'est l'affaire judiciaire la plus suivie de toute l'histoire canadienne.
Parmi ceux qui sont venus assister aux audiences, on trouve Summer Bisson, une jeune fille non autochtone de 14 ans, et j'attire votre attention sur sa citation qui se trouve à la page 9 de mon mémoire. Elle est venue pour observer la dernière tentative du Canada visant à faire avorter les travaux du tribunal au moyen du vide juridique selon lequel le financement n'est pas un service. Voici ce qu'elle a dit:
L’avocat représentant le Canada doit trouver un motif valable pour dessaisir la cour et sincèrement, il n’en a aucune outre sa peur et le fait qu’il ne veuille pas que justice soit rendue. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement ne souhaite pas voir cela rendu public. C’est vraiment gênant de voir que notre gouvernement tente d’échapper à sa responsabilité de fournir le même niveau de services aux enfants des Premières nations aussi bien qu’aux enfants non autochtones. Je suis étudiante, j’en ai pris conscience et je vais faire en sorte que d’autres jeunes en prennent conscience. Cindy prend la parole au nom de personnes qui n’ont pas de voix; c’est extraordinaire. Je vais faire de même auprès de ceux qui ne peuvent être ici aujourd’hui afin qu’ils soient sensibilisés.
Il ne s'agit pas d'une question partisane. L’égalité n’est pas une notion partisane. Je crois que vous avez tous prêté serment de « protéger nos foyers et nos droits », c’est-à-dire les valeurs qui sont au coeur de notre pays. Face à l’injustice, vous pouvez témoigner de l’engagement de la nation et de votre leadership en allant au-delà de vos lignes de parti et de prendre les bonnes décisions pour les enfants. Êtes-vous capables d’affirmer que, comme c’est le cas pour toutes les grandes nations, il vient un moment où il nous faut tourner la page sur la relation du Canada à l’égard des enfants des Premières nations, pour passer d’une relation d'oppression et de discrimination à une relation d’espoir et d’inspiration?
Les solutions sont multiples, et je les ai décrites dans ma série de recommandations tirées du rapport, mais sachez bien ceci: le Canada sait qu'il fait de la discrimination. Il sait qu'il cause du tort aux enfants. De nombreuses mères de ces enfants vous l'ont dit dans vos mémoires.
Le gouvernement a élaboré des solutions conjointes, et, très franchement, si nous pouvons nous permettre de dépenser des milliards de dollars pour des avions de combat, nous pouvons nous permettre d'investir dans notre plus formidable ressource naturelle. L’Organisation mondiale de la Santé soutient que, pour chaque dollar que vous, à titre de parlementaires, dépensez pour des services aux enfants, vous faites des économies de 7 $ à long terme. Imaginez ce que cette économie de 6 $ vous permettrait de faire si vous preniez la bonne décision pour les enfants des Premières nations aujourd’hui. Il y aurait davantage d’emplois dans vos régions, un accès accru aux soins de santé pour une génération vieillissante, davantage de services pour les aînés et pour les femmes; si vous n’investissez pas dans les services pour les enfants autochtones, ces dollars vous serviront à construire des établissements de soins de santé mentale, des installations de traitement contre la toxicomanie et des prisons.
La question qui se pose n'est pas tant de déterminer s'il faut dépenser cet argent, mais bien de savoir combien dépenser et comment. Au bout du compte, il s'agit de savoir si vous estimez que le gouvernement fédéral prend la bonne décision quand il répond « non » ou « pas tant que ça » aux enfants en fonction de leur race.
Je vous remercie, mesdames et messieurs les parlementaires.
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Merci de cette question.
Il y a deux domaines d'iniquité qui caractérisent le contexte que connaissent les femmes autochtones victimes de violence conjugale. L'un d'entre eux est le manque à gagner des dépenses gouvernementales directes et réelles pour les services dont nous venons de parler, comme c'est le cas pour la protection de l'enfance. L'autre importante lacune porte sur les services du secteur bénévole financés par des fonds fédéraux, cette prestation de services bénévoles assurée grâce à des dollars du gouvernement fédéral.
Dans le cadre de l'étude que j'ai menée en 2003, j'ai découvert que, en moyenne, chaque Canadien qui vit en dehors d'une réserve reçoit environ 2 400 $ de services de soutien du secteur bénévole financés par des fonds publics. Les services destinés aux enfants et aux familles des Premières nations avaient droit à un moment à 35 ¢. Pensez-y un instant. Combien de services du secteur bénévole financés par le gouvernement fédéral avez-vous vus pendant vos tournées partout au pays?
C'est donc dire qu’il y a un énorme vide de services. Imaginez ce qui arriverait à Ottawa, ici, aujourd’hui, si on éliminait tous les refuges, toutes les banques alimentaires, tous les programmes de lutte contre la violence conjugale et que, en plus, on sous-finançait les services de protection de l’enfance. Pensez-vous que les enfants de votre ville se débrouilleraient bien s’ils avaient des enfants dans quelques années? Ils ne se débrouilleraient probablement pas très bien.
Les lois sur la protection de l’enfance constituent l’autre problème. Au cours des 15 dernières années, plus précisément, on reconnaît de plus en plus les effets néfastes très réels de la violence conjugale sur les enfants. Il s’agit de préoccupations légitimes, et je ne sous-estime pas cet aspect. Cependant, selon des données probantes, qui proviennent tout particulièrement d’États comme New York, quand des lois sur la protection de l’enfance intégraient la violence domestique comme motif d’intervention dans les familles, les cas de violence les plus graves n’étaient pas signalés parce que les femmes craignaient qu’on leur enlève leurs enfants. De fait, ces administrations ont laissé tomber ces mesures.
L’une des réalités dont il faut tenir compte, c’est que la protection de l’enfance n’est pas un moyen si efficace de réagir à la violence domestique. Nous n’avons pas les ressources pour intervenir. Les organismes des Premières nations pourraient réorganiser certains de ces services pour les adapter à ce type de situation, mais le financement inéquitable dont nous disposons actuellement ne nous permet pas de le faire.
J’encouragerais les parlementaires à porter attention à ces deux facteurs. Où vont les fonds fédéraux destinés aux services du secteur bénévole pour contrer la violence faite aux femmes, et dans quelle mesure les femmes autochtones dans les réserves en profitent-elles? La deuxième question est la suivante: méfiez-vous de l’inclusion de la violence conjugale dans la protection de l’enfance. En tant que parlementaires, êtes-vous convaincus que les services de protection de l’enfance sont équipés de manière appropriée pour assurer la sécurité des enfants et soutenir les femmes et les hommes qui vivent la violence conjugale? Je n’en suis pas si convaincue.
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Eh bien, c’est intéressant. En tant que gouvernement, on peut faire deux choses. L’une d’entre elles, c’est de décider qu’on a toutes les solutions et de n’accorder le financement qu’en fonction d’un montant fixe. Cette approche n’a pas été très avantageuse pour les enfants qui vivent dans des contextes diversifiés partout au pays. L’autre chose que le gouvernement peut faire, c'est adopter une approche différente — c’est-à-dire examiner les besoins particuliers des enfants dans le contexte de leur famille afin de déterminer en quoi consiste la notion d’un enfant en santé, puis déterminer comment y arriver dans le contexte de cette collectivité et de cette culture. Puis, on accorde le financement non pas en fonction d’un programme, mais d’un principe.
Nous travaillons avec le gouvernement de la Colombie-Britannique dans le cadre d’un projet intitulé Touchstones of Hope. Dans le cadre de ce projet, nous travaillons de concert avec les collectivités des Premières nations afin d’établir leur propre vision de ce que sont des familles saines et des enfants en santé. Nous réunissons tous les membres d’une collectivité dans une salle, y compris les enfants, de même que les aînés, les jeunes et les parents. Plus, nous élaborons une vision de ce qu’est un enfant en santé et de ce qu’est une famille saine. Souvenez-vous: pendant la colonisation, l’une des choses qui nous ont été soutirées était notre capacité de rêver pour nos propres enfants. Les gouvernements ont rêvé pour nous, et nous avons tous vu quelles en ont été les conséquences. Dans le projet Touchstones of Hope, nous demandons aux collectivités d’élaborer une nouvelle vision de ce qu’est un enfant en santé et ce qu’est une famille saine dans la collectivité, d’en dresser les indicateurs, d’examiner la situation actuelle, puis de déterminer les ressources nécessaires pour aller de l’avant.
La Colombie-Britannique, je dois le dire, est une bureaucratie normale, très similaire à vos gouvernements, mais ses fonctionnaires étaient convaincus qu’il n’était plus acceptable que 80 p. 100 des enfants pris en charge dans cette région proviennent des Premières nations. C’était une raison d’enfreindre les règles, comme nous l’avions fait. À l’heure actuelle, les fonctionnaires envisagent de financer ces plans en fonction non pas de ce que le gouvernement de la Colombie-Britannique estime être une bonne idée pour tout le monde, mais plutôt selon un principe. Ce principe favorise non seulement l’uniformité pour toutes les formes de financement gouvernementales, mais favorise également une innovation logique à l’échelle de la collectivité.
Les principes du projet Touchstone sont les suivants: le respect de l’autodétermination, de la culture et de la langue; une solution holistique, ce qui signifie travailler avec l’enfant non seulement en fonction de son âge, mais également pour tous les âges, dans le contexte de sa famille, de sa collectivité et de sa nation; des interventions structurelles, c’est-à-dire qui touchent les facteurs qui échappent à la volonté des parents; et la non-discrimination, dont nous avons beaucoup parlé aujourd’hui.
Ce projet dure depuis déjà deux ans et, à vrai dire, il se déroule très bien. Jusqu’ici, le gouvernement de la Colombie-Britannique a remarqué que nous n’avons pas tout à fait réussi à diminuer le nombre d’enfants pris en charge, alors nous avons encore du travail à faire de ce côté; cependant, la bonne nouvelle, c'est que les enfants rentrent à la maison beaucoup plus tôt.
Et pourquoi? Eh bien, auparavant quatre travailleurs de la protection de l’enfance confinés dans leur bureau auraient tenté de gérer la situation. Maintenant, 100 ou 200 personnes viennent à la séance et constatent qu’ils ont un rôle à jouer à titre de membres de la collectivité et de citoyens qui peuvent s’engager activement pour assurer le bien-être de ces enfants, et ils se montrent certes à la hauteur.
Nous ne voyons d’aucune manière des collectivités des Premières nations balayer sous le tapis certaines de leurs très réelles difficultés. De fait, nous observons une incroyable détermination vitale à les surmonter, à prendre nos propres responsabilités et à aller de l’avant. Toutefois, le sous-financement octroyé par le gouvernement fédéral est certes un obstacle, et il faut trouver une solution.
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Merci d'avoir posé ces deux questions très importantes.
Comme vous le savez, le principe de Jordan s'applique à tous les services gouvernementaux. Le premier ministre ou le gouvernement et tous les parlementaires aujourd'hui pourraient affirmer qu'ils reviennent à l'intention initiale qui sous-tendait le principe de Jordan à l'époque de son adoption à la Chambre des communes, à savoir que le gouvernement fédéral s'engage à faire preuve de leadership et à insister sur sa mise en oeuvre pleine et entière, à payer la note lorsque des services sont offerts, peu importe s'il estime qu'ils relèvent de la compétence provinciale, et à tenir des registres, parce qu'il veut être comptable aux contribuables; mais que toutes ces considérations viendront après le bien-être des enfants.
Je peux vous dire que je sais que 33 enfants risquent actuellement d'être envoyés en foyer d'accueil simplement parce que le gouvernement du Manitoba et le gouvernement du Canada se disputent pour savoir qui devrait financer le soutien à domicile. On pourrait empêcher ces 33 enfants d'être inutilement confiés au système d'aide à l'enfance en assumant et en mettant en oeuvre de façon pleine et entière le principe de Jordan.
Prendre des mesures pour assurer l'égalité n'est pas une utilisation irresponsable de l'argent des contribuables. D'ailleurs, depuis que je raconte l'histoire de Jordan, je n'ai jamais rencontré un seul Canadien croyant que vous auriez dû conclure une entente avec la province avant de faire quelque chose pour Jordan. Tous les Canadiens sont d'accord: les enfants doivent être la priorité.
J'estime que c'est une chose qui doit arriver. Dans la pratique, on assiste au resserrement de la définition au point où il n'y est question que d'enfants avec de multiples fournisseurs de services et de multiples handicaps — et le gouvernement du Canada l'applique seulement dans les provinces qu'il qualifie d'« intéressées ». Il accorde — de fait — la priorité à la conclusion d'ententes avec la province au détriment des besoins des enfants, ce qui est contraire au principe de Jordan; le principe de Jordan fait appel au leadership des parlementaires pour qu'on s'attache d'abord aux besoins de l'enfant avant de s'intéresser aux questions de compétence.
L'autre question est de savoir quelle est la prochaine étape. Il s'agit d'une question importante.
Je ne veux pas seulement m'attarder aux problèmes. On ne gagnera rien à simplement dire que nous nous trouvons là et que nous sommes condamnés à y rester. Nous en savons assez sur la formule de financement améliorée pour pouvoir régler les problèmes précis relevés par la vérificatrice générale du Canada et votre comité, et vous pourriez attirer l'attention du ministère sur le rapport de 2008 et demander au ministère de régler les problèmes qu'on vous a exposés ici, lesquels sont énoncés dans le rapport de la vérificatrice générale et ont récemment fait l'objet d'une séance du Comité des affaires autochtones. Ce serait là un important pas en avant.
L'autre chose qu'on pourrait faire, c'est déterminer ce qui manque à la formule améliorée. L'une des grandes difficultés que nous avons observées tient à l'absence d'aménagements pour les enfants ayant des besoins spéciaux ou en fonction de la taille de la population. Mesdames et messieurs, je n'ai pas besoin de vous dire que certains enfants pris en charge par le système d'aide à l'enfance ont des besoins extraordinaires. Loger certains d'entre eux peut coûter jusqu'à 60 000 $ par mois. Si vous êtes un organisme d'aide et que vous avez un cas comme celui-là, il n'y a pas d'aménagements à cette fin, c'est important.
La troisième chose au sujet de l'avenir — vous avez probablement entendu parler de l'arrêt McIvor et des délibérations connexes —, c'est qu'il n'y a eu de la part du ministère absolument aucune réflexion — du moins publiquement — sur la façon dont il va revoir à la hausse le financement pour les services à l'enfance et à la famille de sorte que nous ne perdions pas nos investissements dans nos enfants à mesure que nous utilisons davantage un bassin de ressources déjà extrêmement limité.
En tenant compte de ces choses, nous pourrions améliorer considérablement la situation des enfants, et nous pourrions songer à implanter des processus comme les Pierres de touche d'un avenir meilleur — que nous avons établi dans le nord de la Colombie-Britannique — à en élargir l'accessibilité au public. Il s'agit d'un modèle à très faible coût. En fait, avant que nous établissions ce modèle, le gouvernement de la Colombie-Britannique avait dépensé 43 millions de dollars à renouveler son approche en matière de services d'aide aux enfants autochtones, et il avait échoué.
La démarche que nous avons proposée coûtait 0,0007 p. 100 de ce montant, et elle est entièrement dirigée non pas par la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières nations, mais par des membres de la collectivité. C'est parce que nous l'avons conçue pour qu'elle soit viable à l'échelon communautaire et que les séances ne coûtent à peu près rien, car nous ne voulons pas que l'argent se trouve dans les poches des consultants; nous voulons que les enfants profitent de l'investissement. Voilà une autre possibilité.
Je crois que beaucoup de Canadiens ne comprennent pas que les inégalités au chapitre des services gouvernementaux et l'absence de services du secteur bénévole ont un effet multiplicateur. Les enfants pris en charge par le système d'aide à l'enfance, ceux qui sont touchés par le principe de Jordan et ceux qui veulent aller à l'école et apprendre, ce sont tous les mêmes.
Le vérificateur général, il y a 10 ans seulement, soulevait des préoccupations concernant l'inégalité du financement pour l'enseignement primaire et secondaire dans les réserves et attirait l'attention sur l'état des écoles elles-mêmes et sur les nombreuses collectivités où il n'y avait même pas d'école.
Vous avez parlé de Shannen Koostachin. De bien des façons, elle est la porte-parole de beaucoup d'enfants des Premières nations à l'échelle du pays. Elle est à la fois une héroïne canadienne — quelqu'un que tous les Canadiens devraient considérer comme un modèle — et un rappel de ce qui peut arriver si nous négligeons d'aller jusqu'au bout et de faire ce qu'il faut.
Shannen Koostachin appartenait à la Première nation d'Attawapiskat. Elle était la fille d'Andrew Koostachin et de Jenny Nakogee, et ils formaient une famille très affectueuse.
La seule école de cette collectivité a été contaminée par 30 000 gallons de diesel. En 2000, lorsque Shannen allait à la maternelle, le gouvernement du Canada avait fait venir des roulottes et les a installées sur le terrain de jeu de l'école contaminée. Chers députés, je ne vous mens pas: je peux lancer un caillou d'ici à la cabine d'interprétation, et cela équivaut à la distance entre la roulotte de la maternelle et le site contaminé.
On avait dit aux enfants que le système de roulottes était temporaire et que le gouvernement du Canada ferait tout le nécessaire pour qu'ils aient une école adéquate sur un sol non contaminé. Trois ministres des Affaires indiennes leur ont promis une école et n'ont pas tenu parole. Shannen dira par la suite que c'était là une des choses les plus difficiles.
Peut-être que les Canadiens s'habituent aux politiciens qui ne tiennent pas parole, mais, pour ma part, j'estime qu'il faut au moins tenir ses promesses envers les enfants. Ces enfants ne pouvaient pas comprendre. Ils voulaient apprendre. lls savaient qu'ils avaient besoin de s'instruire, alors Shannen Koostachin a organisé une campagne où les élèves de l'école ont écrit des lettres au gouvernement. Elle se disait que, si vous entendiez la situation décrite dans leurs propres mots, que vous comprendriez peut-être à quel point il est difficile d'apprendre dans une roulotte qui est aujourd'hui si délabrée que le chauffage ne fonctionne plus et qu'il fait moins 20 dans la classe, que vous voudrez agir et trouverez la motivation pour surmonter les obstacles et vous assurer qu'ils ont une chance d'apprendre.
Mais ces lettres n'ont pas incité les personnes au pouvoir à changer la situation, alors elle s'est adressée à des enfants non autochtones de son année — la huitième —, et ils ont été des milliers à écrire des lettres. Toutefois, ce n'était toujours pas assez pour faire bouger le gouvernement du Canada.
Elle était présidente de son comité de finissants de 8e année. Elle a reçu une lettre du ministre des Affaires indiennes lui disant: « Nous n'avons pas les moyens de vous procurer une nouvelle école, et nous ne savons pas quand nous le pourrons. » Elle a annulé son voyage de célébration de la fin de la 8e année et elle est venue rencontrer le ministre en personne pour lui demander une nouvelle école. Le ministre a dit: « Nous n'en avons pas les moyens. » Elle a répondu « Je ne vous crois pas. L'école, c'est le temps de rêver. Chaque enfant mérite cela. »
Elle voulait devenir avocate lorsqu'elle serait grande afin de pouvoir apporter une contribution à la société canadienne et de lutter pour le droit des autres enfants canadiens à l'éducation. Elle a promis au gouvernement du Canada et aux enfants dans toutes les écoles au pays qu'elle n'abandonnerait jamais avant que chaque enfant des Premières nations ait accès à une école sécuritaire et confortable et à une éducation équitable. Elle savait que, lorsque les enfants ouvraient les robinets de leur école au Manitoba, des petites couleuvres rayées en sortaient. Elle savait que d'autres enfants allaient à l'école dans des tentes — pas en Afrique, au Canada. Elle savait qu'on pouvait faire quelque chose pour que ces enfants puissent devenir des avocats, des danseurs Lakota, des cuisiniers, des pharmaciens et des médecins lorsqu'ils seront grands.
Elle a dû déménager à 500 kilomètres de sa collectivité pour aller à l'école secondaire, parce que l'école secondaire dans sa collectivité était trop mal financée pour lui offrir ce dont elle a besoin pour se préparer à étudier le droit.
Lorsqu'elle était là-bas, elle a rencontré le député , que certains d'entre vous connaissez. Elle fréquentait l'une des écoles secondaires les plus délabrées. C'était l'une des premières fois que Shannen Koostachin voyait un corridor. Après un certain moment, Charlie s'est aperçu qu'il marchait seul et que Shannen s'était perdue quelque part dans l'école. Il est revenu sur ses pas et l'a trouvée dans une classe. Elle touchait tous les livres et regardait toutes les choses merveilleuses auxquelles les enfants ont accès pour apprendre. Elle a dit à Charlie: « J'aimerais tant pouvoir recommencer ma vie afin de fréquenter une école aussi belle que celle-ci. »
Shannen Koostachin est décédée dans un accident de la route au printemps 2010. Elle n'a jamais été traitée équitablement par le gouvernement du Canada.
Nous avons promis, avec l'appui de sa famille, de réaliser son rêve avec les milliers d'enfants qui la soutiennent. Je vous demande simplement — et je sais que vous voyez beaucoup de problèmes graves dans le cadre de votre travail et qu'il y a de multiples intérêts divergents —, pour la conscience et le bien du pays, ne pouvons-nous pas seulement fournir à ces enfants une école convenable?
Qu'est-ce qui nous empêche de le faire? Quelle est la raison que nous pourrions donner à Shannen aujourd'hui pour lui expliquer que ce type d'inégalité existe encore? Que dirions-nous à Jordan? Que dirions-nous aux enfants qui vont dans un foyer d'accueil tout simplement parce qu'on ne leur donne pas une chance de se bâtir une vie?
Peu importe les recommandations que formulera le comité, j'espère que leur image restera gravée dans votre esprit. Ils représentent le public. Si vous pouvez convaincre ces enfants que vous faites la bonne chose, alors vous donnez le bon exemple aux Canadiens et montrez la voie pour l'avenir du Canada.
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Merci de nous avoir invitées, Corinne et moi, à comparaître devant le comité. C'est un privilège pour ma collègue et moi de comparaître devant vous tous pendant que vous poursuivez votre important travail concernant la violence faite aux femmes autochtones.
Notre ministère continue de se soucier grandement de ce problème, et j’apprécie cette occasion d’aider le comité. Toutefois, il y a plusieurs autres programmes fédéraux et provinciaux qui peuvent venir en aide face au problème de la violence faite aux femmes autochtones, les services à l’enfance et à la famille des Premières nations n’étant qu’une petite portion d’une réponse plus large et globale.
Le récent rapport provincial de la Saskatchewan Child Welfare Review dit que:
Les commentateurs et les chercheurs acceptent de plus en plus que les conditions qui contribuent aux risques de l'enfant sont des conditions que le système d'aide à l'enfance lui-même n'a pas le mandat ni les capacités de traiter directement. Comme on l'a déjà mentionné, nous utilisons une solution propre au système de l'aide à l'enfance quand les principaux facteurs sont à l'extérieur de son mandat.
Nous sommes d'accord avec cette évaluation et, selon moi, la leçon importante que nous devons en tirer et que nous devons conserver à l'esprit lors de notre travail sur cette question est qu'il y a des limites à ce que chaque élément de la solution globale peut accomplir seul.
Ma collègue, Corinne Baggley, gestionnaire principale des politiques à Affaires indiennes et du Nord Canada, m'accompagne. Corrine et moi ferons de notre mieux pour répondre aux questions des membres du comité, mais d'abord, j'aimerais commencer par quelques observations.
La directrice générale précédente, Mary Quinn, a comparu devant le comité en avril 2010 et vous a donné un aperçu de certains des secteurs de programmes à Affaires indiennes et du Nord Canada qui appuient une amélioration de la santé et de la sécurité des familles autochtones, y compris les initiatives du ministère qui ciblent en particulier la violence faite aux femmes. Mary a expliqué également comment le MAINC travaille en partenariat avec les autres ministères fédéraux, les provinces et les peuples autochtones afin de contribuer à l’approche globale en vue d’enrayer ce grave problème, en particulier dans les réserves, mais également dans les collectivités autochtones et les centres urbains.
Je ne traiterai pas en détail de tous ces programmes aujourd’hui, mais j’aimerais d’abord reconnaître les multiples causes sous-jacentes qui pourraient augmenter les risques de violence faite aux femmes autochtones, comme une faible scolarité, le chômage et la pauvreté — dont bon nombre ont des effets disproportionnés sur les collectivités et les femmes autochtones. Le MAINC collabore étroitement avec ses partenaires autochtones, fédéraux et provinciaux pour atténuer ces causes sous-jacentes et améliorer la santé et la sécurité des familles autochtones.
La réforme du programme de financement des services à l’enfance et à la famille des Premières nations du MAINC dans les réserves, par exemple, prévoit une transition vers des services de prévention rehaussés et aidera à soutenir les parents et à préserver l’unité familiale, ce qui finira par amener les femmes vivant dans les réserves à se sentir plus en sécurité, tout en diminuant les risques de violence.
L’aide à l’enfance est l’un des aspects les plus complexes des politiques publiques, étant donné que les décisions entourant les soins et la protection des enfants ont des effets durables sur les enfants, leur famille et les collectivités. Il est important de souligner que les décisions prises par les autorités en matière d’aide à l’enfance, y compris les agences de services à l’enfance et à la famille des Premières nations déléguées par la province, sont prises conformément aux lois et aux normes provinciales.
Tous les enfants sont protégés en vertu des lois provinciales sur la protection de l’enfance, car les services à l’enfance et à la famille relèvent de la compétence provinciale. Les gouvernements provinciaux délèguent cette fonction aux fournisseurs de services dans les réserves et à l’extérieur de celles-ci et doivent veiller à ce que ces fournisseurs se conforment aux lois et aux normes provinciales.
En 20 ans, le nombre d’organismes de services à l’enfance et à la famille des Premières nations a considérablement augmenté. Aujourd’hui, 106 de ces organismes offrent des programmes en vertu d’ententes avec les autorités provinciales en matière de protection de l’enfance. Le financement accordé par le MAINC par l’entremise du Programme des services à l’enfance et à la famille des Premières nations a également augmenté de façon marquée, passant de 193 millions de dollars il y a 15 ans à 550 millions de dollars l’année dernière, en 2009-2010.
Lorsque les provinces ont entrepris de changer leurs approches pour miser davantage sur l’aspect prévention de la gamme de services d’aide à l’enfance, AINC leur a emboîté le pas au moyen d’ententes tripartites avec les Premières nations et les provinces intéressées. En 2007, le gouvernement fédéral a pris des mesures pour aider les fournisseurs de services à l’enfance et à la famille des Premières nations à améliorer les résultats. Entre autres, il a collaboré avec les provinces pour assurer la mise en oeuvre, dans les réserves, des pratiques exemplaires dans les services de prévention, et pour élargir la trousse de services adaptés sur le plan culturel, comme les soins dispensés par un membre de la famille. Avec le temps, la nouvelle approche d’AINC pour le financement des services à l’enfance et à la famille des Premières nations, soit l’approche axée sur la prévention rehaussée, aidera les fournisseurs de services à préserver l’unité familiale.
Dans le cadre de cette nouvelle approche, les fournisseurs de services auront la flexibilité en matière de financement dont ils ont besoin pour voir à ce que les services rehaussés soient mis à la disposition des enfants et des familles à risque avant qu'une situation ne dégénère et ne finisse par exiger l'intervention de la protection de l'enfance.
[Français]
Il y a trois ans maintenant, AINC a élaboré un cadre tripartite avec la province et les Premières nations de l'Alberta pour mettre en oeuvre une approche axée sur la prévention connue comme le modèle d'intervention de l'Alberta. Il se concentre sur une intervention proactive, soit sur la prestation des services appropriés avant que les problèmes s'accentuent et deviennent une question de protection de l'enfance.
[Traduction]
Les résultats préliminaires de cette approche sont positifs et encourageants. Au cours des trois dernières années, par exemple, le nombre d’enfants des Premières nations de l’Alberta pris en charge dans les réserves a chuté; les placements dans un foyer permanent sont à la hausse; et les placements en établissement, à la baisse. Ces résultats notables sont attribués à un système de prestation de services qui facilite également un meilleur usage de types de placements qui conviennent mieux aux enfants, y compris la prise en charge par un membre de la famille et les subventions post-adoption. La prise en charge par la famille est une option de placement pour les enfants qui sont retirés de leur foyer et qui sont placés sous la garde d’un membre de la famille.
Depuis l’établissement du premier cadre tripartite en Alberta, des partenaires au Manitoba, au Québec, à l’Île-du-Prince-Édouard, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse ont également collaboré pour conclure des cadres tripartites sur les services à l’enfance et à la famille des Premières nations. Cela signifie que le nouveau modèle de financement axé sur la prévention est maintenant en oeuvre dans les collectivités des Premières nations dans six provinces et profite à 69 p. 100 des enfants des Premières nations vivant dans les réserves. Chaque cadre offre maintenant un financement particulier axé sur la prévention aux organismes des Premières nations afin qu’ils offrent ou qu’il achètent des services misant sur la prévention dans les réserves.
Dans les quatre derniers budgets fédéraux, le gouvernement du Canada a consenti un financement supplémentaire pour mettre en oeuvre ces approches axées sur la prévention rehaussée. Lorsqu’il sera pleinement mis en oeuvre, le financement représentera plus de 100 millions de dollars supplémentaires annuellement pour la nouvelle approche en vertu des six accords cadres.
J'aimerais également ajouter qu'AINC est fortement résolu à continuer à travailler avec le reste des provinces et des territoires afin de conclure des accords tripartites d'ici 2013.
[Français]
Ce gouvernement reconnaît que des services à l'enfance et à la famille efficaces et culturellement appropriés jouent un rôle important afin de créer des familles fortes et saines pour les Premières nations. De plus, nous continuerons à collaborer avec des partenaires disposés à financer ces services dans les collectivités des Premières nations de partout au pays. C'est pourquoi nous restons engagés à mettre en place une approche axée sur la prévention au moyen de partenariats tripartites avec les Premières nations et les provinces.
La responsabilité relative aux enjeux qui touchent la qualité de vie des Premières nations n'est pas celle d'un seul groupe. Il s'agit d'une responsabilité partagée.
[Traduction]
Il est clair qu'il n'y a pas de solutions simples pour régler la triste situation de la violence faite aux femmes autochtones parce que c'est une problématique complexe à plusieurs volets. J'espère toutefois qu'en poursuivant des changements positifs dans le cadre de programmes tels que celui des services à l'enfance et à la famille dans les réserves aidera, dans la mesure du possible, les familles des Premières nations à accéder aux services avant que les problèmes s'accentuent et permettra de préserver I'unité familiale des membres des Premières nations.
Je vous remercie. Ma collègue et moi-même ferons de notre mieux pour répondre à vos questions.