:
Merci, madame la présidente. Je vais distribuer des copies de mes notes pour les interprètes.
[Français]
Je suis heureuse d'avoir l'occasion, aujourd'hui, de me présenter aux membres du comité et de répondre aux questions que vous pourriez avoir sur mon expérience, mes compétences et ma vision en tant que nouvelle coordonnatrice de Condition féminine Canada, un poste que j'occupe depuis le 14 décembre dernier.
[Traduction]
Je suis titulaire d'un diplôme en science politique de l'Université d'Ottawa. Je fais partie de la fonction publique du Canada depuis plus de 30 ans. Au cours des 20 dernières années, j'ai occupé des postes de direction variés dans le cadre d'initiatives de politiques horizontales, de grands programmes de contributions nationaux et de programmes de communications stratégiques; j'ai aussi joué des rôles de liaison clés, notamment en tant que secrétaire générale.
Je suis très honorée que l'on m'ait confié cette nouvelle responsabilité, et je compte m'en acquitter en tirant parti au maximum de mes capacités et de mon expérience. Je suis heureuse également de travailler au sein de l'équipe de Condition féminine Canada.
Comme vous le savez, notre mandat est de promouvoir l'égalité des sexes et la pleine participation des femmes à la vie économique, sociale et démocratique du Canada, notamment en éliminant les obstacles à leur participation socioéconomique.
La promotion de l'égalité est une responsabilité partagée. Notre ministre et plusieurs de celles qui l'ont précédée ont souligné à de nombreuses reprises qu'aucun ministère ou organisme gouvernemental ne saurait, à lui seul, faire de l'égalité une réalité. Cet objectif exige une collaboration et des partenariats solides avec un large éventail d'intervenantes et d'intervenants, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Il faut donc travailler de concert avec les ministères et les autres organismes fédéraux, avec les autres paliers de gouvernement ainsi qu'avec des organismes privés et non gouvernementaux, y compris des organismes bénévoles.
[Français]
L'un de mes principaux objectifs, pour les mois et les années à venir, sera de renforcer l'influence de Condition féminine Canada afin de faire progresser la condition des femmes et des filles, conformément à notre raison d'être. L'organisme a aussi un rôle important à jouer pour que les considérations liées à l'égalité entre les sexes soient comprises et qu'elles se reflètent dans les lois, les politiques et les programmes fédéraux. Je veux miser sur le travail accompli au cours des dernières décennies et accroître notre capacité d'influer sur l'établissement des priorités à différents niveaux.
De façon plus concrète, je veux m'assurer que notre organisme siégera aux bonnes tables et au bon moment, afin d'exercer une influence sur les principales recommandations et décisions, spécialement lorsque ces décisions peuvent avoir une incidence sur la condition des femmes et des filles.
[Traduction]
À l'échelle des organismes fédéraux, je veux que notre travail influence et remette en question, de façon positive, celui des autres, particulièrement en ce qui concerne les initiatives et les priorités pangouvernementales. Compte tenu des points de vue particuliers que nous possédons sur un large éventail de dossiers touchant les femmes et les filles et des réseaux que nous avons établis au fil des ans, je vois Condition féminine Canada comme un animateur et un incubateur d'idées, qui fait avancer les dossiers. Je vois notre organisme contribuer au rassemblement des intervenantes et intervenants appropriés. Je le vois aussi contribuer à la qualité de l'information et aux analyses nécessaires à la prise de décisions éclairées.
L'analyse comparative entre les sexes constitue l'une des démarches les plus importantes pour influer sur l'établissement des priorités et niveaux de financement nécessaires à la promotion de l'égalité des sexes. Toutefois, comme le comité permanent l'a souligné au fil des ans et comme la vérificatrice générale l'a constaté dans sa vérification du printemps 2009, l'analyse comparative entre les sexes n'a pas été mise en oeuvre de façon uniforme au sein de l'appareil gouvernemental depuis 1995.
En m'appuyant sur le Plan d'action pour l'analyse comparative entre les sexes qui a été présenté au Comité des comptes publics, j'ai l'intention de promouvoir de façon intensive l'analyse comparative entre les sexes et son intégration aux processus institutionnels. Les démarches nécessaires pour ce faire ont déjà été bien amorcées auprès de nombreux ministères et organismes. À mon avis, Condition féminine Canada doit donner l'impulsion, susciter des remises en question et donner à ses partenaires fédéraux l'aide et les conseils dont ils ont besoin pour obtenir des résultats.
Je veux aussi continuer de collaborer avec d'autres championnes et champions de l'analyse comparative entre les sexes, notamment celles et ceux qui oeuvrent au sein des trois organismes centraux, afin de parfaire notre compréhension et notre maîtrise de l'analyse comparative entre les sexes, de sa mise en oeuvre et de sa surveillance.
En ce qui concerne le programme, je veux m'assurer que nous puissions atteindre efficacement les objectifs que nous poursuivons au moyen des subventions et des contributions accordées dans le cadre du Fonds communautaire pour les femmes et du Fonds de partenariat pour les femmes. Quelques mois à peine se sont écoulés depuis mon entrée en fonction à Condition féminine Canada, mais j'ai déjà pu constater le vif intérêt et l'indéniable volonté des organismes non gouvernementaux du pays à travailler avec nous à l'élimination des obstacles à la pleine participation des femmes à la société canadienne.
Étant donné la transversalité d'un grand nombre d'enjeux qui touchent les femmes et les filles, nous allons continuer de former des partenariats avec les ministères, les autres paliers de gouvernement, les organismes non gouvernementaux et le secteur privé, et de mettre à profit les efforts de ces partenaires dans la prestation de nos programmes.
Avec le temps, j'ai acquis une compréhension approfondie des rouages de l'État et de la façon dont les décisions sont prises. Chose plus importante encore, j'ai occupé des postes où j'ai eu à jouer un rôle de rassemblement et à intervenir à l'échelle de l'appareil gouvernemental pour faire avancer d'importants dossiers. Je saurai tirer parti de mon expérience et de mes compétences dans l'exercice de mes fonctions.
[Français]
En ce qui concerne les valeurs et l'éthique, je puis assurer les membres du comité de mon attachement aux idéaux que doit servir toute administratrice générale de la fonction publique, notamment la recherche de l'excellence, la responsabilité, l'imputabilité, l'intégrité et le respect.
Merci de m'avoir permis de présenter ce bref exposé. Je demeure à votre service.
Oui, j’ai occupé pas mal de postes au sein de la fonction publique, et presque chacun m’a apporté quelque chose de nouveau. En acquérant de l’expérience d’un poste à l’autre, on se rend toujours compte à quel point les excellentes leçons tirées dans l’affectation précédente s'avèrent utiles pour le poste qu’on occupe maintenant.
Quand je regarde Condition féminine Canada et que je vois les structures de base qui vont me permettre, je l’espère, de progresser vers notre mandat d’assurer l’égalité des femmes, je dirais d’abord que j’arrive à ce poste avec déjà une très bonne connaissance de l’appareil gouvernemental, du processus décisionnel des organisations et de la façon dont travaillent mes collègues dans les différents ministères pour fournir des conseils à leurs dirigeants, sans oublier la façon dont ils travaillent avec les organisations. Cela facilite, à coup sûr, notre capacité de déterminer les circonstances dans lesquelles une collaboration s’impose pour peut-être les influencer ou remettre en question la façon dont ils examinent les nouvelles politiques et les nouveaux programmes.
J’ai administré un certain nombre de programmes de subventions et de contributions; voilà pourquoi je n’ai pas eu à passer par une courbe d’apprentissage quand j’ai commencé à occuper ce poste. Cela aide.
J’ai dû gérer des bureaux régionaux.
En ce qui concerne la Stratégie emploi jeunesse à RHDCC, j’ai été embauchée à une époque où l’unité chargée de l’emploi des jeunes comptait un très petit effectif et un programme d’environ 20 millions de dollars; il s’agissait essentiellement de gérer la stratégie de lutte au décrochage avec les gouvernements provinciaux; ce programme était sur le point de s'achever. À l’époque, le taux de chômage chez les jeunes était de 20 p. 100; il fallait donc agir sans tarder. Ce faisant, RHDCC n’a pas fait cavalier seul pour remédier à la situation. Nous sommes allés voir toutes les organisations fédérales pour leur dire que la solution résidait, en partie, dans le travail concerté des gouvernements. Nous avons créé un groupe de travail horizontal. C’était probablement une des premières initiatives horizontales au sein du gouvernement. J’ai établi un réseau interministériel; nous avons élaboré des objectifs horizontaux. Je vous donne l’impression que c’était facile, mais ça ne l’était pas. À mon avis, ce fut un franc succès: on a fini par administrer un programme de subventions et de contributions de plus de 300 millions de dollars deux ans après.
Je m’y connais bien en finances, ce qui fait que la courbe d’apprentissage est beaucoup moins longue. J’ai travaillé avec des ONG probablement pendant la majeur partie des 20 dernières années, au sein du gouvernement. Pour faire avancer le travail de Condition féminine Canada, il est crucial de connaître le milieu des ONG, le fonctionnement des collectivités et le rôle important qu'elles jouent dans l'atteinte des objectifs visés par le gouvernement.
Il faut ensuite apprendre, avec l’expérience, la façon de reconnaître et de saisir des possibilités. Nous savons que le processus d’élaboration de politiques n’est pas un processus théorique parfait; il y a de nombreuses sources, initiatives et idées qui entrent en ligne de compte et, à un moment donné, une occasion se présente; si nous sommes prêts à la saisir, il est généralement possible de réussir. Voilà comment j’espère pouvoir aider mes collègues dans les divers ministères à comprendre l'impact qu'ils exercent sur les femmes au Canada, en fonction de telle ou telle initiative, et la façon dont ils peuvent changer ces initiatives en vue d'avoir un plus grand impact et une meilleure compréhension.
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Comme vous le savez, la vérificatrice générale s'est penchée sur six ministères. Ceux-ci disposent maintenant d'un plan d'action qu'ils doivent mettre en oeuvre d'ici un an. Ce plan de mise en oeuvre s'applique également aux trois organismes centraux.
Cinq d'entre eux ont communiqué avec Condition féminine Canada pour dire qu'ils aimeraient également participer à ce plan d'action, ce qui nous a agréablement surpris. Rien ne les obligeait à le faire dans le cadre de la vérification, mais ils tenaient à y participer pendant la première année. Un grand nombre de ministères participent donc à la mise en oeuvre du plan d'action.
Dans l'immédiat, tous les ministères doivent avoir établi leur cadre d'analyse comparative entre les sexes d'ici juin 2010, c'est-à-dire juin prochain. Cela veut dire qu'ils doivent avoir repéré au sein de leur ministère les mécanismes institutionnels qui leur permettront d'intégrer pleinement l'analyse comparative entre les sexes dans le processus décisionnel des divers échelons de leur organisation, et qu'ils doivent avoir affecté du personnel à ces mécanismes. En outre, d'ici juin 2010, ces ministères devront avoir désigné une initiative au sein de leur organisation qui servira à mesurer l'efficacité du nouveau cadre et à déterminer si certains aspects doivent être améliorés.
Tout au long de cette mise en oeuvre, les ministères s'autoévalueront. Au cours des deux prochains mois, Condition féminine Canada élaborera à leur intention un cadre d'évaluation qui leur permettra de juger de leurs progrès au fur et à mesure que la mise en oeuvre de l'analyse comparative entre les sexes avancera. Les ministères devront également nommer un champion qui appartient à un échelon très élevé de leur organisation. Ce champion sera membre d'un comité pangouvernemental que je présiderai. Nous nous réunirons régulièrement afin de nous assurer que la mise en oeuvre de l'analyse comparative entre les sexes demeure l'une des principales priorités des échelons supérieurs des ministères.
J'aurai des discussions régulières et permanentes avec mes collègues des organismes centraux. Vendredi dernier, j'ai rencontré le champion de l'analyse comparative entre les sexes du Secrétariat du Conseil du Trésor, et nous avons examiné les progrès accomplis tant dans les ministères qu'au Conseil du Trésor. J'ai constaté avec plaisir qu'à quelques reprises, les organismes centraux avaient joué le rôle de critique. Je sais de source sûre que certaines présentations ont été réécrites complètement avant d'être inscrites au calendrier, et que c'est l'organisme central qui l'a exigé.
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Oui, j’ai suivi quelques-uns des exposés qui vous ont été donnés. Ils étaient très intéressants et les témoins étaient excellents.
Vous avez absolument raison, avoir des modèles est extrêmement important. La première fois que j’ai occupé un poste de cadre supérieur à la fonction publique, j’étais secrétaire générale de l’Office des transports du Canada. J’étais âgée de 29 ans et j’étais la première femme à être nommée à ce poste. C’était toute une réalisation, mais en même temps un défi de taille.
Je sais que les modèles sont importants. Je pense qu’ils contribuent surtout à accroître le degré de confiance, de confiance en soi, qu’une personne doit avoir pour relever des défis, aller de l’avant et trouver le courage d’embrasser des carrières non traditionnelles.
J’ai eu beaucoup de chance, car j’ai eu un modèle dès mon jeune âge. Mon premier modèle a été ma mère. Je viens d’une famille d’entrepreneurs. Ma mère et mon père étaient copropriétaires de nos entreprises familiales à caractère varié dont certaines appartenaient à des domaines non traditionnels. Nous possédions des entreprises de construction et nous offrions des services de santé; c’était donc très diversifié. Leurs rapports n’étaient pas hiérarchiques. Ils étaient tous deux travailleurs, décisionnaires et dirigeants dans le cadre de leur travail. J’ai donc été élevée dans un milieu où personne ne remettait en question ce qu’une femme ou un homme pouvait faire.
Quant à ce que Condition féminine Canada peut faire dans ce domaine, je pense que l’agence pourrait entreprendre plusieurs projets. En fait, j’en ai déjà amorcé quelques-uns.
Je crois que nous commençons à très bien comprendre les obstacles à surmonter. Condition féminine Canada a financé quelques projets très intéressants. Women Building Futures, CATA WIT, et l’Hypatia Association, par exemple, obtiennent d’excellents résultats. À l’heure actuelle, nous finançons un ensemble de projets qui s’emploie à élaborer des moyens novateurs ainsi que des approches ou des pratiques exemplaires afin qu’un plus grand nombre de femmes s’intéressent aux emplois non traditionnels, les décrochent et les conservent.
Je pense que le gouvernement fédéral possède des outils que nous pouvons certainement améliorer et utiliser ensuite. Je songe, par exemple, aux conseils sectoriels de RHDCC. Le ministère finance plus de 30 conseils sectoriels. Lorsque j’étais au service du ministère, je me souviens d’avoir travaillé très étroitement avec eux. Ils sont habituellement ouverts à l’idée de collaborer avec le gouvernement. Je veux les rencontrer, en particulier ceux qui ont montré qu’ils aimeraient accroître la participation des femmes dans leur industrie. Les secteurs de l’exploitation minière, de la TI, de la construction et de l’environnement sont tous des secteurs où l’on reconnaît la nécessité de recruter des femmes et de les maintenir en poste dans leurs organisations.
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Peut-être serons-nous en mesure d’intégrer ce sujet à la question que je veux vous poser, madame Clément.
Je viens du monde des affaires. Je travaille avec des plans d’activités. Il arrive souvent, lorsqu’on présente un plan d’activités, que ses facettes soient tellement compliquées que les gens perdent de vue l’objectif du plan. On recommande toujours d’opter pour la simplicité. Dans bon nombre d’organisations avec lesquelles j’ai travaillé, c’est le message qu’elles soulignent: assurez-vous que votre plan est simple et bien circonscrit.
Nous avons constaté ici que Condition féminine avait créé un plan d’activités. Il comporte trois piliers, tels que la sécurité économique qui est étayée par le programme Women Building Futures. Pour mettre un terme à la violence faite aux femmes, nous remarquons que le gouvernement a apporté une contribution de 10 millions de dollars. Ces programmes sont donc déjà en marche.
Plus tôt, je vous ai entendue parler de l’établissement — et je crois que vous avez utilisé l’expression suivante — d’un réseau interministériel. Premièrement, nous constatons que, fondamentalement, le gouvernement a orienté globalement ses efforts vers tous les domaines où il veut réaliser des progrès. Nous allons devoir nous occuper des questions de santé touchant les femmes, des questions de travail touchant les femmes et des questions relatives à Affaires indiennes et du Nord touchant les femmes. Les gens considèrent que ces domaines sont cloisonnés, mais nous allons devoir appliquer cette philosophie à chacun d’eux. Donc, ma question est la suivante: croyez-vous que votre expérience de travail à l’échelle intergouvernementale et interministérielle aura une incidence sur la façon dont vous ferez avancer ce plan et, si c’est le cas, quel genre d’incidence aura-t-elle?
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Oui, assurément. L’expérience que j’ai acquise en m’occupant d’initiatives horizontales au sein du gouvernement fédéral m’aidera certainement à faire la même chose à Condition féminine Canada. On apprend comment inciter les gens à se présenter à la table et comment présenter les enjeux de manière à obtenir la meilleure réaction et la meilleure participation.
Comme vous l’avez mentionné, le plan d’action — et je vais incorporer dans mon intervention une partie de ma réponse à la question précédente — nous fournit un objectif très précis. Donc, lorsque je rencontre les membres d’un ministère pour parler de leurs réalisations, je peux mettre l’accent sur la violence faite aux femmes et ce qu’ils font pour s’attaquer à cette situation.
Lorsque nous élaborons des projets de partenariat — et ceux-ci sont très complets —, nous sommes en mesure de dire que, par exemple, la sécurité économique ou les femmes dans des emplois non traditionnels sont une question à laquelle nous voulons nous attaquer. Nous savons que le maintien de l’emploi est un problème majeur. Par conséquent, l’un des éléments de notre plan d’action pour la sécurité économique — l’un de ses éléments essentiels — sera le maintien des emplois non traditionnels. Ainsi, nous pourrons refuser les mesures qui sont moins orientées vers cet objectif.
Et, cela s’applique tant aux programmes qu’à la recherche. Aucune organisation n’a suffisamment de ressources pour exceller dans tous les aspects de son mandat, mais cela nous permet de déterminer les domaines où nous devons faire des efforts supplémentaires et où nous devons mener nos propres études et réunir les renseignements qui existent déjà. À mon avis, si nous parvenons à obtenir de bons résultats dans les trois domaines d’intervention ciblés, nous aurons réalisé des progrès importants en matière d’égalité des sexes.
Donc, oui, mes anciens emplois m’aideront à convoquer les ministères à la table.
Ce qui me sera également très utile, c’est le fait d’avoir travaillé dans à peu près 12 différentes organisations gouvernementales. Grâce à ces mutations, je sais quels genres de programmes elles gèrent; je connais les projets qui les occupent. J’ai participé à la réforme de la sécurité sociale qui a eu lieu à RHDCC au début des années 1990, je connais donc très bien les Ententes sur le développement du marché du travail, les EDMT, qui sont transférées aux provinces. Il y a du travail à faire dans ce ministère. Je sais qu’il fait beaucoup pour les femmes — elles font partie de sa clientèle —, mais je crois que nous devons exposer les renseignements qu’il recueille de manière à les rendre plus visibles. Nous devons réunir les données cumulatives qu’il possède et chercher à mieux les comprendre afin de déterminer les changements qu’il pourrait être nécessaire d’apporter — même en ce qui concerne les fonds transférés à l’échelle provinciale.
Tout cela contribuera certainement à améliorer nos interventions et à faire progresser la condition féminine.
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Je vous remercie, madame la présidente. Bonjour aux membres du comité et aux autres témoins.
Je vous remercie de m'avoir invitée pour représenter le Syndicat des travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile dans le cadre de l'étude sur la participation accrue des femmes dans les professions non traditionnelles. Je m'appelle Theresa Weymouth et je suis électricienne. Je suis titulaire d'un permis de construction et d'entretien 309A. Je suis également la coordonnatrice nationale du programme de formation professionnelle du TCA. Dans cette fonction, je dois non seulement connaître les difficultés que doivent surmonter les femmes qui commencent dans les professions non traditionnelles, mais je dois aussi éduquer les gens pour provoquer des changements et favoriser le maintien des femmes dans les effectifs.
J'ai pensé commencer par vous parler du chemin que j'ai parcouru, en tant que femme, pour devenir électricienne agréée. Je travaillais depuis plusieurs années comme couseuse dans une usine de production d'un des trois grands de l'automobile et, bien qu'on attendait de moi que je continue de faire ce travail bien rémunéré, comme l'avait fait ma mère, je voulais vraiment faire un travail plus stimulant et plus enrichissant. Cependant, avant de pouvoir entreprendre une formation d'apprenti, je devais retourner aux études. J'étais dans la même position que bien des femmes d'aujourd'hui: il me manquait les maths de niveau avancé et les sciences du secondaire. Donc, en 1985, j'ai obtenu un congé autorisé de l'usine de garnitures extérieures de General Motors et j'ai suivi les cours dont j'avais besoin. En plus de me permettre de répondre aux exigences pour entreprendre une formation d'apprenti, cela m'a donné confiance dans ma capacité de réussir.
En 1986, j'ai commencé la formation d'apprenti électricien, six semaines après la naissance de ma deuxième fille. À contrecoeur, mon beau-père m'a prise en apprentissage lorsque j'ai quitté mon emploi chez GM. En tant qu'électricienne, je suis bien payée, je peux me déplacer, je peux travailler pour de nombreux secteurs de l'industrie dans différentes provinces et je peux me servir de ma tête et de mes mains. Toutes ces raisons sont excellentes pour devenir électricienne. Mais en réalité, j'ai été chanceuse. On m'a donné l'occasion de pratiquer le métier. Si mon beau-père avait été charpentier, c'est probablement ce que je serais devenue moi aussi. Après m'être fait dire pendant des années que je ne pourrais pas réussir, que je ne devrais pas essayer ou que je n'aimerais pas cela, je suis maintenant titulaire d'un permis de construction et d'entretien 309A. La formation d'apprenti était de 9 000 heures et demandait de réussir les niveaux de scolarité élémentaire, intermédiaire et avancé. J'ai travaillé dans la construction pour une petite entreprise sans syndicat sur des propriétés résidentielles et commerciales. J'y étais la seule femme et, il va sans dire, la seule femme électricienne.
En 1993, on m'a embauchée pour travailler comme électricienne d'entretien dans l'usine d'assemblage de Chrysler à Windsor. C'est la deuxième occasion que j'ai saisie. Le TCA ayant réussi à négocier qu'on instaure un troisième quart de travail à l'usine de fourgonnettes, on a dû embaucher plusieurs centaines de personnes. Chez Chrysler, j'ai travaillé avec des nouvelles technologies ayant trait à la robotique, aux CPL, aux chaînes de montage et aux diagnostics. De nouveau, l'éducation était un élément essentiel, car chaque nouvelle application ou chaque nouveau système demandait de la formation supplémentaire. Nous étions cinq femmes à pratiquer un métier spécialisé dans l'usine, par rapport à 580 hommes.
J'ai profité d'une troisième occasion d'emploi en 2005. On m'a nommée coordonnatrice nationale du programme d'éducation sur les métiers spécialisés du TCA. Dans cette fonction, j'ai pu élaborer plusieurs initiatives axées sur les métiers spécialisés et la sensibilisation à la technologie pour les femmes. Prenons l'exemple du programme de 40 heures, lancé en 2001, qu'ont suivi plus de 500 femmes travaillant sur les chaînes de production automobile. Le cours comprend un aperçu du processus de la formation d'apprenti en Ontario, et une initiation aux rapports mécaniques, numériques et spatiaux, à la compréhension verbale et au raisonnement. Dans les ateliers, on demande aux femmes d'assembler et de programmer des robots, on leur enseigne des notions de base sur le câblage électrique ainsi que la santé et la sécurité, on fait un survol de la classification des métiers et on simule des entrevues; les activités se déroulent sous la supervision de femmes de métiers et de mentors qui font part des défis qu'elles relèvent et des solutions qu'elles ont trouvées pour surmonter les difficultés. Les femmes en sortent complètement transformées. On commence à entendre des « Je peux le faire » à mesure qu'elles avancent dans le programme.
Tout d'un coup, les femmes prennent conscience qu'elles ont, ou qu'elles auraient dû avoir, des options. C'est une chose de décider de ne pas aller dans un certain domaine; c'en est une autre de ne pas en avoir eu la possibilité. Je reviens tout juste de la première conférence sur la sensibilisation aux métiers spécialisés pour les femmes de la première nation Saugeen, tenue en partenariat avec le TCA. Le programme de trois jours était une adaptation de notre programme sur les métiers spécialisés et la sensibilisation à la technologie pour les femmes, mais la principale différence était que la conférence était destinée aux mères et aux filles. Au fil des ans, nous avons entendu à maintes reprises les participantes au programme du TCA dire qu'elles auraient souhaité être mieux informées sur les occasions de carrières dans les métiers spécialisés bien avant cela. C'était merveilleux de regarder des mères et des filles explorer de nouvelles avenues et acquérir de nouvelles compétences.
Comme vous le savez, le ralentissement économique a nui à l'industrie automobile. Même si nous avons mené des négociations pour l'apprentissage, très peu de nos membres participent activement à l'apprentissage aujourd'hui. Cela n'a pas empêché les TCA de continuer à prendre différentes initiatives pour faire mieux connaître les métiers spécialisés.
Il y a toujours des obstacles de nos jours et je vais en nommer quelques-uns. Il n'existe presque rien de structuré qui encourage les femmes à occuper un emploi non traditionnel; le titre a une connotation négative. Il y a un manque d'accessibilité à des renseignements et un manque de femmes mentors et de réseaux de femmes. Les gens ont une opinion négative des métiers spécialisés, qu'ils voient comme des emplois exigeants et salissants. Il y a un manque de possibilités. Trop d'employeurs n'offrent plus d'apprentissage et il faut que cela change. On pense encore que les femmes doivent laisser leur sensibilité de côté pour pratiquer un métier spécialisé, alors que de meilleures lois et une meilleure application permettraient à tous les Canadiens et Canadiennes de travailler dans un milieu exempt de harcèlement.
Les TCA ont des mesures pour balayer tous ces obstacles: programme de métiers spécialisés pour femmes, langage inclusif du masculin et du féminin, présentations dans des écoles secondaires, réseautage, mentorat, sensibilisation, milieux exempts de harcèlement, rapports sur l'équité et défenseurs des femmes.
Prenez un instant pour observer cette salle, cet édifice, votre maison, les centres commerciaux, nos écoles. Chaque édifice a été construit par des gens qui occupent un métier spécialisé — chaque route et chaque autoroute. Toutes nos infrastructures sont construites par des gens qui occupent un métier spécialisé. Mais les femmes ne font pas partie de ces gens. Pourquoi?
La question n'est pas de savoir si les femmes qui veulent pratiquer un emploi non traditionnel font face à des obstacles. On a posé cette question maintes et maintes fois. Oui, il y a des obstacles. La vraie question, c'est comment allons-nous accroître le nombre de femmes dans les emplois non traditionnels?
Nous leur donnons les possibilités et des choix en les soutenant. Au palier provincial, nous pouvons les conscientiser, mais au palier fédéral, nous devons les soutenir. Dans ma carrière, on m'a donné des possibilités et des choix et regardez ce que je suis devenue aujourd'hui. Nous pouvons faire de grandes choses si nous encourageons les femmes autour de nous.
Que peut faire le gouvernement fédéral? Selon nous, il pourrait faire quatre choses pour accroître le nombre de femmes dans les emplois non traditionnels.
Premièrement, il faudrait modifier la Loi sur l'AE. La Loi sur l'AE devrait être modifiée pour que soient versées des prestations de remplacement du revenu pour toute la durée des programmes de recyclage professionnel et de formation, comme c'était le cas dans les années 1980. Les projets pilotes d'AE, l'IPAEEF et l'IIIDF, offrent de telles prestations, mais la demande ne doit pas avoir débuté plus tard que le 29 mai. Ils comportent trop de restrictions et donnent des prestations à un nombre très limité de ce qu'on appelle les travailleurs de longue date et à un petit nombre de stagiaires éventuels. Il faut prolonger ces projets pilotes au-delà de mai. Il faut étendre l'accessibilité à d'autres, dont les femmes qui font leur entrée, se recyclent ou suivent une formation dans des emplois non traditionnels, jusqu'à ce que la Loi sur l'AE soit modifiée pour faire de ce projet pilote de prestations de revenu d'AE continues pendant la formation, un programme permanent.
Deuxièmement, il faut établir des paramètres pour les prochaines dépenses d'infrastructure. On consacre beaucoup d'argent à l'infrastructure comme solution à la crise économique et aux plans d'action. Le programme devrait faire en sorte que les provinces et les employeurs qui obtiennent ces fonds atteignent les objectifs visés en matière d'embauche et de formation des femmes dans des emplois non traditionnels.
Troisièmement, il faut établir des paramètres pour l'entente sur le marché du travail entre les gouvernements fédéraux, provinciaux et territoriaux. Dans les années à venir, les trois paliers de gouvernement renégocieront les modalités des ententes sur le développement du marché du travail pour les travailleurs sans emploi qui sont admissibles à l'AE et de l'entente sur le marché du travail pour les personnes qui n'y sont pas admissibles, y compris les travailleurs occupés qui ne reçoivent pas d'AE. Le gouvernement fédéral devrait fixer des cibles et contrôler l'utilisation des fonds de l'assurance-emploi et des recettes générales pour favoriser un meilleur taux de recrutement et un meilleur taux de réussite des femmes dans les emplois non traditionnels.
Enfin, et cela est très important, il faut mettre en place des projets spéciaux pour encourager les femmes à se lancer dans des professions non traditionnelles dans le cadre de programmes destinés aux premières nations et aux autochtones.
Merci.
J'aimerais parler de la question sous un angle différent de celui qui me semble avoir été suivi pour ce projet d'étude.
J'ai entendu les représentantes de Condition féminine Canada parler des trois piliers qui, s'ils sont bien conçus, nous conduirons vers l'égalité des femmes au Canada. J'ai lu les données basées sur une période de 20 ans des spécialistes sur les questions du marché du travail de Statistique Canada, d'après lesquelles les grands progrès qui ont été enregistrés au cours des 20 dernières années mèneront probablement à l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Toutefois, j'aimerais rappeler aux personnes dans la salle, que le Canada, en tant que pays signataire de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, s'est engagé très solennellement à éliminer toutes les formes de discrimination selon le principe que, depuis des décennies maintenant, il a été reconnu mondialement que la position désavantagée des femmes n'est pas causée par un, deux ou trois facteurs et que le phénomène n'est pas apparu au cours des 20 dernières années. C'est ancré dans l'histoire. C'est structurel. La situation dure depuis longtemps. C'est la forme de discrimination la plus intraitable à laquelle les humains ont dû faire face, et il y a eu si peu de résultat.
J'aimerais commencer ma présentation devant le comité en soulignant que c'est un problème structurel qui date d'avant la période industrielle. Lorsque la main-d'oeuvre industrielle a été constituée, au moment où les gens quittaient leur travail non rémunéré, par exemple dans les maison et les fermes, le travail des femmes avait déjà été défini depuis des siècles, et le travail des femmes a suivi les femmes dans les premières usines pour l'accomplissement de travail de femme dans un endroit qui était plus efficace sur le plan économique pour le secteur commercial qui naissait.
Je voudrais vous faire part de renseignements qui reflètent un siècle. En 1891, les 10 emplois les plus occupés chez les femmes étaient, en ordre de priorité: domestique, couturière, enseignante, fermière, tailleuse, vendeuse, aide ménagère, blanchisseuse et modiste. En 2001, les 10 emplois les plus occupés chez les femmes étaient les suivants: employée de bureau, secrétaire, vendeuse, enseignante, travailleuse en garderie ou travailleuse domestique, infirmière, serveuse, caissière, directrice d'hébergement et dans l'industrie des aliments au détail et, comme un signe que le temps passe, opératrice de machine.
Ce n'est pas un signe de changement; c'est un signe de discrimination profondément ancrée mise en évidence dans toutes les statistiques, qu'elles proviennent de Statistique Canada ou d'ailleurs dans le monde. C'est un phénomène qui n'a jamais changé nulle part.
Le Canada jouait habituellement un rôle de premier plan dans les efforts pour enrayer la discrimination structurelle, mais maintenant, comme nous le savons, et on l'entend même dans les radios de Suisse et d'Autriche, le Canada a pris du retard, car il a oublié comment faire.
Comment puis-je savoir si ce que je dis est exact? Quatre indicateurs de base vont toujours apparaître lorsqu'on examine la structure du travail des femmes.
Le premier est la qualité du travail. Depuis 1976, lorsque les premières statistiques sur cette question ont été recueillies par Statistique Canada, les femmes occupaient 69 ou 70 p. 100 de tous les emplois à temps partiel au pays. Un changement d'environ 1 p. 100 au cours des 35 dernières années n'est pas un changement. Cela montre une incroyable stabilité, et ce n'est pas un choix, c'est l'histoire. Je dirais que cela équivaut à se mettre les pieds dans le ciment.
Le deuxième indicateur est le revenu. Les femmes ne reçoivent toujours que 36 p. 100 de tous les revenus gagnés au Canada. Le secteur privé est encore le plus grand obstacle à l'égalité économique pour les femmes. Entre 1986, tout de suite après que la charte est entrée en vigueur, et 1991, il y a eu une croissance rapide dans ce secteur: la part de revenu des femmes avait augmenté de 3,2 p. 100.
Toutefois, depuis 1991, la part des revenus qui revient aux femmes a augmenté d'exactement 0,9 p. 100 — seulement 0,9 p. 100 en 20 ans —; elle est passée de 35,1 à 36 p. 100 de l'ensemble des revenus marchands.
Troisièmement, il y a la part du travail non rémunéré qui revient aux femmes. Sur ce plan, on a réalisé de vrais progrès. Lorsque la Commission royale sur la situation de la femme a présenté son rapport, en 1970, les femmes faisaient 70 p. 100 du travail non rémunéré au Canada. Maintenant, ce pourcentage est descendu à 65 ou 63 p. 100, selon la source que vous consultez. Or, il a cessé de baisser, et la tendance semble même s'inverser.
Finalement, le manque d'accès à des emplois non traditionnels est tout aussi enraciné qu'auparavant, et la situation empire. Sur ce plan, nous ne progressons pas, nous régressons; par conséquent, selon moi, il est peu probable que les femmes réussissent à occuper un jour ne serait-ce que 22 p. 100 des postes non traditionnels.
Un des indicateurs principaux est l'écart salarial entre les sexes; en effet, lorsqu'on l'utilise pour analyser les revenus des femmes diplômées de l'université, on découvre qu'en 2001, l'écart salarial entre elles et les hommes aussi diplômés était plus élevé qu'en 1981. En 1981, la différence de salaires était de 15,6 p. 100; en 2001, elle avait déjà atteint 18,4 p. 100, et elle continue à augmenter. Reste à savoir jusqu'où elle grimpera.
Ce point m'amène à l'argument qui vient d'être présenté: malgré les preuves accablantes de l'impuissance économique structurelle bien ancrée des femmes au Canada — le fait qu'elles accomplissent près des deux tiers du travail non rémunéré, qu'elles fassent d'innombrables heures de travail rémunéré pour de piètres gains et qu'elles reçoivent à peine plus d'un tiers des revenus marchands —, le gouvernement fédéral n'a pas établi un seul programme national d'adaptation du marché du travail basé sur les sexes, et il ne semble même pas croire qu'il soit possible de concevoir une telle chose.
J'attire votre attention sur la liste de postes qui ont été alloués dans le cadre de la version actuelle du Plan d'action économique, soit les 41,9 milliards de dollars pour l'exercice de 2010-2011. La très grande majorité des dépenses d'infrastructure mêmes iront aux secteurs de l'économie axés sur la construction, l'ingénierie, la fabrication lourde et l'industrie primaire. Grâce aux réductions de l'impôt sur les sociétés, les subventions accordées au secteur des entreprises seront encore plus importantes. Si l'on procède à une analyse démographique par rapport aux fonds, il est évident que, dans le meilleur des cas, les femmes auront droit à 22 p. 100 des dépenses d'infrastructure; paradoxalement, cette allocation élargira en fait l'écart salarial entre les hommes et les femmes, car si vous accordez aux femmes — qui détiennent actuellement une part de 36 p. 100 — seulement 22 p. 100 des 9,6 milliards de dollars, ce nombre très élevé fera baisser les 36 p. 100. Les réductions de l'impôt sur les sociétés auront le même résultat.
J'ai inclus la réduction de l'impôt au titre de la PUGE pour les parents seuls dans ma présentation pour mieux montrer comment examiner les budgets si nous accordons vraiment de l'importance à l'inégalité structurelle, délibérée et généralisée des femmes au Canada. L'augmentation de la réduction fiscale, pour le parent seul à faible revenu qui reçoit la PUGE, d'un maximum de 168 $ l'enfant au cours de l'exercice actuel coûtera au gouvernement 5 millions des 41,9 milliards de dollars, ce qui représente 0,0006 p. 100 d'un point de pourcentage du total des allocations budgétaires. Même si les femmes recevront 81 p. 100 de ces fonds, l'allocation ne fera pas la moindre différence sur le plan de l'analyse statistique.
Voilà mes principales conclusions. Il est possible que d'autres arguments soient avancés au cours de la discussion, mais je vous remercie de votre attention.
Nous examinons aussi — je m'adresse encore à vous, Kathleen — et avons inclus, je crois, les PDG, les cadres supérieurs et, dans le cas de votre domaine, les associés en exercice du droit dans la catégorie des professions ou des carrières toujours non traditionnelles pour les femmes.
Tout récemment, j'ai appris, en lisant une série d'articles au sujet des femmes qui pratiquent le droit — je crois que c'était dans le Toronto Star —, que nombre de celles qui luttent pour devenir partenaires vont cacher qu'elles sont malades. Elles prennent congé lorsqu'elles doivent subir des traitements contre le cancer ou d'autres opérations graves, et elles ensevelissent le tout comme s'il s'agissait d'un terrible secret. Autrement dit, elles n'osent pas dire la vérité si elles veulent avancer.
Selon votre expérience dans le domaine, y aurait-il moyen pour nous de remédier à ce genre de situation? Je suis sûre que de telles choses ne se produisent pas seulement en droit, mais aussi, par exemple, chez les cadres supérieurs des banques et dans les grandes sociétés. Je suis certaine que ces femmes-là sentent aussi qu'elles ne peuvent pas se confier à leur employeur.
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Je pense que oui, mais si les femmes ne veulent pas se confier à leur employeur, c'est certainement fonction du fait que la plupart des jeunes femmes qui appartiennent à ce groupe d'âge ont contracté des dettes d'études de plus de 50 000 $ en vue d'obtenir leur diplôme en droit ou leur MBA pendant qu'elles étaient encore dans leur vingtaine. Elles savent, puisqu'elles voient très bien que le Canada demeure une société profondément discriminatoire, qu'elles doivent contracter de telles dettes pour protéger leur avenir personnel et leur liberté de choix.
L'élimination de la parité salariale, la privatisation des commissions des droits de la personne et l'absence d'analyses sérieuses, généralisées et différenciées selon les sexes de toutes les politiques produites par le gouvernement compromettent directement la capacité des femmes de faire des études en étant traitées de la même façon que les hommes, d'obtenir leur diplôme avec le même montant de dette ou de gagner un salaire égal.
Actuellement, il semble y avoir plus de femmes que d'hommes dans les écoles, mais la tendance s'inverse en ce moment même.
Au cours de leurs études, les femmes doivent contracter d'énormes dettes. Elles sont moins bien rémunérées pendant l'été. En fait, dès le départ, elles arrivent à l'école — tous programmes confondus — avec moins d'argent. Puis, lorsqu'elles commencent leur stage en droit, elles gagnent peut-être exactement le même salaire, mais la discrimination sur le plan du taux de rémunération s'installe assez rapidement aussi.
Elles remboursent donc de plus gros prêts avec de plus petits salaires, et elles prennent de plus en plus de retard. Or, elles cachent ce que leurs efforts leur coûtent parce que, pour nombre d'entre elles, c'est quand même mieux que ce que c'était pour leur mère.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je vais partager mon temps avec Nicole, bien entendu.
Ma question s'adresse à Mme Weymouth. Je dois vous avouer que beaucoup de choses que vous avez dites m'ont impressionné. Cela correspond à ce qu'on rêve d'entendre, à ce comité. Je pense, notamment, à la mise en place de programmes d'apprentissage. Je voudrais savoir si cela s'applique à tous les secteurs: l'aérospatiale, l'hôtellerie, les pêches, le programme de métiers des TCA.
Je voudrais aussi que vous nous parliez de la manière que vous avez utilisée pour faire tomber les barrières de harcèlement et de discrimination, soit par des politiques d'égalité en emploi ou d'équité salariale. Votre programme d'apprentissage, qui semble être le coeur du programme des TCA, s'adresse particulièrement aux femmes, pour leur permettre d'y avoir accès, si je comprends bien.
En plus, vous suggérez des idées au gouvernement sur la façon de régler certains de ces problèmes, afin de permettre aux femmes d'avoir accès à la formation, notamment par les prestations de remplacement pour l'assurance-emploi, quand les femmes ont à suivre des cours.
Si je comprends bien, vous avez réussi à négocier tout cela avec les employeurs. J'aimerais vous entendre un peu plus sur les différents points que j'ai mentionnés.
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Le programme a été lancé pour la première fois dans les années 1990. On a mené une étude sur les barrières que les femmes doivent affronter. Comme vous le savez, en Ontario, nous avons perdu l'équité, mais nous maintenions que ce point est important. C'est encore important pour le mouvement ouvrier, pour les Travailleurs canadiens de l'automobile, qui comptent des femmes... N'oubliez pas que ce n'est pas traditionnel de travailler dans le secteur automobile même. Nous ne formons toujours pas 50 p. 100 de la population. Le chiffre tourne plutôt autour de 25 p. 100, tout simplement pour travailler à la production.
Maintenant, même pour pratiquer des professions non traditionnelles au sein de l'industrie automobile, pour nous permettre d'être encore mieux rémunérées... Les femmes qui participent à la chaîne de production reçoivent un très bon salaire, qui a été négocié, et des avantages sociaux, mais, bien sûr, en tant que gens de métier qualifiés, nous cherchions — et je cherchais — d'autres choses. Je voulais que mes compétences soient transférables. J'avais hâte de pouvoir utiliser mon esprit et mes mains, comparativement à la production, où tout est physique. Bien entendu, cela mène aussi à une augmentation de salaire.
Les TCA offrent non seulement un programme de sensibilisation aux métiers spécialisés et à la technologie pour les femmes d'une durée de 40 heures, mais ils procèdent aussi à une évaluation à la fin de chaque programme. Grâce à cette initiative, nous avons amélioré le programme au fil des neuf dernières années. En réalité, nous l'avons donné 10 fois, dont deux fois en un an.
C'est grâce aux améliorations que nous avons apportées au programme qu'il a pris la forme qu'il a aujourd'hui — les ateliers pratiques, le fait de pouvoir... les femmes forent, coupent, scient, soudent. Elles doivent bouger et utiliser leurs mains pour accomplir des choses. Certaines d'entres elles n'ont jamais tenu de perceuse de leur vie. Nous leur montrons comment la tenir. En robotique, nous installons un interrupteur de lampe et une prise.
Tous les projets pratiques montrent certainement aux femmes que, bien qu'elles ne pouvaient pas faire ces choses avant, tout d'un coup, elles ont droit à la gratification instantanée. Nous leur faisons franchir une étape à la fois pour qu'elles acquièrent le savoir. Tout le métier repose sur l'acquis, et c'est ce que nous leur disons. Personne ne sait comment être électricienne au début du processus. C'est pour cette raison qu'il faut 9 000 heures de travail.
Il faut procéder étape par étape et, avec du temps, avec du soutien — et les TCA en fournissent —, avec des possibilités... On négocie pour que des occasions soient offertes aux femmes et pour qu'un nombre de postes dans les usines leur soient attribués; ensuite, bien sûr, nous avons la parité salariale, ce qui est énorme. Il y a donc de nombreuses possibilités. Il serait très avantageux de collaborer avec davantage de syndicats qui travaillent à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes.
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La première précision que j'aimerais faire, c'est que mon permis 309A est en fait un permis de construction. Je l'ai obtenu en travaillant dans la construction.
Les barrières sont nombreuses. Une des plus communes est le fait qu'il n'y ait pas d'installations sanitaires. Pour une raison ou pour une autre, on ne peut pas avoir d'emploi parce qu'il n'y a pas de toilettes, ce qui est dû au fait que nous construisons la maison ou le bâtiment quelconque, donc, évidemment, il n'y a rien sur les lieux. Je me portais simplement volontaire pour aller chercher le café, et j'utilisais les toilettes à ce moment-là. La solution était très simple. Ce n'est pas que je ne devais pas travailler dans un domaine donné, c'est simplement que je devais m'adapter un peu.
J'avais de jeunes enfants. Je me suis retrouvée sur un chantier de construction six semaines après avoir donné naissance à ma deuxième fille. Oui, le travail de construction est inévitablement très long. En vertu de son contrat, on peut travailler de nombreuses heures, des journées de 14 heures, par exemple, parce qu'on doit baser ses heures sur les stipulations du contrat. J'ai donc modifié mon milieu de travail. Mes enfants se couchaient tard — ils étaient très jeunes, bien sûr, donc j'ai inversé leur horaire —; ainsi, lorsque je rentrais, je passais quand même du temps de qualité avec eux. Ils dormaient avec la gardienne, et non avec moi. J'ai donc payé une gardienne; en fait, j'ai investi beaucoup d'argent dans des gardiennes.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup, mesdames, de votre présence. Il y a beaucoup de renseignements que nous pouvons apprendre.
En particulier, j'ai vraiment aimé votre exposé, madame Weymouth.
Ma première question est la suivante: savons-nous combien vaut le travail non rémunéré des hommes? Si je prends le travail que mon mari fait à la maison — il lave probablement la vaisselle plus souvent que moi... Une valeur a-t-elle été attribuée au travail non rémunéré des hommes? J'aimerais bien le savoir.
Je viens tout juste de passer la fin de semaine dernière avec la chambre de commerce de Newmarket. Ils ont organisé leur salon du foyer, où j'avais un kiosque. J'aime utiliser l'exemple d'Ingrid, qui a mis sur pied une chocolaterie appelée Fraktals, et si vous n'avez pas goûté au chocolat Fraktals, vous n'avez jamais mangé de chocolat, croyez-moi. Elle a démarré son entreprise à la maison, et elle a fait du porte-à-porte pour vendre son chocolat. Son entreprise connaît un succès phénoménal.
Je sais que 47 p. 100 des nouvelles entreprises sont démarrées par des femmes. En fait, la semaine dernière, j'ai rencontré Mark Adler, le fondateur de l'Economic Club de Toronto, et il a émis un commentaire à propos du nombre de femmes d'affaires avisées qui sont maintenant membres de l'Economic Club parce qu'elles connaissent tout simplement beaucoup de succès.
Je pense à Heather et Beth, des jumelles de Newmarket. Heather a fait des études en génie mécanique, et elle détient un diplôme de l'Université Queen's. Elle est maintenant ingénieure en contrôle de la qualité pour une société qui fournit des pièces à l'industrie nucléaire. Sa soeur Beth, une technicienne de pianos, a démarré sa propre entreprise. Elle a déjà travaillé pour d'autres personnes par le passé, mais elle est maintenant propriétaire de sa propre entreprise qui connaît beaucoup de succès, à Toronto.
Theresa, la question que je veux vous poser est la suivante: premièrement, combien de femmes qui sortent de ces programmes démarrent leur propre entreprise, parce qu'il y a d'extraordinaires occasions d'affaires et de possibilités de faire beaucoup d'argent lorsqu'elles terminent? Ou, au contraire, sont-elles moins enclines à courir des risques, et recherchent donc davantage des emplois qui leur offrent plus de sécurité?
Madame Lahey, vous avez dit que les femmes avaient des dettes d'études plus élevées. Pouvez-vous fournir au comité des preuves de ce que vous avancez? À ma connaissance, les femmes paient les mêmes frais de scolarité que les hommes. Les jeunes femmes qui vont à l'université paient exactement les mêmes frais de scolarité lorsqu'elles s'inscrivent aux cours donc, je ne comprends pas pourquoi les dettes d'études finissent par être plus élevées. J'ai engagé de jeunes femmes et de jeunes hommes, et à travail égal, je les paie un salaire égal à celui que je verse aux étudiants universitaires. J'aimerais donc voir des preuves de cela, si vous pouvez les fournir au comité.
Si vous pouviez commenter tous les deux, je vous prie...
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Concernant le travail rémunéré et non rémunéré, ce n'est pas la valorisation du travail non rémunéré qui importe. Ces données sont utilisées de certaines façons, mais cela ne s'applique pas au présent contexte, c'est-à-dire aux barrières structurelles existant pour le travail rémunéré des femmes et pour la présence des femmes dans les métiers non traditionnels.
Le problème, c'est qu'il n'y a que 24 heures dans une journée. Je crois que les femmes et de nombreux hommes ont travaillé fort pour vaincre cette barrière chronologique bien réelle. J'ai certainement souhaité pouvoir disposer de 24 heures supplémentaires, parallèles au temps qui m'est déjà imparti.
Cependant, les budgets d'emploi du temps démontrent clairement que le travail non rémunéré, au sein des familles ou des unités familiales comprenant une personne âgée handicapée, un enfant ou une autre personne ayant besoin de soins, sera attribué aux femmes. C'est à ce moment-là que le déséquilibre entre en jeu.
Les Canadiens s'attendent, dans leurs relations avec les autres, à ce que les êtres humains atteignent certains seuils minimums fixes, et l'écrasant fardeau repose sur les femmes. Nous pourrions dire que les femmes doivent affronter leurs partenaires pour qu'ils s'acquittent de ces tâches. Cela n'a pas trop bien fonctionné ces derniers temps. Statistique Canada et d'autres organismes ont produit de nombreuses études et rapports à ce sujet, et je peux les fournir à la présidence si nécessaire.
Pour ce qui est des raisons qui expliquent les disparités en matière de dettes, de revenus ou des deux, je pense que la façon la plus facile de vous en fournir une bonne vue d'ensemble serait de vous inviter à lire l'article de Hans Rollman, paru dans le numéro du 8 mars 2010 du magazine Maclean's. Le journaliste passe brièvement en revue trois ou quatre publications de Condition féminine Canada de même que de Statistique Canada, démontrant pourquoi la discrimination économique envers les femmes commence à l'âge de 16 ans. C'est clairement et statistiquement démontré.
Donc, au moment même où les femmes tentent de contribuer à leur propre éducation, elles doivent déjà composer avec le fait qu'elles ont moins de pouvoir économique que les jeunes hommes. Je ne peux dire pourquoi, et peut-être que c'est une chose qui ne se produit qu'à l'Université Queen's, mais j'ai constaté que les jeunes hommes reçoivent souvent plus d'aide financière de leur famille et que les jeunes femmes auront souvent l'impression qu'elles doivent emprunter davantage et demander des marges de crédit et des cartes de crédit insensées qui s'accompagnent de taux d'intérêt vraiment élevés, entre autres. Donc, les effets s'accumulent chaque année et au bout de quatre ou cinq ans, il n'est pas difficile d'en arriver à cet écart de 30 p. 100.