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Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Nous sommes le vendredi 4 décembre. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 23 octobre 2020, le Comité poursuit son étude sur les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et du sport pendant la pandémie de la COVID-19.
Aujourd'hui, nous accueillons deux groupes de témoins. Je rappelle de mettre votre microphone en sourdine lorsque vous ne parlez pas ou que la présidence ne vous a pas donné la parole. Veuillez poser vos questions directement aux témoins.
Avant d'arriver aux questions, chacun de nos témoins aura cinq minutes. Nous accueillons d'abord, de l'Association canadienne des parcs et loisirs, M. Mike Roma, président, et Mme Cathy Jo Noble, directrice générale.
Ensuite, nous entendrons Mme Mélanie Raymond, directrice générale du Carnaval de Québec, et M. David Shoemaker, directeur général et secrétaire général du Comité olympique canadien.
Nous commençons par l'Association canadienne des parcs et loisirs. Monsieur Roma et madame Noble, vous avez cinq minutes. Je ne sais pas qui de vous deux commencera ou voudra prendre la parole.
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Bonjour à tous et bon vendredi. Au nom de l'Association canadienne des parcs et loisirs, je vous remercie de nous avoir invités à discuter avec vous des répercussions de la COVID-19 sur le secteur des parcs et loisirs et des façons dont nous pouvons relever ce défi tous ensemble.
L'ACPL est le porte-parole national des parcs et loisirs municipaux. Les loisirs publics municipaux regroupent les terrains de jeux, les arénas et les pistes cyclables de votre communauté, les cours de yoga et de natation, les camps d'été et les ligues de soccer auxquels vous participez, avec votre famille. Nous avons une incidence sur la vie des Canadiens au quotidien. Nous ne représentons pas un événement unique, mais les lieux et espaces où se déroulent les événements.
Les loisirs publics sont un service fondamental pour les collectivités, en particulier les plus vulnérables. Nos services offrent aux Canadiens un lien direct pour un retour à la normale, la santé, le bien-être et l'établissement de liens.
Lorsque la pandémie a frappé le Canada, les installations et les programmes de loisirs publics ont été fermés. Dans la grande majorité des cas, les activités n'ont pas complètement repris. Du jour au lendemain, les enfants, les personnes âgées, les familles et les Canadiens à risque ont perdu accès à des services essentiels qui contribuent à leur santé physique, mentale et sociale. Par exemple, les parents en télétravail n'avaient plus de camps d'été ni de programmes de sport pour leurs enfants. Les personnes âgées ne pouvaient plus fréquenter les centres de jour communautaires, tandis que les jeunes à risque étaient privés de leurs activités sportives hebdomadaires.
Les parcs municipaux et les espaces verts sont devenus des lieux indispensables où les Canadiens peuvent faire de l'exercice et socialiser en toute sécurité pendant la pandémie. En outre, les espaces habituellement consacrés aux loisirs ont été transformés en centres de dépistage de la COVID-19, en refuges supplémentaires pour les sans-abri et en hôpitaux de campagne de réserve.
Les fournisseurs de services du secteur des parcs et loisirs travaillent avec acharnement, tous les jours, pour offrir aux Canadiens des programmes communautaires d’activités sportives et récréatives. Cependant, divers défis — fermeture et réouverture des installations, adaptation à des directives en constante évolution, traiter avec des Canadiens frustrés qui veulent être actifs, mais qui n'en ont pas la possibilité — ont des répercussions sur ces fournisseurs.
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Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Il est essentiel, alors que les gouvernements poursuivent l'élaboration d'une stratégie de relance, de reconnaître le rôle essentiel du sport, des parcs et des loisirs dans la collectivité. L'accès équitable aux programmes et aux installations de loisirs publics est essentiel pour les Canadiens, en particulier pour les personnes plus vulnérables de notre société. Il faut comprendre que l'absence d'une reprise complète de ces services aura des coûts sociaux importants. Les loisirs contribuent à une population en meilleure santé et au renforcement des liens dans la communauté.
Les retombées économiques des parcs et loisirs municipaux — emplois pour les jeunes, tourisme sportif, frais d'utilisation des programmes — ont été nulles tout au long de la pandémie. En outre, la reprise économique du Canada dépend largement de la productivité des parents, qui ont besoin de services de garde, de camps et de programmes sécuritaires pour leurs enfants ou de programmes de jour pour les membres âgés de leur famille.
La reprise des activités de sport et de loisir communautaires comporte d'importants défis. Les municipalités tentent d'offrir le même niveau de services qu'avant, mais avec de nouvelles conditions de fonctionnement. Dans certains cas, les difficultés financières sont si graves que les municipalités doivent fermer des piscines et des arénas, parfois pour toujours, même si elles pourraient les rouvrir, conformément aux directives.
Le financement annoncé jusqu'à maintenant par le gouvernement est fondé sur de bonnes intentions, mais notre secteur n'y a pas accès. Par exemple, les municipalités ne sont pas admissibles à la Subvention salariale d'urgence du Canada. Par conséquent, le retour à un effectif complet pour la relance sera difficile et coûteux. Le gouvernement a fourni un financement de 72 millions de dollars au secteur du sport pour aider les organismes nationaux de sport à préparer leur retour au jeu, mais ce retour au jeu est impossible sans nos installations et nos espaces.
Le gouvernement a réaffecté les fonds des programmes d'infrastructure existants par l'intermédiaire du volet Résilience à la COVID-19, mais ce n'est pas du nouveau financement et il reste un important déficit d'infrastructure à combler. Les municipalités seront toujours confrontées aux mêmes décisions difficiles sur la manière d'utiliser des fonds pour l'infrastructure inadéquats, étant donné l'ampleur des besoins en infrastructure dans nos collectivités.
Le gouvernement a annoncé récemment l’Initiative canadienne pour des collectivités en santé, qui fournira 31 millions de dollars aux collectivités pour qu'elles puissent réaménager les espaces en raison des contraintes liées à la COVID-19. C'est une excellente initiative, mais nous demandons au gouvernement de fournir un financement beaucoup plus élevé, car 31 millions de dollars suffiront à peine à commencer à répondre à la demande.
Notre secteur a présenté deux demandes au gouvernement fédéral pour favoriser la reprise des services communautaires de sport, de parcs et de loisirs pour les Canadiens.
Premièrement, nous demandons au gouvernement fédéral de créer un fonds de relance pour les programmes sportifs et récréatifs communautaires afin d'appuyer une reprise complète de ces activités dans le collectivités canadiennes. Un financement pluriannuel permettra de redonner un accès aux parcs et aux services sportifs et récréatifs communautaires aux personnes les plus vulnérables de notre société, et de veiller à ce que les collectivités rurales ne se retrouvent pas, en guise d'héritage de la pandémie, sans ces services de base.
Il ne s'agit pas d'un programme de financement d'infrastructure, mais plutôt un programme destiné à des activités comme la promotion et la déstigmatisation de la reprise des activités sportives et récréatives communautaires, l'adaptation des programmes de sport et loisirs, le soutien aux adeptes et aux bénévoles pour favoriser l'adaptation aux réalités postpandémiques et veiller à ce que nos services continuent toujours d'appuyer les plus vulnérables de notre société.
Je vous remercie de l'invitation.
En 1954, les fondateurs du Carnaval de Québec ont créé cet événement en ayant deux objectifs bien précis en tête: casser la morosité de l'hiver et stimuler l'économie locale. Ces deux besoins sont toujours aussi présents dans l'ADN du Carnaval, car, 67 ans plus tard, la crise actuelle nous plonge dans un contexte très similaire.
Reconnu mondialement, le Carnaval de Québec consolide la réputation du Canada comme destination accueillante. C'est un incontournable durant la saison froide pour les Canadiens, mais aussi pour les touristes internationaux. La fête a grandi et elle génère maintenant des retombées économiques de 16 millions de dollars, en plus de créer ou de maintenir 254 emplois.
Malgré le contexte actuel extrêmement difficile, notre organisation continue à jouer son rôle communautaire. En effet, en réponse à la crise actuelle, le Carnaval a fait le choix de déployer sa programmation sur les artères commerciales de Québec et de troquer les droits d'accès de son emblématique effigie, qui devient un incitatif à l'achat local. Dans le contexte, notre choix est rempli de sens. Nous travaillons ensemble pour le bien commun.
Investir dans les événements, c'est investir aussi dans notre communauté. Les festivals et les événements ont un effet de levier extraordinaire. Je souhaite saisir cette occasion, aujourd'hui, afin de partager avec vous des solutions concrètes qui nous aideront à traverser la tempête et, ensuite, à contribuer à la relance économique.
Avant tout, je tiens à remercier le gouvernement pour la bonification de la subvention salariale d'urgence accordée. Cette aide d'urgence a fait et continue de faire une énorme différence pour notre organisation. Elle nous a permis de garder en poste des ressources essentielles pour nos activités courantes, mais aussi pour transformer notre produit et planifier la relance.
Nous souhaitons ardemment qu'elle soit maintenue à son niveau actuel, et ce, pour toute la durée de la crise. Je vous invite à garder en tête la nature saisonnière de notre organisation. Les normes d'admissibilité doivent s'adapter à notre réalité pour maintenir notre accessibilité et ainsi préserver cette expertise au sein de notre industrie.
Plusieurs organisations événementielles sont fragilisées. Nous sommes, pour la plupart, des organismes à but non lucratif, donc sans grande réserve ni capitalisation. La solution ne réside pas dans l'endettement. L'aide directe est à privilégier pour maintenir en vie nos organisations et résorber rapidement les répercussions économiques de la COVID, pour une relance efficace.
Nous sommes encouragés par le maintien des fonds prévus pour le programme de Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine à la hauteur des dernières années. Afin de maximiser la portée de ce programme, nous demandons de la flexibilité. Par exemple, il faut rendre admissibles nos projets de développement de contenu numérique et virtuel et admettre des programmations hybrides.
Bien que notre industrie soit reconnue comme étant agile, innovante et créative, la crise actuelle nous affecte tous profondément. Notre croissance a été freinée. Nous avons une vision à long terme pour continuer de jouer notre rôle de moteur économique, qui est essentiel dans l'écosystème de nos communautés. Il est donc impératif de pérenniser les enveloppes de ce programme bien au-delà de 2022.
Je réitère qu'il faut nous considérer comme un levier économique, touristique, social et culturel. Investir en nous, c'est multiplier les bénéfices, car le Carnaval génère des revenus fiscaux de 1 million de dollars pour le gouvernement fédéral et de 2 millions de dollars pour le gouvernement provincial.
Je demeure personnellement très optimiste pour l'avenir, parce que les ingrédients de base du succès de nos fêtes répondent à des besoins collectifs manifestes: célébrer ensemble notre patrimoine culturel et maintenir bien vivant notre esprit de la fête.
Pour générer une relance rapide, il faut injecter de nouveaux capitaux dans nos organisations. C'est pourquoi nous souhaitons la mise en place d'un nouveau programme, qui visera à attirer davantage de touristes et, donc, d'argent frais, à l'image du Programme des manifestations touristiques de renom de 2009. Il est important de noter que 72 % des dépenses des visiteurs de notre événement sont générées par ceux qui proviennent de l'extérieur du Québec.
Le Carnaval de Québec est un bel exemple de croissance économique lié au tourisme et il constitue un actif touristique stratégique. Il faut viser ensemble à accroître l'attractivité du Carnaval pour affirmer le statut de Québec et du Canada comme destination touristique hivernale, et ce, sur la scène internationale.
Je terminerai en mentionnant ce qui reste à mes yeux notre impact le plus important: notre impact social. À mon sens, nous sommes un service essentiel pour la santé individuelle et collective. Les artisans, les artistes de scène, les travailleurs, les bénévoles, les producteurs et les diffuseurs peuvent tous compter sur l'apport du milieu événementiel.
Préserver cet écosystème est essentiel pour pouvoir rebondir rapidement et recréer cet esprit de communauté. C'est en effet de cet esprit communautaire qu'est né, il y a 67 ans, le Carnaval de Québec et la suite prospère qu'on lui connaît.
Merci à tous.
La mission du Comité olympique canadien est, dans sa plus simple expression, de faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider les athlètes canadiens à monter sur le podium olympique.
Le COC lui-même est financé par des fonds privés provenant de 27 partenariats de marketing avec certaines des plus importantes entreprises canadiennes, notamment RBC, la Compagnie de la Baie d’Hudson, Bell et Canadian Tire. Ces partenariats sont intacts. De façon générale, nous résistons bien à la pandémie, mais le COC chapeaute aussi 62 organismes nationaux de sport — d'importants organismes comme Soccer Canada, Curling Canada et Natation Canada, et de petits organismes comme Aviron Canada et Luge Canada —, qui sont généralement mis à mal par la pandémie. Leur financement provient en grande partie du gouvernement et des frais d’adhésion au club. Avec des taux de participation quasi nuls, de nombreux organismes nationaux de sport sont en péril et le milieu sportif canadien frôle la crise.
La relation de la population canadienne avec le sport est aussi en crise. La pandémie a accéléré le déclin de la pratique du sport et de l'activité physique au Canada, jadis l'une des grandes nations sportives du monde. Comme les installations sportives sont fermées depuis mars partout au pays, les Canadiens se sont enlisés davantage dans un mode de vie sédentaire, ce qui entraînera sans doute une multitude de problèmes de santé physique et mentale si on ne s'attaque pas de front au problème.
Heureusement, les résultats peuvent être spectaculaires si nous réconcilions les Canadiens avec le sport, qui a longtemps été considéré comme un outil puissant pour la création de communautés saines et inclusives. Le sport peut contribuer à l'atteinte des priorités nationales: promouvoir la santé et le bien-être; favoriser des collectivités sécuritaires; améliorer les résultats scolaires; stimuler l'activité économique et appuyer l'intégration sociale et culturelle des nouveaux Canadiens. Le sport peut et doit être à la base de notre relance nationale.
Décrire la situation où nous en sommes aujourd'hui n'est pas simple. La pandémie a des répercussions variées sur le système sportif et sur chacun des sports, mais les besoins sont considérables dans presque tous les cas, et il y a quelques thèmes clés.
Le premier thème est la souplesse. De nombreux organismes nationaux de sport ont besoin de marge de manœuvre budgétaire. Ils ont reçu une aide financière essentielle — merci beaucoup —, mais comme leurs activités sont toujours interrompues, en grande partie, ils demandent des assouplissements au gouvernement afin de pouvoir dépenser l'argent plus tard et à d'autres fins. Nous y travaillons.
Le deuxième thème est celui des installations d'entraînement. De nombreux organismes nationaux de sport ont besoin de salles d'entraînement sécuritaires au quotidien. Comme la plupart des piscines, des clubs, des gymnases et des autres installations sont fermés, la plupart des athlètes nationaux ont de la difficulté à trouver des façons sûres de s'entraîner. Nous travaillons aussi là-dessus.
Viennent ensuite les grands événements. Bon nombre d'organismes nationaux de sport doivent organiser des événements pour survivre. C'est notamment le cas de Curling Canada, de Soccer Canada et de Ski acrobatique Canada, pour n'en nommer que quelques-uns. Malgré ses plus grands efforts, Tennis Canada a dû annuler ses événements phares de la Coupe Rogers en 2020, ce qui représente des pertes de 31 millions de dollars. L'organisme a dû réduire considérablement ses programmes et réduire son effectif de 40 %, ce qui nuira à ses efforts pour le développement du tennis dans les années à venir.
Le dernier thème est celui des adhésions. De nombreux organismes nationaux de sport ont perdu leurs membres. Beaucoup d'entre eux, comme Gymnastique Canada et Patinage Canada, dépendent des frais d'adhésion des membres partout au pays. Avec la fermeture des clubs, cette source de revenus s'est tarie.
Voilà le nœud du problème. Nous travaillons fort avec Sport Canada, là où c'est possible, afin de satisfaire à nos besoins pour les athlètes de haut niveau, mais ces organismes ne sont pas seulement chargés de trouver des talents d'élite de niveau olympique. Ils sont chargés d'assurer la croissance de leur sport et de créer un continuum entier, un cheminement qui, comme nous le disons, va du terrain de jeu au podium. C'est le début de ce cheminement qui mérite que l’on s’y attarde. Même avant la pandémie, les organismes nationaux de sport ne consacraient en moyenne que 12 % de leur budget au développement de leur sport, c'est-à-dire à la base, à la participation des jeunes athlètes, à l'initiation et l'exposition aux règlements et aux entraînements, et à l'élargissement du bassin de participants. Pour nous remettre de la pandémie, nous devons ramener les Canadiens vers le sport en investissant réellement dans ces organismes nationaux de sport.
Il m'est impossible, dans cette déclaration devant le Comité aujourd'hui, d'exprimer parfaitement les besoins nuancés du secteur du sport, mais j'aimerais souligner deux besoins dans deux aspects d'intérêt. Premièrement, il faut améliorer le financement d'urgence offert aux organismes sportifs et aux athlètes en difficulté financière pour qu'ils puissent traverser les difficultés liées à la pandémie. Deuxièmement, il faut augmenter de 50 millions de dollars le financement annuel du système sportif pour répondre aux besoins à long terme et amener les Canadiens à pratiquer de nouveau un sport à l'échelle locale et communautaire.
Le Canada n'est pas le seul pays confronté à ce défi. Nous avons vu d'autres pays, en particulier la Nouvelle-Zélande, faire d'importants investissements pour appuyer leur système sportif et associer le sport au bien-être général et à la reprise économique. Cette semaine, les Nations unies ont adopté une motion encourageant les États membres « à inclure le sport et l'activité physique dans leurs plans de relance post-COVID-19 ».
L'industrie du sport contribue pour environ 6,6 milliards de dollars par an au PIB du Canada et soutient environ 118 000 emplois, mais au-delà de ces chiffres, le rayonnement réel du sport s'étend de manière exponentielle: il contribue au bien-être physique, mental et social de nos communautés. Alors que nous bâtissons des collectivités saines et inclusives, nous jetons aussi les bases de notre reprise économique.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Je ne siège habituellement pas à ce comité, mais vous avez comme témoin une organisation que je connais bien et qui est dans la belle région de la Capitale-Nationale. J'aurais des questions particulières à adresser à Mme Raymond, directrice générale du Carnaval de Québec. Ce carnaval est, à mon avis, le plus grand festival d'hiver au monde. Il faut le dire. Il faut profiter de cette tribune pour le mentionner.
Madame Raymond, je vous remercie, ainsi que tous les autres témoins, de vous prêter à l’exercice. Le but de cette étude est de comprendre et de trouver des façons de vous aider encore plus. Comme vous l'avez si bien dit, sur les plans social et économique, c'est très important. Cet événement a été créé dans la Capitale-Nationale, à l'époque, justement pour répondre aux besoins de la relance économique et de la morosité. On sait qu'au regard de ce que l'on vit présentement, cet événement répond directement aux besoins de notre communauté. C'est pourquoi je vous dis bravo.
Madame Raymond, ma première question sera très courte, parce que vous savez que notre temps de parole est limité. Combien d'argent recevez-vous du fédéral?
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Notre budget total a diminué de 25 % dans le contexte actuel. Nous sommes très prudents parce que, comme je l'ai mentionné tantôt, 72 % des dépenses engendrées à notre événement proviennent des touristes de l'extérieur. Les frontières étant fermées, nous ne tirerons profit que du tourisme de proximité, nous n'aurons que des touristes des provinces environnantes. Nous avons été très prudents dans nos prévisions; en effet, tenir un événement extérieur en hiver signifie que peu de coûts sont connus avant de commencer. Nous n'avons pas de boule de cristal pour prévoir le nombre de tempêtes de neige, de verglas ou de pluie que nous aurons à gérer, comme c'est le cas chaque année.
Non seulement le contexte de la pandémie nous amène à être prudents, mais il nous amène aussi à nous rattacher à nos racines, c'est-à-dire pourquoi l'événement a été fondé. C'était pour stimuler l'économie. Le déploiement de la programmation dans les quartiers a donc été approuvé par la direction de l'Institut national de santé publique du Québec et par la Ville de Québec, également. Nous sommes très bien soutenus, mais nous voulions vraiment faire un effort communautaire pour nous rapprocher des commerces.
Par contre, nous allons nous dire les vraies choses. En ce qui a trait au nombre d'artistes et d'artisans que nous embaucherons cette année, ce sera évidemment différent, puisque le Carnaval embauche normalement 600 artistes et artisans par année. Le contexte actuel ne nous permettra pas d'en embaucher tant.
En ce qui concerne le financement privé, le Carnaval de Québec a des partenaires très fidèles depuis plus de 20 ans, et la majeure partie des investisseurs privés sont toujours avec nous. Dans le contexte de la COVID-19, nous avons même accueilli un nouveau partenaire majeur, la Banque Scotia, qui a investi plus de 100 000 $, ce qui est une nouvelle extraordinaire et bienvenue. Pour ce qui est du financement fédéral, pour être plus précis, nous avons une subvention triennale de DEC pour les régions du Québec. Nous avions donc déjà notre subvention confirmée avec DEC. C'est le plus gros montant alloué au Carnaval.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être ici, aujourd'hui.
Mes questions vont s'adresser aux représentants de l'Association canadienne des parcs et loisirs.
Sport Canada finance votre organisation pour la distribution de subventions reliées à l'égalité des genres dans le sport récréatif. Je sais que les subventions sont en place depuis 2019.
Est-ce que vos subventions répondent à la demande?
Comment s'en tirent financièrement les petites organisations communautaires qui administrent des installations, comme un club de ski de fond?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Noble, je suis ravi de vous voir, ainsi que tous ceux que je connais ici. Monsieur Roma, je suis heureux de vous voir.
Merci de m'avoir invité à nouveau au Comité du patrimoine. C'est un plaisir d'être ici.
J'ai quelques questions pour M. Shoemaker, du Comité olympique canadien. Je vous entends très clairement sur la nécessité d'avoir une plus grande marge de manoeuvre budgétaire et des milieux d'entraînement, ainsi que sur les frais et les revenus des organisations sportives nationales et de leurs ONS connexes, et certainement des organismes de sport communautaires.
Comme vous le savez, nous avons débloqué la semaine dernière 14 millions de dollars additionnels pour les organismes de sport communautaires, et nous allons aussi faire avancer le dossier des manifestations internationales unisport, comme vous l'avez souligné, avec les compétitions sportives d'envergure qui dépendent de ces revenus.
Nous faisons des progrès, et comme vous, je suis résolu à réaliser des progrès dans ce dossier. Toutefois, j'aimerais que vous m'expliquiez quels progrès supplémentaires nous pouvons accomplir et si les récentes nouvelles ont été bien accueillies.
Encore une fois, merci. Je porte mon épinglette. Vous ne la voyez probablement pas, mais je porte une épinglette des Olympiques aujourd'hui.
Je suis heureux de vous voir.
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Merci, monsieur van Koeverden. C'est quand même quelque chose de recevoir une question de votre part dans ce cadre.
Je dois dire, au nom de notre système sportif composé de toutes ces organisations sportives nationales, que nous sommes très reconnaissants des 72 millions de dollars de financement d'urgence et des 14 millions de dollars supplémentaires destinés aux sports et aux clubs sportifs communautaires, qui sont très nécessaires.
Il y a eu tout un partenariat pour trouver des solutions en ce qui concerne les manifestations unisport, notamment. Nous avons très bon espoir qu'il existe des solutions qui permettront à une manifestation sportive comme la Coupe Rogers ou Patinage Canada et d'autres grandes manifestations d'avoir lieu à l'avenir.
J'estime que l'accent continue d'être mis sur le début du continuum sportif, où il est très difficile de faire revenir les gens dans le sport et où je pense qu'un programme national pour les sports nationaux est le type de projet dans lequel nous devons investir et qui produira des résultats concrets et positifs. L'exemple est le programme phare d'initiation au patinage de Patinage Canada, le programme à partir duquel tous les autres sont mesurés.
C'est encore la lacune que je vois dans le système en ce moment.
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Merci, monsieur le président.
Madame Raymond, je veux d'abord vous adresser tous mes remerciements, ainsi qu'à tous les témoins.
Je vais m'adresser à Mme Raymond, évidemment, parce que je suis députée de Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix et que je suis une grande adepte du Carnaval de Québec. Je n'ai pas les 67 effigies, mais j'en ai au moins 50. Les 50 effigies de mes 50 participations sont bien rangées dans un petit sac. Je ne les ai pas avec moi, mais je vous promets que je les ai.
Je vous remercie d'avoir le courage de prendre cela en main, en ces temps difficiles. Je vous salue.
Madame Raymond, je voudrais vous entendre davantage sur le Programme des manifestations touristiques de renom. Par exemple, dans ma circonscription, il y a trois montagnes: le mont Sainte-Anne, le Massif à Petite-Rivière-Saint-François et le mont Grand-Fonds. On sait très bien que les gens qui fréquentent le Carnaval de Québec viennent souvent de l'extérieur du pays et que, avant ou après le Carnaval, ils se rendent fréquemment dans ma circonscription, car cela fait partie d'un itinéraire.
J'aimerais savoir s'il serait pertinent que le programme, qui a tant aidé les événements comme le vôtre en 2008, soit réactivé rapidement.
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Merci, monsieur le président. Merci à tous les témoins de se joindre à nous. Vos témoignages sont très intéressants. J'ai une famille qui est très active. Mes enfants sont des athlètes. Bon nombre des témoignages que j'ai entendus et les enjeux qui ont été évoqués sont à la fois effrayants et éclairants; je vous remercie.
J'ai quelques questions pour Mme Noble et M. Roma, mais d'abord, je veux poser une question très rapidement à Mme Raymond.
Comme je viens de l'Alberta, mon lien avec votre festival est évidemment virtuel, ou n'est pas en personne aussi souvent que nous le souhaiterions, mais nous avons notre propre festival à Edmonton Strathcona. Ma circonscription est le coeur francophone de l'Alberta, je suppose, et nous avons le Flying Canoe Festival, ou le canoë volant, où nous descendons des pentes de ski en canoë. C'est tout un festival. Je me demande simplement si vous avez envisagé de partager votre expertise. Les festivals d'hiver me semblent être une excellente idée pendant cette période. Nous pouvons être à l'extérieur, maintenir une certaine distance les uns des autres, porter un masque et prendre toutes ces mesures. Avez-vous fait bénéficier d'autres festivals de votre expertise? Communiquez-vous avec d'autres organisateurs de festivals au pays?
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Merci de la question. Je vais y répondre.
Ils sont certainement davantage utilisés maintenant qu'ils sont les seuls spectacles en ville ou la seule option dont les gens disposent.
Je connais les intentions de la province de faire ce que vous avez mentionné. Une grande partie des parcelles dont il est question sont en fait des espaces de parcs provinciaux, si bien qu'ils ne sont pas nécessairement situés dans des zones urbaines. Ce sont des espaces de parcs qui, je dirais, sont moins réservés pour des activités et plus liés à la conservation, à la gérance de l'environnement, etc.
Cela dit, je pense que le conseil d'administration de l'ACPL et nos membres sont d'avis que nous n'avons pas assez de tous les espaces de loisirs, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs, et que la demande pour ce type d'espaces — que ce soit pendant, après ou avant une pandémie — est insatiable à bien des égards.
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Nous avons précisé un montant dans notre demande officielle pour deux volets de financement différents. L'un est lié à l'infrastructure, qui est similaire à celui auquel vous avez fait allusion et auquel nous avons fait allusion dans notre déclaration.
L'autre — et il est probablement plus important — ne concerne pas nécessairement l'infrastructure, mais vise à contribuer à combler l'écart qui se creuse actuellement et à aider les municipalités à surmonter cette période où ces services sont soumis à des pressions financières extrêmes. Nous sommes seulement en Alberta. Je suis moi aussi un habitant de l'Alberta. Je sais que la situation est différente d'un bout à l'autre du pays, mais à l'heure actuelle, nos installations peuvent être utilisées à 25 % de leur capacité. Cela équivaut à 25 % des revenus qui étaient versés dans les budgets municipaux, mais avec les mêmes dépenses, voire plus, liées à l'exploitation de ces installations.
Par ailleurs, pour veiller à ce que les usagers et les membres du public reviennent en grand nombre, avec un peu de chance, ou du moins à des niveaux comparables à ceux d'avant, il ne suffira pas d'ouvrir les portes de ces installations; il faudra convaincre les gens que ces lieux sont sécuritaires et que les avantages de l'activité physique, des loisirs, du sport — comme l'ont mentionné d'autres intervenants — et même des activités communautaires l'emportent sur les risques éventuels liés aux préoccupations en matière de santé publique.
Ma fille est une nageuse. Son club de natation n'a ménagé aucun effort pour lui offrir un entraînement et lui fournir ces options, mais l'entraînement est très dispendieux, car ces athlètes doivent maintenant prendre des cours privés.
L'autre aspect qui est choquant et très stressant pour ces organisations — dans ma circonscription, du moins —, c'est le manque de financement de la part des municipalités. Bon nombre de ces organisations ont reçu des subventions de leur municipalité, qui n'ont tout simplement plus les ressources pour continuer d'en offrir. Par exemple, la ville d'Edmonton a mis fin à une partie des subventions versées à ces organisations.
Monsieur Shoemaker, vous pourriez peut-être nous parler un peu plus de l'incidence que le manque de financement municipal a également eu sur certaines des organisations sportives nationales de plus petite taille.
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Merci, monsieur le président. Bienvenue, tout le monde, à la réunion du comité du patrimoine d'aujourd'hui.
J'ai pensé commencer avec l'Association canadienne des parcs et loisirs, avec M. Roma et Mme Noble.
La ville de Saskatoon vient d'annoncer pour le Centre SaskTel un déficit de 3,6 millions de dollars pour 2020, et elle fait face à un déficit de 1,6 million de dollars pour 2021; vous pouvez donc voir les pressions exercées sur les villes. Il y a eu une tempête de protestations cette semaine à Saskatoon lorsqu'on a annoncé qu'il n'y aurait plus de filets sur les patinoires extérieures. Cela a provoqué tout un tollé parce que les 52 patinoires extérieures appartenant à la communauté sont toutes gérées par des bénévoles et, du jour au lendemain, on ne peut plus placer de filet sur ces surfaces de glace avant le 17 décembre. Nous constatons que le public oppose beaucoup de résistance à l'égard des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral.
Veuillez nous faire part de vos observations à ce sujet, car les piscines sont à moitié fermées, les patinoires sont maintenant presque fermées, et vous pouvez constater l'effet négatif dans les communautés que nous servons d'un océan à l'autre.
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Je vais commencer. Merci de la question.
De notre point de vue, nous devons suivre les règles. Nous devons suivre les règlements qui sont établis pour nous, et je pense que notre plus grande préoccupation n'est pas de suivre ces règles, car nous le ferons quoiqu'il arrive, mais de savoir ce qui va se passer une fois que les règlements et les restrictions seront assouplis.
Si ce genre de préjudice se produit, non seulement en ce qui concerne les relations entre les groupes du public et les municipalités qui appliquent certains de ces règlements, mais aussi la stigmatisation entourant ce qui est sécuritaire et ce qui ne l'est pas, compte tenu du fait que ces activités sont bénéfiques pour nos communautés entre autres, nous voulons nous assurer qu'elles seront rétablies le plus rapidement possible.
Je peux dire que les loisirs et les parcs sont résilients, et je peux probablement parler pour le sport et les activités communautaires aussi. Nous faisons partie de la communauté. Nous sommes animés par la passion. Nous faisons partie de ce qui fait du Canada ce qu'il est. Nous n'allons pas perdre ces services, mais nous voulons nous assurer qu'à l'avenir, nous ne repartirons pas de zéro avec certaines de nos activités, certaines de nos bases de participants, etc.
Nous suivons les règles. Nous espérons que la rupture des relations ne se poursuivra pas à l'avenir, et cela fait partie de la demande que nous adressons au gouvernement fédéral et aux autres ordres de gouvernement pour qu'ils nous aident à mieux nous préparer.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Merci à tous les témoins.
Madame Raymond, je vous remercie de votre travail au Carnaval de Québec.
Comme mes collègues du Québec vous ont déjà posé des questions, je vais m'adresser aux autres témoins.
[Traduction]
J'ai quelques questions. C'est très difficile pour les athlètes d'élite en ce moment, pour les athlètes en catégories d'âge et les athlètes vétérans, de même que pour les athlètes occasionnels, parce que dans la plupart des régions du Canada, on ne peut pas s'entraîner en équipe, et même si on pratique un sport individuel et qu'on s'entraîne en équipe, on ne peut pas être ensemble. Par conséquent, nous sommes très en retard dans la préparation. Nous sommes bien loin du point où tout le monde veut être.
Ma première question s'adresse à M. Shoemaker. Y a-t-il des pays dans le monde qui ont mieux fait que le Canada et qui, à l'heure actuelle, ont mieux préparé leurs athlètes d'élite pour les Jeux olympiques? Si oui, quels sont ces pays?
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Merci, monsieur Housefather.
Je vais interpréter votre question d'une certaine manière. Aucun pays au monde ne l'a fait aussi bien que le Canada, ce qui signifie que les athlètes de l'équipe canadienne ont décidé en mars que la question importante n'était pas de savoir s'ils pouvaient s'entraîner pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2020, mais s'ils pouvaient le faire en toute sécurité pour leur famille et leur communauté. Ils ont décidé que ce n'était pas possible et ils ont été le premier comité olympique au monde à se retirer des Jeux olympiques de Tokyo. À l'instar de nous, ils ont fait de leur santé et de leur sécurité, ainsi que celles de leurs coéquipiers, de leur famille et de leur communauté, la priorité absolue.
Aujourd'hui, alors que nous envisageons les Jeux olympiques de 2021 et que nous pensons à la préparation, il est regrettable que la plupart des autres pays avancés en natation dans le monde, par exemple, aient passé plus de jours en piscine. Nos nageurs ont passé 120 jours hors de la piscine cette année, mais nous rattrapons rapidement le retard. Je dirai simplement que nous sommes en train de rattraper notre retard dans la plupart des sports pour lesquels ce niveau d'accès est impératif.
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Absolument. C'est une de nos priorités, surtout en ce qui concerne les directives relatives aux espaces et aux lieux où les activités se déroulent.
Au début de la pandémie, nous avons mis sur pied un comité formé de diverses parties intéressées pour déterminer si notre organisation nationale devrait jouer ce rôle. Nous en sommes venus à la conclusion que puisque la majorité de la réglementation est régie par les provinces et les territoires, nous ne sommes pas nécessairement bien placés pour agir à l'égard des installations ou des lieux, comme la situation et les attentes par rapport au virus varient d'une région à l'autre.
Nous avons tenté de le faire. Nous avons une communauté nationale en ligne, un endroit où nous pouvons transmettre de l'information, mais nos membres nous ont dit que bien que ce serait formidable d'avoir des directives nationales pour les installations et les lieux, comme vous l'avez dit, ce n'est tout simplement pas un travail pour nous.
J'aimerais ajouter un dernier point par rapport à votre question précédente. Selon moi, en ce moment, les municipalités ont l'impression qu'elles doivent surmonter seules les difficultés actuelles touchant les parcs et les loisirs. Elles se demandent, par exemple, s'il est acceptable de fermer les installations ou s'il faut se battre bec et ongles pour continuer à offrir ce type de services. Nous espérons que les gouvernements fédéral et provinciaux montreront qu'ils reconnaissent, eux aussi, l'importance de ces services. Nous aimerions également qu'ils confèrent le pouvoir décisionnel aux municipalités.
Nous savons qu'au bout du compte, les municipalités paient 90 % ou 95 % des frais liés aux installations et aux lieux. Nous ne demandons pas de changer cela, mais nous aimerions que les autres ordres de gouvernement montrent qu'ils soutiennent ces services et qu'ils favorisent la prise de décisions par les municipalités. En votre qualité de maire, vous devez comprendre ce que j'entends par là.
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Nous reprenons. Bienvenue à tous. Désolé pour le retard. Tout semble réglé sur le plan technique. Nous allons essayer d'en venir à bout.
Nous sommes, bien sûr, au milieu de notre étude sur les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et du sport pendant la pandémie de COVID-19.
Trois groupes se joignent à nous. Nous accueillons M. Martin Théberge, président, et Mme Marie-Christine Morin, directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française. Nous recevons aussi M. Dana Peers, président et président du conseil d'administration du Stampede de Calgary. Enfin, nous accueillons également M. Pitseolak Pfeifer, directeur exécutif de la Qaggiavuut! Nunavut Performing Arts Society. Je vous demanderais de corriger ma prononciation lorsque vous aurez la parole.
Nous allons commencer par M. Martin Théberge et Mme Marie-Christine Morin. Vous disposez de cinq minutes. Est-ce que l'un d'entre vous veut commencer?
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Bonjour, chers membres du Comité.
Je vous remercie de l'invitation à comparaître aujourd'hui afin de vous présenter les principales répercussions de la pandémie sur nos artistes et travailleurs culturels en francophonie canadienne et acadienne.
Je m'appelle Martin Théberge et je suis le président de la Fédération culturelle canadienne-française, ou FCCF. Comme cela a déjà été dit, je suis accompagné de Marie-Christine Morin, notre directrice générale.
Nous sommes la voix politique des arts et de la culture des communautés francophones en situation minoritaire au Canada. D'entrée de jeu, je vous dirais que la pandémie menace actuellement plus de 40 ans de développement artistique et culturel ainsi que l'accès de nos gens à leur langue et à leur culture.
Quand une organisation comme Les compagnons des francs loisirs de North Bay, en Ontario, se meurt, cela signifie qu'il n'y a plus d'activités culturelles en français dans cette communauté, à part pour les élèves, à l'école. C'est vrai aussi à Whitehorse, au Yukon, à Saint-Jean de Terre-Neuve et partout ailleurs dans la francophonie canadienne et acadienne.
La vitalité linguistique et communautaire de nos localités est mise en péril, sans un soutien coordonné aux arts et à la culture. Sachant que les arts et la culture sont une valeur refuge pour le mieux-être des individus et de la société en général, l'enjeu est d'autant plus grave pour nos francophonies locales. Merci d'agir.
[Traduction]
Aujourd'hui, nos efforts visent principalement à assurer l'équité et l'inclusion pour la francophonie canadienne et acadienne. Comme le reste de ses pairs du secteur des arts et de la culture, elle aussi devrait avoir les moyens de faire preuve de résilience et de se remettre de la pandémie. À l'extérieur du Québec, le secteur de la culture de la francophonie représente annuellement environ 1,1 milliard de dollars du PIB, il génère des retombées économiques d'approximativement 1,2 milliard de dollars par année et il compte plus de 26 000 emplois. Nous sommes ici aujourd'hui pour promouvoir l'amélioration des mesures de soutien gouvernementales liées à la pandémie qui sont offertes à nos membres, ainsi que pour lutter contre les inégalités systémiques de longue date qui limitent encore davantage l'accès au soutien.
[Français]
Comme pour l'ensemble des organismes du secteur, nos groupes subissent des pressions financières et humaines énormes.
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Voici maintenant quelques données chiffrées pour démontrer les effets particulièrement dévastateurs de la pandémie sur les artistes, créateurs et travailleurs culturels de nos milieux. Le nombre d'heures travaillées en octobre est inférieur de presque un tiers par rapport à la même période en 2019. Dans le secteur des arts d'interprétation, environ trois emplois sur quatre ont été perdus comparativement à 2019. Tout indique que la crise se prolongera en 2021. Ce n'est pas très rassurant comme portrait pour la santé du secteur.
La FCCF est reconnaissante pour l'aide gouvernementale consentie au secteur des arts et de la culture jusqu'ici. Nous avons travaillé de manière assidue pour assurer l'accès de notre écosystème aux mesures d'aide annoncées par le gouvernement. Néanmoins, nous avons dû faire face à d'importants défis pour un accès équitable aux mesures de soutien.
Pour rejoindre nos communautés de manière effective, il faut tenir compte de la façon précise dont sont financés nos organismes. Initialement, les enveloppes de financement visées pour la distribution des fonds d'urgence pour le secteur culturel ne ciblaient pas les programmes d'appui aux langues officielles desquels plusieurs de nos organisations sont largement dépendantes. Pour le peu d'organisations qui ont pu bénéficier des fonds octroyés en phase 1, les montants ont été des poussières. Nos groupes sont sous-représentés et sous-financés dans les enveloppes de programmes en arts et culture, même quand il s'agit du Conseil des arts du Canada.
L'offre en phase 2 des fonds d'urgence à la fin août, qui a proposé une enveloppe spécifique visant l'équité, aura permis en partie de stabiliser le patient. La FCCF veut s'assurer que la leçon apprise sur la manière de rejoindre des groupes de la francophonie canadienne sera intégrée à la façon de procéder à l'avenir, pendant la pandémie et après. Il faut que le gouvernement maintienne cette attention particulière pour offrir un soutien équitable à nos groupes. Les services artistiques et culturels de langue française sont essentiels en milieu linguistique minoritaire. La vitalité linguistique et culturelle de nos localités est en jeu.
Il faut donc assurer la disponibilité rapide de fonds pour les arts et la culture de la francophonie canadienne et acadienne dans toutes les régions et dans chacune des disciplines, afin de pallier les effets de la pandémie, d'encourager la reprise et de continuer à cheminer vers l'équité.
La FCCF travaillera de concert avec le gouvernement pour atteindre l'ensemble de ces buts. L'appui énergique et conséquent de votre comité nous est précieux.
Merci de votre écoute.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui.
Le Stampede de Calgary compte parmi les plus importants rassemblements communautaires du Canada. Le patrimoine canadien, les arts et la culture y foisonnent. Le parc Stampede est un lieu de rassemblement qui relie les communautés urbaines et rurales, qui informe sur l'agriculture et l'agroalimentaire, et qui célèbre depuis plus de 100 ans le lieu de rassemblement mutuel sacré des cinq Premières Nations du Traité no 7. En outre, il cultive l'excellence dans les arts de la scène pour la jeunesse et en est une vitrine, en plus d'être une célébration annuelle de la culture western qui accueille au-delà d'un million d'invités en provenance de la région, du pays et du monde entier.
Notre marque iconique représente un esprit communautaire unique qui différencie Calgary et la région avoisinante de tout autre endroit au monde. Nous sommes un organisme sans but lucratif doté d'un modèle de gestion unique, et aucun organisme canadien n'est comparable au nôtre. Beaucoup pensent que le Stampede est un festival annuel semblable à l'Exposition nationale canadienne ou à l'Exposition nationale du Pacifique. Or, le Stampede offre de nombreuses activités à l'année, y compris des services de réunions et de congrès qui génèrent des recettes de 35 millions de dollars. Le Stampede offre aussi toute l'année des programmes consacrés à la jeunesse, à la culture, aux arts, à l'agriculture et à l'éducation autochtone.
Le Stampede ne reçoit aucun financement de la part de la municipalité pour les programmes et les activités qu'il offre toute l'année, y compris le festival annuel. Ses états financiers comprennent une subvention de fonctionnement provinciale qui soutient la programmation communautaire.
Les activités à l'année du Stampede sont également soutenues par 2 500 bénévoles passionnés qui donnent de leur temps et de leur énergie pour permettre aux membres de notre communauté et à nos invités de vivre la culture western. Avant la COVID, nous avions 350 employés à temps plein, 850 employés à temps partiel et 4 000 employés durant le festival. Comme nous sommes la dernière organisation de notre genre au Canada, nous devons faire face à la pandémie seuls. Contrairement à des festivals et à des centres de congrès semblables, le Stampede de Calgary fonctionne indépendamment depuis plus de 100 ans. Chaque année, il contribue à hauteur de 540 millions de dollars à l'économie de l'Alberta et de 700 millions de dollars à l'économie canadienne.
Le parc Stampede est situé sur un terrain de 206 acres loué en grande partie par la Ville de Calgary. Il comporte plusieurs installations de taille considérable, comme le BMO Centre, la tribune, le Nutrien Western Event Centre, l'édifice Big Four et le centre jeunesse. Toutes ces installations sont utilisées pour des activités artistiques, culturelles et sportives.
Au début de la pandémie, le Stampede de Calgary est passé immédiatement à l'action. Nous avons pris la dure décision de mettre en place d'importantes mesures de prévention financières. Entre autres, nous avons licencié 745 employés, dont 154 ont ensuite été rémunérés au moyen de la SSUC; nous avons congédié 227 employés et nous avons éliminé près de 4 000 emplois en raison de l'annulation du Stampede de 2020. Nous avons également diminué le salaire du 10 % du personnel restant. Or, malgré les mesures prises à partir de la mi-mars, la réalité demeure que nous avons toujours des dépenses, mais aucun revenu. Durant une année normale, la célébration annuelle et les services offerts par le Stampede durant toute l'année génèrent des recettes annuelles de 150 millions de dollars découlant de plus de 1 800 activités.
Au cours des neuf derniers mois, la Subvention salariale d'urgence du Canada nous a donné un coup de main. Elle nous a permis d'entretenir des relations, ainsi que de réembaucher 600 personnes en septembre. L'annonce qui a été faite cette semaine concernant la prolongation de la SSUC nous donne de l'espoir.
Malheureusement, c'est le seul programme de soutien fédéral dont notre organisme a pu profiter. Nous éprouvons donc des difficultés. Le Stampede est reconnu pour sa persévérance. Il a survécu aux guerres mondiales, à la Grande Dépression et à des catastrophes naturelles, y compris à l'inondation qui a frappé le Sud de l'Alberta en 2013. Toutefois, la pandémie actuelle continue d'avoir des répercussions profondes, et nous pourrons seulement nous en sortir si nous obtenons de l'aide.
Grâce aux efforts que nous continuons de déployer en vue d'adapter nos installations, nous avons réussi à améliorer légèrement nos prévisions de fin d'exercice. Le budget de 2021 prévoit encore un déclin; il représente une tentative de tenir bon jusqu'à 2022, qui devrait être plus près de la norme. Le budget comprend la tenue du Stampede de 2021, adapté considérablement en fonction des restrictions liées à la COVID-19 qui pourraient être en place en juillet prochain.
La gestion continue de travailler activement avec des partenaires des gouvernements fédéral et provincial afin de trouver les mécanismes de soutien financier les plus adéquats.
Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir invités à nous adresser à vous aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour, et merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs.
Au nom du conseil d'administration de Qaggiavuut!, qui est présidé par Mme Terrie Kusugak, je remercie le Comité d'avoir envoyé une invitation jusqu'à nous qui sommes au Nunavut.
Madame Kusugak, certains membres de notre conseil d'administration et nombre de nos artistes vivent dans la région de Kivalliq, au Nunavut. Cette région est actuellement aux prises avec une éclosion de COVID-19 énorme relativement à la petite population. En date d'hier, le Nunavut comptait un total de 198 cas confirmés, dont 75 cas actifs. Nos pensées accompagnent les familles touchées.
Étant donné les soins de santé très limités, le surpeuplement des logements, l'épidémie de dépression et de suicide, et l'insuffisance des mécanismes de soutien social et économique, la menace du virus pèse de manière disproportionnée sur nos communautés. Le confinement général dans tout le territoire a pris fin tout récemment. Ce confinement a accentué les contrecoups subis par le secteur des arts du Nunavut.
En guise de préambule, je vous demande de songer au fait que les traditions culturelles sont essentielles à la survie du peuple inuit; elles nous ont soutenus pendant des périodes de crise et des périodes de joie. Je vous demande aussi de songer au fait que les mesures de santé publique autrement nécessaires ont empêché de nombreux jeunes Inuits à recevoir le secours des arts de la scène. Ce sont les arts de la scène qui nous poussent tous, ici au Nunavut, à faire des choix sains et à contribuer au bien-être de nos communautés.
Chez Qaggiavuut!, nous nous demandons constamment comment continuer de sauvegarder les chants et les histoires de nos aînés, et comment les transmettre aux générations futures en utilisant les arts de la scène, et ce, malgré la crise et ses répercussions. De nombreux facteurs, en plus de la pandémie actuelle, menacent notre culture et notre mode de vie. Notre organisme sans but lucratif est axé sur des activités de guérison et de bien-être dirigées par des Inuits. Il vise à préserver et à promouvoir notre langue et notre culture, ainsi qu'à animer nos communautés au moyen des arts de la scène.
Nous ne touchons pas seulement les communautés du Nunavut. Le talent, les histoires inuites et les prestations de nos artistes ont voyagé jusqu'à des scènes artistiques canadiennes comme le Centre national des arts, et ils ont été applaudis à l'échelle internationale.
Les investissements dans les artistes et les arts de la scène inuits placent le Canada sur la scène internationale et remplissent une importante fonction culturelle. Les Inuits ont joué un rôle clé dans la construction de l'identité et de la diplomatie culturelles du Canada. Même si ce rôle est grandement admiré et reconnu sur le plan artistique, il est largement sous-estimé financièrement. Parmi toutes les provinces et tous les territoires du Canada, le Nunavut est le seul qui n'a toujours pas de centre des arts de la scène, par exemple. Nous espérons qu'après la pandémie, le gouvernement fédéral affectera des fonds à la correction de cette iniquité, à la construction du centre des arts de la scène Qaggiq Hub, à la formation des artistes émergents par l'intermédiaire de l'école des arts de la scène Qaggiq et au soutien de la création continue de productions professionnelles de tournée pour la scène internationale.
Aujourd'hui, Qaggiavuut! est un organisme reconnu, et nous sommes devenus une source de collaboration et de partenariat. Nous avons grandi rapidement et nous nous sommes forgé une réputation d'organisation responsable, inclusive, diverse et axée sur l'action fondée conjointement par un groupe de simples résidents du Nord inuits et non inuits. On le voit par la façon dont nous avons recueilli des fonds au fil des années afin de mener à bien notre mission de renforcer, de promouvoir et de défendre le milieu des arts de la scène inuit et du Nunavut et de créer un espace pour ses artistes. Nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui ont contribué à la cause, qu'ils soient des Canadiens ordinaires, des célébrités, des membres de la communauté ou des intervenants territoriaux ou fédéraux. Grâce à leurs dons et à nos efforts de collecte de fonds en réponse à la COVID-19, nous avons été en mesure de donner de l'argent directement aux membres de notre communauté. Oui, nous pouvons les appeler des artistes, à juste titre. Pendant l'été, nous nous sommes mobilisés et nous avons créé un fonds d'urgence pour les artistes. Nous avons également continué d'adapter notre programmation aux nouvelles circonstances.
Nous devons transformer les défis posés actuellement par la pandémie en occasions de relancer l'économie au moyen des arts et de la culture. Dans l'après-COVID, le monde aura une plus grande soif d'arts de la scène. Aujourd'hui plus que jamais, les Inuits ont besoin d'espace et de soutien pour créer de l'art sur leur territoire et pour contribuer à la relance économique du Canada.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur participation aujourd'hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Monsieur Peers, j'ai souvenir d'être assis sur le trottoir pour mon premier Stampede de Calgary. C'était probablement en 1953. Cela remonte à un bon bout de temps.
Nous connaissons très bien le Stampede de Calgary à bien des égards, mais pourriez-vous nous parler des arts et de la participation des Autochtones, ainsi que de l'effet produit par la COVID sur ces deux volets du Stampede, afin que les gens comprennent les arts et la participation des Autochtones au Stampede de Calgary et les difficultés que la COVID a créées?
Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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Je vous remercie de votre question. Pour vous donner une petite idée, je pourrais vous parler de quelques programmes qui sont liés en particulier aux arts et à la communauté autochtone.
Nous avons un programme pour les jeunes Autochtones. En 2019, environ 124 élèves ont suivi ce programme éducatif. Je trouve important d'attirer votre attention sur des programmes tels que notre Young Canadians School of the Performing Arts, qui comptait quelque 131 élèves. Nous avons notre orchestre de spectacle et nos programmes 4-H. Tous ces programmes sont touchés.
La plupart des gens ne savent pas qu'environ 50 000 enfants par an viennent d'une manière ou d'une autre en contact avec nos divers programmes éducatifs et les autres programmes qui sont offerts ici au Stampede de Calgary.
Comme je l'ai dit, malgré l'absence de revenus, nous continuons de travailler avec les créanciers pour assurer notre viabilité pendant cette période, mais inévitablement, nos dettes nous empêchent d'offrir ces programmes.
J'espère que cela répond à la question.
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Merci, monsieur le président.
Vous savez, vous avez soulevé un bon point, à savoir que nous sommes tous éloignés. Puisque nous venons de toutes les régions du pays à cette réunion, je tiens à souligner que je me trouve sur le territoire traditionnel des Anishinabe, des Haudenosaunee et des Neutres.
C'est pour moi un honneur d'être ici aujourd'hui. Je vais essayer de faire intervenir autant de témoins que possible dans ce court laps de temps.
Monsieur Pfeifer, vous avez fait une déclaration liminaire très émouvante sur l'importance des arts. J'ai mis de côté toutes les questions que je voulais poser. Je voulais parler de la santé mentale et de la façon dont nous pouvons lier la santé mentale aux arts, des manières possibles d'aider nos artistes à contribuer à la réalisation de cet objectif et de la façon dont nous pouvons préserver la santé physique, mais aussi mentale, des membres de nos collectivités.
Vous avez parlé de la protection de la culture. Il y a peut-être deux façons de le faire. D'une part, je me demande si vous pouvez nous en dire plus sur le centre des arts du spectacle dont vous parliez, le centre Qaggiavuut. Pourriez-vous me parler de l'importance d'un tel centre?
Je sais que M. Peers a également mentionné une école des arts du spectacle. Pouvez-vous me dire quelle est l'importance d'un lieu où les gens peuvent se rassembler et faire découvrir la culture et l'art?
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Je vous suis très reconnaissant de cette question, monsieur Louis.
Le centre des arts du spectacle que nous essayons de mettre en place est évalué à environ 45 millions de dollars. Ce serait en quelque sorte un legs pour le territoire et pour le Canada également, je dirais. J'espère qu'il sera situé ici, à Iqaluit, au Nunavut, où le tourisme joue un rôle important. Il est difficile d'imaginer, à l'heure actuelle, un centre des arts de la scène qui pourrait accueillir plusieurs centaines de personnes, en ces temps de COVID, mais il faut quelques années de toute façon. Que faisons-nous en attendant?
À cet égard, je pense que la santé mentale et le maintien des liens entre les personnes âgées, les jeunes, les femmes et les enfants, etc. sont très importants. Ce qui nous a manqué et ce vers quoi nous avons essayé de tendre, c'est l'infrastructure autour des médias et de l'apprentissage à distance. À Noël, nous espérons pouvoir lancer un événement important dans le cadre duquel nous allons encourager les enfants et les membres de la communauté à essayer de reproduire une chanson traditionnelle inuite. C'est ce à quoi nous nous engageons de façon soutenue, dans le but d'alléger le fardeau des précautions ou du confinement qui sont requis, peu importe la façon de désigner ces mesures. Nous essayons de trouver des moyens novateurs d'atténuer les préoccupations très lourdes que vous avez évoquées.
Merci beaucoup de cette question, monsieur.
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En ce moment, il y a évidemment des problèmes de capacité en matière d'Internet et de télécommunications dans les régions nordiques et éloignées. C'est bien connu, surtout dans les petites collectivités, que le coût de l'accès à Internet à la maison est élevé. Il y a aussi le coût élevé de l'achat d'un ordinateur portable, par exemple. Il y a le coût élevé d'un service Internet mensuel. Cela peut sembler un petit investissement, de 50 à 100 $ par mois, mais cela s'additionne, surtout quand on sait que nous avons un territoire de 1,8 million de kilomètres carrés où sont réparties seulement 26 collectivités.
Cela étant dit, je pense que les investissements, même s'ils se font à une échelle plus vaste, améliorent la capacité d'Internet et des télécommunications de ce pays. Vous savez, nous souhaitons des investissements dans l'équipement numérique, ainsi que la possibilité d'avoir ce genre de discussions au sein même d'une collectivité — par exemple, une collectivité de quelques centaines de personnes — et la possibilité de nous connecter d'un bout à l'autre du village.
C'est le genre de possibilités que nous recherchons. En fait, l'enjeu est l'amélioration de l'infrastructure Internet et son coût, et la compensation d'une partie de ce coût pour que nous puissions continuer à permettre aux enfants, aux mères et aux aînés de s'engager sur cette nouvelle plateforme.
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Oui, nous appellerons cela un investissement. Je sais que notre gouvernement est très conscient de la grande importance de l'accès à Internet dans les régions rurales et éloignées. Cela va se terminer par quelques satellites en orbite basse pour les endroits peut-être trop éloignés. Je vous remercie.
Je n'ai plus beaucoup de temps. Je voulais me tourner vers Calgary, où je dois dire que j'ai passé un certain nombre d'années comme musicien, monsieur Peers. Je passais environ trois semaines en juillet au Stampede, chaque année, à faire au moins cinq ou six représentations par jour. Je comprends l'importance de ces événements, et toutes les entreprises qui les entourent en profitent. Nous jouions dans des restaurants, des clubs, du petit déjeuner jusqu'au soir.
Je pense que nous devons, en tant que gouvernement, soutenir les entreprises qui dépendent des festivals pour obtenir tous ces fonds. Tous les festivals du pays apportent beaucoup aux collectivités. C'est pourquoi il y a la subvention salariale et la PCU pour ces artistes qui se déplacent.
Pouvez-vous également nous parler d'un soutien durable qui ne se limite pas au court terme? Comment pouvons-nous soutenir les arts et les festivals sur une longue période? Qu'est-ce qui vous aiderait?
Je vous remercie de cette question. Vous avez tout à fait raison. Le tableau est bien plus vaste que le Stampede de Calgary lui-même. Pour la collectivité, les 10 journées que dure le festival dont vous avez parlé se traduisent à elles seules par des retombées de plus de 200 millions de dollars.
Un soutien continu est toujours nécessaire, d'autant plus que nous continuons de travailler avec tous les groupes d'âge, des plus jeunes aux plus âgés, et avec des artistes professionnels. C'est vraiment une période difficile pour nous en ce moment. Nous avions un rôle plus physique et plus actif, grâce à des choses comme la Young Canadians School of Performing Arts, qui a dû passer au numérique, et nous essayons d'évoluer et de nous réinventer — je suppose que c'est le nouveau terme approprié — pour nous assurer que nous pouvons continuer à offrir certains des services en question. Mais cela devient incroyablement difficile, si l'on considère uniquement le service de notre dette et le paiement des honoraires des professionnels nécessaires pour enseigner dans le cadre de ces programmes.
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Je vous remercie de votre question.
L'analyse de l'accès au fond a révélé une faiblesse quant à l'application de ce qu'on pourrait appeler une « lentille des langues officielles » sur les investissements. Le fonds d'urgence de 500 millions de dollars a été réparti en deux phases. On a misé sur les canaux de financement existants. Nos organisations sur le terrain étaient très peu présentes dans les canaux déterminés pour la phase 1. Les canaux qui n'existaient pas correspondaient aux programmes d'appui aux langues officielles. Évidemment, cela a eu pour effet d'exclure plusieurs organisations de la francophonie canadienne des canaux de financement, puisqu'elles n'y étaient pas.
Heureusement, on a rectifié le tir lors de la phase 2. Les équipes au sein du ministère ont travaillé avec nous pour trouver des solutions. Une annonce a été faite à la fin d'août, et nous avons obtenu une enveloppe spéciale d'un peu plus de 1 million de dollars. Cela a permis entre autres aux communautés de langue officielle en situation minoritaire et aux groupes d'équité d'accéder à ce financement. Si l'on regarde la façon dont la majorité de nos groupes ont accédé au financement de la phase 2, on voit effectivement qu'ils sont passés par les programmes d'appui aux langues officielles. Cela a assurément répondu à un besoin. Même si l'on a juxtaposé cet objectif d'équité, il reste que c'est tant bien que mal que nos groupes ont réussi à obtenir du financement.
En Colombie-Britannique, en Ontario et en Acadie, certains petits diffuseurs culturels ne reçoivent toujours pas de financement, parce que ces organisations n'ont pas de mandat exclusif en culture. Parmi les critères définis pour les enveloppes de financement, on a exigé qu'il y ait un mandat exclusif en culture. Or, c'est une réalité peu fréquente chez nous. Nous avons des organisations en milieu minoritaire, qui sont dans des zones éloignées et qui ont plusieurs chapeaux. Par exemple, certains centres culturels ont un service de garde qui est juxtaposé à leurs activités. Ces joueurs ont été exclus du financement. Manifestement, les critères d'octroi du financement d'urgence faisaient fi de certaines caractéristiques propres à nos groupes de petite taille qui fonctionnent dans des milieux fragilisés.
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Je vous dirais deux choses. La première, c’est qu’il va falloir ajuster cette lentille des langues officielles dans l’appareil gouvernemental et s’assurer qu’elle est appliquée de façon rigoureuse. Dans l’énoncé économique présenté en début de semaine, on annonçait 181,5 millions de dollars supplémentaires pour le secteur. Cela est certainement bienvenu. On s’entend pour dire que cette pandémie n’est pas finie et que le secteur culturel aura encore besoin de cette aide. Il faudra donc s’assurer d'appliquer cette lentille sur les investissements à venir. Cela implique de cibler les programmes dans lesquels nos groupes sont présents et de tenir compte des réalités dans les critères d’octroi du financement. C’est la première chose.
Pour ce qui est de la deuxième chose, je vais reprendre un peu les propos de mon collègue M. Pfeifer. Pour nous aussi, la dimension numérique est importante, et notre secteur accuse un recul à cet égard dans la francophonie canadienne. L’accès à la large bande est aussi un défi dans plusieurs communautés éloignées. Le parc informatique et les équipements sont difficiles à renouveler. Il y a très peu de sources de financement qui permettent de faire cela. De plus, de façon générale, dans la francophonie canadienne, il y a un manque de connaissances et d’expertise en français dans le domaine. Les organismes n’ont pas tous la capacité de mettre en œuvre ces nouvelles façons de faire liées au numérique.
Cela m’amène à dire que, pour nous, il y a nécessairement un besoin d’investissement dans ce domaine, mais nous avons aussi besoin de mesures d’accompagnement pour aider les organismes à prendre le virage. Finalement, cela prend une stratégie numérique qui est propre aux réalités du secteur des arts et de la culture de la francophonie.
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Vous ne vous trompez pas, mais ma collègue Mme Morin y a touché dans l'une de ses réponses. L’inégalité vient du fait qu’on donne du financement aux organisations existantes selon des critères très précis en arts et en culture qui ne cadrent souvent pas avec nos organismes. En fait, nos organismes cadrent plutôt avec les mesures qui ont trait aux langues officielles.
Comme Mme Morin le disait, un organisme qui exploite une garderie, qui offre des cours de français aux parents après l’école ou qui gère des camps de jour, donc un organisme qui organise toutes sortes d’activités communautaires, ne cadre pas avec plusieurs des programmes de financement des arts et de la culture, parce que son mandat n’est pas lié aux arts et à la culture à 100 %. En soi, cela relève d’un problème historique où on essaie de faire cadrer les programmes très spécifiquement avec les activités des organismes. Résultat: nos organismes se retrouvent à être financés par les programmes d’appui aux langues officielles.
Nous nous faisons souvent dire que nos interlocuteurs, ce sont les responsables des programmes d'appui aux langues officielles, mais en fait, nous faisons plus que cela.
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Je commencerai par une démonstration de la façon de tenir le micro, je suppose.
Merci, et merci aussi à tous nos témoins d'aujourd'hui. C'est très intéressant.
J'ai le grand privilège d'intervenir après mon collègue, ce qui me permet en quelque sorte de combler les lacunes dans les questions qui ont été posées.
En tant qu'Albertaine, je m'en voudrais de ne pas commencer par M. Peers et le Stampede de Calgary. Je ne suis pas une députée de Calgary, mais je peux vous dire que cela ne m'a pas empêchée de participer souvent au Stampede. Votre équipe de hockey n'est pas aussi bonne que la nôtre, mais votre Stampede est de loin supérieur.
L'une des choses dont mon collègue M. Louis a parlé et que j'aimerais approfondir est l'effet profond sur la collectivité. Nous savons que le Stampede de Calgary dépasse le cadre des seuls lieux où se déroule le Stampede comme tel. Il se répercute sur toute la province, et assurément de façon massive sur toute la ville de Calgary.
Avez-vous des chiffres sur les retombées du Stampede? Avez-vous des faits réels sur les effets de cet événement au cours d'une année normale?
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Nous pourrions tous nous y rendre. Je serai votre hôtesse.
Pour ma prochaine question, je pense que je vais passer d'un festival fantastique en Alberta à un autre sujet.
Je suis d'Edmonton Strathcona, comme je l'ai bien sûr dit au groupe de témoins précédent. Nous avons une importante communauté francophone, et j'aimerais donc poser quelques questions à Mme Morin et à M. Théberge.
Pour ce qui est de l'accès équitable et du soutien à la francophonie hors Québec, dans d'autres régions du pays, je sais que vous nous avez donné beaucoup d'information, mais pourriez-vous nous donner les trois principales recommandations que vous faites au gouvernement fédéral et que nous pouvons lui transmettre dès maintenant? Quelles seraient ces trois choses?
Madame Morin, je vais commencer par vous.
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Merci beaucoup, monsieur Aitchison. J'aime nos discussions et votre question en particulier.
Oui, notre idée d'établir un centre des arts de la scène a fait l'objet d'un examen que nous avons mené avec détermination pendant deux ou trois ans. Nous avons investi considérablement dans ce processus. Par exemple, nous avons réalisé une étude de faisabilité et nous avons consulté de nombreux intervenants pendant un an. À un moment donné, un ministre fédéral du Patrimoine canadien a manifesté son intérêt. Nous commencions vraiment à voir qu'une augmentation des investissements essentiels de différents gouvernements était possible.
Le climat d'investissement politique actuel fait généralement en sorte qu'au sein de la famille fédérale, on aimerait combler cette lacune canadienne, comme je le préconisais. Le problème, en ce qui concerne le gouvernement territorial, c'est qu'on gère par crise. Une grande partie des fonds nécessaires au fonctionnement et aux programmes d'investissement est consacrée à la gestion des crises. Environ 60 à 70 % de son budget est consacré aux situations de crises qui sévissent dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des transports. Que reste-t-il alors pour des projets de legs comme le centre des arts de la scène du Nunavut?
Le rendement sur l'investissement dans ce centre des arts de la scène serait énorme. Un tel projet montrerait que le Nunavut et Iqaluit sont un pôle culturel où les gens du monde entier peuvent venir — de façon sécuritaire, bien sûr.
Quand on a un projet concret, un projet de construction comme celui-là, c'est comme si l'on construisait une université, ce que nous n'avons pas non plus. Le fait est, monsieur, qu'il s'agit en fait de l'élan que nous nous sommes donné. La présente réunion a été une merveilleuse occasion de vous en parler.
Enfin, ce que je veux dire, c'est que cet investissement dans les infrastructures vise vraiment à établir un lien avec le travail que nous effectuons à l'école dans les arts de la scène à l'échelle nationale et internationale. Encore une fois, il s'agit d'un effort générationnel local. Je pense que vous conviendrez que les arts de la scène sont une panacée incroyablement importante, peut-être, pour permettre à la prochaine génération d'Inuits de s'accomplir et d'être en santé.
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Madame Ien, je vous remercie beaucoup de la question et de l'intérêt que vous manifestez. Je vous félicite également.
Le rôle de la santé mentale dans les arts du spectacle, le lien entre les deux, est vraiment très profond. Dans la région du Grand Toronto et dans les grandes villes canadiennes, dans une perspective très multiculturelle, multidimensionnelle et intergénérationnelle, oui, il y a beaucoup de perspectives canadiennes fondamentales très traditionnelles sur ce que sont les arts de la scène. Au Nunavut et pour les Inuits, la capacité et le pouvoir de transmettre la connaissance d'une simple chanson dans le cadre de règles culturelles profondément codifiées font partie intégrante de la survie culturelle. C'est ce processus d'apprentissage de ce qui pourrait être une chanson de 30 secondes qui constitue en fait le code pour devenir une personne forte, accomplie et responsable qui prend le contrôle de ce processus d'apprentissage, qui devient éphémère avec cette chanson. C'est... Je n'ai pas eu le bonheur de faire ça; j'aurais bien aimé le faire.
La santé mentale est en réalité... Lorqu'on voit des jeunes, joyeux, se réunir et apprendre une chanson pour enfant amusante, on peut comprendre en quoi, dans n'importe quel contexte communautaire, cela représente un retour sur l'investissement si important. Il ne faut pas oublier que le Nunavut a tellement de magnifiques terres, de magnifiques sila, ce qui représente une partie importante du lien avec la santé mentale.
S'il y a ce lien entre la terre, les histoires et les familles, je pense qu'on commence à voir qu'il y a une solution immédiate ici. Le centre des arts de la scène aide à imaginer... Si vous avez déjà assisté à une pièce de théâtre, vous savez à quel point cela procure de la joie. Je pense que c'est en quelque sorte l'aspect santé mentale.
Nous avons tant de jeunes qui, malheureusement, subissent et gèrent les effets du suicide et de la violence familiale. Il y a des mères célibataires, des enfants qui sont dans des foyers d'accueil. Vous pouvez imaginer à quel point promouvoir les arts de la scène et investir dans ces arts signifie plus que donner à des enfants un peu d'argent pour qu'ils puissent créer une pièce de théâtre. C'est vraiment, mesdames et messieurs, beaucoup plus profond, et je vous remercie beaucoup de votre question.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur Pfeifer.
Ma dernière question s'adresse à tous nos témoins. Nous avons parlé un peu, et vous l'avez fait, du passage au monde numérique, mais ce que j'ai compris, c'est qu'il faut créer des incitatifs pour les gens.
Pouvons-nous en parler un peu, ou pouvez-vous nous dire ce que nous pourrions faire pour inciter les gens à participer activement à des événements virtuels liés aux arts et à la culture, au patrimoine et au sport? Comme nous l'avons constaté, le taux de participation aux événements virtuels est très faible.
Monsieur Peers, pouvez-vous commencer? Quand j'étais journaliste, j'ai couvert le Stampede de Calgary pendant plusieurs années. Je sais ce qu'il a à offrir. Avez-vous des idées sur la manière d'augmenter les taux de participation dans le monde numérique?
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Je vous remercie de la question.
Oui. Nous avons certainement constaté que, que ce soit en raison de la fatigue causée par les écrans, ou peu importe comment on appelle le phénomène, le taux de participation peut être faible. Cependant, je dois dire que, la plupart du temps, pour ce qui est des programmes destinés aux jeunes, de nombreux élèves et individus participent, non seulement à des programmes comme la Young Canadians School of the Performing Arts, mais à d'autres programmes par lesquels nous nous sommes réinventés.
C'est simplement qu'ils veulent faire partie d'une chose en laquelle ils croient fortement. Ils veulent participer. Ce n'est certainement pas la même expérience, mais nous avons eu un très bon taux de participation.
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Merci beaucoup, madame.
[Traduction]
Nous devons nous arrêter ici, tout le monde. Je vous remercie tous beaucoup.
Je veux remercier nos témoins, qui ont fait un travail formidable aujourd'hui. Monsieur Pfeifer, de la Qaggiavuut! Nunavut Performing Arts Society, je vous remercie. Merci, monsieur Dana Peers, président et président du conseil d'administration du Stampede de Calgary. Merci, madame Marie-Christine Morin, merci, monsieur Martin Théberge, de la Fédération culturelle canadienne-française.
[Français]
Merci beaucoup à tous.
[Traduction]
Je vous souhaite à tous une excellente fin de semaine.
Chers collègues, nous nous reverrons lundi. Nous devrons discuter des instructions de rédaction et des travaux du Comité. Passez une très bonne fin de semaine.
La séance est levée.