Bon retour à tous. Bienvenue à la 47e séance du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 12 avril 2021, nous avons entrepris l'étude sur la juste rémunération pour le travail dans le domaine de la publication de livres éducatifs au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride. La plupart d'entre nous seront dans nos salles virtuelles respectives, et dans le cas de Mme Bessette, il y aura en plus une toile de fond absolument superbe, comme vous pourrez le constater tout à l'heure, j'espère.
Comme vous le savez, lorsque vous nous regardez en webdiffusion, la personne qui parle est la seule que vous verrez à l'écran.
Nous arrivons maintenant au cœur du sujet. Voici comment nous allons procéder: au lieu de consacrer une heure à chaque témoin, nous allons entendre tous les témoins avant de passer aux questions, c'est‑à‑dire les six groupes de témoins que nous accueillons aujourd'hui. Si nous avons besoin d'une pause-santé, nous la prendrons à mi‑chemin. L'essentiel, c'est d'avancer.
Notre premier témoin n'a pas encore pu nous rejoindre à cause d'un problème technique. Nous lui donnerons la parole vers la fin, quand il sera en mesure de se reconnecter. Il s'agit de l'écrivain Bryan Perro, qui comparaît à titre personnel.
Passons donc aux organisations. Nous accueillons d'abord Roanie Levy, présidente-directrice générale, Access Copyright; ensuite Glenn Rollans, ancien président de l'Association of Canadian Publishers; suivi de Sylvia McNicoll, auteure, représentant la Société canadienne des auteurs, illustrateurs et artistes pour enfants; John Degen, directeur exécutif de la Writers' Union of Canada; et enfin, Philip Landon, administrateur en chef d'Universités Canada.
Pour la gouverne de nos témoins, nous avons fait toutes les vérifications nécessaires de son et nous sommes prêts à commencer. Vous disposez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons à chacun des caucus représentés au sein de notre comité.
Cela dit, madame Levy, je vais commencer par vous. Vous avez cinq minutes.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
Access Copyright est une société de gestion du droit d'auteur sans but lucratif fondée en 1988 par des créateurs et des éditeurs canadiens pour gérer la réutilisation de leurs œuvres par les établissements d'enseignement, les entreprises et les organismes sans but lucratif. Les licences collectives facilitent l'accès aux ouvrages et sont le gage de la juste rémunération des créateurs et éditeurs. C'est grâce à elles que les créateurs de chez nous peuvent documenter nos histoires et tisser la toile de l'expérience canadienne. Ces histoires nous disent qui nous sommes, d'où nous venons et où nous allons.
Je suis là aujourd'hui parce que, hormis au Québec, le secteur de l'éducation est revenu sur la promesse faite aux créateurs et aux éditeurs et au comité législatif qui examinait les modifications à la Loi sur le droit d'auteur.
Les représentants du secteur avaient cherché à rassurer le comité législatif en réitérant invariablement que l'utilisation équitable des ouvrages à des fins pédagogiques n'affecterait en rien les licences collectives ou le gagne-pain des créateurs et éditeurs. Pourtant, dès l'entrée en vigueur de la Loi sur le droit d'auteur de 2012, les établissements d'enseignement canadiens, autres que ceux du Québec, ont renoncé d'un seul coup aux licences collectives, au grand détriment des écrivains, artistes visuels et éditeurs. Sous prétexte d'exercer l'utilisation équitable, ils se sont donné pour consigne de copier gratuitement ce qu'ils payaient auparavant en vertu de notre licence collective.
Les établissements postsecondaires pouvaient satisfaire à tous leurs besoins en matière de reproduction en vertu d'une licence collective en versant 14,31 $ par année par étudiant, soit le prix d'un livre de poche, alors que pour une école de la maternelle à la 12e année, il suffisait d'un maigre 2,41 $ par élève par année. Or, voilà déjà 10 ans que le secteur de l'éducation prive les auteurs et éditeurs canadiens de leur juste rémunération.
Six cents millions de pages d'ouvrages publiés sont copiées chaque année sans que les auteurs soient rémunérés. La reproduction n'est pas autorisée par les bibliothèques universitaires ni offerte sous licence en libre accès. Ces 600 millions de pages ne sont pas sous licence. Les tribunaux et le Comité ont jugé que cette forme de reproduction nuisait au gagne-pain des créateurs et des éditeurs. Elle a remplacé l'achat de livres et fait chuter de 76 % les redevances correspondantes, qui représentaient autrefois 20 % des revenus de travail des créateurs et 16 % des profits des éditeurs.
Prenons par exemple Coteau Books, à Regina, qui a fermé ses portes après 40 ans d'activité. La pandémie mondiale lui a asséné le coup de grâce. Avec un éditeur régional en moins, il y aura dorénavant moins d'auteurs de la Saskatchewan, dont des écrivains autochtones, qui pourront raconter leurs histoires.
Ce n'est que la pointe de l'iceberg. Oxford University Press, Emond Montgomery et McGraw Hill ont tous quitté le marché de la maternelle à la 12e année.
En moyenne, le revenu net annuel d'un auteur canadien est de 9 380 $. Imaginez donc la vie d'un écrivain pendant une pandémie mondiale. Du jour au lendemain, ses revenus provenant des tournées de promotion, des festivals et des visites d'écoles s'évaporent d'un seul coup. Un chèque au titre des redevances qui lui sont dues pour la reproduction à des fins éducatives, sur lequel il aurait pu compter il y a 10 ans, lui aurait sans doute donné un peu de répit.
Le marché du contenu canadien à des fins éducatives est brisé et doit être réparé. Je suis là aujourd'hui pour vous rappeler que la solution existe et que la voie à suivre a été clairement tracée. Grâce aux travaux effectués par ce comité sous la présidence de Mme Dabrusin au cours de l'examen législatif de la Loi sur le droit d'auteur, vous avez en effet de quoi rétablir le marché en suivant les recommandations du rapport Paradigmes changeants. Je songe notamment aux recommandations 18 à 21.
C'est une solution que tous les partis de l'opposition appuient.
[Français]
Je remercie les deux vice-présidents du Comité, MM. Rayes et Champoux, ainsi que M. , porte-parole du NPD en matière de patrimoine canadien, d'avoir écrit au ministre pour exiger la mise en oeuvre immédiate de ces recommandations.
[Traduction]
Vous avez aussi une occasion imminente de les transformer en réalité.
L'Accord Canada-États-Unis-Mexique exige que le gouvernement apporte des modifications à la Loi sur le droit d'auteur d'ici la fin de 2022. Nous exhortons le Comité à collaborer avec le gouvernement pour donner suite aux recommandations 18 à 21 dans le cadre de ce projet de loi.
À moins de vouloir une société canadienne où la créativité est considérée comme un luxe, où le fait d'être créateur ou éditeur n'est pas un mode de vie, mais un simple passe-temps, une société où les élèves auront moins accès aux histoires canadiennes et en sauront plus sur la Constitution américaine que sur la Charte canadienne des droits et libertés, il faut régler le problème d'ores et déjà.
Merci de votre temps. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je vous parle aujourd'hui au nom de l'Association of Canadian Publishers, à titre de membre bénévole de son conseil d'administration.
Avant de poursuivre, je tiens à souligner en cette Journée nationale des peuples autochtones que je suis très reconnaissant de me joindre à vous depuis Amiskwacîwâskahikan, ou Edmonton, qui se trouve sur le territoire visé par le Traité no 6 et qui est un foyer ancestral et un lieu de rencontre de nombreux peuples autochtones. Je m'efforce toujours d'intégrer ma gratitude de vivre et de travailler ici dans mon travail quotidien comme éditeur de livres.
Je suis propriétaire de Brush Education et de Freehand Books, deux maisons d'édition situées en Alberta. Brush Education se spécialise dans les ressources pédagogiques de l'enseignement supérieur et Freehand est une presse littéraire. Je suis écrivain, rédacteur en chef et éditeur depuis plus de 40 ans.
Notre association représente 115 maisons d'édition indépendantes de langue anglaise. Nos membres appartiennent à des intérêts canadiens et exercent leurs activités d'un bout à l'autre du pays. Avec nos collègues francophones, nous publions chaque année 80 % des nouveaux livres d'auteurs canadiens. Nous avons des livres de tous genres, en format papier, aussi bien que numérique. Si nous n'existions pas, 80 % des nouveaux livres ne seraient pas publiés, réduisant ainsi au silence de nombreuses voix marginalisées.
Les éditeurs canadiens indépendants travaillent avec des équipes de créateurs à la production de ressources pédagogiques dans lesquelles les élèves et étudiants canadiens peuvent se reconnaître. Les visages dans nos ressources ressemblent à ceux de leurs camarades de classe: diversifiés et inclusifs. Les valeurs dans nos ouvrages sont celles qui sont énoncées dans les programmes d'études de leur province. Ce sont les langues et les orthographes des élèves qui y sont représentées. L'histoire est leur histoire. Les lieux sont les leurs. Les récits, ce sont leurs récits.
Voilà ce que l'on perd quand on permet la reproduction généralisée et injustement non rémunérée dans le secteur de l'éducation.
Je sais que la séance d'aujourd'hui vise à faire le point sur la question de la juste rémunération des éditions éducatives. J'ai témoigné ici en octobre 2018, et je regrette de devoir répéter mes propos aujourd'hui parce que si peu a changé. Nous n'avons fait qu'aller de mal en pis ces trois dernières années.
Dans ma propre entreprise, Brush Education, les revenus de licence d'Access Copyright ont chuté d'environ 80 % de 2012 à 2020. Cette baisse est principalement attribuable au fait que le secteur canadien de l'éducation hors Québec, a refusé d'obtenir des licences auprès de Access Copyright ou de respecter les tarifs établis par la Commission du droit d'auteur du Canada. Cette perte de revenus est un coup porté à ma confiance, qui me fait hésiter à l'heure d'investir dans de nouvelles œuvres; un coup porté à ma capacité d'employer des écrivains, des rédacteurs en chef, des illustrateurs et des concepteurs; un coup porté à ma capacité de rendre service aux enseignants et aux élèves; et un coup porté à mes possibilités de faire prospérer mes entreprises.
Dans ce contexte, de nombreux membres de notre association ont dû abandonner ou réduire leurs programmes destinés aux écoles, de la maternelle à la 12e année.
En plus de perdre des revenus directs à cause de la reproduction, nous avons vu nos marchés de ventes directes diminuer. Imaginez donc si vous êtes un étudiant ou un enseignant à court d'argent et les administrateurs vous disent que vous pouvez désormais copier gratuitement ce que vous payiez auparavant. Il n'est pas étonnant que, dans une telle situation, on cesse de payer les éditeurs et les créateurs pour leurs nouvelles œuvres et qu'on parte à la chasse au trésor pour les anciennes.
Je sais que le secteur de l'éducation accorde encore assez d'importance à notre travail pour se donner la peine de le copier, mais pas assez pour nous payer.
À de nombreuses étapes au cours de la dernière décennie, alors que les dommages causés à mon secteur s'accumulaient en temps réel, on nous a dit d'attendre. Attendez de nouvelles recherches. Attendez les tribunaux. Attendez l'examen parlementaire de la loi. Vous avez entendu ou vous entendrez dire que la bonne chose à faire maintenant est d'attendre la décision de la Cour suprême du Canada dans les appels de Access Copyright c. Université York. Je vous supplie de reconnaître que, quelle que soit la décision de la Cour suprême, elle ne réglera pas le problème. Cela nous replongera dans un cycle de litiges que nous détestons et que nous perdrons inévitablement, car nous sommes très loin d'avoir les moyens du secteur de l'éducation pour continuer à nous battre.
La bonne nouvelle, c'est que le Comité a déjà cerné des solutions dans son rapport de mai 2019 intitulé Paradigmes changeants, dans les recommandations 18 à 21, comme l'a précisé Mme Levy.
Au nom de l'Association of Canadian Publishers, je reprends vos propres recommandations et je vous recommande aujourd'hui de réformer la loi pour qu'elle ne serve plus de prétexte à la reproduction non rémunérée.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de votre bon travail et de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole au nom de la Société canadienne des auteurs, illustrateurs et interprètes pour enfants, les principaux créateurs du secteur de l'éducation, surtout de la maternelle à la 12e année.
Tout d'abord, je tiens à rendre hommage à cinq collègues autochtones avec qui je partage le paysage des récits. J'ai nommé Monique Gray Smith, de l'île de Vancouver, lauréate du prix Burt de littérature des Premières Nations, Inuits et Métis; Cherie Dimaline, de Vancouver, lauréate du Prix du Gouverneur général; Jacqueline Guest, de l'Alberta, membre de l'Ordre du Canada; Melanie Florence, auteure résidant à Toronto; et Rebecca Thomas, auteure et lauréate du Prix TD de littérature canadienne pour enfants, et poète lauréate du Prix du Gouverneur général, de la côte Est. Toutes ces femmes autochtones ont été publiées par de petits éditeurs canadiens.
Nous vous sommes reconnaissants d'avoir rédigé et soutenu Paradigmes changeants et nous vous disons merci à l'avance pour son imminente mise en œuvre.
Comme auteure de romans pour enfants et jeunes adultes, j'ai commencé à écrire pour gagner ma vie il y a plus de 33 ans, lorsque le respect des écrivains et du droit d'auteur était élevé et que chaque école tenait à accueillir des auteurs pour parler aux élèves, organisant même des journées spécialement consacrées à de tels événements.
Mon premier livre est paru l'année de la création du Copyright Collective. Il a été choisi comme roman à étudier dans les Maritimes, ce qui signifie la vente instantanée de 2 000 livres et un nouveau tirage. Selon les chiffres d'aujourd'hui, cet ouvrage s'inscrirait probablement dans la catégorie des best-sellers.
J'inspire les enfants à lire et à écrire. C'est mon travail. C'est aussi ma passion. J'ai eu droit à des accolades de la part de parents parce que mon livre était le premier à être lu par leurs enfants. C'était, bien sûr, à l'époque où nous pouvions nous embrasser. La semaine dernière, j'ai reçu une petite note d'Orson me disant de continuer à écrire, et sa mère m'a cousu un sac en forme d'avocat. J'ai donc remporté le prix « avocat » la semaine dernière.
Depuis mon premier roman, bon nombre de mes histoires ont fait le tour du monde. J'ai parfois eu la chance de les suivre en personne et de parler à des milliers d'enfants en Colombie et en Corée du Sud qui arboraient mon livre fièrement. J'adore être la voix canadienne qui lance un appel au reste du monde.
Aussi idyllique que cela puisse paraître, je dois gagner ma vie, comme tous les auteurs, en visitant les écoles et les bibliothèques, en écrivant des livres et des articles, en enseignant et en demandant des subventions. Les droits de prêt public et le remboursement d'Access Copyright étaient des revenus statiques sur lesquels je pouvais compter pour les paiements hypothécaires et l'épicerie. Je n'avais pas à travailler jour et nuit pour les obtenir. C'était un temps de prospérité. Mais ce temps est révolu pour Access Copyright.
À l'époque de la parution de mon premier roman, qui était au programme, je pouvais compter sur la vente d'une trentaine de livres par classe. Au fil des ans, ce chiffre a chuté à cinq, et ce en raison de nouveaux principes pédagogiques, de compressions budgétaires et, disons‑le, à coup de photocopies et de téléchargements. Les enseignants étirent leurs budgets de leur mieux, et je ne leur en veux pas.
Nous sommes toujours du côté des enseignants. Cette année, comme la plupart des écrivains, j'ai vite fait de m'équiper d'un mini studio de télévision pour pouvoir faire des visites virtuelles en classe. J'ai demandé des subventions qui permettaient aux écoles d'offrir des présentations entièrement financées. Certaines étaient assorties de livres d'une valeur de 100 $. Les enseignants ont tout de même photocopié des chapitres entiers pour les distribuer à tous les élèves.
Des enfants colombiens et coréens agitent mes romans comme des drapeaux. Les enfants de ma ville feuillètent le papier. Les devoirs de mon propre petit-fils comprenaient la lecture d'une photocopie assez bâclée d'un conte populaire autochtone. Je suis sûre qu'il aurait été tout autrement inspiré s'il avait eu le livre entre ses mains.
Avec 17 visites virtuelles — trois dans des écoles du Nord, dont 50 % sont des élèves autochtones —, les enseignants lisent mon roman en ligne du début à la fin. En raison de la réglementation sur la COVID, certains conseils scolaires ont interdit l'achat de livres. Surtout dans le Nord, je leur ai permis de m'enregistrer pour que les élèves qui ont accès à Internet puissent le regarder à leur gré. Je sais que mes collègues auteurs de livres d'images ont permis que tous leurs livres soient reproduits de cette façon et décrits lors des tournées de contes.
Nous sommes ici pour le Canada. Nous voulons que les écoles utilisent notre travail. C'est la meilleure façon d'enrichir notre culture, mais nous avons besoin de votre appui.
Plus que jamais, avec la fermeture des librairies et le gel des budgets des bibliothèques scolaires et publiques, l'achat de livres a pris un coup. Un de mes éditeurs qualifie cette année comme la pire que l'on n’ait jamais connue. Pour moi, même avec un contrat pour un nouveau roman que je viens de signer et quelques ventes à l'étranger, mon revenu sera réduit de moitié cette année, et ce sera le quart de ce que j'avais gagné avant l'utilisation équitable en 2012.
Ma petite-fille veut être écrivaine, mais si le Comité du patrimoine canadien ne peut pas mettre en œuvre les suggestions de Paradigmes changeants, je lui dirai de faire plutôt des études de droit. Il n'y aura pas de travail de rédaction, et nos revendications ne feront que s'éterniser devant les tribunaux. Qui racontera nos histoires à ce moment‑là?
Cette année de pandémie, je crains que de nombreux éditeurs ne fassent faillite. Je crains pour les emplois culturels de nos enfants. Plus encore, je crains pour notre voix future.
Merci beaucoup de m'avoir écoutée.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour. Je remercie le Comité de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je vous parle aujourd'hui depuis Tkaronto, sur la rive nord du lac Ontario, qui est lié par Dish With One Spoon, un traité que les Anishinabe ont conclu avec les Haudenosaunee pour partager le territoire, promouvoir la paix et protéger le territoire. Je suis très, très reconnaissant d'être ici.
Je travaille pour la Writers' Union of Canada. Je représente ici plus de 2 300 auteurs, que l'on retrouve dans chaque province et territoire du Canada. Je suis également président de l'International Authors Forum, dont le siège social est au Royaume-Uni, où je travaille pour plus de 700 000 professionnels de la création situés dans le monde entier. Ce sont mes emplois de jour, mais si je ne travaillais pas pour la Writers' Union, je serais membre du syndicat, parce que je suis moi-même un auteur publié. Rien de ce que je dis ici aujourd'hui n'est un concept abstrait ou théorique pour moi. Comme j'en ai aussi fait l'expérience, je comprends les difficultés des auteurs canadiens comme Sylvia McNicoll.
Je suis venu à Ottawa à maintes reprises pour discuter de cela. J'ai rencontré des membres du personnel du Cabinet du , des sénateurs, des ministres, des secrétaires parlementaires et des députés — un grand nombre d'entre vous, en fait — et, comme Glenn Rollans l'a mentionné, j'ai témoigné devant votre comité et j'ai présenté des mémoires dans le cadre de nombreuses consultations sur le droit d'auteur. Cette question est tellement importante dans mon travail depuis une dizaine d'années que j'ai un scénario assez standard dont les thèmes sont l'équité, les dommages aux revenus de création, les retards douloureux et les solutions simples.
J'espère que nous aborderons tous ces thèmes au cours de notre discussion d'aujourd'hui, mais ma déclaration préliminaire est axée sur un autre concept. Je vais parler du respect.
Mon fils vient de terminer sa première année dans une université canadienne. C'était évidemment loin d'être idéal. Il a travaillé toute l'année dans sa chambre sur Zoom. Il commencera probablement sa deuxième année de la même façon. Si mon fils était ici, il vous dirait qu'il s'est senti très désorienté de traverser ainsi l'un des moments les plus importants de sa vie. Naturellement, l'université a fermé tous les services fournis aux étudiants en présentiel. Il n'y avait pas de clubs, il n'a pas rencontré ses camarades de classe et il n'a pas pu travailler pour la station de radio ou pour le journal du campus — du moins pas comme je le faisais quand j'avais son âge. Mon fils n'a toujours pas de carte de bibliothèque de son université.
Il ne fait aucun doute que le produit éducatif livré à mon fils l'année dernière n'a pas été le produit annoncé, et pourtant, nous n'avons pas reproché à l'université de nous facturer les droits de scolarité et les frais d'université, et nous aurions même été heureux de payer les droits de reproduction de 14,31 $.
Pourquoi? Parce que nous respectons la valeur de l'éducation et nous pensons que lorsqu'un service est payant, il faut le payer, sinon on ne le reçoit pas. Les auteurs canadiens comptent parmi les professionnels les plus instruits de notre société. Plus de la moitié des membres du syndicat ont plus d'un diplôme, ce qui signifie que collectivement, ils ont versé des sommes énormes dans le système d'éducation par respect pour ce système. Nous demandons simplement le même respect en retour. Comme notre revenu quotidien provient directement des droits d'auteur, nos œuvres publiées ont un prix, et nous nous attendons à être payés équitablement.
Dans toutes les réunions que j'ai mentionnées à Ottawa, j'ai beaucoup parlé des répercussions économiques que nous avons subies au cours de ces 10 dernières années. Les auteurs canadiens ont perdu beaucoup de revenus, parce que le système d'éducation a décidé de ne pas payer ses factures. De nombreuses carrières créatives ont été ralenties, dégradées ou même interrompues à cause de la destruction cynique de ce marché. En un certain sens, il est impossible de mesurer ces dommages, car comment compter le nombre de livres qu'un auteur n'a pas écrits après avoir abandonné sa carrière? Comment compter le nombre de ventes de droits étrangers pour ces livres non écrits ou le nombre d'adaptations télévisuelles ou cinématographiques qui n'ont jamais eu lieu parce que l'auteur ne pouvait tout simplement plus produire, alors que l'on étudie encore ses ouvrages dans les écoles du pays?
Je parle beaucoup de la perte de revenus et de créativité, qui est extrêmement grave. Pourtant, quand je discute avec les membres du syndicat, ils mentionnent presque toujours avant tout le manque de respect qu'ils subissent à cause de cette situation, un manque de respect du système d'éducation, qu'ils auraient voulu considérer comme un partenaire.
La présidente actuelle du syndicat, Rhea Tregebov, vient de prendre sa retraite. Elle enseignait un programme de création littéraire canadienne au niveau de la maîtrise en beaux-arts. Elle explique qu'elle a dû contourner la politique officielle de son université pour n'utiliser aucune copie non autorisée d'œuvres d'écrivains, par respect pour ses collègues auteurs.
Nous demandons maintenant au système d'éducation et au Parlement de nous traiter avec respect. Quand nous nous adressons à la Commission du droit d'auteur pour défendre nos droits, on nous écoute. Quand nous nous adressons à la Cour fédérale pour défendre nos droits, on nous écoute. Quand nous témoignons à des audiences d'examen du droit d'auteur, on recommande nos solutions au Parlement. Tous ces recours de défense de nos droits nous coûtent énormément de temps et d'argent, ce que les auteurs n'ont tout simplement pas. Malgré toutes ces démarches, nous attendons encore que ce problème se règle.
Nous vous supplions de le régler et de mettre en œuvre les recommandations du rapport intitulé Paradigmes changeants, qui ont été mentionnées à plusieurs reprises. Nous vous prions de le faire aussitôt que la loi sera modifiée pour l'Accord Canada-États-Unis-Mexique.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invité à comparaître au nom d'Universités Canada. J'aimerais saluer la nation algonquine, car je parle aujourd'hui sur son territoire traditionnel non cédé.
Universités Canada représente 96 universités, dont la mission d'enseignement, de recherche et d'apprentissage est fondamentale pour préparer les étudiants à acquérir les compétences qu'il leur faut pour soutenir la concurrence dans notre économie. Universités Canada et ses établissements membres ont participé activement à l'examen de la Loi sur le droit d'auteur mené en 2018‑2019 ainsi qu'à l'étude de cette loi par le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. En 2016, nous avons aussi contribué à l'examen de la politique culturelle canadienne.
Les universités créent, acquièrent et utilisent des ouvrages protégés par le droit d'auteur. Elles tiennent à suivre une approche équilibrée en matière de droit d'auteur. Elles font partie intégrante de la communauté culturelle canadienne. Le succès des industries culturelles canadiennes leur tient très à cœur. Elles ont pour mission d'instruire et de préparer la prochaine génération de créateurs, d'entrepreneurs culturels et de publics au Canada. Les universités offrent plus de 3 000 programmes distincts d'éducation et de formation dans toute la gamme de la culture, notamment les beaux-arts et les arts de la scène, le design, le journalisme et les communications ainsi que les sciences humaines.
Notre secteur s'est engagé à respecter le droit d'auteur et à aider les artistes émergents et les industries créatives à prospérer. Nous savons d'expérience que les problèmes financiers auxquels de nombreux artistes, musiciens et écrivains canadiens font face sont très graves. Nous comprenons aussi les répercussions très réelles que le secteur culturel subit à cause de la pandémie de la COVID‑19. Les universités canadiennes ont elles aussi fait face à des obstacles sans précédent en ces temps difficiles, et elles ont été en mesure de se transformer et de s'adapter à l'utilisation de modèles d'enseignement en ligne et hybrides pour soutenir l'apprentissage de leurs étudiants pendant ces 15 derniers mois d'incertitude. Elles ont subi de fortes pressions budgétaires.
Malgré toutes les pressions que la pandémie a créées, nous avons bon espoir que la situation s'améliorera au cours de ces prochains mois à mesure que les Canadiens seront vaccinés et que nous retournerons à la normale. Cependant, les pressions à plus long terme sont enracinées dans la perturbation numérique, qui change la façon dont les gens obtiennent les contenus. C'est le plus grand défi des titulaires de droits d'auteur.
Ce fait se reflète sur les campus partout au Canada. Pour répondre aux besoins changeants de leurs clients, les bibliothèques modifient leurs modes d'acquisition. Les étudiants s'attendent à pouvoir accéder au contenu de leurs cours en tout temps, de n'importe où et sur de multiples plateformes.
Depuis 15 ans, la circulation des collections imprimées des bibliothèques universitaires a graduellement diminué. Les résultats d'études menées dans une université indiquent que près de 70 % de la collection d'imprimés de la bibliothèque n'a pas été retirée des étagères, et encore moins sortie, depuis 2004. Cependant, les dépenses des bibliothèques universitaires canadiennes augmentent chaque année. En 2018‑2019, le coût des acquisitions des bibliothèques universitaires canadiennes a dépassé 400 millions de dollars. Selon Statistique Canada, les universités ont dépensé plus de 1 milliard de dollars au cours de ces trois dernières années pour acheter du contenu pour leurs bibliothèques et pour leurs étudiants. Nous achetons plus que jamais.
L'augmentation du contenu numérique des bibliothèques et l'utilisation des réserves électroniques de nombreuses universités soutiennent mieux l'apprentissage des étudiants et rendent les universités plus accessibles. Contrairement aux livres imprimés, le contenu numérique acheté par les bibliothèques universitaires comprend généralement des droits de reproduction. Dans la plupart des cas, le contenu n'est pas copié, mais il est partagé au moyen de liens protégés par des verrouillages numériques.
Les universités demeurent déterminées à respecter le droit d'auteur. Elles ont créé des bureaux sur le droit d'auteur au campus, habituellement situé à la bibliothèque, pour conseiller les professeurs, les étudiants et le personnel et pour les inciter à respecter la Loi sur le droit d'auteur en leur montrant comment l'interpréter et en utiliser le contenu de manière équitable. De nombreuses universités choisissent de conclure une entente pour acheter une licence collective. D'autres achètent directement les licences et exercent leurs droits d'utilisation prévus par la Loi. La Cour suprême du Canada considère l'utilisation équitable à des fins éducatives comme un droit et a reconnu à maintes reprises l'importance d'équilibrer les intérêts en matière de droit d'auteur.
Le marché des industries créatives évolue. Dans leur témoignage du 22 mai 2018, les fonctionnaires ont longuement parlé des graves problèmes que le virage numérique cause sur le marché. Que peut faire le gouvernement fédéral pour atténuer les répercussions de ces perturbations sur l'économie créative? Nous encourageons les membres du Comité à envisager d'établir des politiques et des programmes qui aident directement les créateurs individuels et qui soutiennent les secteurs qui aident à commercialiser le travail des créateurs.
La prospérité et le succès des industries créatives canadiennes dépendent de l'échange des idées et du savoir. En modifiant l'utilisation équitable, on freinerait ce flux vital et l'on entraverait l'éducation, la recherche, l'innovation et la création, qui sont essentielles à un écosystème culturel dynamique et prospère.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci. Je vais présenter cette déclaration préliminaire en français, si vous me le permettez.
[Français]
Bonjour.
Mon nom est Bryan Perro. J'habite à Shawinigan, mais je n'ai rien à voir avec Jean Chrétien. Je suis un écrivain connu au Québec et un peu partout dans le monde entier, parce que j'ai vendu 1,7 million de livres au Canada français seulement. Mes livres sont traduits en 24 langues et sont présents dans 27 pays, ce qui fait de moi l'un des écrivains québécois les plus traduits dans le monde et peut-être aussi au Canada. J'ai écrit une série de 15 livres qui s'appelle Amos Daragon et qui est basée sur la mythologie, le fantastique et le médiéval.
J'ai été éditeur pendant dix ans et libraire pendant cinq ans. J'ai fait des spectacles à grand déploiement, j'ai participé à une série télévisée sur mon œuvre et j'ai participé, avec l'Orchestre symphonique de Montréal, ou OSM, à de grands concerts. Tout cela fait de moi quelqu'un qui est capable de comprendre l'écologie du monde du livre, du monde du spectacle et du monde du droit d'auteur, ainsi que l'importance que cela a pour un auteur, puisqu'il s'agit de sa création et de sa propriété.
J'ai commencé à écrire à l'âge de 24 ans, et j'en ai 53 aujourd'hui. J'ai écrit mon premier roman à l'aide d'une bourse de 10 000 $ du Conseil des arts et des lettres du Québec. Selon vous, combien de livres ai-je vendus? Ne répondez pas, c'est une question rhétorique. J'en ai vendu 133. Vous me direz que, pour une bourse de 10 000 $, 133 livres, cela fait cher du livre.
J'ai reçu une seconde bourse de 10 000 $ pour mon deuxième roman et, cette fois, j'ai vendu 134 copies. C'est beaucoup mieux. Cela fait un peu moins cher du livre. Ensuite, j'ai écrit mon troisième roman, toujours à l'aide d'une bourse, et j'ai réussi à vendre 800 exemplaires. On sent qu'il y a une montée. Elle n'est pas exceptionnelle, mais on sent qu'il y a un changement.
Ensuite est venue ma série de 15 livres, Amos Daragon, qui s'est vendue, comme je vous l'ai dit, à 1,7 million d'exemplaires au Québec et au Canada français. Elle a été traduite dans 24 langues et dans 27 pays. Elle a connu un succès notable en France, bien sûr, et également au Japon. Vous allez retrouver mes livres un peu partout, jusqu'en Bulgarie.
Restons dans les chiffres et faisons un calcul. Le gouvernement, qu'il soit provincial ou fédéral, a investi en moi, comme jeune auteur, 30 000 $. Juste avec les livres que j'ai vendus au Canada, j'ai rapporté à l'économie 20 315 000 $ en librairie, en édition et en distribution, sans oublier la part qui revient à l'auteur, ce qui donne à l'impôt québécois ou canadien 4 469 300 $, pour un investissement de 30 000 $.
Vous allez me dire que ce n'est pas tout le monde qui réussit comme moi. Je le sais, mais, pour chaque auteur qui réussit comme moi, combien d'auteurs paie-t-on pour prendre la relève et rapporter de l'argent? On parle ici de création, mais on parle également d'une industrie culturelle. Or celle-ci est basée sur ses créateurs, qui y contribuent et rapportent concrètement de l'argent. Quand je reçois mes redevances au Japon et que je paie des impôts au Canada, cela va dans les coffres du Canada, bien sûr, et non dans les coffres de la France. Voilà une raison de bien payer ses auteurs, et ce, à chaque étape.
Le droit d'auteur est inaliénable depuis Beaumarchais, en France. Il appartient à l'auteur. On ne peut pas utiliser du contenu protégé par le droit d'auteur et ne pas payer de redevances. Je vais vous donner un exemple. Je vois M. Rayes, que je connais. Disons que M. Rayes a travaillé pour acheter une voiture. Cela signifie qu'elle lui appartient. Si j'entre chez lui et que je lui dis que je vais prendre les clés de sa voiture, M. Rayes va me demander pourquoi. Si je lui dis que c'est parce que je suis directeur d'école et que ce serait bien si son automobile servait à une bonne cause, M. Rayes va me dire qu'il a travaillé pour pouvoir l'acheter et qu'elle lui appartient. J'aurai beau lui dire que c'est pour une bonne cause, soit l'éducation des enfants, cela ne fonctionne pas comme cela.
Tous les députés qui siègent au Parlement sont payés, n'est-ce pas? Alors, pourquoi un auteur qui crée une œuvre ne devrait-il pas avoir un juste paiement pour ses droits de reproduction et un juste paiement pour son travail?
Il ne s'agit pas ici de justice, mes amis, il s'agit d'équité et de la prospérité intellectuelle et financière de notre pays.
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Oh, vraiment? Eh bien, joyeux anniversaire en retard.
Bon, alors merci à vous tous. Cela met fin aux déclarations préliminaires de nos témoins.
Nous allons maintenant passer aux questions, et j'ai quelques conseils pour tout le monde.
Comme vous le savez, notre liste de témoins est assez longue. Ils sont tous les six ici. Chers collègues, il nous serait très utile que vous précisiez à qui vous voulez poser votre question, au lieu de dire que vous avez une question et que n'importe qui peut y répondre. Cela a tendance à gruger beaucoup de temps et à créer un peu de confusion, puisque nous avons six témoins ici. Vous m'aideriez beaucoup.
Mesdames et messieurs les témoins, maintenant que j'accorde cinq ou six minutes à mes collègues, le temps leur appartient. Si vous voulez participer à une conversation, je vous demanderai de lever la main ou de faire un signe du genre pour attirer l'attention de la personne qui pose la question. Je demanderai à mes collègues d'en être conscients.
Nous passons maintenant la parole aux conservateurs et à M. Rayes. Monsieur Rayes, vous avez six minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins. Je me permettrai de saluer M. Perro, qui est du Québec.
Vous avez dressé la nomenclature de tous ces grands succès. J'ai trois enfants et je veux vous dire que vous avez été l'auteur préféré de mon garçon. Nous avons les 15 livres de la série Amos Daragon à la maison. Je vous félicite pour votre grand succès. Un autre auteur de ma région que vous connaissez certainement, M. Alain Bergeron, a aussi écrit beaucoup de livres pour enfants.
Je suis à même de constater l'effet de votre travail, et de celui de tous les auteurs qui sont présents, sur la vie des jeunes en ce qui concerne l'apprentissage de la langue et la découverte du monde. Grâce à toute cette créativité que vous mettez sur papier, les jeunes peuvent lire vos ouvrages et en profiter. On connaît l'importance de la lecture dans l'apprentissage de la langue.
Dans mon passé, j'ai été enseignant au secondaire et directeur d'école au primaire et au secondaire. En ce qui a trait à la question des droits d'auteur, je suis à même de constater le défi de faire respecter la réglementation auprès du personnel qui fait des copies, malheureusement. Il ne le fait pas toujours de mauvaise foi, mais ce genre de pratique confirme l'importance d'avoir une bonne réglementation et de s'assurer que tous les établissements scolaires la respectent pour aider les auteurs.
Monsieur Perro, j'aurai une question pour vous, mais je vais poser ma première question à Mme Levy, qui représente le groupe Access Copyright.
Nous avons envoyé une lettre au ministre , comme vous l'avez mentionné. En mai 2019, tous les partis politiques ont participé à une étude du Comité permanent du patrimoine canadien. Cela fait plus de deux ans. Vous avez souligné que les recommandations 18, 20 et 21 pourraient être appliquées immédiatement et qu'elles pourraient venir en aide aux auteurs.
Pouvez-vous expliquer ces trois recommandations aux membres du Comité et aux gens qui nous écoutent?
Je remercie M. Rayes de me donner de l'occasion de souligner les recommandations qui ont été incluses dans le rapport. En gros, l'une de ces recommandations propose clairement un retour à la gestion collective. Le but des autres recommandations est de souligner la manière dont on va s'assurer techniquement qu'il y a un retour à la gestion collective.
L'une de ces recommandations stipule que, lorsqu'il y a une utilisation équitable et qu'une œuvre est disponible sous licence par un éditeur ou par une société de gestion collective, l'utilisation équitable n'est plus disponible pour les établissements d'enseignement. L'utilisation équitable demeure disponible pour l'étudiant, mais pas pour ces établissements. Le but est de s'assurer qu'il n'y a pas de reproduction massive et systématique sans compensation. C'est une recommandation importante.
L'autre recommandation a à voir avec les dommages prévus par la loi. Elle sert justement à s'assurer qu'on ne passe pas notre temps à poursuivre les gens et qu'il y a un incitatif à se présenter à la table de négociations et à conclure des ententes avec la société de gestion collective.
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Monsieur Degen, je vous remercie.
Madame McNicoll, je veux maintenant m'adresser à vous et vous remercier pour les livres que vous publiez. Mes nièces et ma fille les aiment beaucoup, alors merci beaucoup.
J'ai une question cependant, parce que vous avez parlé des voix futures. Vous nous avez dit que votre petite-fille voudrait devenir écrivaine, mais que vous lui conseillerez plutôt de se lancer dans une carrière d'avocate. Cela me crève le cœur, car nous avons besoin de gens créatifs. Nous avons besoin d'écrivains dans notre pays. Les écrivains doivent être célébrés à toutes les occasions qui se présentent. Je ne dis pas cela parce que j'en suis une, mais parce que j'en suis profondément convaincue.
Parlez-moi un peu plus de ce que vous voyez chez les jeunes, les jeunes voix, à part celle de votre petite-fille, celles des gens à qui vous avez sûrement parlé et celles des lecteurs de vos livres. Dites-moi où en sont les choses, parce que ce qui se passe actuellement les touche directement et les touchera à l'avenir.
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Tout d'abord, parlant des visites d'auteurs, comme je l'ai dit, quand j'ai commencé et quand on a créé la Copyright Collective, nous étions axés sur la langue. Le système d'éducation insistait pour faire lire des romans aux élèves afin de leur enseigner la grammaire et l'orthographe et de les inciter à aimer lire. Alors, comme je le disais, nous visitions tous les jours des écoles.
Il y a aussi une révolution technologique. On veut des laboratoires ouverts et on veut apprendre à coder, alors quand un auteur héroïque visite une école, personne ne lui fait la fête. Toutefois, je reçois encore des lettres sur papier envoyées par courrier « escargot » et des lettres d'admirateurs, car les enfants désirent encore écrire. Je vous ai montré la lettre d'Orson afin de pouvoir lui dire que j'ai montré sa lettre au Parlement. Je les encourage encore à devenir écrivains, mais ils devraient peut-être exercer le droit pendant leur temps libre.
Pour ce qui est des répercussions, les enfants ne connaissent rien au droit d'auteur, et je dirais que les enseignants non plus. Ils pensent qu'ils s'y connaissent. Dans mon secteur, de la maternelle à la 12e année, nous n'utilisons pas beaucoup le numérique. Les enfants peuvent sortir nos livres en ligne de la bibliothèque, mais ils ne le font pas. Ils ont encore besoin de copies papier. Comme je l'ai dit, mes amis autochtones n'ont pas un service Internet bien fort. De la maternelle à la 12e année, nous utilisons encore beaucoup les livres et les photocopies.
Je crois que les parents veulent bien payer 2,41 $ pour que leurs enfants puissent lire des œuvres canadiennes dans lesquelles ils se reconnaissent. Quant à nos voix futures, nous verrons bien. Il faudra voir. Aurons-nous moins d'auteurs visitant les écoles, moins de livres et seulement du papier bon marché? Je n'en sais rien.
Ai‑je répondu à votre question? Pardonnez-moi. Je me suis écartée du sujet.
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Merci beaucoup pour cette question.
Je vais y répondre en deux volets simples. Premièrement, comme John Degen l'a mentionné, de nombreuses années se sont écoulées depuis que le secteur de l'éducation a abandonné ses licences collectives. Les revenus directs tirés de ces licences sont maintenant en souffrance d'environ 150 millions de dollars. Chaque année, cela ajoute environ 30 millions de dollars au non-paiement de licences ou au non-paiement des tarifs pour les établissements qui n'ont pas accès à une licence volontaire.
De plus, les entreprises comme la mienne espèrent vendre non pas à des bibliothèques, comme M. Landon l'a mentionné, mais aux étudiants. Nous vendons du matériel d'enseignement et d'apprentissage pour les salles de classe. Ma possibilité de le faire, si les agents de respect du droit d'auteur des universités veillent en fait à ne pas payer pour utiliser le droit d'auteur, mais pour...
Le président: Merci...
M. Glenn Rollans: Merci beaucoup, monsieur Simms.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie infiniment tous les témoins d'être parmi nous aujourd'hui. Il s'agit d'une rencontre aussi essentielle qu'éclairante.
Pour commencer, j'aimerais dire bonjour à M. Perro.
Monsieur Perro, la dernière fois que nous nous sommes vus — peut-être que c'est loin dans vos souvenirs —, c'était sur le plateau de tournage de mon émission de cuisine, Qu'est-ce qui mijote? Vous aviez marqué toute mon équipe par votre rire tonitruant et contagieux. Nous en avons gardé des souvenirs mémorables. De plus, votre bonne humeur avait fait le bonheur de tout le monde. Or le sujet dont nous parlons aujourd'hui n'est pas nécessairement de nature à rendre de bonne humeur quiconque travaille dans le milieu de l'édition ou les écrivains.
Le rapport d'Access Copyright, que nous avons pu consulter, fait mention d'une étude de la Writers' Union of Canada. Cette étude porte sur les écrivains et leur revenu moyen. Depuis 1998, ce dernier a chuté de [difficultés techniques]. On y parle du revenu annuel moyen des écrivains, qui, semble-t-il, gravite autour de 9 500 $ par année.
Est-ce que vous ressentez cet état de fait dans le milieu? J'aimerais que vous répondiez à ma question en parlant particulièrement du Québec.
Dans le contexte actuel, comment se portent nos écrivains?
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Je ne peux pas vous dire comment se portent les gens qui font partie de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois, mais je peux vous parler des gens que je côtoie.
Depuis plusieurs années, ces gens ont subi des contrecoups. Ils ont souvent remis en question leur envie d'écrire. Ils y ont pensé à deux fois avant de décider de continuer à écrire. Écrire un roman demande énormément de temps et de travail. De plus, comme on le sait, c'est peu payant.
Monsieur Champoux, savez-vous que les auteurs québécois vendent en moyenne 350 livres par année? Cette moyenne tient compte des 1,7 million de livres que j'ai vendus, et elle comprend aussi ceux des auteurs à succès qu'on connaît.
Bon an, mal an, le Québec reçoit 40 000 nouveaux titres en français par année. Je n'imagine pas ce qui entre en anglais ailleurs dans le monde et au Canada. Évidemment, les gens qui, comme moi, réussissent à bien gagner leur vie sont privilégiés. Le fait que les auteurs ne reçoivent pas au moins un petit quelque chose pour les encourager a une incidence presque dramatique sur la pratique des auteurs.
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J'espère qu'on atteindra le but prochainement.
Vous me demandez quel est mon état d'esprit. Ce que je trouve désolant, c'est que cela fait déjà quasiment 10 ans qu'on essaie de faire avancer le dossier. Si le gouvernement n'intervient pas, on en a encore pour 10 ans de plus. Si on gagne ou si on perd à la Cour suprême, je n'ai aucun doute qu'on va se retrouver dans un autre litige pour, encore une fois, essayer de clarifier les lignes directrices visant l'utilisation équitable. C'est absolument nécessaire que le gouvernement intervienne et qu'il apporte des modifications claires à la Loi sur le droit d'auteur.
Ce qui m'encourage beaucoup, c'est qu'on a justement une solution simple se trouvant dans les recommandations de « Paradigmes changeants » et qu'on a le soutien de tous les partis de l'opposition. Encore une fois, je vous remercie, monsieur Martin Champoux, ainsi que les autres représentants qui ont écrit au .
La troisième chose qui m'encourage, c'est qu'on a une occasion d'apporter ces changements bientôt. On ne modifie pas souvent la Loi sur les droits d'auteur; par contre, il va falloir le faire d'ici décembre 2022. Prochainement, un projet de loi visera à modifier la Loi en lien avec l'Accord Canada—États‑Unis—Mexique. Ce sera absolument l'occasion de mettre fin à ce conflit et de revenir à une relation de partenariat entre le secteur de l'édition et le secteur de l'éducation.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie également tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
Cette discussion est très intéressante. Comme je siège à ce comité depuis peu, je n'ai pas participé à l'étude entreprise en mai 2019. Je n'avais pas encore été élue.
Il est préoccupant et troublant de constater qu'il y a eu si peu de changement depuis le lancement de cette étude, à en juger par les recommandations qui nous sont présentées. Je veux d'abord poser quelques questions à mon concitoyen d'Edmonton qui est avec nous aujourd'hui. Mes questions sont pour M. Rollans.
Au cours de cette discussion aujourd'hui, nous avons beaucoup parlé de la situation qui prévaut au Québec et des répercussions sur les auteurs québécois. J'aimerais connaître votre point de vue, puisque nous sommes tous les deux à Edmonton en ce moment, concernant la situation dans le reste du Canada. En quoi est-elle différente de celle du Québec?
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C'est une question vraiment importante. Quand vous commencez à parler du droit d'auteur, vous entrez rapidement dans les détails.
Pour une petite entreprise comme la mienne, il est absolument impossible de retracer les utilisateurs individuels dans les collèges, les universités et les écoles primaires et secondaires de l'ensemble du pays, de constater les infractions à la loi, de surveiller si les gens paient pour utiliser ces ressources et, le cas échéant, de poursuivre les contrevenants en justice. Je n'ai pas les moyens de les poursuivre devant la Cour fédérale, la Cour fédérale d'appel ou la Cour suprême du Canada.
Notre société de gestion dûment constituée s'appelle Access Copyright. Elle nous représente dans ces transactions, en rendant l'accès à nos livres abordable, en soulignant l'importance de verser une compensation aux titulaires d'un droit d'auteur et en simplifiant ce processus et en le rendant abordable.
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Je vous remercie, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
J'ai été conseiller scolaire en Saskatchewan pendant 10 ans et j'ai également été membre du comité exécutif de la Saskatchewan School Boards Association. Comme vous le savez tous, les budgets ont été réduits partout et le premier poste de dépense des écoles est l'achat de matériel nouveau.
C'est intéressant, parce que le premier poste budgétaire que nous réduisons en tant que conseillers, c'est généralement le personnel des bibliothèques de ressources, alors que ce devrait être le dernier. Je fais remarquer qu'en Saskatchewan, plus précisément à Saskatoon, le budget d'une division scolaire est réduit de 8 millions de dollars et le premier poste de dépense à être coupé a été celui des enseignants et des bibliothécaires.
Je vais commencer par Mme Levy et ensuite je m'adresserai à Mme McNicoll.
Madame McNicoll, vous aviez raison. Les enseignants puisent dans leur propre porte-monnaie pour acheter des livres, des ouvrages littéraires et d'autres documents. Pourriez-vous nous dire ce que vous en pensez? Quelqu'un a dit que les enseignants sont à la photocopieuse le matin, dès 7 heures, ou l'après-midi, après 16 h 30. Pouvez-vous nous en parler?
Je vais commencer par Mme McNicoll. Vous ne rejetez pas le blâme sur les enseignants. En tant que conseillers scolaires, nous avons vraiment cherché d'autres solutions, pour être honnête avec vous, parce que nous cherchions des moyens de faire économiser de l'argent à la division scolaire. Ce n'est pas un problème propre à la Saskatchewan. Je peux vous dire que les conseils scolaires canadiens cherchent également ailleurs, parce que tout le monde a besoin d'argent.
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Je ne sais pas quelle est la meilleure réponse, monsieur Waugh.
Ce que je peux vous dire, par contre, c'est que lorsque nous avons des séances de signature à l'Association des bibliothèques de l'Ontario, je reconnais les enseignants. Il y en a souvent trois ou cinq qui font la queue pour obtenir un autographe. Voilà comment ils obtiennent mes livres.
De 2012 à 2021, le nombre de mes livres vendus au Canada est passé d'environ 6 000 à quelque 1 400. J'ai aussi l'impression qu'il faut commencer à parler des droits des squatters. Depuis 11 ans, les enseignants et les conseils scolaires s'en tirent sans licence. Ils ne peuvent pas imaginer payer la terrible somme de 2,41 $ par élève. Ils prétendent que c'est au‑dessus de leurs moyens.
C'est vrai, nos enseignants ne sont pas au courant de cela. Ils ont l'impression de se conformer à la loi, de faire une utilisation équitable des livres, mais les conseils scolaires disent qu'ils n'ont pas les moyens de payer pour la culture.
L'une de mes filles travaille pour un petit éditeur qui fait de la sous-traitance pour des maisons d'édition. Cet éditeur a publié un livre à diffusion massive sur l'immigration qui s'inspire largement de la théorie de Trump. Il y a donc un grave danger à réduire nos voix au silence.
J'adore les enseignants. J'adore qu'ils lisent mes livres à voix haute, mais vous devez comprendre que lorsqu'ils les lisent à voix haute, ils sont enregistrés. L'année suivante, ils recommenceront, sans me verser ma redevance de 2,41 $.
La Corée a acheté 18 000 de mes livres. La Colombie en a acheté 15 000. Le Canada en a acheté 1 400. Oui, je sais, ce sont des populations différentes.
Est‑ce que cela répond à votre question, monsieur Waugh?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie également tous nos témoins.
En cette Journée nationale des peuples autochtones, je tiens d'abord à souligner que je vous parle de la ville de Kitchener, en Ontario, située dans le territoire traditionnel des Anishinabe, des Haudenosaunee et des Neutres.
Cette discussion est très intéressante. Mme McPherson a fait observer que certains d'entre nous, dont moi-même, sommes de nouveaux élus. Nous plongeons donc directement dans ce débat qui semble avoir cours depuis un certain temps et je suis très heureux d'y participer.
Jusqu'à il y a un an et demi, j'étais musicien et auteur à temps plein. Je constate des parallèles incroyables entre l'écriture de chansons et de livres, dans un médium différent. Cela me réconforte.
Madame McNicoll, vous avez levé la main durant la discussion précédente, quand Mme Levy a parlé des litiges devant les tribunaux de première instance et d'appel. Souhaitez-vous ajouter quelque chose à ce sujet avant que je pose mes questions.
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En théorie, ce qui s'est passé dans le secteur de l'éducation, c'est que la plupart des établissements ont abandonné la licence collective pour se tourner vers des lignes directrices qui ne sont pas équitables, pour se donner le pouvoir de copier sans payer.
Pour régler ce problème, il faudrait revenir à la licence collective et conclure une entente autorisant les établissements d'enseignement à reproduire des ouvrages contre paiement. La licence collective donne accès à un vaste éventail d'ouvrages. Elle permet aux enseignants et aux éducateurs de choisir facilement un livre dans leur bibliothèque et de le numériser, ou de partager avec leurs élèves un livre qu'ils ont dans leur ordinateur, moyennant un prix très raisonnable.
Je veux simplement souligner, puisqu'il a été question du coût relatif d'une licence pour le secteur de l'éducation, que ce prix équivaut à 0,0004 % du budget de l'éducation, que ce soit au niveau primaire, secondaire ou postsecondaire. Ce n'est pas un coût exorbitant pour le secteur de l'éducation, mais ce sont des sommes très importantes et nécessaires pour les auteurs et les éditeurs du contenu qui est reproduit sans redevances.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser une question à M. Landon pour connaître un peu le point de vue des universités.
Monsieur Landon, nous n'avons pas eu le plaisir de nous rencontrer au cours des derniers mois, et je suis préoccupé par le rôle des universités. Pour moi, elles n'ont pas le même rôle que celui des entreprises à profit. Ce sont des institutions qui doivent transmettre le savoir, former des leaders de demain et former de bons citoyens. En ce sens, il me semble que leur rôle doit se coller beaucoup plus sur le « moral » que sur le « légal ».
Vous invoquez souvent le fait que vous respectez la loi dans votre façon de gérer les droits d'auteur. Je suis abonné à toutes sortes de fournisseurs de musique en ligne, notamment Apple Music, Spotify et Tidal, et je paie pour le contenu que j'écoute sur ces plateformes. Cependant, je ne peux pas justifier le fait que je paie ces abonnements pour me permettre ensuite de télécharger illégalement du contenu sur d'autres plateformes.
Quand vous dites que vous payez déjà plusieurs millions de dollars en droits d'auteur, cela me donne l'impression que vous vous justifiez. C'est comme si vous disiez que, quand on paie déjà des millions de dollars en droits d'auteur, ce n'est donc pas très grave de faire des copies d'ouvrages qui sont la propriété d'écrivains et d'auteurs. En vous écoutant, j'ai un peu l'impression que vous vous justifiez.
J'aimerais que vous m'en disiez davantage, monsieur Landon, parce que cela me laisse un drôle de goût.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie à nouveau pour cette intéressante discussion.
J'ai une question pour M. Perro.
Permettez-moi d'abord de vous souhaiter un joyeux anniversaire. C'est gentil de votre part de vous joindre à nous en ce jour.
Comme je fais de gros efforts pour apprendre le français, j'ai déjà dressé ma liste de lecture pour l'été. J'adore la littérature fantastique.
J'ai beaucoup travaillé pour des organisations sans but lucratif, des organismes de charité et des organisations de développement international. En vous écoutant, il m'est revenu à l'esprit que nous n'avons cessé de demander au gouvernement de reconnaître le temps qu'il faut pour découvrir les talents, concevoir et mettre en œuvre des projets de même que la nécessité de s'engager à long terme et de mettre en place des mécanismes de financement durable. Je pense que vous en avez glissé un mot, mais j'aimerais que vous preniez le temps d'expliquer l'importance de cela pour permettre à nos auteurs de passer d'une centaine de livres vendus à l'énorme succès que vous avez connu.
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C'est ce que nous appelons la recherche et le développement. Nous devons en prendre bonne note.
Je vais continuer en français, si vous le permettez.
[Français]
Aucune carrière d'écrivain ne se fait du jour au lendemain. On ne commence pas à écrire, comme on ne commence pas dans la vie — en fait, peu de gens le font —, en ayant un immense succès.
C'est un peu comme gravir l'Everest. Si vous essayez de gravir l'Everest d'un coup, vous allez manquer d'air et en redescendre très vite. Une carrière se crée par paliers. Nous avons besoin de l'air nécessaire pour nous permettre de monter de palier en palier et, ainsi, de construire une carrière.
Vous avez tout à fait raison quand vous dites que cela se fait à long terme. Les choses ne se font pas immédiatement et n'arrivent pas miraculeusement. Elles se font par le travail et avec l'appui d'une communauté de lecteurs, d'un gouvernement et de politiques, qui nous permettent de monter cet Everest-là et d'avoir du sens pour un peuple, pour une nation et pour un pays. Les auteurs servent à donner un sens. Peu de gens ont cette fonction dans une société.
[Traduction]
Ai‑je bien répondu à votre question?
:
Il y a deux affaires devant les tribunaux actuellement. La première est de savoir si oui ou non les lignes directrices relatives à la reproduction mises en place à l'Université York, qui sont les mêmes que dans le reste du secteur, sont équitables. Autrement dit, sont-elles légales? Sont-elles conformes à la Loi sur le droit d'auteur et aux décisions antérieures sur l'utilisation équitable rendues par la Cour suprême du Canada? Le tribunal de première instance et le tribunal d'appel ont statué qu'elles n'étaient pas équitables et la question est maintenant devant la Cour suprême.
L'autre question est de savoir si les droits certifiés par la Commission du droit d'auteur, un tribunal quasi judiciaire qui fixe les taux pour s'assurer qu'ils sont justes et équitables tant pour les utilisateurs que pour les titulaires de droits, peuvent être appliqués. Autrement dit, si quelqu'un utilise un ouvrage figurant au répertoire Access Copyright sans avoir payé les droits et sans faire l'objet d'une exception, Access Copyright peut-elle obliger cette personne à payer le tarif établi? Le tribunal de première instance a conclu que les tarifs étaient applicables; le tribunal d'appel a conclu qu'ils ne l'étaient pas. La Cour suprême dira maintenant si les tarifs sont applicables ou non.
C'est une question importante parce que, comme d'autres témoins vous l'ont dit, les auteurs comptent beaucoup sur leur société de gestion, non seulement pour la gestion du droit d'auteur, mais aussi pour son application. En effet, il est presque impossible, voire tout à fait impossible, comme l'a dit M. Rollans, d'appliquer les droits et de poursuivre les utilisateurs qui utilisent les documents illégalement.
Ce sont les deux litiges. La raison pour laquelle nous disons que nous ne pouvons pas attendre la décision de la Cour suprême, c'est parce que la définition d'« utilisation équitable » est tellement vague que, même si nous gagnons devant la Cour suprême et qu'elle statue que les lignes directrices ne sont pas équitables et sont illégales, le secteur universitaire établira tout simplement de nouvelles lignes directrices. Nous retournerons devant les tribunaux pour contester ces nouvelles lignes directrices. Ce sera « Utilisation équitable 2.0 ».
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Mesdames et messieurs, je vous remercie.
Je suis désolé, madame Dabrusin. Je suis parfois plus généreux avec le temps. Malheureusement, je dois vous interrompre parce que nous commençons notre troisième tour de questions, ce qui nous arrive rarement.
Je sais que Mme Levy et M. Degen avaient levé la main. Je suis désolé. J'espère que vous pourrez intervenir plus tard.
C'est M. Shields qui avait la parole au départ, mais madame Shin, voulez-vous poser une question? Mais avant, pouvez-vous dire le nom de votre circonscription? Je la connais, mais je pense que nous n'avons pas fait de test de son avec vous au début de la séance.
Dites-moi le nom de votre circonscription et, en quelques mots, dites-moi pourquoi elle est la meilleure du pays.
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Ce que nous entendons et ce que nous avons entendu au tribunal dans l'affaire York, c'est que les gens ont déjà payé pour avoir accès aux livres, ou que les livres qu'ils utilisent sont offerts aux termes de licences en libre accès et qu'ils ne sont donc pas tenus de payer pour avoir accès aux livres, ou encore que la quantité de documents qu'ils utilisent est tellement minime que c'est équitable. Cela se fait en vertu d'une exception.
Le tribunal a conclu, après avoir examiné les preuves présentées durant quatre semaines, que ces personnes n'ont pas déjà payé pour les documents qu'ils reproduisent gratuitement; en fait, ils n'ont pas payé de licences pour cela et qu'il s'agit en grande partie d'une reproduction massive et systémique. Le volume qui est reproduit n'est pas conforme à la décision de la Cour suprême. Cette reproduction massive cause un grand préjudice aux auteurs et aux éditeurs et elle est donc illégale.
Beaucoup de ces arguments ne sont pas appuyés par des faits, surtout pas quand nous étions devant la Cour suprême.
J'avais levé la main un peu plus tôt. M. Landon a parlé des taux et vous en avez également fait mention. S'il y a un désaccord sur le montant qui devrait être payé, nous disposons ici au Canada de l'outil idéal pour régler ce différend. Nous avons un tribunal spécialisé dont le rôle est précisément de fixer les taux lorsque les titulaires de droits et les utilisateurs de contenu n'arrivent pas à s'entendre. S'ils ne peuvent s'entendre, c'est la Commission du droit d'auteur qui établit le taux. Il ne devrait donc pas y avoir de problème à revenir aux licences collectives.
J'espère que cela répond à votre question.
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Vos propos illustrent une grande confusion autour des arguments avancés pour nous empêcher de vivre de notre travail de création et, croyez-moi, je suis aussi mêlé que vous. Depuis une quinzaine d'années, je défends le droit d'auteur en ligne et je ne comprends toujours pas la réticence à payer.
Nous avons parlé de taux. M. Landon a parlé de 14,31 $ et du coût antérieur de 26 $. Là encore, je peux vous dire, en tant que consommateur de matériel éducatif, qu'un montant de 26, 45 ou 100 $, c'est une aubaine pour la quantité de contenu actuellement reproduit au niveau postsecondaire. Un montant de 14,31 $, c'est vraiment une aubaine.
M. Landon a dit que l'utilisation équitable est une question d'équilibre entre les droits de l'utilisateur et ceux du créateur. Il est clair que nous parlons ici de 10 années de non-versement et d'un arriéré de 150 millions de dollars. Nous sommes loin d'avoir atteint un équilibre au Canada, et l'argument selon lequel nous avons seulement besoin de ce petit mécanisme d'équilibre est révolu depuis longtemps. Nous devons rééquilibrer le droit d'auteur et cela doit se faire par le biais de recommandations.
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Oui. C'est une autre différence intéressante. Aux États-Unis, l'utilisation équitable a tendance à ne pas être appliquée aux œuvres non publiées, alors que c'est le contraire au Canada.
Tout cela montre que le concept d'équité est très vague et qu'il change constamment. Un autre groupe de juges pourrait proposer des règles d'équité différentes. Il est très difficile de gérer un marché à partir de notions aussi vagues.
Ce qui est intéressant aussi, c'est d'apprendre des pays qui ont une utilisation équitable — pas comme celle aux États-Unis —, une utilisation équitable [Difficultés techniques] et comment ils ont réussi à appliquer cela au secteur de l'éducation d'une façon plus facile à gérer et plus favorable au marché. Le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Australie sont des exemples de pays où la disponibilité de la licence l'emporte sur l'utilisation équitable. Le concept d'utilisation équitable à des fins d'éducation est toujours là, mais lorsqu'il n'y a pas de licence disponible à un coût raisonnable, moyennant un effort raisonnable, les établissements d'enseignement n'ont plus accès à l'utilisation équitable. Dans ces pays, les étudiants ont toujours accès à l'utilisation équitable, mais pas les établissements d'enseignement.
Il s'agit de ne pas permettre la reproduction massive et systémique qui se produit lorsque la reproduction est assurée par des établissements d'enseignement.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, merci à tous nos témoins.
J'ai la position enviable de toujours être la dernière à intervenir à ce comité. J'aimerais donner à tous quelques minutes, ou peut-être quelques secondes, pour nous dire s'il y a quelque chose d'autre dont ils auraient aimé nous faire part aujourd'hui. Y a‑t‑il des éléments qu'ils voudraient porter à l'attention de nos analystes extraordinaires, avant que toute cette information soit colligée?
Je vais commencer par M. Rollans, mon invité d'Edmonton.
Pourriez-vous nous parler brièvement de quelque chose que nous n'avons pas entendu et qui ne figure pas au compte rendu, mais que vous voulez vous assurer de nous communiquer?
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C'est une bonne question. Merci.
Je pense que les chiffres, les pourcentages et les échanges entre notre secteur et le secteur de l'éducation prêtent beaucoup à confusion.
Ce qui ressort pour moi, c'est que l'absence d'un tarif ou d'une licence pour la reproduction nuit au marché. Avant 2012, nous avions un marché qui avait une chance de fonctionner. Par la suite, nous avons eu une définition arbitraire claire de « l'utilisation équitable », qui donne aux grands établissements la possibilité de se prévaloir de cette option pour obtenir du matériel d'apprentissage, plutôt que de payer pour y avoir accès. Cela n'a rien à voir avec leurs achats pour les bibliothèques ou leurs revues savantes, mais plutôt avec un nouveau système qui utilise des extraits de nombreux livres, plutôt que l'ensemble d'un seul livre, et offre ainsi des ressources éducatives gratuites à l'interne.
Je pense que c'est ce que nous avons — un marché défaillant.
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Oui, j'ai été un peu généreux, madame McPherson, seulement parce que vous nous avez permis de faire un excellent survol, et je vous en remercie. C'est très apprécié.
Mesdames et messieurs, j'ai participé à de nombreux débats. Comme je l'ai mentionné, nous nous améliorons sans cesse. La réunion d'aujourd'hui a été excellente et très instructive. Je remercie mes collègues de leur collaboration, et je remercie également nos invités, qui nous ont fait profiter de leur expérience, de leur travail et de leur talent. Leurs livres et leurs publications sont appréciés par bon nombre de jeunes et de personnes plus âgées. Nous vous remercions infiniment de nous avoir fait profiter de votre expérience aujourd'hui.
Chers collègues, cela nous amène à notre dernière séance de la session du printemps. Je tiens à vous remercier tous énormément. Nous avons eu une petite session très intéressante ce printemps, entre les projets de loi, les audiences, les rapports et ainsi de suite. Bien sûr, nous n'avons pas encore terminé notre tâche, qu'il faut poursuivre sans relâche, mais la session a quand même été fructueuse.
Je tiens à remercier tout particulièrement Mmes Belmore, de Billy Brown et Ménard, qui font partie de notre personnel, et aussi Philippe Méla, qui n'est pas présent parmi nous, pour son travail.
Si vous voulez bien vous joindre à moi, chers collègues, je ne vois pas de meilleure façon de remercier un groupe de personnes hautement professionnelles pour le merveilleux travail qu'elles font qu'en levant le pouce, comme elles ont l'habitude de le faire lorsque nous sommes clairs. Je vous demande de vous joindre à moi pour les remercier de leur clarté, mais aussi de leurs incroyables professionnalisme et patience. Merci beaucoup à nos interprètes. Merci.
Permettez-moi de nommer très rapidement les invités avant de partir.
Madame Levy, il semble que votre nom ait été prononcé d'une dizaine de façons différentes. Comment votre nom se prononce‑t‑il, madame?
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Madame, merci beaucoup d'être parmi nous. Mme Levy représente Access Copyright.
M. Bryan Perro est écrivain et auteur. De l'Association of Canadian Publishers, nous avons accueilli Glenn Rollans, de même que Sylvia McNicoll, de la Société canadienne des auteurs, illustrateurs et artistes pour enfants. Nous avons également accueilli John Degen, de la Writers' Union of Canada, et Philip Landon, d'Universités Canada.
J'aimerais faire une brève remarque avant de terminer.
Chers collègues, nous allons également entreprendre une étude concernant un organisme indépendant de traitement des plaintes dans le domaine du sport, comme nous en avons parlé plus tôt. Je sais qu'il faudra probablement beaucoup de temps avant que nous commencions cette étude, mais vos suggestions de témoins seraient vraiment appréciées. Si vous pouviez le faire le plus tôt possible, cela nous donnerait une longueur d'avance.
Ceci étant la fin...
Désolé, madame Ien, vous avez un commentaire.