:
Bienvenue à tous. Seulement 22 heures après notre dernière réunion, nous nous réunissons à nouveau pour examiner le projet de loi .
Aujourd'hui, nous accueillons des témoins. Nous recevons deux ministres et des fonctionnaires. Je vais brièvement vous les présenter.
Nous accueillons l'honorable Steven Guilbeault, qui est le ministre du Patrimoine canadien et qui a déjà comparu devant nous.
Nous recevons également l'honorable David Lametti, ministre de la Justice.
Du ministère de la Justice, nous recevons Nathalie Drouin, sous-ministre de la Justice et sous-procureure générale du Canada; Sarah Geh, directrice générale, Section des droits de la personne, et Michael Himsl, conseiller juridique.
Encore une fois, nous accueillons, du ministère du Patrimoine canadien, Thomas Owen Ripley, directeur général, et Drew Olsen, directeur principal. Nous les connaissons très bien.
Nous disposons d'une heure, ou peut-être un peu plus. Je sais que nous avons une heure avec les ministres, mais, messieurs, je vous demanderais d'être indulgents. Parfois, nous dépassons le temps de cinq minutes. Je le dis avec une certaine réserve, mais vous pouvez nous demander de respecter le temps.
Cela étant dit, nous procédons habituellement à quatre séries de questions durant le premier tour et à quatre séries de questions également durant le deuxième tour. J'espère que c'est ce que nous parviendrons à faire. S'il nous reste du temps, nous pourrons en ajouter d'autres. Cela permettrait aux conservateurs puis aux libéraux d'obtenir une série de questions supplémentaire. Je vais à tout le moins essayer de faire en sorte que nous puissions effectuer ces huit séries de questions.
Monsieur Guilbeault, vous n'avez pas de déclaration liminaire, mais je crois savoir que M. Lametti en a une.
Monsieur le ministre Lametti, je vous souhaite la bienvenue au Comité. Vous disposez de 10 minutes maximum. La parole est à vous.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Bonjour.
Je tiens à souligner que je vous parle aujourd'hui d'Ottawa, qui se trouve sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître devant vous pour discuter de l'énoncé concernant la Charte qui a été déposé en rapport avec le projet de loi , ainsi que du document explicatif concernant les amendements proposés, qui a été transmis aux membres du Comité.
Comme vous pouvez le constater, je comparais en compagnie du ministre Guilbeault, qui est le ministre responsable du projet de loi . Je suis également accompagné de fonctionnaires du ministère de la Justice.
[Français]
J'aimerais commencer par discuter de l'obligation que m'impose la loi, à titre de ministre de la Justice, de préparer des énoncés concernant la Charte canadienne des droits et libertés pour les projets de loi du gouvernement qui sont présentés à la Chambre des communes.
Je discuterai de l'objet des énoncés concernant la Charte, de leur contexte et de leur historique. J'expliquerai ce que les énoncés concernant la Charte visent à faire et je parlerai de ce que les énoncés concernant la Charte ne font pas.
J'ai également le plaisir d'aborder l'énoncé concernant la Charte qui a été déposé pour le projet de loi , ainsi que le document explicatif qui vous a été transmis et qui traite des effets possibles des modifications proposées quant à la liberté d'expression.
[Traduction]
Je dois souligner en premier lieu que mon rôle en tant que ministre de la Justice et procureur général ne consiste pas à fournir des conseils juridiques aux comités parlementaires. Les comités peuvent consulter leurs propres conseillers juridiques et des témoins indépendants.
Comme vous le savez, cependant, j'ai l'obligation, en vertu de la Loi sur le ministère de la Justice, d'examiner les projets de loi proposés par le gouvernement pour relever des incohérences par rapport à la Charte et de rédiger des énoncés concernant la Charte relatifs à des projets de loi émanant du gouvernement. Ces obligations ont été établies par le gouvernement par souci d'ouverture et de transparence envers les Canadiens en ce qui a trait aux éléments liés à la Charte dans nos lois.
Ces deux obligations — examiner les projets de loi et rédiger des énoncés concernant la Charte — visent les projets de loi tels qu'ils ont été déposés.
[Français]
L'article 4.2 de la Loi sur le ministère de la Justice exige que le ministre de la Justice veille à ce qu'un énoncé concernant la Charte soit déposé à la Chambre des communes pour chaque projet de loi du gouvernement. Cette obligation est entrée en vigueur en décembre 2019.
L'examen de projets de loi lorsqu'il y a possibilité d'incompatibilité avec la Charte, lequel est prévu à l'article 4.1, est une de mes responsabilités les plus importantes. Permettez-moi de vous assurer que l'obligation prévue à l'article 4.2, soit celle de veiller à ce que des énoncés concernant la Charte soient déposés, est également une obligation que je prends très au sérieux.
Je tiens à souligner l'objet des énoncés concernant la Charte.
Les énoncés concernant la Charte visent à aider à éclairer le débat public et parlementaire sur un projet de loi du gouvernement. Ils favorisent la transparence à l'égard des effets du projet de loi du gouvernement sur les valeurs fondamentales protégées par la Charte. Ils fournissent des renseignements supplémentaires aux parlementaires pour éclairer davantage nos importants débats législatifs au nom des Canadiens, et ils fournissent des renseignements supplémentaires aux Canadiens pour les aider à participer à ces débats par l'entremise de leurs représentants.
L'obligation de veiller à ce que des énoncés concernant la Charte soient déposés témoigne de l'engagement de notre gouvernement à respecter et à promouvoir la Charte en tant qu'aspect intégral de la bonne gouvernance de notre pays.
Nous ne pouvons jamais renoncer à notre responsabilité, en tant que gouvernement, de veiller à ce que nos décisions, y compris celles qui se reflètent dans la réforme d'une loi, respectent nos droits et libertés fondamentaux. L'article 4.2 de la Loi sur le ministère de la Justice renforce l'obligation du gouvernement actuel et des gouvernements futurs de respecter cette exigence la plus élémentaire.
[Traduction]
J'aimerais prendre quelques instants pour expliquer le contenu des énoncés concernant la Charte. Conformément à leur objectif, les énoncés concernant la Charte sont rédigés d'une façon rigoureuse. Ils font état, d'une manière accessible, des effets potentiels d'un projet de loi sur les droits et libertés garantis par la Charte. Les énoncés comportent également une explication des éléments qui soutiennent la constitutionnalité d'un projet de loi.
Il est important de souligner, dans notre discussion sur la Charte, que, lorsque le Parlement légifère, il peut y avoir une incidence sur les droits et libertés garantis par la Charte. Il peut s'agir de restreindre la jouissance ou l'exercice lorsque cela va dans l'intérêt du grand public. C'est tout à fait légitime. Les droits et libertés garantis par la Charte ne sont pas absolus; ils sont plutôt assujettis à des limites raisonnables, pourvu que l'on puisse démontrer que ces limites sont justifiées dans le cadre d'une société libre et démocratique.
Cela signifie que, lorsqu'il s'agit de déterminer l'effet potentiel d'un projet de loi qui pourrait limiter un droit ou une liberté, il peut aussi se révéler nécessaire de déterminer si la limite est raisonnable et justifiée. Un énoncé concernant la Charte peut, par conséquent, présenter des considérations pertinentes aux fins de la détermination du caractère justifiable d'un projet de loi.
La possibilité de limiter des droits et des libertés garantis par la Charte ne constitue pas une autorisation d'y porter atteinte. Il s'agit plutôt d'un rappel que les limites imposées à des droits et à des libertés dans une loi doivent être examinées attentivement dans le contexte des valeurs communes d'une société unique, libre et démocratique comme le Canada.
En tant que parlementaires, nous avons la responsabilité de discuter et de débattre des effets potentiels sur les droits et libertés garantis par la Charte. Nous exerçons notre jugement pour le compte des Canadiens afin de déterminer si un projet de loi établit un juste équilibre entre les droits et libertés et l'intérêt du grand public. Les énoncés concernant la Charte sont une autre source d'information à examiner dans le cadre de notre réflexion.
[Français]
J'aimerais également prendre un moment pour expliquer ce qu'un énoncé concernant la Charte n'est pas.
Un énoncé concernant la Charte n'est pas un avis juridique. Il ne fournit pas une analyse complète de la constitutionnalité d'un projet de loi.
Comme je l'ai mentionné, un énoncé concernant la Charte fournit au public et au Parlement des renseignements juridiques sur les effets possibles d'un projet de loi sur les droits garantis par la Charte, ainsi que sur les considérations qui appuient la cohérence du projet de loi avec la Charte.
Comme nous le savons tous, les projets de loi changent souvent pendant leur examen par le Parlement. Un énoncé concernant la Charte reflète le projet de loi au moment de sa présentation par le gouvernement à la Chambre des communes. En vertu de l'article 4.2 de la Loi sur le ministère de la Justice, il n'y a aucune exigence de mettre à jour les énoncés concernant la Charte au fur et à mesure qu'un projet de loi est examiné par le Parlement.
Compte tenu de ce contexte, permettez-moi de passer maintenant aux modifications proposées au projet de loi concernant les médias sociaux, dont le Comité est saisi.
Mon collègue le ministre Guilbeault a discuté de la portée des modifications proposées. Il a souligné les objectifs stratégiques importants que ces modifications visent à atteindre, et il a discuté de leurs effets escomptés sur les services de médias sociaux et les utilisateurs de ces services.
Bref, les modifications proposées ont pour effet que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes pourrait réglementer un service de médias sociaux quant au téléversement de programmes par ses utilisateurs non affiliés seulement en ce qui concerne les éléments suivants: le paiement de frais réglementaires, par exemple pour appuyer la création d'une programmation canadienne; la découvrabilité de créateurs canadiens; l'enregistrement du service; la communication de renseignements et la vérification des dossiers.
[Traduction]
Comme j'en ai l'obligation en vertu de la Loi sur le ministère de la Justice, j'ai déposé un énoncé concernant la Charte sur le projet de loi à la Chambre des communes le 18 novembre 2020. Cet énoncé concernant la Charte fait état des droits et libertés qui pourraient être touchés par le projet de loi C-10 et des considérations pertinentes étayant en quoi le projet de loi est conforme à la Charte.
À la lumière des discussions récentes du Comité sur les effets des amendements proposés sur les médias sociaux, je comprends que vous avez beaucoup débattu de la liberté d'expression.
Nous vous avons fait parvenir un document explicatif que nous avons préparé pour vous sur l'effet potentiel des amendements proposés sur le droit à la liberté d'expression prévu à l'alinéa 2b) de la Charte. Je crois fermement que ces considérations attestent de la conformité du projet de loi à la Charte et qu'elles demeurent telles qu'elles sont exposées dans l'Énoncé concernant la Charte. Nous sommes d'avis que le projet de loi, tel qu'il a été déposé, et que les amendements proposés sont conformes à la Charte.
Comme l'indique l'Énoncé concernant la Charte, les exigences réglementaires du projet de loi sont susceptibles de porter atteinte à la liberté d'expression garantie par l'alinéa 2b) de la Charte. Or, voici les considérations sur lesquelles nous nous appuyons pour déterminer que les exigences réglementaires proposées restent en cohérence avec l'alinéa 2b) de la Charte.
L'article 1, qui resterait tel quel selon le projet de loi, prescrit que le régime réglementaire de la radiodiffusion ne s'applique pas aux utilisateurs non affiliés ni aux émissions qu'ils affichent. Le projet de loi vise donc à mettre à jour les pouvoirs réglementaires du CRTC et à lui en conférer de nouveaux relativement aux services en ligne. Le rôle du CRTC est maintenu, et il conserve sa souplesse pour déterminer quelles exigences réglementaires il doit imposer, s'il y a lieu, aux entreprises de radiodiffusion.
En ce qui concerne la proposition de donner au CRTC de nouveaux pouvoirs limités pour réglementer une entreprise en ligne fournissant un service de média social pour les émissions diffusées par des utilisateurs non affiliés, les dispositions pertinentes de la Charte s'appliquent au rôle discrétionnaire et à la souplesse conférés au CRTC.
La proposition de limiter les pouvoirs discrétionnaires du CRTC de réglementer les services de médias sociaux relativement aux émissions diffusées par des utilisateurs non affiliés, afin qu'il ne puisse réglementer que les parties que j'ai mentionnées, est également à prendre en considération. Le CRTC est assujetti à la Charte et doit donc exercer tout pouvoir discrétionnaire dont il dispose de manière conforme à la Charte.
La loi prévoit qu'elle ne doit être interprétée et appliquée que dans le respect de la liberté d'expression. Les décisions du CRTC sur des questions de droit ou de compétence peuvent par ailleurs être soumises à la Cour d'appel fédérale.
À mon avis, les considérations pertinentes exposées dans l'Énoncé concernant la Charte demeurent valides. Les amendements proposés ne changent en rien ces considérations.
[Français]
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
C'est avec plaisir que je resterai parmi vous pour répondre à vos questions.
:
C'est parfait. Merci, monsieur Lametti.
Le président nous a expliqué très clairement que vous n'aviez aucunement l'obligation de répondre à nos questions si vous ne souhaitiez pas le faire.
D'après ce que je comprends, vous ne voulez pas nous dire si l'alinéa 2b) de la Charte protège à la fois les individus et le contenu qu'ils mettent en ligne. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais c'est du moins ce que j'en comprends.
L'énoncé que vous avez déposé le 18 novembre dernier incluait explicitement dans son analyse l'article 4.1 proposé à la Loi sur la radiodiffusion. Or cet article a été supprimé un vendredi après-midi il y a environ trois semaines. C'est à la base de la situation conflictuelle dans laquelle nous nous trouvons. Cependant, vous ne voulez pas, à titre de ministre de la Justice, nous donner une opinion juridique ou du moins nous dire, selon votre expertise, ce que vous en pensez.
Vous avez dit tantôt que des avocats ou des experts pourraient être consultés une fois que le projet de loi serait adopté. Or, des experts sont déjà venus s'entretenir avec nous. Hier, Le Devoir a publié une lettre ouverte appuyée par cinq experts, dont plusieurs anciens hauts dirigeants du CRTC. Je suis convaincu que vous l'avez lue. Si ce n'est pas le cas, vos conseillers ou vos attachés politiques ont dû la lire. Ces hauts dirigeants ont dit de façon explicite que cela serait contesté. Nous le savons déjà. Des professeurs d'université, des experts et des analystes politiques nous ont fait part de leurs inquiétudes. Il me semble légitime que les députés qui ont à soumettre des recommandations fassent valoir le questionnement de ces gens.
Au début, le projet de loi proposait d'ajouter l'article 4.1 à la Loi pour protéger le contenu que les utilisateurs mettent en ligne. Maintenant que cet article a été supprimé, comment peut-on avoir l'assurance que le contenu des utilisateurs sera protégé?
En tant que député à la Chambre des communes, comment puis-je trancher cette question si vous-même, qui êtes ministre de la Justice, ne pouvez pas m'aider?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, et madame Dabrusin.
Un peu plus tôt dans une de ses questions, Mme McPherson a mentionné que la centaine d'amendements apportés au projet de loi en faisaient un projet de loi boiteux. C'est une fausse prémisse. Je sais que, tout comme moi, elle vient d'arriver au Parlement, alors nous n'y sommes pas habitués. Or, il n'est pas inhabituel de voir 200 amendements apportés à un projet de loi. Si on remonte à la précédente législature, je me souviens que le projet de loi , que j'ai suivi de près dans ma précédente carrière, a fait l'objet d'environ 200 amendements. Il n'y a rien d'anormal à cela. En fait, une centaine, ce n'est sans doute pas tant que cela après tout.
Elle a mentionné que des experts avaient exprimé des réserves. Je pense qu’hier encore, le Comité a entendu divers experts dire clairement que, selon eux, le projet de loi ne présentait pas de problème du point de vue de la liberté d'expression. Nous l'avons entendu dire de la bouche d'une ancienne directrice du CRTC, Janet Yale, et d'un professeur de droit à l'Université de Montréal, Pierre Trudel.
J'aimerais citer ce qui suit, car je ne pense pas que cela a été fait au sein du Comité, et je pense que c'est important de le faire. Il s'agit d'une résolution unanime de l'Assemblée nationale.
[Français]
La motion reconnaît que le projet de loi « constitue une avancée significative pour la protection et la promotion de la culture québécoise et [...], par conséquent, [l'Assemblée nationale du Québec] affirme son appui aux mesures proposées par ce projet de loi ».
[Traduction]
Je pense que le projet de loi bénéficie de beaucoup de soutien au pays, étant donné les avantages qu'il présente pour nos artistes ainsi que pour l'écosystème de la radiodiffusion.
:
C'est encore moi, monsieur le président.
Je voudrais rappeler que j'ai posé plus tôt quelques questions sur les recours possibles après l'adoption d'un projet de loi. Le ministre Lametti a d'ailleurs précisé que si, après l'adoption d'un projet de loi, il subsistait encore des inquiétudes concernant certains articles de loi, il y avait toujours un processus accessible aux Canadiens, aux individus ou aux groupes pour en contester la validité ou la constitutionnalité.
Le chef du Parti conservateur a tenu des propos très clairs, ces derniers jours: il a dit que, s'il était porté au pouvoir, il abrogerait cette loi. On peut alors comprendre que l'appui de nos collègues conservateurs au projet de loi est inexistant.
Or depuis le début des travaux, à défaut d'appuyer le projet de loi, les conservateurs ont toujours eu la volonté de ne pas interrompre, bloquer ou ralentir les travaux, et je leur en suis absolument reconnaissant. Qui plus est, malgré leur opposition au projet de loi, leur apport a souvent été très constructif.
Nous avons arrêté notre étude pendant plusieurs réunions, alors que l'avancement de nos travaux aurait été très important pour l'industrie culturelle et pour le milieu. Nous avons maintes fois exprimé l'urgence que représentait ce projet de loi pour l'industrie culturelle. Je pense sincèrement qu'on a bien répondu aux questions et je suis tout à fait convaincu que nous n'obtiendrons jamais un consensus. Nous ne serons pas d'accord, alors, comme on dit,
[Traduction]
« acceptons de ne pas être d'accord »,
[Français]
et continuons à faire le travail que nous devons faire. Il existera toujours des recours possibles par la suite, si vous sentez que l'un ou l'autre des articles de cette loi porte effectivement atteinte à la liberté d'expression.
Le plus important, dans le travail que nous avons à faire présentement, c'est de faire de notre mieux pour améliorer ce projet de loi et le renvoyer à la Chambre des communes. Nous devons le faire pour l'industrie culturelle, qui nous regarde, qui nous écoute et qui nous implore de cesser ce blocage et de poursuivre les travaux. Je pense que c'est crucial pour cette industrie. Nous devons passer par-dessus ce blocage.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Moi aussi, je veux voir ce projet de loi avancer. J'ai été surpris de constater que lorsque nous sommes arrivés à l'article 3, l'article 4.1 proposé, il y a eu un amendement du Parti conservateur, et qu'après le rejet de l'amendement, on ait proposé de supprimer l'article 4.1. Il n'y a pas eu de débat. Il n'y a pas eu de demande de vote par appel nominal. Nous n'avons pas abordé cet article à ce moment-là, et nous sommes coincés dans cette obstruction permanente.
Le ministre a donné une explication. Nous devrions passer en revue le reste des amendements. Il y a un moment à l'étape du rapport où l'article 4.1 peut être ajouté de nouveau. Si suffisamment de parlementaires pensent qu'il est important de l'ajouter, alors c'est ce que nous devrions faire.
Je crois en la liberté d'expression autant que n'importe qui, mais je trouve que l'ensemble du système d'algorithmes que l'on utilise sur ces plateformes privées ne se prête pas vraiment à la liberté d'expression. Je reçois d'innombrables courriels de concitoyens qui disent qu'il n'y a pas de liberté d'expression sur Google, YouTube ou Facebook, et que leurs commentaires sont bloqués ou que certaines choses y sont bloquées. Voilà donc une autre question que nous devons aborder.
Nous avons affaire à des plateformes privées qui censurent les gens et déterminent ce qui sera promu ou mis en veilleuse. Il s'agit surtout d'intérêts commerciaux et de publicité, et d'enflammer les gens, d'alimenter la colère qui nous oppose les uns aux autres. Je pense que nous devons examiner cette question.
Nous approchons du projet de loi , où nous allons parler de ces choses, mais nous devrions terminer d'abord cette Loi sur la radiodiffusion. S'il y a un amendement à l'étape du rapport pour corriger et ramener l'article 4.1, ce serait le moment de le faire. Finissons-en avec les amendements qui restent.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Housefather, je vous ai vu devenir rouge; je me suis demandé si vous n'étiez pas allé manger du homard juste avant de prendre la parole. En passant, je vous dis cela avec humour, ce n'est pas une insulte. Je ne veux certainement pas vous fâcher. Je répondais simplement à la question du président qui demandait quelle serait la suite des choses.
J'ai posé la question pour entendre l'avis des membres du Comité, et j'ai fait part de ma propre opinion. Je pense que mon opinion vaut bien la vôtre, membres du Comité. Je considère que les trois points de la motion n'ont pas été totalement respectés; vous dites le contraire, et c'est tout à fait votre droit. Par contre, que certains parmi nous laissent sous-entendre des choses, je trouve cela un peu ordinaire. Je comprends que le débat soit émotif et qu'il y ait beaucoup de frustrations. Nous sommes fatigués, nous sommes en fin de session. C'est un enjeu important. Dieu sait que les conservateurs se font attaquer à qui mieux mieux. Cependant, je tiens à rappeler à tout le monde ici présent qu'avant la suppression de l'article 4.1 proposé, tout roulait rondement à ce comité.
Par ailleurs, la motion que M. Housefather a proposée est pratiquement identique à celle que les conservateurs avaient déposée il y a deux semaines et demie. Tout ce que nous avons fait dans les trois ou quatre derniers jours aurait pu être fait il y a deux semaines et demie, et nos travaux n'auraient pas été retardés. Je voulais remettre cela en perspective.
Sur ces mots, monsieur le président, je pense que vous avez eu la réponse à la question. De toute façon, nous nous revoyons demain. De notre côté, nous allons nous parler et prendre notre propre décision dans notre organisation. Vous allez prendre vos propres décisions dans vos organisations respectives.
Je demanderais que la séance soit levée, dans la mesure du possible, s'il n'y a pas d'autres interventions. Je ne veux empêcher personne de prendre la parole, mais, une fois que nous aurons fait le tour, je pense que la rencontre d'aujourd'hui aura assez duré. De toute façon, nous allons nous revoir demain avec grand plaisir.