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Je déclare la séance ouverte. Il s’agit de la 18
e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Conformément à l’ordre de renvoi du mardi 16 février 2021, le Comité entreprend l’étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois.
À titre de rappel, la réunion d’aujourd’hui se déroule en format hybride — en mode virtuel et en personne —, conformément à l’ordre de la Chambre du 25 janvier 2021. La webdiffusion offerte sur le site Web de la Chambre des communes montrera toujours la personne qui parle plutôt que l’ensemble du Comité.
Enfin, il est interdit de faire des captures d’écran ou de prendre des photos de votre écran. Comme les délibérations d'aujourd'hui ne concernent que le ministère, je présume que nous n’aurons pas de problèmes à cet égard, car les gens du ministère connaissent probablement ces règles mieux que nous.
Au cours de la première heure, nous recevons des représentants du ministère du Patrimoine canadien.
Pour des raisons techniques, nous allons faire une courte pause afin de joindre le , qui se joindra à nous en deuxième heure.
Pour l’instant, nous accueillons Jean-Stéphen Piché, sous-ministre adjoint principal, Affaires culturelles; Thomas Owen Ripley, directeur général, Radiodiffusion, droit d'auteur et marché créatif; et Kathy Tsui, gestionnaire, Politique industrielle et sociale, Radiodiffusion, droit d'auteur et marché créatif.
Nous allons commencer par une déclaration liminaire d'une durée de 15 minutes.
[Français]
Monsieur Piché, vous avez la parole pour 15 minutes.
[Traduction]
Je vous laisse décider si vous voulez la confier à quelqu’un d’autre.
Monsieur Piché, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du Comité. Nous sommes ravis d'être ici à nouveau.
Je vais profiter de l'occasion pour vous souhaiter à tous une bonne Journée internationale des femmes.
Nous vous parlons depuis le territoire ancestral des peuples algonquins Anishinabe, situé dans la région de la capitale nationale.
[Français]
Comme vous l'avez dit, monsieur le président, je suis accompagné de Thomas Owen Ripley et de Kathy Tsui, qui sont des experts dans le domaine de la radiodiffusion. Ils ont beaucoup contribué à l'élaboration des projets de loi et des projets numériques.
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de nous avoir invités pour vous appuyer dans votre étude du projet de loi . J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier le Comité du travail qu'il effectue sur le projet de loi et de la rapidité avec laquelle il a entrepris ce travail.
Le projet de loi apporte des modifications à la Loi sur la radiodiffusion qui profiteront aux artistes, aux radiodiffuseurs ainsi qu'aux Canadiens.
Pour les producteurs, les réalisateurs, les scénaristes, les comédiens et les musiciens, ce projet de loi multipliera les possibilités de créer du contenu audio et audiovisuel de grande qualité et de rendre ce contenu accessible au public canadien.
Par ailleurs, le projet de loi donnera lieu à la création d'un cadre réglementaire équitable et souple où les services de radiodiffusion comparables sont assujettis à des exigences réglementaires semblables.
De plus, le projet de loi permettra de rendre davantage accessibles la musique et les histoires canadiennes par l'entremise de divers services, et il permettra de créer un système de radiodiffusion plus diversifié et plus inclusif qui reflète la société canadienne.
[Traduction]
Ce projet de loi renouvelle la Loi sur la radiodiffusion dans le contexte de l’ère du numérique. Les changements qu’il apporte se font attendre depuis longtemps. C’est l’une des quatre initiatives que Patrimoine canadien a proposées pour moderniser le cadre législatif fédéral en matière de communications et l'adapter au monde en ligne.
Nous sommes également en train d'élaborer une proposition visant à lutter contre les préjudices en ligne tels que les discours haineux, le contenu violent et extrémiste, la propagande terroriste, l’exploitation sexuelle des enfants et la distribution non consensuelle d’images sexuellement explicites.
Nous travaillons avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour modifier la Loi sur le droit d’auteur.
Nous devons en outre assurer que les services de presse canadiens soient rémunérés équitablement pour l’utilisation par les services en ligne des contenus qu'ils créent, un enjeu sur lequel Patrimoine canadien travaille déjà.
Ensemble, ces initiatives permettront d’établir des règles qui feront du monde en ligne un endroit plus équitable, plus inclusif et plus sécuritaire, tout en veillant à ce qu’il demeure un terrain fertile pour l’innovation et la liberté d’expression.
Le projet de loi , qui porte sur la radiodiffusion, est la première pièce de ce casse-tête.
Je vais maintenant céder la parole à Owen Ripley, qui vous expliquera pourquoi le projet de loi est nécessaire et quels en sont les principaux objectifs.
Monsieur Ripley, c'est à vous.
Je vous remercie de nous donner l'occasion aujourd'hui de nous adresser au Comité pour discuter du projet de loi et de la façon dont il modernise la Loi sur la radiodiffusion.
Avant d'aborder les détails du projet de loi proposé, je voudrais vous parler brièvement de la Loi sur la radiodiffusion et du cadre réglementaire actuel. Il est important de comprendre le système actuel, puisqu'il constitue la pierre d'assise du projet de loi .
Le projet de loi vise à moderniser notre loi à l'ère numérique, mais également à préserver et à renforcer les composantes essentielles de notre système qui nous ont bien servis durant les dernières décennies, notamment l'organisme indépendant de réglementation des communications, nos radiodiffuseurs canadiens, le soutien à la musique et aux histoires canadiennes, ainsi que notre objectif de veiller à ce que les voix diversifiées, y compris celles des Autochtones, soient entendues partout au Canada.
La Loi sur la radiodiffusion est un texte législatif important dans le secteur. Elle définit la radiodiffusion, décrit les objectifs stratégiques qui servent de principes directeurs dans l'élaboration des règlements et établit le mandat et les pouvoirs du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, soit le CRTC. Il est important que le CRTC soit indépendant du gouvernement.
En effet, le CRTC établit les règlements qui gouvernent le secteur médiatique, un secteur qui constitue sans contredit un élément essentiel à l'appui de la liberté d'expression et de l'expression culturelle. Dans une démocratie telle que le Canada, il est important d'établir une distance raisonnable entre le gouvernement et le secteur médiatique. Des pays comme l'Australie, le Royaume-Uni et la France se fient aussi à un organisme de réglementation indépendant pour surveiller le secteur médiatique.
Le CRTC détient également l'expertise et l'expérience pour prendre des décisions réglementaires pointues tout en conciliant de nombreux facteurs dans l'élaboration des politiques. Ce niveau d'indépendance et d'expertise a bien servi les Canadiens.
En définitive, le projet de loi vise à préserver les rôles du CRTC et du gouvernement: le CRTC aura le mandat de surveiller et de réglementer le système de radiodiffusion, alors que le gouvernement veillera au bon fonctionnement du CRTC.
[Traduction]
Le CRTC a appuyé la culture canadienne notamment en s’assurant que les radiodiffuseurs soutiennent la création et la présentation de contenu canadien. Actuellement, l’une des conditions de licence des chaînes télévisées est de dépenser un certain pourcentage de leur revenu annuel en contenu canadien. De plus, les câblodistributeurs et distributeurs par satellite doivent débourser un certain pourcentage de leur revenu en contribution aux fonds de production et à la programmation locale pour appuyer le développement et la production de contenu canadien. Les chaînes de radios privées et la radio par satellite déboursent une partie de leurs revenus annuels pour contribuer aux initiatives de développement de contenu canadien, notamment le contenu musical. Ces contributions totalisaient 3,34 milliards de dollars en 2019.
Cependant, la perturbation due à la concurrence des radiodiffuseurs en ligne menace ce soutien. La concurrence croissante des radiodiffuseurs en ligne entraîne d’ailleurs la diminution des revenus des services traditionnels, qui ont vu leurs recettes chuter de 1,4 % entre 2018 et 2019. Au bout du compte, cette concurrence mènera à un financement réduit pour la musique et la programmation canadiennes.
Les données sur les rendements globaux récemment publiées par le CRTC montrent qu'en 2020, les revenus de radiodiffusion des grands groupes de propriété ont reculé de 7 % par rapport à 2019. Les rendements globaux sont ceux des plus grands radiodiffuseurs et des entreprises intégrées verticalement, mais ils n'incluent pas ceux de diffuseurs plus modestes. Or, comme ils comptent pour la majorité des revenus de l’industrie, on s’attend à ce qu’ils reflètent les tendances générales de l’industrie pour 2020.
Les services de diffusion en ligne ne sont évidemment pas nouveaux au Canada et fonctionnent en parallèle avec les systèmes de radiodiffusion traditionnels depuis de nombreuses années. Leur exploitation au Canada a été rendue possible grâce à un instrument réglementaire appelé l’Ordonnance d’exemption relative aux médias numériques, qui soustrait les radiodiffuseurs en ligne à l'obligation d'avoir une licence pour opérer au Canada et les dispense des obligations imposées aux radiodiffuseurs traditionnels, comme le soutien au contenu canadien.
L’Ordonnance d’exemption relative aux médias numériques a essentiellement permis aux radiodiffuseurs étrangers en ligne de mener leurs activités au Canada à l’extérieur du système de radiodiffusion traditionnel « fermé ». L’ordonnance a été décrétée en 1999 afin de promouvoir la croissance du secteur émergent de la radiodiffusion en ligne. Or, la taille et la viabilité commerciale de ce secteur ont considérablement augmenté depuis cette époque.
Par exemple, en 2011, seulement 10 % des Canadiens étaient abonnés à Netflix; en 2020, cette proportion était passée à 67 %. Les radiodiffuseurs en ligne prospèrent et n’ont plus besoin d’être soustraits à la réglementation. Ils sont bien placés pour soutenir de façon significative la production de musique et d'histoires canadiennes. Le projet de loi vise donc à regrouper ces acteurs sous un même cadre réglementaire afin d'assurer que tous les radiodiffuseurs fonctionnent selon les mêmes règles.
Il est indéniable que l’ère numérique a apporté de nombreux avantages. Une plus grande quantité de services signifie plus de choix pour les Canadiens et plus de débouchés pour les créateurs et les producteurs. Le projet de loi C-10 ne vise pas à nier ces avantages, mais plutôt à créer une tribune pour les voix canadiennes.
[Français]
Pour favoriser l'inclusion de la radiodiffusion en ligne dans le cadre réglementaire, le projet de loi ajoute à la Loi une nouvelle catégorie d'entreprises de radiodiffusion: les entreprises en ligne. Ce changement permettra au CRTC d'exiger que des services tels que Crave, Netflix, Amazon Prime, QUB musique et Spotify contribuent financièrement à la musique et aux histoires canadiennes.
Le ministère du Patrimoine canadien estime que, d'ici 2023, l'inclusion des radiodiffuseurs en ligne pourrait mener à des contributions de 830 millions de dollars au contenu canadien, et ce, chaque année. Or, il ne s'agit pas là d'un objectif. Ultimement, le chiffre final dépendra de la façon dont le CRTC décidera de mettre en œuvre le nouveau cadre réglementaire. Toutefois, cette estimation illustre l'importance du projet de loi et les résultats concrets qu'il cherche à obtenir pour appuyer les créateurs canadiens.
Certaines discussions concernant le projet de loi portaient sur le traitement des médias sociaux. Ces plateformes seront assujetties à la réglementation, mais seulement dans la mesure où elles diffusent du contenu commandé ou produit par la plateforme elle-même ou par des entreprises affiliées.
Cependant, les utilisateurs des médias sociaux et le contenu qu'ils publient ne seront pas réglementés. Les médias sociaux constituent une forme d'expression importante pour bien des Canadiens, et, comme M. Piché l'a souligné précédemment, une proposition distincte est en cours d'élaboration pour s'attaquer aux répercussions du contenu préjudiciable publié sur les médias sociaux.
[Traduction]
Pour tenir compte de l’inclusion de la radiodiffusion en ligne, nous avons besoin d’une approche renouvelée de la réglementation. Le projet de loi s’éloigne du système rigide d'octroi de licences et adopte un modèle plus souple fondé sur les « conditions de service ». Ce modèle permettra au CRTC d’exiger des contributions financières de tous les acteurs et de leur imposer d’autres conditions, comme des exigences en matière de découvrabilité et de déclaration de l'information, ainsi que des normes de programmation.
Le CRTC organisera des consultations publiques pour recueillir les commentaires des intervenants et des Canadiens afin d’éclairer ses choix réglementaires. Une fois qu’il aura rassemblé cette information, le CRTC sera en mesure de mettre en place des conditions de service adaptées à chaque radiodiffuseur. Nous voulons éviter une approche trop rigide qui imposerait un fardeau réglementaire indu aux services de diffusion et entraînerait une augmentation des coûts pour les Canadiens.
Enfin, les objectifs de la politique de radiodiffusion sont mis à jour pour faire en sorte que le système de radiodiffusion réponde aux besoins et aux intérêts de tous les Canadiens et reflète leur diversité. Cela signifie qu’il faut s’assurer que les voix canadiennes, y compris celles des créateurs autochtones, des communautés de langue officielle en situation minoritaire, des communautés racisées et ethnoculturelles, des communautés LGBTQ2+ et des personnes handicapées, sont présentes dans nos médias. C’est pourquoi le projet de loi prévoit un soutien accru à la diversité du contenu canadien et de ses créateurs.
Cependant, le projet de loi ne prévoit pas de quotas ou de cibles pour soutenir certaines variétés de contenu, comme le contenu de langue française. Les quotas et les cibles risquent de devenir des maximums de facto. Le CRTC est mieux placé en tant qu’organisme de réglementation indépendant et expert pour prendre des décisions sur la meilleure façon de soutenir tous les types de contenu et de les faire évoluer au fil du temps.
Une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale, le ministre a l’intention de proposer au gouverneur en conseil d’émettre une orientation stratégique à l’intention du CRTC sur la façon dont les nouveaux outils de réglementation accordés par le projet de loi devraient être utilisés. L'exposé technique comprend la description de sept priorités dont il faudra tenir compte à ce chapitre.
Nous savons que le Comité a demandé une ébauche de cette orientation stratégique afin de mieux comprendre concrètement comment ces priorités seront communiquées au CRTC, et nous pouvons lui assurer que nous travaillons à satisfaire cette demande.
Bien qu’il s’agisse d’une étape importante, nous savons que le projet de loi n'aborde pas toutes les questions relatives au secteur de la radiodiffusion, comme le rôle futur de CBC/Radio-Canada et la structure de gouvernance du CRTC.
Le projet de loi n'est qu'une première étape pour répondre aux questions les plus criantes en matière de politiques. Il apporte des changements cruciaux qui permettront de veiller à ce que le système de radiodiffusion canadien soit juste et soutienne la musique et les histoires canadiennes pour des années à venir. Nous avons également l'occasion de rendre le système plus accessible et plus inclusif en appuyant les créateurs et les producteurs qui, par le passé, ont été marginalisés. Le projet de loi constitue une révision nécessaire et essentielle de la Loi sur la radiodiffusion du Canada.
Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions sur le projet de loi.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais vous saluer, tous et toutes.
Je me joins à vous de Montréal, sur le territoire traditionnel des Mohawks et des autres peuples haudenosaunee.
Monsieur le président, membres du Comité, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole devant vous aujourd'hui dans le cadre de l'étude du projet de loi .
J'aimerais aussi souligner qu'aujourd'hui est la Journée internationale de la femme.
J'aimerais remercier les membres du Comité pour les travaux préliminaires qu'ils ont entamés il y a déjà quelque temps.
Je suis ravi que ce texte ait enfin été adopté à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre des communes. Les retards engendrés par certains députés conservateurs ont soulevé mon inquiétude, mais nous y sommes parvenus, et nous pouvons continuer d'aller de l'avant. Rappelons-le: ceci n'est pas un projet de loi partisan. C'est un projet de loi axé sur le secteur de la culture, destiné aux Canadiens et aux Canadiennes, et il mérite d'aller de l'avant.
J'espère que tous les députés ici présents et leur caucus reconnaissent l'urgence de moderniser la Loi sur la radiodiffusion afin qu'elle serve mieux les intérêts de la population canadienne dans le monde numérique.
[Traduction]
Personne ne peut ignorer aujourd'hui le déséquilibre législatif qui avantage les plateformes numériques au détriment des diffuseurs et des industries créatives canadiennes. Cette réforme répond à un besoin criant. Elle est vitale pour assurer le dynamisme des entreprises de chez nous, dès maintenant et pour les décennies à venir. C'est pourquoi notre gouvernement va continuer à travailler de façon constructive et concertée afin que les Canadiennes et Canadiens puissent bénéficier de l'outil législatif le plus efficace possible dans les meilleurs délais.
Les secteurs culturels et créatifs ont nourri depuis le début la réflexion sur la modernisation de la loi actuelle. Ils ont donné leur appui à cette réforme et ce mouvement favorable se confirme d'un bout à l'autre du pays, notamment au Québec.
[Français]
D'ailleurs, depuis le dépôt du projet de loi, cette réflexion importante se poursuit dans l'espace public et devant votre comité. Elle a donné lieu à plusieurs propositions d'amendement, que nous allons examiner avec toute l'attention qu'elles méritent. Nous sommes évidemment ouverts aux améliorations qui maximiseraient les avantages d'une loi modifiée pour les Canadiens et les Canadiennes.
Je sais que vous avez recueilli les contributions importantes de plusieurs témoins clés, et j'ai hâte de voir les résultats du travail du Comité à cet égard.
Je suis bien conscient que l'examen du projet de loi doit être mené avec soin, et ce, pour deux raisons. D'une part, il déploie des moyens totalement inédits au Canada pour mettre en place un cadre réglementaire adapté à la réalité d'aujourd'hui. D'autre part, il s'agit d'un enjeu de taille. De nombreux joueurs des industries créatives et culturelles réclament cette mise à jour de la Loi sur la radiodiffusion et comptent sur ce nouvel outil pour continuer à se développer sur les plateformes numériques.
[Traduction]
Il faut rappeler que le système de radiodiffusion actuel a bien servi les Canadiens durant des décennies. Il a favorisé l'éclosion d'industries créatives et culturelles nationales fortes. Il a permis la diffusion d'un contenu original qui nous ressemble et qui porte la marque de nos valeurs. Le projet de loi vise à préserver cet héritage. Cependant, il vise aussi à inclure plusieurs nouveaux joueurs et de nouvelles activités. Il doit donc avoir une approche adéquate pour intégrer les radiodiffuseurs en ligne et assurer leur contribution équitable.
[Français]
Par ce projet de loi, nous voulons mieux faire résonner la diversité des voix canadiennes: les voix des femmes; les voix des francophones et des anglophones; les voix des communautés en situation minoritaire; les voix des Autochtones; ainsi que les voix de toutes les communautés au pays qui sont trop peu souvent représentées à l'écran ou ailleurs, y compris les communautés ethnoculturelles et les communautés racisées.
Je tiens à préciser que le projet de loi ne vise pas à changer la structure réglementaire en radiodiffusion. Il vise plutôt à mettre à jour les objectifs de la Loi et les outils du CRTC. Il préserve donc l'indépendance donnée au CRTC pour mettre en place la réglementation appropriée et atteindre les objectifs de la Loi. Cette indépendance est d'autant plus importante que le système de radiodiffusion incorporera de nouveaux joueurs ayant des modèles d'affaires différents et que ce système continuera à évoluer.
[Traduction]
Le projet de loi ne traite ni de la réglementation sur la haine en ligne ni de la rémunération équitable des journalistes par les géants du Web, puisque ce ne sont pas strictement des enjeux de radiodiffusion. Toutefois, je compte déposer deux autres projets de loi sur ces questions dans un avenir rapproché. Le temps venu, je serai heureux de comparaître devant votre comité au sujet de ces autres projets de loi. Toujours dans un esprit de collaboration constructive.
[Français]
Je me ferai un plaisir de communiquer le décret que nous avons l'intention de publier à la suite de l'adoption du projet de loi. Veuillez noter, cependant, que ce décret a été rédigé avant le dépôt du projet de loi. Il sera donc certainement modifié de façon mineure à la suite des amendements apportés au projet de loi d'ici la sanction royale.
De plus, par souci de transparence, et comme prévu par la loi, le décret sera assujetti à une période de consultations publiques afin d'obtenir les observations des Canadiens et des Canadiennes à son sujet.
Je vous invite à utiliser le décret comme contexte pour vos études et à concentrer vos efforts sur le projet de loi proprement dit, car c'est la Loi qui nous accompagnera durant plusieurs décennies et qui assurera la pérennité du secteur de la radiodiffusion. Au fil des ans, les gouvernements se succéderont et prendront divers décrets au CRTC pour s'adapter aux réalités du moment.
Finalement, j'aimerais éclaircir la situation suivante. Lors de ma comparution du 5 novembre 2020, le député de Richmond—Arthabaska m'a demandé comment le ministère avait fait le calcul pour déterminer que les investissements supplémentaires dans le contenu canadien diffusé numériquement à la télévision d'ici 2023 seraient de 830 millions de dollars. Le 11 décembre 2020, le ministère a fourni au greffier du Comité permanent du patrimoine canadien les réponses aux questions qui avaient été posées lors des réunions du 30 octobre et du 5 novembre 2020, y compris celle portant sur le calcul du montant de 830 millions de dollars. Lors de ma dernière comparution devant le Comité...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également le ministre et ses collègues de leur présence.
Vous me permettrez de corriger certains propos du ministre ou du moins de le rappeler à l'ordre, moi aussi.
Le ministre ne veut pas que ce projet de loi fasse l'objet de partisanerie et il souhaite que nous en reconnaissions l'urgence. J'aimerais l'informer que le Comité a accepté à l'unanimité de procéder en accéléré à l'étude de ce projet de loi, et ce, en dépit du privilège tout à fait légitime qu'avaient les députés de s'exprimer à la Chambre des communes et de poser des questions sur ce projet de loi. Je rappelle que le gouvernement libéral a mis cinq ans pour déposer ce projet de loi. De plus, il a prorogé le Parlement, ce qui a retardé l'étude de projets de loi importants, comme celui-ci sur la radiodiffusion. Nous sommes tout à fait d'accord sur le principe. Si ce n'est pas trop lui demander, j'aimerais que le ministre se garde une petite gêne dans le cas présent, plutôt que d'essayer de nous faire la leçon comme il le fait présentement.
Cela étant dit, oui, il a raison: nous avons bel et bien reçu un avis, noyé dans un document de plusieurs pages, contenant exactement la même information que celle qui nous a été donnée, c'est-à-dire que le calcul a été fait à partir de simulations. J'aimerais dire au ministre que sa sous-ministre, Mme Laurendeau, a pris la peine durant cette même rencontre de dire qu'il serait important, tant qu'à déposer le document, de fournir des explications, car c'était supposément complexe. Je pense qu'il y a eu un imbroglio. Je le lui accorde, nous avons bel et bien reçu l'information, mais ce n'était rien de très précis. Encore là, il va falloir attendre les directives du CRTC.
J'aimerais revenir sur ce projet de loi, qui est si important, mais qui ne tient pas compte de plusieurs aspects. Comme l'a dit le ministre lui-même dans son allocution, le projet de loi ne touche en rien aux discours haineux ni au partage des revenus. Les joueurs des réseaux sociaux ne sont pas visés par ce projet de loi. Par ailleurs, malgré l'urgence et les consultations du CRTC, rien n'a été fait encore pour revoir le rôle que CBC/Radio-Canada a à jouer. Il y a donc beaucoup de questions.
Lorsqu'elle a déposé son document de travail, son supposé livre blanc, la nous a parlé de l'importance du français et de l'importance pour le gouvernement d'en faire la promotion et de le défendre. Elle a dit que, en matière de radiodiffusion, le français aurait une place importante et qu'on allait y travailler avec ardeur.
Pourtant, lorsqu'on examine le projet de loi , qui vise principalement les joueurs du numérique, on se rend compte que la seule et unique mesure visant à accroître la place du français, à en faire la promotion et à s'assurer d'avoir du contenu francophone a été de supprimer la mention « au fur et à mesure de la disponibilité des moyens » à la fin de l'alinéa 3(1)k) de la Loi, de sorte qu'il soit simplement indiqué qu'« une gamme de services de radiodiffusion en français et en anglais doit être progressivement offerte à tous les Canadiens ».
Il me semble que le projet de loi ne prévoit pas grand-chose de substantiel à ce sujet. Pourtant, la nous dit de son côté que le français est important et qu'elle va s'assurer qu'il en sera tenu compte dans tous les ministères. Nous voilà en train d'étudier ce projet de loi, que nous attendions depuis plus de 30 ans. Selon les hauts fonctionnaires et le ministre, c'est un projet de loi historique. Or, il comporte un seul élément qui traite de la protection du français.
Qu'avez-vous à répondre à tous ces organismes qui s'inquiètent de la place du français en Acadie, au Québec et dans les communautés francophones hors Québec? Là, je ne parle pas de quotas; n'essayez pas de me faire dire qu'il y a des quotas.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, chers témoins, je vous remercie de votre présence parmi nous aujourd'hui, et je vous en suis reconnaissant. Pendant que nous travaillons sur cette importante mesure législative, je me réjouis vraiment de l'occasion qui m'est donnée de parler avec vous afin d'obtenir des renseignements supplémentaires.
Nous savons que la Loi sur la radiodiffusion nous offrira davantage de débouchés dans les secteurs du film, de la vidéo et de l'enregistrement sonore. Il est vraiment important de soutenir ces emplois et d'investir dans notre secteur culturel, surtout en ce moment.
Comme j'habite ici, dans la région de Waterloo, je peux en parler en connaissance de cause. Il y a dans la région une scène musicale très animée, dont je suis bien conscient, ainsi qu'une production cinématographique et télévisuelle très dynamique, notamment le tournage de nombreuses publicités et d'émissions comme La servante écarlate, Anne, Les enquêtes de Murdoch, et j'en passe.
J'espère que vous pourrez nous en dire davantage sur la façon dont la mise à jour de la Loi sur la radiodiffusion va générer chaque année près d'un milliard de dollars d'investissements étrangers dans nos films, notre télévision et notre musique, à un moment où le secteur des arts et de la culture est touché de manière disproportionnée par la pandémie, et que vous pourrez nous expliquer à quel point l'ensemble de l'écosystème artistique est important pour nos économies locales et plus particulièrement pour les secteurs du tourisme et de l'accueil, qui sont également très durement touchés par la pandémie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes questions ont trait au projet de loi , mais avant de les poser, je tiens à dire au ministre que j'ai beaucoup aimé son exposé. J'aimerais qu'il nous parle des compressions budgétaires proposées à Radio-Canada International. J'espère que le ministre étudie la question. Je crois que ces compressions sont problématiques.
J'ai hâte de voir la réglementation proposée par le ministre pour le retrait du contenu illégal des plateformes en ligne.
J'ai écouté les propos de M. Rayes et de M. Champoux.
[Français]
Moi aussi, je suis préoccupé par le manque de précision, dans le texte proposé, au sujet du contenu original en français. Je suis très content d'avoir entendu le ministre dire qu'il étudierait attentivement les amendements qui pourraient être proposés par le Comité.
Par ailleurs, la question du contenu pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire me préoccupe aussi.
[Traduction]
Monsieur le ministre, nous avons entendu des groupes de francophones à l'extérieur du Québec et des groupes d'anglophones du Québec nous faire part de leurs inquiétudes, parce que la presque totalité du contenu français du Canada vient du Québec et que la presque totalité du contenu anglais vient de l'extérieur du Québec. On produit très peu de contenu français à l'extérieur du Québec et très peu de contenu anglais au Québec.
Est-ce que vous accepteriez certains amendements au que nous pourrions proposer pour aborder les préoccupations des communautés de langue officielle en situation minoritaire?