Il semble que tout le monde, à part moi, participe à la réunion de façon virtuelle aujourd'hui. C'est notre nouvelle réalité.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité reprend son étude sur les défis et enjeux auxquels sont confrontés les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et du sport pendant la pandémie de COVID-19. Nous avons présenté la motion le 23 octobre 2020 à cet égard.
Nous disposons de deux heures aujourd'hui. Nous entendrons un premier groupe de témoins, puis un deuxième dans une heure.
Je rappelle à nos témoins qu'ils disposent d'au plus cinq minutes pour faire leur déclaration préliminaire. Nous passerons ensuite aux questions des députés de tous les partis, qui disposeront chacun d'un certain temps. Nous allons y arriver dans quelques instants.
J'aimerais d'abord présenter les témoins.
[Français]
Nous recevons une représentante de l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo.
[Traduction]
Il s'agit de Solange Drouin, qui est vice-présidente et directrice générale, Affaires publiques. Nous recevons également Alex Mustakas, qui est directeur artistique et président-directeur général de Drayton Entertainment. Enfin, nous recevons Patrick Rogers, qui est vice-président, Affaires corporatives pour Music Canada.
Nous sommes heureux de vous voir.
Nous allons maintenant entendre vos discours préliminaires de cinq minutes. Je pourrai faire preuve d'un peu de souplesse, mais le temps passe très vite, comme vous le savez sûrement.
[Français]
Madame Drouin, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Bonjour, tout le monde.
Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Avant d'entrer dans le vif du sujet et de parler de la pandémie, j'aimerais prendre quelques instants pour vous présenter le milieu de la musique.
Dans le monde, ce milieu est très largement dominé par trois grandes entreprises multinationales: Sony, Universal et Warner. Ces trois entreprises sont présentes au Canada. Elles distribuent ici les contenus musicaux des artistes internationaux et elles développent aussi la carrière d'artistes canadiens qui, selon elles, peuvent avoir une portée internationale, comme Drake ou The Weeknd, que vous connaissez.
Ces trois grandes entreprises sont presque totalement absentes de la production des contenus francophones canadiens et des artistes québécois d'autres langues. Ces artistes canadiens francophones sont presque tous associés à des entreprises indépendantes, qui développent leur carrière ici et, pour certains, à l'international. Il va sans dire que la taille des entreprises indépendantes est sans commune mesure avec celle des trois entreprises mondiales.
Il est important d'avoir cette vision en tête lorsque vous analyserez les effets de la pandémie dans notre secteur.
Toutes les entreprises ont souffert de la pandémie, bien évidemment. Par contre, les entreprises indépendantes n'ont pas les mêmes ressources que les multinationales pour y faire face.
Pour bien comprendre notre secteur, l'autre élément qu'il faut prendre en compte est que les revenus de l'ensemble de la chaîne des intervenants de la musique viennent principalement de trois sources: il y a les revenus tirés de la vente de musique enregistrée, ceux tirés de la vente de billets de spectacle et, finalement, les sommes et les contributions tirées de l'utilisation de la musique à la radio et dans les lieux publics, par exemple.
En ce qui a trait aux ventes de musique enregistrée, comme vous le savez, depuis 2005, ces revenus se sont rétrécis de façon considérable au profit de la diffusion en continu, sans générer de revenus équivalents, loin de là. La pandémie a encore accéléré ce phénomène irréversible.
La pandémie a aussi eu un effet catastrophique sur la vente de billets de spectacle, compte tenu de la fermeture des salles. En temps normal, les revenus tirés de cette activité représentent près de 50 % des revenus totaux des entreprises. Or, le milieu s'en voit privé totalement depuis plusieurs mois. Cette perte a un effet dévastateur sur l'ensemble de la chaîne, puisque les dépenses dans ce secteur sont composées à plus de 75 % de main-d'œuvre, soit les artistes, les choristes, les musiciens, les techniciens et les concepteurs, entre autres.
Finalement, les autres revenus tirés de l'utilisation de la musique ont aussi subi des baisses énormes et en subiront encore. Par exemple, dans le domaine de la radio, les redevances versées sont calculées selon un pourcentage des revenus publicitaires. Comme les revenus publicitaires sont à la baisse, les redevances qui en découlent pour les auteurs, les interprètes et les producteurs le sont également.
Le portrait que je vous décris est assez sombre, j'en conviens. Pourtant, la réaction de notre milieu à la pandémie a été surprenante, et même inspirante. Au lieu de baisser les bras devant l'énormité des défis, le milieu de la musique a poursuivi un travail sans relâche pour que le lien entre les artistes et le public reste bien vivant.
Depuis le confinement, seulement au Québec, plusieurs centaines d'albums ont été mis en marché. Toutes sortes d'activités et de spectacles ont vu le jour, par exemple des spectacles virtuels, sur les balcons et dans les ciné-parcs, et la production de vidéoclips s'est poursuivie. Bref, les entreprises indépendantes canadiennes qui accompagnent les artistes sont restées bien ouvertes et bien actives.
Tout cela a été rendu possible grâce à des sommes supplémentaires du fédéral et du gouvernement du Québec. Nous l'avons souligné à plusieurs reprises et nous le disons encore aujourd'hui: merci de cet accompagnement essentiel.
Ces sommes versées d'urgence ont apporté à notre milieu un peu de prévisibilité jusqu'au 31 mars 2021. Au-delà de cette date, pour ainsi dire demain matin, les perspectives d'avenir deviennent floues et incertaines. Une large consultation faite auprès de nos membres nous a même révélé une grande crainte que 2021 soit pire que 2020. C'est une crainte à laquelle s'ajoutent évidemment l'épuisement des équipes et l'accumulation des pertes.
Nos entreprises indépendantes ont toujours été dynamiques mais fragiles. La pandémie les a fragilisées encore plus et, ce faisant, leur capacité de production, de commercialisation et de diffusion de la musique et des spectacles pour les artistes d'ici a été atteinte.
Dans les prochains mois, il faut qu'un plan de reprise soit mis en application sur une période aussi longue que nécessaire, pour que le milieu canadien et francophone de la musique puisse continuer de rendre accessible au public canadien, partout sur le territoire, une musique de qualité dans toute sa diversité. Pour y arriver, des investissements financiers seront nécessaires, bien sûr.
En outre, la pandémie a exacerbé l'urgence de réviser deux lois-cadres pour notre secteur.
Je parle tout d'abord de la révision de la Loi sur la radiodiffusion. Le projet de loi , présentement devant le Parlement, établit un cadre pour les entreprises en ligne, souvent étrangères, et les soumettra ultimement à une réglementation mettant en valeur nos contenus et les contributions financières. Cette révision législative doit être complétée avant les prochaines élections. Nous ne pouvons pas manquer ce rendez-vous historique.
La révision de la Loi sur le droit d'auteur est un autre outil à donner au milieu culturel pour assurer sa pérennité. Par exemple, le régime de copie privée, qui a porté ses fruits pendant de nombreuses années, doit être rétabli.
Je vous remercie de votre écoute. Je suis évidemment disposée à répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'accorder quelques minutes et de me permettre de témoigner devant vous.
Permettez-moi de vous mettre en contexte. Drayton Entertainment est une organisation artistique à but non lucratif primée qui produit des pièces professionnelles pour un circuit de sept théâtres de l'Ontario: le Hamilton Family Theatre Cambridge; le St. Jacobs Country Playhouse et le Schoolhouse Theatre, dans Kitchener—Conestoga; le Drayton Festival Theatre, dans Perth—Wellington; deux scènes du Huron Country Playhouse, à Grand Bend, dans Huron—Bruce; et le King's Wharf Theatre, à Penetanguishene, dans Simcoe-Nord. Nous avons aussi un centre de production et avons récemment annoncé l'ouverture d'une académie des jeunes à Waterloo.
Ce qui était au départ une organisation artistique communautaire bénévole en 1991 dans le petit village de Drayton, en Ontario, est devenu l'une des grandes réussites de l'histoire du théâtre canadien. À l'époque, nous n'avions qu'un seul employé, une légion de bénévoles, une saison de neuf semaines, 14 000 entrées payantes et un budget modeste de 99 000 $. Pour la saison 2020 — la saison de pandémie —, nous aurions présenté 832 spectacles dans l'ensemble de la province, devant un auditoire payant de 275 000 personnes, avec un budget de 12,5 millions de dollars et une incidence économique évaluée à plus de 65 millions de dollars.
Drayton Entertainment offre aujourd'hui plus de 400 contrats de travail à des acteurs, des musiciens, des concepteurs et d'autres artistes. Ainsi, nous comptons parmi les plus grands employeurs d'artistes professionnels du pays. Nous avons aussi plus de 175 autres employés et un réseau actif de 550 bénévoles qui travaillent plus de 30 000 heures par année.
Ce qui est remarquable, c'est que depuis nos débuts — parce que je suis là depuis la création de l'organisation, et depuis trop longtemps selon l'avis de certains —, nous n'avons reçu aucun financement opérationnel d'un quelconque ordre de gouvernement ou conseil des arts. Bien sûr, nous avons profité des investissements fédéraux occasionnels pour l'amélioration ou l'agrandissement des immobilisations, ce qui a donné lieu à d'importants rendements du capital investi.
La pandémie a affecté de nombreux théâtres de trois principales façons. Premièrement, l'annulation de la programmation a été particulièrement difficile non seulement pour nous, mais aussi pour nos partenaires du secteur municipal, du tourisme et de l'hébergement, qui comptent sur nous pour stimuler l'économie régionale.
Deuxièmement, de par sa nature, notre travail est communautaire, ce qui fait du rétablissement un défi de taille pour les entreprises.
Troisièmement, malgré la subvention salariale et la prestation d'urgence, sans revenus pour assumer les coûts de fonctionnement fixes, nous n'avons eu d'autre choix que de résilier tous les contrats avec les artistes et de mettre à pied la majorité de nos employés. Nous nous retrouvons dans une position difficile. Avec nos collègues de l'industrie, nous avons réduit les pertes financières, les frais généraux et les dépenses par tous les moyens possibles.
Alors que nous continuons à faire face à ces défis, nous avons dégagé quatre recommandations à l'intention du comité permanent, en vue d'aider les intervenants de notre secteur.
Premièrement, il faut un processus de demande juste et transparent pour l'accès aux fonds du gouvernement. Les critères des programmes d'aide actuels et futurs devraient être élargis afin d'inclure les organisations qui ne reçoivent pas déjà des fonds d'exploitation annuels de la part d'un ordre de gouvernement. En résumé, les organisations artistiques comme la nôtre ne devraient pas être ignorées parce qu'elles ne reçoivent pas déjà les subventions de ces entités. Plus tôt cette année, le gouvernement a annoncé l'octroi de 55 millions de dollars au Conseil des arts du Canada, qui a choisi de les distribuer à ses clients actuels seulement, sans donner la chance aux autres de présenter une demande et une analyse de rentabilisation convaincante en vue d'obtenir du soutien.
La deuxième recommandation a trait à la bonification du soutien à la rémunération. En tout respect, nous souhaiterions que la Subvention salariale d'urgence soit rétablie au maximum de 85 % pour les secteurs les plus durement touchés. Nous serions donc en mesure de réembaucher des travailleurs pour faciliter la reprise de nos activités. Même avec le programme de subvention salariale actuel — pour lequel nous sommes très reconnaissants —, bon nombre des organisations artistiques fonctionnent avec peu ou pas de revenus, et n'arrivent pas à compléter le salaire ou les prestations des membres de leurs équipes.
La troisième recommandation vise à réduire les frais fixes. Pour nous, certaines mesures restrictives comme un maximum de 50 personnes dans l'auditoire ont le même effet net qu'une fermeture complète de nos établissements. Avec le nouveau programme de supplément au loyer, nous nous inquiétons de voir les organisations n'être admissibles qu'à un supplément de 25 % dans le cas d'une fermeture complète, qui sera déterminée par les autorités régionales de la santé. L'élargissement des critères d'admissibilité aiderait grandement les membres de notre secteur, dont les établissements sont majoritairement vides depuis le mois de mars.
Notre quatrième recommandation — et ma préférée — vise la création d'un fonds pour la reprise des arts. Si j'étais le roi du monde, c'est ce que je ferais. Un financement de contrepartie semblable aux incitatifs aux fonds de dotation dans les arts du ministère, qui est une grande réussite, permettrait aux organisations artistiques de s'alimenter de la philanthropie des membres de leur public, qui sauraient que leur don serait doublé par le gouvernement du Canada. Je crois qu'ainsi, les intervenants se sentiraient directement engagés dans le rétablissement de notre secteur.
Pour conclure sur une note personnelle, monsieur le président, outre les pertes financières effarantes que subit notre industrie, la santé mentale de ses membres et la chose la plus importante pour nous. Un musicien professionnel m'a dit récemment, les larmes aux yeux, que la musique était tout ce qu'il savait faire. Une actrice, qui a le poids du monde sur les épaules, m'a dit qu'elle s'était préparée toute sa vie pour faire ce métier, mais qu'elle songe maintenant à changer de carrière.
Le secteur de la création est essentiel. La COVID-19 a eu un effet dévastateur sur notre bien-être émotionnel.
Charlie Chaplin a dit qu'il aimait marcher sous la pluie parce qu'on ne le voyait pas pleurer. J'espère que vous allez nous voir aujourd'hui, parce que nous avons vraiment besoin de votre aide.
Merci beaucoup.
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C'est un plaisir de vous voir, monsieur le président. Je vous remercie de l'occasion de comparaître.
Je m'appelle Patrick Rogers, et je suis codirecteur général par intérim de Music Canada. J'aimerais remercier le Comité de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
Music Canada est l'association commerciale qui représente les principales maisons de disques au Canada: Sony Music Entertainment Canada, Universal Music Canada et Warner Music Canada. Notre travail est habituellement axé sur la promotion et la protection de la valeur de la musique, ce qui aide les artistes et les entreprises qui les appuient à prospérer et à contribuer à l'économie et à la culture. Toutefois, en mars, dans la même semaine, l'industrie canadienne de la musique a été contrainte d'annuler la soirée des Juno, les sports nord-américains ont arrêté leurs activités et les Canadiens ont cessé de se rassembler en grand nombre. Nos membres nous ont alors demandé de concentrer nos efforts et nos ressources sur l'aide aux personnes les plus vulnérables de l'industrie: les artistes, les techniciens et tous ceux qui travaillent dans le secteur du spectacle. Ils ont été parmi les premiers à perdre leur gagne-pain en raison de la pandémie et seront parmi les derniers à le retrouver.
Pour que tous les ordres de gouvernement aient des renseignements précis pour comprendre les répercussions de la pandémie et créer des mesures d'aide efficaces, nous avons mené des sondages nationaux, en collaboration avec Abacus Data, pour connaître l'incidence de la pandémie sur les artistes et leurs admirateurs. Un des sondages a été réalisé auprès de plus de 700 musiciens professionnels afin de mieux comprendre les conséquences de la pandémie, de leur point de vue.
Voici quelques chiffres importants.
Le rapport révèle que les musiciens professionnels donnent en moyenne près de 100 spectacles par année, ce qui les amène généralement à voyager au Canada et dans le monde entier. Les recettes générées par les spectacles en direct contribuent en moyenne à faire vivre 11 autres personnes, comme les membres des groupes, les techniciens et des gens qui occupent d'autres emplois dans l'industrie. Dans une proportion renversante — 85 % —, les musiciens affirment qu'ils auront de la difficulté à payer leurs factures s'ils ne peuvent se produire sur scène.
Le chiffre le plus important est zéro. Il n'y a pas de spectacles, pas de festivals et pas de concerts, tels que le conçoivent les artistes, les amateurs et l'industrie depuis des générations. C'est pourquoi nous nous sommes employés tout au long de la pandémie à faire entendre le point de vue des artistes sur des tribunes comme celle-ci, et à aider collègues et organismes, comme Mme Erin Benjamin, de l’Association canadienne de musique sur scène, à faire connaître les difficultés des salles de spectacle et des artistes qui s'y produisent.
Outre le sondage auprès des artistes, nous avons également commandé un sondage national distinct auprès des Canadiens. Les premiers résultats ont été publiés en mai, suivis d'une mise à jour en août. Ces résultats ont été tout aussi stupéfiants. Ils indiquent que les Canadiens, y compris les amateurs de musique avoués, resteront chez eux en raison de craintes liées au virus bien après que les rassemblements seront permis. Environ un amateur de musique sur deux pense qu'il faudra au moins six mois après la levée des restrictions gouvernementales avant de se sentir assez en sécurité pour recommencer à aller à des spectacles et à des festivals, dans de petites et grandes salles, et ailleurs. L'inquiétude s'est accrue considérablement au fil du temps.
Nos recherches confirment aussi ce que nous savions déjà: les Canadiens s'ennuient des spectacles de musique. Même si regarder un concert en ligne peut être momentanément satisfaisant, cela ne remplace aucunement ce qu'on ressent lorsqu'on assiste à un spectacle en personne. Les Canadiens adorent les spectacles de musique et nous ont dit qu'ils attendent avec impatience d'assister à des spectacles de nouveau, lorsqu'ils seront certains de pouvoir le faire en toute sécurité.
Nous savons que la scène musicale fera éventuellement un retour en force et qu'elle aura un rôle aussi important qu'avant, mais l'aide gouvernementale est essentielle pour garantir qu'elle existera toujours après la pandémie. Comment pouvons-nous y parvenir? Les artistes et les gens qui œuvrent dans notre secteur doivent recevoir une aide financière directe et continue — comme la Prestation canadienne de la relance économique — tant que les salles de spectacles du pays seront réglementées, fermées ou seulement partiellement ouvertes. Cette aide financière sera nécessaire pour une période bien plus longue que ce à quoi beaucoup de gens s'attendent. Comme nous le constatons déjà, les besoins augmenteront si la situation sanitaire se détériore.
Enfin, Music Canada et d'autres acteurs de l'industrie ont comparu devant le Comité l'an dernier pour discuter de la nécessité d'une réforme du droit d'auteur. Pratiquement tous les acteurs de l'industrie canadienne de la musique ont demandé quelques modifications simples à la Loi sur le droit d'auteur afin de garantir que les artistes soient payés lorsqu'on fait jouer leur musique. Le rapport du Comité, intitulé Paradigmes changeants, est une excellente feuille de route pour faire respecter ce principe.
J'espère que le Comité et le gouvernement reprendront bientôt ce travail, car comme la pandémie empêche les artistes de partir en tournée, le mythe selon lequel les artistes n'ont pas besoin de protection du droit d'auteur est étalé au grand jour.
J'aimerais remercier la secrétaire parlementaire d'avoir défendu ce principe sans relâche, tant pendant la rédaction du rapport que maintenant, dans son nouveau rôle.
J'espère qu'alors que vous examinez les façons d'aider l'industrie de la musique à affronter la pandémie, vous recommanderez à nouveau de régler la question des mesures liées aux droits d'auteur, ce qui serait très utile.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, monsieur Rogers.
Le Canada aime les concerts; c’est tout à fait vrai. C’est un excellent point.
Mesdames et messieurs, nous passons maintenant aux questions.
J’aimerais simplement dire quelque chose à nos témoins: si vous souhaitez intervenir dans une discussion, veuillez attirer l’attention de la personne qui pose la question. Vous pouvez le faire en faisant un signe de la main à l’écran; avec un peu de chance, la personne qui pose la question le verra. Je demande à ceux qui posent les questions de garder l’œil sur la galerie pour voir qui veut intervenir.
C’est une première: je préside une réunion de comité ou j’y participe alors que je suis le seul membre présent dans la salle. Je ne suis pas certain d’éprouver de la solitude ou d’être obnubilé par le pouvoir. J’espère le savoir d’ici la fin de la réunion.
Quoi qu’il en soit, essayons de procéder le plus rapidement et le mieux possible, car c’est un enjeu très important.
Monsieur Shields, vous avez six minutes.
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Je dirais que la subvention salariale serait en tête de liste, suivi de l’allègement des coûts. Le fonds d’incitatifs contribuerait bien sûr à la relance. Il s’agit d’aller de l’avant et de collecter des fonds pour la reprise, la croissance et le changement générationnel que nous aimerions effectuer.
Pour nous, un organisme canadien à vocation artistique de taille relativement modeste, je suppose, les pertes pour 2020 s’élèveront à près de 3 millions de dollars. L’année prochaine, en 2021, s’il n’y a pas de programmation, les pertes seront de plus de 1 million de dollars, seulement pour les coûts fixes et un effectif de base minimal. En 2020, un de nos problèmes était lié aux conventions collectives avec les syndicats d’acteurs, aux redevances anticipées, aux créateurs, etc., de sorte que diverses indemnités nous ont coûté près de 1,5 million de dollars.
Nous n’aurons pas ces frais l’an prochain, évidemment, parce que nous n’avons aucun contrat. Pour l’an prochain, nous prévoyons une perte d’au moins 1 million de dollars, sans même ouvrir nos théâtres une seule fois.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici.
Tous ont livré des témoignages très émouvants et percutants.
Je vais poursuivre là où M. Shields s'est arrêté. C'est trop important pour laisser tomber.
Monsieur Mustakas, vous avez parlé d'un artiste qui vous a dit qu'être musicien est tout ce qu'il savait faire de sa vie. Cela m'a interpellé, car, jusqu'à il y a un an, j'aurais dit exactement la même chose. Le théâtre occupe une place importante dans Kitchener—Conestoga.
Nous savons tous que le grand art naît de la lutte, mais nous n'avons jamais vu de lutte de cette ampleur, d'une telle profondeur. Je veux donc m'attarder sur la santé mentale.
Je sais que ces artistes et leur entourage... Il n'y a pas que les artistes; il y a aussi tous ceux qui travaillent sur la scène et en coulisses. Les programmes dont nous parlons peuvent aider les gens à traverser cette épreuve.
Je m'inquiète aussi pour nos jeunes artistes qui veulent simplement essayer de percer dans le domaine. Y a-t-il moyen de jumeler les deux aspects dont vous parlez, d'appuyer les artistes pour aider la jeune génération et voir s'il est possible de les aider à se tailler une place? Ils se trouveraient ainsi à aider leurs pairs.
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Nous avons certainement besoin du soutien. Nous avons eu un programme jeunesse très fructueux au fil des ans que nous sommes en train d'élargir. Nous pensons que c'est un domaine dans lequel nous serons très efficaces en matière de changement générationnel.
Je connais beaucoup de jeunes qui sont dans des écoles d'art dramatique et des programmes de théâtre musical et qui étudient la musique, entre autres. J'ai peur qu'ils n'aient pas d'endroit où faire des prestations quand ils auront terminé leurs études. Tout soutien que nous pouvons leur apporter est essentiel, à mon avis. Nos musiciens nous manquent. Il n'y a rien qui se compare à la musique en direct.
L'autre chose que je dois mentionner — ce ne sont pas seulement les artistes et les jeunes —, c'est que nous avons reçu récemment plus de 600 commentaires de nos spectateurs. Nombre d'entre eux sont des personnes plus âgées qui s'ennuient de ce que nous faisons et qui nous disent que le théâtre et la musique en direct font partie intégrante de leur vie. Nous devons aussi penser à tous ces gens. Dès que nous pourrons le faire en toute sécurité, nous reviendrons.
Vous avez tout à fait raison, monsieur Louis. Il faut se battre pour accomplir de grandes choses, en partant de la base. C'est quand la collectivité se réunit. Vous pouvez voir l'affiche au-dessus de mon épaule sur Les Misérables, si vous voulez parler de bataille.
Il ne faut pas oublier les communautés, qui sont aussi notre avenir.
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C'est le volet incitatif. Nous savons que cela fonctionne lorsqu'on peut dire à quelqu'un que s'il fait un don de 100 $, il sera égalé par une autre personne ou une autre organisation, le gouvernement. Si nous pouvions convaincre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux de participer, ce 1 $ se transformerait en 3 $.
Je pense que ce sont les gens, les intervenants qui souhaitent la reprise économique et qui sont disposés à aider, et c'est un incitatif.
Je vais vous donner un exemple personnel. Il y a quelques mois, j'ai tenu une réunion du conseil d'administration ici avec des bénévoles du conseil et j'ai dit que je donnerais jusqu'à 25 000 $ pour tous les encourager à contribuer. Le premier membre du conseil d'administration est passé devant moi et m'a dit qu'il donnerait le même montant. Cela a été dur pour moi, mais mon initiative a fonctionné.
C'est le type d'incitatif qui est en place, et cela a très bien fonctionné avec le programme d'incitatifs au fonds de dotation pour les arts en vue de créer des fonds de dotation où nous ne pouvons pas toucher aux capitaux. Ce n'est que le versement annuel, mais dans ce cas précis, cela permettrait de réunir tout le monde dans le cadre d'un mouvement communautaire. Vous établiriez des partenariats avec le gouvernement, des particuliers, des entreprises, des municipalités et tous...
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Je m'aperçois que j'ai oublié de décrire la mission de l'association pour laquelle je travaille. L'ADISQ représente les producteurs indépendants de musique au Québec et dans la grande francophonie canadienne. Je tenais à le préciser.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'ensemble du milieu a continué de travailler, que ce soient les auteurs, les artistes, les interprètes, les musiciens, les producteurs ou les diffuseurs. Ces gens sont demeurés actifs et ont essayé de rester en contact avec le public. Si rien n'est fait, le travail que nous avons pu continuer à faire pendant un certain temps ne pourra pas se poursuivre. À terme, nous risquons de perdre tout ce que nous avons bâti au cours des 40 dernières années.
Ce que nous avons bâti au cours des 40 dernières années, c'est un vedettariat, qui est appuyé par les artistes qui sont aimés du public et les entreprises qui les accompagnent. C'est précieux. Nous parlons évidemment des artistes, mais il ne faut jamais oublier ceux qui les accompagnent. S'ils comparaissaient devant vous, les artistes vous diraient qu'ils ont davantage de succès lorsqu'ils sont bien accompagnés par les entreprises. Nous avons enfin des entreprises canadiennes solides, qui développent la carrière des artistes et qui les accompagnent. Il y a des gérants et une panoplie d'autres gens de métier qui contribuent au développement de la carrière des artistes.
Nous risquons de perdre non seulement des carrières artistiques, mais aussi une infrastructure industrielle importante, qui existe pour recevoir les nouveaux artistes et développer leur carrière. Ils œuvrent pour que nous ayons accès à de la nouvelle musique, de sorte que nous ne soyons pas contraints, demain matin, à écouter seulement nos meilleurs succès ou nos classiques. Ils travaillent pour qu'un jour, dans un élan de nostalgie, nous puissions écouter les vieilles chansons de 2020.
Pour l'instant, il faut continuer de créer ces chansons. Il faut les faire circuler partout au Canada, au Québec et dans toute la Francophonie.
Voilà ce que nous risquons de perdre, si aucune aide n'est apportée aux artistes, aux interprètes et aux entreprises qui les soutiennent.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma question s'adresse à Mme Drouin.
Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation.
Vous l'avez bien expliqué, le secteur de la musique est lourdement touché par la COVID-19. Nous sommes bien conscients des enjeux qui touchent nos artistes d'ici et nous y sommes sensibles. Nous voulons continuer à leur offrir un plan de soutien comme nous l'avons fait par l'entremise du fonds d'urgence, lequel nous a permis de verser 500 millions de dollars aux organismes chargés de la culture, du patrimoine et du sport. La phase 1 venait en aide aux gens qui avaient déjà reçu un financement. La phase 2, plus ouverte, était admissible à tout le monde.
J'ai rencontré le Conseil de la culture de l'Estrie, où l'on m'a signalé qu'il y avait une perte de main-d'œuvre qualifiée dans l'industrie du spectacle et de la production artistique. En raison de la suspension des productions de spectacles, plusieurs techniciens et spécialistes se sont déplacés vers Montréal ou se sont réorientés vers une autre carrière.
Pourriez-vous nous parler un peu de la rareté de la main-d'œuvre qualifiée en région dans notre industrie de la musique?
:
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent du patrimoine canadien de me donner l'occasion de m'exprimer concernant les lacunes de certains programmes d'aide fédéraux qui s'adressent aux médias communautaires.
D'abord, je voudrais présenter l'Association des médias écrits communautaires du Québec.
L'AMECQ a été fondée en 1980. Elle représente 80 journaux et magazines qui sont des organismes à but non lucratif administrés par un conseil d'administration composé de bénévoles. Ces journaux et magazines représentent une prise en charge de l'information locale par la population. Ils sont généralement produits par une majorité de bénévoles.
Je veux préciser que le mot « communautaire » n'a pas la même signification en anglais qu'en français. En anglais, « community newspaper » désigne un journal, généralement privé, qui dessert une communauté. Il n'y a pas de distinction entre les journaux à but non lucratif et les journaux privés. En français, le terme « communautaire » signifie qu'il s'agit d'organismes à but non lucratif. Cela crée de la confusion dans la présentation des programmes d'aide qui s'adressent aux médias.
Je voudrais aborder quatre points particuliers: l’Initiative de journalisme local; le Fonds d’appui stratégique aux médias communautaires, qui appuie les médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire; le crédit d’impôt accordé aux médias; et la publicité accordée aux médias écrits communautaires.
Parlons d'abord de l'Initiative de journalisme local.
Bien que louable à première vue, cette initiative mise en avant par Patrimoine canadien et administrée par Médias d'info Canada s'avère non appropriée aux médias écrits communautaires du Québec. L'Association des médias écrits communautaires du Québec déplore que ce programme ne s'adresse aucunement à ses journaux et magazines membres.
Sur son site Web, Médias d'info Canada fait la promotion de l'Initiative de journalisme local en ces termes:
Dans certaines régions du Canada, les résidents n’ont pas accès à de l’information journalistique sur les questions et les institutions communautaires par l’entremise des journaux locaux, de la radio, de la télévision ou d’autres médias communautaires. Ces lacunes dans la couverture médiatique signifient que les citoyens ne disposent pas de l’information nécessaire sur les nouvelles, les questions et les événements qui les touchent personnellement dans leur vie quotidienne.
L'AMECQ déplore principalement que ce programme ne s'adresse qu'aux médias couvrant une région décrite comme un désert d'information ou comme un secteur où il y a une pauvreté de l'information. La totalité de nos membres n’est donc pas admissible à ce programme.
L'Initiative de journalisme local dit offrir du financement aux médias d'information afin d'embaucher des journalistes pour couvrir les institutions civiques et les enjeux d'importance dans les communautés sous-desservies. On dit ceci sur le site de Médias d'info Canada:
L’Initiative de journalisme local appuie la création d’un journalisme civique original qui répond aux divers besoins des collectivités mal desservies partout au Canada [...]
Entre autres, on exige d'un média qui fait une demande de subvention de décrire en quoi la région qu'il souhaite couvrir constitue un désert d'information ou un secteur où il y a une pauvreté de l'information et d'expliquer pourquoi sa publication a les qualités requises pour combler ce vide.
L'AMECQ demande donc que ce programme soit révisé afin que les médias écrits communautaires du Québec puissent y avoir accès et que des notions telles que « communauté mal desservie », « désert d'information » ou « pauvreté de l'information » soient abolies.
Je porte à votre attention la simplicité d'une réponse fournie par courriel à l'un de nos membres qui a vu sa demande être refusée. On lui a répondu qu'on avait effectivement lancé un nouvel appel au Québec, qu'on faisait connaître l'IJL le plus largement possible et que c'était la raison pour laquelle ce membre avait reçu la circulaire. On lui a indiqué que, s'il souhaitait faire une demande à nouveau, on se ferait un plaisir de la présenter pour lui, mais que, comme lui, on ne voyait honnêtement pas comment le résultat final serait différent.
L'AMECQ déplore également qu'une nouvelle invitation à participer à ce programme ait été envoyée à ses membres dans la soirée du 24 janvier 2020, alors que la date limite pour l'inscription était le 27 janvier. Les a-t-on invités pour se donner bonne conscience? Si Médias d'info Canada souhaitait que nos membres ne s'inscrivent pas, ils n'auraient pas pu faire mieux.
Je voudrais maintenant dire quelques mots sur le Fonds d'appui stratégique aux médias communautaires, qui appuie les médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire.
Bien que louable également, ce programme n'est aucunement accessible à nos journaux et magazines. Pourtant, même s'ils publient en français dans une province où la langue officielle est le français, ces médias auraient besoin d'une aide financière du gouvernement fédéral.
Maintenant, je vais vous parler du crédit d'impôt accordé aux médias.
Le 17 avril dernier, le ministère des Finances annonçait par voie de communiqué de presse des mesures pour soutenir les secteurs canadiens de l'information pendant la pandémie de la COVID-19. Ces mesures comprennent notamment un crédit d'impôt pour la main-d'œuvre journalistique canadienne, remboursable à hauteur de 25 %.
Encore là, cette initiative est louable, mais difficilement applicable pour les médias écrits communautaires. En effet, pour avoir droit au crédit d'impôt, un journal doit employer au moins deux journalistes travaillant en moyenne un minimum de 26 heures par semaine pendant au moins 40 semaines consécutives, et ceux-ci doivent consacrer au moins 75 % de leur temps à la production du contenu d'information.
La plupart des journaux communautaires désirant se prévaloir du crédit d'impôt n'ont qu'un seul employé qui cumule les tâches de journaliste, de photographe, de rédacteur en chef et de coordonnateur, voire de directeur général. Les journaux...
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Merci de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle John Hinds et je suis président et chef de la direction chez Médias d'Info Canada.
Nous sommes le porte-parole de l'industrie des médias d'information du Canada. Nous représentons plus de 600 journaux et publications d'information dans l'ensemble des provinces et des territoires. Nos membres comprennent des sites de nouvelles et des journaux communautaires quotidiens et hebdomadaires, du plus grand quotidien urbain aux petits journaux communautaires de régions rurales et éloignées.
Le secteur canadien des médias d'information continue à éprouver des difficultés, qui ont seulement été exacerbées par la pandémie. Au cours des dernières années, plus de 250 journaux ont fermé leurs portes; à elle seule, la Saskatchewan a perdu au-delà de 20 % de ses journaux. Ces fermetures sont arrivées avant la pandémie. Ensuite, pendant les premiers mois de la pandémie, nous avons assisté à une autre série de fermetures et de fusionnements. Beaucoup de petits journaux ont dû cesser de publier, et de grandes publications ont mis à pied des employés de leur salle de nouvelles. Par conséquent, le nombre de régions canadiennes touchées par la pauvreté ou l'absence de nouvelles a augmenté.
La plus grande difficulté affrontée par l'industrie est la baisse des revenus publicitaires, particulièrement des revenus générés par la publicité imprimée; les pertes s'élèvent à 20 % par année. À de nombreux égards, la COVID n'a fait qu'accélérer cette tendance. Au début de la crise, les revenus publicitaires ont chuté de taux allant jusqu'à 75 % dans de nombreux marchés. Aujourd'hui, l'industrie est toujours aux prises avec des baisses de revenus publicitaires de l'ordre de 30 %. Les secteurs comme ceux des événements, des voyages et de la vente au détail locale ne font tout simplement pas de publicité en ce moment, ce qui a des répercussions considérables sur les petits journaux communautaires qui dépendent de la publicité imprimée.
Ce qui est particulièrement frustrant, c'est que les effets de la COVID sur notre industrie défient les règles de la science économique. Nos produits n'ont jamais été aussi demandés, mais simultanément, les revenus sont très faibles. Des millions de Canadiens — 9 sur 10 — continuent de consulter leurs médias locaux pour obtenir des nouvelles et de l'information fiables au sujet de la COVID dans leur communauté.
Avant, le gouvernement comptait parmi les plus grands acheteurs d'espace publicitaire de nombreux journaux, surtout de journaux communautaires. Or, depuis quelques années, le gouvernement fédéral ne fait presque plus de publicité dans les journaux, ce qui est illogique étant donné que les Canadiens consomment davantage nos produits que ceux des géants numériques. Au début de la pandémie, le gouvernement a annoncé un budget de 30 millions de dollars pour les communications, mais contrairement à beaucoup de gouvernements provinciaux, le gouvernement fédéral a acheté peu d'espace publicitaire dans nos médias d'information. Le gouvernement pourrait remplir son mandat de communiquer avec les Canadiens en mettant en œuvre une stratégie publicitaire visant à faire de la publicité aux endroits où les Canadiens cherchent du contenu et des messages publicitaires dignes de confiance.
Cela étant dit, je veux vous remercier pour le soutien que vous avez fourni à notre industrie. Je tiens également à manifester notre gratitude envers l'équipe remarquable de Patrimoine canadien, qui comprend les défis et qui travaille sans relâche pour trouver des solutions.
J'aimerais attirer votre attention sur deux mesures qui ont permis à l'industrie de poursuivre ses activités durant la pandémie.
D'abord, la subvention salariale a été vitale pour la majorité des publications, et elle continue de permettre à la plupart de poursuivre leurs activités et d'éviter les mises à pied. Nous sommes d'avis que ce programme devrait être maintenu jusqu'à ce que les revenus remontent.
Le programme Aide aux éditeurs est également vital. Dans le passé, ce programme, qui a été mis en place avant la Confédération, était offert aux petits journaux communautaires imprimés vendus par abonnement. Dans le cadre du plan d'aide en réponse à la COVID, son financement a été augmenté de 25 %, ce qui a permis à de nombreux journaux de continuer de publier. Un financement ponctuel a aussi été octroyé à des journaux vendus sans abonnement. Nous vous demandons de maintenir ce programme au moins jusqu'en 2021, étant donné les conditions du marché. Idéalement, ce financement deviendrait permanent et il serait augmenté de manière à aider les petits journaux communautaires à faire face aux défis de plus en plus grands posés par le monde numérique.
L'avenir des médias d'information est numérique. Tous nos membres ont des perspectives numériques, mais elles varient d'une publication à l'autre. Cependant, en l'absence d'une intervention de la part du gouvernement par rapport à la réglementation de l'espace numérique, l'avenir s'annonce sombre. Aujourd'hui, deux géants mondiaux, Google et Facebook, monopolisent 80 % des revenus publicitaires numériques au Canada, et ce pourcentage augmente chaque année.
Pour rapporter des nouvelles véridiques, il faut de l'argent. Or, les géants monopolistes bloquent l'accès aux revenus nécessaires pour ce faire. Leurs modèles de gestion sont fondés sur l'utilisation de contenu médiatique qu'ils ne paient pas. Toutefois, les gouvernements et d'autres démocraties lèvent les boucliers, et nous avons été ravis de voir l'engagement de réglementer les géants du Web dans le discours du Trône.
Selon nous, l'approche adoptée en Australie représente la solution parfaite pour le Canada. Elle permet aux journaux de négocier avec les géants pour obtenir une juste compensation, elle uniformise les règles du jeu, et ce, sans faire appel à du financement de la part du gouvernement, à de nouvelles taxes ou à des frais imposés aux usagers. Nous savons que tous nos membres appuient cette initiative et nous espérons que vous agirez rapidement dans ce dossier.
[Français]
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, et plus particulièrement M. Shields, qui nous a invités, de nous donner l'occasion de comparaître.
Nous sommes heureux d'être ici. Le Rosebud Centre of the Arts se trouve dans un petit hameau de seulement 92 personnes, au nord-est de Calgary, en direction de Drumheller. C'est là que se trouve la Rosebud School of the Arts, un établissement de formation artistique postsecondaire, et le Rosebud Theatre, un théâtre professionnel. Nous offrons aussi des services de restauration aux personnes qui assistent à nos pièces pour qu'ils puissent déguster un repas avant la performance.
Dans une année normale, nos activités génèrent environ 3,5 millions de dollars, dont 2,5 millions qui proviennent de la vente de billets de théâtre et des services de restauration
Nos productions professionnelles se déroulent de mars à décembre. Nous en avons jusqu'à cinq par année, ainsi que deux productions d'étudiants, et nous attirons jusqu'à 35 000 personnes ou parfois 40 000 personnes dans notre hameau de 100 habitants. Elles viennent surtout de la région de Calgary, mais des gens de toutes les régions de l'Alberta se rendent dans notre collectivité. Nous avons aussi des hébergements, des boutiques de cadeaux, un musée, des galeries et des artistes en résidence.
Notre personnel compte environ 20 personnes, mais nous employons jusqu'à 150 personnes à temps partiel, encore une fois surtout des gens de la région.
Nous sommes le principal employeur à Rosebud et l'un des plus importants du comté de Wheatland. Nous sommes un moteur socioéconomique de la région. Notre travail se traduit par des revenus pour des entreprises et des employeurs à proximité. Nous faisons partie de la mosaïque des arts et du tourisme d'études de la province, grâce à un partenariat avec Travel Alberta, d'autres établissements postsecondaires et d'autres organisations artistiques en Alberta.
Nous sommes une école de la guilde, ce qui est unique en soi. Nous avons un modèle d'apprentissage par mentorat qu'on ne retrouve nulle part ailleurs au Canada. Nous ne recevons aucun financement provincial pour nos activités d'apprentissage, et notre financement public pour les arts se chiffre à moins de 2 % annuellement.
En gardant tout cela en tête, vous pouvez comprendre à quel point la COVID nous a frappés de plein fouet, comme, j'en suis sûr, de nombreuses autres organisations artistiques que vous avez entendues. Notre théâtre a complètement fermé ses portes en 2020. Nous tentions de présenter un autre spectacle pour Noël, mais nous l'avons également suspendu aujourd'hui à cause des conditions créées par la COVID en Alberta.
Nous essuyons une perte de revenus de vente de billets de plus de 2 millions de dollars. Pour être plus précis, plus de 30 000 clients ne viennent pas dans notre collectivité, ce qui a des répercussions sur d'autres entreprises et d'autres entrepreneurs de notre région dans le milieu de l'hébergement et le secteur de la vente au détail ainsi que sur tous les emplois qui découlent de notre travail.
Nous sommes reconnaissants d'avoir pu bénéficier de la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui a soutenu nos activités dans une certaine mesure cette année, et j'en aurai plus à dire à ce sujet dans un instant. Cependant, dans l'ensemble, nous n'avons pas pu avoir accès au financement d'urgence ou au financement régulier offerts par l'entremise du Conseil des arts du Canada ou de Patrimoine canadien.
L'un des grands défis auxquels font face les organisations artistiques se rapporte notamment à l'aspect administratif des choses pour traverser la COVID. Dans le domaine, il y a certainement moins de travail pour les artistes, mais sur le plan administratif, la quantité de travail a grandement augmenté en ce qui a trait à la budgétisation, à la gestion des ressources humaines et à la communication, notamment avec les intervenants.
L'une des lacunes dans les programmes d'aide fédéraux, c'est qu'à moins d'être déjà enregistré auprès du Conseil des arts du Canada et reconnu, on n'a pas accès au financement d'urgence fourni par Patrimoine canadien, et la Subvention salariale d'urgence du Canada est insuffisante pour soutenir les organisations artistiques lorsqu'il n'y a pas de revenus correspondants pour aider à compenser les coûts.
Nous sommes impatients d'avoir une discussion approfondie avec vous sur ces questions.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci à tous les témoins.
Monsieur Davis, monsieur Muir, dans notre dernier groupe de témoins, il y avait la représentante du Centre Segal, et je lui ai posé toutes mes questions. Je vous prie donc de m'excuser si je ne vous en pose pas. J'ai entendu dire que votre production sur Anne Frank il y a quelques années était phénoménale. Mon cousin y a assisté et en parler de façon élogieuse. Je vous en félicite. Je suis certain que je vais vous parler un autre jour.
Je vais passer à M. Hinds. Monsieur Hinds, j'étais heureux d'entendre que le soutien du gouvernement fédéral, au moins pour ce qui est de l'aide aux éditeurs et de la Subvention salariale d'urgence du Canada, s'est révélé très utile pour votre organisation. Comme beaucoup de monde, je préfère les journaux imprimés au numérique. Je veux non seulement que nos journaux survivent, mais aussi qu'ils prospèrent. Je suis donc quelque peu consterné d'entendre le petit pourcentage de publicités accordé aux journaux.
En avez-vous eu plus de la part des gouvernements provinciaux et des administrations municipales pendant la COVID, ou étaient-elles surtout réservées aux médias numériques?
Vous avez parlé d'un programme qui est très important pour moi, soit le Fonds d'appui stratégique aux médias communautaires, qui vient en appui aux journaux de langue officielle en situation minoritaire. Dans ma circonscription, Mont-Royal, on retrouve en majorité des journaux locaux. D'après ce que je comprends, vous considérez qu'il y a des lacunes à cet égard, car les journaux francophones du Québec dont les employés travaillent bénévolement, comme ceux que vous représentez, ne sont pas admissibles à ce programme.
Comme vous le savez, dans le discours du Trône, on a parlé de l'importance de promouvoir le français au Québec. Il s'agit donc ici d'un manquement, à mon avis. Une des façons de soutenir les journaux francophones au Québec serait de mettre en œuvre non pas un programme qui s'adresse aux médias communautaires de langue officielle en situation minoritaire, mais un programme pour appuyer les journaux communautaires locaux au Québec.
Est-ce que cela pourrait aider vos membres?
De toute évidence, le paysage médiatique et politique de l'Australie ressemble à celui du Canada, mais tout modèle devrait être adapté au contexte local.
Ce que nous aimons dans le modèle australien, c'est sa simplicité. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où le gouvernement taxe les médias et leur accorde des choses, car nous avons entendu un certain nombre de personnes, notamment certains représentants, dire que ce n'est pas une voie dans laquelle nous voulons nous engager. Ce modèle permet vraiment à l'industrie et aux monopoles numériques de négocier des modalités équitables en vue d'une indemnisation. Je pense que c'est l'aspect attrayant du modèle australien.
Il est également intéressant parce que, contrairement au modèle français, qui ne porte que sur l'indemnisation pour le contenu journalistique, il prévoit un code de conduite. Au cours des derniers jours, nous avons également vu le gouvernement britannique avancer l'idée. Le code de conduite réglemente ce qui se rattache à la publicité. Lorsque Google et Facebook veulent changer leurs algorithmes, ils doivent donner un avis de 30 jours. Ils ne peuvent pas délaisser certaines obligations et changer les choses.
Je crois que ce que nous aimons dans le modèle australien, c'est qu'il n'augmente pas les taxes et ne nécessite pas une intervention du gouvernement sur le marché, tout en permettant une interaction équitable sur le marché entre les plateformes et les journaux.
Les journaux en version papier ont des sites Web et commencent à avoir beaucoup de publicité numérique. Avec notre agence de publicité, CPS, nous commençons à faire du placement numérique. Nous n'en sommes qu'au début, mais les choses commencent à bien aller.
J'aimerais revenir sur la publicité du gouvernement fédéral. L'année passée, les 62 journaux que nous représentons n'ont reçu, en tout, que 2 339 $ en publicité. Cette année, le montant est passé à 35 000 $, et je vois depuis quelques semaines que des pages complètes apparaissent dans nos médias. Il semble donc qu'un déblocage soit en train de se produire.
Toutefois, il faudrait que ce déblocage se poursuive après la pandémie. Pour le moment, il s'agit de publicité qui vise à promouvoir des mesures sanitaires en vue de combattre la pandémie.
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Une des choses que nous avons dû faire, c'est annuler toute la saison 2020, comme M. Davis l'a dit tout à l'heure. Pendant l'été et l'automne, lorsque les restrictions liées à la COVID étaient légèrement assouplies, nous avons organisé un spectacle. Ce n'était pas un de ceux qui étaient prévus, mais plutôt une version en un acte de
A Christmas Carol, et c'était palpitant.
Avec la COVID, nous savions que nous ne pourrions accueillir que 20 % environ des spectateurs que nous réunissons normalement. Nous avons également créé une version cinématographique du spectacle, qui est maintenant offert en ligne pour ceux qui veulent le visionner.
Voici la réponse à votre question au sujet de l'avenir, madame la députée McPherson. Comme M. Davis l'a indiqué, nous avons diminué de plus de deux tiers la taille de notre organisation et de nos activités. Si les restrictions attribuables à la COVID sont maintenues jusqu'en 2021, les perspectives demeurent plutôt sombres.
Il y a toutefois un phénomène digne d'intérêt que je trouve fascinant: le nombre d'étudiants a augmenté. Je trouve que c'est de bon augure. Cela signifie qu'il y a des jeunes qui veulent encore suivre une formation pour devenir des conteurs et des professionnels du théâtre, à une période où le théâtre lui-même a pratiquement disparu.
Quant à ce que le gouvernement pourrait faire pour nous aider, nous avons rencontré un certain nombre d'embûches en raison du caractère unique de notre organisation. Nous sommes un théâtre, mais aussi un établissement d'enseignement qui n'est pas reconnu notamment par la Post-Secondary Learning Act. Notre situation est unique. Nous nous trouvons dans une impasse tant dans le financement de l'enseignement postsecondaire que dans la formation théâtrale professionnelle.
M. Davis a parlé plus tôt de la Subvention salariale d'urgence du Canada, ou SSUC. Même si nous sommes très reconnaissants d'en avoir bénéficié, ce n'était pas suffisant. En fait, la SSUC est réduite même si nous ne sommes toujours pas en mesure de reprendre notre principale source de revenus, qui est la vente de billets.
Voulez-vous ajouter quelque chose, monsieur Davis?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais dire une chose à M. Hinds avant de m'adresser aux représentants du Rosebud. Comme vous l'avez dit, l'argent des contribuables canadiens aboutit dans les poches de Google — sans rien en retour —, et c'est un problème de taille. Dans ma circonscription, de nombreux journaux hebdomadaires ont beaucoup souffert du manque de publicité imprimée. Ils estiment que si le gouvernement fédéral investissait l'argent des contribuables dans la publicité imprimée au lieu de le donner aux Google et Facebook de ce monde, ils pourraient survivre.
Je suis vraiment ravi que les représentants du Rosebud soient ici aujourd'hui. Vous êtes effectivement dans une petite collectivité, mais vous attirez des dizaines de milliers de personnes des environs. Vous dites n'avoir jamais cherché à recevoir des fonds, mais compte tenu de la situation d'urgence...
Il vous manque maintenant des millions de dollars, et vous avez des étudiants qui veulent exercer votre profession et qui sont attirés par ce que vous représentez dans le milieu. Que proposez-vous pour résoudre cette énigme et vous sortir de cette situation d'urgence? Quelles suggestions pourriez-vous nous faire pour la suite des choses?
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Ma première suggestion consiste à réévaluer la relation entre la SSUC et les organisations qui ne touchent aucun revenu. Comme je l'ai dit, nous ne sommes pas en mesure de générer des recettes pour compenser la réduction de la subvention. Dans le milieu des arts en particulier, maintenir la SSUC telle qu'elle était cette année serait un pas dans la bonne direction.
Une deuxième mesure consiste à revoir l'évaluation, par le Conseil des Arts du Canada, des demandeurs sans antécédents. Il faudrait ouvrir la porte aux nouveaux demandeurs pour qu'ils bénéficient des programmes du Conseil, car il s'agit pour l'instant d'un obstacle insurmontable.
La troisième mesure consiste à revoir d'autres programmes du Patrimoine canadien, comme le programme de festivals du Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine. Il y a des possibilités ici encore, mais je dois dire que le délai entre la date limite des demandes et la décision atteint maintenant six mois, voire huit mois. Or, les organisations ne peuvent pas attendre huit mois, ni même six mois avant d'obtenir une réponse. Il serait vraiment utile de limiter à 60 jours, ou à 90 jours tout au plus le temps d'attente entre la demande et la décision. Il est même préférable de savoir que la demande est rejetée plutôt que d'attendre 120 ou 180 jours qu'une décision soit rendue au sujet des programmes.
Veuillez donc accélérer le processus, ouvrir les portes et maintenir la SSUC en place. Ce sont nos trois propositions, monsieur Shields.
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C’est terminé, monsieur Muir. Je suis désolé.
Madame Bessette, si je me fie à l’horloge, vous pourriez être la dernière intervenante. Cependant, en raison des difficultés techniques que nous rencontrons, je vais prendre la liberté d’étirer un peu la séance. Voici donc ce que j’aimerais faire.
Madame Bessette, je vais vous accorder vos cinq minutes. Toutefois, je demanderai ensuite à Mme McPherson et à M. Champoux s’ils souhaitent poser des questions rapides, peut-être pour obtenir des précisions. Je ne vais pas leur accorder un temps de parole fixe. Je vais simplement leur permettre de poser quelques questions, sans quoi ce serait trop long.
Pourrais-je obtenir l’accord du Comité? Je sais que je vais plus loin qu’à l’habitude, mais je voulais simplement le proposer en raison des difficultés techniques que nous avons eues.
Bien.
[Français]
Madame Bessette, vous avez la parole pour cinq minutes.