:
Bonjour à tous. Je vous remercie d'être parmi nous. Je m'excuse des difficultés techniques que nous avons éprouvées au début.
Maintenant que tout le monde est là, je commencerai en disant que nous sommes ici pour effectuer notre étude préliminaire de l'objet du projet de loi , qui en est actuellement à la Chambre des communes, où le débat en deuxième lecture vient de commencer. Notre comité se penchera sur tous les éléments contenus dans le projet de loi C-10 au cours de son étude. Nous tenons aujourd'hui la première séance à ce chapitre.
Avant de commencer, je dois vous dire qu'il y a eu des problèmes d'interprétation simultanée dans d'autres comités la semaine dernière. Si vous éprouvez un problème, je vous prie de le signaler immédiatement en levant la main ou en disant que vous ne pouvez pas entendre l'interprétation. Je vous prie de ne pas crier dans votre microphone si vous n'entendez pas l'interprétation; ne faites que répéter les mots « excusez-moi » ou quelque chose du genre. Nous devons être sensibles à la réalité de nos interprètes. Comme vous pouvez bien l'imaginer, ils portent de gros écouteurs et bien sûr, le son peut être très fort quand vous criez dans votre microphone.
Il y a une dernière chose que je dois vous dire quant à l'interprétation. Si vous n'avez pas de casque d'écoute doté d'un micro... Si par exemple, vous utilisez les petits écouteurs Apple, soit un fil sur lequel se trouve un microphone, je vous prie de bien placer le microphone près de votre bouche. De cette façon, les interprètes pourront bien vous entendre. Nous vous en remercions.
Nous sommes un peu en retard, donc commençons sans plus tarder.
Nous recevrons trois groupes au cours de la première heure sur l'objet du projet de loi .
Nous accueillons d'abord Hélène Messier, présidente-directrice générale de l'Association québécoise de la production médiatique; ainsi que Martin Théberge, président, et Marie-Christine Morin, directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française. Nous accueillons également Darius Bossé, avocat chez Power Law, Kenneth Hirsch, coprésident, et Eva Ludvig, membre du conseil d'administration du Quebec Community Groups Network, qui représentent tous trois le Conseil québécois de la production de langue anglaise.
Je vous remercie tous et toutes.
Nous commencerons par Mme Messier.
[Français]
Madame Messier, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le président et membres du Comité, l'Association québécoise de laproduction médiatique, ou AQPM, conseille, représente et accompagne plus de 160 entreprises québécoises de production indépendante qui travaillent en cinéma, en télévision et sur le Web. Je vous remercie de me recevoir pour inaugurer les travaux sur le projet de loi .
En 2018-2019, les entreprises de production indépendante du Québec ont généré un volume de 875 millions de dollars en production de longs métrages, d'émissions de télévision et de contenu Web, ce qui a ainsi créé l'équivalent de plus de 16 000 emplois à temps complet.
Si, depuis plus de 50 ans, les producteurs indépendants du Québec peuvent offrir au public d'ici et d'ailleurs un contenu original en langue française et anglaise, c'est grâce à la détermination de quelques pionniers, comme messieurs Graham Spry et Alan Plaunt. Ils ont été les instigateurs de la commission Aird, dont le rapport de 1929 a mené à l'adoption de la première version de la Loi sur la radiodiffusion en 1932.
Le gouvernement a alors reconnu qu'il était essentiel de renforcer l'identité nationale et d'affirmer la souveraineté culturelle du Canada en offrant une programmation locale aux Canadiens, alors envahis par les émissions de radio produites par les stations américaines. Voilà donc les principes qui ont mené à l'adoption de la première version de la Loi sur la radiodiffusion et qu'il me semble important de rappeler alors que s'amorce l'étude préliminaire du projet de loi .
Ce projet de loi constitue la première réforme majeure de la Loi sur la radiodiffusion depuis celle de 1991. Il vise l'intégration des services de diffusion en ligne canadiens et étrangers dans le cadre réglementaire, afin qu'ils participent au financement et à la mise en valeur du contenu national. Il veut également donner au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC, les pouvoirs nécessaires pour s'assurer du respect des règles par ces nouveaux acteurs. L'AQPM ne peut que se réjouir de cette avancée historique.
Depuis la première loi de 1932, le paysage s'est beaucoup transformé en raison de l'avènement du diffuseur public, de la création d'institutions comme l'Office national du film du Canada, ou ONF, Téléfilm Canada, le Fonds des médias du Canada, ainsi que de la mise sur pied du CRTC et de l'adoption de mesures fiscales et financières pour soutenir l'industrie canadienne de l'audiovisuel. Cette industrie atteint maintenant un volume annuel de production dépassant les 9 milliards de dollars, un chiffre considérable qui semble démontrer que l'industrie se porte bien, mais qui cache une réalité inquiétante. En fait, 52 % du contenu audiovisuel produit au Canada n'est pas canadien, mais fabriqué au Canada par des entreprises étrangères.
Le reste du volume de production se répartit entre la production interne des diffuseurs, qui en représente 13 % et qui comprend des émissions de sport, d'information ou d'actualité publique, et la production indépendante, qui totalise 35 % du total. Ainsi, le contenu canadien indépendant, qui assure à lui seul la diversité des émissions télévisuelles ou des longs métrages, ne représente qu'un peu plus du tiers du volume annuel de la production faite au Canada. Peut-on alors remettre en question la nécessité de mieux soutenir la création, la production, la distribution et la mise en valeur du contenu canadien?
Pour l'AQPM, il est urgent d'agir. Les sources traditionnelles de financement déclinent, tout comme les budgets de production de contenu en langue originale française. Il faut s'assurer d'adapter l'écosystème pour permettre le développement des entreprises de production, le déploiement à plein rendement de nos ressources créatives et la pérennité de notre identité culturelle. De surcroît, les médias de masse comme le cinéma, la télévision et la musique sont essentiels pour protéger la langue française et les langues autochtones.
Le projet de loi omet cependant des éléments fondamentaux, notamment en ce qui a trait à la protection adéquate du contenu de langue originale française, du talent canadien et de la propriété intellectuelle des entreprises de production canadiennes. Quand on parle de contenu canadien, il faut s'assurer que le projet de loi fait appel de façon prépondérante aux créateurs canadiens, que le contenu appartient à des entreprises canadiennes et que les contenus en langue originale française y occupent une place importante.
Le projet de loi exclut des acteurs incontournables de la nouvelle réalité médiatique, comme les réseaux sociaux, les entreprises de distribution en ligne, de même que les entreprises qui fournissent des services Internet et des services de téléphonie mobile.
L'application de la politique canadienne sur la radiodiffusion repose sur le CRTC. Il est donc le gardien des objectifs qui sont énumérés à l'article 3 de la Loi et de leur transposition dans les obligations imposées aux entreprises de radiodiffusion. Ce rôle fondamental doit s'accompagner d'un encadrement sérieux de la part du gouvernement, ce qui fait défaut dans le projet de loi actuel.
Le souhaite que le projet de loi mette fin à l'asymétrie réglementaire entre les diffuseurs traditionnels et les entreprises en ligne. Le projet de loi prévoit un traitement juste et équitable pour les entreprises de radiodiffusion qui fournissent des services de nature semblable. L'AQPM craint que les diffuseurs traditionnels n'y voient une occasion de diminuer leurs obligations existantes.
Si nous voulons que l'intégration de nouveaux acteurs dans l'écosystème de la radiodiffusion amène de nouvelles sources de revenus pour produire et mettre en valeur plus de contenu canadien en langue originale anglaise, française et autochtone, ainsi que des contenus mieux financés et de genres diversifiés, le gouvernement devrait rapidement affirmer ses intentions à cet égard.
L'AQPM tient à préciser qu'elle est membre de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles. Elle soutient donc les amendements proposés par la Coalition, mais elle produira son propre mémoire, qui sera acheminé aux membres du Comité dans les prochaines semaines.
Je vous remercie de votre attention.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Martin Théberge. Je suis le président de la Fédération culturelle canadienne-française, ou FCCF, et je suis accompagné, comme on vient de le dire, de Mme Marie-Christine Morin, directrice générale.
Le système canadien de la radiodiffusion se trouve à un moment charnière. Nous tenons à saluer le dépôt du projet de loi, qui constitue en soi une avancée essentielle pour la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion du Canada. Celle-ci est cruciale pour le maintien de l'identité et de la souveraineté culturelles au pays.
Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui devant votre comité afin de vous présenter l'essentiel de notre réflexion et nos principales demandes au sujet du projet de loi à l'étude relativement aux enjeux et aux besoins propres aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
En plus d'être le porte-voix de l'écosystème des arts et de la culture de la francophonie canadienne et acadienne, la FCCF est fière de vous présenter des demandes qui font l'objet d'un large consensus. Nos efforts de collaboration horizontale ont porté des fruits. À l'instar de nos membres, nos partenaires de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, ou FCFA, et ceux du Conseil québécois de la production de langue anglaise, connu sous le sigle anglais QEPC, appuient notre position de manière formelle. Il est également important de noter que la Fédération culturelle canadienne-française s'est aussi ralliée à la Coalition pour la diversité des expressions culturelles, dont elle est membre. Finalement, sur la qualité de notre processus de travail interne, la FCCF est accompagnée par des services externes sur les plans juridique et institutionnel qui soutiennent sa position.
Les modifications demandées par la FCCF visent quatre objectifs principaux. Premièrement, il s'agit de faire en sorte que la politique canadienne de radiodiffusion tienne compte de la situation particulière des communautés de langue officielle en situation minoritaire, ou CLOSM, ainsi que des défis et des enjeux propres au contexte linguistique minoritaire francophone, à même les objectifs actualisés du cadre législatif canadien en matière de radiodiffusion.
Deuxièmement, elles visent à préciser la mission du CRTC pour tenir compte des besoins des CLOSM et de leurs réalités particulières.
Troisièmement, il s'agit de renforcer les objectifs concernant le contenu original en langue française pour tenir compte de la situation particulière du français au pays.
Quatrièmement, la FCCF veut assurer un encadrement des entreprises de distribution en ligne afin que le CRTC puisse délivrer des ordonnances de distribution obligatoire à leur égard et pour assurer une proportion équitable de contenu canadien. Il faut assurer une proportion importante d'émissions originales de langue française, en plus de garantir leur visibilité optimale.
La FCCF mesure toute l'importance de ce qu'elle vous demande d'appuyer et de tout ce que cela représente pour le rayonnement de son écosystème artistique et culturel fragile. Les choix que l'on s'apprête à faire en matière de radiodiffusion seront déterminants pour la capacité de se voir, de s'entendre, de créer et de produire en français et, qui plus est, pour protéger la souveraineté culturelle du pays.
La FCCF est catégorique sur la nécessité de rendre explicite l'intention du législateur à l'égard des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans le projet de loi . Notre expérience a démontré que seule une mention spécifique des CLOSM nous permettra de travailler en vue d'obtenir une participation pleine et entière de nos communautés au système canadien de radiodiffusion.
En amont de notre comparution, la FCCF a fourni un exposé de position au greffier du Comité, qui propose le libellé précis des amendements que nous avançons, avec des explications détaillées à l'appui. Nous sommes convaincus que l'inclusion des points que nous soulevons pour modifier la mouture actuelle du projet de loi permettra une meilleure participation des communautés de langue officielle en situation minoritaire au système canadien de radiodiffusion, en plus de favoriser leur développement culturel durable.
Je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
:
Au Québec, nous sommes une minorité de plus en plus vulnérable. Il y a de moins en moins de municipalités bilingues. Nos commissions scolaires sont attaquées de toutes parts, et nos écoles ferment. Notre population vieillit. Nos emplois quittent le Québec, et nos enfants les suivent.
En l'espace d'une génération, la production cinématographique et télévisuelle en langue anglaise, au Québec, est passée de 25 % de toute la production de langue anglaise au Canada à seulement 7 %. Si la tendance se maintient, nous pouvons prévoir la fin de la production des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Québec et des emplois qu'elles créent.
Pire, la disparition de ces productions au Québec réduira radicalement l'aptitude des membres de notre communauté à raconter leurs histoires distinctes et diversifiées les uns aux autres et à tous les autres Canadiens et citoyens du monde.
Notre système de communication, qui est le pilier de notre souveraineté culturelle, n'a jamais été autant attaqué par les services de diffusion étrangers qu'à l'heure actuelle. Il n'a jamais été si facile d'être un consommateur culturel, de diffuser autant de contenu et de payer une multitude de plateformes pour cela, soit de diffuser le contenu des autres sur les plateformes des autres.
Le projet de loi dont vous commencez l'étude est le plus nécessaire de tous les projets de loi que le Parlement ait adoptés en matière de radiodiffusion depuis la création de la SRC en 1936.
Pourtant, les minorités de langue officielle sont totalement absentes de cette mouture du projet de loi . En dépit du mandat du Parlement de favoriser la vitalité des minorités de langue officielle en vertu de la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les langues officielles, le projet de loi à l'étude ne fait même pas mention de nous. Nous vous demandons de réviser cet état de fait et de rectifier cet oubli regrettable. Les politiques canadiennes en matière de radiodiffusion doivent tenir compte des besoins des minorités de langue officielle et nous aider à assurer notre avenir.
:
Pour cela, les minorités anglophones et francophones partagent la même opinion sur le projet de loi .
[Français]
La Fédération culturelle canadienne-française,
[Traduction]
comme vous l'avez entendu, il a dit dans sa lettre au :
[Français]
En plus de ces alliances sur le plan francophone, nous sommes fiers de confirmer l'appui des organismes anglo-québécois [...] aux documents de positionnement de la FCCF et à l'ensemble des amendements qu'elle propose.
[Traduction]
Le QEPC, l'ELAN (le English-Language Arts Network) et le QCGN avons écrit dans notre lettre au ministre:
...nous souhaitons souligner que nous appuyons les amendements au projet de loi C-10 proposés par la [FCCF] le 2 décembre... Ces amendements visent à faire en sorte que les politiques canadiennes en matière de radiodiffusion prennent en compte la situation particulière des [communautés de langue officielle en situation minoritaire]... un objectif que partagent également le QEPC, le QCGN et l'ELAN.
Au moment du dépôt du projet de loi C-10, le a affirmé ceci: « Avec la modernisation de la loi, les créatrices et créateurs francophones, anglophones, autochtones, en situation de handicap, issus de communautés racisées et LGBTQ2+ auront les moyens de raconter leurs propres histoires. »
Ce n'est vraiment pas ce qui ressort du projet de loi tel qu'il est rédigé actuellement. Les créateurs et créatrices anglophones et francophones en situation minoritaire en sont exclus.
Pour y être inclus, nous demandons respectueusement, premièrement, que la disposition d'interprétation de la Loi sur la radiodiffusion soit élargie pour inclure expressément les communautés francophones et anglophones en situation minoritaire; deuxièmement, que l'obligation du CRTC et de la SRC de prendre des mesures positives pour stimuler la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire et favoriser leur développement soit énoncée clairement dans la Loi sur la radiodiffusion; troisièmement, que l'obligation du gouvernement de consulter les membres des communautés minoritaires des deux langues officielles soit inscrite dans la Loi sur la radiodiffusion.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être présents aujourd'hui et de nous consacrer du temps pour nous aider à déterminer comment nous pouvons améliorer le projet de loi .
J'ai eu l'occasion de rencontrer des représentants de plusieurs organismes partout au pays, dont certains sont ici aujourd'hui, et ils m'ont fait part de leurs préoccupations relativement au projet de loi .
De prime abord, je tiens à dire que tout le monde est d'accord pour dire qu'il était temps qu'on s'attelle à la tâche et qu'on modernise la Loi sur la radiodiffusion. Le a fait le choix de diviser son projet de loi en trois parties. Naturellement, il ne s'attaque pas à tout, ce qui crée de l'insatisfaction.
Au cours des différentes consultations que j'ai menées personnellement, on m'a fait part de préoccupations relatives à la production de contenu francophone. On veut s'assurer que le projet de loi en tiendra compte pour protéger les communautés de langue française en situation minoritaire partout au pays de même que les Québécois.
Ma première question s'adresse aux représentants de la Fédération culturelle canadienne-française et à la représentante de l'Association québécoise de la production médiatique.
D'après vous, quels éléments clés ou amendements devrait-on apporter au projet de loi afin de vraiment tenir compte du français, que ce soit au moyen de quotas ou pas? Je ne veux pas faire un débat au sujet des quotas, mais je voudrais savoir si vous avez des recommandations.
Les représentants de la FCCF peuvent répondre en premier, puis ce sera au tour de la représentante de l'AQPM.
:
Dans le passé, le CRTC a trop souvent interprété la reconnaissance de la dualité linguistique comme étant la fourniture de contenu en français sans se soucier de savoir si ce contenu consistait en des émissions anglophones traduites, sous-titrées ou doublées. C'est pour cela que nous prônons la création de contenu original en langue française.
Comme Mme Morin l'a souligné, nous voulons à tout prix que cette obligation soit remise dans le paragraphe 3(1). L'article 3 est le fondement de la Loi sur la radiodiffusion. Ce sont les objectifs de la Loi et c'est ce que le CRTC doit faire respecter. Nous considérons qu'il est important que cette obligation se retrouve dans cet article. Cela inclut évidemment la production de contenu original en langue française, qui provient autant du Québec que des communautés de langue française en situation minoritaire.
Nous voulons que ce soit mis dans l'article 5 parce que c'est la mission du CRTC. Nous voulons aussi que cela figure au paragraphe 9(1), parce qu'il touche les éléments que le CRTC doit considérer, quand il établit des conditions d'ordonnance de service à l'ensemble des acteurs de l'industrie, que ce soit les diffuseurs traditionnels ou les acteurs numériques.
Nous voulons nous assurer que le CRTC se souvient de cet élément et qu'il l'applique. Par le passé, il ne l'a pas fait, et nous avons dû interjeter appel des décisions du CRTC pour rappeler l'importance que ce soit du contenu original de langue française, et pas seulement du contenu en français. Étant donné que des fournisseurs de services en ligne comme Netflix offrent du contenu en 30 langues, c'est encore plus important de rappeler qu'il faut que ce soit du contenu original en français.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous.
Madame Morin et monsieur Théberge, c'est toujours un plaisir de vous voir.
Je vais commencer par vous, madame Messier. Nous avons parlé tantôt des géants du Web, qui devront aussi contribuer à la production de contenu un jour ou l'autre.
J'aimerais que nous parlions de la façon de procéder et du modèle que vous préconiseriez pour la distribution des sommes supplémentaires qui seront prélevées chez les géants du Web pour la production.
Avez-vous un modèle en tête? Avez-vous une idée de la façon dont ces sommes pourraient être redistribuées de manière équitable?
:
C'est difficile de répondre à cette question, parce que c'est le CRTC qui se prononcera sur les modalités de distribution de ces sommes. J'espère évidemment que la production de langue française recevra une part équitable.
Le financement du secteur de la musique francophone représente 40 % des fonds canadiens. Généralement, les institutions comme Téléfilm Canada ou le Fonds des médias du Canada doivent se contenter du tiers des fonds. Je ne vois pas pourquoi cela devrait demeurer ainsi.
Cela dépendra certainement du type de plateforme. S'il s'agit de plateformes qui s'adressent davantage à un marché francophone, j'imagine que les obligations seront plus importantes. Pour ce qui est des diffuseurs traditionnels, on demande que 75 % de la production soit francophone.
Pour les géants du Web, par exemple, j'aimerais bien que les obligations représentent au minimum 40 % ou même 50 % des sommes ou des dépenses qu'on exigera d'eux. C'est vrai que la production francophone en milieu minoritaire est dans une situation particulière, mais toute la production francophone réalisée dans l'écosystème où il y a des géants du Web est dans une situation difficile.
La production québécoise l'est aussi. Par exemple, les budgets de production actuels pour une série dramatique sont de moins de 500 000 $ l'heure, alors que la production de langue anglaise s'appuie sur un budget qui frôle facilement les 2 millions de dollars en moyenne.
Il y a déjà une iniquité. Compte tenu de nos budgets actuels, il nous est déjà difficile de prendre notre place et d'attirer l'attention du public. Il est donc important que la production originale de langue française soit financée de façon adéquate.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie tous nos témoins d'être parmi nous aujourd'hui. C'est très intéressant.
Comme tous mes collègues, j'en suis certaine, j'ai participé à de nombreuses réunions sur le projet de loi , et je suis emballée que nous commencions enfin à l'examiner.
Je représente la circonscription d'Edmonton Strathcona. Vous êtes peut-être nombreux à ne pas le savoir, mais on y trouve l'une des communautés francophones les plus fortes, l'une des communautés de langue officielle en situation minoritaire les plus fortes de l'Alberta, et celle-ci constitue une partie très importante de ma circonscription.
J'aimerais poser quelques questions aux gens de la FCCF, soit à M. Théberge et à Mme Morin. Je sais que nous en avons déjà parlé, mais j'aimerais vous fournir l'occasion d'approfondir un peu. Vous avez parlé de l'importance du projet de loi, selon vous, pour que les radiodiffuseurs, en ligne ou ailleurs, fassent la promotion du contenu original francophone, particulièrement dans nos communautés linguistiques minoritaires.
Pouvez-vous nous parler un peu de la forme que cela pourrait prendre?
Madame Morin, vous avez la parole.
:
Effectivement, je pense qu'il y a des exclusions majeures dans le projet de loi. On a parlé des médias sociaux, comme YouTube et Facebook, qui diffusent beaucoup de musique professionnelle et de contenu audiovisuel. On a parlé de la distribution numérique, qui permettrait de protéger, par exemple, la diffusion de TV5 et d'Unis TV sur les plateformes numériques, ce qui aiderait notamment les CLOSM.
Il y a aussi les services de fournisseurs Internet et de téléphonie mobile. On sait que les gens consomment maintenant beaucoup de contenu audiovisuel sur leur téléphone ou encore sur leur ordinateur. Ils utilisent donc beaucoup de bande passante. Les câblodistributeurs contribuent déjà au financement des émissions. On sait qu'il y a de plus en plus de phénomènes de
[Traduction]
débranchement.
[Français]
À l'heure actuelle, les gens consomment ce contenu par l'intermédiaire des services Internet ou de leur téléphone, et nous pensons que ces fournisseurs devraient apporter leur contribution. Le rapport Yale disait qu'on devait les exclure. Nous ne sommes pas d'accord là-dessus. Nous pensons qu'ils doivent être inclus, même si le CRTC décidait, par exemple, pour quelques années seulement, de prendre de l'information, de leur imposer des obligations en matière de reddition de comptes ou de leur imposer des obligations minimales un peu plus tard.
Je pense que la Loi doit ratisser large. Elle doit aussi prévoir l'avenir et encadrer tous les acteurs du milieu pour avoir l'information adéquate et, ultimement, réglementer les activités de ces derniers.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais remercier les personnes qui témoignent devant nous aujourd'hui au nom des trois groupes invités.
Vous représentez ce qui est au cœur du Canada, soit la dualité linguistique et l'importance de produire du contenu original en français au Canada, au Québec et, un peu plus particulièrement, à l'extérieur du Québec.
[Traduction]
De même, il importe de produire du contenu original en langue anglaise au Québec, aussi, puisqu'il y a deux minorités de langue officielle dans ce pays; on l'oublie trop souvent par les temps qui courent.
Je veux d'abord souligner aux trois groupes que j'appuie un grand nombre des amendements que vous avez proposés et que je compte les proposer moi-même lorsque viendra le temps de proposer des amendements.
J'ai quelques questions à vous poser.
Dans son mémoire, le Conseil québécois de la production de langue anglaise mentionne les décisions du CRTC, qui ont très souvent des effets très négatifs sur les communautés anglophones du Québec, une tendance qui semble empirer avec le temps.
Pouvez-vous nous toucher quelques mots de cette réalité?
:
Je n'entends pas l'interprétation en ce moment.
[Français]
Attendez un instant, s'il vous plaît.
[Traduction]
Mes excuses à tous.
Il semble que la qualité du son n'était pas assez bonne pour bien entendre M. Housefather.
Nos interprètes entendent actuellement un son très aigu, donc nous ne pouvons pas continuer avec le micro que vous utilisez. Notre technicien va vous appeler.
D'ici là, comme le temps nous manque toujours, je demanderai à M. Champoux de prendre le relais jusqu'à ce qu'on puisse vous redonner la parole si nous pouvons trouver une solution.
[Français]
Monsieur Champoux, vous avez la parole pour deux minutes et demie.
L'autre question que je souhaite vous poser, et qui me semble très importante, concerne ce devoir de consultation. Vous demandez que les communautés de langue officielle en situation minoritaire soient consultées sur toute question touchant le CRTC, mais aussi sur toute question touchant la SRC qui soit susceptible d'avoir des conséquences sur les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Je sais que quand vous avez mentionné la Loi sur la radiodiffusion la première fois, vous avez souligné qu'il y avait une disposition similaire dans la Loi sur l'immigration, qui nous oblige à tenir compte de la dualité linguistique au Canada.
Maître Bossé, pouvez-vous nous donner d'autres exemples de dispositions similaires dans la législation?
:
Nous devons procéder très rapidement, car le temps nous presse énormément. Nous allons dépasser quelque peu l’heure prévue, soit 13 heures, heure de l’Est, mais je vais m’assurer que nous ne terminions pas trop tard.
Nous avons éprouvé encore une fois certains problèmes avec l’interprétation simultanée. Si cela vous arrive, je vous prierais de lever la main ou de nous l’indiquer. Dans ce dernier cas, je vous demanderais de ne pas parler trop fort, car cela peut être très pénible pour nos interprètes.
Nous recevons maintenant trois témoins. Je vais les présenter à tour de rôle avant de laisser à chacun cinq minutes pour ses observations préliminaires. Je vais être très rigoureux pour ce qui est du temps, et je vous prie à l’avance de bien vouloir m’excuser si je dois vous interrompre.
Nous accueillons d’abord M. Ryan McAdams, éditeur de groupe pour l’Alberta Newspaper Group.
Monsieur McAdams, vous avez cinq minutes.
Je tiens à remercier tous les membres du Comité de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui. Il s’agit selon moi d’un enjeu important auquel nous sommes tous confrontés. À la lumière de mes 35 années de travail comme intervenant et consultant dans le monde médiatique, je suis vivement préoccupé par la situation actuelle mais, surtout, par la perception qu’a maintenant le public à l’endroit des médias. Ce qui fut pour les générations passées un pilier respecté que l’on jugeait bien documenté n’est plus guère maintenant qu’un simple sujet de blague dans la culture populaire. À titre d’exemple, voici celle que j’ai entendue pas plus tard qu’hier: « Je suis maintenant assez vieux pour me souvenir d’une époque où les seules fausses nouvelles venaient du National Enquirer. »
Je me présente devant vous aujourd’hui pour essayer très respectueusement de faire appel au bon sens des membres de ce comité dans le cadre de mes efforts pour freiner cette glissade vers une sphère médiatique qui serait encore davantage hors de contrôle. Je veux surtout vous parler en fait de la pénurie de journalisme local, un secteur où l’on a perdu beaucoup de terrain au fil des ans. Cette érosion s’est bien sûr accélérée au cours des 12 derniers mois en raison de la pandémie. Nous avons vu un grand nombre de journaux, de radiodiffuseurs et de stations de radio devoir fermer leurs portes au cours des dernières années. C’est un phénomène d’autant plus préoccupant qu’il crée de véritables déserts d’information dans certaines régions. On trouve ainsi des zones de plus en plus vastes qui sont totalement privées de nouvelles locales, sans compter que nous perdons du même coup la possibilité de communiquer avec nos différentes collectivités. Il est donc essentiel à mon avis que nous puissions compter sur l’efficacité de la Loi sur la radiodiffusion et du CRTC afin d’exercer un contrôle sur ce qui est en train de remplacer ce qu’on appelait autrefois les nouvelles.
Nous vivons dans un environnement médiatique en transformation au sein duquel la production de nouvelles locales est, comme je l’indiquais, en perte de vitesse à cause de l’érosion des revenus publicitaires. Nous pouvons constater l’impact qu’ont les géants de la technologie et la façon dont ils siphonnent les revenus de publicité locaux et nationaux. Il suffit de considérer les fonds que le gouvernement fédéral consacrait autrefois à la publicité dans les journaux, à la télévision et à la radio. Ces sommes vont désormais en grande partie à des campagnes numériques et médiatiques sur Internet.
Le problème, c’est que tous ces géants de la technologie et de l’Internet sont établis aux États-Unis. Ce sont donc des fonds qui quittent le pays. Ils ne sont pas réinvestis au Canada. Ils ne permettent pas de créer de l’emploi pour la main-d'oeuvre locale ou même pour les Canadiens en général, et ce sont autant de deniers publics qui s’envolent.
Cette disparition progressive des communications et des reportages fondés sur des faits s’est amorcée avec la fermeture de nos stations locales et de nos journaux en format papier. Il faut notamment bien comprendre que le journalisme local est majoritairement le fruit du travail de sources communautaires, plutôt que des médias nationaux. Notre nation et nos concitoyens méritent mieux que cela. Les collectivités des différentes régions du Canada aussi bien que vos commettants et commettantes veulent qu’on leur garantisse l’accès à du contenu canadien et que les acteurs de l’industrie numérique soient tenus de contribuer à la création d’un tel contenu.
Des décisions récemment rendues en France et en Australie nous mettent sur la voie d’une réglementation assortie de sanctions et de droits à payer pour faire en sorte que les géants de la technologie aient des comptes à rendre. Il est important pour notre industrie journalistique de savoir que la Loi sur la radiodiffusion tient les géants des médias sociaux et de l’Internet responsables de ce qu’ils produisent et de ce qu’ils diffusent. Je sais que certaines avancées sont visées dans la loi pour ce qui est de l’Internet, mais je constate moi également qu’aucune mesure proactive ne semble être proposée concernant les médias sociaux. Ces derniers jouent pourtant un rôle de plus en plus grand dans la transmission de l’information. À mes yeux, c’est extrêmement préoccupant étant donné tous les gens qui se tournent vers ces médias pour trouver ce qu’ils appellent de l’information. L’absence de surveillance véritable des médias sociaux est un aspect qui me préoccupe au plus haut point.
Je crois que c’est tout le temps que j’avais, mais je vous prie de noter que j’ai joint quelques documents susceptibles d’intéresser les membres du Comité.
:
Bonjour à tous. Je m'appelle John Petrie et j'ai travaillé pendant plus de 40 ans dans des stations de radio locale. Je vais donc vous parler principalement de la radio et de la réglementation qui guidera sa transition vers de nouvelles plateformes.
Je suis bien placé pour connaître toute l'importance que revêtent la radio locale et ses liens avec la communauté lorsque vient le temps de diffuser des informations d'intérêt local, de suivre les équipes sportives de la région en faisant la description de leurs matchs et, surtout, de transmettre des renseignements cruciaux sur des choses comme la fermeture des routes et des écoles lors d'événements comme les tempêtes hivernales. Il en va de même en été avec les alertes de tornade ou d'orage violent.
Bien qu'il soit possible d'obtenir bon nombre de ces renseignements sur son téléphone, les gens continuent de se tourner vers les médias traditionnels qui leur offrent une certaine garantie de crédibilité. Je sais à quel point la radio et les médias locaux sont importants pour les entreprises et les organismes sans but lucratif d'une collectivité qui doivent annoncer leurs services et faire passer leur message. J'aimerais vous citer quelques exemples de l'apport des radios locales. En décembre dernier, la station de radio ici même à Brooks a recueilli 36 000 $ en une seule journée pour la banque alimentaire locale. Depuis 30 ans, cette même station tient un radiothon d'une journée pour le club Rotary de Brooks qui a permis d'accumuler 300 000 $.
La radio locale nous procure un sentiment de communauté. Je parle ici de communauté, non pas dans le sens des gens qui la forment, mais davantage dans un esprit de partage des mêmes intérêts, objectifs et mécanismes d'entraide. C'est un sentiment qui peut également s'exprimer à la grandeur d'une province et d'un pays.
Le contrôle exercé par le CRTC à l'égard des licences des stations de radio a contribué à restreindre l'offre. Ce sont malheureusement les grandes entreprises qui ont pu obtenir les licences encore disponibles. Il est possible que l'on ait droit ainsi à un produit de meilleure qualité, mais cela s'est fait dans la plupart des cas au moyen de réductions dans la programmation et les emplois à l'échelle locale.
La radiodiffusion est en voie de transition vers différents nouveaux formats, dont Internet. J'écoute encore beaucoup la radio traditionnelle, mais je le fais d'une nouvelle manière, que ce soit au moyen de mon téléphone ou via Bluetooth. Soit dit en passant, la Norvège, une nation comptant cinq millions d'habitants, est devenue le premier pays au monde à éliminer progressivement le recours aux signaux analogiques pour passer à la radiodiffusion numérique, ce qui sonne le glas des signaux FM et AM. La Suisse et la Grande-Bretagne envisagent elles aussi de passer à des réseaux numériques. La Norvège soutient que cette transition permettra des économies que les radiodiffuseurs pourront réinvestir dans la programmation tout en pouvant compter sur un réseau offrant une clarté et une fiabilité accrues.
On y arrivera un jour également au Canada. Nous ne savons pas à quel moment exactement, mais c'est inévitable. Qu'adviendra-t-il de nos stations de radio traditionnelles qui diffusent au moyen d'émetteurs, surtout dans un monde où les véhicules ne seront plus équipés d'une radio AM-FM? Est-ce que n'importe qui pourra ouvrir une station de radio Internet sans avoir à se préoccuper d'obtenir un émetteur, des lettres d'appel ou une fréquence? Faudra-t-il une licence ou pourra-t-on simplement le faire à sa guise?
Comme vous le savez, les stations de radio traditionnelles doivent suivre certaines règles. Elles doivent ainsi notamment diffuser 35 % de contenu canadien, payer des droits à la SOCAN, respecter les normes canadiennes en matière de radiodiffusion et faire jouer uniquement la musique prévue dans leur licence. Elles doivent bien évidemment tenir un registre où l'on consigne tout ce qui est diffusé pendant une période de 30 jours pour le cas où il y aurait des vérifications ou des poursuites.
Les stations de radio font donc la transition vers Internet en utilisant dans la plupart des cas une application comme Radioplayer Canada, mais quelles sont les règles applicables à cette diffusion Internet? Seront-elles encore tenues de diffuser 35 % de contenu canadien? Est-ce que Spotify, Apple Play ou Google Music diffusent 35 % de contenu canadien?
Qu'en est-il des normes pour les annonceurs ou les animateurs d'émissions-débats? Avec la radio traditionnelle, ils ont des règles à suivre, mais une diffusion via Internet n'est assujettie à aucune règle et à très peu de règlements. Sur Internet, vous pouvez parfois entendre des balados où un langage offensant est utilisé sans aucune restriction. Qui va assurer une surveillance à cet égard et qui va exercer un contrôle? Est-ce même nécessaire de le faire?
Les gouvernements aiment à penser qu'ils sont les arbitres suprêmes de la réglementation, mais nous avons vu lors des élections aux États-Unis de grandes entreprises comme Twitter, Facebook et YouTube dicter elles-mêmes les règles en décidant du contenu qu'elles allaient rendre accessible. En outre, lorsqu'un rival de Twitter s'est manifesté, les grandes entreprises technologiques ne lui ont pas permis d'utiliser leurs plateformes. Alors, qui décide des sujets qui peuvent être abordés ou de la musique qui peut être diffusée sur la radio Internet? Faut-il que nous imposions des contrôles ou devons-nous laisser les gens décider eux-mêmes de ce qu'ils veulent entendre et écouter?
Si vous avez une station de radio en ligne, vous devez l'exploiter par l'entremise d'un fournisseur comme Rogers ou Bell. Si jamais vous lui livrez une concurrence trop vive, ce fournisseur pourra-t-il vous couper l'accès en réduisant votre diffusion à large bande ou en augmentant vos tarifs? Quelles seront les règles applicables si j'exploite une station radio en ligne via une plateforme comme Facebook ou YouTube? À qui appartiendront les données diffusées de cette manière et quelles seront les règles en matière de propriété étrangère? Qu'en est-il des paiements à effectuer au Fonds des médias du Canada? Y aura-t-il des exigences quant au nombre d'emplois à créer au Canada ou est-ce que ces entreprises pourront être exploitées à partir de l'étranger?
En fin de compte, il s'agit de se poser la question suivante: qu'est-ce que les Canadiens vont chercher auprès des médias? Ils veulent être informés. Ils veulent être divertis. Ils veulent avoir la liberté de choisir qui va les informer et les divertir. Si toutefois vous payez pour un tel service en vous y abonnant, est-ce que des règles devraient être imposées. Si vous...
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Un grand merci au Comité de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. Je suis entièrement d'accord avec les deux témoins qui m'ont précédé.
Je m'appelle Ahmed Kassem. J'ai produit et animé des émissions culturelles à la télévision communautaire pendant une bonne partie de la dernière décennie. De plus, j'anime une émission de radio communautaire locale mettant en lumière les relations interculturelles dans les collectivités rurales. Nous cherchons toujours à favoriser une plus grande prise de conscience et une meilleure compréhension des nombreuses communautés culturelles et linguistiques que l'on retrouve dans la région de Brooks, à informer les nouveaux arrivants de leurs droits et responsabilités au Canada, et à leur faire mieux connaître la communauté dans laquelle ils ont choisi de s'établir au moyen d'entrevues avec les principaux chefs de file et fournisseurs de services locaux.
Le projet de loi permettra d'améliorer les choses si, de pair avec la Loi canadienne sur la radiodiffusion, [Difficultés techniques] la radiodiffusion. Il faut par ailleurs tenir compte [Inaudible] du monde numérique. Il est plus difficile qu'auparavant de réunir une famille devant le même écran de téléviseur; chacun peut regarder la même émission en utilisant différents appareils. La diffusion en ligne devrait être assujettie à des règles aussi strictes que celles prévues dans la Loi sur la radiodiffusion. Ainsi, le contenu ne devrait pas pouvoir être produit par quelqu'un à partir de son domicile, une façon de faire qui permet à des individus et à des groupes de répandre de fausses informations, ce qui peut être dommageable et parfois même dangereux.
Le projet de loi permet également aux membres des minorités visibles de faire leur place dans le monde de la radiodiffusion étant donné qu'il est important de pouvoir entendre la voix de tous les Canadiens, sans égard à leurs origines. On pourrait dire que le projet de loi vise à établir en quelque sorte les mêmes règles pour la diffusion des différents contenus dans toutes les régions du Canada. En vertu de ce qui est proposé, tous seront assujettis aux mêmes modalités de fonctionnement.
J'estime primordial que les mesures législatives adoptées n'entraînent pas un exode des services actuellement offerts au Canada. Les lignes directrices plus rigoureuses qui sont proposées quant aux exigences à suivre pourraient inciter des fournisseurs à quitter le Canada, ce qui réduirait d'autant la gamme des médias et des contenus accessibles au pays.
Je suis en faveur de ce projet de loi, sous réserve de la mise en garde que je viens de vous servir. Si tous les fournisseurs de services médiatiques au Canada doivent suivre les mêmes règles, les diffuseurs de plus petite taille pourront offrir leurs émissions dans un contexte plus équitable. On assure également ainsi [Inaudible] de même que l'accès à du contenu canadien partout au pays, ce qui nous rapproche de nos racines. Nous pourrons aussi éviter la diffusion de contenu préjudiciable en assurant la protection et le soutien des radiodiffuseurs et des journaux locaux qui desservent notamment nos collectivités rurales partout au Canada.
Les discussions à ce sujet soulèvent pour moi quatre questions principales. Premièrement, comment exactement cela permettra-il de protéger le contenu canadien? Deuxièmement, comment le contenu sera-t-il approuvé? Troisièmement, d'où proviendra ce contenu? Quatrièmement, est-ce que cela créera des possibilités d'emploi au Canada?
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Oui. Merci, monsieur Shields.
Je vais conclure rapidement. Lorsque nous établissons des règles, il faut qu'elles soient les mêmes pour tous. Je veux dire par là que les mesures qui sont prises pour les médias en ligne doivent s'appliquer également aux médias traditionnels tant et aussi longtemps qu'ils vont exister.
Si on commence à octroyer des licences pour les stations de radio Internet, je pense qu'il serait bon qu'elles soient accordées à des Canadiens et qu'aucune limite ne s'applique. Prenez l'exemple de notre communauté. Une centaine de voix différentes s'y font entendre. Dans les villes de plus grande taille, on pourrait avoir une station radio pour une communauté ethnique. Il pourrait y avoir plusieurs stations semblables à Toronto ou à Vancouver.
Je voudrais parler en terminant des règles régissant le contenu. Qui décide du contenu? Si l'on impose des règles à ce sujet, est-ce que cela va étouffer complètement la créativité?
Il faut en fin de compte que les services de diffusion en continu paient des taxes comme toutes les autres entreprises. Je pense que nous en convenons tous. Ce sont des géants provenant des États-Unis qui utilisent nos infrastructures. Nous payons pour leurs services et eux-mêmes s'en tirent à trop bon compte, si bien que nous conviendrons tous qu'il nous faut trouver une manière de leur faire payer les taxes applicables.
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C'est absolument essentiel.
Brooks est la « ville des 100 bonjours » et on y trouve un nombre important de groupes ethniques provenant d'un peu partout sur la planète.
Dans bien des cas, la transmission des messages devient difficile dans ce contexte. On a pu le constater avec la pandémie de COVID-19, véritable cauchemar sanitaire. Il y a en outre les difficultés associées aux conflits raciaux, à l'antisémitisme, au racisme et à l'islamophobie.
Comme M. Petrie vient de l'indiquer, la diffusion de nos balados nous permet de rejoindre toutes les communautés dans leur propre langue en respectant les caractéristiques culturelles de chacune. On favorise ainsi le maintien des gens et de leurs familles en milieu rural où ils peuvent travailler et s'intégrer à la communauté.
Il est vraiment essentiel d'offrir cette voix aux nouveaux arrivants qui apportent une valeur ajoutée au développement économique du Canada d'une manière générale et dans l'ensemble de ses régions rurales. Il est primordial que les petits organismes de services puissent transmettre leurs messages. Il est très important que tous les Canadiens puissent avoir vraiment voix au chapitre.
J'encouragerais le Comité à explorer la piste de la radio communautaire ou de tout autre mécanisme pouvant permettre d'optimiser la prise en compte de tous les points de vue dans le contexte canadien.
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Je ne le sais pas vraiment, mais je vais m'éloigner un peu de sujet.
J'ai écouté la première partie de la réunion, et personne n'a parlé de la collecte de données. Lorsque Facebook et Google ou... Les données deviennent tellement importantes pour les annonceurs. À qui appartiennent-elles? À qui appartiennent les renseignements à mon sujet?
Je pense que notre pays doit examiner la question, car à l'heure actuelle, Google et Facebook possèdent ces données, ce qui est important pour leurs annonceurs. Ils peuvent cibler leurs annonceurs à Brooks, à Chicoutimi ou à Saint John.
Je pense que nous devons nous pencher sur la question. Je ne sais pas où cela s'inscrit, mais je pense que c'est un aspect important également.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence. C'est une occasion formidable. Comme j'espère pouvoir discuter avec chacun d'entre vous, je vais plonger immédiatement.
Monsieur Kassem, j'aimerais vraiment en savoir plus. Je constate que plus les communautés du Canada sont petites, plus il est difficile de promouvoir la diversité et l'inclusion. Il semble que vous faites un travail extraordinaire. Je me suis renseigné sur votre organisation — les idées, les conseils, la promotion d'activités communautaires, la sensibilisation à la diversité, l'autonomisation des nouveaux arrivants —, et vous faites de l'excellent travail et je vous en remercie.
Je sais que l'une des dispositions du projet de loi énonce, à l'article 3 de la Loi sur la radiodiffusion, que le système canadien de radiodiffusion devrait « répondre aux besoins et aux intérêts de l’ensemble des Canadiens — notamment des Canadiens qui sont issus des communautés racisées ou qui représentent la diversité de par leurs antécédents ethnoculturels, leur statut socio-économique, leurs capacités et handicaps, leur orientation sexuelle, leur identité ou expression de genre et leur âge ».
Je me demande si vous pouvez en dire plus. C'est toujours formidable d'entendre parler d'exemples de réussite — de l'une des histoires locales dont on entend parler à votre émission mettant en valeur des gens qui se sentent à l'aise dans une petite communauté.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur.
Nous travaillons très fort pour que les nouveaux arrivants s'intègrent aux régions rurales dans le cadre des politiques sur l'immigration rurale des gouvernements fédéral et provinciaux depuis de nombreuses années.
Lorsqu'une personne vient de l'étranger, elle arrive dans un pays où elle n'a aucun lien. Elle fuit les problèmes ou elle vient de son propre chef. Il est toujours difficile de quitter son réseau social ou familial et d'arriver dans une nouvelle culture et un environnement différent et d'apprendre une nouvelle langue. Ce seul fait est une source de stress pour de nombreux nouveaux arrivants et immigrants.
À notre émission, nous soulignons les réussites d'immigrants qui apportent une bonne contribution et qui ont une entreprise au pays. À leur arrivée au Canada — nous appelons tous ce pays « un paradis » et nous aimons vraiment y vivre —, ils sont vraiment ravis d'être ici. Certains d'entre eux réussissent grâce à leurs efforts. La plupart d'entre eux sont habiles en affaires.
Nous invitons ces entrepreneurs à l'émission afin que le reste des gens voient que le travail acharné et le dévouement portent fruit à long terme. Nous essayons toujours de ne pas tomber dans la victimisation ou de ne pas blâmer les autres pour les problèmes. C'est de cette manière qu'on peut permettre de favoriser l'autonomisation des gens.
Il faut les informer et leur donner les outils qu'il faut pour réussir plutôt que de les laisser être dépendants. Nous les aidons en leur donnant les outils pour réussir au Canada et se créer une nouvelle vie, mais ils doivent travailler fort et être honnêtes, dévoués et prêts à contribuer à la société dans laquelle ils vivent.
L'émission se concentre surtout sur les nouveaux arrivants et les immigrants qui ont une entreprise et qui sont des professionnels. La plupart d'entre eux viennent de l'Afrique du Sud. La plupart sont des médecins de l'Afrique du Sud. Nous les invitons à parler de leurs réussites, des difficultés auxquelles ils ont fait face à leur arrivée au Canada et des défis qu'ils ont dû relever. Les auditeurs verront dans quelle mesure les choses ont a été difficiles pour eux, mais aussi comment ils ont réussi malgré les difficultés. Il y a toujours une lumière au bout du tunnel.
Toutes ces histoires sont racontées sur notre site Web. Tout le monde peut y accéder et voir ces belles histoires.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais poser d'autres questions à M. Petrie.
Monsieur Petrie, je suis unancien animateur de radio. Je dois vous dire que, lorsque vous parlez de vieilles technologies inconnues des jeunes d'aujourd'hui, c'est une douce musique à mes oreilles. Je pense notamment aux lettres d'appel et à l'indexation numérique.
Récemment, je parlais de puissance avec un jeune animateur qui avait commencé sa carrière il y avait quelques années à peine. Je parlais de puissance d'antenne FM de 50 000 watts par comparaison avec les antennes de 150 000 ou 200 000 watts. J'avais l'impression de parler un langage qui lui était absolument inconnu.
Vous disiez avoir 40 ans d'expérience en radio. J'en ai près d'une trentaine, et, si nous ajoutons celles de M. Kevin Waugh à nos expériences respectives, il y a certainement 150 ou 160 ans d'expérience autour de la table aujourd'hui. Je dis cela en tout respect, monsieur Waugh.
Je voulais surtout parler de la rapidité avec laquelle cette industrie change, et cela est particulièrement marquant depuis quelques années. Au cours de votre carrière, aviez-vous l'impression qu'on soulevait des préoccupations comme celles dont nous discutons aujourd'hui? Je ne parle plus de technologie, mais de protection du contenu et de protection de l'identité culturelle. Il est beaucoup question de la culture québécoise et francophone, mais il s'agit aussi de la culture canadienne en général.
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Vous n'avez pas à l'admettre.
Il est agréable de voir tant de gens de l'Alberta. Je ne suis pas une ancienne animatrice à la radio et je n'ai donc pas cette expertise, mais l'importance vitale des médias locaux et la désintégration des médias locaux à laquelle nous assistons sont des questions qui m'intéressent énormément.
Je pourrais poser les mêmes questions à plusieurs d'entre vous, mais je vais commencer par M. McAdams.
Vous avez beaucoup parlé des médias locaux et de ce que nous risquons de perdre. L'une des choses qu'on m'a dites à maintes reprises lors de mes rencontres avec des intervenants, c'est que souvent, ce sont dans les médias locaux que nos journalistes commencent leur carrière. C'est souvent une école.
Pourriez-vous parler des répercussions sur le parcours des journalistes et de la situation au Canada, compte tenu des coups que subissent les médias locaux?
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Oui, certainement. Je vous remercie.
Ma dernière question s'adresse à M. Kassem. Je sais que mon temps sera bientôt écoulé.
Je vous remercie de tout ce que vous avez fait et de tous les renseignements que vous nous avez fournis au sujet de la diaspora et du contenu communautaire et culturel.
Vous avez notamment parlé de l'exactitude du contenu. Pourriez-vous nous préciser ce que vous aimeriez voir dans le projet de loi pour veiller à ce qu'un contenu exact soit diffusé aux auditoires, surtout en ligne?
Je pense que nous avons perdu M. Kassem. S'il revient, et si j'ai une deuxième chance de prendre la parole, je tenterai d'obtenir une réponse à ce moment-là.
Je suis heureux de revoir tout le monde.
Le milieu de la radiodiffusion a changé. Je viens de lire The Tangled Garden. C'est un livre fascinant. Je pense que tous les membres du Comité devraient le lire. La Loi sur la radiodiffusion ne s'applique pas aux journaux d'aujourd'hui, et M. McAdams a donc raison. Les gouvernements du monde entier retirent leurs annonces des journaux, et cela ne se passe donc pas seulement au Canada. J'ai PressReader et je lis de nombreux journaux du monde entier. Les gouvernements ne subventionneront plus les journaux. Je le vois bien. C'est tout simplement la nouvelle réalité. C'est un grand changement qui a commencé avec le gouvernement Harper, en 2010, et qui se poursuit depuis ce temps. Je ne dis pas que c'est juste, mais si vous êtes d'avis, comme vous l'avez dit au Comité, que les gouvernements du monde entier devraient investir plus d'argent dans les journaux, je dois vous dire que cela ne se produira pas.
La transition a été amorcée et elle ne s'arrêtera pas. Je ne sais pas où vous pourrez trouver vos revenus. Nous avons posé la question aux représentants de Facebook qui ont comparu vendredi dernier, car cette entreprise s'approprie une grande partie du contenu des journaux de notre pays, et ce, sans dépenser un sou. Elle ne veut pas payer pour ce contenu, comme nous l'a dit haut et fort M. Chan. Votre groupe de journaux devrait donc commencer par exercer des pressions sur des géants comme Facebook et tenter de voir si vous pouvez obtenir quelque chose de ces entreprises, car le gouvernement ne subventionnera plus les journaux.
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Eh bien, la France a réussi à conclure une entente avec ces entreprises, mais pas l'Australie.
M. Ryan McAdams: Pour le moment.
M. Kevin Waugh: C'est ce que je retiens, car je pense que si l'Australie pouvait conclure une entente, le Canada lui emboîterait rapidement le pas. Mais pour le moment, selon ce que nous avons entendu vendredi dernier, je pense que Facebook reste sur ses positions.
Monsieur Petrie, je suis heureux de vous revoir.
C'est intéressant. Vous avez parlé de CJYM, la radio de Rosetown. Tout comme les stations de Brooks, les stations de Rosetown et de Kindersley appartiennent à Stingray. Je peux vous dire que les radios de Humboldt, de Moose Jaw, d'Estevan et de Weyburn n'appartiennent plus à des intérêts locaux. En effet,Golden West, un radiodiffuseur de l'extérieur du Manitoba, est propriétaire de toutes ces stations de radio rurales, et il ne fait aucun doute que cela crée parfois une rupture dans les communications. De plus, on ne peut plus rencontrer les propriétaires d'une station de radio, car ils n'habitent plus dans la collectivité. C'est ainsi maintenant.
Malheureusement, les radios... Parfois, elles sont responsables de leur malheur. Je suis d'accord avec vous, monsieur Petrie, car elles ont effectivement besoin d'aide. Toutefois, les grands conglomérats comme Jim Pattison ont acheté tous les radiodiffuseurs de la province. Stingray a fait la même chose dans votre collectivité, et ce n'est pas une bonne chose, n'est-ce pas?
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On peut contourner ce problème en assouplissant les licences, car si les géants ne font pas de programmation locale, peut-être que quelqu'un d'autre mettra sur pied un petit…
On a essentiellement décidé d'accorder des licences parce que les coûts des immobilisations liés à l'ouverture d'une station de radio étaient très élevés et que l'on voulait assurer une certaine longévité dans ce milieu.
Ainsi, de nos jours, les coûts d'immobilisations nécessaires pour ouvrir une radio communautaire sont minimes pour vous, M. Kassem ou moi-même. Comme je l'ai dit, dans la plupart des cas, un ordinateur portable à 1 200 $ suffit pour démarrer une station de radio dans son sous-sol. Si on assouplit les licences à cet égard, la programmation locale reviendra peut-être en force.
Je ne demande pas l'aide du gouvernement, car je n'ai jamais vraiment préconisé cela. Toutefois, je crois que si vous avez un bon produit et que les annonceurs sont à l'écoute ou si vous avez un auditoire auquel vous pouvez diffuser des publicités, cela paiera pour le contenu.
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Ces temps-ci, nous utilisons la radiodiffusion plus souvent. La pandémie a non seulement eu des effets sur de nombreux Canadiens, mais elle a aussi eu un impact énorme, en raison de nombreux facteurs liés à la situation économique, sur les nouveaux arrivants, les personnes de couleur et les minorités.
L'isolement est un facteur extrêmement important. Dans notre émission, une psychologue parle de l'importance de prendre du temps pour soi. Il y a une lumière au bout du tunnel.
L'un des principaux défis auxquels nous faisons face est la vaccination. En effet, si un vaccin était offert, la plupart des gens refuseraient de se faire vacciner, autant chez les nouveaux arrivants que dans la population locale. C'est le défi auquel nous faisons face actuellement. Nous espérons trouver une solution cette semaine ou la semaine prochaine.
JBS Canada est l'une des plus grandes usines de transformation du bœuf au Canada. Elle emploie environ 3 000 personnes, dont 90 % sont des immigrants ou des nouveaux arrivants. Les dirigeants de l'usine ont du mal à convaincre les employés de se faire vacciner. Par l'entremise de la radio ou d'une vidéo, nous espérons donc encourager ces gens à se faire vacciner.
Il faut également préciser que la question de la santé mentale est extrêmement importante lorsqu'il s'agit des nouveaux arrivants. En effet, ils ont des souvenirs récurrents de leur lieu d'origine ou de l'endroit d'où ils se sont enfuis et des problèmes auxquels ils faisaient face là-bas. On observe donc une augmentation de l'isolement, de l'anxiété et de la dépression, ce qui a ensuite un impact sur la violence familiale. La violence familiale est actuellement à la hausse dans notre région, ainsi qu'à l'échelle du Canada. Si les gens restent tout le temps chez eux, cela aura également des répercussions sur leur santé mentale et leur bien-être.