FINA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent des finances
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le jeudi 2 octobre 2003
¿ | 0930 |
La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.)) |
Mme Carolyn Brooks (présidente, Fondation des maladies du coeur du Canada) |
¿ | 0935 |
¿ | 0940 |
La présidente |
Mme Christina Mills (membre du Comité directeur, Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada) |
¿ | 0945 |
La présidente |
M. Michael Howlett (président–directeur général, Association canadienne du diabète) |
¿ | 0950 |
Mme Donna Lillie (vice-présidente, Recherche et éducation professionnelle, Association canadienne du diabète) |
¿ | 0955 |
La présidente |
M. Gordon McBean (président, Conseil d'administration, Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère) |
À | 1000 |
À | 1005 |
La présidente |
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne) |
Mme Carolyn Brooks |
Mme Sally Brown (première dirigeante, Fondation des maladies du coeur du Canada) |
À | 1010 |
La présidente |
M. Monte Solberg |
Mme Christina Mills |
M. Monte Solberg |
Mme Donna Lillie |
M. Monte Solberg |
La présidente |
Mme Christina Mills |
À | 1015 |
Mme Sally Brown |
Mme Donna Lillie |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Pierre Paquette (Joliette, BQ) |
À | 1020 |
Mme Christina Mills |
Mme Sally Brown |
À | 1025 |
La présidente |
M. Michael Howlett |
La présidente |
Mme Donna Lillie |
M. Gordon McBean |
La présidente |
M. Pierre Paquette |
La présidente |
M. Nick Discepola (Vaudreuil—Soulanges, Lib.) |
À | 1030 |
Mme Donna Lillie |
À | 1035 |
Mme Sally Brown |
La présidente |
M. Nick Discepola |
La présidente |
M. Michael Howlett |
À | 1040 |
La présidente |
Mme Donna Lillie |
Mr. Nick Discepola |
Mme Donna Lillie |
M. Nick Discepola |
M. Michael Howlett |
La présidente |
M. Gordon McBean |
À | 1045 |
La présidente |
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD) |
La présidente |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Mme Christina Mills |
À | 1050 |
Mme Sally Brown |
Mme Donna Lillie |
La présidente |
Mme Sally Brown |
À | 1055 |
Mme Christina Mills |
La présidente |
La présidente |
Á | 1105 |
Dr Alan Bernstein (président, Instituts de recherche en santé du Canada) |
Á | 1110 |
Á | 1115 |
La présidente |
M. Ron Forbes (président, Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada) |
Á | 1120 |
Á | 1125 |
La présidente |
M. Jack Smit (président, Comité de direction, Centrale des caisses de crédit du Canada) |
Á | 1130 |
Á | 1135 |
La présidente |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Dr Alan Bernstein |
Á | 1140 |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
M. Ron Forbes |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
M. Jack Smit |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Á | 1145 |
M. Jack Smit |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
M. Jack Smit |
La présidente |
M. Monte Solberg |
Dr Alan Bernstein |
M. Monte Solberg |
Dr Alan Bernstein |
M. Monte Solberg |
M. Monte Solberg |
M. Ron Forbes |
La présidente |
Dr Alan Bernstein |
Á | 1150 |
M. Monte Solberg |
M. Monte Solberg |
Mme Joanne De Laurentiis (présidente-directrice générale, Centrale des caisses de crédit du Canada) |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Tony Valeri (Stoney Creek, Lib.) |
Á | 1155 |
Dr Alan Bernstein |
M. Tony Valeri |
M. Ron Forbes |
M. Tony Valeri |
M. Ron Forbes |
M. Tony Valeri |
Dr Alan Bernstein |
 | 1200 |
M. Tony Valeri |
Dr Alan Bernstein |
M. Tony Valeri |
 | 1205 |
Mme Joanne De Laurentiis |
M. Tony Valeri |
Mme Joanne De Laurentiis |
M. Tony Valeri |
La présidente |
L'honorable Maria Minna (Beaches—East York, Lib.) |
Dr Alan Bernstein |
L'hon. Maria Minna |
 | 1210 |
Dr Alan Bernstein |
L'hon. Maria Minna |
Dr Alan Bernstein |
L'hon. Maria Minna |
Dr Alan Bernstein |
M. Ron Forbes |
L'hon. Maria Minna |
M. Ron Forbes |
 | 1215 |
L'hon. Maria Minna |
M. Jack Smit |
L'hon. Maria Minna |
La présidente |
CANADA
Comité permanent des finances |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le jeudi 2 octobre 2003
[Enregistrement électronique]
¿ (0930)
[Traduction]
La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.)): La session d'aujourd'hui, conformément au paragraphe 83(1) du Règlement, est consacrée à des consultations prébudgétaires.
Nous accueillons ce matin des représentantes de la Fondation des maladies du coeur, c'est-à-dire Carolyn Brooks, présidente, et Sally Brown, directrice générale. Je vous souhaite à nouveau la bienvenue. Nous entendrons ensuite Bonnie Hostrawser, directrice générale de la Chronic Disease Prevention Alliance of Canada, et Christina Mills, membre du comité directeur. Bienvenue à vous deux. Ensuite, nous aurons Michael Howlett, président et PDG de l'Association canadienne du diabète, à qui je souhaite aussi la bienvenue. Je constate que vous êtes accompagné de votre vice-présidente de la Recherche et de l'éducation professionnelle, Donna Lillie. Nous entendrons enfin Gordon McBean, président du conseil d'administration de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère, qui est accompagné de Dawn Conway, directrice générale de la Fondation. Welcome to all of you.
Nous allons donner la parole aux témoins dans l'ordre que je viens de mentionner, après quoi nous passerons aux questions. Je dois vous dire aussi qu'il y a en ce moment même un débat en Chambre sur les finances et que vous constaterez donc des arrivées et des départs de membres de comité qui doivent y participer. Quoi qu'il en soit, cette session vous est consacrée pour communiquer votre opinion au comité.
Nous commençons avec Mme Brooks, de la Fondation des maladies du coeur du Canada.
Mme Carolyn Brooks (présidente, Fondation des maladies du coeur du Canada): Bonjour, membres du comité. La mission de la Fondation des maladies du coeur du Canada est d'améliorer la santé des Canadiens par la prévention des maladies du coeur, au moyen de la recherche, de la promotion de la santé et du militantisme.
Comme l'Association canadienne du diabète, la Fondation des maladies du coeur fait partie de l'Alliance de prévention des maladies chroniques du Canada. Cette alliance est une coalition représentant des organismes s'efforçant d'alléger le fardeau des maladies chroniques et des risques qui leur sont associés. C'est ce but commun qui nous amène à nous adresser à vous aujourd'hui.
Comme par le passé, nous tenons à féliciter à nouveau le gouvernement fédéral pour le leadership dont il a fait preuve au cours de l'année dernière en matière de promotion de la santé, notamment par son investissement de 55 millions de dollars dans les Instituts de recherche sur la santé du Canada—IRSC—par l'initiative approuvée en janvier dernier sur l'étiquetage des produits alimentaires, par la récente série d'augmentations de la taxe sur le tabac, et par la signature de la Convention- cadre sur le contrôle du tabac. Merci beaucoup de cet appui.
Notre mémoire d'aujourd'hui porte sur la nécessité d'améliorer et de réformer radicalement le système de santé publique du Canada et son infrastructure, et sur la nécessité d'intégrer la prévention des maladies chroniques à cette réforme. Nous pensons que cela appelle plusieurs éléments, notamment une approche nationale exhaustive, intégrée et financée adéquatement en matière de vie saine, et la diffusion d'informations adéquates sur la santé pour guider les décisions.
Madame la présidente, je voudrais rappeler quelques faits et chiffres de ces dernières années. Les maladies cardiaques constituent la première cause de décès au Canada, avec 76 000 décès par an, soit 35 p. 100 du total. Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause d'hospitalisation, avec près de 450 000 cas. C'est la première cause de consommation de médicaments sur ordonnance. Ce sont des maladies coûteuses, qui sont responsables d'environ 18,5 milliards de dollars par an en coûts directs et indirects pour le système de santé. Les Canadiens estiment que les maladies cardiaques constituent un problème grave. Nous avons commandé en juillet un sondage Ipsos-Reid qui montre que 83 p. 100 des Canadiens estiment que les maladies cardiaques sont un problème grave au Canada.
Il est évident que nous avons besoin de redynamiser notre système de santé publique si nous voulons combattre efficacement le fardeau de maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires. Hélas, notre système de santé publique est négligé depuis très longtemps. Son financement représente une proportion minuscule de nos ressources totales en soins de santé, soit 2 p. 100 à 4 p. 100.
Depuis deux ans, nous constatons une meilleure prise de conscience de l'importance de la santé publique. Diverses consultations en la matière dans tout le pays, ainsi que les deux dernières rencontres des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la santé ont fait ressortir l'importance d'améliorer notre infrastructure de santé publique et de prévention des maladies.
Les Canadiens pensent que leur gouvernement doit investir beaucoup plus dans la santé publique. Nous avons un sondage Decima, qui avait été commandé par l'Alliance de prévention des maladies chroniques du Canada en avril dernier, indiquant qu'ils pensent que 33 p. 100 de nos dépenses de santé devraient être consacrées à la promotion d'une vie saine.
Nous croyons que la réforme de la santé publique et l'intégration de la prévention des maladies chroniques à cette réforme peuvent se faire de plusieurs manières.
Tout d'abord, le gouvernement fédéral, en coopération avec ses partenaires provinciaux et territoriaux, doit mettre en oeuvre une stratégie exhaustive, financée adéquatement et pancanadienne de vie saine. Évidemment, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la santé sont déjà convenus de collaborer à court, moyen et long terme sur des stratégies pancanadiennes de vie saine axées sur la nutrition, l'activité physique et le poids. Cela est positif mais nous sommes encore loin d'une réforme systémique de la santé publique au Canada. Pour être efficace, une stratégie de vie saine doit aller au delà des buts généraux et s'attaquer à des objectifs plus précis. Les parlementaires sont mieux placés que quiconque pour connaître l'impact de modes de vie malsains sur le bilan de santé, et le public canadien s'attend à ce que vous preniez un engagement pour appuyer une stratégie efficace de vie saine.
Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a recommandé un investissement annuel de 125 millions de dollars dans une stratégie nationale intégrée de prévention des maladies chroniques. Il a aussi réclamé un investissement de 200 millions de dollars dans notre infrastructure nationale de santé publique. Nous approuvons ces recommandations. Nous avons la ferme conviction que les fonds nécessaires pour appuyer la vie saine doivent être obtenus de manière à ne pas amputer les autres budgets de santé publique, par exemple ceux consacrés au contrôle du tabac. Nous espérons donc entendre bientôt l'annonce d'une stratégie exhaustive, pancanadienne et financée adéquatement en faveur de la vie saine.
¿ (0935)
Deuxièmement, nous convenons avec notre ministre de la Santé qu'il faut maintenant créer un institut national de santé publique. La crise du SRAS et le problème continu du virus du Nil ont engendré un mouvement public en faveur de la création d'une agence nationale de santé publique, et nous croyons que la prévention des maladies chroniques doit en être un élément crucial, parfaitement intégré aux objectifs de cette agence.
L'une des constatations intéressantes au sujet du SRAS est que les personnes qui en sont mortes étaient généralement des personnes qui avaient déjà des co-morbidités. Elles avaient des maladies chroniques comme le diabète ou des maladies cardiovasculaires. Cela fait bien ressortir l'importance d'une approche coordonnée et intégrée de la santé publique, englobant à la fois les maladies infectieuses et les maladies chroniques.
Le troisième domaine dans lequel le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership concerne le suivi et la surveillance du bilan de santé des Canadiens et de leur système de soins de santé. On constate aujourd'hui des lacunes graves dans notre aptitude à recueillir des informations sur la santé. Par exemple, nous ne savons pas exactement combien de Canadiens souffrent chaque année de crise cardiaque. À un niveau global, nous n'avons pas de données opportunes et standardisées, pas de suivi national des facteurs de risque, et pas d'intégration des données dont nous disposons déjà. La ministre McLellan a déclaré qu'un futur centre canadien de santé publique devrait être capable de promouvoir la santé publique, ce qui serait l'une de ses fonctions principales, et nous croyons que la surveillance des maladies chroniques devrait idéalement être entreprise par une telle institution nationale de santé publique.
Finalement, pour ce qui est du contrôle de l'épidémie d'obésité, le gouvernement fédéral devrait examiner les possibilités de réglementation plus fine de l'industrie alimentaire. Tous les gouvernements du monde sont de plus en plus conscients que la réglementation des produits alimentaires malsains est une manière raisonnable de s'attaquer à l'épidémie d'obésité, et les Canadiens sont de cet avis.
Nous avons un sondage Ipsos-Reid indiquant que 56 p. 100 d'entre eux pensent que le gouvernement a un rôle crucial à jouer à l'égard du problème de l'obésité au Canada, et un sondage Decima indiquant que 59 p. 100 croient que le gouvernement devrait exiger de l'industrie alimentaire qu'elle limite la teneur en gras et en sel de ses produits, afin de promouvoir une meilleure santé de la population.
Plusieurs mesures ont été proposées par des organismes nationaux et internationaux, et sont actuellement envisagées dans de nombreux pays, notamment limiter et interdire la publicité destinée aux enfants, améliorer l'étiquetage et l'information des consommateurs, restreindre la distribution de produits malsains dans les écoles, et taxer les produits alimentaires malsains. Nous encourageons le gouvernement fédéral à étudier les possibilités existant dans ce domaine, étant bien entendu que cela exigera des informations beaucoup plus complètes et solides en matière de réglementation des aliments. Cela pourrait être facilité par la création d'une entreprise solide de recherche sur la santé dans notre pays.
Bon nombre des organismes qui ont témoigné devant votre comité ont recommandé au gouvernement fédéral d'annoncer son intention d'accroître le budget annuel des IRSC jusqu'à 1 milliard de dollars d'ici à 2006-2007, et nous sommes d'accord. Nous soulignons aussi que ce financement devrait être acheminé directement aux divers Instituts de recherche sur la santé.
En conclusion, nous pensons que c'est en agissant et en faisant preuve de leadership dans ces quatre domaines—mise en oeuvre et financement d'une stratégie pancanadienne de vie saine, création d'une agence nationale de santé publique, collecte et utilisation d'informations adéquates sur la santé pour guider les décisions, et recherche de solutions pour mieux réglementer l'industrie alimentaire—que le gouvernement fédéral pourra, en collaboration avec les secteurs bénévole et à but non lucratif, faire des progrès pour réduire le fardeau de maladies chroniques telles que les maladies du coeur, au Canada.
Merci beaucoup de votre attention.
¿ (0940)
La présidente: Merci.
Nous passons maintenant à Mme Mills, de la Chronic Disease Prevention Alliance of Canada.
[Français]
Mme Christina Mills (membre du Comité directeur, Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada): Bonjour. Merci de nous donner l'occasion d'exprimer le point de vue de l'Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada.
[Traduction]
Je vous remercie beaucoup de nous donner la possibilité de nous adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Christina Mills et je suis présidente de l'Association canadienne de santé publique et membre du comité directeur de l'Alliance de prévention des maladies chroniques du Canada, l'APMCC. Je voudrais vous dire quelques mots de notre Alliance puis vous communiquer nos propositions.
L'APMCC regroupe actuellement 25 organisations—et le chiffre augmente continuellement—et plus de 150 personnes. Nous représentons des gouvernements, des ONG, des associations professionnelles, des organismes privés, des universités—et tout cela aux niveaux local, provincial, territorial et national.
Nous nous sommes réunis parce que nous pensons qu'il est important de collaborer pour veiller à ce que les Canadiens aient accès à un système exhaustif, suffisamment financé, durable et intégré de recherche, de surveillance, de politiques et de programmes pour préserver la santé et pour prévenir les maladies chroniques.
Les témoins de ce matin vous diront qu'il est essentiel d'investir dans la prévention des maladies chroniques, et je suis très heureuse de faire partie du même groupe que deux de nos organisations fondatrices. Nous croyons que les gains les plus importants que connaîtra le système de santé au cours des prochaines décennies proviendront de la réduction des décès et invalidités prématurés causés par les maladies chroniques. L'Alliance s'est développée très rapidement parce que ces organisations nationales et provinciales sont conscientes à la fois de la nécessité d'intensifier les efforts et de l'importance de collaborer efficacement pour prévenir les principales causes de décès, d'invalidité et de dépenses de santé au Canada.
Une proportion élevée des décès au Canada proviennent du cancer, 70 p. 100, des maladies cardiaques, 25 p. 100, et du diabète, et ces décès pourraient être réduits ou retardés par la prévention. Des efforts soutenus pour prévenir les maladies chroniques permettront aux Canadiens de vivre plus longtemps et en meilleure santé, et de maîtriser la hausse des dépenses de santé. De fait, c'est la seule manière de maîtriser ces dépenses. Le meilleur système au monde sera écrasé par la vague démographique qui s'annonce si nous ne faisons pas un meilleur travail en matière de prévention.
Les maladies chroniques sont la première cause de décès et d'invalidité à l'échelle mondiale. Près des trois quarts des décès au Canada sont causés par des maladies cardiovasculaires, des cancers, des bronchopneumopathies chroniques et le diabète, qui partagent bon nombre de facteurs de risque communs, ce qui n'est pas surprenant.
La Fondation des maladies du coeur vient de parler de l'impact des maladies cardiaques. Pour ma part, je vous parlerai un peu du cancer car je sais qu'on parlera plus tard ce matin du diabète.
Selon les estimations, 62 600 Canadiens sont morts du cancer en l'an 2000, ce qui représentait 29 p. 100 de toutes les morts au Canada. Les maladies chroniques causent des décès et des maladies prématurées mais mettent aussi très fortement à contribution notre système de santé et notre société. Nous consacrons environ 13 milliards de dollars chaque année au traitement du diabète et de ses complications, 18,5 milliards de dollars aux coûts directs et indirects des maladies cardiovasculaires, et 14 milliards de dollars au cancer. Et ce ne sont là que des coûts économiques, auxquels s'ajoutent d'autres types de coûts pour les individus. Vivre avec une maladie chronique a un effet impossible à mesurer sur la qualité de vie de l'individu.
La majeure partie de ces maladies chroniques peuvent être attribuées à des facteurs de risque communs d'inactivité physique, de tabagisme et de nutrition malsaine. On peut penser qu'il s'agit là de choix individuels mais des recherches ont montré que les politiques et les environnements exercent une forte influence sur l'aptitude des gens à faire des choix de vie sains. Par exemple, on peut bien dire aux parents qu'ils doivent veiller à ce que leurs enfants soient actifs, cela n'aura pas beaucoup d'effets s'ils n'ont pas accès aux installations nécessaires—programmes dans les écoles et les communautés, quartiers et environnements sécuritaires.
Aucune intervention ne peut réduire à elle seule le fardeau des maladies chroniques. Ce qu'il faut, c'est une stratégie exhaustive, et l'expérience de la lutte contre le tabac nous a appris l'efficacité que peut avoir une stratégie exhaustive. Nous pouvons appliquer les leçons de ce succès à d'autres facteurs de risque. Une approche exhaustive comprendra des politiques, des programmes et des campagnes médiatiques pour influencer les connaissances et attitudes du public et des décideurs. Il importe cependant qu'elle soit fondée sur des recherches et de la surveillance de façon à identifier et à cerner adéquatement les problèmes, à identifier les méthodes efficaces pour les résoudre et à mesurer l'impact de nos actions. Nous avons besoin d'un leadership vigoureux pour exercer cet effort à tous les niveaux de la société, notamment de la part du gouvernement fédéral. Nous demandons aux membres du Comité permanent des finances de faire preuve de solide leadership en appuyant trois recommandations clés.
Premièrement, prévoir un investissement annuel de 125 millions de dollars pour la mise en oeuvre d'une stratégie de prévention des maladies chroniques dans le cadre de la stratégie fédérale et provinciale/territoriale de vie saine recommandée dans le rapport de 2003 du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie—le rapport Kirby. Cet investissement serait affecté aux systèmes intégrés de recherche, de surveillance et de contrôle requis, à l'élaboration de politiques et à la mise en oeuvre de programmes encourageant l'adoption de saines habitudes alimentaires, la pratique de l'activité physique et la réduction du tabagisme et de l'exposition à la fumée du tabac.
Toutefois, un investissement de cette ampleur exige beaucoup de travail préliminaire, et de planification à l'étape du lancement. On ne va pas simplement dépenser des sommes considérables sans une préparation attentive. Notre deuxième recommandation serait donc de consacrer 5 millions de dollars à des activités de planification efficaces de cette stratégie nationale. Cet investissement de 5 millions viserait à établir ou à améliorer des mécanismes de collaboration intersectorielle à tous les paliers, avec la participation non seulement des secteurs public, privé et bénévole mais aussi de ministères fédéraux comme la Santé, le Développement des ressources humaines, les Transports, l'Environnement, etc. On pourrait ainsi élaborer des mécanismes d'identification et d'adoption des orientations prioritaires clés, des buts et des cibles, et clarifier les rôles et responsabilités des partenaires pour une prévention intégrée des maladies chroniques, et guider, surveiller et évaluer les progrès.
L'APMCC a mis sur pied un réseau multisectoriel de partenaires des gouvernements, des ONG, des universités et du secteur privé et serait heureuse de contribuer à la coordination de ce travail.
Troisièmement, répartir adéquatement les investissements entre les maladies infectieuses et les maladies non transmissibles pour veiller à ce que le système de santé publique soit tout à fait apte à répondre aux besoins de santé actuels et futurs des Canadiens. On ne peut séparer facilement les maladies infectieuses des maladies chroniques quand on parle de santé humaine. Le SRAS a montré de manière particulièrement éclatante que des maladies infectieuses et des maladies chroniques peuvent parfois être les deux volets d'une même médaille.
Comme l'a dit Mme Brooks, les individus en bonne santé ne sont pas morts du SRAS. Une étude de 144 cas probables de SRAS à Toronto a montré que l'âge et des conditions chroniques de co-morbidité ont largement contribué aux cas pathologiques, c'est-à-dire aux décès ou au besoin de ventilation assistée. Les 29 patients admis à l'unité de soins intensifs souffraient déjà d'au moins une condition chronique.
Il est impératif de tenir compte de tous les besoins de santé publique quand on investit dans ce secteur. Concentrer son attention simplement sur les maladies infectieuses et sur la préparation aux crises serait un signe de myopie, et j'espère que les exposés de ce matin pourront vous convaincre de l'importance d'investir dans des stratégies cohérentes et dans l'amélioration des capacités de la santé publique. Il y va de la santé de tous les Canadiens.
¿ (0945)
La présidente: Nous passons maintenant à M. Howlett, de l'Association canadienne du diabète.
M. Michael Howlett (président–directeur général, Association canadienne du diabète): Merci, madame la présidente.
Avant de demander à Mme Lillie de faire notre exposé, je prendrai 30 secondes pour vous parler de notre Association et de ce que j'ai constaté l'an dernier en voyageant dans le pays.
Notre Association représente environ 2,3 millions de personnes souffrant du diabète, chiffre qui augmente continuellement. Si nous comparons cette situation à celle des États-Unis, le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé. Environ un septième de nos dépenses de santé est consacré au diabète, et cette proportion augmente elle aussi.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est que le diabète commence à se manifester chez des individus de plus en plus jeunes, et je ne pense pas ici seulement au type 1 mais aussi au type 2. Nos programmes n'arrivent pas à suivre cette évolution car les budgets sont insuffisants pour pouvoir éduquer les Canadiens sur la prévention.
J'aimerais maintenant donner la parole à Donna Lillie qui va faire notre exposé. Merci de nous avoir invités.
¿ (0950)
Mme Donna Lillie (vice-présidente, Recherche et éducation professionnelle, Association canadienne du diabète): Merci, Michael.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Comme Michael vient de le dire, le diabète est un problème de santé publique grave et croissant au Canada. Deux millions de Canadiens vivent aujourd'hui avec le diabète, ce qui représente un Canadien sur 13, et un nouveau Canadien apprend toutes les huit minutes qu'il est diabétique. Nous savons par ailleurs que ces chiffres sont considérablement sous-estimés. Selon des études internationales des populations consacrées à la prévalence du diabète dans le monde, 33 p. 100 des Américains vivent avec un diabète non diagnostiqué, proportion qui passe à 50 p. 100 en Australie. Le problème ne fait donc que s'aggraver.
Nous allons vous présenter quelques graphiques basés sur le travail exceptionnel du Dr Jamie Blanchard au Manitoba. Ses informations sont très utiles pour se faire une idée de la tempête qui s'annonce. Si vous examinez le graphique actuel relatif à la prévalence du diabète par groupe d'âge, vous voyez que les données de base pour l'an 2000 et les projections pour les années futures révèlent que le Canada est sur le point de connaître une hausse spectaculaire de la prévalence du diabète jusqu'à l'an 2016.
Évidemment, ce phénomène aura un impact économique énorme. Des études récentes effectuées aux États-Unis montrent que, sur la base des estimations faites au Canada, 13,2 milliards de dollars ont été consacrés au diabète dans notre pays en 2002, ce qui représente une hausse considérable par rapport aux 9 milliards de 1998. Or, on s'attend à ce que ce chiffre atteigne 15,6 milliards en 2010 si l'on n'intervient pas.
L'impact économique du diabète est essentiellement relié aux complications. Le tableau suivant est une projection des hospitalisations pour maladies cardiovasculaires de Canadiens diabétiques. En 1996, année de base, 99 000 Canadiens ont été hospitalisés pour maladies cardiovasculaires et diabète, et le chiffre passera à 158 000 en 2006 et à 228 000 en 2016. Le diabète associé à une maladie cardiovasculaire est donc un problème très grave. Les diabétiques sont deux à quatre fois plus susceptibles que les autres d'être atteints de maladies cardiovasculaires.
Le graphique suivant vous montre des projections concernant le nombre d'amputations d'un membre inférieur chez les diabétiques, et la tendance est similaire. En prenant 1996 comme année de départ, on atteint 15 000 cas en 2016. Les diabétiques sont 20 fois plus susceptibles de subir une amputation, procédure qui coûte 75 000 $, sans compter les problèmes évidents qui en découlent en matière de réadaptation et de perte de productivité.
Le même phénomène se manifeste en ce qui concerne les nouveaux cas projetés de diabétiques sous dialyse : 42 p. 100 des défaillances rénales sont associées au diabète, et 40 p. 100 des personnes souffrant de diabète de type 1 souffriront de défaillance rénale avant l'âge de 50 ans.
Une autre complication très grave et tout aussi importante dont nous n'avons pas encore parlé est que le diabète est la première cause de cécité chez les adultes du Canada.
Évidemment, cela a aussi une incidence profonde sur les individus. Les diabétiques doivent vivre avec cette condition 24 heures par jour, ce qui leur impose un énorme fardeau personnel et financier. Ils savent qu'une gestion agressive du diabète peut améliorer leur situation et ils savent qu'il est possible de prévenir les complications, mais cela coûte extrêmement cher. Les diabétiques dépensent cinq fois plus d'argent que les autres à gérer leur maladie.
Nous sommes évidemment très reconnaissants au gouvernement de s'être engagé à mettre en oeuvre une stratégie canadienne du diabète pour les années 1999 à 2004, et de s'être efforcé de sensibiliser la population au problème, d'avoir essayé de mieux le comprendre et de mieux en cerner l'ampleur, et d'avoir élaboré des systèmes et des stratégies adéquats pour nous aider à progresser. Toutefois, cette période arrive à sa fin. Nous venons tout juste de voir la pointe de l'iceberg et il est donc extrêmement important de continuer à investir sérieusement dans ce secteur, après ce travail initial.
¿ (0955)
Le diabète pose aussi de nouveaux défis. Les recherches montrent qu'un enfant américain sur trois né en l'an 2000 aura un diagnostic de diabète durant sa vie. Les Canadiens vieillissent et le taux d'obésité augmente dans notre population, deux facteurs qui accroissent le risque de diabète de type 2.
Le graphique que vous voyez actuellement indique des estimations d'évolution de la population canadienne par groupe d'âge, et vous le connaissez peut-être déjà. Vous y voyez en tout cas l'impact des baby-boomers à mesure qu'ils avancent dans la vie. Ce graphique présente des projections de l'an 2000 jusqu'à l'an 2016.
Le graphique suivant vous montre la répartition par groupe d'âge des diabétiques entre ces deux années, et on y voit clairement que le nombre de diabétiques augmentera de manière spectaculaire chez les personnes atteignant 40 ans, 45 ans puis 50 ans, c'est-à-dire encore une fois les baby-boomers qui connaissent le risque le plus élevé de diabète.
Il convient d'ajouter à cela que les Autochtones, les Inuits et les Métis sont trois fois plus susceptibles de souffrir de diabète de type 2 et d'en être atteints plus tôt dans leur vie. La dernière enquête disponible à ce sujet montre que 8,5 p. 100 des Autochtones vivant sur les réserves souffrent de diabète, 5,3 p. 100 des Autochtones vivant en dehors des réserves, 5,5 p. 100 des Métis, et 1,9 p. 100 des Inuits.
Un autre défi qui va se poser à notre merveilleux pays est que 77 p. 100 des nouveaux Canadiens viennent de populations où l'on sait que le risque de diabète est élevé: Asie du Sud-Est, Afrique et pays hispaniques.
Notre conclusion est qu'il n'a jamais été plus urgent d'agir dans des voies multiples. L'Association canadienne du diabète appuie certainement tous les efforts destinés à assurer la santé de la population canadienne, avec un engagement national de prévention des maladies chroniques. Il faut toutefois qu'une telle stratégie s'accompagne d'un renouvellement de l'engagement envers la stratégie du diabète. Cet investissement est crucial pour nous permettre d'appliquer les volets de prévention secondaire et tertiaire nécessaires pour gérer cette maladie, de façon à réduire les complications avec lesquelles vivent chaque jour des Canadiens et à assurer un avenir plus positif aux diabétiques du Canada. Investir dans une stratégie renouvelée et améliorée à l'égard du diabète revient à investir dans l'avenir des Canadiens. S'il vous plaît, passez à l'action.
Merci de votre attention.
La présidente: Je vous remercie beaucoup de votre exposé et de vos graphiques, qui nous sont très utiles.
Je donne maintenant la parole à Gordon McBean, de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère.
M. Gordon McBean (président, Conseil d'administration, Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère): Merci. Je suis très heureux de pouvoir m'adresser au comité ce matin.
La Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère félicite le gouvernement pour son initiative progressiste d'appui à la recherche en sciences du climat et de l'atmosphère, notamment pour le renouvellement à moyen terme de cette fondation.
La Fondation est le seul organisme de financement qui se consacre entièrement à appuyer la recherche universitaire sur les changements climatiques, la prédiction du climat, les phénomènes climatiques extrêmes, la qualité de l'air et le climat maritime. Depuis l'an 2000, la Fondation a investi 45 millions de dollars dans la recherche sur le climat et l'atmosphère afin de répondre aux besoins du Canada. Une bonne partie de cet argent est consacrée à la formation de chercheurs et à des efforts destinés à conserver les chercheurs qualifiés qui aideront le Canada à respecter ses engagements de Kyoto et à faire face aux problèmes environnementaux de demain. La Fondation continuera d'investir jusqu'à 10 millions de dollars par an dans la recherche sur le climat et l'atmosphère qui est importante pour les Canadiens.
Le climat a un impact profond sur les Canadiens et sur l'économie canadienne. Il suffit pour s'en convaincre de penser à l'ouragan Juan qui a frappé les provinces maritimes plus tôt cette semaine. Autre exemple, la lutte contre les feux de forêt en Colombie-Britannique, cette année, qui a fini par coûter plus de 7 millions de dollars par jour. Or, la plupart de ces incendies ont été causées par la foudre frappant des forêts desséchées. Les changements climatiques influent aussi sur les vecteurs des maladies, ce qui s'est traduit par une augmentation du virus du Nil dans les Prairies et par la diffusion d'espèces exotiques qui nuisent à l'agriculture et infestent les cours d'eau et les forêts. Nos décideurs publics ont besoin de meilleures informations scientifiques sur le climat pour pouvoir prendre leurs décisions face à ce type de problèmes.
Avant de poursuivre, je tiens à appuyer les remarques faites plus tôt ce matin par la Fondation des maladies du coeur sur la nécessité d'un système national de surveillance de la santé. Je tiens cependant à préciser aussi qu'il est important que ces systèmes de surveillance soient intégrés aux systèmes de surveillance du climat, de façon à ce que nous puissions entreprendre ces études importantes sur la santé et le climat afin de mieux comprendre les relations qui existent entre les deux phénomènes.
Nous sommes tous préoccupés par la hausse des primes d'assurance. Les catastrophes reliées au climat ont coûté en l'an 2002 55 milliards de dollars US à l'industrie mondiale de l'assurance, la majeure partie ayant concerné des dégâts causés par des tempêtes et des inondations. La tempête de glace qui a frappé le Canada en 1998 a coûté plus de 5,5 milliards de dollars au pays, sans compter ses conséquences humaines tragiques. Le Québec a déjà transféré des collectivités entières du Nord à cause de la faute du pergélisol.
Puisque nous envisageons de rebâtir notre infrastructure nationale, il nous appartient de rendre nos villes, où vit la majeure partie de notre population, moins vulnérables à ce type de dangers. Les recherches appuyées par la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère intégreront directement le volet d'évaluation des dangers naturels de l'alliance de recherche proposée pour les catastrophes et pour la résistance des villes, alliance qui nous permettra d'accroître notre capacité globale à contribuer aux décisions cruciales de demain. Le Bureau d'assurance du Canada, quand il témoignera devant votre comité, vous dira aussi qu'il est très important d'appuyer ces initiatives.
En bref, le climat exerce une incidence profonde sur l'économie canadienne, sur les Canadiens et sur notre sécurité à tous les niveaux—local, provincial, national et international. Nous devons absolument continuer les efforts déployés pour mieux comprendre le climat, améliorer nos prévisions, affiner les outils et stratégies nécessaires pour s'adapter au changement climatique, et apprendre à gérer les risques climatiques.
La Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère recommande au gouvernement fédéral d'accroître son investissement financier dans la recherche sur le climat et l'atmosphère.
Les recherches universitaires et gouvernementales sur le climat et en océanographie se renforcent et se complètent mutuellement. La Fondation encourage les chercheurs, les techniciens, les décideurs publics et les autres parties prenantes à faire le meilleur usage possible des ressources humaines et physiques disponibles. Des professeurs financés par la Fondation collaborent étroitement avec des scientifiques des laboratoires fédéraux et du secteur privé, ce qui est un facteur important de productivité.
Les partenariats permettent également de concentrer les ressources sur les problèmes d'importance nationale ou internationale et de minimiser les dédoublements d'effort. Les 12 réseaux de recherche de la Fondation dépendent lourdement d'installations fédérales pour obtenir des données climatiques de base, des modèles informatiques de pointe, du soutien technique ou de l'expertise complémentaire, mais il faut bien dire que bon nombre des installations fédérales sont inadéquates. La fermeture en 2002 de l'observatoire de l'ozone stratosphérique dans l'Arctique canadien, à Eureka, a fait disparaître un établissement de niveau mondial. Le Canada est un vaste pays dont les caractéristiques sont tout à fait particulières. Voulons-nous vraiment dépendre d'autres pays pour obtenir des informations essentielles sur le climat et sur la couche d'ozone?
Le Canada, les États-Unis et d'autres pays collaborent à des recherches sur un système d'observation de la terre destiné améliorer les prévisions atmosphériques. Il est crucial que le Canada travaille avec ses partenaires internationaux sur la détection de surface, in situ et à distance de nos conditions climatiques et océaniques.
À (1000)
La FCSCA recommande au gouvernement de renforcer ses investissements en infrastructure scientifique et en systèmes de surveillance essentiels pour acquérir des observations climatiques et océaniques systématiques à long terme—cette capacité réside d'abord dans les laboratoires fédéraux—et qu'il appuie les liens scientifiques internationaux en recherche touchant les systèmes d'observation de la terre. Cette infrastructure servira aux universitaires du secteur privé et est nécessaire pour former et conserver de bons scientifiques.
Le Canada gagne et perd des gens qualifiés. La Fondation s'efforce de corriger cette pénurie chronique en climatologues mais nous recommandons l'établissement de programmes d'échanges à court terme de scientifiques internationaux pour favoriser la mobilité dans le partage de la recherche et des meilleures pratiques reliées aux facteurs climatiques.
Il existe des opportunités et des besoins énormes dans le Nord canadien et nous sommes heureux que le réseau arctic.net soit maintenant financé. Toutefois, le soutien logistique pour l'Arctique reste inadéquat et insuffisant. Il y a longtemps que l'on a besoin d'un meilleur mécanisme de coordination des partenariats et de la logistique pour la recherche dans l'Arctique, et d'un mécanisme de coordination du travail sur des questions telles que les préparatifs de l'Année polaire internationale, en 2007.
Le brise-glace de recherche Amundsen est une excellente initiative qu'il convient de consacrer totalement à la recherche et non pas de partager avec les patrouilles de la Garde côtière. Le Canada a des leçons à tirer des arrangements pris par d'autres pays, notamment les États-Unis.
La FCSCA recommande des mesures rapides et décisives sur la prestation coordonnée, efficace et efficiente d'un soutien logistique à la recherche nordique.
Le Nord est déjà touché par les changements climatiques et nous avons besoin d'outils considérablement meilleurs pour savoir ce qui s'y passe et quelles en seront les conséquences. Dans quatre ans, le monde célébrera l'Année polaire internationale mais le Canada, qui exerce sa souveraineté sur de vastes régions polaires, est la seule nation polaire qui n'ait pas encore de groupe de planification intersectoriel coordonnant les préparatifs sur son territoire et avec les autres nations circumpolaires.
La FCSCA recommande au gouvernement fédéral d'élargir le mandat d'un organisme existant pour qu'il puisse diriger et coordonner des activités relatives à l'Année polaire internationale en jouant le rôle de centre d'information sur la recherche dans l'Arctique.
Des scientifiques canadiens continuent d'être très actifs, avec l'appui de la Fondation, sur les changements environnementaux mondiaux et sur des programmes scientifiques connexes. Hélas, les mécanismes de coordination au Canada avec ces programmes internationaux sont largement disparus. S'il adopte une démarche coordonnée en matière de participation aux programmes internationaux, le Canada bénéficiera d'un meilleur transfert de connaissances, pourra mieux adapter ses priorités et pourra mettre l'accent sur une participation plus efficace à ces programmes internationaux, de manière générale.
La Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère recommande au gouvernement fédéral d'appuyer un organisme existant, comme la FCSCA, pour assurer la coordination indispensable et très bénéfique de la participation canadienne aux programmes de recherche internationaux sur les changements environnementaux.
En conclusion, je précise que, durant ses trois années d'existence, la Fondation a consacré plus de 45 millions de dollars à la recherche sur le climat et sur l'atmosphère dans les universités canadiennes. Toutefois, nous vivons dans un petit pays sur le plan démographique, même s'il est énorme sur le plan géographique. Nous demandons donc au gouvernement fédéral de renouveler l'infrastructure des laboratoires de recherche fédéraux pour qu'ils puissent répondre aux besoins publics et privés et qu'ils puissent appuyer des partenariats permettant de concentrer les ressources intellectuelles, de tirer le meilleur parti des ressources financières, et nous permettre de faire concurrence ou, dans certains cas, de diriger des efforts de recherche internationaux. Nous recommandons une meilleure coordination et un meilleur soutien logistique des études nordiques, ainsi que notre participation à des programmes internationaux et un appui continu à la formation et à la conservation des jeunes scientifiques qui aideront le Canada à respecter ses engagements en matière de changement climatique et à répondre à ses besoins intérieurs à l'avenir. Ces initiatives rehausseront l'activité et l'image du Canada comme nation responsable, respectée et compétitive et lui permettront de progresser vers ses buts en matière d'innovation.
Merci de votre attention.
À (1005)
La présidente: Merci beaucoup.
Cela met fin aux exposés. Nous allons maintenant passer aux questions, avec des tours de sept ou huit minutes.
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne): Très bien, c'est tout le temps dont je dispose. Je dois faire un discours en Chambre.
Je vous remercie tous et toutes d'être venu témoigner ce matin.
Je voudrais poser ma première question à Mme Brooks au sujet de sa proposition concernant la taxation et l'interdiction de la malbouffe. C'est évidemment une proposition assez controversée mais vous l'avez faite et je voudrais que vous nous l'expliquiez un peu.
Vous avez dit que cette taxation existe déjà dans certaines juridictions—je n'en connais aucune qui soit passée à l'interdiction—mais pouvez-vous nous donner des preuves que cela produit les effets que vous souhaitez? Par exemple, y a-t-il des gens qui ont cessé de manger des croustilles à cause de cela?
Mme Carolyn Brooks: Nous en sommes au tout début de ce genre d'intervention. C'est une nouvelle initiative dans bon nombre de pays qui sont des pays industriels arrivés à maturité. Pour le moment, il y a certaines régions où l'on a pris des mesures de cette nature mais nous n'avons pas encore le bassin initial de données qui nous permettrait de dire qu'ajouter une taxe de 1 $ à un sac de croustilles amènera les gens à acheter des pommes à la place. Nous ne sommes même pas encore sûrs que ce soit la manière la plus efficace d'aborder le problème.
Ce que nous savons, par contre, c'est que beaucoup de gens réclament une sorte d'ange gardien au sein du gouvernement pour les forcer à comprendre que ce n'est pas une bonne chose d'acheter des croustilles de pommes de terre. Nous ne savons pas vraiment maintenant comment cela pourrait se faire; comme je l'ai dit, nous en sommes aux balbutiements pour le moment.
Mme Brown a peut-être quelque chose à ajouter.
Mme Sally Brown (première dirigeante, Fondation des maladies du coeur du Canada): Je voudrais ajouter qu'un certain nombre de juridictions s'engagent dans cette voie. Il existe certaines études à petite échelle qui montrent, par exemple, que les enfants finissent par préférer les fruits et les légumes aux croustilles de pommes de terre à condition qu'ils y soient suffisamment exposés. Ils mangent ce qui leur est proposé et, si on leur propose autre chose, ils en sont très heureux. Il y a donc certaines recherches qui montrent que l'on peut changer le comportement des enfants étant donné qu'une bonne partie de leur comportement provient de ce qu'ils entendent et voient continuellement à la télévision.
Nous savons qu'il y a beaucoup de données; ces propositions de réglementation de l'industrie des produits alimentaires sont issues de recherches. Par contre, nous n'avons pas encore d'études sur de grandes populations qui nous indiqueraient comment appliquer de telles mesures à grande échelle. Nous allons bientôt commencer à en avoir car d'autres juridictions avancent dans cette voie.
À (1010)
La présidente: Si vous préférez, monsieur Solberg, je peux vous garder du temps pour plus tard.
M. Monte Solberg: Ce ne sera pas nécessaire, je vous remercie. J'aimerais connaître l'avis de tout le monde là-dessus car je suis sûr que tout le monde a quelque chose à dire à ce sujet.
Mme Christina Mills: L'expérience du tabac nous a appris que le prix est un facteur de comportement très puissant et, surtout, que les jeunes sont très sensibles au prix du tabac. Le prix exerce encore plus d'influence sur le tabagisme chez les jeunes que chez les adultes. Cela pourrait être l'une des leçons des succès de nos stratégies de contrôle du tabac. Ce n'est peut-être pas une solution parfaite mais c'est au moins un outil que nous pouvons utiliser pour instaurer un climat économique prédisposant les gens à avoir un comportement préféré plutôt qu'un comportement qui leur nuit.
M. Monte Solberg: Madame Lillie, vous avez peut-être un avis là-dessus, puisque cela concerne votre groupe.
Mme Donna Lillie: En effet, cela touche directement les diabétiques. Il est clair que l'obésité est un problème très important, à la fois en ce qu'il touche le diagnostic du diabète et, évidemment, sa gestion. Ce que nous avons constaté, c'est que cela est directement relié à ce qui est nécessaire comme engagement dans le pays en matière de vie saine et de changements plus systématiques. Il est incontestable que nos individus autochtones vivent dans des collectivités où ils ont uniquement accès à des aliments à haute teneur en gras—aliments qui se vendent bien et qui sont populaires parce que c'est ainsi que le système les a positionnés. Nous nous sommes demandés très sérieusement comment changer cette situation, surtout dans certaines de ces collectivités. Comme Sally vient de le dire, si l'on instaure des habitudes alimentaires saines dans la collectivité, c'est une solution beaucoup plus efficace au problème.
M. Monte Solberg: Je suis frappé de constater que vous parlez de créer un incitatif économique—ou plutôt un facteur de dissuasion de la consommation d'aliments gras—alors que nous fournissons nos soins de santé complètement gratuitement aux gens. Je me demande si vous avez une opinion là-dessus—je suis sûr que oui—mais est-ce que ça ne pourrait pas aussi fonctionner dans l'autre sens? Si l'on crée une sorte d'incitatif par le truchement d'un ticket modérateur dans le secteur de la santé, cela aura peut-être le même effet mais on ne serait pas obligés de réglementer un million de types de produits différents, ce qui me frappe comme étant...
Je ne sais pas comment on pourrait faire. Je ne sais pas comment on pourrait réglementer tous les produits alimentaires à haute teneur en gras. Et vous savez aussi que les opinions divergent en ce qui concerne les aliments sains et les aliments malsains—je veux parler ici du débat sur le régime Atkins, par exemple. Est-ce qu'on ne pourrait donc pas atteindre le même objectif en prenant le problème par l'autre bout, c'est-à-dire en imposant un petit ticket modérateur à la prestation des services de santé?
La présidente: Je vais commencer par Mme Mills, puis nous entendrons Mme Brown et peut-être Mme Lillie.
Mme Christina Mills: Connaissez-vous les concepts d'amont et d'aval? Je ne veux pas utiliser de jargon mais nous utilisons ces métaphores de l'amont et de l'aval pour mettre en opposition la prévention et la résolution des problèmes qui se sont déjà posés, c'est-à-dire des individus qui ont succombé à divers risques.
Au fond, le système de santé revient à sortir les gens du fleuve. Nous, ce qui nous intéresse, c'est d'éviter que les gens tombent dans l'eau. Le système qui permet de sortir les gens du fleuve s'occupe d'individus qui ont déjà des problèmes, qui ont déjà été exposés à des risques élevés, volontairement ou involontairement.
La démarche en amont consiste à modifier les facteurs qui entraînent l'exposition à ces risques. Autrement dit, ce qui nous intéresse, c'est d'aborder le problème au départ, du point de vue des politiques et des environnements qui influencent toute une population, plutôt que de choisir des individus et d'essayer de leur faire changer leurs comportements.
Certes, la prévention clinique a un rôle à jouer mais la prévention basée sur la population est notre seul espoir d'apporter des changements profonds au chapitre des maladies de la population.
À (1015)
Mme Sally Brown: Vous avez parlé de changer tous ces produits alimentaires, et nous connaissons en fait des succès assez remarquables à ce chapitre.
La Fondation des maladies du coeur a mis sur pied un programme de contrôle de la santé qui est un programme volontaire en vertu duquel les entreprises sollicitent le droit d'apposer une étiquette sur leurs boîtes de céréales, par exemple, pour indiquer que ce sont des aliments sains.
Or, nous constatons qu'un nombre croissant d'entreprises adhèrent à ce programme parce qu'elles y voient un avantage compétitif. Plus intéressant encore, les entreprises qui ne respectent pas les critères de gras ou de sel modifient actuellement leurs ingrédients pour essayer de les satisfaire. Cela veut dire non seulement que l'on offre des choix sains aux consommateurs mais aussi que l'on encourage les entreprises à modifier leurs ingrédients pour rendre leurs aliments plus sains. Donc, la réglementation des produits alimentaires et les exigences en matière d'emballage et d'étiquetage encouragent les entreprises à faire la même chose.
Il n'est donc pas nécessaire d'y aller avec une main de fer, il suffit peut-être de mener une action uniforme et cohérente pour faire savoir à l'industrie alimentaire quelles sont nos attentes.
Mme Donna Lillie: Je pense que c'est une question complexe. Elle appelle des stratégies multiples, comme le disent mes collègues.
Je pense qu'il faut aussi faire une mise en garde. Si l'on se positionne vraiment pour gérer les maladies chroniques, surtout si les médecins et les professionnels de la santé y prennent une part active, cela risque d'entraîner plus de visites chez le médecin ou plus de visites chez le fournisseur de soins de santé. Cela est très focalisé sur le souci de s'assurer que l'individu comprend bien de quoi il a besoin et quand, et qu'il obtienne l'examen voulu en même temps. Si l'on gère agressivement, on finit peut-être par sortir les gens de l'hôpital et par éviter les complications mais on risque peut-être en contrepartie d'utiliser plus le système dans ce contexte et moins dans un autre.
M. Monte Solberg: Merci beaucoup.
Je vais devoir partir. Je dois prononcer un discours absolument fascinant dans quelques instants.
La présidente: En fait, votre temps de parole était écoulé, monsieur Solberg.
Mr. Paquette, now is your turn.
[Français]
M. Pierre Paquette (Joliette, BQ): Merci, madame la présidente.
Merci pour vos présentations. Vous êtes chanceux et chanceuses parce que c'est à 11 heures que je vais faire mon discours. On devrait avoir terminé cette table ronde à cette heure. Malheureusement, pour l'autre table ronde, il manquera un peu de joueurs.
J'ai bien aimé vos présentations. D'abord, en ce qui a trait à la recommandation que fait la Fondation des maladies du coeur concernant la réglementation additionnelle de l'industrie alimentaire pour prévenir l'obésité, je pense que la discussion indique qu'on a besoin d'une approche multidisciplinaire. Une seule intervention peut avoir des effets pervers. On a eu le cas d'une polyvalente à Joliette qui a décidé d'interdire le junk food à sa cafétéria. Les étudiants sortaient de l'école pour aller en manger dans les restaurants avoisinants et cela a créé d'autres problèmes. Évidemment, lorsqu'ils sortent de l'école, ils sont dans un milieu où certains groupes organisés ou les gangs de rue peuvent profiter du fait qu'ils ne sont pas encadrés pour leur offrir de la drogue, etc. Donc, il faut vraiment une approche globale. Je vois dans votre mémoire que vous avez énormément de suggestions à cet égard. Donc, on se comprend très bien.
Ma question s'adresse à tout le monde. On sait que Paul Martin sera le premier ministre du Canada dans quelques mois. On l'avait invité à venir présenter ses priorités devant ce comité, mais malheureusement, nos amis libéraux ont préféré garder toute l'information pour eux. Mais heureusement, M. Martin est allé devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et lui a fait part de ses priorités.
Sa première priorité est de réduire à 25 p. 100 le ratio de la dette au PIB, qui est actuellement d'environ 43 p. 100. On sait qu'il y a à peine cinq ou six ans, il était de 70 p. 100. Donc, on a déjà fait un effort assez important.
Sa deuxième priorité est de réduire les impôts.
En troisième lieu arrive un grand panier bien général qu'on appelle les programmes sociaux.
La situation dans les provinces est désastreuse. Vous savez que toutes les provinces ont un déficit, sauf l'Alberta et le Québec où, cette année, on réussira tout juste à équilibrer les finances publiques. Le ministre des Finances du Québec a annoncé pour l'année prochaine ce qu'il a appelé une impasse budgétaire de 3 milliards de dollars. Quand on regarde les dépenses du Québec—et j'imagine que c'est la même chose dans les autres provinces—on voit que cela tourne autour de 50 milliards de dollars. Quand on soustrait les dépenses en santé et en éducation, qui représentent pratiquement la majorité des dépenses, il reste 9 milliards de dollars au Québec. Si on veut réduire les dépenses de 3 milliards de dollars sans toucher à la santé ou à l'éducation, c'est une mission pratiquement impossible, parce qu'il y a aussi la culture et les infrastructures routières. Donc, les provinces sont obligées de couper dans le secteur de la santé dans la situation actuelle.
Vous avez tous parlé d'investissements du fédéral en santé. Je trouve que le premier problème de notre système de santé est l'insuffisance des fonds que le fédéral transfère aux provinces.
Dans vos milieux, estimez-vous que la première priorité du gouvernement canadien devrait être la réduction de la dette?Deuxièmement, pensez-vous qu'on devrait recommander un investissement plus substantiel que celui qui a été fait au cours des dernières années, afin qu'on s'approche de ce que M. Romanow proposait, c'est-à-dire que le gouvernement fédéral assume environ 25 p. 100 des dépenses en santé? Je pose la question à tout le monde puisque vous êtes soit dans le secteur de l'environnement, soit dans celui de santé. C'est un peu la lecture que je fais de la situation. On sera dans une impasse si le gouvernement fédéral n'assume pas davantage ses responsabilités au plan financier.
À (1020)
Mme Christina Mills: Excusez-moi. Je vais parler en anglais parce que les interprètes pourront exprimer ma pensée mieux que moi en français.
[Traduction]
J'utiliserai comme métaphore les fondations et les murs d'une maison. S'il y a des fissures dans la fondation, je devrai constamment combler des fissures dans les murs. Les murs continueront de craquer tant que les fissures des fondations n'auront pas été réparées.
Le système de traitement revient un peu à combler les fissures des murs. Considérant les pressions démographiques que nous connaissons, le nombre de nouveaux patients entrant dans le système de traitement augmente de manière logarithmique. Tant qu'on ne réglera pas le problème des fondations, ce qui est le rôle de la prévention primaire, on ne pourra pas résister à la vague démographique de manière un tant peu soit raisonnable, même si l'on crée un système de santé parfait.
Si vous examinez le graphique montrant le fardeau prévu des maladies chroniques au Canada et qu'on le divise en causes évitables et causes inévitables—les causes inévitables étant essentiellement l'âge et le sexe, au sujet desquels on ne peut vraiment rien faire—on constate qu'il y a une part inévitable substantielle mais, selon la maladie, une part évitable encore plus vaste. C'est là que réside notre seule chance de maîtriser la hausse des dépenses de santé.
Pour revenir à la métaphore de la maison, on peut continuer de payer un maçon 100 $ par mois pour réparer les murs ou on peut investir dans un maçon différent qui réparera les fondations pour que les murs n'aient plus de fissures. Ce dont nous parlons ici concerne un investissement qui sera rentable à très long terme par la maîtrise des coûts du système.
Je dois reconnaître que nous parlons ici du long terme. Ce n'est pas quelque chose qui se produira en deux ans, trois ans ou cinq ans, de manière spectaculaire. Toutefois, si nous ne faisons rien maintenant, nous assisterons dans 20 ans à un délabrement total de notre système.
Mme Sally Brown: Je voudrais faire deux remarques. Premièrement, en ce qui concerne votre première remarque au sujet de nos propositions relatives à l'obésité, je pense que nous sommes totalement d'accord. Le message que nous voulons faire passer est que le gouvernement fédéral se doit d'adopter une démarche intégrée face à ce problème car nous ne pourrons le résoudre autrement.
En ce qui concerne votre dernière remarque, sur la Commission Romanow, je dois dire que nous avons appuyé vigoureusement la plupart de ses recommandations et que nous souhaitons maintenant que le gouvernement passe à l'action. La pièce manquante, toutefois, malgré ce que je considère être un engagement personnel de la part de M. Romanow envers la prévention et la promotion—choses dont il a au moins parlé de manière très éloquente—concerne les fondations. On en a très peu parlé dans le rapport et c'est la pièce manquante. C'est celle qui nous empêche d'aller de l'avant.
Notre message est que vous pouvez fort bien faire ce que M. Romanow a recommandé, et que vous devriez probablement le faire, mais que nous n'irons pas là où nous devrions aller si nous n'acceptons pas aussi d'investir dans la promotion et la prévention.
À (1025)
La présidente: Monsieur Howlett.
M. Michael Howlett: Votre question est très importante, monsieur Paquette. Franchement, je ne savais pas qu'elle serait posée aujourd'hui mais je pense qu'elle est très pertinente. Il y a tant de manières plus efficaces de dépenser nos deniers publics en ce qui concerne la santé. Une grande part de la solution n'a rien à voir avec le traitement. La majeure partie, en ce qui concerne le diabète, concerne la prévention et l'éducation.
Nous savons qu'il nous est possible de maximiser le potentiel des deniers publics et des deniers des donateurs par l'éducation et la prévention, beaucoup plus que nous ne pourrions le faire par le traitement et les médicaments. Or, c'est précisément l'aspect prévention et éducation que nous défendons. Si nous ne commençons pas à dépenser des dollars intelligents à cet égard, dès maintenant, nous allons le payer très cher à l'avenir. Nous hypothéquons tellement l'avenir de nos programmes de santé à l'heure actuelle parce que nous n'examinons pas assez attentivement les autres solutions.
M. Charest au Québec et M. Klein en Alberta examinent constamment ces facteurs, ce dont nous sommes très heureux. Diabète Québec fait un travail d'éducation magnifique et aide le reste du Canada à mieux comprendre.
En Ontario, qui sait, aujourd'hui? Nous saurons demain qui va diriger notre province. Avant de demander à Mme Lillie de répondre au reste de votre question, je tiens à vous remercier de l'avoir posée parce que c'est l'une des plus pertinentes. Si nous n'avons pas d'essence pour l'automobile, nous ne pouvons pas appliquer le programme.
La présidente: Madame Lillie, puis monsieur McBean.
Mme Donna Lillie: Je vais essayer d'être aussi simpliste que possible. Je pense qu'il s'agit simplement de payer maintenant ou de payer plus tard. Je pense que nous faisons un investissement dans l'avenir de notre pays qui est très important et très pertinent. Les Canadiens en bonne santé sont le moteur de l'environnement et le moteur de l'économie et positionnent notre économie. Si nous ne tenons pas compte de leurs meilleurs intérêts du point de vue de la santé et si nous ne veillons pas à ce qu'ils restent en bonne santé, nous allons causer des dommages irrémédiables au pays.
M. Gordon McBean: Toutes les preuves montrent clairement que la recherche scientifique garantit un très gros rendement de l'investissement. Si nous refusons d'investir maintenant, d'une manière ou d'une autre, nous en subirons les conséquences plus tard, et cela vaut aussi bien pour la recherche sur la santé que pour la recherche sur l'environnement.
Évidemment, les universités relèvent avant tout de la compétence des provinces et notre Fondation appuie la recherche universitaire. En ce sens, elle fait partie d'un partenariat fédéral-provincial d'appui à la recherche universitaire qui contribue collectivement au bien-être général du Canada.
Je peux souligner que plusieurs provinces, notamment le Québec, font déjà des investissements dans le secteur de la recherche climatique. Le projet Ouranos, au Québec, qui est appuyé par six ministères, est l'un des plus efficaces du pays, et la Fondation travaille en partenariat avec Ouranos pour financer des programmes de recherche.
Je pense que ces partenariats dans des secteurs de compétence constitutionnelle différente sont la bonne solution pour accomplir ce dont ont besoin les Canadiens pour l'avenir. Merci.
La présidente: Le temps prévu est écoulé. Quelqu'un veut-il ajouter quelque chose? Voulez-vous dire quelque chose, monsieur Paquette?
[Français]
M. Pierre Paquette: Madame la présidente, je vais en profiter pour conclure.
D'après ce que je constate, les investissements en santé, et particulièrement en prévention, sont en fin de compte des économies pour plus tard. Malheureusement, quand on manque de fonds, c'est bien souvent la prévention qui est abandonnée, avant tout parce que ses effets ne sont pas visibles à court terme. Ainsi, au lieu d'avoir un système de santé, on a un système de soins.
Comme vous l'avez mentionné, si on ne change pas cette logique, on ne sera pas capable de répondre à la demande dans quelques années. Merci.
[Traduction]
La présidente: Merci.
Nous allons maintenant donner neuf minutes à M. Discepola parce que c'est ce que j'ai accepté.
[Français]
M. Nick Discepola (Vaudreuil—Soulanges, Lib.): Merci, madame la présidente. Pour la gouverne de M. Paquette, je voudrais d'abord préciser, au cas où il ne le connaîtrait pas déjà, le contexte dans lequel M. Martin a été invité à présenter sa vision. C'était lors d'un exposé devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain il y a quelques semaines. Or, il doit sûrement savoir qu'il s'adressait surtout à de gens d'affaires; en outre, on lui a demandé spécifiquement de donner sa vision de l'économie.
Dire qu'il n'a livré que sa propre vision, en ignorant les autres priorités comme la santé, par exemple, est exagéré. De plus, s'il a parlé de la nécessité de baisser les impôts, c'est parce qu'il se trouvait dans la province la plus taxée en Amérique du Nord. À mon avis, il avait raison de parler de la nécessité de faire un effort.
À (1030)
[Traduction]
J'ai une anecdote pour l'Association du diabète. Je crois être le seul député qui sache où se trouve Outlook, en Saskatchewan, puisque j'y suis né et que j'y ai vécu six ans. Vous aviez le choix entres 2 millions de personnes pour votre étude de cas et vous avez choisi un individu qui s'appelle Glenn Richards à qui je tiens à rendre hommage parce que mes parents avaient l'habitude de faire leurs courses dans l'épicerie des siens. Le monde est vraiment petit.
Je voudrais demander une opinion générale. L'une des choses qui me causent le plus de frustrations—et c'est probablement la même chose pour tous nos collègues—c'est d'entendre ces chamailleries internes constantes entre les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral sur ce qu'il faut investir dans le secteur de la santé, sur comment l'investir, sur qui devrait le faire, et sur ce qui devrait arriver. Je peux vous dire que j'en ai vraiment par-dessus la tête d'avoir à défendre notre gouvernement parce que je dois toujours donner des exemples revenant à dire, essentiellement, pourquoi nous avons échoué—je dis «nous» en général, les politiciens. Or, ce n'est pas ce que veulent entendre les gens, ils veulent que le problème soit réglé. Même si les premiers ministres provinciaux se sont réunis en 2000 et ont dit avoir besoin, si je me souviens bien, de 22 ou 23 milliards de dollars, et même si le gouvernement fédéral a acquiescé et les leur a donnés, et même si deux ans plus tard ils sont revenus dire qu'ils ont besoin de 34 milliards de dollars et que le gouvernement fédéral leur a dit qu'il les leur donnerait en les assortissant de conditions très strictes, nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation où, si vous analysez le budget de l'Ontario, par exemple, dans le secteur de la santé, tous les nouveaux crédits investis à cet égard venaient du gouvernement fédéral, le gouvernement ontarien n'ayant strictement rien dépensé dans ce secteur.
Si vous analysez le gouvernement du Québec, que je connais très bien, vous vous souviendrez que l'ancien ministre des Finances, qui est ensuite devenu le premier ministre de la province, avait 800 millions de dollars qui traînaient dans un compte bancaire en Ontario alors que le secteur de la santé de sa province l'implorait de dépenser plus dans ce domaine. Nous voyons que le gouvernement fédéral a consacré un milliard de dollars à des secteurs très ciblés dans les nouvelles technologies, comme les IRM, et que les gouvernements provinciaux ne s'en sont pas encore servi. Je crois qu'il y a encore une excédent de 800 millions de dollars dans ce fonds.
Donc, quand vous et moi formulons des recommandations très sérieuses—et je pense que les vôtres sont excellentes—mon problème est que la plupart sont des recommandations très ciblées, pour des secteurs précis que vous défendez fort bien mais que, durant la négociation de cet accord sur la santé, je me souviens très clairement que les premiers ministres provinciaux ont affirmé avec hauteur que le gouvernement fédéral n'avait pas le droit de leur dire quoi faire ni comment dépenser son argent. Et, même si les besoins sont flagrants, la tendance générale des provinces est de dire au gouvernement fédéral de leur donner l'argent pour qu'elles puissent le dépenser comme elles l'entendent, que ce soit pour construire des routes ou autre chose. Comment pouvons-nous donc sortir de cette impasse continuelle dans nos discussions avec les gouvernements provinciaux?
Le système national de surveillance de la santé que vous proposez me semble être une nécessité absolue. Quand on constate—et vous l'avez dit très clairement—que nous n'avons aucun partage de données, que nous n'avons aucun partage des meilleures pratiques, force nous est de conclure que nous avons 10, 12 ou 13 systèmes de santé individuels au Canada et que cela doit cesser. Il faut que chacun soit beaucoup plus prêt à travailler avec les autres pour assurer la diffusion des meilleurs pratiques communes. Comment sortir de cette impasse?
Mme Donna Lillie: L'engagement du gouvernement fédéral envers la stratégie canadienne du diabète au cours des cinq dernières années nous en donne un merveilleux exemple, et c'est le système national de surveillance du diabète. C'est en fait l'une des occasions les plus remarquables que j'ai jamais eues de travailler avec le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, qui ont accepté d'agir ensemble pour cerner l'ampleur du problème, c'est-à-dire pour l'aborder d'un point de vue vraiment canadien.
Il s'agit d'un système tout à fait unique qui nous permet de commencer à recueillir des données dans des bases de données communes pour toutes les provinces. Celles-ci restent responsables de leurs propres données mais elles ont accepté de les intégrer de façon à produire une image nationale du problème. Et elles ont fait cela parce qu'elles ont décidé qu'il était important de bien comprendre un problème majeur pour tous les Canadiens.
Je pense donc qu'il y a des modèles utiles. Certes, ils sont peut-être encore rares mais il en existe dans les secteurs avec lesquels nous avons travaillé au sein de nos organisations et avec les provinces et les territoires.
Je pense que les clivages sont en train de s'effondrer. Je pense que les gens finissent par comprendre qu'il est incroyablement important de collaborer sur ces questions et qu'il ne devrait y avoir aucune différence à cause de l'endroit où l'on vit au Canada.
Je crois que nous faisons des progrès, même s'ils sont peut-être encore minimes, et je crois qu'il y a de bons modèles. L'Alliance de prévention des maladies chroniques est un organisme qui est parvenu à réunir des organismes de charité autour d'une vision commune. Le système national de surveillance du diabète est une proposition unique qui est destinée aussi à se développer pour devenir un modèle plus large.
Je suis donc parfaitement d'accord avec vous mais je pense que nous faisons des progrès.
À (1035)
Mme Sally Brown: Comme ma collègue, je pense que c'est un problème grave qui cause beaucoup de frustrations aux gens et aux groupes comme les nôtres qui veulent faire la promotion de la santé. C'est à l'évidence une source importante de frustrations pour ceux qui veulent faire avancer les choses en matière de prévention et de promotion, mais nous avons quand même quelques modèles. Je pense que nous appuyons tous le conseil de la santé. Certes, c'est un organisme qui vacille encore, qui prend trop longtemps à démarrer mais, s'il y arrive, il sera utile. L'Alliance de prévention des maladies chroniques n'est pas seulement un organisme fédéral-provincial mais aussi municipal et communautaire, et c'est cela qui est nécessaire. C'est quand les collectivités décideront d'agir et de passer à l'action, comme nous l'avons vu dans d'autres pays, qu'elles pourront exercer des pressions sur les organismes fédéraux-provinciaux pour les forcer à s'améliorer, car les collectivités et les individus se moquent de ces obstacles constitutionnels.
Nous avons recommandé dans notre exposé la création d'un centre canadien de santé publique, idée que la ministre de la Santé a commencé à examiner. Cela aussi contribuera beaucoup à résoudre certains de ces problèmes.
Je crois que nous sommes sur le point de mettre en place de nouveaux modèles qui nous aideront vraiment, en tant que pays, à faire face à ces difficultés, et il nous appartient de continuer vigoureusement nos efforts en la matière, même si nous rencontrons de temps à autre des obstacles.
La présidente: Allez-y.
M. Nick Discepola: Merci.
Je voudrais obtenir votre avis sur un autre problème qui semble se profiler à l'horizon des confrontations avec certains des premiers ministres provinciaux, c'est-à-dire les crédits supplémentaires de 2 milliards de dollars promis il y a quelques mois par le premier ministre dans le secteur de la santé. Il s'agissait de crédits assortis de conditions très rigoureuses, basés sur notre aptitude à investir dans ce domaine extrêmement précis qu'avait négocié le premier ministre. Cette somme était fondée sur le fait que l'on s'attendait à des excédents budgétaires d'un certain montant, chaque année, qui ont toujours fait saliver les premiers ministres provinciaux et qui les ont amenés à dire que le gouvernement fédéral était malhonnête à leur égard dans la mesure où les excédents budgétaires réels étaient toujours supérieurs aux excédents prévus.
Je m'attends donc à une autre confrontation d'ici quelques semaines, par exemple, parce que les 2 milliards de dollars dépendaient de notre croissance économique et du fait que l'excédent serait supérieur à la réserve d'urgence, qui a été de 3 milliards de dollars. À cause de diverses choses que nous connaissons tous—le SRAS, la crise du tourisme, diverses catastrophes dans le pays—nous risquons de ne pas atteindre cet objectif.
Encore une fois, dans ma propre province, le ministre de la Santé et le ministre des Finances ont intégré à leurs budgets la partie des fonds qu'ils attendaient du gouvernement fédéral. Je m'attends donc à nouveau à ce que l'on adresse beaucoup de reproches au gouvernement fédéral comme nous avons déjà pu le constater lors des élections ontariennes. Que devrions-nous donc recommander au ministre des Finances à ce sujet, dans notre rapport? Devrions-nous réduire les budgets d'autres secteurs prioritaires de façon à maintenir cet engagement, même s'il est tout à fait évident que c'était un engagement qui dépendait d'autres facteurs?
Avez-vous des suggestions à faire à ce sujet?
La présidente: Qui va commencer?
Monsieur Howlett.
M. Michael Howlett: Si vous me permettez de parler de ma propre province, je pense que notre ministre de la Santé vient de commencer un examen de chaque programme. Tout le monde sait ce que veulent dire les vérifications et tout le monde sait ce que signifient les fiches de résultats. Il est dommage que vous n'utilisiez pas de fiches de résultats dans les rencontres parlementaires.
Je parle strictement du point de vue de la gestion, à l'heure actuelle, et je laisserai Mme Lillie discuter de la recherche et des autres domaines, mais nous sommes obligés de commencer à évaluer tout ce que nous faisons et à examiner chaque programme auquel nous participons, et nous sommes obligés maintenant de commencer à établir des priorités au sujet de ce dont nous avons vraiment besoin plutôt que de ce qui est politiquement correct. En fait, pour ce qui est de l'argent qui a été attribué à la stratégie du diabète il y a quatre ou cinq ans, je pense que certaines des décisions prises par ce gouvernement étaient excellentes. Malheureusement, nous aurions pu utiliser deux fois plus d'argent, comme tout le monde.
L'une des choses que j'ai appréciées dans la stratégie est que l'on a établi des priorités et choisi les domaines, en en discutant avec nous et avec d'autres, offrant le maximum de potentiel. Nous avons dû faire cela car, sinon—et je ne veux pas être trop émotif ou passionné à ce sujet—les choses ne pourront qu'empirer. Fixer des priorités veut dire que l'on choisit les programmes qui sont vraiment efficaces, ceux qui vont vraiment produire quelque chose à long terme.
Cette réponse vous paraîtra peut-être simpliste mais c'est la vérité.
Donna.
À (1040)
La présidente: Madame Lillie.
Mme Donna Lillie: Madame la présidente, je voudrais faire une autre remarque concernant l'évolution de l'environnement. Je pense que différentes organisations déploient des efforts très concertés pour collaborer de façon à obtenir le maximum de résultats avec l'argent disponible. Je pense que ce genre de collaboration, de conjugaison des efforts, offre un potentiel réel de progresser. Je pense que l'engagement est probablement crucial pour la santé des Canadiens à l'heure actuelle, mais un engagement positionné autour de grandes stratégies et d'une collaboration intégrée au-delà des clivages et des domaines spécialisés contribuera beaucoup à cet effort. Et c'est sans doute ce qu'on attend aussi de l'argent dépensé.
Mr. Nick Discepola: Diriez-vous que l'on devrait être prêt ou non à accepter un déficit pour cet engagement?
Mme Donna Lillie: Je vais laisser mon patron répondre à cette question.
M. Nick Discepola: Vous sembliez dire qu'on pourrait trouver l'argent ailleurs en réexaminant certains programmes.
M. Michael Howlett: Votre question est de savoir si l'on devrait accepter un déficit budgétaire et je ne suis pas compétent pour y répondre. Je peux toutefois faire une remarque. C'est un peu comme un filtre à huile Fram : on peut payer maintenant ou on peut payer plus tard. Donc, on emprunte maintenant pour assurer l'avenir.
La présidente: Je vais donner la parole à M. McBean et ce sera la dernière remarque là-dessus.
M. Gordon McBean: Merci.
Je ne vais pas nécessairement donner une réponse à votre question mais je tenais à faire une remarque sur les déclarations de mes collègues. Je pense qu'il est intéressant et heureux que notre Fondation pour les sciences du climat et de l'atmosphère témoigne en même temps que tous ces organismes de la santé.
J'appuie complètement l'idée que nous devons consacrer la plupart de nos ressources à la prévention des maladies et à la promotion d'une vie saine. C'est une opinion personnelle mais je pense qu'elle est validée par les informations communiquées lors d'une récente conférence médicale à laquelle je participais. Quelqu'un a dit—je ne me souviens plus des chiffres exacts—que plus de la moitié de nos dépenses de santé sont consacrées à maintenir des gens en vie dans leurs six derniers mois d'existence au lieu de les aider à rester en santé pendant les 90 années précédentes. C'est tout à fait relié aux choses que nous faisons, l'Association médicale de l'Ontario estimant par exemple que 5 000 Canadiens meurent prématurément à cause de la pollution atmosphérique urbaine en Ontario. Voilà pourquoi les recherches que nous effectuons sur la qualité de l'air, afin de mieux comprendre et de mieux prédire les phénomènes, sur une base scientifique, sont importantes.
Je me trouvais au mois d'août dans une petite communauté de l'Alberta où 12 personnes étaient mortes il y a quelques étés, et 140 avaient été hospitalisées, à cause d'une tornade. J'ai été très déçu de constater que l'on avait reconstruit la communauté exactement comme elle existait avant la tornade. Rien n'avait été investi, comme on aurait dû le faire, pour rendre la communauté moins vulnérable à ce genre de phénomène.
Chaque année, des Canadiens meurent à cause de tempêtes ou de phénomènes climatiques divers et nous devrions donc investir collectivement dans la santé, dans le climat et dans les communautés climatiques de manière plus intégrée de façon à rendre les Canadiens moins vulnérables et à leur permettre de mieux vivre, pendant plus longtemps.
Merci.
À (1045)
La présidente: Merci beaucoup.
La dernière personne à poser des questions sera Mme Judy Wasylycia-Leis.
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD): Je vois que j'ai 15 minutes.
La présidente: Non, vous avez la même chose que tout le monde. Bel effort, cependant.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci, madame la présidente.
Je veux dire tout d'abord que nous venons d'accueillir un excellent groupe de témoins, avec beaucoup d'experts sur ces questions critiques de prévention des maladies et de promotion de la santé. Le fait de vous accueillir tous ensemble nous aide à mieux saisir un aspect gravement négligé de nos politiques publiques.
Je ne suis pas d'accord avec Nick quand il exprime ce que j'estime être un concept artificiel, c'est-à-dire qu'il faut choisir entre des budgets équilibrés ou consacrer de l'argent à la prévention des maladies et à la promotion de la santé. En fait, nous savons tous que nous venons de connaître plusieurs années d'excédents budgétaires dont une partie importante a été consacrée au remboursement de la dette—pas du déficit, de la dette—qui représente aujourd'hui pour beaucoup une proportion adéquate du PIB. Je pense que c'est un concept artificiel; j'aurais préféré que l'on consacre plus d'efforts à amener le gouvernement fédéral à agir de manière plus que symbolique dans un domaine qui est si important.
Je m'oppose aussi à Nick quand il suggère qu'il y a des problèmes constitutionnels qu'il faut régler. Je pense qu'il y a des domaines qui relèvent manifestement du pouvoir fédéral, surtout en matière de surveillance des maladies, et dans lesquels il ne s'acquitte pas de sa responsabilité. Certes, il a fait des progrès importants dans la surveillance du diabète mais—Sally et Carolyn l'ont mentionné dans leurs mémoires—le gouvernement fédéral refuse d'accepter son mandat d'assurer une surveillance adéquate dans des domaines comme les maladies cardiovasculaires, la plupart des types de cancer et d'autres maladies chroniques, d'un point de vue de santé publique. Il ne s'agit donc pas de compétence constitutionnelle, comme le montre l'exemple du diabète, mais d'une question de volonté politique.
La question que je vous pose à tous et toutes est donc celle-ci : Comment devons-nous faire? Je pense que nous sommes à la croisée des chemins. Le prochain budget sera important. Comment aller au-delà d'une action symbolique? Quels devraient être nos objectifs et nos échéanciers?
Nous savons que les IRSC affirment que nous pourrions, avec un peu de chance, consacrer 6 p. 100 du budget total de la santé à la prévention. Nous savons que les estimations montrent que nous allons baisser de 400 millions de dollars par an pour la prévention des maladies et la promotion de la santé à environ 308 millions d'ici à 2005-2006. Voilà une réduction considérable à un moment où vous dites qu'il faudrait augmenter. Nous savons que l'épidémie du SRAS va probablement nous coûter plus de 2 milliards de dollars.
Quel serait donc votre conseil pour ce budget? Quel serait un objectif approprié en matière de dépenses fédérales pour la surveillance des maladies et pour créer un véritable agent de santé publique, ou un bureau national—quelque chose pour avancer dans cette voie. Je suis désolée que ma question soit aussi générale mais je pense qu'il serait utile que vous nous donniez votre avis pour le prochain budget.
Mme Christina Mills: Il se trouve que je discutais hier soir de cette question avec le comité du sénateur Kirby et que quelqu'un a soulevé le problème des obstacles constitutionnels. Je pense que la création d'une agence nationale de la santé complètement indépendante, avec un agent de santé publique qui serait le point focal du point de vue du leadership et de l'expertise en matière de santé publique pour la nation, pour exercer nos responsabilités nationales et internationales pour la santé globale—car, comme vous le savez, le SRAS n'était pas un problème local—est une mesure indispensable aujourd'hui.
Il y a des précédents. Dans le secteur de la santé vétérinaire, nous avons un agent vétérinaire national pour le Canada. Il n'y a pas eu de problème constitutionnel quand on a décidé de créer un poste d'agent vétérinaire supérieur qui peut en une heure mobiliser des milliers d'inspecteurs et fermer des élevages de bovins sans que cela fasse le moindre remous constitutionnel. Si la Constitution n'a pas été un obstacle pour la santé vétérinaire, pourquoi acceptons-nous qu'elle en soit un pour la santé humaine?
Je pense que vous avez mis le doigt sur le vrai problème : c'est une question de volonté politique. Il nous faut tout d'abord admettre l'importance du problème, puis convenir des étapes essentielles à franchir pour s'y attaquer et, enfin, passer franchement à l'action. Au lieu de nous demander si on peut agir ou de dire pourquoi on ne le peut pas, on devrait plutôt se demander ce qu'on va faire.
À (1050)
Mme Sally Brown: C'est une excellente question, Judy. Nous aussi disons que c'est plus une question de volonté politique que d'obstacles constitutionnels.
Il y a plusieurs choses à prendre en considération. On n'a pas cessé de nous dire que c'était impossible parce qu'on n'avait pas fait assez de recherches montrant que la prévention et la promotion sont efficaces. Ce n'est plus vrai aujourd'hui, on a fait une tonne de recherches. Il en faut plus, certes, et c'est pourquoi les IRSC sont si importants, mais il faut toujours se demander à quoi consacrer les budgets de recherche des IRSC. Les instituts qui ont des initiatives de recherche stratégiques—je pense que nous devons commencer à dire que c'est là que nous voulons que notre argent soit dépensé. Il faut rééquilibrer un peu les choses.
Nous savons que le secteur pauvre de la recherche est aujourd'hui celui des sciences du comportement mais c'est précisément ce secteur qui va nous apprendre comment on peut favoriser des changements de comportement et comment on peut faire avancer un programme comme celui-ci—qui n'a rien de clinique, c'est uniquement une question de comportements. Voilà donc une chose que nous pouvons faire et nous nous sommes déjà engagés dans cette voie mais nous devons aller plus loin.
Je pense que l'Alliance de prévention des maladies chroniques du Canada fait sa part à ce sujet. À mesure que le gouvernement réalise que notre groupe prend de l'expansion, à une échelle interprovinciale, il lui devient de plus en plus difficile de dire non parce que nous représentons une clientèle de plus en plus vaste. Nous devons faire notre effort.
Nous avons dit, presque en passant, au sujet des parlementaires, qu'il est vrai que vous devez individualiser et personnaliser le problème. Peut-être devrions-nous commencer à faire un meilleur travail à ce sujet car cela affecte chacun des décideurs et chacune de ses décisions. C'est une question de volonté.
On peut essayer—et c'est ce que nous faisons—nous chiffrons tout cela car c'est de cette manière que les gouvernements précédents ont répondu, mais il ne sera pas possible de le faire pour quelque chose qui concerne le très long terme et qui est tellement relié aux comportements et à l'environnement. Nous allons donc devoir changer un peu le mode de pensée du gouvernement sur la manière dont on peut établir la preuve des bienfaits à long terme de ce genre de recherche, en attachant plus de prix aux bienfaits sociaux et à la qualité de vie qu'aux seuls paramètres économiques. Nous sommes poussés à exprimer cela uniquement en termes de bienfaits économiques alors que je ne pense pas que ce soit le bon paradigme pour ce que nous voulons faire.
C'étaient quelques réponses.
Mme Donna Lillie: Je suis tout à fait d'accord avec ma collègue. J'ajoute qu'il est incroyablement important que la décision soit prise sur la base de preuves et d'informations solides. Il y a un argumentaire à préparer mais je pense qu'il existe déjà dans bien des cas. Nous n'avons peut-être pas réussi à bien l'exprimer sur le plan politique mais je pense qu'il existe de nouvelles preuves très solides appuyant l'idée d'un programme de prévention, tant au niveau de la santé de la population qu'aux niveaux secondaire et tertiaire, comme engagement pour ce qui doit se faire en santé.
Je pense que c'est là; je crois que le gouvernement devrait se pencher sur les recherches qui justifient cet argument. Cela dit, il doit être parfaitement clair pour tout le monde qu'il n'y aura pas de changements immédiats, c'est un engagement à long terme. Je crois qu'il est légitime de créer des attentes au sujet de cet engagement, de faire savoir que l'on attend des résultats, et que l'on intègre des principes de reddition de comptes et d'évaluation au processus. Je crois qu'il existe une volonté et une manière de préparer cet argumentaire pour justifier ce qui doit être fait dans notre pays. Nous avons des ressources énormes pour faciliter ce processus.
La présidente: Madame Mills, je vais aussi vous laisser ajouter un mot.
Madame Brown.
Mme Sally Brown: L'une des idées que nous avons eues, de notre côté, est qu'on semble croire dans ce pays que toutes les provinces doivent aller de l'avant ensemble, avec le gouvernement fédéral, dans un domaine comme celui-ci. À mon avis, il est temps de remettre cela en question.
Si une ou deux provinces sont prêtes, soit parce que leurs statistiques sur la santé de la population sont pires que celles des autres, soit parce qu'elles sont disposées à tenter de nouvelles démarches, pourquoi ne pas les laisser faire? Pourquoi ne pas leur laisser appliquer à leur prestation de soins une démarche axée sur la santé de la population, sans les obliger à attendre les autres? Le gouvernement fédéral pourrait peut-être commencer à agir en partenariat avec celles des provinces qui sont prêtes à aller de l'avant, de façon à ce que celles qui sont réticentes ne bloquent pas tout le monde. On a créé des autorités de santé régionales, il y a eu une initiative provinciale mais il n'y en a pas partout. On a la preuve que c'était la bonne chose à faire, je crois, mais je pense que nous devrions renoncer à l'idée que tout le monde doit aller de l'avant en même temps.
À (1055)
Mme Christina Mills: Nous parlons ici d'un mode de pensée différent en matière de politiques publiques. Peut-être pourrait-on envisager un mode de pensée plus holistique à cet égard. Je suis également heureuse que notre collègue du secteur de l'environnement soit ici parce que c'est un exemple parfait. Par exemple, on suppose dans la plupart des régions que les transports publics devraient s'autofinancer mais, si nous les considérions comme un investissement social, étant donné leurs bienfaits publics, nous pourrions fournir des transports publics gratuits ou à des prix très modiques. Cela aurait des effets positifs sur la santé et sur la qualité de l'air.
Les bienfaits sur le plan de la santé seraient innombrables car beaucoup de gens ne possèdent d'automobile que parce qu'ils en ont besoin pour aller au travail. S'ils pouvaient y aller gratuitement, ils n'auraient pas d'automobile. Ils se rendraient plutôt au magasin à pied au lieu de prendre leur voiture. Ils seraient en meilleure santé. Ils connaîtraient mieux leurs voisins. Les rues seraient plus sûres. Je pourrais continuer longtemps. Il y aurait une myriade de bienfaits secondaires à considérer cela comme un investissement social. Il y aurait des bienfaits sur le plan de la santé, de l'environnement, de la sécurité, de la qualité de vie urbaine et, incidemment, des bienfaits économiques pour la communauté qui serait en meilleure santé et qui serait un milieu de vie plus attrayant.
Je pense qu'il est donc temps de revoir notre mode de pensée dans ce secteur, en tenant compte de toutes les retombées.
La présidente: Merci beaucoup.
Je crains que nous n'ayons épuisé le temps qui nous était imparti. Les témoins suivants commenceront dans deux minutes.
Au nom de tous les membres du comité, c'est-à-dire de ceux qui sont ici et de ceux qui sont à la Chambre ou ailleurs sur la Colline, je tiens à vous remercier de votre contribution, de nous avoir communiqué vos mémoires à temps et d'avoir bien voulu répondre aux questions.
Nous allons maintenant suspendre la séance pour permettre aux témoins suivants de se préparer et nous reprendrons dans moins de cinq minutes.
À (1058)
Á (1104)
La présidente: Nous reprenons nos consultations prébudgétaires conformément au paragraphe 83(1) du Règlement avec notre deuxième groupe de témoins pour ce matin.
Je constate qu'un groupe n'est pas encore représenté. Il s'agit de l'Association canadienne pour la promotion des services de garde à l'enfance, dont les représentants ne sont pas encore ici et que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'entendre, mais nous allons commencer sans eux. Nous leur donnerons la parole s'ils se présentent.
Les témoins qui sont déjà ici sont les suivants : le Dr Bernstein, président des Instituts de recherche en santé du Canada; Ron Forbes, président de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada; et Jack Smit, président du comité de direction de la Centrale des caisses de crédit du Canada, accompagné de Joanne De Laurentiis, présidente-directrice générale.
Bienvenue à tous. À part l'un d'entre vous, je pense que vous avez déjà tous témoigné devant notre comité. Je vais donc vous donner la parole dans l'ordre où vous figurez au programme.
Docteur Bernstein, je m'occuperai des micros pour vous permettre de vous concentrer sur votre exposé. Vous avez la parole.
Á (1105)
Dr Alan Bernstein (président, Instituts de recherche en santé du Canada): Merci beaucoup de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui devant votre comité pour les Instituts de recherche en santé du Canada, créés il y a trois ans.
[Français]
J'apprécie l'occasion qui m'est donnée d'informer le comité des progrès réalisés par les instituts au cours des trois dernières années. Je résumerai ce que nous et nos partenaires avons accompli en transformant le milieu de la recherche en santé.
[Traduction]
Je tracerai les grandes lignes de nos plans concernant la recherche en santé et l'application de ces résultats en vue d'améliorer la santé et de renforcer le système de santé et l'économie au cours des cinq prochaines années. Enfin, je parlerai de notre situation budgétaire ou plutôt, devrais-je dire, de notre crise budgétaire—pour l'année à venir.
La recherche en santé transforme nos vies et notre système de santé grâce à la compréhension des secrets les plus intimes des molécules des cellules cancéreuses, par exemple, ou au séquençage du génome du virus du SRAS. J'attire l'attention des membres du comité sur certains articles importants des trois journaux nationaux d'aujourd'hui. Je vais citer un extrait de l'un d'entre eux. Au sujet du SRAS, le titre est le suivant: «Des vaccins potentiels contre le SRAS sont sur le point d'être testés»:
L'effort national réunit des chercheurs de l'Université McMaster, des National Centres of Excellence in Vaccine and Immunotherapy, de Winnipeg, de l'Initiative du vaccin contre le SRAS du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, et des chercheurs qui font tous partie de l'Initiative du SRAS aux Instituts de recherche en santé du Canada. |
Madame la présidente, je pense que c'est là un exemple merveilleux de l'approche canadienne d'un problème auquel sont confrontés tous les Canadiens: trois centres différents, des chercheurs de tout le pays, qui travaillent ensemble sous l'égide des IRSC pour trouver un vaccin contre le SRAS, les premiers au monde.
Je reprends ma liste: découverte de nouveaux médicaments et de nouvelles méthodes de transplantation pour prévenir ou traiter le diabète, évaluation efficace et objective pour savoir laquelle des procédures cliniques fonctionne ou ne fonctionne pas, traitement des problèmes particuliers et du mauvais état de santé des populations autochtones, documentation des recherches de solutions aux effets indésirables ou aux erreurs médicales dans notre système de soins de santé, collaboration avec les syndicats du secteur de la pêche et de la conserverie ainsi qu'avec les entreprises de pêche elles-mêmes pour accroître la sécurité des travailleurs de la côte Est, compréhension des conditions sur les plans génétique, économique et psychosocial qui prédisposent à la schizophrénie, jusqu'à la recherche fondamentale pour mieux comprendre le fonctionnement de notre système nerveux—les IRSC financent tout cela et plus encore.
En trois brèves années, nos Instituts ont élaboré leurs propres plans stratégiques et les IRSC ont dressé un plan stratégique global national ou un plan directeur pour la recherche en santé, fondé sur l'excellence de la recherche. L'excellence est le carburant qui alimente le moteur de la découverte et mobilise le milieu de la recherche pour améliorer la santé des Canadiens, édifier un système de santé plus fort et innovateur, et stimuler l'économie du savoir au XXIe siècle.
En trois brèves années, nos Instituts ont créé et mis en oeuvre de nouveaux programmes pour favoriser une approche multidisciplinaire des défis de santé auxquels font face les Canadiens et pour tirer parti des occasions scientifiques exceptionnelles qui se présentent chaque jour.
Nous avons aussi lancé de nouveaux programmes novateurs pour encourager et catalyser la commercialisation des résultats de la recherche, notamment notre nouveau programme de «démonstration des principes» qui permet aux chercheurs d'ajouter de la valeur à leurs découvertes juste avant de s'adresser au marché. Je n'ai jamais vu de lancement aussi réussi d'un nouveau programme.
Au cours des trois dernières années, nos Instituts ont également forgé de nouveaux partenariats avec les organismes provinciaux de recherche sur la santé, avec des entreprises privées et avec des organismes de bienfaisance, au Canada même et à l'étranger. Ces partenariats nous ont déjà permis de presque doubler la contribution de nos partenaires aux investissements du gouvernement fédéral en recherche.
Partant de ces succès, nous avons l'intention de nous concentrer sur cinq grands objectifs au cours des cinq prochaines années:
1) continuer à développer l'excellence de la recherche en santé au Canada;
2) lancer d'importantes nouvelles initiatives nationales et des plates-formes pour relever les défis de santé des Canadiens—je donne le SRAS en exemple mais je pourrais en donner beaucoup d'autres;
3) élaborer et mettre en oeuvre un programme de recherche équilibré englobant à la fois la recherche sur les mécanismes des maladies et la biologie fondamentale, le traitement—vous en avez discuté avec les témoins précédents, madame la présidente—la prévention, la promotion de la santé, les déterminants de la santé des populations, et la capacité de nos établissements de santé et de notre système de santé publique d'offrir les services que les Canadiens veulent et dont ils ont besoin;
4) mobiliser la recherche et les preuves pour améliorer le bilan de santé de nos populations vulnérables; et
5) soutenir le renouvellement et le renforcement du système de santé du Canada et de notre économie au moyen de nouveaux programmes et démarches innovateurs réunissant les créateurs et les utilisateurs du nouveau savoir pour faire progresser notre système de santé et l'économie.
Je serais très heureux de revenir sur tout cela à la période des questions.
Les bienfaits pour le Canada sont évidents et je crois qu'ils sont importants. Il s'agit:
1) d'instaurer un système de santé de pointe, fondé sur des données probantes et efficientes;
2) d'améliorer la santé des Canadiens grâce à une nouvelle compréhension des maladies, à l'élaboration et à la mise à l'essai de nouveaux diagnostics et de nouveaux traitements—comme un vaccin contre le SRAS—, à de nouvelles approches de prestation des services de santé, et à la modification des politiques publiques sur la base de données probantes;
3) de renforcer notre économie au moyen de programmes spécifiques destinés à développer et à exploiter le capital humain et le capital de savoir qui sont tellement cruciaux pour être compétitif sur le marché mondial; et
4) de positionner le Canada comme pays d'excellence en matière de recherche en santé durant le siècle actuel.
Pour ce qui est de notre situation financière, la création des IRSC il y a trois ans a transformé l'activité de recherche en santé au Canada et a catapulté, presque du jour au lendemain, le Canada sur la scène internationale comme acteur important dans ce domaine.
Á (1110)
Notre collaboration ne fait toutefois que commencer. Avec l'appui financier généreux du gouvernement du Canada et de nos nombreux partenaires, nous bâtissons ensemble une organisation qui est déjà devenue un modèle pour le monde entier. Hier, mon homologue des États-Unis, le directeur des Instituts nationaux de la santé, a publié son plan stratégique. Lors d'une entrevue avec la presse, il a cité le plan de travail des IRSC, notre document stratégique, comme paradigme de ce que les États-Unis essaient de faire.
Certes, nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. La prochaine étape de notre plan stratégique exigera une croissance soutenue, directe et pluriannuelle de notre budget, qui devrait passer de son niveau actuel de 600 millions de dollars à 1 milliard par an, au cours des quatre prochaines années, à partir de 2004. Je crois—et je ne dis pas cela à la légère—que ne pas faire cet investissement à cette étape vraiment cruciale mettrait sérieusement en danger les progrès que nous avons déjà réalisés.
Permettez-moi de m'expliquer. Nous faisons face à une crise de financement pour 2004, situation qui découle de la manière dont nous sommes financés, de la nature des investissements en recherche—qui sont des investissements à longue échéance—et de la croissance extraordinaire du monde de la recherche en santé dans notre pays.
Permettez-moi de dire quelques mots à ce sujet. Comme vous le savez, le gouvernement du Canada, par le truchement de la Fondation pour l'innovation, investit des sommes considérables dans le développement des capacités et de l'infrastructure de recherche du Canada. Près de 65 p. 100 des investissements de cette fondation, et nous ne sommes pas loin aujourd'hui de 70 p. 100, sont maintenant consacrés à l'infrastructure de la recherche en santé. Ce que cela veut dire, c'est que nous construisons des immeubles dans tout le Canada pour des dizaines de millions de dollars, nous les équipons de nouvel équipement de pointe, nous recrutons des jeunes avec le Programme des chaires en recherche du Canada, en leur donnant des fonds de démarrage pour lancer leurs laboratoires puis, quand ces gens s'adressent aux IRSC pour obtenir des subventions d'exploitation, leur chance d'obtenir les 100 000 $ dont ils ont besoin est moins de 20 p. 100 cette année et sera encore moins élevée l'an prochain, à cause de notre situation budgétaire. Pour moi, c'est inacceptable.
La majeure partie de notre budget est bloquée dans des engagements à long terme pour des subventions qui s'étendent sur trois à cinq ans. Autrement dit, l'argent que nous avons à investir dans la nouvelle recherche, chaque année, provient de la redistribution de fonds de projets de recherche qui ont démarré il y a cinq ans et qui sont maintenant arrivés à expiration. Il y a cinq ans, les IRSC n'existaient pas. L'organisation qui nous a précédés, le Conseil de recherches médicales, avait un mandat beaucoup plus restreint et, de ce fait, un budget beaucoup moins élevé—moins de 250 millions de dollars. Donc, l'argent qui sera libéré suite aux projets lancés il y a cinq ans est beaucoup trop insuffisant pour nous permettre de nous acquitter sérieusement de notre mandat et pour appuyer comme il le faudrait le monde de la recherche d'aujourd'hui.
Heureusement, les augmentations budgétaires des trois dernières années ont permis d'accroître de manière importante les fonds dont nous disposions chaque année, jusqu'à présent, pour appuyer de nouvelles recherches et pour transformer les IRSC d'un simple conseil de subventionnement en un organisme de recherche sur la santé agissant de manière stratégique, avec un mandat plus large. Sans augmentation de notre budget en 2004, le niveau des fonds non engagés dont nous disposons pour appuyer de nouvelles recherches chutera de plus de 40 p. 100, c'est-à-dire qu'il passera de 171 millions de dollars en 2003-2004 à environ 100 millions en 2004-2005.
Pour atteindre ces 100 millions de dollars, nous avions déjà annoncé la suspension de certains programmes et une retenue de 5 p. 100 sur les fonds que nous avions déjà engagés au cours des trois dernières années. Nous avons essayé de remettre de l'ordre dans notre maison pour faire face à cette crise budgétaire de 2004.
De quoi avons-nous besoin sur le plan financier? Comme je l'ai dit, je demande au Parlement un engagement immédiat de quatre ans d'expansion de notre budget, ce qui nous permettrait d'effectuer un «atterrissage en douceur» comme le disaient les Américains lorsqu'ils parlaient du budget des NIH, étant donné qu'ils ont connu exactement les mêmes problèmes de liquidités que nous. Plus important encore, si nous avions une fenêtre de quatre ans, cela nous permettrait de concrétiser la vision audacieuse, stratégique et transformatrice que le Parlement avait envisagée pour les IRSC il y a trois ans et demi.
J'ai la conviction que les IRSC et le milieu de la recherche en santé ont fait la preuve de leur excellence, de leur influence et des résultats qu'attendaient les Canadiens lors de leur création. L'histoire du SRAS n'est qu'un exemple, à mon sens, des recherches extraordinaires qui sont effectuées aujourd'hui d'un bout à l'autre de notre pays. Je crois que nous avons plus que respecté nos engagements au cours des trois dernières années. Grâce à votre appui continu, notamment grâce à l'appui de votre comité, je suis sûr que nous pourrons continuer de fournir aux Canadiens le rendement sur investissement auquel ils s'attendent.
Thank you.
Á (1115)
La présidente: Thank you. Mr. Forbes, now is your turn, de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada.
Vous avez la parole.
M. Ron Forbes (président, Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada): Merci beaucoup, madame la présidente, de nous donner l'occasion de nous adresser à votre comité aujourd'hui au nom de la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile du Canada.
Je m'appelle Ron Forbes et je suis président et PDG de la FRDJC. Créée en 1970, la Fondation est le bailleur de fonds à but non lucratif et non gouvernemental le plus important au monde en matière de recherche sur le diabète.
La mission de la FRDJC est très précise: trouver le moyen de guérir du diabète et de ses complications, grâce à la recherche. Le diabète juvénile ou diabète de type 1 est une maladie du système auto-immunitaire et c'est la forme de diabète la plus grave, qui frappe les bébés, les enfants et les jeunes adultes, en les rendant tributaires de l'insuline pendant toute leur vie, avec la menace constante de voir apparaître des complications catastrophiques.
Le diabète de type 1 est différent du diabète de type 2. Ce dernier, qu'on appelle aussi le diabète non insulino-dépendant, peut être traité et, dans la plupart des cas, peut être prévenu par un régime alimentaire, de l'exercice physique et des médicaments.
La FRDJC a une présence internationale grâce à sa centaine de bureaux répartis dans le monde entier. Au Canada, nous avons 12 chapitres, allant de la Colombie-Britannique aux Maritimes, avec un siège social à Toronto.
Depuis la création de la Fondation, nous avons fourni plus de 900 millions de dollars pour la recherche sur le diabète à l'échelle mondiale. Notre activité de recherche couvre plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada, l'Australie, le Royaume-Uni, la Suède, la Finlande, l'Italie, la Suisse et la Belgique. La Fondation a été à l'avant-garde de toutes les grandes percées de la recherche sur le diabète à l'échelle mondiale.
J'aimerais tout d'abord profiter de cette occasion pour remercier le comité de son appui continu aux Instituts de recherche en santé du Canada. La Fondation estime que les IRSC sont un partenaire important pour son travail de recherche. Nous considérons que les IRSC ont besoin d'un financement soutenu à long terme et non pas d'injections sporadiques de crédits.
Si nous voulons que le Canada devienne l'une des Premières nations sur le plan de la recherche, la Fondation pense que le gouvernement fédéral devrait annoncer son intention d'accroître le budget d'exploitation des IRSC jusqu'à 1 milliard de dollars d'ici à la fin de 2006-2007, somme qui a été utilisée pendant les deux dernières années par Santé Canada et par les IRSC comme objectif futur en matière de recherche.
La principale raison pour laquelle je m'adresse à vous aujourd'hui est d'attirer votre attention sur le diabète de type 1, maladie qui devrait absolument, à notre avis, devenir une priorité de financement pour le gouvernement du Canada. Le diabète touche plus de 2,25 millions de Canadiens, allant des enfants les plus jeunes aux adultes les plus vieux. C'est la première cause de complications débilitantes et menaçant la vie, comme la cécité, l'insuffisance rénale terminale, les lésions des nerfs, les crises cardiaques, l'amputation et même la mort.
Le 25 août de cette année, la Fédération internationale du diabète signalait que le monde fait face à une explosion du nombre de diabétiques. Il y a actuellement 194 millions de diabétiques dans le monde entier mais 300 millions de personnes de plus risquent d'acquérir la maladie. Il est donc urgent de trouver une guérison.
Dans son discours du 18 septembre à la Chambre de commerce de Montréal, l'honorable Paul Martin a dit ceci: «Jusqu'à présent, les chercheurs canadiens ont été à l'avant-garde, et il est clair que nous devons poursuivre nos recherches dans de nombreux secteurs, mais la clé de toute bonne stratégie est de nous concentrer sur nos secteurs forts».
Or, l'un des secteurs les plus forts de la recherche au Canada est celui du diabète. Grâce à des techniques novatrices et à leur imagination, les chercheurs canadiens ont fait des progrès spectaculaires dans la lutte contre le diabète. Après tout, c'est il y a 80 ans que les Drs Banting et Best, après de nombreuses années de collaboration, ont découvert l'insuline à l'Université de Toronto. C'est grâce à leur découverte que les diabétiques de type 1 peuvent éviter une mort autrefois inévitable, parfois lente et douloureuse. Toutefois, l'insuline ne guérit pas.
Á (1120)
Depuis lors, les chercheurs canadiens et américains ont fait des progrès considérables qui ont débouché en 2000 sur une percée majeure en transplantation de cellules des îlots, par une équipe canadienne dirigée par le Dr James Shapiro. La procédure, qu'on appelle le Protocole d'Edmonton, utilise des cellules des îlots pancréatiques d'un donneur de pancréas qui sont préparées pour être injectées dans le foie de la veine porte du receveur. La procédure est simple et le patient ne passe généralement pas plus d'une journée à l'hôpital. Elle est aussi combinée à un nouveau régime moins toxique de médicaments antirejet. Jusqu'à présent, 257 patients ont été transplantés, dont plus de 40 en Alberta, avec un taux de succès global de 80 p. 100. Il y a cependant encore certains obstacles à surmonter pour perfectionner cette procédure afin qu'elle soit sûre pour tous les diabétiques, notamment les enfants.
Les recherches continuent dans plusieurs institutions canadiennes pour surmonter ces obstacles et la FRDJC participe à leur financement. On aura cependant besoin de sommes beaucoup plus élevées pour financer ces recherches et d'autres, encore plus poussées, pour transférer la procédure du laboratoire au lit d'hôpital. Voilà pourquoi notre Fondation invite aujourd'hui le gouvernement fédéral à accroître les crédits de recherche consacrés au diabète de type 1.
En 1999, le gouvernement du Canada a accordé 115 millions de dollars sur cinq ans à la mise au point d'une stratégie canadienne du diabète pour permettre aux Canadiens de tirer un meilleur parti des ressources et de l'expertise considérables disponibles dans tout le pays. Allan Rock, qui était alors ministre de la Santé, avait spécifiquement déclaré que le diabète de type 1 devrait faire l'objet d'une considération spéciale. Hélas, depuis 1999, nous avons constaté que la SCD s'est concentrée exclusivement sur le diabète de type 2.
Les deux types de diabète ont besoin de crédits étant donné que les complications sont les mêmes pour les deux maladies. Toutefois, à la différence du type 2, le diabète de type 1 ne peut pas être contrôlé et prévenu par un régime alimentaire et de l'exercice physique. Le diabète de type 1 ne résulte pas d'un mode de vie malsain. C'est une maladie du système auto-immunitaire et on ne peut pas la prévenir.
Le fardeau du diabète sur les individus et sur la société est extraordinairement élevé. Les chercheurs ont dit que la transplantation de cellules des îlots permettrait peut-être aussi de guérir le diabète de type 2. Il est donc important de trouver une guérison au diabète de type 1. Vous pouvez voir pourquoi nous attachons tellement d'importance à la découverte d'une guérison, mais nous ne pouvons pas le faire tout seuls.
Le Canada est l'un des pays où il y a le plus de cas de diabète de type 1. Fraser Scott, un scientifique de niveau supérieur de l'Institut de recherche sur la santé d'Ottawa, affirme que «selon certaines informations, le diabète de type 1 dans certaines populations a augmenté de 3 p. 100 par an au cours des quatre dernières décennies. Terre-Neuve, le sud du Manitoba, l'Î.-P.-É. et Edmonton, en Alberta, ont certains des taux les plus élevés au monde».
Cet été, des chercheurs du Institute of Health Economics de l'Université de l'Alberta ont produit le premier rapport sur les coûts réels des soins dispensés aux diabétiques canadiens. En prenant la Saskatchewan comme exemple, ils ont calculé que, bien que les diabétiques représentent 3,6 p. 100 de la population, la maladie est à l'origine de 15 p. 100 des dépenses des hôpitaux, des services de médecins et des médicaments sur ordonnance. Beaucoup plus d'un tiers des dépenses consacrées à la maladie s'expliquait par la co-morbidité, c'est-à-dire les effets des maladies cardiovasculaires, rénales ou autres qui sont associées au diabète.
Cela ne comprend pas les coûts économiques causés par l'absentéisme et la perte de productivité. De fait, Santé Canada affirme, de manière très prudente, que le diabète coûte environ 9 milliards de dollars par an au Canada, ce qui en fait l'une des maladies les plus coûteuses pour la nation.
Le gouvernement ne peut plus se payer le luxe de faire fi de l'impact énorme de la maladie sur les Canadiens, sur leur système de santé et sur leur économie.
Á (1125)
Cette année, la FRDJC a financé plus de 12 millions de dollars de projets de recherche au Canada et près de 140 millions de dollars à l'échelle mondiale. Notre engagement au Canada au cours des quatre dernières années a largement dépassé 75 millions de dollars. Pourtant, nous savons parfaitement que des sommes beaucoup plus élevées sont nécessaires si l'on veut trouver une guérison à cette maladie.
Aux États-Unis, les Instituts nationaux de la santé investiront 1 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années dans la recherche sur le diabète de type 1. En outre, la Juvenile Diabetes Research Foundation a recommandé au gouvernement et a obtenu des crédits supplémentaires des NIH de 750 millions de dollars sur cinq ans. Cela se traduit par environ 350 millions de dollars US par an pour la recherche américaine sur le diabète de type 1. Idéalement, avec notre règle de 10 p. 100 et en ajustant les proportions à notre taille démographique, nous croyons que le Canada se doit de prendre un engagement égal, si ce n'est supérieur, pour cette recherche importante.
Étant donné le niveau actuel de financement de la recherche au Canada, nous reconnaissons que cela constituerait un nouvel engagement considérable du gouvernement. En conséquence, nous proposons que les gouvernements financent spécifiquement la recherche sur le diabète de type 1 à hauteur de la moitié du niveau américain pour les cinq prochaines années, ce qui représenterait un investissement de 25 millions de dollars par an pendant cinq ans. Ces crédits seraient spécifiquement consacrés à la recherche d'une guérison de cette maladie catastrophique. Étant donné son coût pour l'économie, qu'on estime à plus de 9 milliards de dollars par an, l'investissement du gouvernement produirait un rendement considérable.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant votre comité. La FRDJC souhaite vivement collaborer avec vous pour que ce secteur de recherche devienne un succès éclatant.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous passons maintenant à M. Smit, de la Centrale des caisses de crédit du Canada.
M. Jack Smit (président, Comité de direction, Centrale des caisses de crédit du Canada): Bonjour, madame la présidente. Je vous remercie de bien vouloir nous accueillir au Comité des finances pour discuter de nos recommandations en vue du prochain budget fédéral.
Je préside le conseil d'administration de la Centrale des caisses de crédit du Canada, qu'on appelle couramment la Centrale canadienne. Je suis accompagné de Joanne De Laurentiis, présidente et PDG de la Centrale canadienne.
Comme beaucoup d'entre vous le savez, la Centrale canadienne est une institution financière sous réglementation fédérale qui remplit le rôle d'association nationale et de mécanisme de financement pour ses actionnaires, c'est-à-dire les centrales des caisses de crédit provinciaux et, par leur entremise, plus de 600 caisses de crédit affiliées dans l'ensemble du pays. Les caisses de crédit de notre réseau emploient plus de 21 000 personnes au service de nos clients, ou membres, qui sont 4,6 millions dans tout le pays. À la fin de l'année, nos caisses de crédit avaient des actifs de plus de 69 milliards de dollars. La Centrale canadienne participe depuis longtemps au processus de consultations prébudgétaires de votre comité et elle est heureuse de le faire à nouveau cette année.
Madame la présidente, je tiens à profiter de cette occasion pour féliciter le comité pour son récent rapport sur les fusions de banques. Nous remercions le comité d'avoir appuyé les caisses de crédit qui visent à offrir des services financiers plus compétitifs dans les collectivités canadiennes. Nous sommes très reconnaissants au comité d'avoir travaillé avec ardeur pour exprimer un consensus dans son rapport.
Comme vous avez tous reçu notre mémoire, je ne prendrai que quelques instants ce matin pour vous communiquer les préoccupations de nos membres.
Nous sommes heureux que le gouvernement fédéral semble être à nouveau sur le point de déposer un budget équilibré, considérant les défis auxquels nous venons d'être confrontés, comme le ralentissement économique en Europe et aux États-Unis, la crise de l'EBS, les incendies en Colombie-Britannique, le SRAS et la panne de courant en Ontario. Le réseau des caisses de crédit se réjouit de constater que la dette fédérale accumulée est passée de 72 p. 100 de notre PIB en 1995-1996 à son niveau actuel de 40 p. 100. Cela a aidé le Canada à maintenir ses taux d'intérêt bas et à réduire les impôts. Toutefois, nous pensons aussi que la dette accumulée par le Canada laisse le pays encore vulnérable à d'éventuels chocs économiques. En cas de récession, nous craignons que la dette ne recommence à accroître en proportion du PIB et c'est pourquoi nous recommandons au gouvernement de faire preuve de prudence s'il devait envisager de nouvelles réductions d'impôt ou des hausses de dépenses. De plus, nous recommandons au gouvernement de continuer à s'efforcer de réduire le ratio de la dette au PIB et de ne pas prendre de mesures budgétaires qui menaceraient inutilement les victoires budgétaires durement gagnées de ces dernières années.
L'une des questions qui préoccupent nos membres concerne Financement agricole du Canada, la FAC, société d'État à vocation financière qui consent des prêts dans les régions rurales et qui y joue incontestablement un rôle utile et productif. Les caisses de crédit sont elles aussi très présentes dans les régions rurales, et beaucoup de nos membres sont des producteurs agricoles. Notre présence rurale signifie que nous oeuvrons souvent sur les mêmes marchés que la FAC et que nous jouons souvent un rôle complémentaire l'une avec l'autre.
Toutefois, depuis que la FAC a obtenu un mandat élargi, en 2001, nous avons constaté qu'elle fait une concurrence plus active aux caisses de crédit pour prêter aux entreprises du Canada rural. Or, certains de ses prêts ne semblent pas être clairement reliés à l'agriculture et certains de nos membres nous ont fait remarquer qu'il y a peut-être un chevauchement avec les activités de prêt de la Banque de développement du Canada. En même temps, certaines caisses de crédit nous ont dit que la FAC structure souvent ses transactions de façon à amener l'emprunteur à s'adresser à une caisse de crédit pour obtenir l'élément de prêt le moins attrayant ou présentant le plus de risque. Nos membres estiment que c'est foncièrement déloyal étant donné que les caisses de crédit des petites collectivités ne sont pas sur un pied d'égalité avec la FAC, institution financière de grande taille et peu réglementée qui bénéficie de l'appui du gouvernement fédéral.
Voilà pourquoi nous recommandons que, dans le prochain budget, le gouvernement signale son intention de revoir le rôle des sociétés d'État à vocation financière existantes et futures afin de veiller à ce que leur mandat reste axé sur des activités qui sont complémentaires à celles des établissements financiers privés. La Centrale canadienne recommande aussi au gouvernement de se pencher sur les méthodes qui permettraient aux sociétés d'État telles que la FAC de devenir des partenaires plus efficaces des caisses de crédit et des autres établissements de prêt.
Á (1130)
L'ESB, ou maladie de la vache folle, est un problème national qui a eu une incidence profonde sur les membres de nos caisses de crédit car beaucoup sont des éleveurs de bétail. Les caisses de crédit sont également des bailleurs de fonds importants de cette industrie et nous connaissons donc fort bien l'impact de la fermeture de nos frontières sur nos membres. Je tiens à féliciter le gouvernement du succès qu'il vient d'enregistrer en obtenant une réouverture partielle des frontières américaine et mexicaine à nos exportations de boeuf. Ces mesures sont incontestablement bénéfiques à nos producteurs. Toutefois, il y a d'autres initiatives que le gouvernement pourrait prendre pour atténuer les effets de la crise dans les régions rurales et veiller à ce que les éleveurs canadiens soient traités de manière juste et équitable.
Dans son prochain budget, le gouvernement devrait signaler son intention de continuer à financer le programme de rétablissement suite à la crise de l'ESB jusqu'à ce que la frontière soit ouverte à toutes les catégories de bétail. Deuxièmement, nous recommandons au gouvernement de prendre des mesures pour assurer à tous les éleveurs de bovins du Canada un accès juste et équitable aux abattoirs. Comme vous le savez peut-être, la plupart des abattoirs se trouvent en Alberta et en Ontario et, avec l'expansion des cheptels, il est devenu plus difficile aux éleveurs des autres provinces d'y avoir accès. Cet aspect de la crise de l'ESB a fait l'objet d'une attention particulière ces derniers temps, notamment dans la presse nationale, et nous espérons que cela facilitera la recherche d'une solution.
Une question connexe concerne le fait que les programmes de financement du gouvernement étaient dans le passé axés sur l'appui au secteur des bovins d'engraissement par opposition au secteur des veaux de naissage, ce qui a fait qu'il était plus difficile à ces producteurs d'obtenir des dédommagements. Les éleveurs de veaux de naissage doivent vendre leurs animaux pour être admissibles à un dédommagement mais cela a été difficile aux producteurs des provinces autres que l'Alberta et l'Ontario car leur accès aux abattoirs est limité. Voilà pourquoi nous recommandons au gouvernement fédéral d'instaurer un nouveau programme de financement spécifiquement destiné aux producteurs de veaux de naissage.
Finalement, madame la présidente, nos membres ont soulevé des préoccupations au sujet des politiques du Bureau de la concurrence. Ils nous ont notamment demandé d'évoquer le tarif forfaitaire de 50 000 $ qu'exige le Bureau de la concurrence pour délivrer des certificats de décision préalable ou pour examiner des projets de fusion. À l'heure actuelle, le Bureau exige le même tarif pour examiner un projet de fusion entre les plus grandes corporations du pays qu'entre de petites caisses de crédit. Ce tarif forfaitaire a donc un effet dissuasif sur les fusions dans le réseau des caisses de crédit, alors que de telles fusions ne pourraient que rendre les caisses concernées plus aptes à offrir des services de qualité à leurs membres et à faire plus concurrence aux banques. Ce tarif forfaitaire risque aussi de dissuader de grandes caisses de crédit qui voudraient fusionner avec de plus petites menacées de disparition à cause d'une réduction du nombre de leurs membres.
Voilà pourquoi nous recommandons que le Bureau de la concurrence adopte un tarif dégressif plus équitable fondé sur l'importance des actifs et l'ampleur des transactions pour délivrer des certificats de décision préalable ou examiner des projets de fusion. Cela garantirait que les très grandes entreprises ne jouissent pas d'un avantage indu par rapport aux petites qui souhaitent fusionner. Un tarif dégressif éliminerait également l'effet dissuasif que le tarif actuel exerce sur les petites caisses de crédit qui souhaitent devenir plus compétitives en fusionnant avec d'autres dans leur province. Nous sommes parfaitement conscients qu'un processus de consultation est en cours pour réformer la Loi sur la concurrence mais nous savons aussi que l'examen du barème tarifaire du Bureau de la concurrence ne fait pas partie du mandat de ce processus.
Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir prêté attention aujourd'hui et je les félicite de l'excellent travail qu'ils font pour permettre à tous les Canadiens de contribuer au processus de planification budgétaire. Nous sommes maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions, madame la présidente.
Á (1135)
La présidente: Je remercie les témoins de ce matin.
Nous allons maintenant passer à la période des questions. Je remercie M. Solberg d'avoir permis à Mme Judy Wasylycia-Leis de passer en premier car elle a un autre rendez-vous.
Vous avez la parole.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci, madame la présidente, et je remercie mon collègue de l'Alliance ainsi que mes collègues libéraux, bien sûr. Je ne serai pas longue car je dois bientôt me rendre ailleurs et je vais donc me concentrer sur un ou deux sujets seulement.
Monsieur Bernstein, vous étiez peut-être ici à la fin de la séance précédente, quand on parlait de prévention des maladies et de promotion de la santé. Je crois que les groupes qui se sont exprimés ce matin ont exprimé un sentiment qui est largement partagé. Il y a un déséquilibre dans la recherche médicale au Canada entre la recherche standard ou normale ou traditionnelle, et la recherche axée sur les questions de comportement, les facteurs socioéconomiques et la santé des populations. Bon nombre de spécialistes souhaitent qu'une part plus importante des fonds consentis au IRSC soit destinée à la recherche sur la santé des populations. Est-ce que vous vous occupez de ce genre de recherche actuellement? Avez-vous l'intention de le faire? Comment pourrait-on rééquilibrer cette situation?
Dr Alan Bernstein: Je suis heureux que vous posiez la question. Cela fait partie de notre plan de travail, comme je l'ai dit tout à l'heure. Depuis notre création, il y a six ans, nous avons multiplié par 12, environ, les budgets de recherche consacrés à la santé de la population. C'est donc une augmentation énorme en chiffres bruts.
En outre, nous avons lancé plusieurs nouveaux programmes consacrés à la prévention, par exemple sur la sécurité des lieux de travail et sur la prévention des accidents de travail. Les accidents sont la quatrième cause de mort au Canada. Nous finançons par ailleurs le programme important auquel j'ai fait allusion, à Terre-Neuve, sur la sécurité dans le secteur de la pêche. Un partenariat a été établi entre des chercheurs de Memorial et des syndicats du secteur de la conserverie de Terre-Neuve. Autre exemple de recherche sur la prévention—qui, encore une fois, n'aurait pas été envisagée avec l'ancien Conseil de recherches médicales—la recherche sur l'obésité et sur la nécessité d'amener les Canadiens à être plus actifs. Nous avons lancé à Saskatoon un programme de 500 000 $ par an appelé «Saskatoon in Motion» qui dit clairement son objectif. Notre Institut sur la nutrition, le métabolisme et le diabète a déclaré que l'obésité est sa première priorité. Il annoncera dans quelques mois une initiative importante dans ce domaine. Nous sommes donc tout à fait conscients du problème. Nous lançons également une initiative importante sur la prévention du tabagisme et de l'alcoolisme.
Je crois que l'un des grands défis de la recherche sur la prévention, à l'échelle mondiale, est de démontrer qu'elle a un impact réel. Comment savoir si les publicités anti-tabac ont une influence réelle sur le comportement des enfants, par exemple? Nous étudions cela de manière très scientifique. Quelles sont les preuves? Que pouvons-nous faire pour avoir un impact réel sur le comportement des gens? Que faisons-nous qui change vraiment les comportements?
Á (1140)
Mme Judy Wasylycia-Leis: Je comprends, bien que l'on exagère parfois quand on demande des preuves. Par exemple, il ne faut pas beaucoup d'imagination pour comprendre que des jeunes femmes court-vêtues vendant des cigarettes exerceront une influence sur les jeunes filles, qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses à se mettre à fumer. Je comprends bien ce que vous dites mais je pense que nous nous fixons parfois des obstacles inutiles.
Vous pourrez répondre plus tard si vous le voulez car je voudrais maintenant m'adresser à M. Forbes. Vous demandez des sommes supplémentaires importantes pour la recherche sur le diabète juvénile. Je sais que l'argent fait partie du problème mais j'aimerais vous entendre dire ce qui va se passer, à votre avis, si nous n'adoptons pas relativement rapidement le projet de loi C-13, en ce qui concerne les possibilités de recherche d'une guérison pour le diabète juvénile.
M. Ron Forbes: C'est une question très difficile, et c'est un sujet très délicat, qui fait encore l'objet de débats. Notre intérêt à l'égard du projet de loi C-13 concerne l'utilisation des cellules embryonnaires. Ce n'est pas à l'exclusion des cellules adultes, cela concerne les cellules souches de manière générale. Tout ce que nous disons, c'est que nous n'en savons pas assez, dans un cas ou dans l'autre, et qu'il faut donc continuer. Notre justification est que le Protocole d'Edmonton a connu un succès extraordinaire, mais je sais que les obstacles sont considérables. Selon nos estimations, avec le nombre existant de pancréas disponibles dans le monde aujourd'hui, nous ne pourrions faire que 2 000 opérations. Comment pouvons-nous donc obtenir un nombre suffisant de cellules souches des îlots pancréatiques? C'est ça qui devient le gros problème. Pour aller plus loin, nous devons nous pencher sur toutes les solutions, pas seulement sur la recherche sur les cellules souches.
C'est donc un projet de loi très important pour nous.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci beaucoup.
J'ai une brève question à poser à M. Smit et à la Centrale des caisses de crédit. J'espère que vous ne serez pas troublé par cette question mais nous nous attendons à ce que Paul Martin, une fois devenu premier ministre, fasse avancer le dossier des fusions bancaires. J'aimerais savoir si vous pensez vous aussi que ce sera le cas et quel pourrait être l'impact sur le mouvement des caisses de crédit du Canada. Il y a eu des changements importants dans le dernier projet de loi mais il y avait encore certaines lacunes concernant des innovations qui permettraient au mouvement des caisses de crédit de se développer.
M. Jack Smit: Je ne peux faire de commentaire sur l'évolution de ce projet de loi mais je peux vous dire que nous avons témoigné devant le comité pour exprimer notre opinion sur les fusions. Nous avons dit que c'est une stratégie commerciale légitime pour les banques mais qu'il y a des éléments importants à prendre en considération, comme les services dispensés dans les collectivités canadiennes. Chaque fois qu'il y a une fusion, il y a un risque de disparition de succursales. Nous croyons que les caisses de crédit sont très bien placées pour combler ces lacunes, notamment dans les collectivités rurales, étant donné que les banques ont tendance à quitter ces régions au profit des villes quand elles s'engagent dans cette voie. Nous voulons donc nous assurer que la législation nous permettra de nous étendre. Le gouvernement fédéral a été très réceptif à notre message et a collaboré avec le mouvement des caisses de crédit pour veiller à ce que nous ayons la législation appropriée afin de combler ce vide.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Il y aussi des fermetures de banques dans les villes du Canada, je viens juste de perdre la dernière banque qui desservait la majeure partie de ma circonscription. Nous avons enregistré 10 fermetures de banques dans les cinq dernières années mais il a été très difficile aux caisses de crédit de venir prendre leur place. Je crois que cela s'explique en partie parce qu'elles doivent aussi équilibrer leurs investissements. Que devrait-on donc faire pour permettre aux caisses de crédit de prendre pied dans des régions urbaines comme la mienne, le nord de Winnipeg, où nous avons désespérément besoin de nouveaux établissements financiers?
Á (1145)
M. Jack Smit: Je pense qu'il faut d'abord que les caisses de crédit veillent à détenir suffisamment de capital pour s'agrandir. Dans bien des cas, c'est une question de réglementation provinciale, étant donné que les caisses de crédit sont réglementées à ce palier. En vue d'une révision des services financiers en 2006, nous devrions peut-être nous pencher sur les mesures à prendre, pas seulement au palier provincial mais aussi au palier fédéral, pour permettre aux caisses d'étendre leurs services.
Je connais plusieurs caisses de crédit et j'ai des collègues à Winnipeg, et je sais qu'ils souhaitent vivement étendre leurs services localement. Je pense d'ailleurs que la Caisse Steinbach vient juste de s'y établir.
Mme Judy Wasylycia-Leis: C'est juste.
M. Jack Smit: Je pense que le capital est le facteur déterminant.
La présidente: Monsieur Solberg, vous avez la parole.
M. Monte Solberg: Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai beaucoup apprécié ces exposés et je voudrais commencer avec M. Bernstein.
J'aimerais savoir quel est votre degré de succès en matière de commercialisation et quelles recettes cela apporte à votre organisation. Je n'ai pas bien compris cet élément de votre mémoire. En outre, cela pourrait-il devenir une source de financement importante? Qu'en est-il des partenariats auxquels vous participez? Ce secteur pourrait-il se développer et devenir une plus grande source de financement pour surmonter l'obstacle actuel?
Dr Alan Bernstein: Nous n'avons aucun intérêt commercial dans toutes les activités qui découlent de la recherche que nous finançons. C'est une question de politique gouvernementale. En revanche, nous nous attendons à ce que les universités, les hôpitaux et autres établissements de recherche jouent un rôle actif dans la commercialisation et en reçoivent les retombées commerciales.
M. Monte Solberg: Mais vous ne nous demandez pas de pouvoir participer à la commercialisation, n'est-ce pas?
Dr Alan Bernstein: Non, pas du tout.
M. Monte Solberg: Y a-t-il une raison à cela?
M. Monte Solberg: Bien. Je vais maintenant poser une question à M. Forbes suite à celle de ma collègue du NPD.
Comment s'explique le succès que vous avez eu avec la découverte d'Edmonton? Est-ce relié au projet de loi C-13? Cela provenait-il de recherches à partir de cellules souches?
M. Ron Forbes: Non, pas du tout. Je pense que le Dr Bernstein serait mieux à même que moi de répondre à votre question car c'est un chercheur, lui, ce qui n'est pas mon cas. Mais cela ne faisait pas partie de la recherche.
La présidente: Pour que tout soit clair, pourriez-vous nous dire quel est votre rôle par rapport à la recherche sur les cellules souches, car notre comité n'est pas au courant.
Dr Alan Bernstein: La première chose que je puisse dire à ce sujet est qu'il s'agissait d'un excellent partenariat entre la FRDJC et les IRSC. C'était un partenariat de financement. Deuxièmement, je crois que votre comité serait heureux d'apprendre qu'avec la JDRF de New York et les NIH des États-Unis—je fais d'ailleurs partie de leur conseil consultatif supérieur—tous les millions auxquels M. Forbes a fait allusion dans son exposé et qu'ils tentent d'investir dans la recherche sur le diabète de type 1 seront consacrés à des « manières d'améliorer le Protocole d'Edmonton ». Cette découverte a vraiment été une percée importante. C'est vraiment le progrès le plus important qui ait jamais été fait ici-même, en Alberta, au sujet du diabète de type 1.
Deux individus de grand talent, le Dr Shapiro, un chirurgien des transplantations, et Ray Rajotte, un immunologue/biologiste des cellules, se sont réunis et se sont demandé comment résoudre ce problème. Avec l'appui de nos deux agences, ils ont mis au point un protocole sur le problème de rejet des transplantations qui apparaît quand on prend des tissus d'un individu pour les transplanter dans un autre. Ils ont eu une idée très simple : si la raison pour laquelle des enfants sont atteints du diabète de type 1 est que leurs cellules des îlots pancréatiques produisant de l'insuline sont détruites, essayons de leur donner de nouvelles cellules pour guérir la maladie. Or, les nouvelles cellules qu'ils utilisent aujourd'hui ne proviennent pas de cellules souches mais de cadavres. Comme l'a dit M. Forbes, les cadavres sont peu nombreux et le nombre d'individus qui ont bénéficié de ce protocole est donc extrêmement limité, et c'est une petite proportion du nombre de personnes qui pourraient bénéficier de la procédure si nous avions une source de cellules beaucoup plus abondante, comme les cellules des îlots pancréatiques.
Á (1150)
M. Monte Solberg: Très bien, merci.
Monsieur Smit, vous avez parlé de la FAC. En fait, vous dites qu'elle s'empare des prêts les plus avantageux. Elle entre dans des secteurs qui étaient traditionnellement ceux des caisses de crédit et, probablement, des banques. Est-ce bien votre argument?
M. Monte Solberg: Pourriez-vous me donner une idée de l'ampleur du problème? Quelle est la taille du portefeuille de la FAC dans ces secteurs non traditionnels?
Mme Joanne De Laurentiis (présidente-directrice générale, Centrale des caisses de crédit du Canada): C'est un secteur en expansion. Nous n'avons pas de chiffres concrets à vous donner mais notre impression, d'après ce que nous disent nos membres, est que le problème prend de l'ampleur dans les Prairies plutôt que dans d'autres régions. Nous pensons que c'est un secteur qui mérite un peu plus de recherche. Comme l'a dit M. Smit, nous croyons qu'il y a des avantages réels à la complémentarité mais il faut aussi considérer que la FAC joue ainsi de plus en plus un rôle qui appartient au secteur privé.
M. Monte Solberg: Merci. Je dois partir mais je vous remercie beaucoup de vos témoignages.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous passons maintenant à M. Valeri puis à Mme Minna.
M. Tony Valeri (Stoney Creek, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je voudrais commencer avec les Instituts de recherche sur la santé en rendant d'abord hommage à l'Université McMaster, qui fait un travail remarquable. Nous devons certainement continuer de financer ce genre d'activités. Au fond, nous sommes en retard par rapport aux États-Unis dans ce type d'investissement. Et nous sommes aussi en retard par rapport au Royaume-Uni. Notre comité a toujours été en faveur d'un financement stable de la recherche. Dans ce rapport, même si nous ne l'avons pas fait dans le passé, je crois que nous pourrions envisager de proposer 1 p. 100 des dépenses de la santé comme objectif ultime, pour bien faire savoir au gouvernement ce que nous souhaitons à ce sujet.
Je voudrais poser quelques questions au sujet des sommes que vous avez demandées. Vous avez dit que, sans une augmentation de crédits en 2004, le montant des fonds non réservés disponibles pour appuyer la nouvelle recherche baissera de 40 p. 100 en passant de 171 millions de dollars en 2003-2004 à 100 millions en 2004-2005. Quand j'examine le graphique que vous avez présenté—la page n'est pas numérotée—«Ressources nécessaires pour continuer de soutenir la recherche en santé», je vois que vous passez de 171 millions de dollars à 180 millions de fonds non alloués, avec un budget passant de 55 millions à 130 millions. Je voudrais comprendre de quoi il s'agit exactement.
Á (1155)
Dr Alan Bernstein: Je vous remercie de l'avoir souligné. Je vais tenter d'expliquer le graphique car c'est un peu compliqué.
Si vous examinez la situation en 2003-2004, vous voyez en bleu 171 millions de dollars de fonds non alloués. Cela se compose de trois sources de financement. La première est la partie verte, soit l'augmentation de 55 millions de dollars que nous avons obtenue cette année du Parlement. La deuxième est le report de fonds que nous avons engagés il y a cinq ans quand nous avons pris la suite du Conseil de recherches médicales. La troisième provient de petits programmes qui sont des programmes d'une année. Par exemple, bon nombre de nos programmes de commercialisation sont des programmes d'une année. Si vous passez à 2004-2005, le chiffre de 130 millions de dollars est pour le moment fictif; nous n'avons aucune garantie d'augmentation budgétaire du Parlement. Autrement dit, c'est ce que nous demandons. Nous pouvons compter sur environ 50 millions de dollars, qui sont composés entièrement du report de cinq années du vieux Conseil de recherches médicales. Nous trouverons un autre montant de 50 millions de dollars—c'est comme cela que nous avons calculé les 100 millions, monsieur Valeri—des programmes d'une année et de la retenue de 5 p. 100 que nous avons déjà annoncée à la communauté de la recherche, de façon à atténuer les fluctuations d'une année à l'autre.
Est-ce clair?
M. Tony Valeri: C'est beaucoup plus clair, merci.
Mon autre question s'adresse à la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile. Vous demandez 25 millions de dollars supplémentaires par an pour la recherche sur le diabète de type 1. Est-ce une somme que nous intégrerions et attribuerions aux IRSC ou est-ce que ce serait séparé? Dans votre exposé, vous avez parlé de 25 millions de dollars de crédits de recherche additionnels, mais vous avez ensuite parlé de crédits additionnels pour les IRSC. Seriez-vous satisfait si les 25 millions de dollars étaient versés aux IRSC?
M. Ron Forbes: Oui.
M. Tony Valeri: Dans ce cas, nous demanderons au Dr Bernstein s'il est prêt à les accepter, et je suis sûr qu'il sera d'accord.
M. Ron Forbes: La Fondation de recherche sur le diabète juvénile n'est pas intéressée par des recherches ne pouvant déboucher sur une guérison. Donc, même avec les crédits des NIH aux États-Unis, la JDRF joue un rôle majeur pour essayer d'orienter ces crédits vers des recherches spécifiques, là où il y a des résultats, là où il y a de la reddition de comptes, de façon à ce que ce ne soit pas de l'argent jeté dans un panier percé. Savoir qui obtient l'argent ne nous préoccupe pas tant et aussi longtemps que l'argent est destiné à trouver une guérison. Nous sommes prêts à collaborer très étroitement avec le Dr Bernstein et avec ses gens, si cette somme était accordée, pour nous assurer qu'elle soit directement consacrée au diabète de type 1.
M. Tony Valeri: Avez-vous quelque chose à ajouter, docteur?
Dr Alan Bernstein: Le graphique précédant celui que vous avez mentionné, monsieur Valeri, est particulièrement intéressant. Il porte, de manière assez générale, sur la question dont vous venez de discuter avec M. Forbes. C'est ce que nous avons appelé le fossé financier. À mon sens, il s'agit là d'opportunités perdues pour le Canada, dont certaines concernent le diabète de type 1. Ce sont des subventions qui ont été classées par des comités de pairs comme étant très bonnes ou excellentes mais que nous ne pouvions financer, par manque de ressources, et il y avait là-dedans des choses concernant le diabète de type 1, les maladies cardiovasculaires, la recherche sur la prévention, etc. Bon nombre de ces projets concernent des jeunes qui viennent juste d'être recrutés par des universités ou des hôpitaux, avec de l'argent de la Fondation par exemple, et qui font d'excellentes recherches. Je ne voudrais pas donner à ce comité l'impression qu'on ne fait pas d'excellentes recherches. Vous constaterez que les sommes ont été multipliées par deux et demi. Le nombre de jeunes et d'autres chercheurs du Canada qui ont été classés par des pairs comme étant très bons ou excellents, mais que nous ne pouvons financer, est passé de 199 à environ 500 en mars 2003, ce sont les dernières données dont je dispose. Pour moi, il s'agit là de gaspillage de capital humain, surtout quand on investit des dizaines de millions de dollars dans des immeubles.
Mon argument au sujet du diabète de type 1 est qu'il y a là du capital humain inexploité, du savoir scientifique que nous ne pouvons pas utiliser par manque d'argent.
 (1200)
M. Tony Valeri: Bien.
Mon autre question, docteur Bernstein, et je ne sais pas si vous pouvez y répondre, concerne la commercialisation et les partenariats. J'ai entendu dire que certains hôpitaux d'enseignement ou établissements de recherche travaillent dans divers domaines et ont établi des partenariats avec des manufacturiers, pas nécessairement de produits pharmaceutiques mais peut-être, dans certains cas, d'appareils de diagnostic. J'entends dire que certains projets de recherche sont maintenant proches de l'étape de la commercialisation mais qu'il y a des retards pour obtenir des approbations ou pour franchir certains obstacles réglementaires. Je me demande si les IRSC font du travail de promotion ou du travail de recherche pour connaître l'impact que cela pourrait avoir en empêchant ce type de partenariats du secteur privé au Canada. Je suis certainement favorable à l'octroi d'un financement stable pour attirer et conserver des personnes de talent et faire du Canada un centre de recherche reconnu. Pourriez-vous cependant me parler de l'autre volet de l'équation, c'est-à-dire de ce que nous faisons du point de vue des obstacles réglementaires éventuels.
Dr Alan Bernstein: Vous savez que Santé Canada se penche sur ce qu'on appelle la réglementation intelligente, qui vise à trouver un juste équilibre entre la nécessité évidente de protéger la santé des Canadiens et la possibilité d'exploiter des découvertes commerciales et de mettre à la disposition des Canadiens les derniers médicaments et autres traitements qu'ils veulent. C'est la chose la plus importante que je puisse dire.
La deuxième chose est que non, nous ne faisons pas de travail de promotion de cette nature, ce n'est certainement pas notre rôle. Nous discutons régulièrement avec Santé Canada sur tous les aspects de la recherche touchant des sujets humains, qu'il s'agisse de réglementation de nouveaux médicaments ou de questions d'éthique à l'étape des essais cliniques auprès des humains—nous avons un régime d'éthique très rigoureux à cet égard. Nous offrons certainement notre point de vue à Santé Canada et aux autres représentants du gouvernement sur l'importance d'adopter une réglementation intelligente pour trouver un juste équilibre entre ces divers objectifs.
M. Tony Valeri: Bien.
En ce qui concerne la Centrale des caisses de crédit, vous avez souligné l'importance de maintenir un engagement financier solide et vous avez parlé de la dette. Votre groupe a-t-il réfléchi à un objectif particulier à cet égard? Vous êtes-vous penché sur un échéancier? Je comprends votre point de vue mais je voudrais vous amener un peu plus loin et savoir si vous vous êtes demandé comment le gouvernement devrait réduire sa dette. Quel devrait être le pourcentage du PIB et en combien d'années devrait-on y arriver? Avec le déficit, notre objectif initial était de 3 p. 100 et nous avons ensuite adopté un autre plan pour arriver à zéro. Avez-vous réfléchi à ça?
 (1205)
Mme Joanne De Laurentiis: Non, monsieur Valeri. Nous ne faisons normalement pas de recherche économique primaire. Nos commentaires sont essentiellement le fruit des consultations de nos membres. Cela dit, des données anecdotiques, plutôt que des données empiriques, permettent de penser que la réduction de la dette a eu un effet de stimulation très important. Nous laissons aux économistes le soin de trouver la formule idéale.
M. Tony Valeri: Donc, vos membres vous disent simplement que nous devons continuer de réduire la dette, n'est-ce pas?
Mme Joanne De Laurentiis: Exactement. Cela a certainement des effets bénéfiques en abaissant les taux d'intérêt, en rendant les hypothèques plus abordables et en favorisant l'expansion économique. Tous ces facteurs ont des effets bénéfiques très concrets dans les collectivités locales.
M. Tony Valeri: Merci.
La présidente: Maria Minna.
L'honorable Maria Minna (Beaches—East York, Lib.): Merci, madame la présidente.
Je voudrais commencer avec le Dr Bernstein. Vous avez parlé d'élaborer un programme de recherche équilibré et j'ai pris bonne note de la réponse que vous avez donnée à notre collègue, un peu plus tôt, en ce qui concerne le changement des comportements. On peut faire de la recherche sur les comportements mais l'une des questions qui me préoccupent concerne votre aptitude à communiquer au public et à l'éduquer.
Collaborez-vous étroitement avec d'autres ministères ou entités gouvernementales qui ont cette aptitude, ou est-ce que cela ne se fait pas à un degré aussi étendu que vous le souhaiteriez? C'est bien beau de faire de la recherche pour modifier les comportements mais je soupçonne que vous n'avez pas les budgets ni les capacités nécessaires pour faire le suivi. C'est bien de faire de la recherche, c'est bien d'avoir des connaissances mais, si ça ne produit rien de concret, ça ne sert pas à grand-chose.
Dr Alan Bernstein: C'est un domaine très intéressant. Nous avons un Institut de la population et de la santé publique, dirigé par le Dr John Frank, de l'Université de Toronto, et c'est l'un de nos 13 instituts, qui se penche en grande mesure sur les questions de changement de comportement et de prévention. Nous avançons donc dans ce domaine. Je pense que notre principale contribution à cet égard sera d'évaluer le succès ou l'échec de certaines interventions, par exemple de mettre sur les paquets de cigarettes des étiquettes indiquant que le tabagisme nuit à la santé, etc., et de voir si nous pouvons lancer des petits projets pilotes pour d'autres types d'interventions. Je vais vous donner un exemple.
Avec certaines toxicomanies, qu'il s'agisse du tabac, du jeu ou de l'alcool, on avait tendance à considérer jusqu'à présent qu'il s'agissait de responsabilité individuelle : vous ne devez pas fumer, vous ne devez pas jouer, vous ne devez pas boire. Je crois cependant qu'il y a de plus en plus de preuves scientifiques que certains d'entre nous sommes génétiquement plus disposés à des comportements de toxicomanie et qu'il s'agit peut-être là d'une maladie comme une autre. Une manière plus efficace de changer les comportements serait peut-être donc de reconnaître qu'il s'agit d'un facteur inné sur lequel on doit travailler. Notre initiative sur le tabac va porter en partie sur la neurophysiologie de l'assuétude et sur la génétique de l'assuétude, pour essayer de voir comment nous pourrions travailler avec les personnes qui risquent d'avoir un tel comportement.
Finalement, nous lancerons au cours des prochaines années, si notre budget nous le permet, un programme important d'extension auprès des jeunes sur l'importance des sciences et de la technologie. L'un des bienfaits que nous en attendons sera de voir si les jeunes sont conscients de l'importance des données scientifiques et probantes et s'ils parviennent à leurs propres conclusions sur le tabagisme, par exemple.
En fin de compte, je ne pense pas que nous en sachions encore assez au sujet de ce qui amène les gens à prendre telle ou telle décision et je crois que notre rôle est de faire des recherches à ce sujet, plutôt que de gérer des programmes en soi, si ce n'est sous forme de projets pilotes.
L'hon. Maria Minna: En fait, c'était bien ma question. Les programmes ont évidemment besoin de partenaires, de quelqu'un qui fasse le travail concret.
 (1210)
Dr Alan Bernstein: Comme je l'ai dit dans mon exposé, nous annoncerons dans les prochains mois un programme important avec un grand partenaire, un programme national sur le changement des comportements dans un certain secteur. Notre rôle ne consistera pas à payer l'activité elle-même mais plutôt à l'évaluer. Il s'agira d'un partenaire du secteur privé.
L'hon. Maria Minna: Quand vous parlez d'améliorer la santé et d'aider les populations vulnérables, nous en avons déjà parlé dans le passé et je me demande comment les choses évoluent. Vous penchez-vous aussi sur des populations autres que les Canadiens moyens, des groupes d'immigrants ou d'autres groupes culturels ou raciaux, pour cerner leurs besoins particuliers du point de vue de la santé?
Dr Alan Bernstein: En bref, oui. La Dre Miriam Stewart, d'Edmonton, est la directrice scientifique de notre Institut de la santé des femmes et des hommes et c'est la championne de cette initiative. Nous avons eu une réunion ici-même, à Ottawa, il y a une semaine ou deux, où la ministre McLellan a parlé des populations vulnérables dans les pays à faibles revenus, notamment des femmes sujettes à la violence. En partenariat avec le Secrétariat des sans-abri, nous finançons actuellement un projet de recherche sur les sans-abri. Nous finançons un grand projet à l'Université Dalhousie sur la violence faite aux femmes noires. Nous avons donc tout un éventail d'activités qui relève du quatrième volet de notre plan de travail.
L'hon. Maria Minna: Je suis heureuse de vous l'entendre dire. Il n'y a pas très longtemps, nous faisions des pressions pour la santé multiculturelle et nous n'arrivions à rien. Je parle d'il y a une dizaine d'années à peine. C'est extraordinaire.
J'ai une dernière brève question à vous poser avant de passer aux caisses de crédit. Elle concerne le diabète juvénile de type 1. Vous avez dit tout à l'heure, docteur Bernstein, que les cadavres n'étaient pas très nombreux mais que le recours à des cellules souches pourrait être une solution. Serait-il utile aussi de faire plus d'éducation sur la transplantation d'organes humains?
Dr Alan Bernstein: Si nous pouvions convaincre les cellules souches de commencer à fabriquer de l'insuline, nous n'aurions aucun problème. Pour le moment, la question scientifique fondamentale n'a pas encore été réglée : comment pouvons-nous convaincre une cellule adulte ou embryonnaire qu'elle est une cellule d'îlots pancréatiques qui est censée fabriquer de l'insuline? Nous finançons donc beaucoup de recherche fondamentale sur les contrôles génétiques moléculaires qui permettent en fait aux cellules de prendre ce genre de décision. Une fois que nous aurons compris ça, nous pourrons commencer à les manipuler, je l'espère, pour les convaincre de devenir des cellules productrices d'insuline, et nous aurons alors une réserve quasi infinie de ce type de cellules.
Je laisserai mon collègue répondre à la question des cadavres.
M. Ron Forbes: En fait, le gouvernement a lancé une campagne de dons d'organes il y a deux ans, à laquelle nous avons beaucoup participé. Je pense que les gens conviennent que c'est une bonne chose mais il reste toujours difficile de les amener à faire don d'organes, à cause de l'argent qui est nécessaire. Certes, le gouvernement avait dépensé pas mal d'argent à ce sujet, par la publicité, mais les résultats n'ont donné aucune amélioration par rapport à ce qui existait auparavant.
L'hon. Maria Minna: Je faisais partie du Comité de la santé quand il s'occupait de toute cette question de transplantation d'organes et de tissus et l'une des choses qui s'est avérée fondamentale n'était pas tellement la communication, au sens générique, mais l'éducation, éduquer les systèmes de santé au moment approprié sur comment s'adresser aux gens, avoir une équipe sur le pied de guerre, et tout ça. C'est beaucoup plus focalisé qu'un programme de communication général, bien qu'il soit utile de sensibiliser la population. Dans ce cas, ça sauverait la vie de beaucoup d'enfants et ce serait donc manifestement quelque chose à envisager.
M. Ron Forbes: Il y a autre chose à ce sujet. Les résultats actuels que nous obtenons avec la transplantation, l'obtention des îlots—c'est le diabète, en particulier—montrent que moins de 30 p. 100 d'un pancréas peuvent en fait être utilisés et que, même avec les 30 p. 100 qui sont transplantés, il y a des pertes en chemin. C'est une cellule très délicate sur laquelle travaillent actuellement les scientifiques pour voir comment ils pourraient la renforcer, si je puis dire. Pour arriver à l'étape que nous souhaitons, je pense que nous avons besoin d'une combinaison de dons d'organes et d'autres formes.
 (1215)
L'hon. Maria Minna: Merci.
Je veux maintenant revenir à la réduction de la dette. Mon collègue a déjà posé une question à ce sujet. Si je comprends bien, la principale raison pour laquelle nous sommes passés de 75 p. 100 à 40 p. 100 est que nous avons eu une forte croissance économique, et pas tellement les dollars que nous avons effectivement consacrés à la dette. Donc, quand on parle de réduction de la dette ou de réduction d'impôt et de rien d'autre, ne serait-il pas juste de dire que l'investissement, comme dans la recherche, la technologie de pointe ou d'autres secteurs, qui rendrait notre économie plus résistante et plus forte, sous tous ses aspects, est en fait beaucoup plus efficace pour atteindre le niveau de PIB que nous voulons avoir, par opposition à dire que réduire aide, mais ce n'est pas le carburant primaire qui a en fait fait baisser le ratio? Vous semblez vous focaliser uniquement sur la réduction de la dette et pas sur les dépenses innovatrices, technologiques, de stimulation économique.
M. Jack Smit: C'est certainement une combinaison de facteurs. Il faut tous les prendre en considération. Le rétablissement de l'économie a certainement joué un rôle. Notre argument est que nous avons de la croissance économique et que, si nous devions subir un nouveau choc économique ou une récession—et cela arrivera inévitablement, avec les cycles économiques—nous devrions nous y préparer de façon à ne pas nous retrouver dans une situation où notre ratio de la dette par rapport au PIB recommence à monter, ce qui nous obligerait à nouveau à réduire les dépenses et à augmenter les impôts. Nous souhaitons éviter ce cycle.
L'hon. Maria Minna: J'aime penser que l'une des manières permettant de minimiser le degré de récession que l'on connaît—la dernière a été l'une des pires que nous ayons jamais connue—est de nous assurer que nous continuons d'avoir le genre d'investissements qui renforcent toutes nos productions économiques et la productivité. Comme nous étions pratiquement à zéro, nous étions en retard dans tous les domaines. S'il y a une récession économique, nous devrions la minimiser de façon à ce qu'elle soit très minime, plutôt que d'être très profonde. Je dis simplement que nous devons tenir compte des deux aspects du problème pour nous assurer de ne pas retomber dans une récession aussi profonde que la dernière. Je pense qu'il est possible de minimiser en veillant à faire le bon type d'investissements.
Merci.
La présidente: Je remercie tous nos témoins au nom des membres du comité qui sont présents ici et de ceux qui sont en Chambre, qui recevront aussi vos mémoires. Merci beaucoup.
La séance est levée jusqu'à 12 h 30.