FINA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent des finances
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le vendredi 7 novembre 2003
¾ | 0830 |
La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.)) |
M. Phil Upshall (président, La société pour les troubles de l'humeur du Canada, Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale) |
¾ | 0835 |
¾ | 0840 |
La présidente |
Mme Claude Benoit (vice-présidente, Association canadienne des centres de science) |
¾ | 0845 |
La présidente |
Mme Diane Brisebois (présidente et présidente-directrice générale, Conseil canadien du commerce de détail) |
¾ | 0850 |
¾ | 0855 |
La présidente |
M. Robert Barnett (directeur général et président du Comité des relations gouvernementales, Ontario Land Trust Alliance, Escarpment Biosphere Foundation) |
¿ | 0900 |
La présidente |
M. Richard Hardacre (président, ACTRA - Toronto Performers) |
¿ | 0905 |
M. Brian Topp (directeur général, ACTRA - Toronto Performers) |
¿ | 0910 |
La présidente |
M. Brian Topp |
La présidente |
M. Brian Topp |
La présidente |
Mme Laurel Rothman (coordonnatrice nationale, Campagne 2000) |
¿ | 0915 |
¿ | 0920 |
La présidente |
Mme Laurel Rothman |
La présidente |
Mme Laurel Rothman |
La présidente |
Mme Laurel Rothman |
La présidente |
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne) |
Mme Claude Benoit |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Peter Woolford (vice-président, Développement des politiques et recherche, Conseil canadien du commerce de détail) |
¿ | 0925 |
M. Monte Solberg |
M. Robert Barnett |
M. Monte Solberg |
Mme Laurel Rothman |
La présidente |
M. Monte Solberg |
M. Brian Topp |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Brian Topp |
La présidente |
¿ | 0930 |
La présidente |
M. Brian Topp |
La présidente |
M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.) |
La présidente |
M. Robert Barnett |
M. Bryon Wilfert |
M. Robert Barnett |
M. Bryon Wilfert |
M. Robert Barnett |
M. Bryon Wilfert |
¿ | 0935 |
M. Brian Topp |
M. Bryon Wilfert |
M. Brian Topp |
M. Bryon Wilfert |
M. Brian Topp |
M. Bryon Wilfert |
Mme Diane Brisebois |
M. Bryon Wilfert |
Mme Laurel Rothman |
La présidente |
M. Shawn Murphy (Hillsborough, Lib.) |
¿ | 0940 |
M. Robert Barnett |
M. Shawn Murphy |
M. Robert Barnett |
M. Shawn Murphy |
Mme Laurel Rothman |
M. Shawn Murphy |
¿ | 0945 |
Mme Laurel Rothman |
M. Shawn Murphy |
La présidente |
Mme Diane Brisebois |
La présidente |
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD) |
Mme Laurel Rothman |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
¿ | 0950 |
M. Brian Topp |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Mme Diane Brisebois |
M. Brian Topp |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
M. Phil Upshall |
¿ | 0955 |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
M. Phil Upshall |
La présidente |
La présidente |
Mme Caroline Di Giovanni (directrice générale, Fondation espoir pour les enfants, Campagne contre la pauvreté des enfants) |
Mme Jacquie Maund (coordonnatrice, Campagne contre la pauvreté des enfants) |
Mme Caroline Di Giovanni |
À | 1010 |
M. Gerald Vandezande (membre du comité directeur, Campagne contre la pauvreté des enfants) |
À | 1015 |
La présidente |
Mme Gail Martiri (directrice des politiques, Writers Guild of Canada) |
À | 1020 |
La présidente |
Mme Martha Friendly (coordonnatrice de l'unité, Centre des études urbaines et communautaires de l' Université de Toronto, Childcare Resource and Research Unit) |
À | 1025 |
À | 1030 |
À | 1035 |
La présidente |
M. Joseph Polito (À titre individuel) |
À | 1040 |
La présidente |
Mme Mary MacKenzie (présidente, Association of Municipal Manager, Clerks and Treasurers of Ontario) |
À | 1045 |
À | 1050 |
Le président suppléant (M. Shawn Murphy) |
M. Gary Pillitteri (Niagara Falls) |
Mme Martha Friendly |
À | 1055 |
M. Gary Pillitteri |
Mme Martha Friendly |
M. Gary Pillitteri |
Mme Martha Friendly |
M. Gary Pillitteri |
Mme Martha Friendly |
M. Gary Pillitteri |
Mme Martha Friendly |
M. Gary Pillitteri |
Mme Martha Friendly |
Le président suppléant (M. Shawn Murphy) |
Mme Jacquie Maund |
M. Gary Pillitteri |
Le président suppléant (M. Shawn Murphy) |
M. Scott Brison (Kings—Hants, PC) |
Á | 1100 |
M. Gerald Vandezande |
M. Scott Brison |
Á | 1105 |
M. Gerald Vandezande |
M. Scott Brison |
La présidente |
M. Bryon Wilfert |
Mme Caroline Di Giovanni |
M. Bryon Wilfert |
Á | 1110 |
Mme Martha Friendly |
M. Bryon Wilfert |
M. Gerald Vandezande |
La présidente |
M. Gerald Vandezande |
La présidente |
M. Bryon Wilfert |
La présidente |
M. Shawn Murphy |
Á | 1115 |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
Á | 1120 |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
M. Shawn Murphy |
M. Joseph Polito |
La présidente |
M. Shawn Murphy |
La présidente |
M. Shawn Murphy |
Mme Mary MacKenzie |
La présidente |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Mme Caroline Di Giovanni |
Á | 1125 |
M. Gerald Vandezande |
La présidente |
Mme Gail Martiri |
Á | 1130 |
La présidente |
Mme Albina Guarnieri (Mississauga-Est, Lib.) |
La présidente |
Mme Albina Guarnieri |
La présidente |
Mme Albina Guarnieri |
M. Joseph Polito |
La présidente |
M. Bryon Wilfert |
Á | 1135 |
La présidente |
La présidente |
M. Norman Beach (coprésident, Campaign for Stable Funding of Adult ESL Classes) |
Mme Linda Zhai (ancienne étudiante des cours d'anglais langue seconde (CALS), Campaign for Stable Funding of Adult ESL Classes) |
La présidente |
Mme Cyndy DeGiusti (vice-présidente, Défense de l'enfance, Hospital for Sick Children) |
Dr Manuel Buchwald (chef de la recherche, Hospital for Sick Children) |
La présidente |
Mme Gerda Kaegi (présidente, Corporation des retraités canadiens intéressés Inc.) |
La présidente |
Mme Gerda Kaegi |
La présidente |
Mme Elizabeth McIsaac (directrice, Recherche et politiques, Fondation Maytree) |
Mme Naomi Alboim (collaboratrice, Fondation Maytree) |
La présidente |
Mme Naomi Alboim |
La présidente |
Ms. Shirley Hoy (directrice administrative, Ville de Toronto) |
La présidente |
M. Rahim Jaffer (Edmonton—Strathcona, Alliance canadienne) |
Mme Gerda Kaegi |
M. Rahim Jaffer |
La présidente |
M. Norman Beach |
Mme Naomi Alboim |
La présidente |
M. Bryon Wilfert |
Dr Manuel Buchwald |
M. Bryon Wilfert |
Mme Cyndy DeGiusti |
M. Bryon Wilfert |
Mme Cyndy DeGiusti |
M. Bryon Wilfert |
La présidente |
Ms. Shirley Hoy |
La présidente |
M. Edwin Watson (membre, Corporation des retraités canadiens intéressés Inc.) |
La présidente |
M. Shawn Murphy |
M. Shawn Murphy |
Mme Naomi Alboim |
M. Shawn Murphy |
Mme Naomi Alboim |
M. Norman Beach |
Le président suppléant (M. Gary Pillitteri) |
Mme Judy Wasylycia-Leis |
Mme Gerda Kaegi |
Dr Manuel Buchwald |
La présidente |
Mme Naomi Alboim |
M. Norman Beach |
La présidente |
M. Gary Pillitteri |
La présidente |
Mme Naomi Alboim |
M. Gary Pillitteri |
Mme Naomi Alboim |
M. Gary Pillitteri |
La présidente |
Ms. Shirley Hoy |
M. Gary Pillitteri |
La présidente |
M. Norman Beach |
La présidente |
Mme Gerda Kaegi |
La présidente |
CANADA
Comité permanent des finances |
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l |
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l |
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TÉMOIGNAGES
Le vendredi 7 novembre 2003
[Enregistrement électronique]
¾ (0830)
[Traduction]
La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.)): La séance est ouverte.
Conformément à l'article 83.1 du Règlement, nous tenons des consultations prébudgétaires ce vendredi 7 novembre, et débutons avec la première table ronde de la journée.
Bienvenue à tous.
Représentant l'Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale, nous accueillons son président, Phil Upshall, de la Société pour les troubles de l'humeur du Canada. M. Upshall est accompagné de Joan Montgomery, directrice générale de la Société canadienne de schizophrénie. Bienvenue.
Nous recevons aussi Claude Benoit, vice-présidente de l'Association canadienne des centres de sciences, ainsi que Tracy Ross, coordonnatrice de l'Association. Bienvenue, mesdames.
Du Conseil canadien du commerce de détail, nous avons Diane Brisebois, présidente et directrice générale, ainsi que Peter Woolford, vice-président de l'élaboration des politiques et de la recherche. On s'est déjà rencontré plus tôt; bienvenue.
Nous recevons Robert Barnett, directeur exécutif de l'Escarpment Biosphere Foundation et président du comité des relations gouvernementales de l'Ontario Land Trust Alliance. Bienvenue, monsieur.
Nous accueillons les représentants de l'ACTRA Toronto, Richard Hardacre, président—bienvenue, monsieur— et Brian Topp, directeur exécutif. Bienvenue.
Enfin, nous sommes très heureux d'accueillir le coordonnateur national de Campagne 2000, Laurel Rothman.
Sans plus tarder, je laisse la parole à M. Upshall. Vous avez sept minutes. Allez-y.
M. Phil Upshall (président, La société pour les troubles de l'humeur du Canada, Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale): Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui.
Malheureusement, notre présentation est en anglais seulement. Je m'excuse auprès des membres du comité; nous n'avons pas encore reçu la traduction française.
C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui. Je suis accompagné de Joan Montgomery, la directrice générale de la Société canadienne de schizophrénie.
Nous avons remis une trousse de couleur verte, et je comptais aujourd'hui la parcourir avec vous. Le premier document contient notre premier programme national de champions. Nous avons organisé un dîner très réussi à Ottawa le 7 octobre dernier et, pour la première fois dans l'histoire du Canada, nous avons des champions nationaux en matière de santé et de maladie mentale. Le document suivant est le dossier de présentation de diapositives, que nous ne vous montrerons pas aujourd'hui.
Comme vous le savez peut-être, nous travaillons en étroite collaboration avec le comité permanent du sénateur Kirby au sujet de son étude sur la maladie mentale et la santé mentale, et nous avons à ce sujet un dossier très complet, dont un exemplaire se trouve du côté gauche de la trousse.
Les autres documents de la trousse sont deux numéros du Quotidien de Statistique Canada, qui ont été publiés le 3 septembre et le 31 octobre derniers. Ces articles présentent les résultats des toutes premières enquêtes de Statistique Canada sur la maladie mentale et sur la santé mentale.
C'est l'enquête du 3 septembre 2003 qui a finalement été publiée et qui commence ainsi : « Les Canadiens souffrent dans des proportions somme toute équivalentes tant d'un trouble dépressif majeur que de l'un des principaux problèmes de santé chroniques, notamment la maladie cardiaque, le diabète ou un problème thyroïdien... ». Elle précise ce qui suit : « Quelque 4 p. 100 des personnes interviewées durant l'enquête ont dit avoir éprouvé des symptômes ou des sentiments associés à un trouble dépressif majeur. Les proportions correspondantes sont de 5 p. 100 pour le diabète, 5 p. 100 pour la maladie cardiaque... ». L'enquête excluait les jeunes de moins de 15 ans, ainsi que les personnes atteintes d'une maladie mentale grave, la schizophrénie. Et lorsqu'on ajoute les données sur ces deux types de répondants, on obtient des données équivalentes à une épidémie, comme vous allez le constater dans mes notes d'allocution.
Ensuite, le 31 octobre, Statistique Canada a publié dans le Quotidien un article sur les facteurs liés à l'autoévaluation de l'état de santé chez les adolescents. Il s'agit d'un court article de deux pages d'une importance énorme. On y expose le cas de filles de 12 à 14 ans qui étaient très susceptibles d'avoir vécu un épisode de dépression majeure l'année qui a précédé l'enquête, comparativement à 2 p. 100 des garçons du même âge. Pour le groupe des 15 à 17 ans, la proportion des filles ayant vécu un tel épisode était nettement plus élevée. Par contre, les garçons de 15 à 17 ans n'étaient pas plus susceptibles que ceux de 12 à 14 ans d'avoir fait une dépression. Nous sommes un peu en désaccord avec ces chiffres, car comme vous le savez sans doute, le suicide est à l'état épidémique au Canada. Les jeunes hommes se suicident quatre fois plus que les jeunes femmes entre 16 et 21 ans.
Cela étant dit, les maladies mentales sont heureusement maintenant considérées comme l'une des questions de santé les plus importantes à régler. C'est pourquoi l'Association canadienne pour la santé mentale est ici.
Vous avez mes notes d'allocution, je ne vais pas les lire; je vais plutôt les parcourir.
À la page 2, vous verrez le titre « Qu'est-ce que l'ACMMSM? » Créée en 1998, l'ACMMSM est une alliance d'organisations nationales de santé mentale représentant les personnes atteintes de maladie mentale, leur famille ainsi que les fournisseurs de services de santé. Le mandat de l'ACMMSM est de s'assurer que la prévention de la maladie mentale et que la promotion de la santé mentale figurent en bonne place parmi les préoccupations nationales. Nous voulons que les personnes atteintes de maladie mentale et leur famille bénéficient d'un accès approprié aux soins et au soutien. De plus, nous croyons fermement que de bonnes pratiques et la promotion de la santé mentale favorisent la santé des familles, la productivité au travail et le développement des collectivités. Une bonne stratégie en matière de santé mentale sera bénéfique pour notre société et notre économie.
Les membres de l'ACMMSM comprennent la Société canadienne d'autisme, l'Association canadienne pour la prévention du suicide, la Coalition canadienne pour la santé mentale des aînés, la Fédération canadienne des infirmières et infirmiers en santé mentale, l'Association médicale canadienne, l'Association des psychiatres du Canada, la Société canadienne de psychologie, l'Association canadienne pour la santé mentale, la Société pour les troubles de l'humeur du Canada, le Réseau national pour la santé mentale, l'Association autochtone de la santé mentale du Canada et l'Association canadienne de schizophrénie.
Notre document de base, que nous avons envoyé aux députés à au moins deux reprises, je crois, s'intitule « Appel à l'action ». Il s'agit d'un document de consensus qui invite les gouvernements à faire preuve de leadership et à mettre au point un plan national sur la maladie mentale et la santé mentale qui comporterait quatre volets : l'éducation publique, la recherche, la collecte et la présentation de données ainsi qu'un cadre pour les services et la promotion en santé mentale. La prévalence de la maladie mentale dans notre société montre clairement la nécessité de faire avancer les choses dans chacun de ces volets.
¾ (0835)
Je ne lirai pas les pages 2 à 4; je vais seulement parler de la manière de résoudre les problèmes. La solution consiste à adopter une approche stratégique globale mettant à contribution tous les paliers de gouvernement. Cette approche doit aborder la promotion de la santé mentale, la stigmatisation et la discrimination, l'absence de traitement pour les personnes atteintes d'une maladie mentale, les lacunes et les inégalités de même que la fragmentation des services offerts.
De nombreux facteurs doivent être pris en considération si l'on veut progresser. En voici quelques-uns.
Il y a un manque généralisé de connaissances chez les Canadiens au sujet de la maladie mentale et de ses symptômes. La plupart du temps, les préjugés font obstacle. Chez les personnes ayant une maladie mentale, la peur d'avoir un trouble mental continue d'être très présente.
En ce qui concerne la collectivité médicale dans son ensemble, il y a beaucoup à faire si l'on veut améliorer le transfert de connaissances et les capacités de diagnostiquer la maladie mentale et instaurer les meilleures pratiques en intervention et en prévention.
Dans le domaine de la santé mentale, il y a des lacunes dans le recrutement, les possibilités de formation et le maintien en place des professionnels de la santé compétents. Il faut davantage de psychiatres, de psychologues, de personnel infirmier en psychiatrie et de travailleurs sociaux pour combler les besoins actuels et futurs.
Les Canadiens aux prises avec une maladie mentale n'ont pas accès à tous les services de santé, contrairement à ce qu'il est stipulé dans la Loi canadienne sur la santé. Dans certaines régions du pays, il n'y a même pas de traitement ou de services spécialisés. Dans le meilleur des cas, les services médicaux, communautaires et autres services de santé ne sont pas offerts de manière équitable. Seules les personnes ayant un revenu moyen à supérieur peuvent s'offrir les services en pratique privée de certains professionnels de la santé mentale.
Il n'y a pas de lignes directrices nationales en ce qui concerne les traitements ou les services. Il n'y a pas de coordination et de dialogue entre les différents organismes des services de santé, des services sociaux et des services correctionnels, ni entre les organismes publics, les nombreux organismes de santé, les dirigeants autochtones et d'autres groupes préoccupés par la maladie mentale et la santé mentale.
Le Canada ne possède pas de système efficace de gestion et de surveillance des données. Les nombreux organismes bénévoles et communautaires qui fournissent le soutien social, l'éducation et la sensibilisation si nécessaires, de même que les services d'entraide, doivent composer avec des ressources financières et humaines très limitées.
Bien que l'ACMMSM reconnaisse que le comité ne peut pas régler tous ces problèmes, nous croyons qu'on peut faire un premier pas en promotion de la santé. La stratégie canadienne de promotion d'habitudes de vie saines devrait comporter un volet plus important sur la santé mentale.
Nous croyons également qu'on pourrait mettre au point un système de surveillance adéquat, améliorer le financement de la recherche, fournir des fonds de démarrage pour l'élaboration d'une stratégie nationale détaillée et consacrer les fonds transférés aux provinces en vertu du TCSPS aux services de santé mentale provinciaux et aux personnes qui sont aux prises avec une maladie mentale grave et persistante.
Mon temps est presque écoulé, madame la présidente. Je tiens seulement à attirer votre attention sur un autre document de la trousse. Il s'agit d'une courte lettre de Rémi Quirion, directeur scientifique de l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies, avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Comme vous le savez peut-être, je suis membre du conseil consultatif de l'Institut. M. Quirion est en Nouvelle-Orléans et s'excuse de ne pouvoir être ici aujourd'hui.
La lettre de M. Quirion parle d'elle-même. En un mot, M. Quirion, les membres de l'ACMMSM ainsi que tous les instituts de recherche en santé du Canada aimeraient vraiment obtenir plus de fonds pour la recherche. À l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies, nous aimerions vraiment recevoir pour nos projets de recherche une plus grande part du financement.
J'aimerais aborder la question financière, mais nous aimerions vraiment que ce comité recommande une hausse substantielle du financement de la recherche en santé mentale.
¾ (0840)
La présidente: Merci beaucoup.
Nous entendrons maintenant les représentants de l'Association canadienne des centres de science. Allez-y, madame.
Mme Claude Benoit (vice-présidente, Association canadienne des centres de science): Mesdames et messieurs, merci de nous accueillir aujourd'hui.
[Français]
Mesdames et messieurs, mon nom est Claude Benoit. Je suis vice-présidente de l'Association canadienne des centres de sciences. Mme Tracy Ross, notre coordonnatrice, m'accompagne.
[Traduction]
Qui sommes-nous? Nous sommes une association de 54 membres institutionnels comme les centres de sciences, les planétariums, les musées pour enfants, les musées de sciences naturelles, les centres d'interprétation de l'environnement, et de nombreux fournisseurs dans ces secteurs.
Notre mission consiste à accroître la capacité de nos membres à sensibiliser le public aux sciences et à la technologie et à lui montrer qu'il peut en bénéficier. Nos membres sont situés partout au pays, de Watson Lake, au Yukon, à Vancouver, et jusqu'à St. John's, à Terre-Neuve.
Le point commun de tous ces centres est d'offrir des occasions d'apprentissage informel en sciences et en technologie. Ce que nous appelons apprentissage informel est une activité stimulante qui comprend des ateliers pratiques, des spectacles et des programmes offerts dans un environnement accueillant et convivial. Tous nos établissements sont bilingues. Tous nos membres sont en contact étroit avec la population; ils jouissent de la confiance et de l'appui des secteurs public et privé. Nos membres sont respectés pour leur approche équilibrée et objective en matière d'éducation en sciences et en technologie.
Nos membres font partie de réseaux internationaux et contribuent à l'image d'un Canada créatif et innovateur. Bon nombre de nos membres sont également membres d'associations bien connues comme l'Association of Science-Technology Centers des États-Unis et l'ECSITE en Europe.
Notre association tout comme nos membres mettent l'accent sur l'avenir, et de ce fait complètent le travail d'autres organismes comme le nôtre mais dont la mission est orientée vers l'histoire ou l'art.
Quel est notre impact au Canada? Chaque année, 7 millions de Canadiens visitent des centres de sciences et 1,5 million d'étudiants participent à des programmes scolaires organisés par un centre de sciences.
Notre budget d'exploitation est de 150 millions de dollars par année. L'ensemble de nos actifs, nos édifices, nos expositions, nos terrains, ainsi que nos collections valent plus de 500 millions de dollars. Nous avons 2 000 employés et 4 000 bénévoles, dont 600 membres de conseils qui sont des leaders influents dans leur milieu.
Pourquoi sommes-nous ici aujourd'hui? Nous sommes ici pour aider le Canada à faire partie de l'économie globale axée sur l'innovation. Nous sommes ici pour proposer de faire un investissement en partenariat afin de mettre en valeur et reconnaître l'éducation continue. Il est particulièrement important pour notre performance en tant que pays démocratique d'améliorer les connaissances scientifiques et technologiques des Canadiens, de les intéresser aux sciences et à la technologie et de leur montrer le rôle important que les sciences et la technologie joueront dans notre avenir.
Qu'est-ce que nous proposons comme investissement? La trousse que nous vous avons remise contient une proposition détaillée, en français et en anglais.
Nous proposons d'établir un programme canadien de promotion et d'apprentissage informel des sciences, qui offrirait aux Canadiens des possibilités d'apprentissage pratique et qui améliorerait leur compréhension des sciences et de la technologie, du génie et des mathématiques; dans le cadre de ce programme, une campagne nationale de sensibilisation sur les sciences et la technologie serait menée. Nous proposons un programme sur cinq ans, de 2004 à 2009, et un investissement de 25 millions de dollars par année, soit 125 millions de dollars pour cinq ans, un engagement qui montrerait clairement la pertinence d'un tel programme et qui permettrait de le reconduire au-delà de cette période initiale.
Il est évident que 125 millions de dollars sur cinq ans, c'est un engagement important. Cependant, il nous faut suffisamment de ressources financières dans ce domaine si l'on veut réellement influer sur la prospérité économique future du Canada.
¾ (0845)
Nous proposons qu'Industrie Canada assume la direction du programme, parce que ce ministère a la responsabilité des sciences et de la technologie au gouvernement fédéral. Industrie Canada peut compter sur l'appui de notre association et d'autres organismes s'occupant de l'apprentissage informel des sciences.
Pourquoi faut-il agir maintenant? La culture de l'innovation est au coeur de la performance économique de notre pays. Il est clair que pour améliorer notre capacité d'innovation, nous devons investir davantage dans la recherche et le développement. Nous devons aussi former une main-d'oeuvre hautement qualifiée et scolarisée. Les chefs de l'industrie ont fait savoir que la pénurie de personnel hautement qualifié était l'un des plus grands obstacles à l'innovation au Canada. Il est cependant essentiel, pour atteindre et maintenir ces objectifs, que plus de personnes participent à tous les niveaux, qu'il s'agisse simplement de profiter des découvertes scientifiques ou de se lancer dans une carrière en sciences et en technologie.
Nous devons agir maintenant, car pour implanter et améliorer la culture de l'innovation, nous avons besoin de plus de professeurs en sciences et en technologie, en génie et en mathématiques. Il faut que beaucoup plus de jeunes choisissent des carrières en sciences et en technologie. Plus de Canadiens doivent prendre part à des débats publics sur le rôle et la pertinence de la recherche et du développement et éclairer nos politiques sur nos défis futurs, dont un bon nombre font intervenir des concepts scientifiques complexes.
Nous devons agir maintenant, car le Canada est l'un des rares pays industrialisés au monde à ne pas avoir de programme national pour appuyer l'apprentissage informel et la promotion des sciences. D'autres pays investissent déjà plus que nous. Aux États-Unis, la National Science Foundation investit plus de 100 millions de dollars par année pour appuyer l'apprentissage informel de la science. Au Royaume-Uni, la Millenium Commission, ainsi que d'autres organismes, investissent plus de 70 millions de dollars pour que leurs centres de sciences restent à jour.
Quels sont les avantages? Des placements spéculatifs faits par le secteur privé et d'autres paliers de gouvernement; l'appui de la population envers les investissements du gouvernement du Canada en recherche et développement; des avantages pour les professeurs de sciences et technologie qui ont besoin de programmes de formation originaux et d'outils d'apprentissage pour faire face aux changements fréquents de programmes scolaires et de stratégies d'éducation; davantage de ressources pour susciter et maintenir l'intérêt des jeunes enfants pour des carrières en sciences et en technologie; l'augmentation des connaissances informatiques et Internet; l'amélioration de l'accès pour tous les Canadiens à un apprentissage informel, pratique et interactif en sciences; et un meilleur dialogue entre les scientifiques, les ingénieurs et la collectivité.
Merci.
La présidente: Merci, madame.
Nous passons maintenant au Conseil canadien du commerce de détail.
[Français]
Mme Diane Brisebois (présidente et présidente-directrice générale, Conseil canadien du commerce de détail):
Merci, madame la présidente.
Bonjour. Le Conseil canadien du commerce de détail est heureux d'avoir l'occasion de participer aux audiences sur la consultation prébudgétaire.
¾ (0850)
[Traduction]
Merci de nous donner l'occasion de nous adresser à vous. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui avec mon collègue Peter Woolford, vice-président de l'élaboration des politiques et de la recherche de la Fondation. Nous répondrons avec plaisir à vos questions après la présentation.
Beaucoup d'entre vous connaissent le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), mais j'aimerais le présenter brièvement. Le CCCD est la voix des détaillants au Canada. Nous représentons tous les types de commerces de détail et comptons environ 9 000 membres partout au pays. Nous parlons au nom de tous les types de commerces de détail, notamment les magasins à rayons, de spécialité, à prix réduit et indépendants, ainsi que les marchands en ligne. Plus de 90 p. 100 de nos membres sont des propriétaires de magasins indépendants. À la fin de l'année, les commerces de détail auront employé plus de 2 millions de Canadiens et vendu pour 315 milliards de dollars de marchandises.
Laissez-moi vous donner un aperçu des conditions du commerce de détail et de nos projections pour l'année qui vient. En 2003, comme nous le savons, les détaillants ont fait face à des malheurs quasi bibliques—feux de forêt, inondations, maladie, sauterelles—et malgré cela, les ventes au détail ont continué à progresser modestement.
L'édition Rentrée des classes du rapport sur l'état du commerce de détail du CCCD, qui couvre une période allant du mois d'août jusqu'au début de septembre, a indiqué que les conditions du commerce à la fin de l'été avaient été légèrement inférieures aux attentes des détaillants. Cependant, comme nous le savons, les détaillants sont toujours très optimistes et avaient prévu une hausse des ventes pour le reste de l'année. Eh bien, il semble que ce soit le cas. L'Association prévoit que les ventes au détail progresseront pendant la saison des fêtes de 3,5 à 5,5 p. 100 par rapport à l'année 2002. Ce matin encore, nous avons reçu les données au sujet de l'emploi pour octobre, et le Canada a créé 65 000 emplois supplémentaires. Jusqu'ici, depuis le début de l'exercice, 164 000 emplois supplémentaires ont été créés. C'est une très bonne nouvelle pour le secteur du commerce de détail, car nous amorçons une période de ventes très importante, les fêtes.
Ces données proviennent de ce que nous savons et de personnes bien informées de l'intérieur et de l'extérieur de l'industrie. Je fais référence à la progression de 3,5 à 5,5 p. 100 que nous prévoyons. Nous faisons de nombreuses enquêtes dans le secteur et interrogeons les principaux joueurs pour nous assurer de l'exactitude de ces chiffres. Nous prévoyons que les conditions du commerce de détail vont graduellement s'améliorer tout au long de l'année 2004.
J'aimerais maintenant parler de la position du secteur du commerce de détail par rapport à certaines questions qui nous préoccupent, et qui préoccupent aussi le comité, j'en suis sûre.
Les détaillants et leurs clients ont bénéficié de politiques financières responsables de la part du gouvernement. Nous sommes cependant préoccupés par le fait que le gouvernement fédéral semble augmenter rapidement ses dépenses, une fois de plus. Nous recommandons fortement au gouvernement de poursuivre sa politique de l'équilibre budgétaire et de la réduction de la dette et des impôts, deux objectifs primordiaux.
Cette année, notre conseil stratégique porte surtout sur le programme d'assurance-emploi. Le programme a accumulé un surplus énorme, et les Canadiens croient à juste titre que ces fonds leur appartiennent. L'impact de cette fiscalité excessive sur les Canadiens est très négative. Dans notre mémoire, nous avons calculé le coût, pour chaque emploi du commerce de détail au Canada, du trop-payé. Ce coût s'établit à presque 1 400 $ par emploi et frappe durement 1,9 million d'employés du commerce de détail qui gagnent un revenu modeste.
Dans son budget de 2003-2004, M. Manley a énuméré cinq principes qui devraient guider l'élaboration des taux de prestation d'assurance-emploi. Selon nous, le système actuel n'en respecte aucun.
Nous savons que le gouvernement ferait face à un énorme problème financier s'il devait remettre le surplus à ceux qui en sont les vrais propriétaires, c'est-à-dire les employeurs et les employés. C'est pourquoi nous proposons deux options qui respecteraient les principes de M. Manley, qui garantiraient aux cotisants de ne pas être surtaxés à l'avenir et qui tiendraient compte de la situation financière du gouvernement.
Tout d'abord, nous proposons de séparer le programme d'assurance-emploi et son fonds de soutien des comptes du gouvernement et d'en confier l'administration à une entité qui serait régie par une loi du Parlement, comme le Régime de pensions du Canada. Deuxièmement, nous proposons de maintenir le programme d'assurance-emploi et son financement dans le cadre financier actuel, mais d'adopter par voie législative des garanties sur les taux pour protéger les cotisants.
Dans la première option, la nouvelle entité qui dirigerait le programme d'assurance-emploi assumerait la responsabilité de la gestion du surplus accumulé et fixerait les taux en fonction de sa situation financière, de ses prévisions de chômage et d'autres exigences du programme. Le transfert du surplus nécessiterait la négociation d'un processus de paiement sur plusieurs années.
La seconde option consisterait à fixer par la loi un maximum des taux des employés à 1,75 $ par 100 dollars de rémunération pour une période de dix ans. Compte tenu du surplus accumulé, le gouvernement financerait tous les dépassements de coûts pendant la période du gel des taux à même les recettes générales. Dans les faits, en échange du maintien du programme dans son compte et de la conservation du surplus, le gouvernement accepterait le risque de possibles dépassements de coûts pendant une période prolongée.
Notre mémoire contient deux autres recommandations au sujet du programme d'assurance-emploi. Nous appuyons la recommandation du Comité permanent du développement des ressources humaines, soit d'établir une exemption de base annuelle pour les 3 000 premiers dollars de revenus. Cette mesure améliorerait la progressivité du programme d'assurance-emploi et augmenterait le salaire net, en particulier chez les personnes à revenu modeste.
Si le programme d'assurance-emploi est inséré dans une nouvelle structure de gouvernance, comme nous l'avons suggéré dans notre première option, il faudra modifier le partage des primes à égalité entre les employeurs et les employés. Sinon, les employeurs risquent d'avoir une représentation majoritaire dans la direction du programme, ou les employés auront une représentation disproportionnée par rapport à leurs intérêts dans le programme.
En conclusion, les Canadiens ont fait de grands sacrifices pour rétablir les finances publiques du Canada. Dans le budget de l'année prochaine, nous croyons que le gouvernement doit prendre deux mesures pour que ces sacrifices n'aient pas été consentis en vain. Le gouvernement doit poursuivre sa politique d'équilibre budgétaire et de réduction de la dette et des impôts, des objectifs primordiaux. Enfin, il doit régler la question de la fiscalité excessive qui continue à accumuler un surplus dans le compte de l'assurance-emploi.
Merci beaucoup, madame la présidente.
¾ (0855)
La présidente: Merci.
Passons maintenant à l'Escarpment Biosphere Foundation. Allez-y, monsieur.
M. Robert Barnett (directeur général et président du Comité des relations gouvernementales, Ontario Land Trust Alliance, Escarpment Biosphere Foundation): Merci beaucoup, madame la présidente, mesdames et messieurs. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui.
À titre de directeur général, je vais parler au nom de nos 15 membres du conseil d'Ancaster à Gore Bay; et à titre de représentant de l'Ontario Land Trust Alliance, je vais parler au nom des 32 fiducies de Thunder Bay aux Mille-Îles. À titre officieux, je représente aussi plus de 100 fiducies foncières de tout le Canada.
Notre priorité en matière de conservation a été de protéger les terres aux abords du Parc national de la péninsule de Bruce. Jusqu'à maintenant, nous avons protégé cinq propriétés, soit 397 acres. Dans tout l'escarpement, nous aurons réussi à protéger 30 propriétés, soit environ 2 500 acres, d'ici Noël.
Deux mesures nous aident vraiment. Nous sommes heureux que le dernier budget ait autorisé les reçus fractionnés ou les ventes au rabais. Ce fut un grand pas en avant et nous vous en savons gré. Nous vous sommes également reconnaissants de la Loi sur les espèces en péril.
Nous sommes ici aujourd'hui pour suggérer de nouveaux mécanismes d'encouragement pour les propriétaires fonciers, pour renforcer les programmes existants. Nous aimerions que plus de propriétaires participent à l'initiative du gouvernement et laissent leurs terres en héritage au pays grâce à leurs fiducies foncières.
Le partenariat entre le ministère des Finances, Environnement Canada et les fiducies locales dans le cadre du Programme des dons écologiques donne de très bons résultats. C'est un modèle louable à imiter. Il s'agit donc d'une bonne nouvelle. Je suggère de légères améliorations, et non une refonte complète.
Tout d'abord, l'impôt sur les gains en capital. Cela revient chaque année, et je vais vous donner quatre raisons pour lesquelles l'impôt sur les gains en capital ne devrait pas s'appliquer aux dons de propriétés écosensibles. C'est un réel facteur de dissuasion. Les propriétaires fonciers reçoivent un reçu d'impôt de l'Ontario pour 46,4 p. 100 de la valeur de leur propriété, et devoir payer de l'impôt sur ces 46,4 p. 100 est vraiment un élément dissuasif.
En résumé, si quelqu'un fait don d'une propriété valant 100 000 $ et réalise un gain en capital de 80 p. 100—ce qui arrive souvent—il va payer entre 4 400 $ et 9 300 $ en impôts sur ce don. Le propriétaire foncier fait donc un grand sacrifice. Un contribuable à revenu élevé va donc sacrifier 37 000 $ en donnant sa propriété de 100 000 $. Il a donc intérêt à la vendre, soyons réalistes.
J'aimerais qu'on élimine l'impôt sur les gains en capital. Je crois qu'il s'agit de quelque chose d'irréaliste lorsque c'est appliqué sur les dons. Imposer les dons de terres qui sont faits à une fiducie foncière ou au gouvernement consiste réellement à imposer le don, ce qui est un drôle de concept.
L'impôt sur les gains en capital a été éliminé pour les biens meubles. Si vous possédez une oeuvre d'art, une sculpture, ou autre chose, vous pouvez la sortir du pays et la vendre—c'est très facile à faire. Dans le cas d'une propriété, c'est pour le moins difficile. Cependant, je crois que nos terres humides et nos berges sont au moins aussi importantes que des oeuvres d'art. Et puisqu'elles sont aussi importantes, nous devrions les traiter de la même manière.
Je crois qu'il s'agit d'une question d'équité. Les États-Unis n'imposent pas les dons de terres écosensibles. En fait, un citoyen américain qui possède une terre au Canada et qui en fait don à un organisme de charité américain ne paie pas d'impôt sur les gains en capital. C'est écrit dans la Loi de l'impôt sur le revenu. C'est donc une question d'équité; un Canadien qui donne la même propriété paie des impôts, mais un Américain qui donne une propriété canadienne à un organisme de charité américain n'en paie pas. Ça ne me semble pas très équitable. Je ne crois pas que nous traitions convenablement nos donateurs de bonnes terres.
Deuxièmement, les gens d'affaires qui désirent faire don d'une terre écosensible sont imposés sur le revenu et non sur le gain en capital, et c'est pourquoi ils ne font pas de dons. L'argent qu'ils obtiennent d'un côté, ils le perdent de l'autre, si bien qu'ils n'ont aucun avantage à faire un don—et ces gens possèdent beaucoup de terres.
L'un d'eux m'a dit: «Pour quelle raison je vous donnerais mes terres? Du point de vue de l'impôt, c'est plus avantageux d'acheter un nouveau camion à benne». Le système ne fonctionne donc pas pour les propriétaires de terres comme les promoteurs ou les entreprises qui oeuvrent dans le domaine foncier. J'aimerais donc que les dons de terres écosensibles soient traités comme une aliénation d'immobilisations, et non un revenu.
¿ (0900)
Troisièmement, la TPS. La TPS s'applique à certaines ventes où des gens font des affaires, mais nous devons la payer. Bien sûr, nous en récupérons la moitié, mais pour certaines terres que nous achetons, nous devons recueillir une somme d'argent importante auprès de nos donateurs pour payer les taxes du gouvernement.
La quatrième mesure que je suggère, c'est d'établir un modeste programme de subventions à l'appui de ces dons, lequel serait exécuté par Environnement Canada. Pour chaque propriété qui nous est donnée, nous dépensons entre 5 000 et 7 000 $ en frais d'évaluation, d'arpentage et d'avocat. Cela représente une très petite fraction du coût de la terre—environ 10 p. 100. Une petite subvention nous permettrait donc de protéger plus de terres. Croyez-le ou non, nous avons de la difficulté à obtenir ces sommes d'argent lors d'un don de terre important, et nous devons payer les 5 000 à 7 000 $.
Je suggère donc d'établir un modeste programme de subventions—je crois qu'il y a eu un programme de 15 000 $ en Ontario l'année dernière—ce qui nous aiderait grandement. Notre fiducie foncière a reçu de l'aide pour deux ou trois propriétés grâce à ce fonds de 15 000 $—une petite fraction du coût de la propriété.
Dans les cas où les terres sont situées près d'un parc national, d'une réserve naturelle, d'un canal ou d'un site historique, la contribution pourrait être plus importante. C'est beaucoup plus facile pour nous d'obtenir une telle terre par donation, que pour le gouvernement de l'acheter. Je suggère donc une somme d'argent très modeste—peut-être 1 million de dollars par année—à investir dans un programme de ce genre au Canada.
Voici comment ça fonctionne en Ontario: les fiducies foncières ont protégé 4 000 acres valant 4 millions de dollars en payant seulement 170 000 $ pour ces terres. C'est donc un excellent rendement de l'investissement.
Nous estimons que les quatre idées que nous vous avons présentées aujourd'hui sont en accord avec vos suggestions et vos recommandations précédentes. Il s'agit des suggestions de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie ainsi que de la Coalition du budget vert. Je ne propose donc rien de révolutionnaire.
Nous sommes heureux d'aider le Canada à atteindre ses objectifs de conservation en vertu d'engagements internationaux. Nous sommes ici pour aider, et je crois que le partenariat donne de bons résultats. Servons-nous-en pour progresser.
Merci beaucoup.
La présidente: Ça fait toujours plaisir d'entendre le témoignage de gens qui réalisent que nous les avons aidés.
Nous allons maintenant passer à l'ACTRA.
M. Richard Hardacre (président, ACTRA - Toronto Performers): Merci, madame la présidente, et merci, mesdames et messieurs les membres du comité, de nous accueillir aujourd'hui.
Je m'appelle Richard Hardacre. Je suis un acteur, et j'ai l'honneur d'être le président de l'ACTRA Toronto, qui possède environ 13 000 membres chez les professionnels du spectacle. Nous vous savons gré de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Comme vous vous en souviendrez, nos collègues, les acteurs Rick Mercer, Sonja Smits et Thor Bishopric, ont témoigné devant le comité à Ottawa le mois dernier pour parler du Fonds canadien de télévision. Nous n'allons pas reprendre leurs propos aujourd'hui, mais sachez cependant que nous sommes toujours fortement en faveur de ce fonds. Nous croyons qu'il devrait être renouvelé, refinancé et élargi.
Le Fonds joue déjà un rôle essentiel en appuyant la production d'émissions en français aux heures de grande écoute. Il jouera un rôle important dans le travail qui nous attend au Canada anglais pour récupérer nos téléspectateurs aux heures de grande écoute.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous fournir un aperçu et vous donner quelques chiffres sur ce qui est arrivé cette année aux travailleurs de l'industrie du cinéma et de la télévision à Toronto. Je vais ensuite demander au comité d'envisager de recommander un changement de politique précis qui aiderait grandement des milliers de personnes à Toronto.
J'aimerais attirer votre attention sur le tableau que nous vous avons remis tout à l'heure. Ce tableau a été élaboré par Entertainment Partners Canada en collaboration avec l'ACTRA et d'autres organisations syndicales et guildes de l'industrie. EP Canada est de loin la plus grande compagnie qui engage des salariés dans notre industrie. Les chiffres que vous voyez correspondent à près de 70 p. 100 de la production de films et d'émissions de télévision à Toronto et représentent bien la situation.
Comme vous pouvez le constater, la moyenne pour le premier trimestre de l'année montre que nous avons eu une année plus ou moins normale. Les deuxième et troisième trimestres ont connu une baisse catastrophique des emplois et des revenus dans le domaine du cinéma et de la télévision, attribuable essentiellement à la crise du SRAS. Dans l'ensemble et jusqu'à présent, il y a eu une diminution de 43 p. 100 des emplois et de 33 p. 100 des revenus chez les acteurs.
Cette situation est vécue par tous les travailleurs de l'industrie. Comme vous pouvez le voir au bas du tableau, toutes les catégories de travailleurs de l'industrie du cinéma et de la télévision subissent une baisse désastreuse d'emplois et de revenus. C'est notre pain quotidien.
Je laisse maintenant la parole à mon collègue Brian Topp, qui va expliquer ces chiffres et présenter au comité des pistes de solution pour aider à régler la situation.
Merci.
¿ (0905)
M. Brian Topp (directeur général, ACTRA - Toronto Performers): Merci, madame la présidente.
Dans son exposé, Mme Diane Brisebois du Conseil canadien du commerce de détail a parlé des fléaux bibliques et je dois dire que nous sommes tout à fait sur la même longueur d'onde qu'elle sur cette question. Nous avons eu un avant-goût des fléaux bibliques à Toronto cette année, vous savez, entre le SRAS et la panne d'électricité, et les échos lointains, que le vice-président connaît certainement, de la maladie de la vache folle. Cette ville a été frappée durement cette année.
Ce taux de croissance de 3,5 p. 100 que j'ai entendu citer suscite chez moi beaucoup d'envie. Comme vous pouvez le voir dans le tableau que nous venons juste de regarder, nos gens ont encaissé jusqu'ici une baisse de revenus de l'ordre de 40 p. 100.
Les coûts humains de ce genre de situation dans une ville comme la nôtre sont assez sérieux. Beaucoup de gens dans notre industrie, dans cette ville, ont dû vendre leur maison cette année et beaucoup d'entre eux ont dû quitter la ville. Et ensuite, beaucoup trop de nos artistes ont dû recourir à la seule forme d'assurance-emploi qui leur est accessible, c'est-à-dire qu'ils ont retiré leurs REER. Vous savez tous ce que cela signifie, tant à court qu'à long terme, pour les gens et pour leur avenir financier.
Madame la présidente, l'industrie du cinéma et de la télévision ici à Toronto a fait, je crois, des choses assez remarquables pour réagir à cette situation, en commençant par ne pas paniquer, malgré la forte tentation qu'il y avait de le faire. Pour la première fois, l'industrie s'est réunie au sein d'un groupe, un groupe professionnel appelé Film Ontario, dans lequel les gens de l'industrie, les gens des syndicats, les gens du côté de la production, ont réuni des sommes assez importantes pour travailler ensemble, fondamentalement comme un consortium de marketing, pour essayer de rebâtir leur entreprise, et l'industrie a répondu à l'appel.
La ville de Toronto a répondu en jetant un regard très critique sur le rôle central qu'elle joue dans notre entreprise. Les élus ont discuté de la façon de rendre plus facile la réalisation de productions à Toronto, de régler les questions touchant les lieux de tournage, qui sont des questions intéressantes et complexes et qu'il est nécessaire de régler.
Notre espoir, c'est que la province réponde également. Il y a un nouveau gouvernement en Ontario et il a eu des choses à dire au sujet de l'industrie du cinéma et de la télévision en Ontario—une industrie de 1,2 milliard de dollars, devrait-on souligner. Le nouveau gouvernement a reconnu que la compétitivité du crédit d'impôt provincial doit être réévaluée et nous avons confiance que dans les mois à venir, il fera quelque chose.
Ainsi, nous sommes ici aujourd'hui pour parler de la façon dont le gouvernement fédéral pourrait répondre. Je pense que c'est autour du thème de la reconnaissance du travail bien fait. Je pense que nous avons besoin de commencer en disant que le gouvernement fédéral est un partenaire très important dans l'industrie du cinéma et de la télévision. Plus particulièrement, le Fonds canadien de télévision est une contribution extraordinaire du gouvernement fédéral à notre industrie, pour laquelle nous sommes très reconnaissants.
Nous voulons attirer votre attention sur une question touchant le Fonds canadien de télévision et qui mérite d'être examinée par quiconque est sensible aux questions qui touchent l'Ontario, et plus particulièrement la grande région métropolitaine de Toronto, après cette année difficile.
Si vous regardez la deuxième page de ce document que nous avons distribué, nous vous donnons un extrait des lignes directrices que le gouvernement fédéral utilise pour administrer ce Fonds canadien de télévision qui revête une importance capitale. Ce que vous allez y voir—pour aller directement au but—c'est que le gouvernement fédéral paie les producteurs pour ne pas produire à Toronto. Cela se fait par l'intermédiaire d'une politique appelée prime régionale. Vous pouvez voir les productions de Toronto et de Montréal et ce que ce fonds est prêt à faire pour ce qu'on appelle les «productions régionales»—en d'autres mots, au Canada anglais, presque n'importe quelle production qui n'est pas produite à Toronto. Essentiellement, par ces politiques, le gouvernement fédéral vous paie pour ne pas produire ici.
Il y a eu un temps où les gens de l'industrie à Toronto étaient prêts à fermer les yeux sur cette politique. Dans les années 90, cette industrie a connu une croissance assez considérable, et les gens étaient occupés et, noblesse oblige, nous n'avons pas fait de cette question un cheval de bataille. Mais maintenant, si nous n'avions pas eu à faire face aux fléaux bibliques, nous en serions à notre troisième année consécutive sans croissance. Les fléaux bibliques ont vraiment fait mal à notre industrie. Je dois vous dire que cette politique consistant à payer les gens pour ne pas produire dans cette ville devient de plus en plus intolérable.
Les productions étrangères, qui représentent 60 p. 100 de l'activité à Toronto, ont été les plus sensibles aux chocs qui ont secoué la ville. Les producteurs canadiens sont ceux qui ont tendance à rester dans des situations comme celles-là, mais il est regrettable que nous ayons cette politique qui, fondamentalement, paie les gens pour aller ailleurs.
Ce que nous voulons faire valoir, c'est que cette année très difficile pour la région métropolitaine de Toronto, pour la ville de Toronto, fournit au gouvernement fédéral l'occasion de revoir cette politique. Nous attirons votre attention sur cette dernière, et nous vous demandons si oui ou non, il est vraiment sensé d'essayer de démanteler une grappe industrielle qui connaît du succès pour l'éparpiller un peu partout au pays.
¿ (0910)
Nous pensons qu'il est insensé de le faire et que les circonstances de cette année vous fournissent une excellente occasion de prendre cette question en considération et de recommander au gouvernement fédéral d'égaliser, fondamentalement, les règles du jeu pour tous les intervenants de cette industrie en éliminant une politique régionale qui est grossièrement discriminatoire à l'égard de cette ville.
C'est là le point que nous voulons faire valoir, madame la présidente; merci beaucoup de votre temps.
La présidente: Je veux qu'il figure au compte rendu que j'ai perdu une production à London, Ontario, qui aurait probablement pu profiter de cette situation. Peut-être pourriez-vous nous donner une idée du point de vue quantitatif. Combien de fois utilise-t-on cette politique? Est-ce que Toronto perd beaucoup à cause d'elle? À quelle fréquence se fait la sélection?
M. Brian Topp: Pour pouvoir répondre vraiment à votre question, nous devrons attendre la publication du rapport du FCT de cette année. Toutefois, si nous regardons du côté où il y a eu beaucoup de discussions récemment, à savoir la production des dramatiques, parce que la ville de Vancouver, qui est un centre de production aussi importante que Toronto et qui est considérée comme une « région » en vertu de cette politique, il y a eu beaucoup de pression qui s'exerce pour que les joyaux de la production, c'est-à-dire la production télévisée, quittent Toronto pour aller à Vancouver. Alors, si vous regardez le très petit nombre de dramatiques de 60 minutes qui sont produites, Da Vinci's Inquest, Cold Squad et ainsi de suite, elles sont tournées à Vancouver.
La présidente: Je ne veux pas perdre beaucoup de temps ici, mais je dois dire, en toute justice, que la raison pour laquelle ma ville a perdu cette production, ce n'était pas à cause de cette politique, mais à cause des réductions budgétaires au niveau de la télévision.
M. Brian Topp: Eh bien voilà.
La présidente: Merci de votre exposé.
Nous allons maintenant donner la parole à Campagne 2000. Allez-y, madame.
Mme Laurel Rothman (coordonnatrice nationale, Campagne 2000): Bonjour. Merci de l'occasion que vous me donnez de prendre la parole.
Juste pour informer les gens, nous sommes une coalition nationale de plus de 90 organismes qui a pour mission de surveiller la résolution adoptée par tous les partis en 1989 visant à mettre un terme à la pauvreté des enfants au Canada. Nous sommes un organisme tentaculaire et très diversifié. Il n'y a pas beaucoup de tables autour desquelles nous retrouvons des psychiatres, des travailleurs de l'automobile, des gens de diverses confessions religieuses, des groupes de femmes, des groupes de travailleurs de la santé, des gens qui se préoccupent de logement, des conseils locaux de planification sociale, des parents et des personnes à faible revenu. Il s'agit en grande partie d'une table virtuelle ces jours-ci, mais nous sommes solidaires.
Nous sommes ici pour vous communiquer le plus court des messages: continuez le mouvement et bâtissez sur les réalisations. Nous devons aller au-delà du statu quo. Nous allons continuer de vous inviter instamment à adopter un plan d'investissement social multiannuel et complet afin de réduire et, nous l'espérons un jour, d'éliminer pratiquement la pauvreté des enfants et des familles au Canada. Cela comprendra des mesures de soutien du revenu, y compris des prestations pour enfants améliorées et un transfert social canadien qui se caractérise par une responsabilisation complète; des services d'éducation et de garderie de la petite enfance, du logement abordable, y compris du logement social pour nos personnes les plus vulnérables; et, élément très important, des initiatives de formation liée au marché du travail.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes très heureux de certains des progrès réalisés, aussi graduels soient-ils, dans la réduction des taux de pauvreté des enfants et des familles auxquels les politiques fédérales et provinciales ont contribué. Nous venons tout juste de recevoir les chiffres pour 2001 et ces derniers indiquent que le taux a encore diminué. Toutefois, il n'est pas encore temps de crier victoire, mais des baisses lentes sur des périodes de cinq ans sont importantes. Le taux actuel est d'environ 15,6 p. 100. Cela n'est pas indiqué dans le mémoire.
Malheureusement, le Canada se classe toujours 15e parmi les 19 pays les plus riches du monde, d'après l'Étude des revenus du Luxembourg, pour ce qui est de la proportion des enfants qui vivent dans des familles à faible revenu. Nous sommes toujours bloqués à un enfant sur six. En 1989, c'était mieux, puisqu'il s'agissait d'un enfant sur sept. Il est nécessaire que je présente cette question dans le contexte de notre population. Comme à l'heure actuelle, environ 80 p. 100 de notre population vit dans les régions urbaines, la pauvreté des enfants et des familles fait certainement l'objet d'une concentration importante, mais elle ne touche pas uniquement les régions urbaines. Nous savons qu'un enfant autochtone sur deux, qu'il vive dans une réserve ou hors réserve, vient d'une famille à faible revenu.
Les familles d'immigrants récents ne réussissent pas aussi bien—par récent, nous entendons les immigrants des années 90, lorsqu'on examine les données de recensement 1991-1996. Nous n'avons pas encore les données détaillées du recensement de 2001. Ce que nous appelons les immigrants récents—leurs familles—ne réussissent pas aussi bien que dans les décennies antérieures. Nous connaissons certains des problèmes. Je sais que vous allez entendre la Maytree Foundation sur la question de l'accès à des emplois décents pour les travailleurs formés à l'étranger.
À Toronto seulement, 45 p. 100 des enfants issus des communautés afro-canadiennes vivent dans la pauvreté. C'est très, très élevé. Nous ne voyons pas encore d'amélioration à ce chapitre. Maintenant, je sais que la situation est quelque peu différente dans différentes parties du pays. Évidemment, les enfants ayant une incapacité restent encore plus susceptibles de vivre dans la pauvreté.
Je veux parler un peu du marché du travail. Comme vous le savez, nous avons toujours parlé de politique publique. Nous voulons mettre l'accent cette année sur nos préoccupations face à la faiblesse du marché du travail pour ce qui est d'aider les familles à s'arracher à la pauvreté ou à les empêcher de tomber dans la pauvreté.
Voici quelques faits. Comme je l'ai dit, il y a un nombre croissant d'enfants appartenant à des familles à faible revenu dont les parents sont effectivement sur le marché du travail. Je pense que c'est un mythe que de dire que c'est faux. Les données récentes montrent qu'un Canadien sur quatre reçoit un faible salaire, c'est-à-dire inférieur à 10 $ l'heure. Et les femmes sont plus susceptibles de se retrouver avec un faible salaire.
Au cours de nos années de rétablissement économique, 1997-2000, les emplois à temps plein ont augmenté d'environ 8 p. 100, alors que les emplois à temps partiel ont augmenté de 21 p. 100. Nous savons que ce sont là souvent les emplois que les familles à faible revenu obtiennent lorsqu'elles quittent l'aide sociale ou qu'elles occupent pendant qu'elles reçoivent de l'aide sociale et le cycle se perpétue.
¿ (0915)
Un grand nombre de ces travailleurs, en particulier les femmes, ne sont plus admissibles à l'assurance-emploi. Depuis 2001, seulement 35 p. 100 des travailleurs qui n'ont pas d'emploi obtiennent des prestations d'assurance-emploi—le pourcentage est légèrement inférieur dans le cas des femmes—et le groupe de femmes le plus nombreux à ne pas être admissible à l'assurance-emploi est constitué des femmes plus jeunes, âgées de 25 à 44 ans, qui effectivement, sont celles qui sont le plus susceptibles d'avoir de jeunes enfants.
Nous proposons de consolider la Prestation fiscale canadienne pour enfants et le Programme de la Prestation nationale pour enfants et de passer à l'étape suivante. Nous avons besoin de progresser par rapport à ce que M. Martin avait en fait qualifié de phase un en 1997 lorsque le programme a été annoncé. Nous allons au maximum de 4 400 $ par année pour le premier enfant. Nous sommes heureux de l'annonce qui a été faite au cours du dernier budget, à savoir que la prestation pour enfants s'élèvera à environ 3 200 $, mais nous savons quel est l'écart entre un faible salaire et le seuil de pauvreté.
Nous voulons également vous dire que nous étions très heureux de voir l'engagement de revoir—comment mieux le dire?—l'intégration et les synergies entre les prestations pour enfants à un certain niveau et l'entente avec les provinces concernant le réinvestissement des fonds. Nous pensons que cela permettra à un plus grand nombre de provinces d'éviter de récupérer les prestations pour enfants des familles qui reçoivent de l'aide sociale. Mais nous sommes très inquiets; nous aimerions voir un processus dans lequel le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires ainsi que la communauté non gouvernementale peuvent participer—un processus qui est transparent et dans lequel il y a une tribune pour s'assurer que ces réinvestissements, ou ces fonds récupérés, ne sont pas perdus. En d'autres mots, il faut une augmentation nette des sommes consacrées aux enfants et aux familles dans ce pays.
En ce qui concerne les services d'éducation et de garderie de la petite enfance, nous avons été très heureux de voir une mention historique dans le dernier budget concernant les garderies, mais extrêmement déçus, comme nous l'avons dit à M. Manley, du très peu d'argent qui a été consacré à cette question pour les deux premières années. Je suppose que nous sommes ici pour vous dire qu'il est nécessaire d'augmenter ces sommes cette année.
M. Manley a annoncé des dispositions spéciales pour la santé, je crois, en provenance du fonds de réserve, pour une première fois seulement, si je comprends bien l'annonce. Nous voulons que vous envisagiez la même chose pour les investissements sociaux.
En effet, l'an dernier, le caucus du Parti libéral sur la politique sociale, je pense, a rédigé un document dans lequel on faisait des projections des dépenses en matière de garderie sur une période de quatre ans, en commençant la première année par une somme de 1 milliard de dollars, cette somme allant en augmentant. Nous vous invitons à examiner cette question et à étudier l'ampleur de l'investissement.
Je suis probablement en train de dépasser le temps qui m'est accordé, mais vous vous souvenez sans doute qu'il y a une étude intéressante qui a été réalisée par deux économistes de l'Université de Toronto et qui montrent que pour chaque dollar investi dans des garderies réglementées de haute qualité, on récolte des avantages qui s'élèvent à 2 $. Il s'agit là d'une étude canadienne portant sur des données canadiennes, et non pas américaines, et elle examine un système qui offre un accès universel. Ainsi, cela fait partie d'un programme d'apprentissage à vie et d'investissement social étendu.
Et de plus, nous ne voulons pas passer sous silence la question du logement. Construisez sur vos initiatives antérieures. Nous sommes particulièrement préoccupés du fait qu'un financement accru assurera le ciblage des familles qui ont un besoin réel. De nombreuses provinces ne définissent pas le mot «besoin» dans un sens suffisamment large pour inclure le revenu le plus faible, et par conséquent, ne se préoccupent pas de construire de nouveaux logements sociaux pour les plus vulnérables.
Je pense que je vais m'arrêter ici.
¿ (0920)
La présidente: Merci beaucoup.
Avez-vous donné la référence bibliographique de cette étude canadienne dans votre mémoire?
Mme Laurel Rothman: Non, mais je peux vous la donner, ou Martha Friendly, qui fera partie du prochain groupe, pourrait le faire.
La présidente: Pourriez-vous vous assurer que l'attaché de recherche ait les coordonnées, parce que je n'ai pas lu cette étude.
Mme Laurel Rothman: Oui.
La présidente: Non pas que je doute de son existence. Je sais que c'est vrai.
Mme Laurel Rothman: Non, c'est utile.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous étions heureux du fait que l'an dernier, un rapport du comité des finances recommandait pour la première fois un système de garderie. Je suis heureuse que le gouvernement ait décidé d'y donner suite.
Nous allons passer aux questions et vous aurez droit, tous les cinq, à six minutes et nous allons commencer par mon collègue et ami, de l'opposition, M. Solberg.
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne): Merci beaucoup, madame la présidente.
Il n'y a pas beaucoup de temps; je vais donc tenter de poser autant de questions que je peux le faire. Je vais vous prier, amicalement, d'aller droit au but, parce que le temps file très rapidement.
Je vais commencer par les représentants de l'Association canadienne des centres de science. Avez-vous des données qui indiqueraient que dans les écoles et les universités situées dans les régions où il existe des centres de science, il y a plus de gens qui veulent entreprendre une carrière en science? De toute évidence, si c'est le cas, vous avez alors un argument de poids en faveur des centres de science. Avez-vous des données à cet effet?
Mme Claude Benoit: Il y a certaines données dans chacune des provinces. Au Québec, trop peu d'étudiants entreprennent des études en science à des niveaux supérieurs pour que nous soyons en mesure d'être compétitifs en matière d'innovation et partout au Canada, il y a cette demande croissante pour des fonds en science et en technologie, en recherche et développement. Mais il n'y a pas suffisamment d'argent pour cela et il n'y a pas suffisamment de gens pour prendre la relève, pour remplacer les scientifiques et les professeurs de science dans les universités et les collèges ainsi que dans les écoles primaires et secondaires.
Nous pourrions vous faire parvenir ces chiffres.
M. Monte Solberg: Merci.
En ce qui concerne le Conseil canadien du commerce de détail, je suis intéressé par votre idée de séparer le fonds de l'assurance-emploi. Je pense que cela est très sensé et que beaucoup de Canadiens seraient d'accord avec cette idée. Je me demande si vous avez une idée si les travailleurs seraient intéressés à donner suite à cette idée. Elle a beaucoup de mérite, évidemment, et à l'heure actuelle, les travailleurs sont probablement aussi mécontents que les employeurs. Mais je me demande, avez-vous parlé à un syndicat, par exemple?
La présidente: Monsieur Woolford.
M. Peter Woolford (vice-président, Développement des politiques et recherche, Conseil canadien du commerce de détail): Merci, madame la présidente.
Lorsque nous avons participé aux consultations avec le ministère des Finances, il y avait des représentants du Congrès du travail du Canada et ces derniers pensaient en partie en ce sens. Le CTC a demandé des dépenses additionnelles dans le cadre du programme d'assurance-emploi, particulièrement dans le domaine de la formation, alors il est évident que leur première priorité face au surplus, c'est de le dépenser.
Cependant, le mouvement syndical a prétendu pendant des années que le gouvernement devrait prendre une part de responsabilité, au plan fiscal, lorsque l'économie se porte mal. Cela serait une façon pour le gouvernement d'accepter une part de cette responsabilité, en prenant à son compte tout dépassement dans le programme pendant environ 10 ans.
Alors, notre proposition répond à au moins certaines des préoccupations du monde syndical, mais comme je l'ai dit, dans la ronde de discussion actuelle, ces gens ont demandé plus de dépenses.
¿ (0925)
M. Monte Solberg: Monsieur Barnett, je parle en mon nom personnel, et non au nom du comité dans son ensemble, lorsque je dis que j'appuie certainement l'approche visant à éliminer ce qui correspond fondamentalement à un impôt sur les dons, comme vous dites. Mais ma question est la suivante : avez-vous une idée—de toute évidence, vous avez parlé à beaucoup de gens—de l'impact que cela aurait? Y a-t-il des gens qui vous disent que si vous vous débarrassez de cet impôt sur les dons, ils vont certainement commencer à vous céder plus de terres? Est-ce que la liste est longue, une centaine de personnes ou cinq?
M. Robert Barnett: Je peux parler de ma propre expérience. Nous avons créé environ 15 nouvelles réserves naturelles chaque année et il y a des gens pour qui un reçu d'impôt arrive comme une grosse surprise; ils voulaient simplement protéger leurs terres. Mais une très grande partie des gens ne feront pas de don à moins d'obtenir une valeur substantielle.
Règle générale, je dirais que la moitié et plus de nos dons proviennent de la catégorie de personnes qui s'intéressent assez à l'argent, alors il est difficile de catégoriser, mais même une petite aide comme celle-là permettrait vraiment de faire de grands pas. Lorsque la réduction dans les gains en capital est passée de 75 p. 100 à 50 p. 100, je ne sais plus quelle année c'était—1997—cela a constitué un changement énorme et, à mon avis, cette mesure aurait un effet semblable.
M. Monte Solberg: Madame Rothman, nous avons eu droit l'autre jour à un exposé de St. Christopher House au sujet de cette idée qu'ils ont eu de créer un régime enregistré d'épargne pour le développement. Vous connaissez cette idée. Quelles sont vos vues à ce sujet?
Mme Laurel Rothman: Je pense qu'il s'agit d'une addition intéressante à la gamme des services d'aide destinés aux familles à faible revenu. En fait, je travaille à la Family Service Association ici à Toronto et je participe à une initiative avec St. Christopher House. Il s'agit d'un projet de recherche et de démonstration financé par DRHC appelé « $avoir en banque» qui est un programme d'épargne soutenu par le gouvernement destiné aux personnes qui veulent de la formation, alors nous avons un peu d'expérience dans ce domaine.
À vrai dire, ma préoccupation à cet égard, c'est qu'il faudrait indiquer clairement que la stratégie pour aider les gens à faible revenu à se bâtir des actifs ne viendra pas remplacer le soutien du revenu dont les gens ont besoin selon leur vulnérabilité.
La présidente: Vous avez 30 secondes.
M. Monte Solberg: J'ai une question très rapide pour les gens de l'ACTRA. Je sais que vous avez parlé du Fonds canadien de télévision et que c'est votre intérêt primordial, mais je suis curieux de connaître les répercussions de l'appréciation du dollar sur votre industrie. Est-ce que cela fait fuir les productions dans une grande mesure? Le dollar a augmenté si rapidement. Est-ce que des projets prévus auront toujours lieu?
M. Brian Topp: Merci de cette question.
Il y a eu une augmentation de prix de 20 p. 100 en six mois, ce qui, comme vous l'avez dit, représente un défi considérable. Notre groupe de marketing, Film Ontario, auquel j'ai fait allusion, vient juste de terminer une série de rencontres avec tous les grands studios de Los Angeles. Nous étions là il y a deux semaines et nous avons demandé aux responsables de chacun d'entre eux ce qu'ils pensaient de cette question, pour des raisons évidentes. Fondamentalement, notre question était, quel était le point de virage? À quel moment les raisons économiques vont-elles vous chasser du pays?
Le point qui nous favorise, c'est que le dollar américain a perdu de la valeur par rapport à toutes les grandes monnaies étrangères en même temps. Nous n'avons pas la situation comme celle qui existait avant dans laquelle l'Australie, les pays d'Europe de l'Est et l'Afrique du Sud devenaient tous plus concurrentiels. Tout le monde a vu sa situation se dégrader en même temps.
Ce qu'ils ont répondu, essentiellement, c'est que nous perdions une partie d'une bonne chose. Les raisons économiques pour venir au Canada étaient extraordinaires; aujourd'hui, elles sont simplement très bonnes. Le point de virage est davantage dans les 80 ¢ que dans les 70 ¢; ils comprennent que si notre dollar monte à 80, 82 ou 85 ¢, il y aura une crise. C'est bien malheureux.
M. Monte Solberg: Merci.
La présidente: Je veux enchaîner sur cette question. Quel sera l'impact des propos du nouveau gouverneur de la Californie sur l'industrie canadienne?
M. Brian Topp: L'effet Arnold.
La présidente: Oui.
Des voix: Oh, oh!
¿ (0930)
La présidente: Je n'utilise pas les noms, mais vous pouvez le faire.
M. Brian Topp: Je pense toujours qu'il reviendra à la charge.
Comme n'importe quel gouverneur américain, Arnold—M. Schwarzenegger—a l'occasion de donner le ton sur cette question en Californie. Maintenant, toute cette campagne sur la production qui s'échappe a tourné court parce que les choses vont assez bien à Los Angeles. Ils sont très occupés et les choses vont bien, alors la campagne a tout simplement perdu son élan. Je pense que le fait d'envoyer M. Schwarzenegger à Sacramento a eu pour effet de ramener cette question sur le tapis.
Mais M. Schwarzenegger ne peut pas faire grand-chose à ce sujet, à court terme, autrement que de donner le ton. Et la raison, c'est qu'en bout de ligne, comme il nous l'a expliqué très explicitement si souvent, l'industrie du cinéma et de la télévision est une entreprise qui est fortement axée sur le bilan, qui est très sensible aux coûts et au budget. Le moyen par lequel le gouvernement de la Californie peut parler à ses entreprises de cinéma et de télévision, c'est fondamentalement par le biais des mesures budgétaires. Or, il affiche un déficit de 38 milliards de dollars U.S. et il vient de réduire le budget de sa commission cinématographique de 90 p. 100, alors les chances que cet État apporte un gros changement fiscal sont minces.
M. Schwarzenegger s'est présenté devant le Congrès américain à Washington récemment, où il a parlé d'un changement fiscal qui pourrait être important. Vous vous souvenez qu'il y a un débat en cours au sujet des modalités de financement des exportations et que le Congrès étudie un projet de loi à l'heure actuelle. Les lobbyistes de l'industrie ont défini une mesure fiscale qui pourrait être importante. Il était là. Il pourrait être en mesure de faire une différence, mais la plupart des gens s'entendent pour dire qu'il n'aura pas d'influence réelle. C'est le dollar qui définira l'avenir de cette partie de notre industrie.
La présidente: Merci beaucoup de cette clarification.
Nous allons maintenant donner la parole à M. Wilfert pendant six minutes.
M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.): Merci, madame la présidente.
Monsieur Barnett, à titre de député de la circonscription d'Oak Ridges et de membre du conseil pendant 12 ans, la moraine, c'est quelque chose que je connais très bien depuis un certain temps. Le gouvernement fédéral a mis de côté 7 500 hectares de terre, de nos terres, et, naturellement, l'idée d'une absence de développement à perpétuité sur ces terres a été bien accueillie. J'ai parlé à de nombreux promoteurs immobiliers des questions que vous avez soulevées, et que j'appuie beaucoup.
En tant que secrétaire parlementaire du ministre des Finances, j'aimerais savoir combien, d'après vous, coûteront ces changements, parce que cela aura évidemment un effet. Je ne sais pas si vous avez été en mesure de faire l'analyse des quatre, mais je crois très certainement que la question des dons en est une que les promoteurs immobiliers aimeraient connaître avant de décider de ce qu'ils vont faire avec leur propriété.
La présidente: Monsieur Barnett.
M. Robert Barnett: Merci, monsieur Wilfert. Il s'agit d'une bonne question.
Je fais également partie du conseil du Oak Ridges Moraine Land Trust.
M. Bryon Wilfert: Je sais.
M. Robert Barnett: Mon impression, c'est que cela n'aura pas d'effet important. Si les promoteurs ont des propriétés, c'est surtout pour les développer, mais il y a des cas où on peut les persuader de renoncer à leur propriété. Je pense qu'il s'agira d'une petite fraction, de la même manière que le Programme des dons écologiques au Canada ne représente pas grand-chose. Je pense que le degré de participation des promoteurs sera encore plus faible, mais je pense qu'ils peuvent placer certaines terres très importantes à proximité des zones peuplées dans le domaine quasi-public où les gens peuvent en tirer un plus grand profit. Alors, je pense que c'est une petite somme, mais une partie très importante.
M. Bryon Wilfert: L'autre possibilité, c'est que le public demande aux gouvernements d'acquérir des terres et, franchement, ce n'est pas quelque chose qui est prévu.
M. Robert Barnett: Ce n'est pas possible. Nous avons vu M. McGuinty avoir des problèmes avec cette question au cours des dernières semaines.
M. Bryon Wilfert: Aux gens de l' ACTRA, je donnerais mon appuie à l'élimination de la politique concernant les productions régionales. Je pense qu'elle est hautement discriminatoire et quelle qu'ait été la justification utilisée dans les années 90, nous sommes censés être au Canada ici. Je dirais qu'il y a certains avantages à aller dans certaines parties du pays, mais un de ces facteurs ne devrait pas être que les règles du jeu ne sont pas égales.
J'appuie le Fonds canadien de télévision. Cependant, à mon avis, le Comité du patrimoine canadien a fait de la politique lorsqu'il a dénoncé les réductions budgétaires. Il n'y a pas eu de réductions. La réalité, c'est que le fonds aurait cessé d'exister à la fin de mars si le ministre n'avait pas décidé de le prolonger pendant deux ans. Je le sais, parce qu'à titre de secrétaire parlementaire, j'ai été mêlé de près à cette question. Il devait y avoir de l'argent du gouvernement pour le câble et d'autres secteurs que nous financions et ensuite, le fonds était censé diminuer au fur et à mesure que d'autres fonds prenaient la relève. Pour une raison quelconque, cela n'est pas arrivé.
Si vous voulez une formule tout à fait différente pour constituer le Fonds canadien de télévision, et je suppose que c'est le cas, puisque vous réclamez 120 millions de dollars par année, cela ne me pose aucune difficulté. Mais je n'ai pas aimé le petit jeu politique, particulièrement du ministère du Patrimoine, et cela avait probablement à voir avec des choses sur lesquelles nous n'avons pas de prise, comme vous le savez peut-être. Mais je suis certainement d'accord avec cela.
Auriez-vous des observations à ce sujet?
¿ (0935)
M. Brian Topp: J'ai un bref commentaire.
Je vous remercie de ces observations. Je pense que vous êtes allé au coeur du problème, à savoir qu'il est insensé de vouloir démanteler une grappe industrielle. Vous vous rappellerez sans doute, et le comité s'en souvient sûrement, que dans les années 70, le gouvernement fédéral a poursuivi une politique à peu près semblable dans le cas des services financiers. Cela n'était pas plus sensé à l'époque que ce l'est maintenant pour l'industrie du cinéma et de la télévision. Cette politique est en train de détruire le succès. Vous ne le feriez avec l'industrie pharmaceutique à Montréal et je vous dirais que l'industrie du cinéma et de la télévision à Toronto n'est pas une cible juste.
En ce qui concerne le fonds, je suis au courant de la question que vous avez soulevée, quelle était l'entente initiale, et je pense que vous avez bien illustré la façon dont le ministère des Finances a vu la chose. Je veux dire qu'en fin de compte, le Fonds canadien de télévision est devenu un capital de déclenchement déterminant pour la production interne. Lorsque vous examinez les pressions concurrentielles qui s'exercent sur cette industrie canadienne anglaise et les questions qui entourent la capitalisation des spectacles, le fonds est devenu ce que j'ai dit dans mon exposé, une contribution vraiment importante du gouvernement fédéral, avec la conséquence que nous avons tous été touchés lorsqu'il a été question de le faire disparaître graduellement.
M. Bryon Wilfert: L'appui du gouvernement pour la Société Radio-Canada et d'autres choses démontre indubitablement qu'il y a quelque chose de plus vaste ici.
M. Brian Topp: Effectivement.
M. Bryon Wilfert: Il s'avère que Colin Mochrie est le cousin de mon épouse, alors je dois vous dire qu'il m'arrive d'en entendre parler à l'occasion. À mes yeux, ils examinent une question isolée, plutôt que de voir l'ensemble. Si c'est une question de 120 millions de dollars par année, je pense qu'il s'agit d'un fonds très important. Allons-y.
M. Brian Topp: Mais c'est ce que nous disons dans notre mémoire. Parlons juste de ce que nous essayons de faire avec cela.
Lorsqu'ils sont venus vous parler à Ottawa, nos collègues ont parlé de la douloureuse nécessité de reprendre le contrôle des heures de grande écoute. Regardez quelles sont les 10 émissions les plus regardées en Australie—elles sont locales; en Grande-Bretagne, elles sont locales. En Allemagne, en Espagne, dans tous les grands pays industrialisés, y compris, en passant, dans notre pays, au Québec, on a repris possession des heures de grande écoute. C'est un travail qu'il nous reste à faire.
Je pense qu'il est juste que le gouvernement dise que nous voulons suivre Charles Dalfen du CRTC et accepter cette tâche, et que nous allons mesurer en fonction des résultats. C'est un bon défi pour l'industrie. Mais un investissement relativement faible dans ce fonds et une évolution utile dans la façon dont le CRTC réglemente l'industrie pourraient fonctionner.
M. Bryon Wilfert: Je vois très bien la valeur que nous recevons en retour de cet investissement, absolument.
Pour ce qui est du Conseil canadien du commerce de détail, j'étais heureux de voir que vous avez participé à la révision de l'assurance-emploi demandée par le ministre. Il est très engagé à l'égard de ce nouveau taux pour 2005. En ce qui concerne la création d'un compte séparé, le Parlement peut certainement faire ces changements, je suppose, bien que, comme vous le savez, en 1987, le vérificateur général ait dit que vous ne pouviez avoir un fonds séparé; par conséquent, il n'y a pas de fonds séparé et il n'y a pas de somme de 45 milliards de dollars qui flotte dans l'air. Il n'y en a jamais eu. Oui, c'est dans les recettes générales.
Mme Diane Brisebois: Je suppose qu'on pourrait en débattre, mais nous ne le ferons pas.
M. Bryon Wilfert: Non, nous ne le ferons pas. Mais je vous dirais que vous et moi appuyons un processus ouvert et d'une grande transparence, à la fois pour les employés et pour les employeurs. Je pense que c'est important.
Et j'appuie les exemptions de base annuelles, juste pour que ce soit dans le compte rendu.
Aux gens de Campagne 2000, j'ai été heureux de vos observations concernant la prestation fiscale canadienne pour enfants, que j'estime très importante. Nous avons certainement fait beaucoup de choses avec cette mesure.
Sur la question du transfert social canadien, je pense qu'encore une fois, je séparerais tout de manière qu'il y ait une plus grande responsabilisation. Nous avons beaucoup de difficulté avec les provinces, particulièrement en ce qui concerne le logement social, alors, pour moi, la réponse, ce n'est pas d'investir plus d'argent tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas obtenu une plus grande responsabilisation des provinces. Avec l'Ontario, ce fut un désastre. En Nouvelle-Écosse, si je comprends bien, nous parlons de seulement 15 unités d'habitation.
Alors, j'espère que la pression que vous nous demandez d'appliquer sur le gouvernement du Canada s'applique également dans le cas des provinces.
Mme Laurel Rothman: Mais absolument. Et nous travaillons sur certaines autres propositions précises concernant les mécanismes. Nous devons revenir à l'imposition de conditions et à la responsabilisation.
La présidente: Le temps est écoulé.
Aux gens du Conseil canadien du commerce de détail, comme vous le savez, dans son rapport de l'an dernier, le comité a recommandé l'exemption de base annuelle.
Aux gens de l'ACTRA, reconquérir les heures de grande écoute aurait été un bon titre pour votre rapport. Nous n'avons pas vu ces mots dans le rapport, mais nous en avons pris bonne note. Merci.
Nous donnons maintenant la parole à M. Murphy; suivront dans l'ordre Mme Wasylycia-Leis et M. Pillitteri.
M. Shawn Murphy (Hillsborough, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai juste quelques questions, monsieur Barnett, sur le Programme des dons écologiques.
Premièrement, j'appuie ce programme à 100 p. 100. Je pense qu'il permet de réaliser beaucoup d'objectifs environnementaux, à remettre entre les mains publiques des terres qui sont écosensibles. J'ai été mêlé à deux ou trois dessaisissements et tentatives de dessaisissement. Je pratiquais le droit, même lorsque j'ai continué en politique ici.
Je veux juste poser des questions sur vos propres expériences en Ontario. Dans le cas du processus d'évaluation, pour déterminer combien vaut la propriété, un des problèmes que j'ai rencontré à deux reprises, c'est que lorsque la personne veut faire don d'une propriété écosensible, et que cette dernière est visée par une moratoire gouvernemental interdisant toute forme de développement, l'évaluation nous apprend qu'essentiellement la propriété n'a aucune valeur. La propriété que j'ai en tête, c'est une propriété à vous couper le souffle—100 acres le long d'une rivière, tout ce que vous auriez pu rêver d'avoir. Mais comme le gouvernement a décrété un moratoire sur le développement, l'évaluateur dit qu'étant donné qu'il n'y a pas de meilleure utilisation, ou d'utilisation possible, la propriété est fondamentalement inutile. Je ne devrais pas dire est complètement inutile, mais il donne un chiffre nominal de 100 000 $ ou de 75 000 $ pour la propriété, ce qui, fondamentalement, va à l'encontre de l'intention qui sous-tend ce programme.
Maintenant, vous ne voulez pas faire de grande histoire, de manière à obtenir des évaluations irréalistes, mais avez-vous déjà rencontré ce problème particulier?
¿ (0940)
M. Robert Barnett: Non.
Je suppose que lorsque le gain en capital a été abaissé à 25 p. 100, la contrepartie, c'était que nous devions examiner ces évaluations très attentivement pour nous assurer que personne n'essaie de faire un tour de passe-passe et...
M. Shawn Murphy: En gonflant la valeur.
M. Robert Barnett: Oui. Mais cette question est réglée. Il y a une double évaluation et cela ne pose pas de problème.
Lorsque vous devez évaluer des choses étranges et merveilleuses comme des chutes ou un kilomètre de falaise, c'est quelque chose de très difficile à faire. Les évaluateurs doivent adopter une approche financière. S'il y a une chute d'eau, mais qu'elle est située à un mille de l'endroit où vous pouvez bâtir une habitation, cela n'ajoute pas grand-chose à la valeur de la propriété. Même si au fond de mon coeur je voudrais qu'il en soit autrement, c'est le marché qui dicte les prix. Le marché dicte les prix et les évaluateurs suivent les règles du marché très scrupuleusement et ils arrivent—je pense—à déterminer la valeur réelle du marché.
Mais parfois il est difficile de trouver des comparables, et ils font de leur mieux. Et parfois, cela ne fait pas plaisir aux propriétaires fonciers de savoir que dans leurs coeurs, ils ont une propriété qui vaut 2 millions de dollars, mais qu'ils ne peuvent construire une rangée de maisons sur cette propriété, alors ils ne peuvent concrétiser cette valeur de 2 millions de dollars. Il faut faire l'évaluation selon le potentiel de développement. Et je suis à l'aise avec cela. Certains de mes propriétaires fonciers ne le sont pas, mais c'est la vie. Beaucoup de gens n'aiment pas la Commission de l'escarpement du Niagara parce qu'elle dit que vous ne pouvez pas bâtir de maisons là où vous le voulez le long de l'escarpement du Niagara, mais ça, c'est notre gouvernement fédéral, c'est la vie.
M. Shawn Murphy: Madame Rothman, j'ai quelques questions sur la pauvreté des enfants. Cela concerne la modélisation que fait votre association; comme vous le savez, nous avons un taux de natalité décroissant—il décroît chaque année ou cela semble être le cas. Pensez-vous que cela aura un effet sur le nombre d'enfants qui vivront dans des familles à faible revenu dans les années à venir?
Mme Laurel Rothman: Il s'agit d'une question intéressante à laquelle je n'avais pas pensé. C'est difficile de savoir, parce que je pense que si nous regardons également le fait que le Canada compte principalement sur l'immigration pour maintenir et augmenter sa population, cela nous amène à nous inquiéter du fait que nous ne parvenons pas à intégrer les nouveaux arrivants d'une manière aussi efficace et rapide que nous devrions le faire.
J'ai parlé des données statistiques de Toronto; je n'ai pas encore les données concernant l'ensemble du Canada. Alors, je ne suis pas certaine dans quelle mesure le taux de natalité en soi fera une différence. À l'heure actuelle, nous parlons encore d'un million d'enfants qui vivent dans la pauvreté, un chiffre encore pire que celui de 1989.
M. Shawn Murphy: Ma prochaine question concerne l'assurance-emploi et je veux l'adresser à vous et, peut-être, à Mme Brisebois également.
L'assurance-emploi est désorientée. Elle est devenue, dans une certaine mesure, une taxe sur l'emploi par furtivité. Deuxièmement, elle est également devenue une partie de l'architecture sociale pour soutenir indirectement—ce qui n'était pas l'intention à l'origine—les familles à faible revenu. Beaucoup de vos travailleurs saisonniers utilisent le système de l'assurance-emploi et peut-être que ce n'est pas la façon dont ils devraient le faire et ce n'est pas la façon dont il a été conçu à l'origine.
Si nous adoptons le modèle de l'assurance pure qui a été recommandé, et il y a beaucoup de bonnes raisons de le faire, cela aura probablement pour effet d'augmenter le nombre d'enfants qui vivent dans la pauvreté.
Avez-vous des observations à ce sujet?
¿ (0945)
Mme Laurel Rothman: Je ne suis pas au courant de la proposition concernant un modèle d'assurance pure.
Mais laissez-moi faire une observation rapide. Notre inquiétude, c'est que nous n'avons pas, si vous voulez, de filet de sécurité pour le revenu des familles à différentes étapes le long de leur évolution. Nous passons de l'aide sociale, et cela comprend souvent des hommes qui vont travailler à temps partiel sur le marché du travail, et vous perdez ce travail de quatre mois à temps partiel et le cycle recommence et il n'y a rien d'autre. Ensuite, vous obtenez un travail à temps plein pour six mois et il prend fin et vous devenez admissible, peut-être, à l'assurance-emploi et à ce supplément pour les familles à faible revenu.
Nous avons besoin de quelque chose de plus sûr, de plus stable et de plus approprié sur quoi les familles peuvent s'appuyer pour bâtir à plus long terme.
M. Shawn Murphy: Je pense que vous avez répondu à ma question.
Je pense que les changements que nous allons apporter au système d'assurance-emploi devront être accompagnés de certains changements touchant l'architecture sociale de ce pays pour les familles à faible revenu lorsqu'elles quitteront ces institutions. Dans une certaine mesure, l'assurance-emploi a remplacé l'aide sociale dans de nombreuses provinces.
La présidente: Mrs. Brisebois.
Mme Diane Brisebois: De toute évidence, nous sommes d'accord avec vos observations.
Si vous regardez à la page 12 de notre mémoire, nous faisons de nouveau allusion aux 1 400 $ par emploi de ce que nous considérons comme un trop-payé ou une taxe. Alors si vous supposez que cette somme retournerait sur le marché et créerait des emplois ou soutiendrait ceux qui peuvent travailler, il est certain que cela constituerait un avantage beaucoup plus grand que le simple fait de surtaxer les employeurs et les employés. Cela ne fait aucun doute.
La présidente: Merci.
Je vais maintenant donner la parole à Mme Wasylycia-Leis, et cela constituera le tour final pour respecter le temps. M. Pillitteri a renoncé à poser sa question, alors, allez-y.
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD): Merci.
Je veux poser une question spécifiquement à Laurel, Brian et Phil et peut-être que le reste d'entre vous, s'il y reste du temps, pourrez intervenir en temps opportun.
Premièrement, en ce qui concerne la dernière question de M. Murphy sur l'assurance-emploi, il me semble, Laurel, qu'en fait, aller vers un système d'assurance véritable ferait en sorte que nous verrions une partie de ce surplus de 45 milliards de dollars, qui provient des familles de travailleurs et qui les plonge dans la pauvreté, aider à faire face à certaines des questions dont vous parlez. Et cela aurait du bon sens du point de vue économique d'investir dans les familles de travailleurs à faible revenu et dans les mères célibataires qui vivent dans la pauvreté et dans un profond désespoir.
Mme Laurel Rothman: Je suis certainement d'accord.
Je pense qu'il me faudrait quelques minutes pour décrire comment tout cela est relié ensemble et peut-être que nous n'avons pas entièrement développé cette proposition, mais il ne fait aucun doute qu'il y a des ressources là, mais elles ne suffisent pas. Nous devons nous assurer que les ressources sont là.
Par exemple, nous avons recommandé un enrichissement du Transfert social canadien. Nous utilisons l'expression « récupération de revenu», si vous le récupérez, dans quelle mesure il est récupéré de l'assurance emploi ou d'autres sources, mais nous avons besoin d'un financement accru pour la partie sociale du transfert. Les transferts en matière de santé ont été augmentés à plusieurs reprises depuis les réductions importantes de 1996 et il est certain que c'était nécessaire, mais le côté social doit également faire l'objet d'un investissement juste.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Il doit être exaspérant de connaître les besoins, de voir que la pauvreté des enfants a à peine reculé au cours des dix dernières années et, à côté de cela, d'entendre parler d'un autre surplus cette année de 4 milliards de dollars qui sera employé à réduire la dette, ce qui fait à peine une différence.
Ce qui m'amène à la question que je veux poser à Brian, à savoir la tendance que les libéraux ont à couper les cheveux en quatre concernant les 50 millions de dollars qui ont été perdus plutôt que de se concentrer sur le fait qu'il y avait une certaine souplesse dans le budget du gouvernement dont on a refusé de faire profiter des programmes importants comme la programmation canadienne, qui est un élément très important de notre souveraineté et de notre identité.
Pouvez-vous faire des observations, Brian, sur les questions plus vastes ici, au sujet des choix difficiles que nous devons faire vis-à-vis les dépenses du gouvernement, vis-à-vis les réductions d'impôts et, maintenant, la dernière des nouvelles préoccupations, vis-à-vis la réduction de la dette, même s'il semblerait que nous soyons les meilleurs du G-7 en termes de rapport dette-PIB?
¿ (0950)
M. Brian Topp: C'est une question assez généreuse.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Nous n'avons que six minutes.
Particulièrement sur cette question, que diriez-vous au Conseil canadien du commerce de détail, qui semble défendre cette ligne de conduite qu'a adoptée Paul Martin, à savoir qu'il faut maintenir le cap, à savoir réduire davantage les impôts, réduire davantage la dette et le reste d'entre nous devrons encore en souffrir?
Mme Diane Brisebois: Je pense qu'il serait sage que vous soyez d'accord avec moi.
M. Brian Topp: En fait, je ne suis pas certain de donner à la députée la réponse que je crois qu'elle recherche, mais je vais vous raconter une histoire survenue dans une vie antérieure et ensuite, je vais formuler une observation.
Dans une vie antérieure, je travaillais pour le gouvernement de la Saskatchewan. Je me rappelle avoir participé à une réunion avec des gens qui font de la notation des obligations ici à Toronto, avec mon premier ministre, Roy Romanow. Je me souviens qu'à l'époque, il s'agissait d'un moment très sombre de l'histoire fiscale de la Saskatchewan et ces gens examinaient nos budgets et disaient: Avez-vous vraiment besoin de dépenser autant dans les soins de santé? Et vous dépensez tout cela en éducation—eh bien, nous ne sommes pas certains d'être vraiment d'accord avec cela.»
J'ai quitté la réunion en pensant que le fait d'étouffer le gouvernement sous une dette de 15 milliards de dollars pour une population d'un million d'habitants n'était pas très intelligent. Comme avait l'habitude de dire le vieux Tommy Douglas, si vous laissez les banquiers devenir propriétaire du gouvernement, alors, ils vous diront comment le gérer.
Alors, je pense que l'idée d'être très prudent avec la dette publique a une grande valeur. En fin de compte, la seule chose qu'ils voient, c'est une approche équilibrée dans laquelle vous essayez de limiter la dette à une valeur raisonnable, selon votre capacité fiscale, tout en faisant face à votre déficit social. Il est insensé de se concentrer sur un seul côté de l'équation. Je pense que c'est un argument que le comité connaît très bien. Certains des chiffres cités par Laurel le démontrent. Il est insensé de se concentrer uniquement sur le côté fiscal en négligeant complètement le côté humain.
Peut-être puis-je ajouter une autre observation dans cette discussion concernant l'assurance-emploi. J'ai dit il y a quelques instants que la seule sécurité du revenu accessible à la plupart des artistes dans ce pays, c'est le système des REÉR. Et un jour viendra où le gouvernement fédéral devra s'intéresser à cette question. Fondamentalement, les artistes dans ce pays n'ont pas accès à la sécurité du revenu et le résultat, c'est qu'ils ont l'habitude de faire le pont entre les revenus qui fluctuent à l'extrême dans leur univers en utilisant les sommes qu'ils ont épargnées en vue de leur retraite. Le résultat, c'est qu'il y a lieu de s'inquiéter du niveau de pauvreté chez les gens de cette industrie qui ont pris leur retraite.
L'ensemble du système devra être examiné, y compris en ce qui concerne les artistes.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci.
Ma dernière question s'adresse à Phil Upshall. Il s'agit encore une fois de reconnaître les besoins urgents qui se font sentir dans le domaine de la santé mentale et de les placer dans le contexte des choix difficiles que nous devons faire. Je vais en fait vous poser la question que la tête dirigeante de l'Association médicale canadienne nous a posée. Depuis 1997 et 1998, le financement des réductions d'impôt et du remboursement de la dette est plus de trois fois supérieur au nouveau financement des soins de santé. Pourquoi le gouvernement fédéral n'accorde-t-il pas au financement des soins de santé le même degré de priorité qu'aux réductions d'impôt et au remboursement de la dette? J'attire particulièrement votre attention sur le financement et les ressources dans le domaine de la santé mentale.
M. Phil Upshall: Je ne peux répondre au nom du gouvernement, mais j'oserais espérer qu'il accorde un peu plus d'attention au problème évident de la santé, soit aux coûts liés à la maladie et à la santé mentales au Canada. Il faudrait injecter de 15 à 30 milliards de dollars, à vous de choisir, dans ce domaine, mais nous n'y accordons aucune attention. Nous ne portons absolument pas attention à la nécessité d'intervenir et de poser des diagnostics rapidement. C'est l'une des principales choses qui pourrait nous faire économiser beaucoup au chapitre des soins de santé.
Nous espérons que grâce à nos démarches, la sensibilisation à la maladie et à la santé mentales ira croissant et que ce comité, ainsi que les autres comités de la Chambre, y accorderont une attention accrue. Nous pourrions économiser énormément d'argent si nous intervenions rapidement et que nous évitions de mettre des jeunes en détention. Bien plus de la moitié de nos détenus souffrent de graves troubles mentaux persistants. Si on traitait convenablement leurs problèmes de santé mentale plutôt que de les incarcérer, nous diminuerions incroyablement nos coûts, car nous les rendrions beaucoup plus productifs, nous leur donnerions beaucoup plus espoir et cela ferait de nous un pays beaucoup plus responsable socialement.
Le Canada est le seul pays du G-7 n'ayant pas de stratégie nationale en matière de santé mentale. Nous n'avons pas de politique sociale adéquate pour nous occuper des gens souffrant des diverses maladies mentales, ni ne menons de campagne de promotion de la santé mentale.
Je crois que si nous n'avons pas réussi à mettre ces besoins en évidence, c'est qu'il y a eu trop peu d'efforts de sensibilisation en général. Il y a autour de la table beaucoup d'autres groupes préoccupés par les soins de santé. Le Canada a connu des temps particulièrement difficiles au cours des dix dernières années en tentant de réduire sa dette, mais nous espérons que notre intervention fera une différence. Nous espérons que ce comité, dans ses recommandations, réitérera nos demandes de ressources en santé mentale.
¿ (0955)
Mme Judy Wasylycia-Leis: J'ai une dernière question à cet égard. La bonne nouvelle, c'est que la santé mentale a finalement été prise en compte par la commission royale qui s'est penchée sur l'avenir des soins de santé au Canada et qui a produit le rapport Romanow. La mauvaise nouvelle, c'est qu'aucune mesure n'a été prise depuis. Que pouvons-nous faire pour traduire cette recommandation de Roy Romanow en mesures concrètes?
M. Phil Upshall: Roy Romanow a décrit la santé mentale en deux mots : enfants orphelins. Pour nous, la clé consiste à continuer d'appuyer et de suivre les audiences du comité Kirby. C'est très important. Beaucoup d'information y circule.
Pour ce qui est de vos audiences, si vous pouviez inclure la problématique de la santé mentale dans votre rapport... Il est absolument essentiel d'accroître la surveillance et la qualité de l'information. Il faut également un quelconque financement pour établir les bases de nos stratégies nationales. Il est très important de financer directement la recherche et d'établir des règles strictes quant au TCSPS.
Nous croyons fermement que vous devez assortir votre financement de conditions. L'argent transféré directement aux provinces et qui devait servir à financer les soins de santé mentale a abouti ailleurs. Notre objectif consiste à vous prier d'assortir les transferts de conditions et de veiller à ce que les dépenses provinciales soient évaluées adéquatement.
La présidente: Merci beaucoup.
Ce sera tout pour ce groupe de témoins. L'an dernier, nous avons parlé de la santé mentale. Par ailleurs, en ce qui concerne l'industrie cinématographique, la Writers' Union milite fortement en faveur de l'étalement rétrospectif du revenu, qu'on autorise déjà en partie, mais pas autant qu'elle le voudrait.
Vous avez tous été des participants de grande valeur à notre séance de ce matin. Comme nous avons plusieurs groupes de témoins à entendre, je vais devoir vous remercier, non seulement au nom des députés présents aujourd'hui, mais au nom de tous les membres de notre comité, qui ont reçu vos mémoires. Je peux vous assurer que le ministère des Finances sera informé de leur contenu. Les gens du ministère des Finances lisent les comptes rendus de nos séances.
Comme présidente, je ne sais pas si je vais pouvoir présenter à la Chambre le rapport que nous allons commencer à rédiger plus tard cette fin de semaine, parce que je n'ai pas de contrôle sur les événements. Quoi qu'il en soit, nous aurons entendu plus de 500 groupes de témoins dans le cadre de ces consultations depuis septembre. Nous croyons qu'il s'agit de l'un des outils les plus précieux dont les Canadiens disposent pour participer aux décisions de leur gouvernement. Je vous remercie donc tous beaucoup de vos exposés, de votre présence et des réponses que vous avez données à nos questions.
Nous allons interrompre nos travaux cinq minutes, tout au plus, pour laisser notre prochain groupe de témoins s'approcher. Merci.
À (1005)
La présidente: Nous reprenons nos travaux en accueillant le deuxième groupe de témoins de ce matin, le 7 novembre, à Toronto. Encore une fois, il s'agit d'un excellent groupe de témoins.
Nous allons commencer par les porte-parole de la Campagne contre la pauvreté des enfants, dont Caroline Di Giovanni, directrice générale de la Fondation espoir pour les enfants. Bienvenue à vous. Vous êtes accompagnée d'un membre de votre comité de direction, Gerald Vandezande, et de Jacquie Maund, votre coordonnatrice. Je vous remercie infiniment d'être avec nous.
De la Writers Guild of Canada, nous recevons Gail Martiri, directrice des politiques. Merci d'être avec nous.
De la Childcare Resource and Research Unit, nous avons le plaisir de recevoir Martha Friendly, coordonnatrice de l'unité. Mme Friendly nous vient du Centre des études urbaines et communautaires de l'Université de Toronto.
À titre personnel, encore une fois, nous entendrons Joseph Polito et nous en sommes très contents.
De l'Association of Municipal Managers and Clerks of Ontario, nous accueillons Mary MacKenzie, présidente, et Andy Koopmans, directeur général. Bienvenue.
Bienvenue à tous.
Nous allons procéder comme à l'habitude. Chaque participant disposera de sept minutes pour exprimer sa position, puis lorsque nous aurons entendu tout le monde, nous allons tenir une période de questions jusqu'à la fin de la séance.
Nous allons suivre l'ordre prévu à l'ordre du jour et commencer par l'exposé de la Campagne contre la pauvreté des enfants. Madame, la parole est à vous.
Mme Caroline Di Giovanni (directrice générale, Fondation espoir pour les enfants, Campagne contre la pauvreté des enfants): Merci, madame la présidente.
J'aimerais laisser Jacquie Maund commencer. Elle va nous lire la première partie de nos notes d'allocution.
Jacquie.
Mme Jacquie Maund (coordonnatrice, Campagne contre la pauvreté des enfants): Bonjour.
Je vais commencer par vous donner quelques faits sur la pauvreté des enfants et des familles au Canada aujourd'hui. Je sais que notre collègue, Laurel Rothman, vous en a justement parlé ce matin, donc je vais résumer.
Selon les données de la Campagne 2000, 16,5 p. 100 des enfants canadiens vivent sous le seuil de la pauvreté, ce qui correspond à environ 1,1 million d'enfants. Ce chiffre s'apparente de très près à celui calculé par DRHC avec la nouvelle mesure de la pauvreté qu'il a publiée l'an dernier, soit la mesure axée sur le marché. Selon cette mesure et les statistiques de 2000, encore une fois, 16,9 p. 100 des enfants canadiens vivent sous le seuil de la pauvreté. Nous arrivons donc à peu près au même pourcentage. Au cours des séances précédentes, nous avons discuté de la façon de définir la pauvreté et nous avons utilisé ces données pour montrer qu'il y avait uniformité dans les chiffres définissant la pauvreté chez les enfants canadiens.
J'aimerais faire quelques brèves observations sur les initiatives récentes prises par le gouvernement fédéral. Les responsables de la Campagne contre la pauvreté des enfants ont été très heureux des investissements sociaux annoncés dans le dernier budget fédéral dans les domaines des garderies d'enfants, du logement et de la sécurité du revenu. Nous nous réjouissons particulièrement de l'engagement relatif aux services d'éducation et de garderies de la petite enfance, ainsi que du Cadre multilatéral pour l'apprentissage et la garde des enfants, que le gouvernement fédéral a signé avec les provinces. Nous voyons cette entente comme un premier pas vers un programme national de garde des enfants. Nous avons toutefois été déçus que seulement 100 millions de dollars soient consacrés à l'initiative les deux premières années, et je suis certaine que notre collègue Martha Friendly va vous en parler davantage.
Nous aimerions maintenant vous présenter nos recommandations. D'un point de vue général, nous voulons faire en sorte qu'il y ait plus d'investissements sociaux dans la lutte contre la pauvreté des enfants et des familles et que l'engagement du gouvernement fédéral à cet égard ne soit pas occulté par d'autres priorités.
Nous recommandons également l'adoption de mesures plus efficaces pour s'assurer que les gouvernements provinciaux et territoriaux assument leurs responsabilités découlant des ententes fédérales-provinciales-territoriales visant à réduire la pauvreté.
Caroline va vous exposer nos recommandations.
Mme Caroline Di Giovanni: Merci Jacquie, et merci à vous, madame la présidente, ainsi qu'à tous les membres du comité.
Nos recommandations sont succinctes; elles sont en fait une répétition de nos recommandations des années précédentes. En premier lieu, nous recommandons d'augmenter les investissements fédéraux dans l'éducation et les garderies de la petite enfance en prévoyant dans le prochain budget fédéral l'injection d'un milliard de dollars par année pour appuyer le Cadre multilatéral pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants. De même, nous vous prions de renforcer les règlements afin que les provinces et les territoires consacrent ces fonds à l'augmentation des places dans les garderies réglementées et autorisées offrant des services de qualité.
Il ne fait aucun doute que d'autres personnes vont s'exprimer en ce sens, mais les économistes Gord Cleveland et Michael Krashinsky, de l'Université de Toronto, ont préparé un document montrant que l'investissement dans les premières années de vie rapporte deux dollars pour chaque dollar investi. Ces investissements font également augmenter le nombre de parents au sein de la population active. De plus, les enfants ayant reçu une éducation de qualité au cours de la petite enfance ont une meilleure capacité d'apprentissage.
En deuxième lieu, nous vous recommandons de vous occuper de la sécurité du revenu en bonifiant les prestations pour enfants accordées aux familles à faible revenu. Nous vous prions de faire de la Prestation fiscale pour enfants un programme offrant un montant maximal de 4 200 $ par enfant aux familles vivant dans la pauvreté et de mettre en oeuvre ce programme immédiatement plutôt que graduellement au cours d'une période de cinq ans. Nous devons agir immédiatement et nous sommes convaincus que nous en avons les moyens.
Nous vous demandons également de renforcer le Programme de la Prestation nationale pour enfants en tenant les provinces responsables et en mettant un terme au recouvrement des prestations des bénéficiaires de l'aide sociale. Le nouveau régime mis en place à Queen's Park nous laisse espérer que ce souhait se réalisera en Ontario. Nous aimerions que votre comité recommande au gouvernement de se pencher sur la question.
En troisième lieu, nous vous recommandons d'augmenter le nombre de logements à prix abordable en investissant davantage dans ce secteur. Par exemple, un milliard de dollars permettrait d'appuyer la construction de 20 000 nouveaux logements à prix abordable. Il faut que les provinces et les territoires soient tenus responsables, conformément à des ententes bilatérales, de fournir du financement de contrepartie. Le logement est un aspect fondamental de la stabilité familiale, et nous demandons des logements et non seulement des refuges pour les familles en difficulté.
En quatrième lieu, nous vous recommandons de demander aux gouvernements provinciaux et territoriaux de rendre des comptes au sujet des initiatives conjointes visant à lutter contre la pauvreté des enfants et des familles. Si les provinces refusent d'être tenues responsables, il faut envisager l'adoption d'autres mesures pour faire en sorte que les familles et les enfants sur leur territoire reçoivent les services dont ils ont besoin.
Merci.
Je vais maintenant céder la parole à Gerald.
À (1010)
M. Gerald Vandezande (membre du comité directeur, Campagne contre la pauvreté des enfants): Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, dans la foulée de ses efforts pour que le gouvernement de l'Ontario rende adéquatement compte de la façon dont il dépense les fonds qu'Ottawa transfère à Queen's Park, la coalition a comparu devant le comité provincial des finances. Nous avons aussi établi des contacts directs avec les chefs de l'opposition et l'ancien premier ministre.
Nous avons joint à notre mémoire un message public signé par 60 leaders spirituels que nous avons diffusé pendant la campagne électorale. Nous mettions au défi le gouvernement provincial de s'attaquer aux grands problèmes de justice sociale auxquels nous tentons de sensibiliser le public en général de même que les chefs des partis de façon non partisane.
Nous espérons voir l'avènement d'une nouvelle ère de coopération entre l'Ontario et le gouvernement fédéral, surtout qu'il s'agit maintenant de deux gouvernements libéraux; nous espérons qu'ils feront tout le nécessaire pour investir dans la réglementation des garderies pour enfants et mettre définitivement un terme au recouvrement des prestations nationales pour enfants.
De plus, nous demandons à ce comité de recommander au Parlement, et particulièrement au ministre des Finances ainsi qu'au nouveau premier ministre, que le gouvernement reconnaisse la nécessité d'injecter des fonds supplémentaires. L'argent est là, comme l'a indiqué le ministre des Finances dans son annonce récente sur les surplus de 2002-2003, qui sont supérieurs à ce qu'on avait prévu, et on peut s'attendre à ce qu'il y en ait encore cette année.
Nous avons constaté avec joie que le premier ministre, dans sa lettre aux gouvernements provinciaux, a décidé de consacrer deux milliards de dollars des surplus au renforcement du portefeuille de la santé.
Nous nous fondons également sur un document important qui a été annexé aux états financiers de l'exercice se terminant le 31 mars 2002, un document d'une quarantaine de pages préparé par la vérificatrice générale, qui fait des observations très utiles. Notamment, on peut y lire la réflexion suivante:
Je m'inquiète depuis quelques années de certaine information erronée communiquée sur ce qu'il advient de l'excédent de l'exercice. L'excédent de l'exercice NE sert PAS automatiquement à rembourser la dette. Il n'y a ni loi ou règle comptable qui l'imposent. |
Nous sommes d'avis que des excédents auraient pu être utilisés. En tant que comptable de formation, je sais déchiffrer les rapports financiers de ce type. Nous recommandons maintenant au comité de faire ce que le premier ministre lui-même a fait, soit de réserver des fonds qui devraient se libérer au cours de l'exercice sous forme d'excédents pour qu'ils servent explicitement, par exemple, à investir davantage dans le logement et d'autres mesures de lutte contre la pauvreté, dont des investissements sociaux qui pourraient, comme la vérificatrice générale l'a mentionné, faire partie des actifs financiers des états financiers de projets qui ont déjà été approuvés dans le discours du Trône, qui les a lancés, mais également dans d'autres engagements budgétaires de même que dans des annonces du ministre des Finances, de l'ancien ministre des Finances, du premier ministre en poste et du futur premier ministre.
Nous exhortons donc le comité à recommander vivement au gouvernement de prendre très au sérieux les observations de Mme Fraser et de les porter à l'attention du Parlement. Par vote libre, le Parlement devrait décider de la façon dont les surplus seront utilisés. Nous sommes d'avis qu'ils devraient servir à des fins d'investissement social, dans le respect de l'engagement que le gouvernement a pris dans son discours du Trône d'éliminer la pauvreté et l'itinérance.
Merci beaucoup.
À (1015)
La présidente: Je vous remercie infiniment.
Nous allons maintenant entendre l'exposé de la Writers Guild of Canada. Allez-y.
Mme Gail Martiri (directrice des politiques, Writers Guild of Canada): Merci.
Nous représentons les scénaristes de film, de télévision, de radio et de multimédia au Canada. Je me suis dit qu'il pourrait être utile, avant d'entrer dans le vif de nos recommandations, de vous donner une idée du type de travail que nos scénaristes effectuent dans les domaines du film et de la télévision.
La consultation prébudgétaire coïncide avec un moment critique de notre industrie. Le secteur de la production nationale connaît un crise imputable à un financement instable et réduit, ainsi qu'aux dépenses minimales des diffuseurs dans la production de contenu canadien et au rétrécissement des marchés d'exportation des créations audiovisuelles canadiennes. Les scénaristes, les directeurs, les artistes, les techniciens et les producteurs canadiens ont uni leur voix afin de presser le gouvernement et ses organismes d'établir un financement stable et à long terme pour notre industrie, de façon à permettre aux créateurs de raconter des histoires typiquement canadiennes.
Les scénaristes canadiens travaillent presque exclusivement à la production nationale. Cela signifie que huit ou dix productions canadiennes sur dix sont de contenu canadien, comme l'exige le BCPAC. Les statistiques de la WGC indiquent un déclin important dans ce type de production nationale. En 1999, il y avait 147 heures de diffusion d'émissions dramatiques d'une heure dans notre pays. En 2002, il n'y en avait plus que 65. Cela représente une diminution de 56 p. 100. Cette tendance à la baisse se dégage aussi clairement du fait que huit produits canadiens sur dix sont destinés à des marchés d'exportation. En 1999, 434 heures d'émissions destinées à l'exportation étaient produites ici, alors qu'il n'y en a plus que 186 en 2003. Cela représente une diminution de 57 p. 100.
Ce type de production, dont les auteurs, les directeurs et les artistes sont des Canadiens financés par le FCT est en baisse en raison d'une réglementation et d'un financement inadéquats. En 1999, le CRTC a adopté une politique télévisuelle libérant les diffuseurs de leurs obligations de dépenses et de diffusion visant à créer, à produire et à mettre en onde des émissions typiquement canadiennes. Cette politique autorise nos diffuseurs ordinaires à acheter des émissions américaines diffusées simultanément plutôt que d'investir dans la création, la production et la diffusion de productions proprement canadiennes. La WGC, de pair avec les autres syndicats et guildes, défend avec conviction la nécessité de renverser cette politique du CRTC.
Le financement limité a aussi grandement nuit au secteur de la production nationale. Le fait est qu'il est très coûteux et très risqué de produire des séries dramatiques au Canada. De plus en plus de diffuseurs choisissent les comédies de situation et les téléromans américains plutôt que des productions canadiennes en raison des économies d'échelle qu'ils peuvent réaliser en achetant des productions au sud de la frontière. Un diffuseur paie environ 150 000 $ pour un téléroman populaire américain, alors qu'en général, une heure d'un téléroman canadien coûte plus d'un million de dollars à produire. Il est très difficile pour notre secteur national d'être concurrentiel.
Pourquoi la situation du Canada diffère-t-elle de celle d'autres pays? Il nous semble que notre pays ne juge pas notre secteur de la télévision nationale suffisamment important pour y injecter les ressources financières et réglementaires nécessaires pour favoriser son essor et la protéger. Des pays qui ont déjà été de grands marchés d'exportation pour les séries dramatiques canadiennes, comme l'Australie et le Royaume-Uni, ont récemment changé leur réglementation pour favoriser ce secteur de leur production, ce qui a fermé des portes à l'exportation à nos produits.
Pour ce qui est de nos recommandations, notre groupe aimerait d'abord exhorter ce comité à prévoir un financement stable et à long terme du Fonds canadien de télévision ou FCT. Vous avez reçu nos collègues de l'ACTRA ce matin. Notre position est très semblable à la leur.
Comme vous le savez, les productions canadiennes sont essentiellement financées par le FCT. C'est là où le financement débute. En général, le FCT fournit entre 20 et 30 p. 100 du budget total de production. Ce financement attire d'autres sources de financement, dont des droits de diffusion et des ventes à l'étranger. Il s'agit donc d'un élément fondamental dans notre industrie. En règle générale, le budget du FCT s'élève à environ 250 millions de dollars ou plus. Ce montant tend à diminuer depuis trois ou quatre ans, lui aussi. Cela contribue au déclin de notre industrie.
Le Fonds canadien de télévision a une importance considérable pour notre secteur de la production. En 2001-2002, le FCT a octroyé 241 millions de dollars à des productions canadiennes. Cet investissement de base a permis d'accumuler un budget de production total de plus de 800 millions de dollars. Ainsi, nous ne pouvons pas nous priver de cette première étape essentielle. Notre industrie estime que l'élimination du FCT, s'il devait cesser d'exister, entraînerait probablement une perte de production d'au moins 500 millions de dollars, ce qui équivaut à environ 2 000 heures de productions originales canadiennes pour notre public.
À (1020)
Compte tenu de l'importance du FCT pour le secteur télévisuel canadien, les compressions prévues dans le budget fédéral de février 2003, qui réduisent l'apport du gouvernement de 25 p. 100 et le fait passer de 100 à 75 millions de dollars, menacent gravement notre industrie, qui était déjà en péril.
Il est primordial que le gouvernement appuie sans réserve le FCT si nous voulons revitaliser notre secteur de la production télévisuelle. Si nous voulons offrir au public des histoires inspirées de l'expérience unique du Canada, il faut investir dans ce secteur.
Comme vous le savez, le budget de 2004 semble encore pire. Notre industrie a pris le risque de faire pression sur le ministre Manley pour qu'il transfère une partie de son financement de l'an prochain au budget de cette année. Ce transfert de 12,5 millions de dollars signifie que l'an prochain, nous entamerons notre année de production avec un maigre 62,5 millions de dollars de financement du gouvernement canadien.
Nous étions prêts à prendre le risque à ce moment-là, en espérant que ce type de discussion fasse renaître le fonds l'an prochain. Nous verrons ce qui arrivera. Sans cet appui, nous craignons beaucoup ne pas avoir de secteur de la production à venir défendre l'an prochain.
Il est clair que sans débouché professionnel, nos créateurs ne peuvent simplement pas survivre au Canada. Soit ils se vont au sud de la frontière, soit ils se trouvent un autre emploi. Cela signifie que si l'on attend trois ou quatre ans avant de rétablir ce fonds et d'appuyer notre secteur national, il n'y aura plus de créateurs canadiens pour en produire le contenu. Nous devrons repartir de zéro. Nous n'aurons plus de gens chevronnés. Nous n'aurons plus les talents voulus pour enrichir notre secteur cinématographique, qui s'est fixé l'objectif plutôt élevé d'atteindre une part de 5 p. 100 des recettes des salles de cinéma d'ici trois ou quatre ans.
Je tiens aussi à vous parler brièvement du crédit d'impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne. Le crédit d'impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne n'est offert que pour les productions canadiennes tournées au Canada. Il s'agit d'un crédit d'impôt de 25 p. 100 pour les producteurs mettant à profit les talents canadiens.
J'aimerais soulever un dernier point avant de conclure. Dans le budget de 2003, si le FCT a été réduit de 25 millions de dollars, le crédit d'impôt pour services de production, qui vient surtout en aide aux riches producteurs hollywoodiens venant tourner ici, est passé de 11 à 16 p. 100. Les fonctionnaires estiment que cela équivaut à un coût de 25 millions de dollars pour les contribuables canadiens.
Nous exhortons ce comité à demander au gouvernement de rétablir ses priorités : d'abord d'appuyer nos talents nationaux pour que le public canadien puisse visionner des productions canadiennes. Il y a beaucoup d'argent à Hollywood. Commençons par bâtir notre propre industrie.
Je vous remercie beaucoup.
La présidente: Je vous remercie.
Passons maintenant à Martha Friendly.
Mme Martha Friendly (coordonnatrice de l'unité, Centre des études urbaines et communautaires de l' Université de Toronto, Childcare Resource and Research Unit): Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir ce matin. J'ai déjà rencontré bon nombre d'entre vous.
Je vais vous présenter un résumé de mon mémoire, exception faite des données financières, que je veux revoir et corriger.
Je dois mentionner que je sais que vous vous êtes intéressés, l'an dernier, au rapport de l'OCDE intitulé Thematic Review of Early Childhood Education and Care Policy. Je suis en fait coauteur de la partie sur la situation canadienne. Si cela vous intéresse, nous pouvons en parler.
Je vais d'abord faire valoir, en résumé, les arguments avancés dans le mémoire.
Pour commencer, je veux souligner combien nous comprenons que les services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants sont à volets multiples. Par cette expression, on entend bien plus que la garde d'enfants pendant que la mère est au travail. En effet, ces programmes,s'ils sont bien conçus, comprennent des services d'éducation des jeunes enfants, de garde d'enfants et de soutien aux parents. Les programmes bien conçus sont ceux qui offrent des services intégrés et multifonctionnels et qui peuvent remplir toutes ces fonctions. Autrement dit, ce sont ceux pour lesquels on en obtient vraiment pour son argent.
Malheureusement, les services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants n'ont pas évolué de cette façon au Canada. Les garderies, les maternelles et les prématernelles sont toutes organisées, réglementées et financées séparément. Cela complique beaucoup la vie aux parents, mais fait aussi en sorte que les ressources financières sont souvent très mal utilisées.
Mon deuxième point, c'est que les services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants préoccupent l'ensemble des familles, indépendamment des catégories économiques, des groupes sociaux et des régions du Canada. Vous savez que c'est l'une des facettes de la stratégie contre la pauvreté des enfants, mais le problème touche également les familles de classe moyenne et les familles bien nanties, les immigrants, les réfugiés et les parents de toutes les régions du Canada, qui se prévalent de ces programmes s'ils sont accessibles et abordables.
Cela me porte à croire—et je sais que des recherches le confirment—que tous les parents canadiens veulent le mieux qui soit pour que leurs enfants partent du bon pied dans la vie. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils revendiquent ce type de programme. En même temps, la proportion de mères dans la population active au Canada est très élevée pour un pays industrialisé. Elle surpasse celle de beaucoup de pays européens et continue d'augmenter chaque année. Elle tourne autour de 70 p. 100, selon l'âge de l'enfant.
Mon troisième point, c'est que je comparais devant vous depuis longtemps, mais le Canada accuse maintenant vraiment du retard par rapport à d'autres pays. Il accuse un retard à cet égard depuis au moins 20 ans. En fait, certains pays en développement font des choix que nous ne faisons même pas et ils investissent des ressources. Des pays comme la Jamaïque, par exemple, se dotent de politiques nationales sur les services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants. Même aux États-Unis, pays que je ne considérerais pas comme un modèle de politique sociale, il y a beaucoup plus d'enfants de trois ans qu'au Canada inscrits à divers programmes d'éducation et d'accueil des jeunes enfants. Nous n'avons même pas encore donné le coup d'envoi pour en faire autant.
Je vais y revenir dans une minute, mais laissez-moi poursuivre.
Il y a deux grands problèmes, et ils sont liés. Le premier grand problème général, c'est qu'il n'y a pas de stratégie cohérente et bien définie; ensuite, le financement public de ces programmes est scandaleusement insuffisant à mon avis.
Ce n'est pas un problème de compétence, parce que c'est un domaine de compétence provinciale, mais aucune province ni aucun territoire, à l'exception possible du Québec, ne s'est doté d'un programme coordonné et bien défini. Les programmes des provinces et les territoire sont disparates. Je tiens à souligner que même là où c'est le gouvernement fédéral qui est responsable, et je pense aux programmes de la petite enfance qui s'adressent aux enfants et aux familles autochtones, il existe sept programmes différents.
Ces programmes sont plutôt éparpillés, et cela rend la prestation de services très difficile sur deux plans. Il y a d'abord l'accessibilité, parce que ces programmes ne sont pas accessibles ou alors ils ne sont pas convenables. Par exemple, la maternelle ne dure généralement qu'une demi-journée, mais beaucoup de parents ont un emploi.
Le fait est que la qualité est bien piètre. Je dirais, pour revenir au cadre de l'OCDE, que c'est probablement l'un des premiers problèmes d'importance qui sera mis en lumière. Nos programmes sont d'une bien piètre qualité. Je parle surtout des programmes de garde d'enfants. Là où ils sont de qualité supérieure, c'est que des gens ont pris l'initiative d'en accroître la qualité. Ce n'est pas vraiment le résultat d'une politique bien définie.
À (1025)
En fait, le programme d'éducation de la petite enfance, s'il est médiocre, n'assurera pas aux jeunes enfants un bon départ dans la vie. On ne pourra pas compter sur lui pour améliorer le capital humain et favoriser l'intégration des futurs citoyens. De nombreuses études le confirment.
C'est avec plaisir que nous avons accueilli, l'an dernier, l'annonce de la mise en place du cadre multilatéral pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants, initiative qui a été qualifiée par la ministre Stewart de première étape d'un programme national en matière de garde d'enfants.
Le gouvernement fédéral, et nous en sommes fort heureux, a exigé deux choses des provinces: que les fonds fédéraux servent uniquement à financer les services de garde réglementés, et que les autorités provinciales rendent des comptes au public. À mon avis, d'autres conditions devront être imposées au moment de l'élaboration de la politique.
Je vais passer tout de suite aux recommandations, parce qu'il ne doit pas me rester beaucoup de temps.
Si le cadre multilatéral constitue la première étape, quelles sont les autres? Voici ce que je recommande.
Je tiens d'abord à préciser que tous ceux qui, depuis des décennies, font la promotion des services de garde d'enfants et de garde de jour, des services d'éducation et d'accueil de la petite enfance, savent—et il n'y a rien de nouveau dans tout cela—que l'établissement d'un tel programme prendra plusieurs années, voire au moins 10 ans. Il faut s'y mettre tout de suite. Le cadre multilatéral constitue un premier pas. Que doit-on faire maintenant? Voici ce que je propose.
Nous devons, premièrement, fixer un objectif. Nous devons, et c'est ce que comptent faire l'OCDE et la plupart des pays membres, formuler l'objectif à long terme suivant, soit mettre sur pied, au Canada, des services d'éducation de la petite enfance universellement accessibles d'ici 10 à 15 ans.
Nous devons, pour y arriver, établir un cadre stratégique en fonction des principes convenus, une loi nationale qui tient compte de la compétence des provinces en la matière, des objectifs quantifiables à court et à moyen terme, de même que des plans de mise en oeuvre comportant des cibles et des calendriers. Nous devons également recueillir des données, effectuer des études et procéder à des évaluations. Voilà l'objectif à long terme que nous devons nous donner à l'échelle nationale.
Deuxièmement, nous devons créer une direction ou un secrétariat pour les services d'éducation et d'accueil de la petite enfance au sein du gouvernement fédéral, même si la mise en oeuvre et la gestion des programmes continueront d'être assurées par les provinces et les territoires. J'ai exposé, dans mon mémoire, les responsabilités que devra assumer cette direction du gouvernement fédéral. Il nous faut une entité pour chapeauter cette initiative.
Troisièmement, les fonds. Depuis que j'ai préparé ce mémoire, le sujet a fait l'objet de longues discussions au sein du milieu. La question de l'utilisation des fonds est liée de façon étroite à l'objectif visé, aux progrès qui peuvent être accomplis.
Cet enjeu semble faire partie du programme de M. Martin, ce que nous trouvons fort encourageant. Nous avons beaucoup discuté des objectifs que devrait se fixer, dans un premier temps, un nouveau gouvernement. D'après les données financières que nous avons recueillies, il faudrait, la première année, consacrer un milliard de dollars à ce secteur. C'est d'ailleurs ce qu'a recommandé le comité des affaires sociales.
C'est aussi la conclusion qui se dégage des discussions qu'ont tenues les groupes communautaires et les responsables politiques. L'investissement totaliserait 4,5 milliards de dollars par année au bout de quatre ans. Il s'agirait d'un premier pas vers l'établissement d'un programme national mis en oeuvre par les provinces, programme qui finirait par coûter plus de 10 milliards de dollars par année. Cela cadre avec la politique de l'Union européenne, qui consacre 1 p. 100 de son PIB au système de garde d'enfants.
Pour terminer, bien que l'entente conclue l'an dernier ait été bien accueillie, aucun engagement sérieux n'a encore été pris dans le budget fédéral. En effet, le dernier budget fédéral nous a énormément déçus, à la lumière surtout du premier pas qui avait été franchi. Un engagement de ce genre, et nous le savons tous, se fait attendre depuis longtemps.
À (1030)
J'ajouterais aussi que cet engagement doit être assorti d'une politique bien définie. Nous nous entendons tous pour dire que les provinces doivent rendre des comptes. Or, nous devons, pour ce faire, les doter d'un cadre d'action. Nous devons élaborer une politique solide et engager les fonds nécessaires dans ce programme.
Merci beaucoup.
À (1035)
La présidente: Merci.
Monsieur Polito.
M. Joseph Polito (À titre individuel): Elle a tellement bien fait cela, que je suis presque tenté de lui demander de témoigner à ma place.
Vous avez entendu aujourd'hui, et tout au long de vos audiences, de nombreux arguments convaincants en faveur d'un financement accru. M. Manley et les experts de l'extérieur nous disent qu'il n'y a pas d'argent. Ils affirment également que les changements démographiques et les besoins en infrastructures imminents vont avoir un impact énorme sur notre situation financière.
Je compte, aujourd'hui, vous fournir des moyens de trouver l'argent dont nous avons grandement besoin pour atteindre certains de nos objectifs hautement prioritaires. Je vais, en fait, vous proposer une stratégie à coût nul qui viendrait remplacer la proposition que vous appuyez depuis deux ans.
Je me suis inspiré, pour ce faire, des analyses qu'ont effectuées de grands économistes canadiens, dont David Foote, Arthur Donner et Frank Reid, qui se sont attachés à promouvoir une stratégie remarquable et novatrice axée sur le marché, en vue de créer un stimulant pour le plein emploi dans les périodes prospères et, surtout, dans les temps difficiles.
Cette stratégie vise à contrer les mesures incitatives négatives, chose que tout bon employeur souhaite faire. Elle permet de donner suite aux recommandations de deux rapports qui ont été mis de côté: le rapport Donner, publié en 1994, et le rapport intitulé «Réflexion collective sur le milieu de travail en évolution», publié en 1997. Voici ce qu'a dit Lars Osberg au sujet des mesures incitatives négatives:
La conception de programmes basés sur les charges sociales, comme l'assurance-emploi et le Régime de pensions du Canada, incite les entreprises qui ont besoin de plus d'employés à augmenter le nombre d'heures supplémentaires plutôt qu'à engager de nouveaux employés. |
Pour diminuer les coûts des cotisations sociales en période de ralentissement, les employeurs congédient des employés au lieu de réduire un peu les heures de travail de tout le personnel. Ils évitent aussi d'adopter des pratiques favorisant la famille, la réduction des heures de travail, le partage d'emploi, les congés d'études. De nombreux employés font partie de ce que David Foote a appelé «la génération sandwich», qui regroupe surtout les femmes au travail, les jeunes enfants et les parents vieillissants. La garde d'enfants, bien sûr, fait partie de ces pratiques.
Les employeurs misent sur les heures supplémentaires, ce qui est tout à fait ridicule, pour procéder à un transfert de revenus par le biais d'impôts aux chômeurs, qui souhaitent eux-mêmes travailler. Il y a pire encore: nous avons créé un obstacle au meilleur programme social qui soit— l'emploi.
Or, qui sont les premiers à perdre leur emploi et les derniers à être embauchés? Les jeunes, les immigrants et les jeunes parents—ce qui ne fait que favoriser la pauvreté infantile. Les employeurs intelligents souhaitent, pour la plupart, conserver leurs employés en période de ralentissement, parce que la formation des nouveaux travailleurs dans une économie axée sur le savoir et les indemnités de départ coûtent cher. Or, la structure des cotisations sociales les empêchent de le faire. Elle a un impact négatif.
L'élément central de cette stratégie a été définie par William Scarth, dont l'étude publiée par l'Institut C.D. Howe, en 1997, s'intitule, et le titre est bien choisi, «A Job-Creation Strategy for Governments With No Money». Cette stratégie devrait servir de fondement à votre prochain rapport. Vous recommandez, depuis deux ans, une approche qui s'inspire de cette proposition, et vos recommandations ont été reprises dans divers mémoires présentés au ministère des Finances lors des consultations publiques qu'il avait organisées sur une autre de vos recommandations.
D'après certains experts, les gouvernements canadiens à tous les paliers doivent dépenser entre 30 et 90 milliards de dollars—et cela comprend les coûts indirects énormes liés à la santé, la justice et les services sociaux—pour contrer le chômage et les problèmes qui y sont associés. En créant un incitatif pour le plein emploi, nous pourrions consacrer des milliards de dollars ainsi économisés au capital humain, à la santé, à l'environnement, aux infrastructures qui s'avèrent nécessaires pour optimiser notre économie. La stratégie à coût nul aura pour effet de favoriser le plein emploi.
Nous pouvons restructurer les charges sociales, sans impact aucun sur les revenus, en haussant d'abord le taux de cotisation à l'AE des employeurs, pour le ramener au niveau de 1994, et en appliquant les recettes à une exemption de base d'environ 6 000 $. Nous aurons alors un taux qui est progressif et une exemption, tout comme dans le cas de l'impôt sur le revenu. Nous pourrons ensuite consacrer toutes les réductions de l'assurance-emploi—ce que vous faites année après année—à l'exemption au lieu de réduire le taux. Si une réduction de 14 p. 100 avait été prévue pour les employeurs cette année, l'économie de revenu cumulative d'environ 5 milliards de dollars réalisée au cours des huit à dix dernières années, si cette mesure avait été appliquée, aurait portée l'exemption à environ 6 800 $.
Il faut également restructurer la contribution des employeurs au RPC, sans que cela ait un impact sur les revenus, de manière à la rendre progressive. Cette mesure favoriserait le plein emploi. Les employeurs disposeraient alors d'une mesure incitative : ils pourraient embaucher de nouveaux employés au lieu d'augmenter le nombre d'heures supplémentaires durant les périodes prospères, et réduire les heures de travail et non le nombre d'employés en période de ralentissement.
Concernant les cotisations versées par les employés, c'est de là que sont venus les coûts, l'an dernier, quand vous avez recommandé cette solution. Au lieu de dépenser l'argent, vous n'avez qu'à affecter toutes les futures réductions à l'exemption accordée aux employés. Une réduction de 10 ¢, l'an prochain, ferait porter l'exemption sur la première tranche de revenu de 1 000 $. Après trois ans, l'exemption équivaudrait à l'exemption du RPC, et il s'agit là d'un minimum absolu. Après huit ans, elle approcherait de l'exemption personnelle d'impôt qui protège les personnes à faible revenu, ce qui contribuerait à réduire la pauvreté infantile.
À (1040)
À mon avis, cette proposition doit servir de fondement aux recommandations que vous allez formuler. Vous devez, dans presque tous les cas, prôner une restructuration des cotisations sociales en vue de débloquer des fonds pour la pauvreté infantile, les municipalités, les services de garde d'enfants. Cette mesure aura pour effet, entre autres, d'améliorer notre position concurrentielle, de favoriser les investissements dans les infrastructures et d'accroître l'aide financière accordée aux municipalités.
La promotion du plein emploi favoriserait la création d'un cercle vertueux de réductions au titre de l'AE. En effet, on peut réduire les cotisations d'assurance-emploi et prévoir une exemption plus importante au fur et à mesure que le taux de chômage baisse. L'exemption plus élevée incite les employeurs à embaucher du personnel au lieu d'augmenter les heures supplémentaires dans les périodes fastes, et à réduire les heures de travail et non le nombre d'employés dans les temps difficiles, ce qui a pour effet de diminuer les coûts des cotisations sociales et de créer encore une nouvelle réduction. C'est un cercle vertueux.
Une stratégie à coût nul qui génère des recettes—c'est une chose rare. La plupart des incitatifs fiscaux—comme l'ont mentionné les représentants de la Writers Guild—entraînent des coûts, même s'ils constituent un excellent outil de politique publique. Cette stratégie-ci se veut à coût nul, et génère même des recettes.
Vous trouverez,en annexe, une liste des avantages extraordinaires que présente cette stratégie. Je n'ai pas le temps de les passer en revue. Toutefois, j'aimerais attirer votre attention sur une étude remarquable qui propose des moyens de réaliser des économies, de réaffecter les fonds à des causes plus louables, et de régler certaines questions fiscales qui posent problème sur les plans juridique et constitutionnel.
Je fais allusion ici au rapport de la Commission du droit qui s'intitule «Au-delà de la conjugalité». Dans la recommandation 22, la Commission affirme que le Parlement devrait remplacer le crédit pour époux ou conjoint de fait de la Loi de l'impôt sur le revenu en instaurant des améliorations aux programmes existants ou en lançant de nouveaux programmes mieux ciblés vers les fournisseurs de soins et des enfants pour assurer le soutien direct du revenu. Le rapport ajoute que le crédit est trop limitatif. Plus de la moitié des conjoints qui le reçoivent—et cela coûte très cher—ne sont pas le soutien d'enfants.
Cette recommandation nous rappelle que les ressources gouvernementales sont limitées et qu'elles doivent être distribuées en fonction des besoins pressants. La déduction universelle relative au conjoint était justifiée à l'époque où les couples avaient tendance à avoir des enfants, et où les femmes n'étaient pas les bienvenues sur le marché du travail.
Pourquoi nos lois fiscales prévoient-elles de telles déductions, peu importe les revenus du couple, alors que les parents ont droit à un crédit d'impôt pour enfants en fonction de leur revenu—crédit que nous aimerions voir majoré?
Pourquoi nos lois fiscales prévoient-elles de telles déductions pour ceux qui s'occupent des infirmes ou des personnes âgées sans revenu, alors que les parents, eux, ont droit à un crédit d'impôt en fonction de leur revenu? Les avantages fiscaux devraient être accordés en fonction des revenus non seulement des parents, mais de tous les bénéficiaires.
Je vais vous envoyer, par courriel, un document qui fait état du rôle prépondérant que jouent les parents dans notre développement, et de la nécessité d'investir dans ceux-ci. Cet investissement est plus important que la déduction universelle relative au conjoint. Nous devons réexaminer la question.
Il en va de même pour les avantages accordés au titre du RPC. Ils ont été conçus à l'origine, soit en 1966, à l'intention des femmes qui avaient passé une bonne partie de leur vie à s'occuper de leurs enfants, ou qui faisaient face à des obstacles sur le marché du travail. La femme perdait les avantages qui lui étaient accordés lorsqu'elle se remariait. Or, aujourd'hui, certains couples sans enfant, où les deux conjoints travaillent, ont droit à ces avantages.
Ceux-ci ont été élargis, récemment, dans le cadre du projet de loi C-23, la Loi sur la modernisation de certains régimes d'avantages et d'obligations. On peut se demander s'il est juste, sur le plan constitutionnel, que certaines personnes, comme les enfants de mêmes parents ou des amis qui habitent ensemble, n'aient pas le droit...notamment depuis que certains jugements rendus récemment laissent entendre que les enfants et la conjugalité ne constituent pas des éléments essentiels d'un mariage ou d'une union de fait.
En fait, ces nouveaux avantages ont été financés par une réduction de l'aide financière accordée aux enfants et aux étudiants. Au cours de la dernière décennie, nous avons mis fin aux allocations familiales universelles et aux crédits d'impôt personnel pour enfants, au motif que nous ne pouvions plus les financer. Au même moment, les frais de scolarité et le niveau d'endettement des étudiants, eux, ont augmenté de façon radicale.
Je vais m'arrêter ici. Merci beaucoup.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous allons maintenant entendre le dernier groupe, soit l'Association des secrétaires et trésoriers municipaux de l'Ontario.
Madame MacKenzie, nous vous écoutons.
Mme Mary MacKenzie (présidente, Association of Municipal Manager, Clerks and Treasurers of Ontario): Bonjour et merci de nous permettre de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
L'Association des secrétaires et trésoriers municipaux de l'Ontario représente plus de 2 200 professionnels municipaux de toute la province, ce qui en fait l'association bénévole de cette nature la plus importante en Ontario. Nous sommes fiers de dire que nos membres travaillent dans environ 97 p. 100 des municipalités ontariennes et participent directement, chaque jour, à presque tous les aspects de l'administration et des finances.
Les municipalités font face à de grandes difficultés financières au chapitre de la prestation des services locaux. Ce problème se complique lorsque les ordres élevés de gouvernement, particulièrement le niveau provincial, se déchargent d'un grand nombre des services qu'ils fournissent pour les confier aux municipalités.
Les impôts fonciers, vous ne l'ignorez pas, sont une très importante source de revenu à laquelle les administrations municipales recourent pour défrayer les coûts de nombre de services que leurs résidents s'attendent à recevoir d'elles. Les impôts fonciers commerciaux, toutefois, ne tiennent pas compte des profits réalisés et, ainsi, font obstacle à la croissance économique, à la productivité et à l'innovation dans les municipalités. Les impôts fonciers résidentiels, pour leur part, sont vulnérables aux fluctuations de l'économie et aux effets du vieillissement de la société. La dépendance des municipalité, en bref, envers les impôts fonciers en tant que principale source de revenu constitue une politique financière faible.
Les municipalités, de nos jours, se trouvent devant un dilemme : tout en leur imposant l'obligation législative de conserver l'équilibre de leurs budgets, on attend d'elles qu'elle fournissent des sommes sans cesse croissantes de services, que le gouvernement provincial les y force par voie législative ou que les citoyens exigent de tels services, tout en réglant une gamme complète de problèmes au fil de la croissance municipale et de l'avènement de nouveaux projets. Le dilemme consiste à essayer d'atteindre ces buts sans hausser les impôts fonciers ni couper les services existants pour en financer de nouveaux.
Bien que nombre d'administrations locales s'efforcent de restreindre les hausses d'impôts fonciers au taux d'inflation, plusieurs d'entre elles trouvent de plus en plus difficile de s'en tenir à cette mesure pour équilibrer leurs budgets. C'est désormais une tendance fâcheuse de plusieurs municipalités, dans leurs efforts pour équilibrer leurs budgets, que de couper les services et les programmes d'immobilisations au détriment des résidents.
Les administrations locales de toute la province constatent que leurs voies de circulation se détériorent ou ne sont tout simplement pas adéquates pour les normes plus élevées qu'appellent la croissance de la population et l'élargissement des limites municipales, que la qualité de leur eau potable est un souci constant et que leurs transports en commun, loin de prendre de l'avance sur le développement prévisible, ne suffisent pas à la demande actuelle.
L'ASTMO désire aujourd'hui vous présenter quelques idées novatrices en matière de financement que les municipalités voudraient se voir offrir par le gouvernement fédéral afin de régler certains des défis qui se posent à elles.
L'Ontario, à l'instar des autres provinces canadiennes, fait face à un déficit énorme et croissant au chapitre des infrastructures. Je parle ici de l'écart entre les ressources financières disponibles du secteur public et les ressources nécessaires à la mise en place, à la mise à niveau ou à la réparation d'infrastructures publiques vieillissantes. Il y a trop longtemps que nous laissons couver ce problème. Si nous ne prenons pas immédiatement des mesures efficaces, nous risquons de devoir gérer la détérioration grandissante de notre qualité de vie et de nos possibilités économiques.
L'ASTMO reconnaît que certaines initiatives fédérales récentes, notamment au chapitre des transports en commun, visent à réduire ce déficit. Depuis 1994, le gouvernement du Canada a investi 12 milliards $ dans des projets d'infrastructure dans tout le pays, ce qui a produit pour 30 milliards $ de projets. En 2003 seulement, 3 milliards $ ont été réservés au Fonds canadien sur l'infrastructure stratégique, un programme décrit au budget fédéral, pour répondre aux grands besoins d'infrastructure stratégique nationale et régionale de tout le pays. Vous trouverez dans notre rapport quelques exemples de projets qui ont été menés à terme.
On peut dire sans crainte que les municipalités recourent judicieusement et avec grand avantage aux programmes existants d'octroi aux infrastructures. Directement ou indirectement, les municipalités de l'Ontario et du Canada tirent d'importants profits de ces programmes. Il demeure cependant des problèmes. Les municipalités continuent de se battre pour répondre aux pressions montantes d'investissement dans de nouvelles infrastructures. Comme je le disais plus tôt, nous ne pouvons nous en remettre aux seuls impôts fonciers pour financer des investissements d'amélioration de la voirie, du transport et de la qualité de l'eau. Nous avons besoin de financement supplémentaire.
Nous le déclarons très respectueusement, l'engagement de 3 milliards $ sur 10 ans du Fonds canadien sur l'infrastructure stratégique, même accompagné d'un financement provincial équivalent, est loin de suffire. L'ASTMO recommande donc que le gouvernement fédéral établisse des programmes supplémentaires d'octroi en matière d'infrastructure afin de venir en aide aux municipalités. Elle recommande également que des programmes efficaces et fructueux, comme le FSIS, soient élargis quant au financement disponible.
Tout en accueillant et en encourageant des programmes fédéraux nouveaux et améliorés d'octroi aux infrastructures, l'ASTMO est d'avis que le processus de demande propre à de tels programmes peut et doit devenir moins astreignant et moins complexe.
À (1045)
Il est arrivé que des municipalités, particulièrement de petites municipalités, se rendent compte que la demande d'octroi en infrastructure et les obligations additionnelles résultantes avaient usé de ressources et de temps dont elles ne disposaient pas et dont elles n'avaient pas les moyens de se passer. Ces procédures de demande ont créé une somme extraordinaire de paperasserie qui n'est ni nécessaire ni rentable.
Plusieurs municipalités ont envisagé d'entreprendre la démarche de demande du programme Travaux d'infrastructure Canada/Ontario, mais ont trouvé les exigences si complexes et si détaillées qu'elles ont tout simplement décidé d'y renoncer.
L'ASTMO est d'avis que si un fonds d'infrastructure doit jamais réaliser son objectif et atteindre ses buts ultimes, la démarche de demande doit être moins complexe, moins chronophage et plus simple.
Les coûts d'entretien des voies de circulation locales et ceux des routes et ponts dont l'administration provinciale s'est déchargée sont maintenant financés à même les taxes foncières. À l'origine, les taxes provinciales et fédérales sur l'essence recueillies sur place devaient financer la construction et l'entretien des chemins. L'ASTMO croit que l'accès à une part de ces taxes serait très utile pour financer les réparations aux routes et ponts et pour améliorer le réseau de transport.
À l'heure actuelle, la grande majorité des recettes fiscales tirées de l'essence n'est pas dépensée selon cette intention originale, qui se constituait de l'amélioration des routes principales et secondaires. Il nous est donné de comprendre que des 4,7 milliards $ amassés en taxes fédérales sur l'essence en 2001-2002, l'investissement du gouvernement fédéral dans les projets d'infrastructure n'a été que de 2,5 p. 100, ou 118 millions $, des recettes totales produites, la majorité de ces dépenses étant concentrées dans certaines parties du pays.
Les Libéraux provinciaux, qui forment désormais le gouvernement ontarien, ont fait campagne en usant de cette question, s'engageant à rediriger deux sous par litre des taxes provinciales sur l'essence vers les municipalités au profit du transport en commun. L'ASTMO applaudit cette mesure audacieuse. Nous pouvons vous garantir que nous les rencontrerons très bientôt pour les exhorter à tenir parole.
Nous recommandons que le gouvernement fédéral emboîte le pas et engage une proportion égale ou supérieure des taxes actuelles sur l'essence dans des investissements très nécessaires en infrastructure.
En ne parlant que de l'Ontario, si seulement trois sous par litre des 2 milliards $ présentement perçus en taxes sur l'essence sont consacrés aux municipalités, plus de 400 millions $ deviendront accessibles aux projets très nécessaires d'infrastructure. On pourra ainsi dégager des sommes supplémentaires qui serviront exclusivement à la construction de meilleures voies de circulation ou à l'amélioration de nos systèmes de transport en commun, et libérer aussi des ressources, au niveau municipal, qui pourront être dirigées vers l'amélioration de l'eau potable ou le redressement d'autres services municipaux qui ont été réduits ou négligés.
Je désire signaler qu'en redirigeant directement les taxes sur l'essence vers les municipalités, le gouvernement fédéral s'assure que toutes les régions de la province reçoivent la part qui leur revient.
Je dois aussi signaler que l'ASTMO, à l'instar de tout autre organisme municipal, ne propose pas de hausse des taxes actuelles sur l'essence. Elle demande simplement que les municipalités touchent une part des taxes déjà perçues et que ces recettes servent le but dans lequel elles ont été créées.
Merci.
À (1050)
Le président suppléant (M. Shawn Murphy): Merci beaucoup, et merci à tous les témoins.
Nous allons maintenant passer aux questions. Nous allons d'abord entendre M. Pillitteri.
M. Gary Pillitteri (Niagara Falls): Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela fait 10 ans que je participe aux consultations prébudgétaires, et chaque fois que je viens à Toronto, je constate que c'est ici que les audiences coûtent le plus cher. Je ne veux pas vous offenser, mais quand on commence à additionner le tout—c'est peut-être à cause de la superficie de Toronto, ou du fait que tout le monde cherche à définir ses besoins réels—on remarque que c'est ici que cela coûte le plus cher.
Je voudrais aborder deux points.
Madame Friendly, vous avez fait, ce matin, un commentaire qui m'a frappé—bien entendu, vous avez souvent témoigné devant le comité des finances, à Ottawa la plupart du temps—et que je trouve un peu inquiétant : vous placez le Canada et les mesures qu'il a prises pour lutter contre la pauvreté infantile dans la même catégorie que la Jamaïque, quand vous faites allusion aux dépenses qu'il prévoit engager dans ce domaine. Voilà pour le premier point.
Ensuite, vous dites que l'Europe consacre 1 p. 100 de son PIB à ce champ d'activité. Les Européens ont l'habitude, et ce, depuis des années, de préparer de beaux rapports sur les dépenses qu'ils engagent et les programmes qu'ils mettent sur pied. Il y en a un en particulier qui dit que l'Union européenne aurait dû réduire les subventions à l'agriculture au cours des 30 dernières années. Mon Dieu, ils n'ont jamais réduit les subventions à l'agriculture. Ils continuent de les augmenter et de dépenser. Donc, les Européens rédigent de beaux rapports, mais lorsqu'on se rend sur place pour voir comment ils appliquent les recommandations, on constate que celles-ci ne sont pas applicables.
En ce qui concerne la pauvreté infantile, je ne voudrais vivre nulle part ailleurs. Notre bilan n'est pas aussi négatif que vous le laissez entendre, quand vous dites que le Canada ne fait pas autant que l'Union européenne au chapitre des services de garde d'enfants.
Mme Martha Friendly: Puis-je répondre?
À (1055)
M. Gary Pillitteri: Si vous voulez.
Mme Martha Friendly: Je vais commencer par le premier point.
Vous n'avez peut-être pas bien saisi mes propos. Je ne parle pas de la pauvreté infantile, mais des services d'éducation et d'accueil de la petite enfance, des services qui mettent l'accent sur l'éducation des jeunes enfants, la garde d'enfants si le parent est ailleurs, et le soutien aux parents. Les groupes de défense des enfants pauvres considèrent peut-être que ces services font partie d'une stratégie globale de lutte contre la pauvreté infantile, mais je parle d'un concept qui est différent de la pauvreté infantile.
J'ai utilisé la Jamaïque comme exemple pour démontrer à quel point le Canada accuse du retard par rapport aux autres pays sur le plan de l'élaboration d'une politique sociale et de l'investissement de fonds publics... j'ai utilisé la Jamaïque comme exemple, parce que je fais partie d'un organisme qui s'intéresse à cette problématique. En fait, le gouvernement de la Jamaïque—un pays très pauvre qui affiche un taux de pauvreté infantile très élevé—s'affaire à mettre en place une politique nationale qui permettra d'offrir le genre de programmes auxquels je fais allusion. Je ne dis pas que ces programmes seront aussi merveilleux que ceux que l'on trouve en Suède, mais seulement que le pays se penche sur la question.
Je vais maintenant passer au deuxième point. Vous parlez de la pauvreté infantile dans les pays européens. D'abord, je tiens à dire que le taux de pauvreté infantile, notamment dans les pays nordiques, est beaucoup plus faible qu'au Canada. C'est ce qui se dégage des rapports des Nations Unies sur le développement humain et autres études. Or, je fais allusion ici aux services d'éducation et d'accueil des jeunes enfants que l'on trouve dans les pays membres de l'Union européenne notamment, pays qui se démarquent des autres parce qu'ils ont adopté des politiques d'intérêt public coordonnées et consacré des ressources financières à ce secteur. Voilà ce à quoi je fais allusion.
J'ai visité différents pays d'Europe. J'ai examiné les programmes qui existent en France...
M. Gary Pillitteri: C'est là que je suis né.
Mme Martha Friendly: Oui, et aussi en Italie. Dans la plupart des pays d'Europe continentale aujourd'hui, à peu près tous les enfants âgés de deux ou trois ans commencent à participer à des programmes subventionnés par l'État...
M. Gary Pillitteri: Si les parents peuvent se le permettre.
Mme Martha Friendly: Non. L'Italie, la France, la Belgique, la Suède, la Norvège et le Danemark offrent des services de garde en milieu scolaire qui sont en général gratuits—et il en est question dans mon mémoire—de même que des programmes destinés aux bébés et aux tout-petits et des services de garde après l'école. Les tarifs sont dégressifs. Je peux vous fournir la liste des rapports mentionnés dans l'étude de l'OCDE à laquelle j'ai fait allusion. Ils se trouvent tous sur mon site Web. J'accepterai volontiers de vous les faire parvenir.
Ce que j'ai dit, c'est qu'au cours de la dernière décennie, des 10 ou 20 dernières années, ces pays ont tous mis en place des programmes alors que le Canada, lui, n'a rien fait. Et certains des programmes offerts en Italie, surtout dans le Nord, sont exemplaires.
M. Gary Pillitteri: Dans le Nord.
Mme Martha Friendly: Et dans le Sud aussi. Toutefois, concernant la qualité des programmes, ceux offerts dans le Nord de l'Italie sont exemplaires.
Je ne sais pas comment m'y prendre pour vous convaincre d'y aller, mais...
M. Gary Pillitteri: Je me permets de ne pas partager cet avis. Quand je m'y rends pour des raisons personnelles, et ils ne s'attachent peut-être pas à me montrer leur savoir faire, mais quand je m'y rends, je constate que ce n'est pas du tout le cas. En fait... J'ai eu l'occasion de voir les services qui sont offerts dans le Nord, et laissez-moi vous dire qu'ils laissent à désirer.
Mme Martha Friendly: Monsieur Pillitteri, je vous fournirai volontiers les études qui ont été réalisées sur le sujet, parce que je ne me fonde pas uniquement sur mon point de vue anecdotique—c'est un fait bien établi. Nous avons des données sur les investissements qui sont effectués, le pourcentage d'enfants qui participent aux programmes, et ce sont des données fiables qui sont fournies par l'OCDE. Si vous voulez en discuter, je fournirai volontiers ces études au comité. Cela fait partie de mon travail.
Merci.
Le président suppléant (M. Shawn Murphy): Il ne vous reste plus que quelques secondes, monsieur Pillitteri.
Madame Maund.
Mme Jacquie Maund: Puis-je faire un bref commentaire? Vous voulez savoir quel rang occupe le Canada. Ces renseignements figurent dans le rapport original que j'ai fait parvenir au comité, en septembre. Le Canada se classe au premier rang des pays du G-8 pour ce qui est de la croissance du PIB. Toutefois, les comparaisons internationales des taux de pauvreté infantile nous placent dans une situation moins favorable. D'après les données les plus récentes, le Canada, par rapport aux pays de l'OCDE, arrive au 15e rang parmi les 19 puissances les plus riches au monde. Je peux vous donner la source de ces données.
J'ai moi-même fréquenté la prématernelle, en Italie, à l'âge de quatre ans. Le service était accessible à tous.
M. Gary Pillitteri: Cela dépend des critères qui sont appliqués.
Le président suppléant (M. Shawn Murphy): Cette discussion est fort intéressante, mais malheureusement, votre temps de parole est écoulé. Nous allons maintenant entendre M. Brison.
M. Scott Brison (Kings—Hants, PC): Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous les témoins que nous avons entendus ce matin.
Ma première question porte sur les mesures fiscales qui peuvent être prises au niveau fédéral pour régler le problème de la pauvreté infantile, de la pauvreté en général, notre marge de manoeuvre étant limitée par la Constitution, qui confie la responsabilité des soins de santé et de l'éducation aux provinces. Ces mesures doivent être liées aux transferts, à des mécanismes de reddition de comptes, à l'impôt fédéral. À mon avis, le régime fiscal n'est pas utilisé de façon très efficace. Par exemple, si l'exemption personnelle de base était portée à 15 000 $ et que les Canadiens qui gagnent moins de 15 000 $ ne payaient plus d'impôt, il y aurait 2,2 millions de Canadiens à faible revenu qui seraient rayés du rôle d'imposition.
L'idée d'un revenu annuel garanti, qui fait l'objet de discussions depuis au moins 30 ans et qui recueille l'appui des tenants aussi bien de la droite que de la gauche, a donné lieu, aux États-Unis, à la mise en place d'un crédit d'impôt sur les revenus salariaux, une mesure qui a pour effet de fournir un crédit d'impôt remboursable aux travailleurs américains à faible revenu.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de l'idée de hausser l'exemption personnelle de base, et aussi du crédit d'impôt sur les revenus salariaux, crédit qui aiderait notamment les assistés sociaux à réintégrer le marché du travail. Au Canada, les familles qui vivent de l'aide sociale et qui choisissent de travailler le font souvent au détriment du revenu familial. Nous ne pouvons pas, logiquement, condamner ces personnes parce qu'elles refusent de prendre une décision qui aurait pour effet de réduire le revenu de leur famille et de leurs enfants. Quel est votre avis là-dessus?
Á (1100)
M. Gerald Vandezande: J'aimerais répondre à la question.
Il faudrait effectivement hausser le niveau d'exemption, mais en respectant le principe d'équité. Autrement, on pourrait se retrouver dans une situation où, de fait... J'ai une formation de comptable, et mon souci premier est de faire en sorte que le principe d'équité est appliqué. Je ne parle pas ici d'égalité, qui est une notion différente. Quand je parle d'équité, je songe aux familles, aux parents uniques, entre autres, à qui on devrait accorder une exemption fiscale plus importante. Il faut aussi que l'aide leur soit versée directement. Il en va de même pour les transferts d'impôt. C'est un problème qui nous préoccupe, en Ontario, depuis déjà un bon moment : les transferts garantis par Ottawa ne sont pas versés directement aux personnes. Quand ils le sont, ils sont assortis d'une disposition de récupération. Donc, les transferts, les taux d'imposition, les crédits doivent être intégrés de manière à faire en sorte que les familles et les enfants dans le besoin reçoivent effectivement—et ma famille immédiate, mes amis, les habitants du quartier me tiennent au courant de la situation—une hausse de revenu qui, comme vous le laissez entendre, serait non imposable à partir d'un certain niveau.
Il est important, par ailleurs, que ces transferts, peu importe la façon dont ils sont effectués, soient perçus comme des investissements. Encore une fois, et je me fonde sur ma formation de comptable, quand on effectue des investissements, il est important de faire une distinction entre les besoins en logements adéquats et les besoins en matière de garde d'enfants, puisque ce sont là des investissements qui rapportent à long terme et qui améliorent considérablement la qualité de vie de ces familles.
Il existe un ensemble de mesures, de crédits d'impôt provinciaux et fédéraux, qui améliorent la qualité de vie des familles et des enfants dans le besoin, qui leur donne accès à des logements adéquats, qui rehausse leur pouvoir d'achat, ce qui leur permet de participer de façon active à la société sans être tout à fait tributaires de la charité d'autres organismes.
J'ai reçu récemment, par courrier, un document qui fait état du nombre accru de personnes qui ont recours aux banques alimentaires à Toronto—le chiffre a doublé—et aux centres d'hébergement. Le problème est énorme.
M. Scott Brison: Il y a un autre point qu'il convient de mentionner—le comité a rencontré des représentants des banques alimentaires et des centres d'hébergement—et c'est le fait que les questions relatives à la santé mentale et à la toxicomanie constituent des enjeux de taille. Concernant les soins de santé—et nous savons que ce secteur est en difficulté—on n'accorde pas assez d'attention aux maladies mentales et aux stratégies de lutte contre celles-ci. C'est une victime, parmi d'autres, de la crise qui frappe le secteur des soins de santé. On dit qu'on a besoin d'appareils IRM. C'est vrai, mais l'intérêt que l'on porte à cette question détourne souvent notre attention des problèmes qui existent au niveau de la santé mentale, problèmes qui sont aigus.
Merci beaucoup, madame la présidente.
Á (1105)
M. Gerald Vandezande: Sur ce point, je tiens à dire qu'il est essentiel d'adopter des mesures préventives et aussi proactives, pour éviter d'effectuer d'abord des dépenses, et de dire par la suite que nous devons trouver une solution à cette crise. Il existe des moyens qui nous permettent, à l'avance, d'établir qu'une famille risque de se trouver en difficulté. Si les divers paliers de gouvernement avaient, de concert avec les ONG et autres groupes communautaires, pris des mesures—fiscales ou autres—pour éviter que des personnes tombent entre les mailles du filet, nous ne serions pas obligés, aujourd'hui, de prendre autant d'engagements en matière de soins de santé.
M. Scott Brison: J'aimerais poser une question.
La présidente: Merci beaucoup.
Je m'excuse, mais il y a quatre personnes qui souhaitent poser des questions, et il ne nous reste pas beaucoup de temps. Vous avez eu droit à plus de sept minutes.
Monsieur Wilfert.
M. Bryon Wilfert: Merci, madame la présidente.
Concernant la campagne de lutte contre la pauvreté infantile, on a beaucoup parlé de la nécessité d'établir—et Mme Friendly y a fait allusion— un cadre d'action. La question de l'administration provinciale constitue pour bon nombre de personnes, moi y compris, une véritable source de frustration. Vous souhaitez qu'on établisse une politique nationale, et vous prétendez qu'on utilise la technique du bâton pour convaincre les premiers ministres provinciaux de faire quelque chose. Or, voilà, nous n'avons pas encore trouvé la technique qui convient.
Pour ce qui est des cinq principes qui sous-tendent le régime d'assurance-maladie, aucun financement n'est accordé lorsque ceux-ci ne sont pas appliqués. Je ne suis pas prêt à verser un dollar de plus à qui que ce soit, et ce, tant que des critères identiques aux cinq principes n'auront pas été établis, des critères qui précisent clairement que, pour avoir accès aux fonds, il faudra s'engager à faire telle et telle chose. Or, vous devez, vous aussi, rappeler les premiers ministres provinciaux à l'ordre, parce qu'ils n'assument pas leurs responsabilités.
Je voudrais savoir, brièvement, ce que vous pensez de l'idée d'adopter une formule qui s'inspire des cinq grands principes sur lesquels s'appuie le régime d'assurance-maladie. Comment pouvons-nous faire en sorte que...? Nous devons établir des règles strictes qu'il faudra respecter pour avoir accès au financement, si financement il y a.
Mme Caroline Di Giovanni: Je vais répondre en premier. Martha et les autres auront sûrement quelque chose à ajouter.
La reddition de comptes au niveau provincial est quelque chose que nous prônons depuis le début, parce que nous voulons un programme national qui englobe toutes les provinces. L'accord multilatéral pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants constitue un pas important. Nous avons eu l'occasion d'en discuter longuement avec la ministre Stewart, parce que nous sommes prêts, en tant que groupe de défense, à continuer d'exercer des pressions auprès des provinces pour qu'elles acceptent de souscrire au mécanisme de reddition de comptes. Nous voulons un cadre et un mécanisme de responsabilité auxquels les provinces devront se conformer.
Nous avons profité de l'élection, en Ontario, pour entreprendre une campagne de publicité à plusieurs volets, qui consistait à faire paraître des annonces dans tous les journaux de Toronto, et dans certains grands journaux nationaux, parce que nous voulions inciter les politiciens de tous les partis à focaliser sur cette question, à vaincre leur résistance et à appuyer le programme, à collaborer ensemble. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli.
Nous précisons, à la recommandation quatre, qu'il faut envisager l'adoption d'autres mesures si les provinces refusent d'être tenues responsables. Nous nous sommes longuement penchés sur la question de savoir s'il faut, par exemple, accorder un financement direct aux municipalités dans certains domaines. Nous sommes prêts, en tant que groupe de défense, à unir nos efforts à ceux qui sont disposés à examiner cette solution de près. Le taux élevé de pauvreté infantile constitue une véritable honte.
Il y en a peut-être d'autres qui souhaitent faire des commentaires.
M. Bryon Wilfert: Merci.
Soyez bref, parce que j'ai d'autres questions.
Á (1110)
Mme Martha Friendly: Je suis tout à fait d'accord. Ce que nous prônons depuis des années, c'est une formule qui s'apparente de près au régime de soins de santé, qui respecte les compétences des provinces, qui prévoit un mécanisme pour éviter que les fonds ne soient gaspillés ou utilisés à d'autres fins.
Quand je parle d'un cadre d'action, je fais allusion à quelque chose de beaucoup plus détaillé que... Non, ce n'est pas seulement le bâton qui compte, mais également la carotte. Il faut que ce soit une combinaison des deux. Il faut considérer aussi ce qui est arrivé au pacte social, au Régime d'assistance publique du Canada. Des décisions ont été prises au niveau fédéral, des décisions que la plupart ici qualifient de mauvaises.
Quand les choses ne fonctionnent pas, il faut apporter des changements. J'encourage le gouvernement fédéral à assumer encore une fois un rôle de leadership sur le plan de la politique sociale. Cela ne veut pas dire qu'il doit prendre en charge tous les services ou déterminer quels services seront offerts. Certaines de ces décisions doivent, en fait, être prises au niveau local.
Pour ce qui est du cadre d'action, ma plus grande frustration, c'est de voir que le gouvernement fédéral ne joue plus de rôle dans la définition de la politique sociale. Le Canada est une fédération. Nous ne pouvons nous permettre d'adopter une approche balkanisée, de laisser à chaque premier ministre le soin d'agir à sa guise.
M. Bryon Wilfert: Je suis d'accord, mais les responsables politiques sont efficaces. Le problème, c'est que la technique de la carotte n'a pas fonctionné. Je suis prêt, dans une large mesure, à miser davantage sur le bâton, mais je pense que c'est question de volonté politique. Cette volonté doit être présente de tous les côtés.
Pour ce qui est de la Writers Guild, je n'ai pas l'intention de revenir sur la question du FCT, parce que ce dossier a été très mal piloté par Patrimoine canadien. Pour ce qui est des 120 millions, je suis d'accord.
Madame la présidente, je tiens à préciser que je suis membre de l'ASTMO. Je suis le seul représentant municipal élu à en faire partie, et je continuer de payer des cotisations, chose qu'ils apprécient beaucoup.
Je partage votre avis pour ce qui est du processus de demande. Le problème, c'est que les accords sur l'amélioration des infrastructures sont conclus avec chacune des provinces. Certains sont plus compliqués que d'autres. L'Alberta fait preuve d'une plus grande efficacité à ce chapitre.
Vous avez commis une petite erreur. Ce n'était pas le SIF, mais plutôt le programme d'infrastructure municipal, qui était échelonné sur dix ans. Ce n'est qu'une fois le fonds sur l'infrastructure stratégique mis en place que le ministre a doublé les sommes consacrées à celui-ci. C'est un fonds très important qui sert à financer les projets de plus grande envergure.
Pour ce qui est de la taxe sur l'essence, je ne suis pas tellement en faveur de cette idée, parce qu'il n'existe pas de structure qui nous permet de verser l'argent directement aux municipalités. La loi du Québec l'interdit. Je ne suis pas prêt à envoyer un chèque aux provinces et à leur dire ce qu'il convient de faire avec les fonds alloués aux municipalités. Si nous arrivons à nous entendre sur une formule, je l'examinerai volontiers. Je n'ai pas appuyé l'idée en tant que président de la FCM. Je ne peux le faire si aucun mécanisme adéquat n'est mis en place.
Il y a une chose que vous devriez exiger, si vous ne l'avez pas encore fait, et c'est l'amélioration du pouvoir de taxation des municipalités, en Ontario surtout. Le Manitoba est un peu plus progressiste à certains égards.
Je ne dis pas qu'il faut augmenter les taxes, mais que les municipalités devraient avoir le pouvoir de le faire, et ce, pour améliorer la reddition de comptes et la transparence. J'aimerais bien que le gouvernement fédéral puisse recevoir de l'argent et le dépenser sans explication aucune. C'est ce que voudraient certains de mes collègues municipaux. Or, ce n'est pas très pratique.
Vous avez raison de dénoncer le processus de demande. Il faudra peut-être demander au gouvernement provincial de le simplifier. À mon avis, le meilleur programme était celui qui existait en 1994-1997. Il était simple : les coûts étaient partagés également entre les trois paliers. Toutes les municipalités de la province ont présenté une demande, parce qu'elles ne pouvaient pas dire que qu'elles n'avaient pas l'argent. Elles l'avaient, puisqu'elles l'ont trouvé. Donc, je suis d'accord avec vous sur ce point.
M. Gerald Vandezande: Monsieur Wilfert, il y a beaucoup de personnes dans les grandes villes qui se plaignent du fait que le gouvernement fédéral ne rend pas compte de toutes les recettes que ces villes versent à Ottawa.
La présidente: C'est la présidence qui exerce un contrôle, ici...
M. Gerald Vandezande: Je m'excuse.
La présidente: ...et M. Wilfert a dépassé son temps de parole.
Je vous prie de terminer, monsieur Wilfert.
M. Bryon Wilfert: À mon avis, tous les ordres de gouvernement devraient rendre des comptes. Les organismes aussi. Quand vous comparaissez devant nous, vous ne nous dites jamais d'où doit provenir l'argent. Cette question me préoccupe, car nous en avons peu. Nous n'allons pas nous mettre en déficit.
Je voulais en fait poser une question à M. Polito, mais mes six minutes sont écoulées.
La présidente: Vous avez dépassé votre temps de parole.
Nous allons maintenant entendre M. Murphy. Allez-y.
M. Shawn Murphy: Je vais m'adresser à M. Polito.
Je voudrais vous poser quelques questions, monsieur Polito. J'ai lu votre exposé, que je trouve fort intéressant. Vous êtes sur la bonne voie, mais je ne comprends pas certains des arguments que vous avancez.
D'abord, à un moment donné, le gouvernement, que ce soit celui-ci ou un autre, devra entreprendre un examen approfondi du régime d'assurance-emploi. Celui-ci s'est transformé, discrètement, en taxe sur l'emploi. Il est devenu, en même temps, partie intégrante de la structure sociale de ce pays. Toutefois, le régime a un impact assez négatif sur notre productivité. Nous devrons l'analyser en profondeur et décider ce que nous voulons en faire.
J'ai lu le texte que vous avez préparé. Vous parlez des cotisations. Je suppose que vous appuyez la recommandation que le comité a formulée, l'an dernier, au sujet de l'EBA.
Á (1115)
M. Joseph Polito: Oui.
M. Shawn Murphy: Ensuite, vous parlez des cotisations qui sont payées et de la déduction qui devrait être accordée, déduction qui est nettement plus importante que celle que nous avons recommandée l'an dernier—mais ce n'est qu'un détail. Nous pouvons en discuter plus tard. Vous avez passé sous silence la question des avantages. Est-ce que vous préconisez le statu quo?
M. Joseph Polito: Vous faites allusion aux paiements de...
M. Shawn Murphy: Les avantages auxquels ont droit les travailleurs. Supposons que vous occupez un emploi saisonnier et que vous travaillez pendant 24 semaines. Est-ce que vous laissez entendre que ces travailleurs ont droit aux mêmes avantages?
M. Joseph Polito: Non. Je ne fais que mettre l'accent sur un élément de la restructuration des cotisations. Le régime d'assurance-emploi est beaucoup trop compliqué...
M. Shawn Murphy: Vous n'avez rien dit à ce sujet. Donc, ce que vous proposez essentiellement dans votre exposé, c'est que l'on fixe un niveau d'exemption.
M. Joseph Polito: On pourrait fixer un niveau d'exemption en restructurant le régime, comme l'a proposé M. Scarth dans un premier temps, au lieu de...
Je pense que vous avez adopté, l'an dernier, la proposition mise de l'avant par l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires.
M. Shawn Murphy: Oui, et par le Conseil canadien du commerce de détail.
M. Joseph Polito: Ce qu'ils ont réclamé, essentiellement, c'est une réduction d'impôt à ce niveau-là, et non une réduction de l'impôt des sociétés. Toutefois, vous n'aviez manifestement pas les moyens de donner suite à cette recommandation, puisque cela aurait représenté une dépense de plus de 2 milliards de dollars. Toutefois, la restructuration vous permettra de financer bon nombre des avantages sociaux, et aussi de vous attaquer à l'ensemble des causes louables qui vous tiennent à coeur, c'est-à-dire la pauvreté, le chômage, ainsi de suite. C'est l'approche qu'ont proposé M. Scarth, M. Foot, M. Donner, et tous les grands économistes que compte le Canada.
Vous savez, on dépense entre 30 et 90 milliards de dollars pour contrer le chômage. Or, chaque fois que vous réduisez d'un point de pourcentage le taux de chômage, vous dégagez des milliards de dollars qui peuvent être réaffectés ailleurs. Vous pouvez, par exemple, vous en servir pour atténuer les problèmes associés au chômage, c'est-à-dire les familles brisés, les pertes d'emplois, les foyers perdus, ainsi de suite.
On pourrait qualifier cette innovation d'historique. J'aimerais rencontrer les économistes, les experts en productivité qui, au début du siècle, ont apporté quelques changements aux techniques de travail des briqueteurs, changements qui ont eu pour effet de doubler leur productivité et de permettre à l'entrepreneur de réduire ses dépenses de moitié. Nous pouvons faire des choses extraordinaires, intelligentes. Il s'agit là d'un exemple parmi d'autres.
M. Shawn Murphy: Donc, ce que vous dites essentiellement, c'est que cette formule d'exemption favoriserait le plein emploi et contribuerait à réduire le taux de chômage, qui est présentement de 7,8 ou 8 p. 100... Je suppose que le niveau du plein d'emploi est d'environ 3 ou 4 p. 100. Est-ce bien ce que vous dites?
M. Joseph Polito: Oui, c'est ce qui se produirait.
M. Shawn Murphy: Y a-t-il d'autres pays qui appliquent cette formule?
Nous avons un régime d'assurance-emploi unique au monde.
M. Joseph Polito: Le plafond, aux États-Unis, est plus élevé, mais l'effet est le même. Malgré cela, certains observateurs américains préfèrent, pour les mêmes raisons, une exemption substantielle immédiate aux réductions d'impôt massives que préconise M. Bush, réductions qui créeraient un déficit de 70 milliards de dollars.
Comme le plafond appliqué aux charges sociales est plus élevé, les employeurs sont moins portés à augmenter les heures de travail et à congédier des employés, cette façon de faire ne comportant pas vraiment d'avantage financier. Leur taux de chômage naturel est légèrement inférieur au nôtre. Cette formule semble donc présenter... Mais j'aimerais que le Canada fasse preuve de leadership, que la Chambre des communes donne le ton, pour les autres pays, les pays européens, puissent louer notre programme. Notre régime de charges sociales est trop compliqué.
M. Shawn Murphy: Si l'on se fie à ce qu'a dit M. Foot, entre autres, il va bientôt y avoir une pénurie de main-d'oeuvre au Canada, et cela va avoir un impact sur...
M. Joseph Polito: L'impact sera nul.
Á (1120)
M. Shawn Murphy: L'impact sera nul, mais il reste que ces questions sont liées entre elles.
M. Joseph Polito: C'est vrai, mais cela fait maintenant vingt ans que j'accompagne des étudiants à des conférences économiques, et on nous a mis en garde contre ce phénomène, sauf qu'il ne s'est pas encore produit, car il est difficile de bien définir les tendances démographiques. Donc, on peut appliquer cette mesure immédiatement, venir en aide aux personnes qui sont confrontées à des problèmes, et réduire aussi le taux de pauvreté infantile.
Les jeunes parents sont les premiers à perdre leur emploi, et du coup, on se retrouve avec un taux de pauvreté infantile plus élevé. Cette mesure permettrait d'atténuer le problème.
M. Shawn Murphy: Pour terminer, monsieur Polito, si vous avez d'autres documents qui pourraient nous être utiles, nous aimerions bien les avoir.
M. Joseph Polito: J'ai essayé d'aborder les points les plus importants dans mon exposé, les changements apportés au milieu de travail et le rapport Donner. En fait, juste avant l'élection de l'an 2000, M. Donner, M. Foot, et M. Reid devaient comparaître—je pense que M. Cullen avait fait les arrangements—devant le comité et rencontrer des représentants du ministère des Finances, parce qu'ils connaissent le sujet à fond.
M. Shawn Murphy: Avez-vous eu l'occasion de discuter de cette question avec le ministère des Finances ou les tenants de cette proposition?
M. Joseph Polito: Non.
La présidente: Monsieur Murphy , un dernier commentaire.
M. Shawn Murphy: Je voulais poser une question à Mme MacKenzie au sujet de ce transfert de deux ou trois sous par litre de la taxe sur l'essence au Canada. Nous ne savons pas si cette proposition bénéficie d'un large appui. Nous ne savons pas qui est pour, et qui est contre. Ce que je peux vous dire, c'est qu'après avoir écouté le ministre Manley, lundi dernier, il va être très difficile de trouver l'argent.
Personnellement, je ne suis pas contre l'idée de hausser les taxes, en raison notamment du protocole de Kyoto, puisque nous ne savons pas encore comment nous allons financer ce programme ou respecter nos engagements. On procéderait essentiellement à un transfert de la taxe sur les hydrocarbures. Vous dites, comme de nombreuses autres personnes d'ailleurs, que la taxe d'accise rapporte des milliards de dollars au gouvernement fédéral, et que seuls quelques millions sont réinvestis. Or, nous sommes confrontés à un défi environnemental de taille, parce que 40 p. 100 des gaz à effet de serre sont émis par les personnes mêmes auxquelles vous faites allusion. Elles ne financent pas les stratégies de réduction. C'est le gouvernement fédéral qui devra s'en charger, et peut-être dans une moindre mesure, les gouvernements provinciaux. Vous n'avez pas tenu compte de ce facteur dans votre calcul.
Si je me fie à ce que vous dites dans votre mémoire, vous êtes contre l'idée d'augmenter la taxe d'accise pour financer la proposition que vous appuyez d'emblée.
La présidente: Merci beaucoup.
M. Shawn Murphy: Est-ce exact? Vous êtes contre...?
Mme Mary MacKenzie: Oui. À notre avis, en redirigeant une partie des fonds—je pense qu'on a proposé trois sous—on se trouverait non pas à augmenter les taxes, mais à verser les recettes déjà perçues aux municipalités, au profit de l'amélioration des routes.
La présidente: Les recettes du gouvernement fédéral baisseraient automatiquement, ce qui compliquerait les choses, et vous le savez fort bien. Il est question ici de sommes énormes, d'une mesure qui aurait un impact important. Nous allons devoir examiner cette proposition de près.
Madame Judy Wasylycia-Leis.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci, madame la présidente.
Si Martha Friendly n'était pas déjà partie, je lui aurais posé une question au sujet des 4 milliards de dollars qui pourraient être consacrés, sur quatre ans, aux services de garde d'enfants, selon la formule qu'elle propose. Je trouve son idée intéressante, et j'espère que les libéraux autour de la table en ont pris note, bien que je trouve déplorable que des groupes qui font la promotion des services de garde et qui luttent contre la pauvreté soient obligés de réduire leurs attentes, alors qu'on a consacré 4 milliards de dollars au remboursement de la dette au cours de la dernière année financière, parce qu'on a sous-estimé l'excédent.
J'aimerais reprendre la question que vous ont posée mes collègues d'en face concernant la provenance des fonds et l'attitude à adopter à l'égard des provinces qui ne rendent jamais de comptes.
Je m'adresse aux représentants du groupe Campaign Against Child Poverty et de la Writers Guild of Canada, parce que je pense que nous parlons, ici, de la même chose. Nous parlons de la pauvreté infantile, de la pauvreté chez les écrivains, de l'absence d'investissements dans les programmes et les communautés, investissements qui permettraient de favoriser la croissance économique et, partant, de réduire la dette.
Je voudrais d'abord entendre le groupe Campaign Against Child Poverty, et ensuite Gail. Je verrai après combien de temps il me reste.
Mme Caroline Di Giovanni: Merci d'avoir posé la question : d'où va provenir l'argent? Je laisserai à Gerald le soin d'y répondre.
Nous estimons, dans une certaine mesure, qu'une partie de l'excédent devrait être affectée à ce programme. Il faudrait aussi accélérer le versement de la prestations fiscales pour enfants, parce qu'il est possible d'aider directement les enfants directement par le biais du régime d'imposition des familles.
Toutefois, on pourrait également considérer cette dépense comme un investissement. Revenons à ce qu'a dit Martha. Si les dirigeants des gouvernements fédéral et provinciaux faisaient de cet enjeu une priorité, ils arriveraient à trouver l'argent.
Vous savez qu'à une certaine époque, les systèmes scolaires n'existaient pas. Or, les communautés arrivaient quand même à trouver un moyen d'embaucher un enseignant. C'était pour elles une priorité, et elles arrivaient à se débrouiller. Nous en sommes, dans une certaine mesure, au même point avec la garde d'enfants. Nous devons considérer cet enjeu comme une priorité, un investissement aux retombées considérables, voire énormes, compte tenu de l'effet stabilisateur que celui-ci peut avoir sur la population. Si l'on considère, dès le départ, ce placement comme un investissement sur vingt ans, alors les personnes qui cotiseront au régime de pensions seront en mesure de bénéficier d'une certaine stabilité, d'occuper un emploi, de lire, d'éprouver un sentiment d'appartenance à l'égard de leur communauté. C'est ce que nous devons établir dès les premières années.
Il n'est pas uniquement question ici d'apprendre à connaître l'alphabet et à distinguer les couleurs. Nous devons apprendre à devenir de bons citoyens et à évoluer au sein d'une société civilisée, non pas au sein de communautés dispersées et mal nourries. L'argent dont nous avons besoin peut provenir de l'excédent, des avantages fiscaux, des ressources qui peuvent être mobilisées, de concert avec les provinces.
Certaines provinces accordent à ces questions, au cadre multilatéral, plus d'importance que d'autres. Nous en sommes conscients. Mais si les dirigeants à l'échelle nationale arrivent à démontrer que cet enjeu constitue une priorité, nous serons alors en mesure d'atteindre les objectifs qui ont été fixés, c'est-à-dire de créer un milieu stable pour les enfants de toutes les régions du pays.
Á (1125)
M. Gerald Vandezande: Je ne répéterai pas ce qui a déjà été dit au sujet de l'utilisation de l'excédent. Je pense que le comité, d'après sa lettre d'invitation, veut provoquer un échange de vues, à l'échelle nationale, sur les priorités, les valeurs, les mesures concrètes qui doivent être prises. Étant donné la crise qui existe à l'échelle planétaire, la situation particulière dans laquelle se trouvent à l'heure actuelle le Canada, M. Martin, les libéraux et les autres partis, quelles sont les principes qui doivent servir de fondement au budget du Canada? Qu'entendons-nous par prospérité, bien-être, développement de la conscience communautaire, dignité humaine, respect mutuel et responsabilité?
Je ne pense pas que les baisses d'impôt comme celles décrétées aux États-Unis, par exemple, contribuent à aider l'économie ou les personnes qui ont des besoins criants. Si nous voulons appliquer des mesures fiscales, assurons-nous qu'elles sont bien ciblées, qu'elles viennent en aide ceux qui sont dans le besoin, aux communautés et aux quartiers aux prises avec un problème d'itinérance.
Pour revenir à ce qu'a dit M. Wilfert, je pense, comme lui, que nous devons nous assurer, à tous les niveaux, que les fonds sont dépensés de façon responsable, judicieuse et efficace, parce qu'il s'agit après tout de l'argent des contribuables. Toutefois, cet argent doit aussi servir à améliorer l'existence des plus vulnérables.
M. Martin a été très clair à ce sujet dans les conversations que j'ai eues avec lui, dans la correspondance que nous avons échangée, dans certains grands discours qu'il a prononcés. J'espère qu'il donnera suite aux engagements pris dans l'excellent discours du Trône qui a été prononcé le 30 septembre. Celui-ci contenait des éléments qui devraient être au coeur du programme du gouvernement. De plus, l'importance que nous attachons aux valeurs, aux priorités, au dialogue doit s'appuyer sur des gestes concrets qui font intervenir tous les partenaires. Les ONG, et nous en faisons partie, souhaiteraient elles aussi participer à la recherche de solutions utiles et efficaces pour assurer une utilisation responsable de l'argent des contribuables.
Toutefois, nous devons éviter d'adopter la même approche que les États-Unis. Nous ne voulons pas de cette mentalité impériale qui relègue les besoins de sa population au second plan.
La présidente: Madame Martiri.
Mme Gail Martiri: Merci.
Pour ce qui est de l'industrie du film et de la télévision, il est très difficile de dire d'où va provenir l'argent. Cette industrie est un employeur important. Environ 137 000 personnes travaillent de façon directe et indirecte pour le secteur du film et de la télévision au Canada. Nous sommes présents dans les grandes villes, et dans les villes plus petites.
Cela dit, si l'enveloppe budgétaire du FCT était portée même à 120 millions de dollars, nous aurions accès à environ 45 millions de dollars par année, ce qui est beaucoup pour notre industrie. Toutefois, ce montant reste modeste par rapport au budget global.
Le crédit d'impôt canadien pourrait, lui aussi, bénéficier d'une augmentation similaire de 25 à 30 p. 100. Je pense, toutefois, que nous devons nous demander si nous sommes prêts, en tant que pays, en tant que gouvernement, à appuyer nos auteurs. Voulons-nous que les Canadiens de toutes les régions soient représentés au sein de l'industrie du film et de la télévision, ou devons-nous nous contenter de diffuser des émissions américaines en jumelé?
Dans le passé, quand l'industrie se portait mieux, nous avions accès à des émissions comme The Bachcombers, et North of 60. Nous avions beaucoup d'émissions qui représentaient les valeurs chères au Canadiens, qui nous unissaient comme société. Cela n'existe plus.
Á (1130)
La présidente: Merci beaucoup.
Madame Guarnieri, voulez-vous avoir quelques minutes de plus?
Mme Albina Guarnieri (Mississauga-Est, Lib.): En fait, je vais céder la parole à Bryon, mais j'aimerais avant cela faire un bref commentaire.
La présidente: Prenez votre temps, car il n'est que 11 h 30.
Mme Albina Guarnieri: Je pense que Bryon voulait faire un commentaire.
La présidente: D'accord. Allez-y.
Mme Albina Guarnieri: J'ai une observation rapide à faire. Même si le NPD ne semble pas tenir compte des économies de 3 milliards de dollars que nous réalisons chaque fois que nous faisons un versement sur la dette, j'ai une question très rapide à poser à M. Polito.
Avez-vous établi le coût des recommandations que vous proposez? Si je vous pose cette question, c'est parce que je partage les préoccupations de M. Pillitteri. Tous ces mémoires m'ont semblé pesants en raison des montants d'argent demandés, compte tenu de l'exposé économique de la semaine dernière.
M. Joseph Polito: D'après les observations de M. Scarth, en 1997, ce serait initialement sans répercussion sur les recettes, il s'agirait uniquement de restructuration. Le gouvernement fédéral et le programme AE disposeraient exactement du même montant d'argent, mais davantage serait perçu auprès des personnes à revenu plus élevé et moins auprès des autres.
Si cela supprimait en fait les obstacles à l'emploi, vous vous retrouveriez avec un excédent des fonds AE. Vous pourriez, comme vous l'avez fait ces dix dernières années, continuer d'abaisser les cotisations AE. En fait, ce serait une politique fiscale qui allégerait l'impôt qui pèse sur la société. Contrairement à beaucoup de vos autres incitations fiscales très positives, cela n'entraînerait aucun coût; on aboutirait en fait à un coût négatif et vous auriez davantage de fonds à votre disposition.
Bien sûr, toutes sortes de fonds sont affectés au chômage. Les provinces dépensent dans le domaine du bien-être social, le système judiciaire utilisent également ces fonds. Tous les programmes dont nous avons entendu la description coûtent de l'argent, car la pauvreté et le chômage sont plus élevés.
Le chômage diminuerait, tout comme d'autres besoins ainsi que certaines dépenses, ce qui libérerait des milliards de dollars permettant aux municipalités d'affecter plus de ressources à ces causes et d'assurer une meilleure société. Une société de plein emploi, par définition, s'en sortirait beaucoup mieux.
Vous avez dit qu'en Suède, aux Pays-Bas et dans d'autres pays, le taux de pauvreté chez les enfants est d'environ 3 p. 100, tout comme le taux de chômage. On peut établir une corrélation évidente. Ce n'est pas parfait, bien sûr.
La présidente: D'accord. Monsieur Wilfert.
M. Bryon Wilfert: J'allais juste indiquer, Madame la présidente, qu'en plus du fait que l'on économise au moins 3 milliards de dollars par an en intérêts, lorsque l'on rembourse progressivement la dette nationale, il faudrait véritablement envisager, je le répète, une réaffection des ressources au sein du gouvernement fédéral afin de pouvoir véritablement établir des priorités.
Je crois qu'il faut vraiment repartir de zéro, puisque nous arrivons à trop de questions de compétence. Si l'on devait récrire la Constitution, on mettrait davantage l'accent sur le gouvernement municipal aujourd'hui qu'en 1867.
Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que j'entends dire qu'il n'existe aucune cohérence en matière de politique et de systèmes de prestation à l'échelle du pays. Je crois vraiment que cela nous ramène à la question de volonté politique. J'ose espérer qu'avec le nouveau Premier ministre, nous pourrons convenir de ne pas exiger de conditions préalables à cet égard.
Nous avons donc besoin de gens comme vous, qui seront en mesure de poser la question suivante: si vous deviez élaborer le système, que prévoiriez-vous? Comment se ferait la reddition de comptes? Comment le financeriez-vous? Car bien sûr, l'argent ne pousse pas sur les arbres.
C'est ce qu'il faut sincèrement faire pour qu'un pays aussi riche que le nôtre ne soit pas confronté à de tels problèmes.
N'oubliez pas que les 3 milliards de dollars d'intérêts sont fort importants en ce qui concerne la dette.
Á (1135)
La présidente: Merci beaucoup.
Merci à tous ceux qui ont participé aujourd'hui et merci pour vos exposés.
D'ici la fin de l'après-midi, notre comité aura tenu 40 séances sur les consultations prébudgétaires, entendu 343 organisations nationales et écouté 562 témoins. Il s'agit donc d'une très vaste consultation.
Je suis désolé, comme nous tous, je crois, de ne pas pouvoir avoir de longs débats avec vous tous, mais nous vous remercions du temps et des efforts que vous avez consacrés à vos mémoires. Vous pouvez être assurés que nous les transmettrons non seulement aux députés ici présents, qui représentent tous les partis qui siègent à notre comité, mais aussi aux membres du comité qui se trouvent à Ottawa et dans d'autres régions du pays. Ces mémoires parviennent jusqu'au ministère des Finances, tout comme le hansard qui, j'en suis sûr, est également lu.
Merci beaucoup.
Nous allons passer tout de suite au prochain groupe de témoins, si les membres du comité veulent bien rester sur place.
Nous allons lever la séance pendant une seconde.
Merci.
Á 1136)
Á (1140)
La présidente: Conformément à l'article 83.1 du Règlement, nous menons des consultations prébudgétaires. Nous sommes le 7 novembre et nous recevons à Toronto ce matin notre troisième groupe.
Nous avons le plaisir de recevoir des témoins de plusieurs organisations dont Campaign for Stable Funding for Adult ESL Classes. Norman Beach, qui en est le coprésident, est accompagné de Linda Zhai, ancienne étudiante des cours d'anglais langue seconde. Bienvenue à tous les deux.
Le Hospital for Sick Children est représenté par le chef de la recherche, Manuel Buchwald, et par Cyndy DeGuisti, vice-présidente, Défense de l'enfance. Bienvenue.
De la Corporation des retraités canadiens intéressés, nous avons la présidente, Gerda Kaegi, et également, Edwin Watson, membre de l'organisation. Bienvenue à tous les deux.
De la Maytree Foundation, nous recevons Naomi Alboim, collaboratrice, et Elilzabeth McIsaac, directrice, Recherche et politique. Bienvenue également.
De la Ville de Toronto, nous accueillons Shirley Hoy, directrice administrative, dont nous attendons l'exposé avec impatience.
Je crois que nous allons passer directement aux exposés.
M. Norman Beach (coprésident, Campaign for Stable Funding of Adult ESL Classes): Merci beaucoup, c'est un plaisir pour nous que d'être ici aujourd'hui.
Nous aimerions aborder les thèmes que le comité des finances considère importants : stimuler la croissance économique et la création d'emplois, investir dans le bien-être de tous les membres de la société canadienne, faire en sorte que les collectivités soient des endroits où il fait bon vivre et travailler.
Nous estimons qu'il est essentiel d'améliorer la compétence en langues officielles des étrangers qui viennent s'installer ici pour réaliser des progrès sur ces trois plans. Ce qui nuit le plus à la réalisation de ces objectifs, c'est que les nouveaux-venus mettent beaucoup de temps à rattraper les Canadiens sur le plan du revenu moyen et que, dans les grandes villes, on observe l'émergence d'une sous-classe économique définie par l'origine ethnique et la race.
Cela menace le tissu même de la société canadienne, spécialement notre objectif déclaré de faire disparaître la pauvreté chez les enfants. Nous devons affronter une réalité choquante : dans notre plus grande ville, Toronto, de nombreux groupes ethno-raciaux affichent des taux de pauvreté enfantine de 60 à 80 p. 100. Certains diront que la solution consiste en partie à n'admettre au Canada que des immigrants ayant fait des études universitaires. Pourtant, à Toronto et à Vancouver, certains quartiers ethniques comptent deux fois plus de diplômés d'université que la moyenne nationale et affichent quand même un taux de pauvreté deux fois plus élevé.
On sait maintenant parfaitement que la plupart des immigrants choisis par le Canada pour leurs études et leurs compétences ont du mal à trouver du travail dans leur profession. Cette situation comporte un coût humain considérable pour ces néo-Canadiens et leurs familles et, du point de vue de l'économie nationale, c'est un énorme gaspillage de ressources humaines.
Qu'est-ce qui explique cette situation? Des avis divers s'expriment à ce sujet. Nous aimerions mettre l'accent sur la barrière de la langue; en effet, récemment, une étude longitudinale de Statistique Canada portant sur 12 000 immigrants a indiqué que la barrière de la langue est l'un des obstacles les plus importants.
Six mois après leur arrivée, plus de la moitié des immigrants qui parlaient le français ou l'anglais avaient trouvé du travail, mais le tiers seulement des immigrants ne parlant aucune des deux langues officielles avaient trouvé un emploi. Parmi les immigrants qui parlaient une des deux langues officielles, quatre sur 10 avaient trouvé du travail dans leur domaine--ce qui n'est pas formidable--, mais un sur quatre seulement chez ceux qui ne parlaient ni l'une ni l'autre des langues officielles. En fait, l'écart au niveau des taux d'emploi est plus grand entre ceux qui parlent une des langues officielles et ceux qui ne parlent ni l'une ni l'autre—écart de 19 p. 100—qu'entre les immigrants ayant fait des études universitaires et ceux qui n'en avaient pas fait—15 p. 100.
Nous connaissons l'importance du niveau d'instruction sur le marché du travail, mais les chiffres révèlent que, pour les immigrants, l'aptitude à parler l'une des langues officielles revêt encore plus d'importance. En effet, comment sans cela exploiter l'instruction reçue?
Beaucoup d'observateurs ont fait valoir l'importance de l'apprentissage continu pour l'augmentation de la productivité du Canada. La grande majorité des immigrants sont convaincus que la poursuite des études et de la formation est la clé qui leur ouvrira les portes de la réussite au Canada. Cependant, quand on leur demande ce qui les empêche de parfaire leurs études ou leur formation, les immigrants disent que c'est le problème de la langue qui leur nuit le plus. Nous avons dans notre exposé un graphique à cet égard.
Il est clair que, pour les immigrants, la connaissance d'une langue officielle est la clé de l'apprentissage continu. Malheureusement, pour beaucoup, leurs chances de parfaire leur éducation semblent bien minces. Il s'agit surtout de femmes, qui sont deux fois plus susceptibles que les hommes de ne connaître aucune des deux langues officielles. Beaucoup n'ont pas vraiment pu faire d'études dans leur pays d'origine. En sera-t-il de même pour elles au Canada?
De nombreux rapports font état de l'importance critique de l'enseignement des langues pour bâtir un Canada prospère et favorable à l'intégration. Ils figurent en annexe.
Nous avons été heureux de constater l'année dernière, après notre comparution, que le comité avait recommandé d'augmenter le financement des programmes de cours de français et d'anglais langue seconde. Cependant, en dépit de la promesse faite dans le budget de consentir des investissements importants dans les programmes d'établissement et d'intégration des immigrants, les crédits affectés cette année aux cours de langue pour les immigrants au Canada--les CLIC--sont en fait inférieurs à ceux de l'année dernière. Cela n'a rien de nouveau. Une analyse des dépenses fédérales au chapitre des cours de langue montre que, entre 1999 et 2002, les crédits destinés aux CLIC n'ont pas progressé, alors que le nombre d'immigrants ayant besoin de ces cours a crû de 50 p. 100, ce qui se solde par une baisse considérable de l'investissement par personne dans ce secteur pourtant vital. Le gouvernement ne semble pas encore s'être engagé à réviser une politique qui nuit aux possibilités des immigrants d'améliorer le sort de leurs familles et de contribuer à la productivité de notre économie.
L'année dernière, 105 000 personnes arrivées au Canada ne savaient ni le français ni l'anglais. Cela correspond à 45 p. 100, pourcentage constant ces quelques dernières années. Beaucoup se demandent encore s'ils arriveront vraiment à vivre une vie meilleure ou si cela ne restera qu'un rêve. Le Canada doit investir davantage dans les services d'établissement des immigrants, en particulier dans les cours de langue.
Le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes a déjà recommandé que le financement des services d'établissement des immigrants soit porté à 3 000 $ par personne.
En outre, les cours de langue financés par le gouvernement fédéral auraient plus de chance de contribuer aux trois objectifs identifiés par le Comité des finances si les crédits étaient distribués sur plusieurs années à l'intention des personnes qui revendiquent le statut de réfugié, des élèves avancés et de ceux qui ont besoin de ces cours pour trouver du travail, y compris des Canadiens.
Je voudrais vous présenter Linda Zhai, dont l'histoire illustre bien les lacunes du programme CLIC. Quand elle est arrivée à Toronto, elle avait une connaissance moyenne de l'anglais, mais avait besoin de parfaire sa connaissance de l'anglais pour exploiter pleinement ses compétences. Or, le programme CLIC n'offre pas de cours avancés, même si un projet pilote vient juste d'être lancé. Rien n'est prévu dans le cadre des cours CLIC en matière de financement stable et à long terme pour les étudiants avancés.
Plus tard, si ces gens sont mis à pied, ils ne peuvent pas suivre ces cours qui pourraient pourtant leur permettre de se recycler dans notre économie en constante évolution puisque l'accès au programme CLIC n'est offert que pendant trois ans.
Enfin, les programmes provinciaux de cours de langue seconde n'offrent pas d'aide pour la garde d'enfants, ce qui pose un autre problème.
Mme Linda Zhai (ancienne étudiante des cours d'anglais langue seconde (CALS), Campaign for Stable Funding of Adult ESL Classes): Merci de me donner la possibilité de parler de l'importance des cours de langue seconde pour adultes.
Il y a quatre ans, j'ai immigré de Shanghai à Toronto avec mon mari et notre fille de neuf mois. En Chine, mon mari était informaticien et j'étais directrice régionale des ventes pour une société pharmaceutique internationale. Nous aspirions à une vie libre dans une société multiculturelle et tolérante et nous avons choisi de nous établir au Canada.
Comme la plupart des familles d'immigrants, nous avons dû surmonter les obstacles que posent la langue et la culture. Gagner notre vie n'a pas été facile. Mon mari a commencé par travailler comme opérateur de machines et je suis devenue caissière à Pizza Pizza. J'y ai travaillé deux ans jusqu'à ce que j'aie la chance de suivre un cours avancé d'anglais langue seconde financé par le gouvernement de l'Ontario.
Mes camarades de classe sont devenus comme une grande famille pour moi. C'était une famille internationale; nous étions 30 étudiants d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Europe et d'Afrique. Nous avons appris l'anglais, mais nous avons aussi appris à apprécier la culture des uns des autres, à connaître la vie quotidienne au Canada et la manière de participer à la vie de la société.
Nous avons appris la géographie et l'histoire du Canada ainsi que la politique. Nous avons lu les journaux et écouté les informations. Le cours d'anglais langue seconde m'a aidée à réussir un examen et une entrevue d'admission au programme d'études supérieures en marketing au George Brown College. J'ai réussi ce programme et j'ai commencé à travailler dans mon domaine.
Les cours d'anglais langue seconde m'ont permis d'améliorer bien des aspects de ma vie. Je peux maintenant communiquer avec confiance avec le personnel de la garderie où va ma fille. Il est essentiel pour les parents immigrants d'être en mesure de veiller au sain développement de la génération montante. Les cours de langue seconde contribuent à bâtir notre société et notre pays.
Je pense souvent à tout ce que le Canada m'a apporté et en retour, je compte bien faire ma part.
Du fond de mon coeur, je dis merci pour les cours de langue, merci aux professeurs et merci au Canada.
La présidente: Merci, votre anglais est très bon.
Nous passons maintenant au Hospital for Sick Children.
Mme Cyndy DeGiusti (vice-présidente, Défense de l'enfance, Hospital for Sick Children): Bonjour, madame la présidente et membres du comité. Je m'appelle Cyndy DeGiusti et je suis vice-présidente, défense de l'enfance, à l'Hospital for Sick Children. Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Manuel Buchwald, chef de la recherche.
J'aimerais vous remercier de nous inviter à participer aux audiences et je suppose que vous avez tous une copie du mémoire que nous avons présenté en septembre.
Tout ce que nous faisons à l'hôpital, qu'il s'agisse des soins directs aux patients, de la recherche en laboratoire ou encore des stratégies nationales axées sur la prévention des traumatismes, vise à améliorer la santé des enfants dans notre pays. Nous voulons continuer à travailler avec le gouvernement fédéral pour que la santé des enfants canadiens soit la meilleure au monde.
Je vais demander à mon collègue, M. Buchwald, de décrire comment certains investissements récents du gouvernement fédéral ont eu un effet positif sur l'hôpital et sur les enfants qui y sont traités.
Dr Manuel Buchwald (chef de la recherche, Hospital for Sick Children): Merci, Cyndy, madame la présidente, mesdames et messieurs.
Pour commencer, nous aimerions remercier le gouvernement fédéral pour les investissements accrus dans la recherche sur la santé qui ont été annoncés dans le budget 2003 et qui sont la suite des investissements précédents. Les fonds d'appoint accordés à la Fondation canadienne pour l'innovation et, en particulier, le nouveau Fonds de recherche pour les hôpitaux, nous permettent d'être dans la course pour l'obtention du financement grandement nécessaire à l'infrastructure de recherche. L'augmentation du budget de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada ainsi que la consolidation d'un programme permanent pour les coûts indirects de la recherche nous aident à trouver la solution au problème de la santé des enfants.
Les fonds accordés par des organismes subventionnaires fédéraux comme les IRSC et la FCI, obtenus par le biais d'un processus d'examen par les pairs, ont un effet positif. Citons à titre d'exemple le lancement du plus vaste essai clinique au Canada. Mme Anne McLellan, ministre de la Santé, et le Dr Alan Bernstein, président des Instituts de recherche en santé du Canada, ont inauguré en juin 2002 le volet canadien d'un essai clinique multinational visant à réduire l'incidence du diabète de type 1 chez les enfants. Cet essai clinique est né de recherches fondamentales qui ont débuté à notre hôpital pendant les années 80.
Les chaires de recherche du Canada qui attirent les cerveaux est le deuxième exemple. Cinq chaires de recherche du Canada ont été attribuées à notre hôpital--le HSC-- l'année dernière, portant ainsi à 14 le total des CRC qui y sont sises.
Le programme de chaires de recherche du Canada a contribué à l'effort du HSC pour attirer les chercheurs et les cliniciens vers l'hôpital et vers le Canada. Par exemple, le Dr Meredith Irwin, qui détient la chaire canadienne de recherche en biologie du cancer, s'est jointe à l'équipe du HSC au cours de la dernière année, après un passage à l'hôpital pour enfants de Boston et à l'École de médecine de Harvard. Au HSC, à titre d'oncologue, le Dr Irwin traite les enfants atteints du cancer, tout en menant des recherches sur la famille de gènes du cancer la plus importante découverte à ce jour.
Autre exemple, le Dr Benoit Bruneau, Canadien qui revient au pays après un passage à l'École de médecine de Harvard et qui a accepté un poste scientifique au HSC, est devenu, l'an dernier, un autre titulaire d'une chaire de recherche du Canada oeuvrant au sein du HSC. À titre de titulaire de la chaire de recherche du Canada en cardiologie génétique, le Dr Bruneau tente de découvrir les causes génétiques des cardiopathies congénitales.
Troisième exemple, la mise sur pied d'un projet pour la création du programme canadien de cliniciens-chercheurs en santé de l'enfant. Nous avons pris l'initiative de la création de ce programme qui est offert par les universités et des hôpitaux pour enfants affiliés dans 12 villes d'un bout à l'autre du pays, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. Le but visé par ce programme, c'est de montrer aux médecins et aux autres professionnels de la santé dans le domaine de la santé de l'enfance, comment mener une recherche, tout en travaillant comme scientifiques autonomes.
Bien sûr, certaines découvertes médicales se font dans notre hôpital. Ces derniers mois, par exemple, les chercheurs de l'hôpital ont établi un lien entre la prise d'acide folique par la mère et une diminution du neuroblastome, cancer meurtrier que l'on retrouve chez les enfants. Nous avons découvert une cellule souche responsable des tumeurs au cerveau et avons identifié un gène responsable de la forme la plus sévère d'épilepsie juvénile. Cette découverte a fait l'objet d'un article de 4 000 mots dans le National Post, que vous avez sans doute lu, et qui parle de l'impact de ces maladies sur les familles.
Des recherches de cette nature ne se font pas du jour au lendemain, mais sont plutôt le résultat d'un dur travail. C'est pour cette raison que nous aimerions recommander que le financement pour la recherche en santé, particulièrement pour les Instituts de recherche en santé du Canada, soit stable et permette la concurrence avec les autres pays développés. Le budget IRSC devrait augmenter afin de représenter 1 p. 100 du budget canadien de la santé.
Nous aimerions également demander au comité de faire en sorte que les besoins en matière de santé des enfants ne soient pas oubliés lorsque des décisions de financement sont prises pour la recherche en santé et l'infrastructure dans ce domaine. Les problèmes de santé et les maladies des enfants diffèrent beaucoup de ceux des adultes. Les enfants ne sont pas simplement de petits adultes et les résultats de recherche menée pour les adultes ne peuvent simplement pas s'étendre aux enfants. En outre, les maladies infantiles comportent plus de facteurs déterminants génétiques qu'environnementaux et les traitements pourraient réellement bénéficier d'une explosion de nouvelles connaissances en médecine moléculaire. De surcroît, investir dans la santé d'un enfant sera rentable pendant toute sa vie.
Tout en effectuant des recherches sur les causes et les traitements des maladies infantiles, le Hospital of Sick Children cherche aussi des moyens pour que les enfants en santé le demeurent. Par exemple, une recherche récente menée par le HSC a démontré qu'on remarquait une réduction significative du nombre de traumatismes crâniens reliés à la conduite d'une bicyclette chez les enfants dans les provinces où une loi sur le port obligatoire du casque est en vigueur.
De nombreux problèmes de santé de longue durée touchant les adultes trouvent leur origine dans l'enfance. Des stratégies pour atténuer ou éradiquer ces maladies chez les enfants pourraient être fort avantageuses pour la population canadienne et les systèmes de soins de santé.
Afin de maximiser l'effort consenti à la recherche et au traitement des problèmes de santé et de maladies des enfants, notre hôpital s'est associé à d'autres centres universitaires des sciences de la santé en pédiatrie dans tout le pays, comme l'Institut de recherche en santé des femmes et des enfants de la C.-B., et le Izaak Walton Killam Hospital For Children de Halifax, pour mettre sur pied le réseau canadien de recherche en pédiatrie. Grâce à ce partenariat, on peut espérer pouvoir améliorer l'infrastructure en matière de recherche en santé des enfants. Nous sommes convaincus qu'investir dans la santé des enfants canadiens, c'est investir dans l'avenir du pays.
Nous recommandons enfin que le gouvernement fédéral étudie la possibilité d'un mode de financement distinct pour les hôpitaux universitaires correspondant au rôle de ces derniers dans notre pays. Les hôpitaux universitaires, aussi appelés centres universitaires des sciences de la santé, jouent un rôle très important dans le système de soins de santé canadien qui est très différent de celui des hôpitaux communautaires. En tant que centre universitaire des sciences de la santé en pédiatrie le plus grand au pays, le HSC offre les soins les plus avancés aux enfants les plus malades; il forme la prochaine génération de professionnels de la santé en pédiatrie et il mène des recherches sur les maladies infantiles pour que les soins et les résultats pour les enfants du pays s'améliorent continuellement.
Merci d'avoir pris le temps de m'écouter; je me ferai un plaisir de répondre plus tard à vos questions.
La présidente: Merci beaucoup.
Passons maintenant à la Corporation canadienne des retraités intéressés. Qui veut commencer?
Mme Gerda Kaegi (présidente, Corporation des retraités canadiens intéressés Inc.): Merci beaucoup, madame la présidente. Nous sommes heureux de pouvoir comparaître de nouveau devant votre comité.
Nous avons traité des trois points soulevés dans vos études pour cette année. Pour le premier qui vise la fiscalité, les dépenses, la croissance économique, l'équilibre budgétaire et le ratio de la dette au PIB, nous avançons qu'il faut se servir de la fiscalité pour rétablir les programmes sociaux, élaborer des programmes de conservation, rebâtir et améliorer notre infrastructure et nos systèmes de transport et de communications, y compris la SRC, et contribuer à la paix et à la stabilité dans les pays ayant besoin de notre aide et de nos compétences.
Nous croyons en une fiscalité juste et progressive pour ce qui est de la capacité de payer. Pour nous, la fiscalité est le pendant des politiques et programmes de l'État qui visent à répondre aux besoins réels de la population. La question à se poser est de savoir si elle est juste, équitable et dans l'intérêt général. Le plus souvent, la réponse est négative.
Nous ne sommes pas en faveur de baisses d'impôts tant que l'on ne répond pas aux besoins réels des particuliers et des collectivités. Les baisses d'impôts se traduisent par un avantage disproportionné pour les nantis et contribuent peu à la performance de l'économie. Il a été de plus démontré qu'elles ne stimulent pas l'économie à long terme. Les entreprises n'investiront pas dans l'économie réelle si les rendements sont modestes, mais plutôt dans le marché boursier, le marché des changes ou, de plus en plus, feront des investissements dans les pays où les salaires sont plus bas et les règlements écologiques minimes.
En revanche, les dépenses de l'État en programmes sociaux et en infrastructure reviennent à redistribuer la richesse, si bien que davantage d'argent reste dans les mains des Canadiens, qui le dépensent en biens de consommation et en services. Il serait beaucoup plus utile sur le plan de l'épargne et de la création d'emplois de consolider les prestations d'assurance-emploi qu'il ne le serait d'abaisser les impôts des sociétés.
Pour ce qui est des responsabilités vis-à-vis de l'étranger, nous prétendons que le Canada doit aider les pays aux prises avec le fléau que constitue le VIH/sida, mettre sur pied des programmes visant à prévenir d'autres maladies, améliorer l'état de santé en général et fournir une alimentation correcte; notre pays doit par ailleurs participer à l'éducation de ces populations pour qu'elles puissent assurer leurs propres sources d'alimentation.
Au chapitre de l'éducation, il faut que le gouvernement fédéral consolide ses investissements dans la recherche et les études supérieures. Il y va de son propre intérêt. Le témoin précédent vient juste d'en souligner les avantages.
Une population très instruite est un élément clé de la croissance économique et de la création d'emplois et il ne faut pas que les études supérieures redeviennent le lot exclusif de quelques privilégiés. À cet égard, nous souhaitons attirer l'attention sur les besoins spéciaux des personnes handicapées.
Nous disons, à l'instar d'autres intervenants, que les immigrants sont une composante essentielle du tissu social et économique de notre société. Le gouvernement fédéral doit collaborer plus efficacement avec les provinces pour éliminer les obstacles artificiels auxquels doivent faire face les immigrants qui cherchent à s'établir professionnellement au Canada. Si les immigrants sont admis au Canada, on doit les aider à s'intégrer.
En ce qui concerne l'environnement, il faut davantage s'efforcer d'en assurer la protection. Nous devons accroître l'investissement public et privé dans les technologies écologiques tout en appliquant fermement les pratiques visant la conservation de notre environnement et nous devons honorer nos engagements pris dans le cadre de l'accord de Kyoto et montrer notre leadership en joignant le geste à la parole.
Au sujet de la fiscalité, des dépenses et des investissements pour l'ensemble des Canadiens, il faut accroître l'exemption de base pour les particuliers et l'indexer complètement à l'inflation. Il faudrait également indexer intégralement à l'inflation les tranches d'imposition et rétablir les deux tranches supérieures d'impôt sur le revenu pour ceux gagnant plus de 100 000 dollars. Les gains en capitaux devraient être imposés au même taux que le revenu de l'emploi, selon la recommandation d'une commission royale faite il y a des années.
Les crédits d'impôt pour TPS pour les personnes âgées et les crédits d'impôt pour personnes handicapées devraient être augmentés.
Il faudrait augmenter la prestation fiscale pour enfants et éliminer la récupération de cette prestation par les provinces.
Il faut modifier le régime de pension du Canada pour tenir compte des besoins des travailleurs qui ont quitté le marché du travail pour prodiguer des soins essentiels à des membres de leurs familles.
Le gouvernement fédéral doit donner une orientation stratégique à ses dépenses et en répondre clairement. Il faudrait fournir un rapport d'évaluation rédigé en termes clairs chaque année. Les recettes fédérales doivent être réinvesties dans la société canadienne et ne pas servir en premier lieu au remboursement de la dette.
Pour ce qui est des enfants, nous devons investir dans leur bien-être et réduire leur pauvreté. Comme on vous l'a déjà dit, une politique nationale de l'enfance doit être mise en place de toute urgence.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement doit recommencer à faciliter la mise sur pied d'ensembles de logements coopératifs et sociaux. Nous avons grandement besoin de logements sûrs, propres et abordables pour les familles et les particuliers à faible revenu.
Au chapitre des soins de santé, nous sommes absolument opposés à la privatisation. Les soins de santé ne sont pas un bien à commercialiser, mais un service. Le gouvernement fédéral doit recourir aux pouvoirs qui lui sont conférés en vertu de la Loi canadienne sur la santé pour stopper la privatisation croissante des services de santé. Cela n'aura de sens que s'il augmente sensiblement ses transferts en espèces. Nous sommes heureux d'apprendre que près de 2 milliards de dollars vont peut-être être affectés aux soins de santé l'année prochaine.
Le refus des provinces de donner suite aux recommandations du rapport Romanow sur la santé relativement à la création d'un conseil canadien de la santé est inacceptable et contraire à la volonté des Canadiens. Le gouvernement fédéral doit agir unilatéralement cette année pour lancer le conseil et faire en sorte qu'il ne soit pas vide de sens.
Nous appuyons le concept de soins de santé primaires, qui signifie que les services sont assurés 24 heures par jour, sept jours par semaine, par une équipe interdisciplinaire composée de divers fournisseurs de santé et de services sociaux. Les soins à domicile doivent faire partie intégrante du système national de soins de santé. Ils ne sont actuellement pas couverts par le régime d'assurance-maladie et varient donc selon les provinces pour ce qui est des programmes et du financement. Dans de nombreuses provinces, les gens sortent de l'hôpital plus rapidement qu'avant et ont souvent besoin de soins précis, qui ne leur sont pas fournis.
Les personnes âgées, entre autres, qui souhaitent continuer de vivre chez elles sont souvent dans l'impossibilité de trouver des soins adéquats, la préférence étant donnée aux personnes sortant de l'hôpital. De même, les maisons de repos n'ont pas assez de personnel pour que les patients y soient soignés avec dignité et compassion.
Nous demandons la création d'un organisme national sur les produits pharmaceutiques de manière à améliorer l'évaluation des médicaments et à limiter la flambée des prix. Le gouvernement doit aussi agir dès maintenant pour mettre un terme aux abus du secteur pharmaceutique dans le domaine de la recherche relative aux brevets.
Puis-je parler rapidement des derniers points?
La présidente: Nous avons votre mémoire écrit, mais peut-être voulez-vous en souligner un ou deux; en effet, vous avez déjà dépassé votre temps de parole.
Mme Gerda Kaegi: Désolée.
Je crois que l'un des problèmes clés des relations fédérales-locales qui nous préoccupe beaucoup, c'est que les municipalités un peu partout assument un grand nombre de responsabilités et nous voulons que le gouvernement fédéral fasse en sorte que les sommes consacrées à des projets locaux soient transférées aux municipalités locales.
Nous exhortons également le gouvernement fédéral à faire preuve de leadership. Les querelles mesquines entre les provinces et les territoires sont inacceptables et nous demandons au gouvernement fédéral d'agir à cet égard.
La présidente: C'est une bonne façon de terminer.
Nous passons maintenant à la Maytree Foundation.
Mme Elizabeth McIsaac (directrice, Recherche et politiques, Fondation Maytree): Merci, madame la présidente, et membres du comité.
Je m'appelle Elizabeth McIsaac et je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Naomi Alboim. Nous faisons partie de la Fondation Maytree , organisme de charité situé à Toronto, offrant un programme pour les réfugiés et les immigrants qui vise essentiellement, entre autres choses, à améliorer l'accès à l'emploi convenable des immigrants.
Les immigrants font d'importantes contributions à l'économie, la culture et la vie civique de notre pays. Ils ouvrent des entreprises, créent des emplois, stimulent l'économie en augmentant la demande de biens de consommation, et répondent aux besoins du marché du travail. Plus important, en tant que futurs citoyens qui ont choisi le Canada, ils s'efforcent avec nous tous de participer à l'édification de la nation. Toutefois, lorsque six immigrants sur dix se retrouvent dans un métier inférieur à celui pour lequel ils ont été formés, il est clair que nous ne tirons vraiment pas parti du potentiel de l'immigration.
Nous pensons qu'il est grand temps que le gouvernement se rende compte des réalités concrètes de la vie des immigrants. Il faut prévoir une politique publique pratique et efficace permettant de tirer profit de la compétence et de l'expérience des immigrants. C'est de plus en plus important vu l'évolution démographique du Canada. La population vieillit, son taux de fécondité est en baisse et ses systèmes de formation ne produisent pas suffisamment de main-d'oeuvre qualifiée pour répondre aux besoins du marché du travail.
On estime qu'en 2011, 100 p. 100 de la population active nette reposeront sur l'immigration. Pourtant, des immigrants qualifiés qui cherchent à entrer dans leur domaine sur le marché du travail font face régulièrement à toute une série d'obstacles dont un manque d'information, une évaluation et une reconnaissance inadéquates de leurs compétences et de leurs diplômes obtenus à l'étranger, un manque d'occasions de perfectionnement et de formation linguistique adaptée à l'emploi et enfin, un manque d'occasions de gagner de l'expérience de travail au Canada.
D'excellentes initiatives sont actuellement en cours pour contrer ces obstacles; cependant, beaucoup sont ponctuelles, limitées dans le temps et adaptées à seulement un nombre restreint de personnes, à un type d'emplois précis et de régions déterminées. Il faudrait que tous les intervenants et tous les niveaux de gouvernement développent une approche systématique où tous pourraient travailler en collaboration.
Naomi a travaillé avec la Maytree Foundation à la mise au point d'un plan en 10 points qui énonce les mesures que le gouvernement fédéral devrait prendre pour permettre aux immigrants de réaliser leur potentiel au Canada. Je cède maintenant la parole à Naomi qui va vous exposer ce plan.
Mme Naomi Alboim (collaboratrice, Fondation Maytree): Merci, Elizabeth.
Le plan en 10 points dont je veux parler est très précis, très concret et traite des obstacles qu'Elizabeth vient juste d'énumérer.
Premièrement, il s'agit tout d'abord de créer un portail Internet canadien pour donner des renseignements aux immigrants qualifiés. Un portail pourrait créer des liens entre sites qui fournissent des renseignements importants aux immigrants avant qu'ils n'arrivent au Canada et une fois arrivés dans notre pays, y compris des informations sur le marché du travail, les exigences en matière de réglementation professionnelle, les outils d'évaluation des compétences, les services de conseil pour immigrants, où trouver des cours de perfectionnement et comment entrer en communication avec des employeurs potentiels.
Plusieurs ministères fédéraux travaillent actuellement ensemble pour mettre au point ce portail Internet, mais un apport de fonds accélérerait le processus et permettrait la participation des provinces, ce qui jusqu'à présent ne s'est pas produit, pour que ce portail soit véritablement global, convivial pour les usagers comme pour les immigrants.
Le deuxième point vise à améliorer la collaboration relative à l'évaluation des titres de compétences scolaires et, de ce fait, augmenter la confiance des employeurs. Le Conference Board of Canada a dernièrement admis qu'il en coûtait à l'économie canadienne entre 4 et 6 milliards de dollars par année du fait de compétences non reconnues, et que les immigrants sont parmi ceux qui font le plus les frais de ne pas voir leur formation prise en compte.
Il se pourrait que le problème découle du fait qu'il y a trop de services d'évaluation des titres de compétences. Le gouvernement fédéral devrait offrir du soutien et des subventions aux divers fournisseurs de services d'évaluation, afin qu'ils puissent travailler de concert avec l'Alliance of Credential Assessment Services of Canada en vue d'adopter des normes communes d'évaluation et de poursuivre en collaboration des objectifs communs. Ainsi, les évaluations des titres de compétences seraient plus susceptibles d'être acceptées par les employeurs.
Troisième point, coopérer avec les provinces pour fournir des subventions aux établissements d'enseignement ainsi qu'aux organismes de réglementation afin de mettre en place des outils orientés vers l'évaluation des compétences. Il ne s'agit pas uniquement d'évaluation des compétences universitaires; de nombreux immigrants viennent au pays avec des compétences et des années d'expérience qui sont sous-évaluées par les futurs employeurs qui n'ont aucun moyen d'évaluer ce que les immigrant sont capables de faire.
Quelques établissements postsecondaires ont mis en place des outils de reconnaissance des acquis pour les étudiants qui désirent obtenir une reconnaissance de leur expérience d'apprentissage autre qu'en milieu scolaire; certains organismes de réglementation ont élaboré des examens adaptés à l'évaluation de candidats qui demandent l'autorisation d'exercer. Cette expertise doit être regroupée pour assurer la mise au point d'outils efficaces visant à évaluer les compétences et à identifier les lacunes en améliorant les programmes. L'élaboration de ces outils est difficile et coûteuse si bien qu'un appui favorisant une collaboration serait à la fois rentable et efficace.
Quatrième point, créer de nouveaux mécanismes de financement qui répondent aux besoins précis des immigrants qui n'ont pas encore eu de liens avec le marché du travail et qui, par conséquent, ne sont pas admissibles aux programmes de formation de la Loi sur l'assurance-emploi ou des accords de développement du marché du travail avec les provinces. Soutenir le travail des provinces en matière de création de programmes de transition fait partie intégrante des services de tronc commun des établissements d'enseignement canadiens de même qu'offrir des projets pilotes de financement dans le but de mettre en oeuvre la transition de la formation par les établissements d'enseignement canadiens dans les pays où l'immigration est la plus importante.
Une fois que les immigrants ont obtenu l'évaluation de leurs titres de compétences et de leurs compétences professionnelles, on doit s'attaquer à certaines des lacunes décelées. Certaines provinces ont mis sur pied une série de projets pilotes de transition qui donnent aux immigrants des cours de terminologie en fonction de l'emploi et qui prévoient un stage en milieu de travail pour revoir ou améliorer les compétences dans le contexte canadien. Un financement fédéral visant à aider les provinces à transformer ces projets pilotes en programmes de tronc commun serait bien accueilli. Certains de ces programmes de transition pourraient même être offerts dans les pays où l'immigration est importante et où beaucoup de nos collèges communautaires et universités s'occupent déjà fort activement de la formation.
Cinquième point, collaborer avec les gouvernements des provinces pour élargir l'accès aux programmes de prêts étudiants. Les résidents permanents sont admissibles seulement après avoir vécu 12 mois au Canada et certaines dispositions de prêts existent pour les étudiants à temps partiel, mais ne sont pas assez substantielles pour permettre aux étudiants adultes de considérer cette solution. Les prêts ne sont disponibles qu'aux étudiants inscrits à plein temps dans des cours qui mènent à un certificat, à un permis ou à un diplôme. Le gouvernement fédéral devrait, avec les provinces, modifier le programme canadien de prêts étudiants pour...
La présidente: Il vous reste 30 secondes environ si bien que vous voudrez peut-être passer aux points saillants de votre recommandation.
Mme Naomi Alboim: Tout ce que je viens dire fait partie de nos recommandations. D'accord, je vais juste les résumer.
C'était la recommandation 5, élargir l'accès au programme de prêts étudiants.
Sixième point, financer la formation linguistique adaptée au marché du travail donnée par les employeurs et les établissements d'enseignement.
Septième point, offrir des subventions aux employeurs, aux associations d'employeurs et aux travailleurs pour qu'ils participent à l'intégration des compétences des immigrants.
Huitième point, soutenir les efforts de collaboration des professions autoréglementées au Canada pour faciliter l'accès aux candidats d'ailleurs dans le monde.
Neuvième point, soutenir les initiatives locales pour intégrer les immigrants qualifiés, comme celles que nous lançons, soit la création du Conseil sur l'emploi des immigrants de la région de Toronto, qui pourrait s'étendre à d'autres villes du pays.
Dixième et dernier point, amorcer des discussions multilatérales afin d'aboutir à la conclusion par cinq parties d'ententes en matière d'intégration des immigrants au marché du travail, y compris les villes. En d'autres termes, CIC, DRHC travailleraient de concert avec les ministères provinciaux et les grandes villes pour mettre au point et en oeuvre les programmes d'intégration au marché du travail des immigrants. Les villes doivent participer.
Chacun de ces dix points est valable à lui seul, mais une fois qu'ils sont groupés, nous pensons qu'ils représentent un plan solide susceptible d'entraîner des changements significatifs et durables pour les immigrants. Nous demandons instamment au comité permanent de se faire le champion de cet effort, pour que tous les Canadiens puissent tirer le plus parti des compétences et de l'expérience de nos nouveaux citoyens. Ce n'est pas un plan coûteux.
La présidente: Merci beaucoup.
Nous passons maintenant à la Ville de Toronto.
Ms. Shirley Hoy (directrice administrative, Ville de Toronto): Madame la présidente, membres du comité, merci de donner l'occasion à la Ville de Toronto de comparaître devant le Comité permanent des finances. Toronto est une ville importante pour le Canada. Nous savons qu'elle joue un rôle majeur en regard de la prospérité et de la qualité de la vie au pays.
Nous savons également qu'elle a un impact sur l'économie canadienne. La ville de Toronto contribue au PIB dans une proportion de 10 p. 100; elle abrite 40 p. 100 des sièges sociaux et 80 p. 100 des plus grandes entreprises de recherche et développement, de publicité et de haute technologie au pays et elle donne de l'emploi à un travailleur sur 6 au Canada. Je crois que la crise du SRAS nous a rappelé que ce qui se passe à Toronto a des conséquences nationales et internationales de grande portée.
Je suis ici pour souligner le fait que la Ville Toronto veut collaborer avec la province de l'Ontario et le gouvernement du Canada pour consolider la contribution de Toronto au bien-être et à la santé économique du pays. Nous invitons plus précisément le gouvernement du Canada à participer à quatre secteurs clefs : le logement abordable, le développement de la petite enfance, l'immigration et le transport en commun.
En premier lieu, le logement. Toronto félicite le gouvernement du Canada pour l'entente concernant le logement abordable signée avec l'Ontario et le programme du logement locatif communautaire. Grâce à ces programmes, la construction de plus de 900 unités de logement abordable à Toronto a déjà été approuvée. Nous accueillons avec plaisir également la prolongation de l'initiative de partenariat en actions communautaires et du programme d'aide de remise en état des logements.
Ces programmes préparent le terrain pour le nouveau gouvernement de l'Ontario qui s'est engagé à fournir du logement à prix abordable aux personnes qui en ont un urgent besoin. Le programme du logement locatif communautaire connaît du succès, parce qu'il s'appuie sur les initiatives déjà prises par Toronto dans ce secteur. Nous encourageons l'engagement continu du gouvernement fédéral dans l'offre de logement abordable et demandons que les municipalités soient parties aux discussions avec les partenaires provinciaux.
En deuxième lieu, Toronto félicite le gouvernement fédéral pour le programme de développement de la petite enfance. Toronto arrive au deuxième rang des plus gros fournisseurs de services de garderie au pays. Cependant, au cours des dernières années, elle a vu ses services s'effriter et a perdu plus de 1 700 places subventionnées à la suite des restrictions de financement que la province a imposées vu qu'aucune partie des fonds du programme du développement de la petite enfance fédérale n'a été consacrée aux services réglementés.
Toronto s'attend à ce que le nouveau gouvernement provincial utilise les fonds du gouvernement fédéral pour rétablir les services de garderie perdus à Toronto sous l'ancien gouvernement et qu'il crée de nouveaux services de garderie réglementés de qualité. Ces services éliminent les obstacles à l'emploi pour les parents et assurent des soins de qualité aux enfants. Il s'agit d'un investissement crucial dans l'avenir du Canada.
Toronto demande au gouvernement du Canada de veiller à ce que les fonds destinés aux enfants soient investis dans les services de garderie de qualité auxquels ils ont droit.
En troisième lieu, Toronto accueille 40 p. 100 des nouveaux arrivants au pays, dont 30 p. 100 s'installent dans la Ville de Toronto. La valeur de l'immigration pour le pays, et spécialement pour Toronto, est inestimable. Toutefois, lorsqu'ils s'établissent, les nouveaux arrivants ont des besoins à combler rapidement pour pouvoir participer entièrement à notre vie économique et communautaire. Toronto cherche à faire en sorte que les immigrants mettent à profit leurs talents et leur savoir et réalisent leur plein potentiel, se créent un cadre de vie intéressant pour eux-mêmes et leurs familles et contribuent à la vie de la ville et du Canada. Pour ce faire, Toronto doit participer aux discussions du gouvernement fédéral avec l'Ontario sur les questions d'immigration et ce, afin d'assurer les services essentiels à l'établissement et à l'adaptation des nouveaux arrivants et parce que notre ville est le plus important point d'arrivée des immigrants au pays. La collaboration entre les trois niveaux de gouvernement est importante afin d'éviter les chevauchements et d'assurer les services efficaces.
En quatrième lieu, le point le plus important, le transport en commun. La participation du gouvernement fédéral au financement du transport en commun à Toronto est cruciale. Notre ville est extrêmement fière de la TTC, société qui est l'un des atouts qui font de Toronto l'une des meilleures villes du Canada.
Le transport en commun n'est pas qu'un moyen d'aller d'un endroit à un autre, il contribue dans une large mesure à l'essor économique de la ville et de sa région, dont les retombées profitent à l'ensemble du pays. Le transport en commun, c'est aussi un moyen de freiner l'étalement urbain et de maximiser l'utilisation de l'infrastructure de la zone urbaine. C'est aussi un moyen d'offrir un mode de déplacement qui diminue la pollution de l'air et qui ne nécessite pas de vastes terrains de stationnement. C'est enfin un moyen de réduire la congestion dans la région de Toronto, qui nuit tellement à la qualité de la vie et aussi à la santé économique de la région.
Bref, le transport en commun à Toronto est un investissement rentable, qui ne peut se passer de la participation du gouvernement du Canada.
La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie recommande que le gouvernement fédéral investisse 1 milliard de dollars par année pendant 10 ans, dans le transport en commun, au profit des villes canadiennes ciblées comme régions urbaines où il est possible d'augmenter le nombre d'usagers et de ralentir l'étalement urbain. La Ville de Toronto appuie cette recommandation et son nouveau plan officiel encourage le développement axé sur le transport en commun.
Plus tard cet après-midi, vous entendrez M. Vince Rodo de la TTC qui viendra expliquer comment le manque de fonds des dernières années a influencé de manière certaine le choix des moyens de transport mis à la disposition des gens et comment la Commission compte renverser la tendance. Il démontrera que nous pouvons faire beaucoup mieux à condition que le système soit financé adéquatement.
En 2002, le gouvernement du Canada a, pour la première fois, financé le transport en commun, ce dont nous vous remercions. Toronto a reçu du gouvernement du Canada un montant correspondant à un tiers des dépenses en immobilisations de la TTC au chapitre du renouvellement. Ces fonds ont été bien utilisés, puisqu'ils ont servi à remplacer des véhicules.
Pour 2003, la ville a approuvé le budget des dépenses en immobilisations de la TTC en fonction de trois sources égales de financement provenant de chaque niveau de gouvernement. Malheureusement, vu les dépenses prévues en immobilisations de 254 millions de dollars pour 2003, la part de chaque niveau de gouvernement ne s'est pas concrétisée. À l'heure actuelle, la ville a donné sa part mais n'a reçu que 14 millions de dollars du gouvernement fédéral et 73 millions de dollars du gouvernement provincial. La Ville de Toronto doit donc se contenter de 68 p. 100 du financement environ et assumer le manque à gagner.
En résumant, je demande à votre comité de recommander que le gouvernement du Canada continue de financer le logement abordable et de travailler avec les municipalités afin de s'assurer que les programmes conduisent à la meilleure utilisation possible des fonds; qu'il continue de financer le développement de la petite enfance et fasse en sorte que les fonds soient dépensés pour des services de garderie réglementés de qualité; qu'il travaille avec la ville et le gouvernement provincial afin d'assurer l'intégration des nouveaux arrivants au Canada; enfin, qu'il offre un programme de financement soutenu à long terme pour le transport en commun afin de soutenir la croissance économique de la ville et, par ricochet, du pays.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé ce matin.
La présidente: Merci beaucoup. Merci pour tous vos mémoires.
Nous passons maintenant à des rondes de questions de six minutes, ce qui va nous faire légèrement dépasser le temps dont nous disposons.
Allez-y, monsieur Jaffer, pour six minutes au maximum.
M. Rahim Jaffer (Edmonton—Strathcona, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.
Merci à tous les témoins d'aujourd'hui dont les mémoires m'ont paru fort intéressants.
Vu le temps dont je dispose, je vais devoir m'en tenir à deux questions seulement, l'une s'adressant précisément à la corporation des retraités.
Dans votre mémoire, lorsque vous parlez de baisses d'impôts, il me semble que vous soyez préoccupés du fait qu'elles risquent de ne pas être positives au plan économique à long terme. Je crois toutefois que l'une des questions sur lesquelles nous pourrions nous attarder—et je sais que vous l'avez proposé dans votre mémoire—porte sur les baisses d'impôts, notamment le relèvement de l'exemption de base, comme vous l'avez dit dans votre mémoire, qui pourrait aider les familles à faible revenu, en particulier.
Je sais que vous avez indiqué, entre autres, qu'il faudrait l'indexer et la relever, mais je demande si vous avez une idée de cette augmentation, puisque diverses propositions ont été faites à cet égard. À plusieurs occasions, on a proposé de l'augmenter jusqu'à concurrence de 10 000 $. Plusieurs ici, dont mon collègue Scott Brison, ont parlé de 15 000 $ , ce qui, en fait, permettrait à 2 millions de Canadiens à faible revenu de ne plus payer d'impôts, ce qui leur faciliterait la vie, j'imagine.
Je me demande donc si vous avez réfléchi au montant de cette exemption de base--que nous pourrions envisager.
Mme Gerda Kaegi: Ce qui nous tient à coeur, c'est l'élimination de la pauvreté et du niveau de faible revenu. Par conséquent, lorsque nous examinons le concept de baisses d'impôts ou, de l'autre côté, d'augmentations de la sécurité de la vieillesse et du supplément de revenu garanti, nous essayons d'extraire les gens de la catégorie de faible revenu.
Pour être précis, il faut dire que les niveaux de revenu varient selon les régions du pays. Une personne dans un grand centre urbain peut avoir besoin, d'après Statistique Canada--si je ne me trompe--d'au moins 18 000 $ par an environ pour ne pas se retrouver au niveau de faible revenu, ce qui n'est pas le cas dans d'autres parties du pays. Par conséquent, je crois qu'il est très difficile d'arriver à un seuil précis, mais en ce qui nous concerne, nous voulons essayer d'éliminer la pauvreté au sein de notre société.
Désolée si ce n'est pas aussi précis que vous le souhaiteriez.
M. Rahim Jaffer: Non, mais cela me donne certainement une indication du niveau de la pauvreté ou du point où il pourrait se situer, ce qui permet peut-être de déterminer ce que devrait être l'exemption de base. Je vous en remercie donc.
Dans les minutes qui me restent, je vais poser une question générale portant sur les cours de langue seconde, ainsi que sur la Maytree Foundation, et peut-être que Mme Hoy aura une observation à faire également. Je veux parler précisément de l'immigration, de la formation et de l'établissement des gens qui viennent dans notre pays et je crois que vous avez tous abordé cette question.
Tout d'abord, j'aimerais vous féliciter pour votre travail. Je suis conscient des efforts que font les gens qui viennent dans notre pays. De toute évidence, ils doivent relever des défis lorsqu'ils recherchent de nouvelles opportunités.
Ma famille a fait partie des réfugiés qui sont venus ici au début des années 70. J'étais trop jeune pour me rendre compte des défis, mais j'en ai entendu parler. J'admire donc ceux qui sont passés par ce processus.
Si l'on veut renforcer certains des services que nous offrons au Canada, comme la formation linguistique et d'autres services visant à aider les immigrants une fois qu'ils sont arrivés, j'aimerais toutefois que vous nous disiez ce qu'il serait possible de faire pour essayer de les préparer avant leur arrivée dans notre pays.
J'ai entendu des critiques à propos de certaines de nos missions à l'étranger qui, même si elles ne font pas du mauvais travail... que pourraient-elles faire pour mieux renseigner les immigrants, dans la mesure où ils peuvent se préparer avant de venir au Canada de manière à savoir exactement à quoi s'attendre une fois arrivés ici. Cela pourrait modifier leur approche pour ce qui est de leur demande d'immigration et de ce qu'ils vont faire avant de venir ici. C'est à ce niveau-là, je pense, que l'on pourrait réexaminer la situation. Je crois que la reconnaissance d'aptitude professionnelle est une composante sur laquelle il va falloir s'attarder davantage.
Que pouvons-nous donc faire dans nos missions, si vous croyez que ce serait utile... quels cours ou quel travail--comme vous l'avez dit--qui existent déjà dans ces pays, seraient reconnus? Comment informer comme il le faut les immigrants au sujet des exigences linguistiques? Il ne semble pas que cela se fasse de manière efficace.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
La présidente: Allez-y.
M. Norman Beach: J'aimerais faire une observation très rapide, car je crois que Maytree a beaucoup plus à dire.
Je tiens à souligner qu'au sujet de l'intégration des immigrants, il serait bon que les gens se rapprochent d'un tel but avant leur arrivée, mais je crois bien sûr qu'ils doivent agir dans ce sens après leur arrivée.
En effet, les immigrants viennent d'horizons variés et se retrouvent dans une catégorie donnée avec des gens d'autres pays. Il s'agit, à mon sens, d'un exercice de développement du pays, puisque nous sommes une société multiculturelle; il ne suffit pas que les immigrants aient des informations sur le Canada de l'extérieur; une fois qu'ils sont dans notre pays, ils doivent s'intégrer avec des gens d'autres groupes raciaux et ethniques et avoir le sentiment de participer à une expérience collective. Je crois que les cours de langue permettent d'atteindre ce but.
Il est bon de préparer les gens avant leur arrivée, mais il ne faut pas oublier que même ceux qui parlent parfaitement l'anglais peuvent ne pas participer à cette expérience collective alors qu'ils le feraient s'ils suivaient un cours de langue.
J'aimerais toutefois céder la parole à Maytree.
Mme Naomi Alboim: À mon avis, les missions ne sont probablement pas l'endroit le mieux choisi pour ce faire. Dans la plupart des cas, les agents d'immigration ne voient même pas les gens et s'occupent de la majorité des demandes d'immigrants économiques seuls, dans leur bureau; ils ne disposent pas du temps voulu, ils sont déjà surchargés de travail.
Je crois donc vraiment que ce portail Internet dont nous avons parlé est très utile. Si tout le personnel des missions indiquait aux candidats à l'immigration : « Consultez ce portail et vous aurez accès à tous les liens dont vous avez besoin, » les gens auraient l'information voulue au sujet du marché du travail. Ils pourraient se servir des outils d'auto-évaluation sur Internet. Ils pourraient être reliés aux responsables de l'évaluation des diplômes universitaires et obtenir leur évaluation avant leur arrivée.
Il s'agit d'un modèle fort intéressant. Je ne pense pas que l'on se rende compte du nombre de nos collèges communautaires et universités qui se trouvent en fait dans les pays d'origine pour s'occuper de la formation. Ils pourraient facilement jouer un rôle à cet égard, faire une partie de l'évaluation et de la formation de transition avant l'arrivée même des immigrants dans notre pays. Ces derniers pourraient donc arriver avec l'équivalence d'un diplôme canadien et être mis en contact avec les universités et les collèges communautaires une fois au Canada, vu que ce réseau de soutien est déjà mis en place. Ces universités et collèges communautaires pourraient les aider à trouver des stages coop ou en milieu de travail avec des employeurs avec lesquels ils ont déjà eu des contacts. Cela permettrait véritablement de faciliter le processus.
Nous n'avons pas en ce moment un tel portail Internet. Les gens doivent contacter 12 endroits différents, 12 provinces. Nous n'avons pas de base électronique centrale alors que tous les immigrants économiques qui viennent ici ont l'Internet ou y ont accès.
La présidente: Merci beaucoup, cela me paraît une excellente idée.
Je passe maintenant la parole à monsieur Wilfert.
M. Bryon Wilfert: Merci, madame la présidente; je vais m'attarder sur le même point.
Dans ma circonscription, 17 p. 100 de la population est asiatique et une personne de mon personnel parle neuf langues, une autre parle le cantonnais et le mandarin et enseigne l'anglais, sa langue seconde, à la télévision. Je suis donc certainement en faveur du portail Internet.
Nous ne faisons pas un très bon travail à l'étranger. Je crois que les gens doivent savoir ce qui les attend avant de décider de venir au Canada; c'est primordial et permet d'éviter le choc qu'ils pourraient ressentir à leur arrivée. Un membre de mon personnel fait du travail relatif à l'immigration à plein temps; or je ne pense pas que ce soit à elle de le faire. Personnellement, je pense que le ministère fait un travail minable et je me bats constamment à ce sujet.
Dans tous les cas, je crois fermement aux cours de langue seconde, mais j'estime que nous pourrions diminuer le nombre d'immigrants dans notre pays; 45 p. 100 est un pourcentage beaucoup trop élevé. Vous dites que 45 p. 100 ne parlent ni l'une ni l'autre langue officielle et cela me pose un problème, personnellement. Nous parlons de qualifications professionnelles dont beaucoup, bien sûr, relèvent de la compétence provinciale, et de nombreuses organisations professionnelles... Certaines sont supérieures à d'autres, notamment les sociétés d'ingénieurs. Nous avons beaucoup à faire, mais je suis certainement en faveur du guichet unique—du portail
Aux représentants de l'Hospital for Sick Children, je vous remercie beaucoup des observations que vous avez faites au sujet des IRSC, tout comme la ministre, je peux vous l'assurer. Nous aimerions entendre parler de...progressif chaque année, puisque c'est rentable.
Brièvement, comment pourrait se faire, selon vous, ce mode de financement distinct des hôpitaux universitaires?
Dr Manuel Buchwald: Divers mécanismes pourraient être mis en place. Les activités d'un hôpital universitaire chevauchent en quelque sorte les responsabilités fédérales-provinciales, puisque, dans notre société, les gouvernements provinciaux sont responsables des soins de santé directement par le biais de l'imposition ou par celui des transferts, tandis que la recherche et certains aspects de la formation de recherche relèvent clairement du fédéral. Il faudrait donc prévoir un mécanisme pour des établissement comme le nôtre, afin qu'ils reçoivent un soutien pour les activités qui ne relèvent précisément d'aucune de ces deux compétences.
Nous parlons avec beaucoup de fierté de notre institut de recherche, mais il est financé par notre fondation, qui existe et évolue depuis 30 ou 40 ans. Comme le disait l'ancien président de notre fondation, nous finançons des travaux de recherche d'envergure internationale en vendant des t-shirts.
M. Bryon Wilfert: Quel est le mode de financement de l'hôpital universitaire?
Mme Cyndy DeGiusti: Il y a dans le rapport Kirby certaines idées que nous aimerions certainement envisager. Elles visent l'aide technologique particulière à apporter aux hôpitaux universitaires, puisque les provinces ont de la difficulté à s'occuper de notre infrastructure qui est ultramoderne. Par ailleurs, dans le cas du HSC, nous avons des enfants qui viennent de tout le pays, parce que nous offrons des soins uniques en leur genre.
M. Bryon Wilfert: Vous parlez donc d'augmenter le mode de financement dont vous disposez déjà.
Mme Cyndy DeGiusti: Oui.
M. Bryon Wilfert: Merci.
La Corporation canadienne des retraités avait beaucoup à dire, mais je suis heureux que vous ayez souligné la question du Conseil canadien de la santé. Je suis absolument contre le fait que le gouvernement ait décidé d'affecter jusqu'à 2 milliards de dollars aux soins de santé. Je ne pense pas qu'il soit bon d'accorder cette somme sans envisager le rôle du conseil de la santé.
Certains ont été assez stupides, peu importe le qualificatif employé, pour encaisser toute la somme cette année. Tous ne l'ont pas fait, certains ont ouvert l'oeil et le bon. Dans l'entente il était inscrit « jusqu'à concurrence de 2 milliards de dollars » selon les finances de l'année prochaine. Le fait est que Klein a dit non, nous n'allons pas prendre cet argent, mais nous n'allons pas non plus rendre de comptes. C'est inacceptable. Je crois qu'il aurait fallu prévoir cette reddition de comptes. Je ne peux pas accepter pareille situation.
Je voudrais que vous sachiez que le groupe de travail du Premier ministre sur les questions urbaines a décidé de réinjecter 55 milliards de dollars--si pas plus--dans les cinq plus grands centres urbains de notre pays. Je conviens avec Mme Hoy que les villes devraient s'occuper de l'immigration, même si je dois dire que les membres de votre conseil n'avaient absolument aucune idée de tout l'argent que nous réinjectons dans la ville de Toronto--notamment pour l'immigration--ce qui me dérange pas mal.
Pour ce qui est du transport en commun, nous avons demandé une stratégie nationale dans ce domaine—je crois que c'est très important—mais nous n'allons pas en financer les coûts de fonctionnement. Bien sûr, les immobilisations sont une chose, mais il faut avoir la bonne application cartographique, nous ne pouvons pas le faire... Ce que nous faisons pour la Ville de Toronto, nous devons le faire pour Calgary. Il faut donc être très prudent, car nous ne sommes pas là pour supplanter les provinces.
C'est, je crois, ce que disent tous ceux qui viennent ici. Le leadership du gouvernement fédéral—je ne sais pas ce que cela veut dire et j'aimerais que quelqu'un m'en donne une définition. Nous avons aussi la Constitution. Nous sommes constamment incriminés, mais d'un autre côté, je dois dire que nous concluons parfois de mauvaises ententes. Le problème, c'est que tant que nous n'avons pas la Constitution pour nous défendre... Le rôle de leadership dont vous parlez est merveilleux. Nous pouvons dire toutes sortes de lieux communs. La réalité est toute autre.
J'ai posé ce matin la question des cinq principes de l'assurance-maladie qui pourraient peut-être s'appliquer à l'éducation de la petite enfance ou à la pauvreté chez les enfants. Il nous faut les outils voulus, car ils permettent d'assumer nos responsabilités.
Comme nous le savons, ce sont les provinces qui assument--ou non--leurs responsabilités dans bien de ces domaines. Ainsi, le logement en est un exemple. La Nouvelle-Écosse n'a construit que 15 unités. Si vous représentiez le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, ne seriez-vous pas gênés de dire que malgré tout l'argent mis à votre disposition, vous n'avez construit que 15 unités? Ce gouvernement a été réélu, ce qui est difficile à croire.
La présidente: Mme Hoy aimerait faire un commentaire.
Ms. Shirley Hoy: Pour ce qui est du leadership, après avoir vu ce qui s'est passé pour le financement du plan d'aide du Canada par rapport au transfert de fonds fédéraux pour la santé et les programmes sociaux, permettez-moi de vous dire, monsieur Wilfert, avec tout le respect que je vous dois, que conformément à ce rôle de leadership, vous avez le devoir de fixer des objectifs et d'établir des principes. C'est un peu ce que vous avez fait dans le cadre de l'ancien PAC.
Si vous regroupez tout sous le TCSPS, je ne pense pas que vous puissiez tenir la province ou—dans les provinces où des municipalités se sont délestées de certains services—quelque ordre de gouvernement que ce soit responsable au niveau provincial et municipal. Je pense qu'il serait utile de procéder à une révision du TCSPS pour déterminer s'il est temps ou non de le retirer, ainsi que pour évaluer le partage des coûts en matière de santé, d'éducation et de services sociaux. Vous avez raison, vous dépensez beaucoup d'argent, mais il est difficile de voir quel en est l'incidence sur la communauté.
Voilà le sens qu'a pour la ville de Toronto le rôle de leadership. Nous voulons un système dans lequel les trois ordres de gouvernement travaillent ensemble pour que cela fonctionne. Je crois que c'est ce que nous devons faire.
La présidente: Je vous remercie beaucoup. C'est un thème qui a déjà été abordé un peu partout au pays.
Je vais accorder 15 secondes à M. Watson, si vous le voulez bien.
M. Edwin Watson (membre, Corporation des retraités canadiens intéressés Inc.): Au sujet de vos propos concernant le leadership, j'aimerais que le gouvernement fédéral fasse quelque chose pour que l'Alberta respecte pleinement les dispositions de la Loi canadienne sur la santé.
La présidente: Je vous remercie beaucoup.
La parole est maintenant à M. Murphy pour six minutes. Allez-y, je vous en prie.
M. Shawn Murphy: Merci beaucoup. J'aimerais poser une question à M. Beach, peut-être à Mme McIsaac, et à Naomi Alboim au sujet du dossier de l'immigration.
J'ai été très impressionné par vos exposés, particulièrement celui de la Maytree Foundation. Il était très pondéré, bien présenté et pas très coûteux. C'est l'un des exposés les moins chers que nous ayons entendus ces cinq derniers jours.
Des voix: Oh, oh!
M. Shawn Murphy: Nous devrions vous donner un prix.
Mme Naomi Alboim: Contentez-vous de le mettre en oeuvre, j'en serais ravie.
M. Shawn Murphy: Quoi qu'il en soit, je les trouve très bons.
Nous avons abordé un certain nombre de sujets—l'édification de la nation, le multiculturalisme, l'importance de l'intégration des nouveaux Canadiens dans notre société, la reconnaissance des diplômes étrangers et la formation. Toutefois, il y a une autre question... qui déborde peut-être du sujet. Dites-moi si c'est le cas ou si vous n'êtes pas prête à répondre.
Actuellement, la vaste majorité des nouveaux Canadiens qui arrivent au pays s'établissent à Toronto, Montréal et dans la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique. Nous sommes en train de devenir une société multiculturelle, ce qui est merveilleux, mais cela ne touche pas le reste du Canada. En effet, ce n'est pas le cas dans le Canada atlantique ni dans la province de Québec—ailleurs que sur l'île de Montréal—ni dans les zones rurales de l'Ontario, pas plus que dans l'ouest du pays—si ce n'est dans le corridor Calgary-Edmonton et, bien sûr, dans la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique. Si nous voulons nous développer en tant que pays, je crois que nous devons essayer d'accroître la diversité et le multiculturalisme partout au Canada. Cela passe par la création de mécanismes pour que les nouveaux Canadiens envisagent favorablement la possibilité de s'installer dans d'autres régions.
Néanmoins, je sais que les questions de regroupement et d'emploi, notamment, entrent en ligne de compte. Je sais aussi que cela ne fait peut-être pas partie des mandats de vos associations ou des études que vous avez pu réaliser.
Est-ce que l'une ou l'autre de vos deux organisations ont des commentaires ou des avis à ce sujet?
Mme Naomi Alboim: Oui, nous en avons. En fait, mon collègue ici présent est l'auteur d'un document sur la question; c'était dans le cadre d'une réponse aux suggestions du ministre Coderre concernant la régionalisation, pour dire que nous étions fermement opposés à la méthodologie qu'il proposait.
Les immigrants s'établissent dans les grands centres urbains pour une multitude de raisons, et je pense que nous devons accepter ces motifs—par exemple, leur décision sera influencée par leur connaissance du milieu, ce qu'ils auront entendu à propos de ces centres, où sont allés leurs amis et leur famille auparavant, quelle est la situation de l'emploi, s'ils peuvent pratiquer leurs activités commerciales ou trouver un travail dans ce secteur, s'il y a des possibilités d'éducation pour eux-mêmes et leurs enfants, et le type de style de vie qu'ils peuvent espérer y avoir.
Les immigrants, et plus particulièrement les immigrants économiques, pensent à toutes ces choses. Malheureusement, ils n'ont pas l'information, ce qui est, selon moi, un grand problème. Plus important encore, toutefois, le type d'information qu'ils reçoivent dépend de ce qui existe. Et ce qui existe peut être amélioré. Par exemple, nous croyons que les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que les administrations municipales, pourraient travailler dans un esprit de collaboration et d'écoute plutôt que de procéder de manière autoritaire. Au lieu que le gouvernement fédéral dise: « Nous avons choisi telle destination pour cet immigrant », les collectivités locales pourraient indiquer le nombre d'immigrants dont elles ont besoin pour certains groupes professionnels et se montrer prêtes à travailler avec l'ensemble des intervenants de la communauté pour favoriser l'accueil de ces immigrants, tant sur le plan éducatif, que linguistique, professionnel et culturel. Et elles pourraient informer les personnes à l'étranger qui n'ont pas d'attaches particulières ici et qui seraient ouvertes à d'autres solutions.
Nous croyons vraiment que dans ce cas, si vous faites ce qu'il faut, les gens viendront. Ils ne sont pas stupides. S'ils pensent qu'ils peuvent exercer leur profession plus rapidement en allant à Winnipeg plutôt qu'à Toronto, ils iront à Winnipeg—si, il va sans dire, les organismes de réglementation sont prêts à s'engager, tout comme les employeurs, et si le réseau existe.
Mais nous ne croyons pas qu'il s'agisse d'une stratégie rurale ou axée sur chaque petit coin de pays. C'est une stratégie urbaine. Les immigrants veulent vivre dans les villes. Tous les faits le prouvent. Dans leur propre pays, ils ont quitté les zones rurales pour aller s'installer dans les agglomérations avant de venir ici. Les Canadiens vivent surtout en milieu urbain. Si nous pouvons mettre au point ce que nous appelons une stratégie de deuxième niveau—ne touchant pas seulement trois grandes villes, mais peut-être dix ou douze, partout au pays—et créer véritablement les conditions favorables, nous attirerons des immigrants. Mais il faut que ce soit une approche positive, axée sur ce que cherchent les immigrants. Ces derniers ne veulent aller nulle part où il n'y a pas d'université. Ils veulent que leurs enfants poursuivent des études supérieures. Alors dans notre stratégie, nous devrions écarter les villes qui n'ont pas d'université, par exemple.
M. Norman Beach: Je crois que l'une des principales difficultés auxquelles font face beaucoup de collectivités, c'est qu'elles ont du mal à recruter des médecins.
Et l'un des problèmes que nous avons d'un bout à l'autre du Canada, c'est que des immigrants médecins ne peuvent obtenir le droit de pratique ni aller s'établir dans ces collectivités. Je crois que l'une des meilleures façons d'aider ces gens serait d'accroître leurs chances d'exercer leur métier. Je sais que beaucoup d'ententes provinciales peuvent accélérer les processus permettant aux gens de travailler ailleurs.
Je suis absolument d'accord avec vous qu'il faut élaborer une stratégie dans ce sens et pas seulement se contenter de remplir les espaces vides dans le pays; il convient d'envoyer les gens là où ils seront utiles et pourront contribuer au développement de la société. Je crois qu'il y a beaucoup d'endroits où on peut le faire de cette façon, pas de manière coercitive.
Le président suppléant (M. Gary Pillitteri): Merci.
Mme Wasylycia-Leis.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci, monsieur le président.
J'ai une question à laquelle n'importe lequel d'entre vous pourrait répondre, alors ne vous gênez pas; tout dépend du temps qu'il reste.
J'appuie toutes les recommandations formulées aujourd'hui. Je pense qu'il est temps que le gouvernement fédéral investisse dans tous ces domaines. Mais je crois qu'au bout du compte, le succès que nous remporterons dans la modification du programme dépendra des décisions que vous devrez aussi prendre en matière de politiques fiscales.
Ma question est double.
Premièrement, de toute évidence, vous avez un peu réussi, ici en Ontario, à faire que le gouvernement élu choisisse de mettre un frein aux baisses d'impôts pour investir dans les communautés. Comment y êtes-vous parvenu? Qu'allez-vous faire? Comment pourrez-vous convaincre Paul Martin et son gouvernement d'agir?
Deuxièmement, l'autre problème que nous avons au niveau fédéral est que le gouvernement et le nouveau premier ministre qui s'apprête à entrer en fonctions sont habitués à minimiser l'excédent projeté et à dire ensuite que tout le surplus d'argent ira au remboursement de la dette. Nous perdons l'occasion, en tant que pays, de débattre des priorités et d'y mettre les moyens nécessaires. Qu'avez-vous à dire là-dessus et que pouvez-vous y faire?
Mme Gerda Kaegi: Cela fait des années que nous parlons des réductions d'impôts. Nous comparaissons devant le comité des finances de la Chambre chaque année. Nous avons écrit au ministre des Finances et même au premier ministre.
Dans la province, nous avons refusé d'accorder des baisses d'impôts aux personnes âgées. Le gouvernement de l'époque était très surpris que les aînés disent préférer que l'argent soit investi dans l'éducation et le système de soins de santé. Nous avons dit non et non.
Je crois que les Canadiens se sont rendu compte que les baisses d'impôts sont incompatibles avec l'offre de services sociaux, notamment, et le développement des infrastructures. Si le financement public n'est plus assuré, les gens devront payer de leur poche. C'est donc bien mieux de payer collectivement de manière juste et équitable. Je crois que si nous tous—et je suis sûre que les personnes assises autour de cette table font cela depuis plusieurs années—défendons cet argument avec insistance, le message finira par passer.
Ce qui me dérange, c'est la minimisation de l'excédent. Je trouve que c'est une habitude stupide. Cela finit par discréditer les propos du ministre des Finances car, chaque année, ses prédictions s'avèrent inexactes. Ce n'est pas une bonne façon d'instaurer le respect pour la planification et la prise de décisions au niveau fédéral.
Je ne sais pas si cela peut vous aider, mais c'est vraiment ce que nous pensons.
Dr Manuel Buchwald: Nous considérons que les dépenses engagées par le gouvernement fédéral dans notre secteur, celui de la recherche médicale, sont un investissement pour l'avenir.
L'une des questions qui a fait l'objet d'un débat public est celle de la fuite des cerveaux. Certains ont dit que pour renverser la tendance, il fallait aligner notre politique fiscale sur celle des États-Unis. Eh bien, permettez-moi de vous dire, d'après notre propre expérience, que ce n'est pas vrai.
La raison pour laquelle nous avons réussi à embaucher, à l'hôpital des enfants malades, plus de 20 ou 30 pédiatres, chirurgiens et scientifiques hautement qualifiés tient au fait que nous avons réussi à convaincre ces experts que nous leur offrions la possibilité de devenir des cliniciens ou des scientifiques de renommée internationale. La politique fiscale n'a pas beaucoup pesé dans la balance. L'attrait reposait davantage sur les possibilités d'enrichissement professionnel que pécunier.
La présidente: Poursuivez.
Mme Naomi Alboim: L'une des choses que j'ai dites très rapidement et sur laquelle j'aimerais revenir concerne la question de l'assurance-emploi et la façon dont elle est définie, qui est admissible et ce qu'on fait de l'excédent actuel.
Si nous voyions le système d'assurance-emploi très différemment à l'avenir, cela pourrait vraiment être très bénéfique pour le Canada et les Canadiens. Nous savons tous que notre main-d'oeuvre doit croître parce qu'elle est en train de décliner. Nous nous tournons beaucoup plus vers l'immigration pour répondre à nos besoins sur le marché du travail, etc.
Maintenant, la situation est la suivante, comme vous le savez : les seules personnes admissibles à la partie 2 des prestations d'assurance-emploi sont celles qui sont admissibles à l'assurance-emploi, ce qui ne correspond pas du tout à 80 p. 100 de la population concernée. Les Autochtones sont écartés, tout comme le sont les personnes handicapées et les immigrants. Cela ne touche pas non plus les femmes qui occupent leur premier emploi ou qui réintègrent le marché du travail après être restées quelque temp inactives. Nous perdons toute une partie de notre main-d'oeuvre potentielle qui n'est pas admissible à de la formation ou à des prestations, qui ne reçoit rien de plus que le peu d'argent qui a été mis de côté par le Trésor pour ces groupes particuliers—rien ne va aux immigrants, d'ailleurs, alors que ceux-ci sont la source la plus importante de revenu potentiel.
Par conséquent, je pense qu'il conviendrait de revoir vraiment le système d'assurance-emploi et que les employeurs prennent l'engagement que l'argent qu'ils obtiennent n'aille pas seulement aux personnes qu'ils embauchent, mais aussi à tous ceux qui auront besoin de travailler dans l'avenir... Il n'est pas inapproprié de demander aux employeurs qu'une partie de l'excédent soit destinée aux personnes qui ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi. Je pense que c'est une source de financement qu'il faudrait vraiment étudier.
M. Norman Beach: Par ailleurs, en ce qui concerne l'assurance-emploi, il y a de l'argent disponible qu'on pourrait utiliser, mais qui ne l'est pas, pour la formation linguistique. Celle-ci est souvent essentielle pour permettre à une personne de retourner sur le marché du travail. Il y a des gens qui ont besoin de se recycler. Eh bien, vous ne pouvez pas vous recycler si vous ne parlez pas anglais ou français dans ce pays. La formation linguistique est donc un domaine dans lequel l'argent disponible pourrait être utilisé.
La présidente: Merci beaucoup.
Avant de partir, j'aimerais dire quelque chose à propos des derniers commentaires.
J'ai beaucoup de mal à accepter d'utiliser l'argent des employeurs et des employés pour faire des choses qui incombent peut-être au gouvernement. Je ne pense donc pas que beaucoup de ces programmes devraient sortir du cadre de l'assurance-emploi. Je crois que le compte nominal de l'assurance-emploi, car c'est un compte nominal... et nous avons fait ce que la vérificatrice générale nous a demandé... nous mettons cet argent dans les recettes générales. Si c'est une politique et un objectif importants du gouvernement, il faut que cela provienne de Citoyenneté et Immigration Canada, de DRHC ou d'ailleurs. Mais j'ai vraiment du mal à accepter de créer des écrans dans des fonds auxquels le gouvernement ne participe pas. C'est simplement un avis personnel.
Merci. Cela me chicotait, alors je devais le dire.
Monsieur Pillitteri, la parole est à vous.
M. Gary Pillitteri: Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Pour ceux d'entre vous qui ne me connaîtraient pas, sachez que moi aussi, je suis un immigrant. On a beaucoup parlé de l'immigration, mais permettez-moi de vous dire, puisque je suis arrivé au Canada il y a 55 ans, qu'il n'est pas vrai que les gens vont à Toronto sans motif particulier. Ils s'établissent dans cette ville pour des raisons de commodité, parce qu'ils retrouvent les leurs. Ils se rapprochent de leurs compatriotes, de ceux qui ont la même éducation qu'eux, sans compter qu'ils ont des amis et de la famille. Bref, toutes sortes de facteurs entrent en jeu.
Ce n'était pas comme ça il y a 50 ans au Canada. À cette époque, les immigrants allaient aux quatre coins du pays; ils s'établissaient sur la côte est, dans l'Ouest ou dans les territoires. Et si nous remontions encore plus loin dans le temps, nous verrions que les immigrants étaient partout.
Permettez-moi de vous dire une chose. Il ne faut pas non plus négliger la barrière de la langue, entre autres, et nous devons les éduquer; c'est aussi la raison pour laquelle ils atterrissent là-bas, pour gagner du temps. Dès qu'ils se rendent compte qu'ils n'ont pas de soutien dans les petites communautés, qu'il leur est beaucoup plus facile d'obtenir de l'aide dans les grandes villes, ils déménagent. Par conséquent, il suffit qu'il y en ait un qui profite de tout ce que nous leur offrons, pour que d'autres cherchent à en faire autant; c'est pourquoi ils vont là où c'est le plus payant pour eux. Lorsqu'ils viennent au Canada—ils ne sont pas fous—, c'est pour une raison : celle de s'épanouir pleinement et d'avoir un meilleur niveau de vie.
J'aimerais maintenant passer à une autre question. À Toronto, comme je l'ai dit plus tôt, on en revient toujours aux dépenses. Je suis un homme d'affaires et le gouvernement ne devrait pas être géré comme une société. Laissez-moi vous expliquer. Il devrait être administré selon des politiques sociales, et nous devrions d'ailleurs socialiser tout ce que nous payons par le système d'imposition pour le bénéfice de l'ensemble des Canadiens.
Mais ce qui me pose problème, c'est que nous avons maintenant une dette de 510 milliards de dollars, qui a été créée par tous ceux qui sont assis autour de cette table, parce qu'il y a beaucoup de programmes sous-financés, à commencer par le RPC et d'autres programmes qui n'ont jamais reçu un sou. Certains y ont fait de très minces contributions et ont su en profiter. J'ai de la difficulté à accepter de laisser toute cette dette à mes enfants ou à mes petits-enfants. Nous sommes face à une dette intergénérationnelle. Nous ne pensons qu'à dépenser.
C'est ce que nous avons vu par le passé en Ontario, où le NPD, en particulier, a dépensé énormément pour sortir de la crise. Et qu'est-il arrivé? La province s'est retrouvée avec 100 milliards de dollars de dettes supplémentaires.
Je pense que nous devons offrir les services et faire les investissements nécessaires pour l'avenir, mais nous devons aussi vivre selon nos moyens.
M. Buchwald a parlé de la fuite des cerveaux. Ces quatre dernières années seulement, nous avons réussi à attirer beaucoup de cerveaux au Canada parce que nous avons jeté les bases permettant de faire revenir dans notre pays des scientifiques et des chercheurs et aussi parce que ceux-ci étaient mieux à même de faire des comparaisons avec la situation ou le niveau de vie au sud de la frontière.
Nous aimons dépenser, mais quelqu'un a-t-il réfléchi à la possibilité—ou parlé dans son exposé—de garder le cap pour ne pas encore tomber en déficit? Je n'ai jamais entendu quiconque dire qu'il fallait éviter de retomber en déficit, qu'il fallait maintenir le cap, qu'il fallait se contenter des quelques baisses d'impôts que nous avions et ne pas augmenter les taxes. De même, je n'ai jamais entendu quelqu'un dire qu'il vaudrait mieux payer une partie de la dette que nous avions accumulée plutôt que de la refiler à nos petits-enfants.
Quelqu'un veut-il bien me répondre là-dessus?
La présidente: J'accepterai quelques commentaires.
Je commencerai par Naomi.
Mme Naomi Alboim: Je crois, par rapport à notre exposé, que la question qui se pose pour nous n'est pas de savoir s'il devrait y avoir ou pas un déficit ou si nous devrions combler ce déficit. Là n'est pas le problème. Ce qui nous importe, c'est qu'on fasse quelques investissements qui rapporteront gros.
Par exemple, vous avez entendu l'histoire de cette témoin qui était caissière à Pizza Pizza. Je ne sais pas combien gagne une caissière à Pizza Pizza, mais cela ne doit pas être grand chose. Elle travaille maintenant dans le marketing. Elle gagne plus. Elle dépense aussi plus. Elle doit probablement habiter dans un meilleur endroit que lorsqu'elle était caissière chez Pizza Pizza. Elle paie plus d'impôts. Sa contribution est plus importante également.
Tout ce que nous disons, si vous croyez les chiffres du Conference Board—personnellement, je n'ai aucune raison de les réfuter puisqu'ils ont été évalués par beaucoup de gens—c'est qu'on perd environ quatre milliards de dollars à cause du manque de reconnaissance des diplômes. Ces quatre milliards de dollars pourraient servir à l'économie. Voyons donc quel type d'investissements à court terme serait nécessaire pour obtenir de vrais gains à long terme, car ne pas faire ces investissements à court terme signifie perdre sur le long terme.
M. Gary Pillitteri: Le poste chez Pizza Pizza existe toujours.
Mme Naomi Alboim: Oui, d'accord.
M. Gary Pillitteri: Quelqu'un d'autre l'occupera.
La présidente: Madame Hoy.
Ms. Shirley Hoy: Madame la présidente, notre proposition n'est pas tant que vous accroissiez votre contribution. Nous croyons que l'approche équilibrée qu'adopte le gouvernement du Canada actuellement est raisonnable—vous savez, rembourser un peu la dette, mais aussi faire d'autres dépenses. Mais dans les deux exemples que j'ai cités, particulièrement au sujet de vos initiatives de développement des premières années, cela ne vise pas un domaine qui, selon nous, aidera les enfants à se développer. Si on le mettait dans des services de garderie de qualité réglementés, ce serait mieux que de simplement ajouter quelque chose ou inventer et créer de nouvelles initiatives.
Nous disons donc, là où vous dépensez déjà des sommes—par exemple, dans le logement abordable—faites participer les provinces. C'est ce que nous proposons. Votre argent est déjà là, votre programme est annoncé, mais vous n'obtenez pas de financement complémentaire auprès des autres ordres de gouvernement. C'est ce que nous disons.
M. Gary Pillitteri: En bien, je répondrais que vous avez mis en place le bon gouvernement maintenant. Il y a 2 milliards de dollars consacrés au logement qui attendent depuis quelques années.
La présidente: Monsieur Beach.
M. Norman Beach: Permettez-moi de vous donner un exemple précis.
La Colombie-Britannique est la seule province où les réfugiés peuvent obtenir des services d'établissement, qui incluent la formation linguistique. Maintenant, certains diront que ce sera un boulet pour le système parce que les gens vont en profiter. Mais les études révèlent—et je les ai devant moi—qu'en permettant à ces personnes d'avoir accès à des services d'établissement, on facilite leur intégration au marché du travail en bout de ligne. Cela profite à l'économie. C'est mieux pour leurs familles. Toute la société y trouve son compte.
Il y a donc un investissement de départ, qui d'ailleurs n'est pas particulièrement important, mais qui à la longue donne des résultats. C'est ce que je pense.
La présidente: Madame Kaegi.
Mme Gerda Kaegi: Je ne pense pas que je puisse ajouter grand chose de plus, mais j'ai pensé, pendant que vous parliez, que l'un des principaux investissements des familles, bien souvent, si elles en ont l'occasion—et mon mari est un immigrant—c'est l'achat d'une maison. C'est une dette que les gens sont prêts à assumer, mais c'est un investissement qui rapporte à la longue. À mon avis, s'endetter n'est pas nécessairement une mauvaise chose si c'est pour construire l'avenir.
Je ne pense pas que quiconque d'entre nous ait suggéré qu'il faille alourdir le fardeau de la dette. Je pense que le moment est venu d'investir dans l'avenir; si nous ne le faisons pas, nous sortirons perdants.
La présidente: Je vous remercie beaucoup à tous.
Je sais que tout le monde demande que nous fassions des investissements, mais je dois vous dire que la première fois que j'ai siégé à ce comité, il y a déjà trois ans, les «demandes» se chiffraient en millions de dollars. Maintenant, nous parlons de milliards de dollars—pour les Autochtones, l'environnement, la santé, les services sociaux, la recherche et les infrastructures, les villes, le transport, j'en passe et des meilleurs.
Alors, quand tout le monde vient autour de la table et réclame son dû parce que c'est un bon investissement, il faut que vous réalisiez que si nous devions honorer toutes ces demandes, nous serions en déficit. Et le message clair qui est lancé partout au pays est justement de ne pas tomber en déficit. Nous sommes ici pour recueillir d'excellentes idées, nous les mettrons dans notre rapport et nous essaierons de nous concentrer sur les meilleures d'entre elles, en sachant que nous ne couvrirons pas tout ce qui nous a été exposé. Nous contribuons à montrer aux Canadiens que nous établissons un équilibre entre les priorités, et il faut espérer que notre pays atteindra tant bien que mal cet équilibre et que votre participation pèsera dans la balance.
Je vous remercie beaucoup. La séance est levée.