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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs membres du Comité.
Je suis accompagné de mon sous-ministre, M. Ian Shugart. C'est un plaisir de vous rencontrer et je suis très heureux à l'idée de travailler avec le Comité. Ce dernier réunit un groupe de parlementaires très impressionnant, et je suis heureux à l'idée que nous puissions continuer à collaborer en tant que parlementaires.
Il s'agit de ma première comparution devant le Comité permanent de l'environnement et du développement durable et, comme mes prédécesseurs, j'essaierai d'exposer avec transparence mes priorités à titre de ministre et de vous aider à comprendre le travail de mon ministère.
Comme c'est la première occasion pour moi de vous adresser la parole dans ce contexte, j'aimerais prendre quelques instants pour parler brièvement de ce que devraient être, à mon avis, nos priorités comme ministère, comme gouvernement et comme pays si nous voulons nous assurer de faire des progrès véritables en vue de protéger l'environnement. Nous traversons assurément une période difficile.
[Français]
Au cours des dernières années, les enjeux environnementaux ont fait la manchette comme jamais auparavant. Ce n'est que récemment, à la suite de la crise économique mondiale de plus en plus alarmante, que l'environnement a été relégué au second plan.
Mais contrairement à ce que certains peuvent croire, le fait que les enjeux environnementaux soient temporairement mis de côté dans l'actualité ne nous empêche pas de nous occuper des dossiers environnementaux.
L'environnement demeure une priorité pour notre gouvernement, et nous nous attendons à rendre des comptes à cet égard, peu importe les manchettes des quotidiens.
Le dépôt du dernier rapport du commissaire fédéral à l'environnement a déclenché des discussions importantes sur les dépenses gouvernementales, ainsi que sur la façon dont nous établissons des normes pour nos programmes.
Je crois que le commissaire Vaughan accomplit un travail appréciable qui peut être utile, et je suis heureux d'avoir pu le rencontrer la semaine dernière pour discuter du contenu de son rapport.
À tout le moins, l'attention accordée au rapport devrait nous rappeler que même si nous avons perdu du terrain au profit de ce que certains pourraient qualifier de problèmes plus immédiats, l'environnement demeure une question primordiale pour bon nombre d'entre nous.
Monsieur le président, je tiens à rassurer le comité, et par le fait même l'ensemble des Canadiens, que même si nous traversons une période tumultueuse sur le plan économique et même si l'environnement ne fait pas toujours la une, le gouvernement du Canada est entièrement acquis à la cause de l'environnement.
Nous avons pu le constater il y a un peu plus de deux semaines. En effet, le budget contient d'importantes mesures de stimulation dans le secteur de l'environnement, notamment un investissement de plus de 2 millions de dollars.
Monsieur le président, cet engagement financier considérable envers l'environnement met à profit la solide performance du gouvernement dans le dossier de l'environnement. Ce n'était certainement pas une surprise, compte tenu des gains énormes que nous avons faits au chapitre de l'environnement depuis notre arrivée au pouvoir au début de 2006.
À l'époque, nous avions hérité d'un ensemble décousu de programmes environnementaux peu impressionnants qui donnaient des résultats bien en deçà de nos attentes. Aujourd'hui, le gouvernement dispose d'un plan d'action structuré qui donne des résultats concrets.
À l'époque, les émissions de gaz à effet de serre grimpaient de manière fulgurante. En 1998, elles dépassaient de 17 p. 100 les objectifs de Kyoto; en 2006, elles les dépassaient de 35 p. 100. Aujourd'hui, nous sommes en voie d'atteindre nos objectifs, soit de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 p. 100 d'ici 2020.
Les progrès réalisés, monsieur le président, sont attribuables à un plan réfléchi et bien organisé que nous avons suivi attentivement et adapté aux besoins.
Nos réalisations sont nombreuses et couvrent tous les aspects de l'environnement. Entre autres, nous avons tout d'abord investi dans l'exécution de la loi, afin d'accroître le nombre d'agents sur le terrain et ainsi assurer le respect des lois et des règlements liés à la pollution et à la protection de la faune.
Nous avons aussi instauré un programme de mise à la ferraille des véhicules, afin d'éliminer des routes les vieux véhicules polluants.
Nous avons engagé une somme considérable — plus de 200 millions de dollars — pour le nettoyage de sites contaminés, à l'échelle du Canada.
Aussi, nous avons créé de nouvelles réserves nationales de faune et nous avons acheté des terres qui revêtent une importance écologique, tout cela en vue de protéger nos paysages et les espèces qui y habitent.
Nous avons pris des mesures pour protéger nos lacs, nos rivières et nos océans. Ainsi, des travaux de nettoyage sont en cours ou sont prévus au lac Simcoe, au lac Winnipeg et dans les Grands Lacs.
Nous sommes aussi devenus des participants actifs sur la scène internationale en jouant un rôle de premier plan lors des discussions sur les changements climatiques — notamment à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui a eu lieu en décembre dernier en Pologne, à Poznan —, en vue du Sommet sur le climat qui se déroulera à Copenhague plus tard cette année et où l'on prévoit que les dirigeants mondiaux conviendront d'un plan d'action sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur la lutte contre les changements climatiques après 2012.
En ce qui a trait à Parcs Canada, le gouvernement fournit un nouveau financement pour l'exécution de projets axés sur l'atteinte d'un objectif commun, soit la protection du patrimoine national du Canada. Tout en continuant de gérer 42 parcs nationaux, plus de 100 lieux historiques nationaux et trois aires marines nationales de conservation, nous comptons aller de l'avant en nous appuyant sur la réputation de Parcs Canada comme l'une des organisations de conservation du patrimoine les plus compétentes et les mieux informées au monde.
Monsieur le président, comme vous le voyez, nous ne ménageons pas nos efforts et nous sommes prêts à en faire encore plus.
Ayant fait preuve d'une solide gestion de l'environnement au cours des trois dernières années, nous devons maintenant élargir nos horizons et, compte tenu de la situation mondiale, nous adapter aux nouveaux visages d'un monde en constante évolution.
Monsieur le président, comme les membres de ce comité le savent, plusieurs facteurs extérieurs ont influencé, ces derniers mois, la façon dont nous devons intervenir dans le dossier de l'environnement.
Deux de ces facteurs, en particulier, auront une incidence directe sur les prochaines étapes.
[Traduction]
Disons qu'il y a d'abord, mesdames et messieurs, le ralentissement économique.
Monsieur le président, ce n'est une surprise pour personne que l'attention porte presque exclusivement sur le ralentissement économique. Au moment où l'économie connaît des ratés et qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir du crédit, les entreprises canadiennes se battent pour leur prospérité et leur survie. Au gouvernement, nous devons déterminer si le moment est bien choisi pour adopter encore des règlements qui viendront accroître le fardeau de l'industrie sur le plan des coûts.
Le deuxième facteur à prendre en considération, monsieur le président, est l'élection aux États-Unis d'un nouveau président qui souhaite reprendre les négociations multilatérales sur les changements climatiques et remettre à l'honneur la question de l'environnement. C'est de bon augure pour la création d'une approche réglementaire nord-américaine et pour l'établissement de règles du jeu équitables qui soulageront les préoccupations des sociétés canadiennes en ce qui concerne la compétitivité.
Les défis que les États-Unis doivent relever sur leur sol comme à l'étranger sont multiples et redoutables. Parmi eux, celui qui me préoccupe le plus, à titre de ministre de l'Environnement, c'est de préserver l'intégrité de l'environnement tout en améliorant notre sécurité énergétique en Amérique du Nord.
Monsieur le président, notre gouvernement s'est donné des objectifs ambitieux pour 2009. Premièrement, il faut faire de nos politiques environnementales des outils de travail utiles pour assurer le renouveau économique et le développement national en cette période d'incertitude économique. Ensuite, il faut établir une entente multilatérale pour les années à venir. En troisième lieu, il faut convaincre les États-Unis d'adopter une approche coordonnée face aux défis énergétiques et environnementaux que nous devons tous deux relever et faire valoir que nos deux pays doivent travailler ensemble à renouveler la filière de l'énergie et l'économie sur le continent nord-américain en adoptant des mesures qui non seulement réduiront les émissions de gaz à effet de serre, mais qui représenteront également des sources d'énergie plus abondantes et plus propres.
Par souci de concision, je voudrais me concentrer sur ce troisième objectif — la collaboration entre le Canada et les États-Unis — qui, à mon avis, sous-tend les deux premiers objectifs.
Le Canada, les États-Unis et le reste du monde, de fait, font face à un choix difficile à la croisée des chemins dans la lutte au changement climatique. Ils hésitent littéralement à ce carrefour, tiraillés entre la nécessité d'assurer une protection de l'environnement et le désir ferme de stabiliser l'économie.
Jusqu'à présent, nos deux pays ont choisi des voies différentes pour répondre aux besoins ainsi relevés et s'attaquer à la cause principale de nos problèmes en matière de réchauffement climatique — les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, un changement de philosophie s'impose: nous devons maintenant, en tant que partenaires, aborder ensemble les problèmes environnementaux qui se manifestent de part et d'autre de la frontière. Pour dire les choses simplement, monsieur le président, le gouvernement canadien et le gouvernement américain doivent collaborer pour s'assurer que leurs cadres stratégique et réglementaire sont cohérents, qu'ils se renforcent réciproquement, et que le chemin à prendre pour réduire les émissions traverse le cœur même des deux pays. Les objectifs sont les mêmes.
À mon avis, deux choses font que c'est judicieux: la nature et la nature humaine. Quand je parle de « nature », je veux dire que les gaz à effet de serre s'accumulent dans une même atmosphère — pollution transfrontalière qui nous renvoie à notre interdépendance dans le monde d'aujourd'hui. Quant à la « nature humaine », le fait de mesurer le phénomène en prenant pour référence les multiples territoires en jeu et des frontières nationales artificielles amènera sûrement certains à jouer sur le système, pour des gains à court terme, par ailleurs illusoires.
Et si nous avions en place une approche nord-américaine commune avec des objectifs nord-américains communs? Si nous avions un système de plafonnement et d'échange pour les gaz à effet de serre, par exemple? Ne serait-ce pas là une façon de mieux réduire les émissions de nos deux pays? Ne serait-ce pas aussi une façon d'égaliser les chances pour les administrations nationales et les administrations des États et des provinces? Je crois que vous serez d'accord avec moi, mesdames et messieurs les membres du Comité: ce serait le cas, et le moment est bien choisi pour explorer les possibilités qui s'offrent peut-être à nous avec une nouvelle administration américaine qui est ouverte, l'espoir étant d'en arriver à une entente sur une approche nord-américaine dans le dossier des gaz à effet de serre.
En analysant notre position actuelle, nous voyons que le fait de continuer à fonctionner d'une façon, alors que les États-Unis s'en donnent une autre, pourrait nuire à notre économie, notamment dans le secteur de l'énergie, par exemple en ce qui concerne les sables bitumineux et le gaz naturel. En dernier lieu, cela pourrait limiter notre capacité d'apporter une contribution vraiment utile aux efforts mondiaux de protection de l'environnement. Nous ne pouvons permettre que cela arrive, surtout que l'autre option permettrait de protéger notre marché énergétique, de réduire notre bilan carbone d'une manière beaucoup plus efficace et, enfin, de délaisser les promesses vides et irréalistes des accords internationaux antérieurs au profit de cibles vraiment réalistes et de véritables réductions des émissions.
Il ne faut pas seulement parler de cibles, monsieur le président. Il faut parler de mesures concrètes à prévoir, de mesures qui serviront à réduire non seulement la part de l'Amérique du Nord dans les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sa dépendance à l'égard du pétrole étranger.
Si les États-Unis produisaient autrefois l'équivalent de 90 p. 100 du pétrole qu'ils consommaient, ils en sont à 40 p. 100 aujourd'hui et devraient en être à 20 p. 100 en 2020, situation où ils seraient aussi dépendants que l'Union européenne l'est aujourd'hui du pétrole importé.
Si je soulève la question, c'est que le Canada représente un élément important de l'équation énergétique américaine, situation qui est appelée à rester la même dans un avenir prévisible. Pour les États-Unis, nous sommes le plus grand fournisseur de pétrole, de gaz naturel et d'électricité. J'ajouterais l'hydroélectricité, l'uranium et le charbon.
S'il est vrai que, d'ici 2020, 80 p. 100 du pétrole consommé aux États-Unis proviendront de l'étranger, le Canada représentera un élément encore plus important de l'équation énergétique américaine. Il doit donc s'atteler dès maintenant à la tâche.
[Français]
Monsieur le président, le Canada peut, et doit, assumer un rôle plus significatif pour garantir la sécurité énergétique en Amérique du nord. Compte tenu des répercussions d'une pénurie de pétrole, de la situation en Russie et au Venezuela ou dans les points chauds au Moyen-Orient, l'importance du Canada en tant que fournisseur d'énergie le plus fiable au monde laisse entrevoir des possibilités économiques pour le pays, mais aussi une obligation envers autrui — peut-même la meilleure façon dont nous pouvons contribuer à assurer la stabilité d'un monde nageant dans l'incertitude. En tant que gouvernement, nous savons ce dont nous avons besoin — un avenir énergétique sûr et une uniformité d'opinions avec nos homologues américains, car nous progresserons beaucoup plus rapidement si nos deux pays empruntent le même parcours.
Nous ne pouvons prévoir comment se dérouleront les pourparlers avec les États-Unis, mais nous pouvons dire avec certitude que le moment est bien choisi pour tenir de telles discussions... et les enjeux sont trop importants pour laisser la partisanerie entraver la prise de mesures souhaitables pour le bien-être de la planète.
[Traduction]
À l'intérieur de nos frontières et avec nos partenaires continentaux, nous devons chercher ensemble un terrain d'entente, une solution qui soit bonne pour le Canada, bonne pour les États-Unis, bonne pour la planète, bonne pour en arriver à un consensus sur la sécurité énergétique et la lutte au changement climatique. Ce sera dans l'intérêt supérieur de nos citoyens, de nos industries et de notre environnement de part et d'autre de la frontière.
Voilà, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, certaines des priorités que nous aurons pendant que je serai ministre de l'Environnement. Merci de votre attention; je suis disposé à répondre à vos questions.
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Je suis heureux de répondre à cette question-là. C'est tout un terrain qui est couvert là; je vais faire de mon mieux.
Premièrement, pour ce qui est de la réglementation, je ne suis pas d'accord pour dire qu'il y a eu dérapage. Si vous examinez le plan de gestion des produits chimiques, par exemple, vous voyez que nous allons bien de l'avant avec l'engagement que nous avons pris de nous attaquer à la question des produits chimiques dont l'examen tarde à être fait depuis des décennies, pour ce qui est des effets sur la santé et sur l'environnement. Le travail à ce sujet est bien amorcé, par rapport à l'objectif que nous avons exposé en 2007.
Quant à dire que le gouvernement considère les centrales nucléaires et les centrales thermiques alimentées au charbon comme la façon d'atteindre ses cibles, je ne suis pas d'accord. Selon les cibles que nous nous sommes données, nous voulons nous assurer que, d'ici 2020, 90 p. 100 de l'électricité du Canada proviennent de sources qui n'émettent pas de gaz à effet de serre. En ce moment, c'est 73 p. 100 de notre électricité qui proviennent de sources qui n'émettent pas.
Franchement, nous ne reconnaissons pas suffisamment ce que nous avons accompli. Le Canada compte un des réseaux d'électricité les plus propres qui soient dans le monde. Je crois que nous venons au sixième ou au septième rang sur ce point. En présumant que nous pouvons atteindre la cible que nous avons fixée — les 90 p. 100 —, nous aurons, de fait, le réseau d'électricité le plus propre qui soit dans le monde, exception faite, et la question peut se discuter, de la France, qui mise sur le nucléaire, et de la Norvège.
Nous allons y arriver non pas avec des centrales au charbon, mais plutôt avec des centrales nucléaires, des centrales hydroélectriques et des énergies renouvelables, et je vois avec beaucoup d'optimisme le travail qui se fait sur tous ces fronts-là. Ce sont des cibles qui peuvent être atteintes. Dans le contexte nord-américain, le Canada compte certaines des réserves d'hydroélectricité à mettre en valeur les plus importantes qui soient et, une fois que le prix du carbone est établi, bon nombre des projets hydroélectriques dont il est question deviendront tout à fait rentables.
Je suis heureux de savoir que vous vous intéressez à la question du mercure. Nous avons déjà discuté abondamment de la question, vous et moi, et vous avez attiré mon attention sur la possibilité de poursuivre le bon travail que nous avons fait au pays dans ce dossier.
Depuis plusieurs décennies, le Canada a très bien réussi, de fait, à réduire les émissions de mercure. Vous avez tout à fait raison de dire qu'il s'agit d'une neurotoxine. Cela me préoccupe vraiment. Et il y a lieu de croire que le mercure rejeté dans l'atmosphère ne provient pas du Canada. Essentiellement, il atterrit pour ainsi dire au Canada, où il devient une des substances polluantes les plus inquiétantes qui soient du point de vue de la santé des Canadiens, particulièrement pour les personnes qui consomment le poisson et le gibier qu'elles prennent et qui sont exposés au mercure rejeté dans l'air.
Depuis le moment où nous avons discuté de la question, il y a eu, bien entendu, les préparatifs en vue de la conférence du PNUE dans deux semaines. À cette conférence-là, il sera question des mesures adoptées par la communauté internationale en rapport avec le mercure. Le Canada, encore une fois, entend parler haut et fort en faveur de la maîtrise de ce problème, encore une fois du fait que nous avons réussi, pour une grande part, à juguler le problème, alors que les émissions de mercure demeurent importantes à l'étranger.
De même, vous m'avez fait savoir qu'il nous faudrait, au gouvernement fédéral, envisager d'adopter une norme réglementaire qui s'inspirerait de celle de l'une de nos provinces canadiennes, l'Alberta, nommément, qui applique les normes les plus rigoureuses qui soient pour les quantités de mercure pouvant être rejetées par les centrales thermiques au charbon. C'est une mesure qui est envisagée au Ministère. J'ai demandé à mon sous-ministre de fixer une réunion avec tous les PDG des entreprises qui produisent de l'électricité au charbon au Canada. Nous avons plusieurs questions qu'il faudrait aborder avec eux, et très certainement celle de la réglementation et de ce que fait le Canada pour essayer d'adopter cette norme-là. C'est donc une idée que nous envisageons très sérieusement.
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Eh bien, je vais peut-être donner quelques réponses à cette question-là, sans aborder les 13 années d'inaction. Pour ce qui est d'aborder la question des émissions de gaz à effet de serre de concert avec nos voisins américains, il faut mettre au premier plan la source des émissions. Cela comprend, premièrement, le secteur des transports. À mon avis, on ne se trompe pas en disant que le président Obama a déjà adopté quelques mesures à ce sujet, et nous devrions discuter de ce que nous faisons de notre côté pour égaler ça. Deuxièmement, nous devons nous attaquer aux sources industrielles d'émissions, et je vais traiter de cette question-là. Troisièmement, la question des émissions comporte d'autres aspects qui nous touchent tous en tant que consommateurs.
Quoi qu'il en soit, je crois qu'il importe de commencer par fixer les cibles. Vous avez tout à fait raison de dire que les cibles que nous avons avancées en tant que gouvernement canadien — une réduction de 20 p. 100 d'ici 2020 — sont, de fait, plus ambitieuses que les cibles avancées par le président Obama. L'année de référence est 2006. L'objectif, le degré d'ambition auquel le nouveau président a fait allusion, ce serait de réduire les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis de façon à ce qu'elles correspondent aux niveaux de 1990 d'ici l'année 2020. Faites les calculs et la conversion; vous verrez que c'est de l'ordre de moins 14, en prenant pour référence l'année 2006. Les cibles canadiennes et américaines sont semblables. Elles ne sont pas identiques. Les cibles canadiennes sont légèrement plus ambitieuses à court terme. À long terme, elles s'équivalent, bien que, en l'année 2050, les cibles américaines soient légèrement plus ambitieuses.
Pour parler en termes généraux, disons que nous avons des cibles semblables. Ce qui me paraît important, c'est que les principes que notre gouvernement a adoptés pour s'attaquer à la question sont pratiquement identiques aux principes qu'a adoptés le président Obama.
Premièrement, il y a l'importance de trouver le juste équilibre entre les progrès économiques et notre responsabilité de protéger l'environnement.
Deuxièmement, il y a l'importance de l'innovation technologique. Il est question essentiellement d'une évolution progressive de l'assise technologique de notre société. Qu'il s'agisse d'aménager un projet hydroélectrique ou de faire progresser les procédés de captage et de stockage du carbone ou encore d'adopter le nucléaire de nouvelle génération, cela suppose une importante progression technique, de sorte que nous devons faire les investissements voulus pour que cela se réalise.
Troisièmement, il y a la durée relativement longue du phénomène en cause. Ce n'est pas un projet que nous allons concrétiser du jour au lendemain. Il est vraiment important de procéder très rapidement, mais, pour instaurer les genres de changements dont il est question, nous devons compter sur une plus longue durée. De plus en plus, les gens s'entendent là-dessus.
Quatrièmement, il importe de mobiliser tous les grands émetteurs. Il faut, pour ainsi dire, remonter à la source. Si vous voulez régler la question des émissions, vous devez faire intervenir toutes les grandes économies qui émettent des gaz à effet de serre. Cela comprend les États-Unis, la Chine, l'Inde, la Russie et les économies qui font partie du bloc dit BRIC. Le nouveau président a parlé avec clarté et détermination de cette question. Nous aussi.
Enfin, le nouveau président a signalé un changement de la politique américaine à cet égard: il prendra part de manière très constructive au processus international relatif aux changements climatiques. De même, nous avons affirmé que nous nous engageons à cela aussi. Quant à nos cibles et à nos principes, nous nous trouvons sur le même pied. Dans le domaine des transports, un des premiers décrets du président Obama... Il y en a eu deux, de fait. Un décret donne pour directive à l'EPA d'instaurer une norme de consommation de carburant pour les véhicules d'ici 2020, soit 35 milles le gallon. L'autre vise essentiellement à permettre à la Californie d'appliquer sa norme propre.
Au Canada, nous avons la situation bien en main depuis un certain temps déjà. En janvier, l'an dernier, d'ailleurs, nous avons signalé notre intention d'adopter la norme nord-américaine dominante, la norme plus rigoureuse, en ce qui concerne la consommation des véhicules automobiles en carburant. Nous travaillons de concert avec l'administration américaine, qui doit choisir le moment où elle mettra cette mesure en place. De fait, nous attendons qu'elle se décide, pour être franc. Maintenant que nous connaissons la direction choisie par le nouveau président, l'harmonisation de nos normes de consommation des véhicules peut se faire. D'ailleurs, elle est bien lancée.
Pour ce qui est de nos émissions d'origine industrielle, nous continuons à nous référer au plan Prendre le virage. Cependant, comme je l'ai dit plus tôt, je crois qu'il importe d'insister sur la complexité du phénomène et des effets qu'il a sur la compétitivité. Là où il est question de réglementer le secteur industriel, il faut penser que ce sont 350 établissements canadiens qui émettent d'importantes quantités de dioxyde de carbone. Si je ne m'abuse, cela s'élève à plus de 100 000 tonnes. Ces établissements sont dispersés dans tout le pays. C'est l'aciérie et la centrale au charbon, et c'est certainement les établissements faisant appel au pétrole et au gaz naturel. Ce sont essentiellement toutes les activités auxquelles nous nous adonnons dans le contexte de notre industrie qui est en cause.
Il faut accorder beaucoup d'attention à la façon dont les règlements de cette nature sont adoptés ainsi qu'à l'effet qu'ils ont sur le plan de la concurrence entre le Canada et les États-Unis. C'est pourquoi nous cherchons, dans le Budget supplémentaire des dépenses, à établir des fonds supplémentaires qui permettront de financer ce travail-là.
J'insisterais pour dire que le travail que nous accomplissons à cet égard, nous, Canadiens, n'a pas son pareil ailleurs. Personne d'autre n'a proposé un cadre de réglementation industriel de cette nature.
La question du rappel au Règlement ayant été réglée, monsieur le président, je vais continuer ce que je disais.
Le budget comporte de très importantes sommes d'argent pour l'application des priorités environnementales. Plusieurs d'entre elles ont été mentionnées pendant la matinée. Il y a un fonds de un milliard de dollars réservé aux projets d'infrastructure verts. Il peut s'agir de projets liés au transport en commun, à la gestion des eaux usées, comme nous en avons parlé, ou à la production d'une énergie durable, entre autres.
Parenthèse: avant de passer à autre chose, pour répondre à la question qui a été posée auparavant au sujet des eaux usées, je dirais qu'il s'agit d'une question extrêmement importante et que, essentiellement, en tant que gouvernement, nous affirmons qu'il faut réglementer. Nous allons donc travailler de concert avec les provinces, mais il est question pour la première fois d'un cadre de réglementation au Canada.
Quant au budget ou au plan d'action, comme je l'ai dit pendant mon exposé, il y a une bonne part de cela qui tourne autour de la question de la technologie, nous avons donc réservé un fonds de un milliard de dollars pour les projets de recherche et de mise à l'essai portant sur des énergies propres. Il peut s'agir du captage et du stockage du carbone, mais il n'y a pas que cela. Il s'agit d'une importante écologisation de nos systèmes d'énergie. D'importantes sommes d'argent — 300 millions de dollars — ont été mises de côté pour financer le programme écoÉNERGIE pour la rénovation des habitations. De cette façon, ce sont jusqu'à 200 000 habitations canadiennes qui pourront être rénovées à des fins énergétiques.
Je crois qu'il importe de souligner qu'une bonne part du travail en question sera le fait de citoyens soucieux d'écologie qui feront des choix écologiques en matière de consommation. En tant que parlementaires, nous avons tous été saisis, je crois, par la réaction des Canadiens qui ont la volonté de pousser dans ce sens, de rénover leur maison ou d'améliorer le rendement énergétique de leur maison.
Nous prévoyons des sommes d'argent qui sont investies dans les sites contaminés sous responsabilité fédérale. C'est une somme supplémentaire de 80 millions de dollars qui est ainsi investie, mais d'autres fonds encore seront mis à contribution. La liste des sites contaminés qui s'accumulent au pays depuis 100 ans est beaucoup trop longue, et nous allons accélérer le travail visant à remédier à la situation.
Une question qui est prévue dans le plan d'action et qui, parfois, reçoit très peu d'attention, c'est le travail qu'accomplit toujours le ministère pour contrôler et obtenir des informations sur les indicateurs environnementaux. C'est un élément de l'équation.
En outre, 1,3 milliard de dollars ont été mis de côté pour la rénovation, y compris la rénovation pour améliorer le rendement énergétique du parc de logements sociaux du Canada.
En outre, une somme d'argent a été investie dans VIA Rail pour accroître la capacité de transport dans le corridor Windsor-Québec. Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire: si les Canadiens prennent davantage le train, il y a moins de voitures sur les routes, de sorte que les émissions de gaz à effet de serre en sont réduites.
En outre, une somme d'argent importante — 300 millions de dollars plus ou moins — est investie dans l'énergie nucléaire avec EACL.
Voilà une longue liste des efforts que déploie le gouvernement pour s'assurer que nous atteignions nos objectifs environnementaux.
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Merci, monsieur le président. Merci aux témoins de venir comparaître.
Je veux prendre quelques instants pour réagir à une observation d'un des membres de l'autre côté, qui se souciait de ce que le gouvernement n'assume pas suffisamment sa responsabilité environnementale.
Je suis tout à fait en désaccord avec cela. Par exemple, le plan de gestion des produits chimiques est très solide. D'importants progrès ont été réalisés sur ce front-là, et 300 millions de dollars y sont réservés pour les trois prochaines années.
Je me rappelle un projet qui me semblait très important en 2006: 225 millions de dollars avaient été mis de côté pour la préservation des terres et des habitats. Je crois que le premier financement dont on a fait l'annonce visait à protéger 5 p. 100 de l'île Pelée, dans mon coin de pays à moi.
Il y avait 200 millions de dollars pour l'assainissement des sédiments contaminés, ce que le commissaire à l'environnement a présenté comme étant un problème de taille dans les Grands Lacs dans son rapport mis à jour en 2007.
Les vérificateurs ne seront peut-être pas heureux de l'écoFiducie de 1,5 milliard de dollars, étant donné que ce sont les provinces qui vont dépenser l'argent et rendre compte des dépenses faites, mais je peux assurer à M. McGuinty, de l'autre côté, que l'initiative plaît à son frère, le premier ministre de l'Ontario. Il y a 586 millions de dollars pour contrer les émissions d'installations alimentées au charbon dans la province de l'Ontario.
Il y a de nombreux autres projets qui me paraissent très importants. Il y a le premier financement canado-américain visant à aménager un récif de frai dans les Grands Lacs pour les espèces de poissons indigènes comme le grand corégone, l'esturgeon et le doré commun, par exemple. Il me semble donc que le gouvernement assume une bonne part de responsabilité sur le plan de l'environnement.
À propos du commissaire à l'environnement, j'aimerais me tourner vers son chapitre sur la gestion des émissions atmosphériques et l'exemple qu'il donne de l'acrylonitrile. Je crois que cela soulève un point intéressant, surtout si nous envisageons l'avenir en songeant à l'application du plan de gestion des produits chimiques et à d'autres mesures encore, conçues en fonction de substances ou de produits chimiques qui doivent faire l'objet d'études de gestion des risques.
Le commissaire recommandait que l'on mette en place des mesures pour s'attaquer aux sources importantes d'acrylonitrile rejeté dans l'air, mais nous avons appris qu'il y a une forte tendance à la baisse depuis 2006. Il y a un travail qui se fait en rapport avec les deux plus grandes sources d'émissions; une se trouve être sous réglementation fédérale, et l'autre, sous réglementation provinciale. Combien d'efforts faut-il mettre encore dans la gestion des risques de l'acrylonitrile, avec le 1 p. 100 qui reste? Je ne suis pas sûr que cela représente un usage optimal de nos ressources, surtout qu'il faut mettre à exécution d'autres stratégies de gestion des risques dans le cadre du plan de gestion des produits chimiques.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de la recommandation que donne le commissaire à l'environnement dans son rapport à propos de l'acrylonitrile.