:
Bon retour. Je suis heureux de vous voir tous. Je peux voir tout le monde en ligne.
C’est différent pour moi, parce que je suis maintenant dans la salle du Comité. Ici, c’est assez caverneux et il y a un écho; néanmoins, c’est toujours très agréable de voir tout le monde, que ce soit virtuellement ou non.
Maintenant que je suis ici en personne, je tiens à remercier nos interprètes, notre personnel et notre personnel technique. Je ne vous ai peut-être pas remerciés auparavant, mais ce n’est pas parce que je ne pensais pas à vous; c’est parce que je suis ici en personne. Merci beaucoup pour tout ce que vous faites.
Allons-y maintenant. Aujourd’hui, bien sûr, nous poursuivons notre étude. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 23 octobre 2020, le Comité reprend son étude des défis et enjeux auxquels sont confrontés les secteurs des arts, de la culture, du patrimoine et du sport pendant la pandémie de COVID-19.
Nous allons entendre des témoignages pendant deux heures, divisés en deux groupes d’une heure, avec trois témoins au cours de la première heure et trois au cours de la deuxième heure.
Voici nos témoins pour la première heure. Nous allons accueillir, de l’Union des artistes, Sophie Prégent, présidente, et Pascale St-Onge, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture. Nous accueillons aussi Wonny Song, directeur général et artistique d’Orford Music. Nous accueillons également Lisa Rubin, directrice générale et artistique du Centre Segal des arts de la scène.
Je vois déjà des mains s'agiter. Nous allons entendre vos déclarations préliminaires de cinq minutes ou moins chacune. Je vais vous laisser une certaine latitude, mais évidemment, une heure passe très vite, alors allons-y. Je vous préviendrai au bout des cinq premières minutes.
Nous allons commencer par les deux représentantes de l’Union des artistes. Pourriez-vous lever la main pour qu'on voie qui va prendre la parole, Sophie Prégent ou Pascale St-Onge?
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D'abord, je vous remercie de nous recevoir et de prendre le temps de nous écouter.
Permettez-moi de commencer mon intervention par les mécanismes de reddition de comptes.
Nous sommes extrêmement conscients que des sommes ont été accordées à la relance de la culture par les différents paliers de gouvernement. Nous en sommes extrêmement reconnaissants. Or, malgré toute la pertinence de ces aides, celles-ci sont surtout dirigées vers les institutions et vers les producteurs. En ce moment, il y a donc des milliers d'oubliés. Ce sont des artistes-interprètes et des professionnels qui font partie intégrante du milieu de la culture et qui vont complètement se retrouver exclus de ces programmes de relance.
Il faut établir des mécanismes clairs de reddition de comptes afin d'assurer que l'argent percole jusqu'aux artistes et aux artisans, et créer des programmes qui vont s'adresser à eux particulièrement. De plus, quand les fonds sont donnés à des institutions ou à des producteurs, les contrats doivent être retraçables, vérifiables et honorés. Cela devrait être une condition sine qua non.
Je vous cède la parole, madame St-Onge.
Des dizaines de milliers de personnes travaillent à forfait ou à la pige et n'ont pas accès au filet social canadien en raison de leur statut de travailleuses ou de travailleurs autonomes. Il est donc urgent de ne pas les laisser tomber, car tant le milieu culturel que le milieu médiatique en souffriraient considérablement.
Nos organisations souhaitent travailler avec les gouvernements et les partenaires sur des solutions structurelles à long terme, car la crise met en relief la nécessité de repenser certains pans de notre filet social, par exemple de faire une révision complète du régime d'assurance-emploi et de créer de réels plans d'aide globaux et structurants pour le secteur. Comme vous le savez, au Québec, les lieux de diffusion seront fermés jusqu'au 11 janvier. Cela fera donc bientôt 10 mois que nous sommes à l'arrêt.
Pour les secteurs d'activité liés à la culture et aux communications qui ne connaissent pas une relance aussi forte que d'autres secteurs, il y a le nôtre, et les personnes que nous représentons se retrouvent dans une situation d'extrême précarité. Nous avons accueilli avec beaucoup d'enthousiasme l'annonce de la Prestation canadienne de la relance économique, ou PCRE, mais certains problèmes subsistent. Par ailleurs, la PCRE est valide pour une durée de 26 semaines.
Parmi les problèmes, il y a le fait qu'aucun mécanisme de diminution progressive de la PCRE n'est en place. Cela veut dire qu'un contractuel reçoit soit l'entièreté de la PCRE, soit rien. Comme il y a un critère relatif à la perte de 50 % des revenus sur le salaire hebdomadaire moyen, cela rend l'accès à la PCRE très difficile pour plusieurs travailleurs autonomes dont le revenu annuel moyen est d'environ 14 000 $. Quand ils ont gagné plus de 138 $ par semaine, ils n'ont pas accès du tout à la PCRE, ce qui est extrêmement problématique.
De plus, il y a beaucoup de retards liés à certains processus ou mécanismes administratifs, et les réponses aux demandes se font attendre. Il y a beaucoup d'inquiétude au sujet des dossiers encore à l'étude. Or, nous travaillons dans un secteur fortement ébranlé, et les gens que nous représentons vivent énormément d'anxiété à cause de cette situation.
Je vais laisser ma collègue prendre le relais.
Au bout du compte, en cette période extrêmement difficile pour nos artistes-interprètes et artisans, je pense avoir le devoir de vous adresser mon inquiétude au sujet d'un programme de Téléfilm Canada, soit Talents en vue. Partant d'une très bonne intention, ce programme vise, premièrement, à soutenir un large éventail de cinéastes, de producteurs, de réalisateurs et de scénaristes émergents. Deuxièmement, il vise à accélérer leur carrière en leur donnant l'occasion de créer leur premier long métrage ou leur première série Web.
L'un des critères de ce programme est le suivant: « Le budget moyen pour les projets de longs métrages se situe entre 125 000 $ et 250 000 $ mais ne devra pas, de façon générale, dépasser 250 000 $. » Sincèrement, faire un long métrage aujourd'hui avec un tel budget, c'est problématique. L'Union des artistes doit faire connaître son inquiétude à Téléfilm Canada concernant ce critère particulier du programme.
Compte tenu du plafond imposé, ce sont immanquablement les artistes et les artisans qui se retrouvent à financer les projets cinématographiques portés par les jeunes réalisateurs et réalisatrices. À défaut d'augmenter le financement qu'elle accorde, la société d'État pourrait, minimalement, s'abstenir de plafonner les budgets totaux de ces productions.
Voilà, cela met fin à notre présentation. Je vous remercie infiniment de nous avoir écoutés. Si vous avez des questions à nous poser, n'hésitez surtout pas à le faire.
Je vous remercie, madame St-Onge.
:
Honorables députés de la Chambre des communes, je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui au nom d’Orford Music.
Situé en Estrie, au Québec, Orford Music est un endroit où les gens viennent du monde entier pour apprendre, créer et interpréter de la musique ensemble, au plus haut niveau. En 2021, nous célébrerons fièrement notre 70e anniversaire, ce qui n’est pas rien pour un organisme du secteur des arts et de la culture.
Orford Music est un organisme de bienfaisance. Depuis 1951, nous offrons un mentorat et une formation de haut niveau aux musiciens émergents âgés de 18 à 25 ans. Chaque été, notre académie internationale de musique classique, l’une des plus importantes au Canada, accueille des professeurs et des artistes de calibre mondial pour partager leur passion et leurs connaissances avec des centaines de jeunes musiciens principalement canadiens.
Parallèlement aux activités de l’académie, le festival Orford Music attire plus de 25 000 mélomanes chaque été. Nous présentons une soixantaine de concerts, dont plusieurs gratuits mettant en vedette les meilleurs musiciens de l’académie, sur divers sites de notre région. Orford Music est une organisation qui fonctionne 365 jours par année, et qui emploie près de 70 employés permanents et temporaires.
La pandémie a radicalement transformé notre réalité. Notre festival phare, nos réservations de groupe et nos grandes activités de financement annuelles ont tous été immédiatement annulés. Nos revenus autogénérés, qui représentent plus de 60 % de nos revenus, ont disparu du jour au lendemain, et plus de 50 % de notre personnel permanent a dû être mis à pied.
Cependant, Orford Music a eu beaucoup de chance à bien des égards. Grâce à une aide importante de tous les ordres de gouvernement, nous avons réussi à passer à l’enseignement en ligne cet été. Nous avons investi dans les nouvelles technologies et réorganisé notre main-d’œuvre. Nous essayons d’attirer de nouveaux auditoires et nous cherchons des occasions de remplir notre mission d’autres façons.
Au milieu de tout cela, nous sommes très reconnaissants du soutien que nous avons reçu de vous et des personnes qui comptent sur nous pour continuer à enseigner et à jouer de la musique, même dans les moments les plus sombres. Pour Orford Music, cependant, la véritable menace de la COVID-19 réside dans ses conséquences dévastatrices sur notre planification à moyen et à long terme.
Au cours des mois qui ont précédé la pandémie, nous avions travaillé à la conclusion d’ententes avec des partenaires fédéraux, provinciaux et privés pour nous permettre de revitaliser notre infrastructure vieillissante. Un plan d’affaires avait été soumis au gouvernement du Québec et un comité de financement avait été créé pour approcher les donateurs.
Les édifices d’Orford Music sont reconnus comme des joyaux de l’architecture contemporaine du Québec et ils revêtent une importance historique considérable. Les visiteurs d’Orford Music peuvent même découvrir le Pavillon de l’homme et de la musique original de la légendaire Expo 67 de Montréal, qui a été démantelé, transporté et reconstruit sur notre site.
Notre scène de concert et nos salles de classe ont accueilli des générations de grands artistes canadiens, de Maureen Forrester et John Newark à Gregory Charles, Yannick Nézet-Séguin et Stéphane Tétreault. Bon nombre d’entre eux décrivent leur expérience à Orford comme l’une des plus créatives et percutantes de leur carrière.
Néanmoins, de nombreux hivers québécois ont fait leurs ravages, et les étudiants en musique d’aujourd’hui ont des besoins différents et doivent avoir accès à différents types de ressources pour réaliser leur plein potentiel. Nous avons de très grands rêves, dont une bibliothèque virtuelle pour toutes les activités artistiques sur place et un pavillon technologique de haut niveau pour l’enregistrement de la musique classique. La préservation et l’adaptation de ces édifices sont essentielles pour assurer l’avenir d’Orford Music, et maintenant, la COVID-19 nous prive de la possibilité de remédier à la situation de façon significative.
Orford Music a peut-être traversé la crise immédiate, mais même nos scénarios les plus optimistes suggèrent qu’il faudra des années pour que nos revenus autogénérés reviennent aux niveaux d'avant la pandémie. Nos besoins urgents en matière d’infrastructure n’ont fait que s’accentuer au cours de la dernière année.
Nous croyons que la meilleure façon pour le gouvernement canadien de nous appuyer en tant qu’organisme des arts et de la culture est de financer ce genre de projets d’infrastructure essentiels. Sans une revitalisation de nos bâtiments, nous ne pouvons pas poursuivre notre mission à moyen terme. Nous avons besoin de votre aide pour planifier et bâtir l’avenir afin que nous puissions continuer à jouer un rôle essentiel dans la vie des jeunes musiciens, des grands artistes et des Canadiens ordinaires, qui ont plus que jamais besoin de musique.
Notre fondateur, Gilles Lefebvre, a dit que « les arts véhiculent un message rempli de joie et d'enchantement inattendu ». C’est certainement un message vital pour l'époque que nous vivons.
Je vous remercie encore une fois de cette occasion et de votre appui.
Alors, qui sommes-nous? Qui est le Centre Segal? Nous sommes le plus grand théâtre anglophone sans but lucratif de Montréal, avec un budget de fonctionnement de 6 millions de dollars et 35 employés à temps plein. Nous avons un fonds de dotation très important, que nous sommes très fiers d’avoir constitué, de plus de 28 millions de dollars.
Avant la pandémie, nous étions un merveilleux développeur de nouvelles comédies musicales Belles-sœurs: The Musical, qui se dirigeait vers Broadway; Mythic, qui allait faire partie de la saison Mirvish; et Piaf Dietreich (The Angel and the Sparrow), à Montréal, un des plus grands succès de Mirvish, qui se dirigeait vers l’Angleterre. Tout allait de mieux en mieux pour nous.
Bien sûr, la COVID est alors arrivée. Nous avons mis à pied une foule de gens.
Oh, et nous venions aussi de remporter le prix du jury, du Conseil des arts de Montréal, pour notre comédie musicale autochtone Children of God avec Urban Ink.
Tout allait bien. Mais bien sûr, nous avons dû tout annuler. Nous avons fait beaucoup de choses en ligne. Nous nous sommes réorientés. Nous sommes en train de répéter Under the Lintel, une coproduction avec le Théâtre du Nouveau Monde et le Centre national des arts qui devait être présentée en salle à compter de la semaine prochaine. Nous allons maintenant la diffuser en ligne.
Qu'y a-t-il de positif dans tout cela? Ce qu'il y a de positif, c’est que la culture est plus que jamais nécessaire. Nous le savons. Les artistes sont résilients. Nous poursuivons notre mission de rassembler les gens.
En ce qui concerne notre institution, ce que disait l’UDA est intéressant, mais ça va. Dieu merci, nous avons l’appui extraordinaire de nos organismes de financement publics. Nous avons l’appui nécessaire. Nous avons ces suppléments. Nous avons ces incitatifs. Nous avons la subvention salariale. Dieu merci, tout cela aidera nos employés.
D’accord, mais pourquoi sommes-nous ici? Que puis-je vous dire? Notre secteur est, de toute évidence, en train de s’effondrer, de même que toute la carrière des gens. Ils quittent le secteur. Les provinces ont chacune des trajectoires et des visibilités différentes. Au Québec, en particulier, nous avons été ballottés d'un bord à l'autre. Même si nous reconnaissons que tout le monde fait de son mieux, nous sommes toujours à la merci de la santé publique.
Pour gagner du temps, je vais vous donner les cinq principales façons dont vous pouvez nous aider et une de plus en prime.
Il y a d'abord l’assurance. Le théâtre est un investissement direct. Les gens le voient comme le spectacle, mais avant le spectacle, il y a le concept, la création, le développement, la production et ensuite la présentation. C’est intéressant; Téléfilm et Patrimoine Canada ont élaboré un merveilleux plan pour assurer les plateaux de tournage. Les théâtres ont besoin de quelque chose de semblable. On ne peut tout simplement pas continuer d’embaucher des gens dans l’espoir de présenter le spectacle, pour ensuite fermer les portes le soir de l’ouverture. De plus, cela nous oblige à faire de modestes productions, des spectacles avec un seul artiste, parce que si quelqu’un a le nez qui coule, nous devons tout annuler. Nous ne pouvons tout simplement pas prendre ce risque. C’est donc l’assurance.
Deuxièmement, il faut tenir compte de la durée, des délais. Même si nous bénéficions d'un bon soutien maintenant, ce qui nous préoccupe vraiment, c’est la période de rétablissement. Que se passera-t-il lorsque tout ce soutien disparaîtra et que nous serons en phase de rétablissement, probablement pendant deux ou trois ans?
Troisièmement, nous avons besoin que vous preniez notre défense. On s'imagine à tort qu'une pièce de théâtre est comme un concert rock. Mais avec la réduction du nombre de sièges, avec les mesures de sécurité que nous avons mises en place, le théâtre est un endroit très sécuritaire — croyez-moi, j’ai fait la queue chez Winners hier —, surtout compte tenu des efforts considérables que nous avons consacrés à tous les protocoles de sécurité. Lorsque nous entendons des messages du gouvernement selon lesquels les théâtres ne peuvent pas ouvrir, mais les bars et les restaurants le peuvent, cela donne la fausse impression que nos espaces de travail ne sont pas sécuritaires et que nous ne pouvons pas continuer nos activités.
Quatrièmement, n’oubliez pas que « en direct » ne signifie pas « numérique ». C’est un outil d’accès. Nous nous sommes tous tournés vers Internet, mais cela ne remplace pas le théâtre en direct.
Cinquièmement, il faut maintenir les subventions le plus longtemps possible, mais nous avons aussi besoin de programmes pour offrir des incitatifs à la chaîne de production, comme je l’ai mentionné plus tôt, pour le développement, et non pas seulement pour le spectacle. Dans le contexte actuel, il est trop difficile de dire que nous pouvons monter un spectacle; nous avons besoin d’investissements pour pouvoir donner l’argent aux artistes, gérer les attentes et planifier la reprise.
Ce sont mes cinq priorités. Celle « en prime » va dans le même sens que celle de notre collègue d’Orford. Il s’agit de notre infrastructure et de nos besoins en matière de rénovation. Le Centre Segal a entrepris un projet de rénovation en 2015. Nous avons obtenu du financement pour la première phase en 2017 parce que notre toit était en train de s’effondrer. En 2018, nous avons obtenu notre accord de principe du ministre de la Culture et des Communications, ce qui nous a amenés à présenter une demande au ministère du Patrimoine. Nous avons pu embaucher un gestionnaire de projet et poursuivre nos rénovations.
Le temps écoulé nous a obligés à revoir le budget et à faire une nouvelle analyse. Nous sommes maintenant dans une situation d’attente, avec des fenêtres qui tombent en ruine, des pierres qui s'effritent et des sièges vieux de 30 ans. Ne serait-il pas merveilleux pour nous de pouvoir rénover pendant la fermeture? C’est le plus beau cadeau que nous puissions avoir — nous avons planifié ces rénovations depuis 2015 et nous attendions leur financement — pour revenir avec une organisation forte et donner une raison aux gens de revenir avec nos infrastructures.
Merci beaucoup de m’avoir invitée. J’espère que c’était clair.
:
C’était très clair, madame Rubin. Merci beaucoup.
Je veux simplement vous remercier. Vous êtes le premier témoin que j’aie jamais vu se minuter avec un chronomètre. C’est tout un exploit. Je vous remercie d’en avoir pris la peine.
Nous allons maintenant entamer notre tour de questions, où nous passons d’un parti à l’autre. Nous allons commencer par les conservateurs dans un instant.
Avant cela, je voudrais dire aux témoins qui sont ici que, s’ils souhaitent participer à la conversation et qu’on ne leur a pas demandé de le faire, ils n’ont qu’à lever la main pour que l’intervenant puisse vous voir. Je rappelle à mes collègues de jeter un coup d’œil aux autres témoins qui sont là pour voir s’ils veulent répondre à certaines de vos questions.
Nous allons commencer par le Parti conservateur.
[Français]
Monsieur Rayes, vous avez la parole pour six minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
D'abord, je veux remercier les quatre témoins de prendre de leur précieux temps pour venir nous parler des défis auxquels leurs organisations doivent faire face.
Avant d'aborder les détails liés à l'après-COVID, j'aimerais profiter de la présence des représentantes de l'Union des artistes pour leur poser une question sur le projet de loi sur la radiodiffusion, qui pourrait bien avoir des répercussions sur leur travail par la suite.
Lorsque le projet de loi a été déposé, vous avez dit qu'il était temps qu'il arrive; il était attendu depuis longtemps. Cependant, après certaines analyses, vous avez formulé certaines réserves.
Quels sont les éléments que vous aimeriez voir modifier dans ce projet de loi? Je vous prierais d'être brèves, si c'est possible.
:
Oui, effectivement, et ce ne sont pas seulement des inquiétudes. Je pense sincèrement que c'est la réalité dans notre secteur. Je tiens à vous souligner que nous en avons fait mention à tous les paliers de gouvernement.
Nous sommes très conscients que beaucoup d'argent a été injecté dans le milieu de la culture, mais il y a très peu d'argent destiné directement aux gens sur le terrain. S'ils n'ont pas de contrats, il n'y a pas de traces. Même lorsqu'ils ont des contrats, plus rien ne tient, puisque la pandémie est un cas de force majeure. Il n'y a aucune façon de faire honorer un contrat. La difficulté de notre secteur est que nous sommes des travailleurs autonomes.
C'est un peu la même chose que pour la PCRE, qui se fie à l'année précédente pour ce qui est de la rémunération. Il peut y avoir une différence de 60 000 $ quant à ma rémunération d'une année à l'autre. Si je me fie à l'année précédente, je peux être fortement pénalisée, car mon salaire n'est pas constant. C'est la réalité des travailleurs autonomes.
Si mon contrat ne tient pas, plus rien ne tient et il n'y a aucune trace. C'est un peu la mentalité qui sous-tend les subventions, quelles qu'elles soient. Nous sommes en règle avec les associations et, tout à coup, il n'y a pas de mesure coercitive ni de traçabilité du contrat. On offre les subventions de bonne foi, mais le Code du travail contient des mesures et des règlements qui les encadrent.
Il faut nous assurer de la traçabilité des subventions accordées. À la limite, cela pourrait être une condition sine qua non établissant que, si les contrats ne sont pas honorés, il n'y a pas de subventions.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Prégent, madame St-Onge, monsieur Song et madame Rubin, vous représentez un exemple de la grande diversité de la culture québécoise. C'est un grand plaisir de vous compter parmi nous aujourd'hui.
J'ai pris bonne note des commentaires de l'Union des artistes sur la question de la PCRE, et je vais y revenir.
Monsieur Song, je sais que ma collègue Mme Bessette aura des questions pour vous.
[Traduction]
Je vais poser des questions à Lisa Rubin, puisque le Centre Segal est dans ma circonscription, à Mont-Royal. Ce fut un plaisir incroyable de travailler avec cet organisme formidable qui a souvent deux ou trois activités en même temps, entre les pièces de théâtre et les concerts et toutes sortes d’activités incroyables pour notre communauté.
Je tiens à vous féliciter et à encourager le gouvernement du Québec à donner suite rapidement à votre demande de révision des projets d’infrastructure pour la rénovation du Centre Segal.
Mais pour en revenir à la question qui nous occupe, la relance, madame Rubin, vous avez beaucoup parlé des délais. Je pense que les délais sont importants parce que nous pensons tous que lorsque le gouvernement du Québec donnera le feu vert à la réouverture des théâtres, les salles seront autorisées à rouvrir, mais elles ne le pourront pas, parce qu’il faut parfois planifier un an à l’avance l'achat des droits d’un spectacle pour pouvoir le monter. Pouvez-vous nous parler de...? Supposons que le Québec dise que les théâtres pourront rouvrir le 11 janvier. Quand seriez-vous en mesure d’en arriver à des revenus équivalents à ce qu’ils étaient avant la pandémie?
:
Je vous remercie de votre question et de votre appui constant. Quand nous avons un député qui se soucie des arts, c'est très très réconfortant, alors je voulais simplement vous en faire part et vous en remercier.
Nous en avons eu un excellent exemple au Québec. Nous avons obtenu le feu vert plus tôt cet été, de sorte que les théâtres se sont dépêchés, hâtés, empressés de commencer le travail pour l’automne. Dans les circonstances, tout le monde montait des spectacles avec un ou deux artistes en raison du risque financier et de l'échéancier. Pour présenter une comédie musicale, par exemple, nous faisons la distribution des rôles un an à l’avance, habituellement.
Pour revenir au point où nous en étions auparavant, vous travaillez habituellement sur un projet pendant un à deux ans. Si vous êtes un distributeur ou simplement un présentateur, vous pouvez saisir les occasions qui se présentent et vous préparer en quelques jours, mais lorsque vous créez vraiment, lorsque vous faites vraiment partie de l’écosystème du développement, cela prend vraiment un an.
J’aimerais revenir un instant sur ce que Mme Prégent disait, c’est-à-dire que nous comprenons que, avec nos syndicats — nous travaillons surtout avec la Canadian Actors Equity Association et parfois avec l’UDA —, lorsque nous faisons une offre, selon les règles d'Equity, nous devons signer le contrat dans les 10 jours. Une institution a donc très peur d'annoncer qu'elle va monter un grand spectacle, parce que tout le monde devra être payé en cas d'annulation. C’est ce qui se passe avec Under the Lintel.
[Français]
Zebrina. Une pièce à conviction, au Théâtre du Nouveau Monde.
[Traduction]
C’est un spectacle solo avec une équipe complète. Nous avons embauché tous les participants, aux conditions de l’UDA, pour 16 représentations. Nous n’en faisons aucune, mais ils sont tous payés. C’est une perte énorme pour nous, même si le CALQ nous a fourni un appui extraordinaire pour essayer de récupérer une partie des pertes sur les billets, et nous en sommes tous très reconnaissants. Ce qui pose problème, c’est à la fois le montage de ces productions et de savoir que vous allez simplement... Nous voulons que l’argent se retrouve entre les mains des artistes, mais ces changements constants, l'incertitude quant à savoir si ça se fera ou non, nous empêchent de faire quoi que ce soit que nous pouvions faire auparavant. Il faudra un vaccin avant que 10 personnes puissent danser et chanter sur scène.
:
Je vais juste commencer et je laisserai ensuite Mme St-Onge continuer.
D’une certaine façon, notre contrat avec les auditoires et les artistes a complètement changé. Vous avez très bien décrit la période de transition.
De plus, nous devons reconnaître qu’à l’heure actuelle, grâce au soutien, cela va peut-être bien pour nous au bureau, mais il est très difficile d’embaucher des gens. Ceux que nous pouvons embaucher sont très occupés — j’allais avoir un concert, mais la personne en question est trop occupée pour pouvoir le faire — et les autres sont partis; ils ont quitté notre industrie.
Nous devons trouver une façon de soutenir les artistes et les techniciens, de les aider à ne pas nous quitter afin que, lorsque nous reviendrons, nous puissions revenir en force. C’est un problème à l’heure actuelle pour ce qui est d’embaucher des gens, même si nous conservons nos emplois dans l’immeuble ou à l’extérieur de l’immeuble.
:
Je vais commencer, et Mme Prégent pourra compléter ma réponse.
Évidemment, nous ne sommes pas contre l'aide aux institutions. Nous sommes bien conscients qu'il faut qu'il y ait des théâtres, des producteurs et tout cela. Ce que nous souhaitons, c'est que les mesures soient conçues de telle sorte qu'elles percolent jusqu'aux artistes.
Mme Rubin a dit que les artistes, les techniciens et les gens sur le terrain quittent le milieu parce que c'est trop difficile présentement. Ce sera un réel problème et cela va prendre un plan d'action global et costaud.
Il y a un élément que nous n'avons pas soulevé jusqu'à maintenant, et c'est la détresse des gens qui travaillent dans le domaine des arts. Il faudrait de l'aide en matière de santé mentale, entre autres, pour la formation, la reclassification sur le marché du travail.
:
Permettez-moi d'apporter des précisions.
Nous sommes en train de sonder nos membres sur cette triste réalité. À l'Union des artistes, il y a 8 500 membres actifs. Bon an mal an, chaque année, environ 2 000 membres ne gagnent pas un sou; ils ont un revenu de zéro dollar. Cela représente donc environ 6 500 membres. Dans ce métier, il n'y a manifestement pas de place pour tous ces gens. Imaginez les répercussions que cette réalité peut avoir.
Même s'il n'y a pas de place pour 6 500 membres, il y a quand même 6 500 personnes qui désirent faire ce métier. Présentement, il n'y a pas de travail. Il y aura une incidence directe sur le membrariat de l'Union des artistes. Je m'attends à ce qu'il y ait beaucoup de désistements et que plusieurs membres quittent l'Union. Nous avons une fondation et, Dieu merci, elle se porte bien. Vous avez probablement entendu dire que Netflix avait donné des fonds et que le ministère de la Culture et des Communications avait injecté 2 millions de dollars pour les arts vivants, et ainsi de suite.
Depuis le 1er avril, la Fondation des artistes, notamment grâce au Fonds Jean-Duceppe, a distribué plus de 1 million de dollars en tout et pour tout. C'est majoritairement l'argent de la Fondation, et pas de Netflix ou du gouvernement, qui a été donné. En général, nous distribuons à peu près 115 000 $ par année.
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Oui, cette question constitue aussi une avenue à envisager, et elle pourrait très bien être mise à l'étude. C'est un peu le système auquel nous avions pensé au départ.
Je dirai aussi qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Dans le programme de la PCRE, qui a été un peu calqué sur le système de l'assurance-emploi, il y a des choses qui sont louables et fort intéressantes. Cependant, l'assurance-emploi tient compte de la régularité et de la constance du revenu. C'est ce qui fait qu'elle est bien adaptée.
En ce qui concerne la PCRE, il faudrait essayer de l'adapter un peu mieux au phénomène de variation des revenus des travailleurs autonomes. Si l'on était capable de faire cela, on arriverait à quelque chose de bien. Nous ne sommes pas en train de vous dire qu'il n'y a rien de bon dans ce programme. Au contraire, il y a quelque chose, là-dedans, que nous n'avions jamais vu auparavant, et je vous en remercie sincèrement.
Je constate simplement un manque d'équilibre dans le programme de la PCRE. Par exemple, un revenu de 17 000 $ ou de 27 000 $ que j'aurais gagné en 2019 me pénaliserait, alors que, en théorie, un revenu de 38 000 $ m'aurait permis d'aller chercher plus d'argent. Il faudrait rétablir l'effet d'équilibre. Dans le revenu garanti dont vous parlez, il y a cela.
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Bien sûr. Merci pour cette question.
Je pense que ce n’est qu’une question de temps et que cela va durer longtemps. Tout comme, au début de la pandémie, les gens disaient: « Je ne porte pas de masque au théâtre », maintenant nous disons tous: « C’est fantastique de porter un masque au théâtre ». Il faudra du temps pour que la peur se dissipe, surtout chez les baby-boomers qui, comme beaucoup le savent, avec leur revenu disponible, forment la majorité de l’auditoire des théâtres.
Nous travaillons beaucoup pour les étudiants, pour les moins de 30 ans, tout cela avec une structure de prix différente, mais oui, il y aura un retour lent et progressif à une salle pleine.
Nous en sommes convaincus, mais cela pourrait arriver en 2024. Lorsque nous disons que cela va durer longtemps, c'est certainement vrai pour ce qui est de la réduction du nombre de sièges et de la confiance, pour que tout le monde soit vacciné, d'après ce que nous comprenons, ou pour que les craintes diminuent.
Peut-être ai-je tort de répondre ainsi, mais je crois que, compte tenu de la taille de l'équipe d'Orford Musique, nous faisons vivre à chaque donateur et commanditaire la même aventure que la nôtre. Je crois que la crédibilité s'est bâtie au fil des ans, parce que nous travaillons beaucoup avec eux et les faisons rêver avec nous dans nos aspirations les plus folles. Cela fait en sorte qu'ils sont souvent au rendez-vous.
Vous savez que, cette année, ce n'est vraiment pas une année normale sur le plan des affaires en raison de la pandémie. Nous voulons encourager non seulement notre milieu, nos artistes et nos jeunes, mais aussi les donateurs à créer des projets inspirants, ensemble. Par contre, à court terme, et peut-être même à moyen terme, si nous ne pouvons pas offrir de concerts et de festivals, je crains que nous ne perdions cette relation si précieuse pour des organisations comme la nôtre, à Orford Musique.
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La pandémie nous a forcés à devancer nos plans technologiques de plusieurs années. C'est pareil dans tous les milieux culturels, surtout en musique classique.
La fibre optique passe à Magog, mais elle ne passe pas à Orford présentement. Il a fallu faire des démarches supplémentaires pour faire venir la fibre optique dédiée chez nous. C'est un très grand enjeu pour nous: il nous faut absolument avoir une très bonne connexion Internet pour nos activités.
Au début de la pandémie, nos rencontres de la direction sur Zoom étaient tout un casse-tête. Nos employés vivent dans la région, que ce soit à Sherbrooke, à Eastman ou à Hatley. Pour ma part, je suis à Magog. Il nous arrivait de prier le Bon Dieu pour qu'il ne vente pas, car sinon, nos visages gelaient à l'écran de façon comique.
Pour les rencontres virtuelles, nous avons conçu des webinaires avec nos artistes à l'intention de nos fidèles amateurs. Nous avons appris rapidement qu'il était risqué de les diffuser sur notre site à cause de l'instabilité de notre connexion Internet. Nous avons dû faire appel à la générosité de Kezber, qui est une entreprise magogoise en informatique. Nous sommes déménagés temporairement dans leurs bureaux afin de pouvoir diffuser un webinaire de qualité.
Si le public de notre région veut regarder nos diffusions alors que la réception est mauvaise à cause d'une mauvaise connexion, il est certain qu'il n'aimera pas notre contenu, malheureusement. Nous travaillons très fort pour trouver des solutions de notre côté, mais, si les gens n'ont pas une connexion adéquate pour consommer notre contenu en région, il est très difficile de les atteindre.
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Nous reprenons la séance avec notre deuxième groupe de témoins.
Merci de vous joindre à nous. Maintenant que nos vérifications audio sont terminées, que tout est au point sur le plan technique et que nos interprètes semblent prêts, nous pouvons commencer.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Diversified and Event-Funded National Sports Organizations comparaît en la personne de Katherine Henderson, qui est la directrice générale de Curling Canada. Nous accueillons Adam Mitchell, du Fringe Theatre, directeur exécutif et lauréat du prix de la plus belle barbe. Félicitations, monsieur.
Nous accueillons également Martin Roy, président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux. Il a aussi une belle barbe, semble-t-il. Oui, nous avons voté, monsieur. Félicitations à vous deux.
Nous allons maintenant vous accorder jusqu’à cinq minutes. Je vais être un peu strict parce que je veux que les quatre partis soient représentés à la table lors de deux tours.
Nous allons commencer par Katherine Henderson, pour cinq minutes, s’il vous plaît.
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Merci, monsieur le président, et merci beaucoup aux membres du Comité de me permettre de prendre la parole aujourd’hui. Veuillez m'excuser pour le manque de barbe.
Je m’appelle Katherine Henderson. Je suis la directrice générale de Curling Canada et je suis ici à titre de porte-parole de Diversified and Event-Funded National Sports Organizations. Nous sommes un groupe de six ONS qui se sont regroupés en raison de la nature distincte du modèle de financement de nos organisations et de l’incidence de la COVID sur le système sportif pour les jeunes au Canada.
Nos organismes comprennent Curling Canada, Canada Soccer, Hockey Canada, Tennis Canada, Patinage Canada et Rugby Canada. Comme nos ONS sont ceux qui ont les plus grandes activités commerciales et communautaires, la participation totale à nos sports est de plus de 10 millions de Canadiens. Bien que nous soyons différents à bien des égards, le point commun qui nous unit est que notre financement provient principalement de sources non gouvernementales, à savoir les événements commerciaux, l’accueil de compétitions nationales et internationales, les commandites, les droits de diffusion et les frais d’inscription.
Grâce aux revenus tirés de ces activités commerciales, en tant qu’organismes sans but lucratif, nous investissons massivement dans le sport communautaire et de haut niveau. Malheureusement, ces sources de revenus ont été grandement touchées par la pandémie. Bien que nous soyons reconnaissants au gouvernement fédéral de son appui de 72 millions de dollars au secteur des ONS et du sport et des programmes d’urgence comme la subvention salariale, la vérité est que le système sportif canadien est dans une situation désespérée. Pour mettre la réponse du Canada en perspective, pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement britannique a réservé un financement d’urgence équivalant à 500 millions de dollars pour les sports au Royaume-Uni.
Permettez-moi de parler très clairement au Comité aujourd’hui. Nous sommes à un point critique, et certaines de nos associations provinciales et locales sont au bord de l’effondrement. Nous avons déjà mis le personnel à pied provisoirement et nous sommes en train d’épuiser nos réserves. Nous avons besoin d’une aide financière...
Nous avons déjà mis à pied des employés et épuisé nos réserves, et nous avons besoin d'une aide financière juste pour sortir de la pandémie. Nous savons que nous ne sommes pas aussi importants que les travailleurs de la santé de première ligne. Nous ne travaillons pas dans des situations de vie ou de mort, mais nous savons que le sport joue un rôle important dans la vie de millions de Canadiens pour leur santé, leur santé mentale, leur mieux-être et, surtout, pour le plaisir.
Le système sportif canadien est une collaboration entre le gouvernement et les ONS. Nous sommes déjà un partenaire de prestation de services du gouvernement fédéral, nos clubs et les sports locaux faisant partie de ce système. Avec votre appui, nous pouvons faire front commun pour nous assurer que notre système ne tombe pas en panne.
Nous demandons une source de financement réservée pour remplacer les revenus nets autogénérés par nos événements, qui serait réinvestie dans notre sport de base. Permettez-moi de vous donner un exemple.
En mars, les Championnats du monde de patinage artistique étaient à quelques jours de se tenir à Montréal lorsque la COVID a frappé. Cette annulation a fait en sorte que 6 millions de dollars en fonds de legs pour les clubs locaux de patinage artistique au Québec n’ont pas été versés. Ce n’est qu’un exemple des types d’événements qui devaient avoir lieu au pays cette année et qui appuient tous nos programmes communautaires.
Notre système n’est pas entièrement axé sur les athlètes de haut niveau. C’est aussi sur la petite fille qui va sur le terrain ou sur la glace pour la première fois ou sur le jeune garçon qui participe à son premier tournoi de curling. Nous voulons travailler en partenariat avec le gouvernement fédéral pour maintenir le sport de base et préserver le pouvoir de guérison du sport au niveau communautaire pour les enfants et pour les Canadiens à un moment où nous estimons qu’ils en ont le plus besoin.
En terminant, je vous encourage à considérer le système sportif canadien comme un arbre. La COVID a forcé nos organisations à réduire le nombre de branches pour le garder en vie. Nous pouvons l'élaguer, mais si ses racines meurent, il ne sera plus là quand nous sortirons de cette tempête. Faire pousser un tout nouvel arbre prendra des années, et il ne sera pas là quand les gens en auront le plus besoin. Si nous devons reconstruire le système sportif, nous aurons perdu des décennies de croissance pour le sport amateur et le développement du sport, de sorte que les décisions prises à l’heure actuelle auront une incidence sur des générations de sportifs amateurs et d'athlètes de haut niveau.
Merci.
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Merci. C'est pour moi un honneur de me joindre à vous aujourd'hui depuis le territoire du Traité n
o 6. Je suis heureux de l'occasion qui m'est donnée de vous parler de la situation du Edmonton Fringe Theatre et des répercussions de la pandémie sur notre secteur.
Edmonton Fringe est un organisme incontournable de notre collectivité depuis 39 ans. C'est nous qui assurons la production du Edmonton International Fringe Theatre Festival, le plus important et le plus ancien festival de théâtre marginal en Amérique du Nord.
Durant ces quatre décennies ou presque, nous avons apporté un soutien à plus de 38 000 artistes locaux, nationaux et étrangers. Notre festival est une source de création et de rayonnement pour les arts et les artistes en émergence, dont les spectacles sont souvent repris en tournée ou sont remontés ailleurs au pays ou à l'étranger.
Outre la production du festival, nous exploitons un centre comprenant trois salles de théâtre et deux studios qui accueille annuellement plus de 500 manifestations artistiques locales. Nous sommes un lieu de gestation et d'éclosion de nouvelles œuvres et de nouveaux artistes et, dans notre rôle de gérance d'un espace artistique communautaire, à la fois accessible et abordable, nous aplanissons d'importants obstacles qui se posent tant aux artistes qu'au public.
Pour la première fois en 39 ans, nous avons dû annuler le festival à cause de la pandémie. La santé et la sécurité de notre collectivité étaient et demeurent prioritaires dans les décisions pénibles, mais nécessaires, que nous devons prendre.
En 2019, grâce au soutien permanent d'organismes gouvernementaux de financement, de commanditaires et de donateurs individuels, ainsi qu'à la vitalité du festival et de notre programmation saisonnière, nos revenus ont atteint 5 millions de dollars. De ce montant, 1,5 million de dollars ont servi à payer, entre autres choses, les travailleurs de la scène, l'équipe administrative, le personnel technique et d'accueil, les contrats pour la période estivale, la sécurité des festivals, les stages pour étudiants, et 1,43 million de dollars ont été versés directement aux artistes sous forme de pourcentage des recettes, de cachets et de contrats d'engagement. En 2019, plus des deux tiers des revenus de nos activités sont retournés directement à des gens du milieu des arts et à la collectivité.
Au cours d'une année normale, nous avons plus de 3 000 artistes et travailleurs de la scène et plus de 800 000 spectateurs. L'annulation du festival en 2020 s'est traduite, pour notre organisme, par une chute désastreuse de 3 millions de dollars de ses revenus, mais, plus encore, elle a privé nos gens et notre collectivité de la possibilité de participer à l'événement. L'annulation du festival a fait que plus de 200 employés d'été se sont retrouvés sans contrat, que 1 600 artistes n'ont pas eu la possibilité de côtoyer d'autres artistes, de présenter leur spectacle et de toucher un revenu, que la cinquantaine de vendeurs d'aliments ou de produits artisanaux ont dû renoncer à s'y rendre et que les quelque 1 200 bénévoles et 800 000 spectateurs qui participent ordinairement en août à ces 11 jours de production théâtrale sont restés chez eux.
En tant qu'événement culturel majeur, nous sommes un moteur économique et touristique local essentiel pour notre ville. Les retombées locales pendant les 11 jours du festival s'élèvent à environ 39,7 millions de dollars, dont 16,7 millions sont directement liés à l'événement et aux dépenses touristiques. Nos participants proviennent de différents milieux et leur niveau de revenu est diversifié. Nous avons l'un des plus jeunes auditoires de théâtre au pays. La moyenne d'âge des spectateurs du « Fringe » est de 39 ans, et 14 % d'entre eux proviennent de l'extérieur de la région d'Edmonton.
Les arts sont simplement un moteur de l'économie. Notre survie et celle de nombreux organismes du secteur des arts dépendent de la capacité d'assembler une masse critique et d'assurer le lien entre les artistes et leur public.
Notre secteur a été le premier à cesser ses activités et sera l'un des derniers à les reprendre. La plupart des artistes sont sans travail depuis près de neuf mois maintenant. Le redémarrage prendra du temps, puisqu'il faudra reconstituer les équipes et relancer les processus de planification essentiels de la création artistique.
Dans le domaine des arts, les emplois sont rentables et ont des répercussions étendues. Nous savons que les événements artistiques et les gens qui y participent constituent un moteur de l'économie. Nous savons que les arts améliorent la qualité de vie, renforcent les collectivités, nourrissent un sentiment d'appartenance et de bien-être et suscitent une discussion d'importance sur ce que nous sommes en tant que nation.
Votre appui est essentiel. Notre message est simple: si l'écosystème artistique n'est pas revitalisé dans son ensemble, des organismes comme l'Edmonton Fringe ne survivront pas. Un soutien financier considérable sera essentiel à notre propre reprise et à la survie de notre secteur. Notre société ne peut pas se permettre de perdre le talent, le savoir, la créativité et la vision sociale des gens qui vivent des arts.
Le secteur a désespérément besoin d'aide maintenant, et il en aura besoin pendant des mois, voire des années, mais, avec les bons soutiens, nous pouvons rebâtir un secteur des arts plus viable, durable et équitable. Nous pouvons protéger nos institutions et offrir de nouvelles possibilités aux gens qui, par le truchement des arts, veulent trouver une voie viable pour apporter une réelle contribution à la société.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour.
Le lui-même a dit ici, il y a une quinzaine de jours, en parlant des festivals, que son ministère n'avait pas réussi à trouver de programme d'aide adéquat et qu'il continuait à y travailler. Il a ajouté que c'était certainement l'un des secteurs où il fallait en faire davantage et le plus vite possible. Avec votre permission, je vais vous dire comment nous croyons que vous pouvez le faire.
Le Regroupement des événements majeurs internationaux, ou REMI, et Festivals et événements majeurs Canada, ou FAME, ainsi que plusieurs festivals ont joint la coalition des entreprises les plus touchées, qui revient à la charge ces jours-ci pour demander une bonification de la Subvention salariale d'urgence pour les entreprises les plus touchées, de même qu'un soutien élargi pour les frais fixes et un accès facilité à des liquidités.
Il est important de préciser que cette subvention salariale doit être très souple et tenir compte du caractère très saisonnier de nos activités. Pour ce qui est des liquidités, nous croyons que le gouvernement canadien doit intervenir financièrement au moyen d'un fonds dédié pour résorber les déficits d'organisations culturelles, dont ceux des festivals et événements.
De notre côté, ce sont pour la plupart des organismes à but non lucratif, sans financement ni capitalisation. Selon un sondage, FAME estime que le déficit cumulé des festivals et événements est d'au moins 150 millions de dollars pour le moment. Pourquoi? D'une part, les organisateurs d'événements avaient dépensé leurs fonds six mois avant la pandémie en vue de leur édition de 2020, et, d'autre part, ils n'ont pas pu générer de revenus sur la période de 3 à 10 jours d'un festival, comme c'est le cas habituellement.
Nous avons donc demandé au gouvernement de renouveler de façon urgente les investissements dans les principaux programmes qui profitent aux festivals et événements et qui ont été faits en 2019, mais accordés pour deux ans seulement. Si rien n'est fait, l’an prochain, nous reviendrons à l'enveloppe de 2018, qui était la même depuis 10 ans. C'est un non-sens absolu, qui serait interprété partout comme d'importantes compressions en culture.
En ce moment même, des festivals et des événements reçoivent des lettres leur annonçant qu'en 2021, ils auront moins de la part du ministère du Patrimoine canadien, alors que nous sommes en pleine pandémie et que leur survie est en jeu. Il faut agir. On parle ici de 15 millions de dollars pour maintenir l'enveloppe de 2019 ou de 30 millions de dollars pour conserver le niveau de 2020, et il faudrait en faire plus.
Soyons clairs. Jusqu'à 2018, plus de 1 050 festivals se partageaient environ 31,5 millions de dollars sur les 50 millions de dollars des deux principaux programmes destinés aux diffuseurs. C'est passé à environ 42,5 millions de dollars en 2019 et en 2020, et s’est ajoutée une dizaine de millions de dollars en 2020 à cause de la pandémie, pour porter la contribution aux festivals et aux événements à un peu plus de 50 millions de dollars. Cependant, l'an prochain, on retournerait à 31 millions de dollars, ce qui constituerait une baisse de l'ordre de 40 %.
Pour mettre les chiffres en perspective, 31 millions de dollars, c'est ce que le gouvernement du Québec accorde aux festivals et aux événements annuellement par l'intermédiaire du Conseil des arts et des lettres du Québec, la Société de développement des entreprises culturelles, ou SODEC, et le ministère du Tourisme.
Par ailleurs, nous avons aussi suggéré la création d'un fonds de transition écologique et numérique superposé aux deux principaux programmes, ce qui nous permettrait à la fois de faire une relance plus verte et, d'ici la fin de la pandémie et au-delà, d'ajouter des volets numériques à nos activités. Je vous donne l'exemple du Toronto International Film Festival, ou TIFF. Les organisateurs ont réussi à vendre plus de 48 000 billets pour leur récente édition en ligne. Il y a pour les festivals et les événements canadiens un marché mondial à conquérir.
En ce qui a trait à la relance, nous avons invité le gouvernement à mettre en place un programme inspiré du Programme de manifestations touristiques de renom, qui a été créé par les conservateurs après la crise de 2008, et d'y consacrer 225 millions de dollars sur trois ans. C'est sans doute à cela que le ministre a fait allusion quand, sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, il a dit échanger avec la , puisque c'était géré par Industrie Canada à l'époque, et qu'il proposait cette fois une mise en œuvre par les agences régionales de développement économique.
Il s'agirait d'un nouveau programme de stimulation visant à attirer davantage de touristes en utilisant les festivals et les événements au Canada, dans les circonstances actuelles, et à l'international dès que ce sera de nouveau possible.
Nous savons que le quart des dépenses des festivaliers sont faites dans les hôtels et en hébergement, alors que le tiers sont faites en restauration. Dans un contexte de relance, un coup de pouce aux festivals et aux événements devrait être interprété comme une aide indirecte aux restaurateurs et aux hôteliers, qui ont grandement souffert, en même temps qu'aux transporteurs, aux artistes et aux artisans. Nous proposons que cela se fasse rapidement. Si nous voulons conserver les équipes, Il faut préparer dès maintenant les festivals et les événements de 2022.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je m'adresserai d'abord à Mme Henderson.
Vous avez mentionné que vous représentez ici aujourd'hui Curling Canada, mais pour Hockey Canada, Tennis Canada, Rugby Canada et Patinage Canada, c'est aussi, comme pour vous, une année désastreuse. Vous avez parlé des Championnats mondiaux de patinage artistique à Montréal. Le fonds des legs qui était prévu, on ne pourra jamais les récupérer.
La remise des prix Juno devait avoir lieu à Saskatoon le 15 mars, et nous avons perdu jusqu'à 9 millions de dollars en retombées économiques. Nous voyons que Hockey Canada joue à Q en ce moment, mais les ligues de hockey de l'Ontario et de l'Ouest n'ont pas joué. Je suis d'accord avec vous.
Quoi qu'il en soit, je vais commencer par le curling, parce que vous y participez. On voit que plus de centres sont recommandés. Les Scotties devaient se tenir à Thunder Bay et le Brier, à Kelowna. Vous avez suggéré qu'ils se tiennent maintenant dans ces centres. Des millions de dollars seront perdus. Le curling est un sport social, comme vous le savez bien, et il n'y aura pas de Brier Patch. Je ne sais pas comment le curling peut survivre comme sport sans spectateurs, malgré la tentative faite par la NBA et la LNH plus tôt cette année.
Qu'avez-vous à dire à ce sujet?
Je pense que vous avez très bien compris la situation, monsieur Waugh.
Les rencontres sportives sans spectateurs s'imposent à nous actuellement, mais c'est vraiment pour respecter les contrats que nous avons avec des partenaires commerciaux. Mais le fait est que, pour ceux d'entre nous qui organisent des rencontres sportives sans spectateurs, nous essayons de penser au-delà de 2022. Nous perdrons tous de l'argent à les organiser. Nous devons puiser dans nos réserves. Nous le faisons avec un personnel réduit, et nous espérons vraiment créer quelque chose de mieux.
Normalement, les championnats canadiens de curling masculin ou féminin génèrent des revenus considérables, qui sont ensuite réinvestis dans la collectivité, mais nous ne pourrons jamais le faire dans les circonstances actuelles.
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Merci, monsieur le président. Merci, monsieur Waugh. Vous n'avez pas dit ce que vous alliez lui payer, mais je m'en doute bien.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence. Vous montrez, c'est évident, beaucoup de dévouement et de passion, ce qui est grandement nécessaire dans un secteur qui peine tant à se rétablir. Le secteur des arts est durement touché, nous le savons. Les arts sont les premiers à être touchés et les derniers à se remettre. Je comprends donc.
Je suis heureux de dire que le ministre du Patrimoine canadien a fait une visite virtuelle dans ma circonscription. Nous avons organisé des tables rondes et tenu des discussions. Même avant cela, j'étais en discussion continue avec notre communauté artistique qui comprend, bien sûr, de grands volets, mais aussi de petites composantes communautaires comme celles dont nous parlons.
J'espérais adresser mes questions à M. Mitchell et parler des théâtres. Dans ma circonscription, il y a le Drayton Theatre, l'un des plus grands au pays. Nous avons aussi de petits théâtres communautaires, comme Elmira Theatre Company, The Community Players of New Hamburg, KW Musical Productions, MT Space et Kitchener-Waterloo Little Theatre. Ces petits théâtres deviennent vraiment des lieux d'émergence de nouveaux artistes.
Je n'ai pas eu l'occasion de poser des questions à notre dernier groupe de témoins. Nous avons plutôt parlé de la croissance et de l'incubation de talents et de la difficulté qu'il y a à garder les gens dans les arts. À l'heure actuelle, beaucoup de gens abandonnent le secteur des arts.
Monsieur Mitchell, pouvez-vous nous donner des exemples de la façon dont nous pouvons retenir les gens, peut-être avec un peu de mentorat? Comment peut-on soutenir les artistes? Comment pouvons-nous aider la prochaine génération à y trouver sa place? À l'heure actuelle, les scènes de théâtre restent plongées dans le noir.
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Oui, je suis d'accord. Merci.
Cela me permet peut-être de passer à un autre sujet. D'après les artistes que j'ai entendus, les deux choses qui ont été les plus utiles sont la subvention salariale et ensuite la PCU et maintenant la PCRE. On les a qualifiées de bouées de sauvetage. Pour certains des secteurs traditionnels des arts, la subvention salariale a fait toute une différence. La CERB et la CRB peuvent aider les pigistes, de même que les petits artistes indépendants et les travailleurs autonomes.
Je pourrais peut-être demander à M. Roy de parler des festivals. Il n'y a pas de solution universelle. Il y a de grands festivals dans toutes les circonscriptions, y compris la mienne. Dans les collectivités plus importantes, il s'agit notamment de festivals de jazz, de festivals multiculturels, de festivals de blues, de festivals du houblon et de festivals du sirop d'érable. Dans les petites collectivités, il y a les épluchettes de blé d'Inde et les festivals de la fraise. Il serait illusoire de chercher une solution universelle.
Monsieur Roy, vous avez parlé de travailler avec les agences de développement économique régional pour voir s'il n'y aurait pas des solutions sur mesure plutôt qu'une solution universelle. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Je vous remercie de la question.
Effectivement, les grands festivals ont leur propre réalité. C'est le cas des petits aussi, mais de façon générale, plusieurs composent avec les deux programmes existants dont j'ai parlé, soit celui de Patrimoine canadien et celui du Fonds du Canada pour la présentation des arts. Plusieurs petits festivals qui sont créés dans des communautés le sont par leur intermédiaire.
Par souci d'efficacité et compte tenu de l'urgence actuelle, nous pouvons utiliser ces deux programmes pour mieux soutenir les petits comme les grands festivals en y injectant davantage de fonds.
En ce qui concerne les agences de développement économique régionales, je sais que certaines agences au Canada n'ont pas fait du secteur des festivals et des événements une priorité. Elles sont même plutôt hésitantes à intervenir dans le secteur des arts et de la culture. Ce n'est toutefois pas le cas de Développement économique Canada, qui soutient des festivals et des événements.
Par exemple, particulièrement au Québec, cette agence soutient à hauteur d'à peu près 4 millions de dollars les membres du REMI chaque année. Par contre, à l'extérieur du Québec, c'est assez difficile d'avoir le soutien des agences de développement économique. Cela se fait un peu en Ontario, mais à l'exception de l'Ontario et du Québec, c'est assez rare.
Nous proposons effectivement que les agences de développement économique soient plus engagées et qu'elles mettent en œuvre cette version actualisée du Programme des manifestations touristiques de renom, qui a existé en 2009 et en 2010. Grâce au soutien des agences de développement économique régionales, nous pourrions donc intervenir également auprès des petits festivals.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Comme vous l'avez dit, je vais partager mon temps de parole.
Monsieur Roy, tout à l'heure, vos propos m'ont un peu saisi quand vous avez parlé des niveaux de financement pour votre organisme et pour le secteur des événements, financement qui est demeuré le même depuis 2008. Vous avez dit que, si l'on ne remet pas en place l'aide ponctuelle qui avait été offerte en 2019 et l'aide apportée en 2020 en temps de pandémie, vous alliez retomber, en 2021, au niveau de financement de 2008.
Cela n'a pas de sens, évidemment. Souvent, il faut des images fortes pour faire comprendre les répercussions de cette absence de financement. Alors, qu'est-ce qui risque de disparaître en premier, si le financement n'est pas rajusté?
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Je vous remercie de la question.
L'existence des festivals et de certains événements est carrément en cause. Actuellement, la réalité sur le terrain que connaissent les festivals et les événements est qu'ils ont amorcé une hibernation et qu'ils tentent le plus possible de conserver leurs équipes, leur expertise et leurs actifs pour pouvoir se remettre en activité lorsque ce sera possible.
Le problème, c'est qu'ils ont fait des dépenses et engendré des déficits. Un moment viendra où il n'y aura plus de liquidités. Leur existence même est en cause. Actuellement, les festivals et les événements ne touchent qu'une seule catégorie de revenus, soit celle des subventions. Environ 4 % des montages financiers viennent normalement de subventions du gouvernement canadien, et au Québec, 8 % viennent du gouvernement du Québec. Des contributions viennent aussi de municipalités et, parfois, d'associations touristiques régionales.
Actuellement, seules ces contributions permettent de maintenir en vie des équipes et des organisations. Il est essentiel que cela passe par là et que les subventions soient augmentées pour l'instant.
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Encore une fois, je pense qu'une des clés est ce fameux programme dont je parlais, le Programme des manifestations touristiques de renom.
Si l'on procédait rapidement, on donnerait aux équipes restantes et aux dirigeants la possibilité de rappeler peut-être des gens qui ont été mis à pied ainsi que la possibilité de travailler au cours des 12 ou 15 prochains mois à une relance, à une édition 2022 pour leurs festivals et leurs événements.
On sait que toute cette mauvaise histoire va finir par passer. En 2022, on va parler de relance, on va vouloir attirer des touristes. On va vouloir se retrouver aussi. Je pense qu'on aura besoin, disons, de guérison sociale.
Pour le moment, en 2021 et pour les éditions à venir, nous allons essayer de nous tourner vers le mode numérique, de faire des éditions hybrides et des éditions de moindre envergure. Nous allons essayer quand même de demeurer actifs. Par contre, si l'on misait dès maintenant sur 2022, nous pourrions conserver notre expertise. Il est extrêmement important de garder l'expertise dans nos organisations.
Par exemple, on ne peut pas remplacer du jour au lendemain un directeur de programmation qui a, partout dans le monde, des contacts avec de grandes agences artistiques et avec des artistes. On ne peut pas non plus trouver du jour au lendemain quelqu'un qui a des compétences équivalentes et qui a les mêmes contacts partout. C'est extrêmement important de garder l'expertise au sein de nos équipes.
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Je ne suis pas certaine de pouvoir répondre à cette question correctement, parce que nous suivons les conseils des médecins hygiénistes, et je pense que la situation est très diverse.
À l'heure actuelle, nous savons que dans de nombreux sports, pour pouvoir permettre une pratique très réduite, en toute sécurité, nous devons dépenser beaucoup d'argent et consacrer beaucoup de nos ressources à organiser quelque chose dans des bâtiments sans public, simplement pour permettre aux gens de profiter un tout petit peu du sport. Je pense que ce qui nous manque vraiment, en fait... Je vais parler du curling. C'est l'une des dernières grandes compétitions interprovinciales et interterritoriales. Il faut vraiment être Canadien. Vous devez venir de telle ou telle province et participer à nos championnats.
J'aimerais revenir à la raison pour laquelle nous sommes ici. Toute aide que vous pouvez nous donner... Ce dont il est vraiment question, c'est de ces grands événements, qui non seulement ont des répercussions économiques pour les gens des villes, comme certains de mes collègues l'ont dit, mais l'argent que nous gagnons comme organismes sans but lucratif est réinvesti dans tout le pays. Vous savez, ces fonds servent aux juniors et aux jeunes qui débutent. L'argent va dans nos clubs et dans les endroits où jouent les Canadiens ordinaires.
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Merci, monsieur le président.
Un grand merci aux témoins d'aujourd'hui.
M. Roy a évoqué un chiffre de déficit, et je vais donc revenir à M. Mitchell et à Mme Henderson pour avoir leurs impressions sur l'idée de suggérer un chiffre. Je crois que cela représentera une part importante dans la reprise économique. Pensez-vous qu'il soit possible, au cours des six à douze prochains mois, d'élaborer un chiffre de déficit qui pourrait être compilé à l'échelle du pays et dont nous pourrions nous occuper?
Madame Henderson, il y a plus de 30 patinoires dans ma circonscription, et pas autant de pistes de curling, mais il y en a dans toutes les petites régions rurales du Canada. Monsieur Mitchell, j'ai probablement des programmes qui datent d'avant la naissance de mon collègue d'Edmonton. J'ai les programmes du Fringe du 5e anniversaire, du 10e anniversaire et du 15e anniversaire, et j'ai été déçu lorsqu'il a fallu acheter les billets en ligne, parce que le jeu consistait à essayer d'assister aux spectacles et de faire la queue.
Madame Henderson et monsieur Mitchell, est-il possible selon vous d'obtenir un chiffre de déficit et de le fournir dans un délai de six mois à un an afin que nous puissions l'étudier? Lorsque l'argent a été versé à des organismes, comme nous l'avons entendu lors de l'audition d'un autre groupe de témoins, le gouvernement en a perdu la trace et ne sait pas si l'argent a été versé au niveau des artistes.
Madame Henderson et monsieur Mitchell, pourriez-vous répondre à cette question au sujet du déficit et de la possibilité d'en établir un chiffre à l'échelle nationale?
À l'heure actuelle, je ne peux pas parler des chiffres relatifs au déficit. Je suis sûre que dans tous les sports nous pourrions unir nos efforts.
Je pense que ce que nous recherchons, ce sont simplement des fonds distincts qui nous permettraient de présenter une analyse de rentabilisation afin de démontrer que cet argent manque effectivement au système.
Je peux prendre l'exemple du curling. La saison dernière, nous avons dû annuler la coupe du monde féminine et un certain nombre d'autres compétitions à compter du 12 mars, qui a été l'un des jours les plus tristes de ma carrière. Comme nous ne sommes pas en mesure de maintenir un certain nombre d'événements à l'avenir, nous prédisons que cette année, il y aura un déficit d'environ 6 millions de dollars.
Je ne peux pas parler pour les autres sports. Nous avons présenté un cadre au . Il contient des critères et une analyse de rentabilisation, et nous serions très heureux de les passer en revue avec vous.
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Cela dépend à quel niveau.
En passant, je connais très bien votre carrière. J'ai déjà travaillé dans le domaine des grandes compétitions, alors c'est toujours un plaisir de parler à quelqu'un qui a participé à des compétitions de ce niveau.
Chez Curling Canada, nous avons dû réorienter notre entraînement de haut niveau. Il a été établi de façon très différente cette année. Selon l'endroit où vous vous trouvez au pays, nous avons élaboré des lignes directrices sur le retour au jeu pour les gens qui peuvent aller dans un club local.
Toutefois, tout doit être fait très localement en ce moment. Dans le domaine du curling, par exemple, le développement des athlètes passe en grande partie par la compétition. Le nombre de compétitions par rapport aux entraînements est donc relativement élevé. Nous avons pas mal de compétitions au Canada, et c'est l'une des raisons pour lesquelles — je vais utiliser le curling comme exemple — nos athlètes réussissent si bien sur la scène mondiale et ont remporté de nombreuses médailles aux Jeux olympiques et aux championnats du monde.
À l'heure actuelle, ils sont toutefois limités. Ils se préparent pour les Jeux olympiques de Pékin en 2022 et sont très inquiets de l'impossibilité de disputer des compétitions afin de s'améliorer et de s'assurer qu'ils représentent très bien le Canada sur la scène mondiale.
Nous avons aussi un médecin hygiéniste avec qui nous travaillons, et nous avons des entraîneurs et des équipes de haut niveau qui essaient de leur élaborer quelque chose afin qu'ils puissent s'entraîner hors-piste ou de façon très protégée dans leur club.