Nous tenons aujourd'hui la 20e séance du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous reprenons notre étude sur les territoires du Nord et sur leur développement économique et, plus particulièrement, sur les barrières et les solutions s'y rapportant.
Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui trois témoins. Je vais revenir à eux dans un instant.
Les membres du comité doivent savoir que nous devons tenir des votes à la Chambre aujourd'hui, à 17 h 30. Nous entendrons donc la sonnerie à 17 h 15, si l'horaire est respecté. Nous tâcherons donc d'organiser notre temps en fonction de l'ajournement probable de la séance aux alentours de 17 h 15.
Deux témoins s'entretiendront avec nous par vidéoconférence, et nous attendons toujours un autre de nos témoins. Je crois que nous allons d'abord entendre notre témoin qui est avec nous, à Ottawa, M. Robert Reid, qui est président de la Mackenzie Valley Aboriginal Pipeline LP. Il va nous parler d'une question extrêmement pertinente pour nous, et qui est intimement liée au développement économique du Nord. Nous allons donc commencer.
Monsieur Reid, normalement, chaque témoin a dix minutes pour présenter son exposé. Cela concerne également M. Quin, qui vient de se joindre à nous. Vous pouvez prendre jusqu'à 10 minutes chacun pour faire votre déclaration préliminaire. Chaque témoin fera sa déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions des membres du comité.
La parole est d'abord à M. Reid.
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Merci, monsieur le président, et bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous cet après-midi. Le greffier vous a distribué un document; j'imagine que vous l'avez tous reçu. Je vais en résumer le contenu, sans entrer dans les détails.
Je vais vous présenter aujourd'hui une vue d'ensemble de haut niveau du Projet gazier Mackenzie, puis je vous parlerai de l'Aboriginal Pipeline Group et de la contribution que nous apportons pour que ce projet d'envergure se concrétise.
Le Projet gazier Mackenzie permet d'accéder au bassin frontalier le plus près en Amérique du Nord. Ce bassin côtier représente des réserves de six billions de pieds cubes de gaz naturel — et, de nos jours, le fait qu'il s'agit de réserves côtières n'est pas un détail sans importance. Actuellement, le projet ne prévoit pas l'exploitation de ressources en mer. La capacité initiale sera de 1,2 milliard de pieds cubes par jour, et elle pourrait passer à 1,8 milliard de pieds cubes, grâce à l'ajout de groupes compresseurs. Le coût total du projet s'élève à 16,2 milliards de dollars. L'Aboriginal Pipeline Group est un partenaire pour le gazoduc seulement, ce qui représente 7,8 milliards de dollars.
La proposition initiale de mise en valeur du delta du Mackenzie remonte au début des années 1970. Des audiences publiques avaient alors été tenues sous la gouverne du juge Berger, qui, si je ne me trompe pas, se joindra à nous cet après-midi. À l'époque, les groupes autochtones se sont opposés unanimement à la construction du gazoduc. Leur opposition s'explique principalement par le fait qu'aucun accord de revendication territoriale n'avait été conclu à l'époque.
En 1977, le juge Berger a imposé un moratoire de 10 ans pour la mise en valeur du delta. Les communautés autochtones n'étaient simplement pas encore prêtes à tirer profit des bénéfices qui découleraient d'un projet de cette ampleur. Cette décision a été plutôt controversée à l'époque mais, avec les années, on a pu constater que c'était une sage décision.
Au cours des années 1980 et 1990, trois des quatre groupes autochtones vivant le long du tracé du gazoduc ont réglé leurs revendications territoriales. En janvier 2000, alors que la construction du gazoduc n'avait pas encore fait l'objet d'une demande, les chefs autochtones de la vallée du Mackenzie se sont réunis, et ils se sont entendus sur une vision. Ils ont convenu de faire en sorte que les collectivités autochtones soient propriétaires de la plus grande partie possible du Projet gazier Mackenzie, et de maximiser les avantages qui en découleraient pour ces collectivités. L'Aboriginal Pipeline Group est l'aboutissement de cette vision. Aujourd'hui, le projet est fermement appuyé par les Autochtones tout le long du tracé du gazoduc. L'ère Berger est maintenant révolue.
L'APG est un regroupement unique de groupes autochtones de la vallée du Mackenzie, qui cherche non seulement à appuyer la construction du gazoduc, mais également à faire partie du projet. L'APG est un marché, négocié par les peuples autochtones pour les peuples autochtones. Notre mandat est de maximiser le rendement financier du gazoduc à long terme pour les groupes autochtones des T.N.-O., grâce au statut de propriétaires. Nous avons négocié le droit d'acquérir un tiers de la propriété du gazoduc. L'APG appartient au conseil tribal Gwich'in, à l'Inuvialuit Regional Corporation et au Sahtu Pipeline Trust.
Je vais vous parler des membres du conseil d'administration à la fin de mon exposé.
En ce qui concerne la propriété du Projet gazier Mackenzie, la Compagnie pétrolière impériale est la détentrice principale, avec 34 p. 100 Propriétaire à 33 p. 100, l'APG est au second rang. Viennent ensuite ConocoPhillips Canada, Shell Canada et Exxon Mobil Canada, qui se partagent le reste.
En tant que partenaire à part entière, l'APG siège au conseil d'administration du Projet gazier Mackenzie. Nous participons aux travaux de tous les comités et de tous les sous-comités, ce qui nous permet d'intervenir directement dans la mise en valeur de cet important projet. Nous faisons en sorte que le conseil d'administration soit mis au courant des préoccupations de nos communautés.
La prochaine diapositive présente l'échéancier de réglementation. Je n'entrerai pas dans les détails, si ce n'est pour dire que la demande initiale a été déposée en octobre 2004, que les audiences publiques ont débuté en janvier 2006, et que les travaux de l'ONE ont été différés pendant trois ans, dans l'attente du rapport du comité d'examen conjoint, qui a été déposé en décembre dernier. L'ONE devrait rendre sa décision cet automne. L'APG continuera d'appuyer le processus réglementaire jusqu'à la mise en oeuvre de la décision de l'ONE. Nous en sommes aux dernières étapes de la restructuration du projet, qui fera en sorte que le gazoduc puisse vraiment permettre l'ouverture d'un nouveau bassin, qui attirera de nouveaux expéditeurs grâce à des droits de péage et à des tarifs attrayants. Après cela, nous passerons aux études techniques détaillées, nous finaliserons le trajet, puis il faudra s'occuper d'obtenir 7 000 permis de la part des offices locaux des terres et des eaux, ce qui ne sera pas une mince affaire.
La diapositive suivante présente le calendrier des travaux. À ce sujet, je dirai seulement que la construction débutera à l'automne 2016 et qu'elle s'étendra sur trois hivers. Le gazoduc sera entièrement construit en hiver, étant donné que la toundra ne peut soutenir la présence d'équipement lourd pendant les mois d'été et que les travaux de construction réalisés l'hiver entraînent des impacts environnementaux de moindre envergure. Le gazoduc sera mis en service en 2018.
La mise en oeuvre du projet sera très bénéfique pour la vallée du Mackenzie. D'abord, les groupes autochtones ont négocié avec le gouvernement fédéral le versement de 500 millions de dollars dans un fonds d'atténuation des incidences du projet gazier. Ensuite, un milliard de dollars seront consacrés aux travaux réservés aux groupes qui se trouvent dans le corridor. Il s'agit de travaux dont l'adjudication a été garantie à des entrepreneurs locaux, aux termes des ententes sur l'accès et les avantages.
Il y aura également des occasions commerciales et des emplois créés, soit 7000 emplois dans les Territoires du Nord-Ouest pendant la construction, et plus de 100 000 emplois dans l'ensemble du Canada, dont environ 150 postes à temps plein. Ce projet ne profitera pas seulement au Nord; il profitera au Canada tout entier.
La diapositive suivante fait état d'une augmentation du PIB de plus de 100 milliards de dollars, ainsi que de recettes fiscales et de redevances dépassant 10 milliards de dollars pour les différents ordres de gouvernement.
La dernière diapositive présente les membres de notre conseil d'administration. Je suis fier de travailler pour un conseil exclusivement constitué d'Autochtones. Ce sont des gens formidables et c'est un plaisir de travailler pour eux.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Votre introduction m'a soulagé. Quand le témoin précédent a déclaré que l'ère Berger était maintenant terminée, je me suis dit qu'elle s'était tout de même étendue sur une période considérable: quelque 30 ans, ou un peu plus.
Je suis également soulagé de savoir que le sujet qui vous intéresse est la question générale du développement économique dans le Nord. Pendant un instant, j'ai cru qu'il s'agissait de reprendre tout le débat sur la vallée du Mackenzie. Ce dossier a maintenant été transféré à d'autres personnes, et il ne fait aucun doute que ces personnes sont hautement qualifiées.
Je pourrais peut-être dire, pour commencer, que j'ai passé trois ans dans la vallée du Mackenzie, dans l'ouest de l'Arctique, à la fin des années 1970. Je crois savoir deux ou trois choses au sujet du développement économique dans le Nord. Dans mon rapport, j'avais insisté sur l'importance du maintien de l'économie traditionnelle fondée sur la chasse, la pêche et le piégeage. Ces activités étaient, à l'époque — et elles sont toujours, si je ne m'abuse —, une composante essentielle de la culture des gens du Nord, et un important moyen de subsistance pour eux. Si j'ai insisté là-dessus, il y a 30 ans, c'était entre autres pour garantir que les accords de revendications territoriales contiennent des dispositions qui protégeraient les droits de chasse, de pêche et de piégeage. C'était indispensable pour que le développement industriel puisse avoir lieu.
En 2005 et en 2006, j'étais au Nunavut en tant que conciliateur entre le Canada, le Nunavut et l'ITC, l'organisation inuite qui représente les bénéficiaires. Puis-je simplement vous faire part de quelques réflexions que j'ai énoncées dans mon rapport du 1er mars 2006, en ce qui concerne le développement dans le Nord et, en particulier, au Nunavut, afin que personne ne pense que j'émets des opinions arrêtées sur la vallée du Mackenzie ou sur le développement dans cette région?
Au Nunavut, je travaillais bien entendu sur le dossier de l'accord de 1993 sur les revendications territoriales du Nunavut, qui a débouché sur la création du gouvernement du Nunavut, en 1999. Il fallait déterminer quelles seraient les prochaines étapes, maintenant que les revendications territoriales étaient réglées et que le Nunavut avait son propre gouvernement. Bien entendu, ma préoccupation était de faire en sorte que des mesures soient prises pour que les Inuits — c'est d'eux qu'il s'agissait, mais le principe s'appliquerait, de manière générale, à tous les peuples autochtones du Nord — puissent, pour ainsi dire, s'approprier leur gouvernement, et qu'ils puissent bénéficier des occasions d'emploi qu'entraînerait le développement du Nord. Bien entendu, le Nunavut est directement touché par le réchauffement climatique et la fonte des glaces. À mon avis, ce phénomène est favorable au développement industriel du Nunavut, car les mines et les minéraux, et le pétrole et le gaz deviennent plus faciles d'accès. Mais la question qui se pose est la suivante: comment les Inuits peuvent-ils faire partie intégrante du développement? Que faut-il faire pour qu'ils puissent devenir mineurs ou biologistes, et exercer les emplois spécialisés et les professions qui sont essentielles, si l'on veut qu'ils occupent la moitié des emplois au sein de leur propre gouvernement, emplois auxquels ils n'ont pas accès actuellement parce qu'ils ne possèdent pas les qualifications requises? Et le même problème se posera dans le secteur privé, quand des entreprises gagneront le Nord et les îles de l'Arctique, à la recherche de minéraux, de pétrole et de gaz sous le lit marin.
L'éducation et l'emploi doivent donc figurer en tête de liste des préoccupations en ce qui concerne les Autochtones du Nord. Des non-Autochtones déjà qualifiés viendront occuper nombre de ces emplois, et je m'inquiète des qualifications des Autochtones. J'ai formulé des recommandations qui se rapportent principalement à l'éducation au Nunavut, dans la mesure où 75 p. 100 des enfants inuits y abandonnent l'école avant la fin de leur secondaire... Les statistiques sont moins sombres dans l'Ouest de l'Arctique, mais elles devraient néanmoins nous inquiéter. Nous voulons nous assurer que les Inuits seront en mesure d'obtenir ces emplois. Ils peuvent travailler au sein de leurs propres sociétés ainsi que dans les secteurs gazier, pétrolier et minier, dans le cadre de partenariats que leurs accords de revendications territoriales ont rendu possibles, mais comment feront-ils pour décrocher les emplois qui exigent certaines compétences?
Je ne veux pas m'éterniser là-dessus, et je suis certain que vous êtes au courant de ce problème. J'ai indiqué dans mon rapport — que j'ai ici avec moi — qu'il faut un véritable système d'éducation bilingue au Nunavut. En ce moment, on enseigne en inuktitut aux enfants jusqu'en quatrième ou cinquième année, après quoi cet apprentissage se poursuit en anglais. Leur éducation se fait donc en deux parties, si l'on veut, et ils sortent de l'école sans être parfaitement à l'aise ni dans leur langue, qui est une langue écrite, ni en anglais, qui est la langue maternelle de la plupart des gens — après l'inuktitut.
J'ai recommandé au gouvernement fédéral de subventionner ce programme, parce que ce serait coûteux. Il nous faudrait former davantage d'enseignants, principalement des enseignements inuits. Il nous faudrait instaurer des programmes comme ceux qui permettent aux enfants d'apprendre leur langue auprès de personnes âgées après l'école. Au Nunavut, l'inuktitut est la langue maternelle de 75 p. 100 des gens. Ces enfants doivent avoir la possibilité d'être éduqués dans la langue qui est parlée à la maison — qui est aussi la langue autochtone la plus utilisée au Canada. Elle ne va pas disparaître. Si on songe à cela — et j'espère que vous le ferez —, l'éducation bilingue... J'ai insisté en 2006 pour que les premières classes puissent obtenir leur diplôme en 2020. Ces jeunes posséderaient le bagage nécessaire pour suivre une formation professionnelle, pour aller au collège ou à l'université, et ils seraient alors en mesure de prendre leur place au sein de leur gouvernement — en tant que responsables de la faune dans cette vaste région, en tant que géologues ou ingénieurs dans le secteur privé. Tel doit être notre objectif, sans quoi la plupart des Autochtones seront à nouveau de simples spectateurs du développement industriel des territoires du Nord — ou ils travailleront à la cantine ou comme concierges. Nous ne voulons pas qu'il en soit ainsi.
Nous avons eu 30 ans pour planifier l'intégration des Autochtones au Projet gazier Mackenzie. En ce moment, il n'existe aucun processus qui nous permette d'intégrer les Inuits aux projets qui sont déjà à l'étude pour le Nunavut, et il n'en existera pas tant et aussi longtemps que nous n'établirons pas un système d'éducation approprié qui leur permettra d'acquérir les compétences nécessaires pour travailler dans l'Arctique au cours des années à venir.
Je vous suis reconnaissant de m'avoir alloué 10 minutes, mais j'ai bien peur que ce soit tout ce que j'avais à dire.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous les députés de me permettre de vous parler de cette question. Comme le président l'a mentionné, j'ai envoyé un document qui a dû vous être distribué. Je crois que je vais aborder les principaux éléments de ce résumé.
Je dois tout d'abord préciser que je travaille depuis 1993 sur d'importants projets miniers dans le Nord canadien, à savoir au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon — ce qui rend probablement mon expérience unique dans cette perspective —, et que cela m'a permis de me familiariser avec le cadre réglementaire et le développement économique de ces trois territoires.
Vous devez savoir que le potentiel économique du Nord est immense. Nous étions au fait depuis des années que les ressources naturelles y étaient abondantes, mais c'était sans compter les découvertes récentes, comme les mines de diamants. Il y a 20 ou 25 ans, les gens auraient ri si on leur avait dit qu'il y avait des diamants au Canada. Maintenant, ces mines figurent parmi les plus importantes au monde. Il y a aussi des projets d'exploitation de gisements d'or, comme celui auquel j'ai participé à Hope Bay. Cette ressource est l'une des plus importantes du Canada — pas plus tard que l'an dernier, la société Underworld a découvert des gisements d'or au Yukon.
Ce sont toutes des découvertes récentes qui émergent. Ça ne se résume donc pas seulement aux ressources dont on connaissait déjà l'existence, comme le gaz de la vallée du Mackenzie; les découvertes des 20 dernières années démontrent tout le potentiel à peine exploité du Nord.
Dans ce cas, pourquoi les investissements s'y font-ils si rares? Pourquoi exploite-t-on aussi peu de mines dans le Nord canadien, connaissant les ressources naturelles qu'il recèle et son potentiel évident, dans la mesure où des gisements de classe mondiale ont été découverts dans des délais relativement courts? Dans l'ensemble, je dirais que c'est parce que le régime de réglementation est extrêmement complexe, pénible et coûteux, en plus d'être très incertain. Lorsqu'une société minière ou autre doit choisir un site d'exploitation, elle évalue à quel endroit elle pourra obtenir des résultats concrets, le temps que cela prendra et ce qu'il en coûtera. Si le processus s'avère trop exigeant, cette société ira ailleurs, et l'argent aussi.
J'ai mentionné dans mon document le sondage annuel de l'Institut Fraser sur la compétitivité réglementaire. Comme je l'ai dit, il est possible que certaines personnes n'apprécient pas l'Institut Fraser d'un point de vue politique, mais ce sondage a été effectué auprès de 300 cadres de l'industrie minière. On a réuni leurs impressions pour établir un rang en fonction de différents aspects liés à la compétitivité réglementaire. Le Yukon, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest ont terminé respectivement aux 11e, 43e et 50e rangs parmi les 72 États du monde faisant l'objet du sondage, ce qui dresse un portrait assez sombre de la situation — sauf au Yukon, qui ne se situe pas tout à fait dans les 10 premières places, juste une coche en-dessous. Dans l'ensemble, je suis d'accord avec cette évaluation. J'ai travaillé là-bas, et cette classification me semble juste, tant d'un point de vue relatif qu'absolu.
Dans ce cas, quel est le problème? C'est essentiellement le cadre réglementaire qui dissuade les sociétés de consacrer le temps nécessaire à l'exploration; vu les difficultés associées à l'exploitation d'une mine, les sociétés se disent que si c'est pour prendre trois, quatre ou cinq fois le temps normal, elles feraient mieux d'aller ailleurs, où le processus sera plus rapide. Les normes n'y sont pas moins élevées — elles sont aussi strictes et exigeantes —, ce sont les processus auxquels ils nous faut nous soumettre qui posent problème.
Mon expérience dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut... J'ai fourni deux ou trois exemples dans mon document, mais le plus simple est le suivant: nous avons essayé d'obtenir l'autorisation d'exploiter une toute petite mine, qui aurait été la plus petite au Canada avec 600 tonnes par jour. Cette exploitation de 70 millions de dollars aurait duré deux ans. Nous avons passé plus de six ans — six ans et demi, si je me souviens bien — à essayer d'obtenir les autorisations nécessaires pour cette mine, ce qui nous a coûté 20 millions de dollars. Cette situation éminemment pénible qui s'est passée au Nunavut démontre le côté irréaliste et insensé de ce processus; on peut aisément comprendre pourquoi les sociétés choisissent d'aller ailleurs.
En ce qui concerne les Territoires du Nord-Ouest, j'ai donné l'exemple de la Con Mine, que nous avons acquise en 1993. Un plan de fermeture préliminaire avait été soumis environ six ans plus tôt, mais il a fallu 13 autres années pour que ce plan soit approuvé; il s'est donc écoulé 20 ans entre le début et la fin du processus. Vous savez, ce type de délai est tout simplement ridicule. Évidemment, le problème des sociétés minières, c'est qu'elles ne connaissent pas leurs obligations tant et aussi longtemps que le processus n'est pas terminé, parce qu'elles ne savent pas quelles seront les normes ou les exigences auxquelles elles devront satisfaire. Elles considèrent donc que l'incertitude est trop grande et choisissent d'aller ailleurs.
Quels sont les principaux problèmes à régler? Dans la cas des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, le ministre d'AINC doit approuver de nombreuses étapes du processus, ce qui se traduit souvent par des retards de trois, six, voire neuf mois. J'ai été témoin de délais pouvant atteindre deux ou trois ans, parce que le ministre tardait à approuver un processus qui avait déjà été complété et recommandé par les gens de son ministère. Ça se retrouve manifestement au bas de la pile et ce n'est pas une priorité, alors ça traîne en longueur. Le processus réglementaire s'en trouve considérablement rallongé.
En ce qui concerne la duplication des processus, le MAINC ou AINC, par exemple, a entrepris au Nunavut une évaluation de notre projet de Hope Bay, mais il a aussi déclenché un processus parallèle à Ottawa afin de conseiller le ministre. Il se déroule donc simultanément deux processus au sein du même ministère, et il faut ajouter à cela le chevauchement avec les autres ministères et gouvernements. Il y a donc un immense gaspillage de temps et d'argent pour tout le monde.
Les délais de réponse sont extrêmement lents, notamment dans le cas des organismes de réglementation fédéraux. Ces derniers demandent toujours la prolongation des délais, puis ils se présentent — j'ai personnellement vécu cette expérience à plusieurs reprises — avec 70 pages de commentaires le soir précédant une rencontre prévue depuis plusieurs mois, ce qui rend le processus du lendemain inutile, parce qu'on ne peut répondre en une nuit à 70 pages de questions. Ils avaient des mois pour envoyer leurs questions et laisser le temps à l'entreprise d'y répondre. Par ailleurs, ces questions et commentaires visent souvent à obtenir un grand nombre de renseignements qui ne faisaient pas partie de la demande d'origine. On fournit donc ces renseignements — ce qui prend souvent des mois ou même des années —, et ça ne mène qu'à davantage de questions. On se retrouve donc dans un cycle sans fin de demandes de renseignements qui peuvent faire d'un simple document... Par exemple, notre plan de gestion de l'eau pour le projet de Hope Bay est passé d'environ 100 pages à — je crois — 2 000 pages avant d'être complété, simplement en raison de la multiplication des demandes des organismes de réglementation.
Je ne crois pas que cela ait réellement ajouté quoi que ce soit au bout du compte, mais ça renvoie à un autre élément, à savoir les consultants que tout le monde embauche. Nous suivons un processus réglementaire. Nous avons nos consultants. Les organismes de réglementation fédéraux ont aussi les leurs — habituellement chacun un — et il en va de même pour les premières nations. On peut donc se retrouver avec six, sept ou huit équipes différentes de consultants dans la salle, et les gens se posent des questions les uns les autres en argumentant à savoir qui est le meilleur expert en la matière. En fin de compte, les consultants n'ont aucun intérêt à ce que le processus soit complété, puisque plus ils posent de questions, plus il y a de renseignements fournis — il leur faut donc plus de temps pour les examiner et leurs honoraires s'en trouvent plus élevés. Il en résulte ainsi un processus extrêmement inefficace qui traîne en longueur et qui demande énormément de temps sans que cela ajoute quelque valeur que ce soit à l'équation.
Parallèlement, on assiste à la transformation des processus d'examen en processus de réglementation. Chaque territoire a son processus d'évaluation environnemental, comme la CNER au Nunavut, l'office de la vallée du Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest et la Loi sur l'évaluation environnementale et socioéconomique au Yukon. Ces processus se sont transformés au point où ils font maintenant le travail des organismes de réglementation, mais une fois cette évaluation terminée, les recommandations doivent être transmises à l'organisme de réglementation. C'est ce dernier qui a la responsabilité légale et l'expertise nécessaire pour réglementer tout processus, qu'il s'agisse d'un déversement d'eau, de la construction de digues à rejets, etc. À la fin, les exigences découlant du processus d'examen sont souvent en conflit avec celles que pourraient établir l'organisme de réglementation, mais ce dernier se retrouve paralysé, parce que s'il est en désaccord avec le processus d'examen, il faut tout reprendre à partir du début.
Alors on se retrouve à faire double emploi, ce qui nous entraîne dans un cercle vicieux. Cette situation est d'ailleurs survenue récemment dans le cadre d'un projet au Yukon, qui piétine parce que d'un côté, l'examinateur a conclu que le projet était adéquat et complet, et que de l'autre, l'organisme de réglementation n'est pas d'accord. Au bout du compte, si la situation ne se règle pas, on se retrouvera à la case départ.
Le dernier élément que je souhaitais aborder...
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Pardonnez-moi un instant. Vos 10 minutes sont écoulées.
Monsieur Quin, je vois que vous avez résumé certaines de vos principales recommandations. Dans vos réponses à nos questions, vous pourriez peut-être y faire référence; je suis certain que vous en aurez l'occasion. Et si ce n'est pas le cas, nous les avons sur papier.
Nous devons être prêts à passer au vote vers 17 h 15, donc j'aimerais maintenant céder la parole aux membres pour qu'ils posent des questions. Nous vous donnerons suffisamment de temps pour aborder vos recommandations.
[Français]
Monsieur Reid, il y aura des questions en français.
[Traduction]
Vous aurez donc besoin du dispositif audio qui vous a été remis.
Je crois que M. Quin et que l'ancien juge Berger pourront entendre la traduction directement.
[Français]
M. Bagnell, vous avez la parole pour sept minutes.
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J'ai été nommé par le gouvernement libéral et j'ai remis mon rapport au nouveau gouvernement conservateur. Je crois que M. Prentice était ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada. Je suis certain que le gouvernement l'a lu. Je crois qu'il s'oppose à la principale recommandation, qui exhorte le gouvernement fédéral à subventionner l'enseignement en inuktitut ainsi qu'en anglais et en français. Depuis bien des années, le gouvernement du Canada a pour politique de subventionner l'enseignement en anglais et en français.
J'ai souligné — et j'aimerais le faire encore une fois ici aujourd'hui, si vous le permettez — le fait que dans les années 1960, la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme a découvert qu'à l'époque, environ 3 p. 100 des employés du gouvernement fédéral étaient francophones et tous les autres, anglophones. La commission a conclu que la situation était critique et qu'il fallait intervenir. L'enquête a entraîné la mise en place d'une série de réformes et de mesures visant à faire du Canada une nation véritablement bilingue et biculturelle. En subventionnant l'enseignement des deux langues à la population, en 1995 — en fait, je ne me rappelle plus très bien de l'année exacte —, les francophones représentaient environ le tiers de l'effectif du gouvernement fédéral.
À l'époque de la création du Nunavut, nous avions convenu que les habitants de ce territoire occuperaient 85 p. 100 des emplois gouvernementaux. On a fait cette promesse en 1993 et tout le monde souhaitait la tenir. Mais nous n'étions pas conscients de ce qu'il fallait pour y arriver: un nouveau système d'éducation bilingue. Le Nunavut a sa propre administration, qui compte 3 200 ou 3 300 employés; seulement la moitié environ sont des Inuits et, dans l'ensemble, ils gagnent un salaire parmi les plus faibles.
Voilà ce qu'il faut faire pour remplir cette promesse, selon moi. Je ne dis pas qu'il faut faire de l'inuktitut une langue officielle, parce qu'aucun autre territoire ni aucune autre province du Canada ne compte une vaste majorité d'habitants qui ne sont ni anglophones ni francophones. Leur situation est exceptionnelle. Il ne faut pas s'inquiéter d'établir un précédent déplorable.
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Merci beaucoup. Je vous remercie pour vos mémoires.
Monsieur Berger, j’ai lu le rapport du Projet du Nunavut, qui a été publié, si je me souviens bien, en mars 2006.
J’aimerais vous poser une question concernant une chose que vous avez dite. À votre avis, le gouvernement s’opposait au financement de l'enseignement en inuktitut. Pardonnez-moi, mais je ne suis pas d’accord avec vous. De la maternelle à la 12e année, c'est une question de compétence.
Dans vos recommandations, vous alléguez qu’un investissement annuel de 20 millions de dollars permettrait d’atteindre les objectifs. Nous avons augmenté les transferts vers le Nunavut de manière beaucoup plus importante depuis 2006. Le gouvernement du Nunavut a dû prendre des décisions. À ma connaissance, nous n'avons jamais imposé quoi que ce soit en ce sens et le gouvernement a eu toutes les occasions de faire un choix judicieux.
Je ne voulais pas que cette question reste en suspens. Je me demandais si vous aviez quelque chose à ajouter à ce sujet.
Je crois que le potentiel de développement économique est là et qu'il va se faire sentir. Je pense qu’il y aura du développement économique. Ce qui m’inquiète, ce sont les progrès que feront les Autochtones, leur capacité de prendre part à ce développement. On doit accorder la même importance à ces éléments qu’au reste.
Je dois dire que les gens du ministère de l’Éducation du Nunavut élaborent depuis quelques années un programme écrit en inuktitut. Au cours des dernières années, on s’est montré impatient de mettre en oeuvre les recommandations que j’ai présentées, qui sont généralement fidèles à ce que pensent les gens du Nunavut.
Je n'ai pas les données actuelles, mais 90 p. 100 du budget du Nunavut vient d’Ottawa. Le problème, c’est qu’ils ont de nombreux besoins. On doit examiner attentivement leur système d’éducation qui ne fonctionne pas très bien. On doit l'admettre. Mais pour mettre en œuvre le système qu’ils désirent, ils ont besoin de l'appui indéfectible du gouvernement fédéral. Je ne reproche rien au gouvernement. Je pense que cet entêtement à ne subventionner que les cours en français et en anglais fait partie des politiques du fédéral depuis longtemps.
Je ne veux juste pas que nous allions de l’avant et que nous procédions à l’extraction de ces ressources en offrant de très bons emplois à de très bonnes personnes, qui viendront en grande partie de la métropole et qui quitteront probablement les communautés du Nord dès que leur travail sera terminé. Nous devons veiller à ce que les Inuits soient capables de faire ce travail eux-mêmes.
J'ai peur d'avoir dit la même chose en 2006; je me permets de le répéter parce que vous avez été assez aimables pour m’inviter aujourd’hui.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Honnêtement, je soupçonne que ce qui domine les pensées de l'ACPE, en ce moment, c'est son désir de voir le projet de loi C-300 rejeté afin de maintenir vivante l'industrie minière, et je suis sûr que la Capstone Mining Corp., comme d'autres sociétés minières, aurait quelque chose à dire à ce sujet. Je travaille en très étroite collaboration avec elles en raison de l'importance du secteur minier dans la circonscription de Kenora, ce qui n'est manifestement pas l'objet de la discussion d'aujourd'hui.
Pour commencer, j'aimerais vous poser quelques questions, monsieur Reid. J'ai eu la possibilité d'examiner vos notes et je jetais un coup d'oeil à certains des faits saillants et des sommaires du plan d'action économique du Canada. J'ai remarqué tout particulièrement le ferme engagement de l'aboriginal pipeline group de poursuivre le projet de mise en valeur des ressources gazières du Mackenzie en tant que partenaire à part entière. Ça semble être non seulement un investissement important, mais c'est également important pour ce groupe de participer au programme d'opportunités économiques pour les communautés, qu'on appelle POEC, je crois.
J'aimerais que vous commentiez très brièvement, en une minute ou deux, disons, ce que vous comprenez de l'importance de cet investissement et de ce qu'il apportera dans le contexte du projet de gazoduc de la vallée du Mackenzie.
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Merci, monsieur Reid. Ça semble être tout un plan d'action. Excusez-moi, mais le temps nous presse.
Je voudrais m'adresser à vous, monsieur Berger. À la page 39 de la version anglaise de votre rapport, j'ai noté votre affirmation selon laquelle, ni en 1993 ni en 1999 en tout cas, on ne s'était vraiment efforcé d'estimer puis de respecter les coûts du bilinguisme; vous avez abordé ce sujet dans votre allocution d'aujourd'hui.
Vous mettez en évidence quelques enjeux puis vous enchaînez à la page 40 en suggérant que les gouvernements du Canada et du Nunavut élaborent des ententes bilatérales pour la conception et la mise sur pied de ce programme, entre autres. Vous mentionnez un certain nombre d'autres choses, comme l'élaboration d'un programme de cours et la formation spécifique des enseignants.
Je dois encore une fois en revenir au plan d'action économique du Canada. Vous avez dû vous réjouir, en avril 2009, quand notre gouvernement a conclu un accord au sujet de l'éducation des Inuits. Les principes de base en étaient les suivants: édification de la capacité, mobilisation des parents et des partenaires et bilinguisme centré sur les Inuits. C'est un accord colossal auquel participent plus de 13 signataires de cette vaste région.
Deuxièmement, nous parlons du moment présent, mais en ce qui concerne l'avenir des investissements supplémentaires ont été faits dans des programmes d'études collégiales destinés spécifiquement aux jeunes Inuits.
J'aimerais savoir si vous considérez cette politique gouvernementale comme étant une avancée positive et avantageuse dans la poursuite de certains des objectifs que vous avez mis en évidence à la page 40 de votre rapport.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je m'adresserai d'abord au juge Berger.
Vous avez un nom particulier, monsieur le juge. On entend parfois dire: « Juge un jour, juge toujours ». Votre nom, Thomas, peut se prononcer Thomas, tout comme Berger peut se prononcer Berger et, dans ce sens, je crois qu'il serait difficile de décider de laquelle des deux nations fondatrices de ce pays vous êtes issu.
En ce qui concerne l'éducation, je ne partage peut-être pas vos idées. Ma circonscription comprend le territoire du Nunavik. Le comité a aussi visité le Nunavut et chaque fois qu'on parle d'offrir l'éducation dans la langue et la culture des différentes nations, on se heurte à un mur. Il n'y a pas de logements pour accueillir sur le territoire des professeurs qui enseigneraient à des gens de l'endroit l'aspect théorique de l'éducation. Par la suite, ces gens pourraient donner des cours dans le respect de leur culture.
On avait une université dans l'Ouest. On a créé un pavillon universitaire à Val d'Or, dans l'est du pays. J'ai eu la visite de mon ami Pita Aatami, qui m'a dit qu'il refuse d'être reconnu comme un membre des Premières nations. Il déclare que s'il ne peut être reconnu comme Inuit, il veut être considéré comme un Esquimau. En reconnaissance de cette réalité, nous avons vu l'Université du Québec changer le nom de son Pavillon des Premières nations en Pavillon des Premiers-Peuples pour réussir à atteindre les gens des différentes collectivités. L'université est prête à donner des cours à distance au lieu d'établir des résidences pour des professeurs qui se déplaceraient. Cela coûterait probablement moins cher au gouvernement que de construire des bâtiments pour recevoir des professeurs, alors que les résidants se plaignent déjà de voir des blancs être logés sur leur territoire quand eux-mêmes n'ont pas de logement. En votre qualité de juge, j'aimerais connaître votre opinion à ce sujet.
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Dans mon rapport sur le Nunavut, j'ai souligné l'urgence d'améliorer la formation des Inuits au métier d'enseignant, parce que, les choses étant ce qu'elles sont, il est très probable que seules les personnes ayant l'inuktitut comme langue seront capables de dispenser de l'enseignement en inuktitut. Cela présente une difficulté. Les difficultés avec lesquelles nous sommes aux prises au Nunavut sont très sérieuses et le problème est que M. Quin, tout comme M. Reid, sont en mesure de vous faire une proposition concrète: voici un pipeline; voici une mine. Telle est notre définition du progrès industriel et c'est ce qui sera mis en oeuvre dans le Nord.
Il s'agit de savoir comment faire pour que les peuples autochtones, qui vivaient dans la région avant les travaux de mise en valeur et qui y vivront encore une fois les travaux achevés, soient en mesure de participer. M. Reid a indiqué les mesures qui ont été prises dans la vallée du Mackenzie et elles sont majeures.
Au Nunavut, nous n'en sommes pour ainsi dire qu'au début et nous avons un gouvernement populaire. Le gouvernement du Nunavut n'est pas un gouvernement autochtone, mais un gouvernement de toute la population, autochtone comme non autochtone. Tout le monde a le droit de vote; tout le monde peut être candidat à un poste électif. Et nous avons promis que 85 p. 100 des emplois seraient accordés aux Inuits, parce qu'ils représentent 85 p. 100 de la population. Nous avons fait cette promesse il y a 18 ans, en 1993, et nous avons encore beaucoup de pain sur la planche pour la tenir.
Est-ce que je peux ajouter une dernière chose, monsieur? Quand nous avons signé l'accord sur les revendications territoriales avec les Inuits en 1993, ils ont cédé leur titre ancestral sur le Nunavut au Canada, ce qui nous a permis d'atteindre l'objectif que nous avions d'assurer notre souveraineté complète et exclusive sur les eaux de l'Arctique et les îles de l'Arctique. L'accord a permis de sceller notre prétention à la souveraineté sur l'Arctique. C'est ce que prévoyait l'entente que nous avons conclue il y a 18 ans. Pardonnez-moi si je prends la liberté de vous demander d'inviter le Parlement et le gouvernement, vu que vous avez leur oreille, de ne pas perdre de vue cette réalité.
Pour en revenir à ce que je disais au sujet de la subvention de l'éducation en anglais et en français, à Iqaluit, capitale du Nunavut, il y a une population francophone non négligeable et le gouvernement fédéral a ouvert une école d'immersion française à Iqaluit, où on enseigne toutes les matières en français. Voilà qui est bien, mais il refuse de faire de même pour l'enseignement en inuktitut. Voilà ce que je voulais dire et je pense que...
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Merci, monsieur le président.
Merci pour votre dernier commentaire, monsieur Quin. J'ai apprécié certains éléments de ce que vous avez dit aujourd'hui. Cela sonnait très juste. Les habitants du Nord attendent impatiemment depuis des décennies qu'Ottawa se retire du processus. En réalité, tout ce qu'Ottawa a fait, c'est d'augmenter le nombre de règlements.
Quand vous dites qu'Ottawa devrait se retirer du processus, vous laissez entendre que les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et le Nunavut devraient prendre en charge le processus, comme le ferait un gouvernement provincial, et être de ce fait davantage en mesure de tirer parti de la mise en valeur des ressources, même sans structure de redevances. Une province s'occuperait d'un projet de développement comme celui du gazoduc du Mackenzie, si elle en avait le pouvoir, et elle pourrait décider comment la mise en valeur cadrerait avec la stratégie prévue pour cette région. Dans la situation actuelle, il n'y a aucune stratégie pour la région parce que les décisions relatives aux stratégies sont prises ici, à Ottawa.
Le fait de retirer Ottawa du processus permettrait deux choses. D'une part, les décisions seraient prises plus rapidement, parce que ce sont les gouvernements territoriaux qui les prendraient. D'autre part, comme ce sont eux qui feraient les règlements, ils auraient la possibilité de les améliorer dans l'intérêt de la population de la région visée. Est-ce que c'est comme ça que vous voyez les choses?