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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Nous sommes reconnaissants au comité de nous recevoir de nouveau. Nous en profitons chaque fois pour nous concentrer sur ce qui, très visiblement, est important et que vous avez besoin d'entendre. Nous vous laisserons prendre connaissance par la lecture des éléments secondaires. L'occasion est également excellente, parce qu'elle attire l'attention d'autres décideurs de l'État avec qui nous avons des rapports sur des enjeux essentiels.
Monsieur le président, avec votre permission, je concentrerai mes propos sur les remarques saillantes du président dans le rapport, en m'étendant au besoin sur quelques-uns d'entre eux. Mes collègues présenteront un résumé exécutif de nos autres constatations et recommandations.
Je dirai d'abord que, au cours des deux années écoulées depuis notre dernière comparution devant le comité, les choses se sont plutôt bien passées. Des problèmes sont également survenus, mais j'aimerais vous communiquer d'abord les bonnes nouvelles. Comme vous le savez, immédiatement après notre dernière visite ici, des modifications ont été apportées à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec. Nous savons que les membres du comité ont beaucoup travaillé pour les accélérer et les concrétiser. Nous sommes extrêmement reconnaissants de cette attention et de cet aboutissement.
Depuis, les nations crie et naskapie ont conclu deux accords supplémentaires avec d'autres nations. Mentionnons l'Accord sur les revendications territoriales concernant la région marine des Eeyou. En vertu de cet accord entre les Cris d'Eeyou Istchee et le gouvernement du Canada, les îles éloignées et proches de la côte Est des baies de James et d'Hudson, qui n'étaient pas visées dans la convention originelle de la baie de James parce qu'elles n'étaient pas au Québec — elles faisaient en fait partie du Nunavut —, constituent un territoire cri traditionnel. Nous sommes heureux de constater qu'un accord fait que la plupart de ces îles relèvent désormais des Cris. C'est une excellente nouvelle. Elles font toujours partie du Nunavut, mais, pour l'essentiel, elles sont du ressort des Cris d'Eeyou Istchee. Voilà un résultat très positif.
Du côté de la Nation naskapie, un nouvel accord de partenariat avec le Québec porte sur certains enjeux de développement communautaire et économique chez les Naskapis de Kawawachikamach. Voilà une autre bonne nouvelle.
Donc, sur ces deux points, les négociations ont été bien menées et elles ont abouti.
Les modifications apportées à la loi, adoptées par le Parlement peu après notre dernière réunion, comprennent notamment la pleine reconnaissance des Cris de Oujé-Bougoumou comme bande crie, au sens de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec ainsi que de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Il est heureux que cette reconnaissance, qui se faisait attendre depuis plus de 20 ans, ait finalement abouti.
Un dossier qui avance est la reconnaissance du dernier groupe de Cris, non reconnu par la loi ou la convention— les Cris de Washaw Sibi Eeyou. Ils sont en train de se faire reconnaître comme la dernière bande crie, à Eeyou Istchee, et nous avons hâte d'avoir de bonnes nouvelles à vous communiquer à ce sujet, bientôt, nous l'espérons.
Certains problèmes perdurent en matière de logement, et je pense que le comité connaît très bien ceux qui se sont manifestés partout au pays. Dans les réserves, le problème persiste, y compris chez les Cris. Nous avons souligné ce qui, à notre avis, l'explique. Une partie du problème réside dans la réussite des Cris. Les communautés cries retiennent 95 p. 100 de leurs jeunes. C'est un taux inconnu chez les Premières nations d'ailleurs au pays. Nos jeunes restent dans les communautés ou y reviennent, y fondent des familles, ce qui augmente énormément la demande de logements.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord utilise, pour le logement, une formule régionalisée. La formule et l'argent débloqué en vertu de la formule sont déterminés région par région.
Il est indéniable que les conditions du logement en Alberta diffèrent de celles des Maritimes. C'est très bien. Nous soutenons que, au Québec, une formule régionale valable pour tout le Québec n'est pas appropriée, vu le haut niveau de fondation de familles et de rétention des jeunes dans les communautés cries. Ce phénomène mérite étude. On devrait tenir compte des facteurs démographiques propres aux Cris.
Dans un certain nombre d'autres domaines, les problèmes perdurent. Il faudrait apporter d'autres modifications à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec pour s'occuper de questions qui relèvent des administrations locales. Il y a le problème des quorums. Nous en avons déjà parlé au comité. La loi exige des quorums d'un assez grand nombre de personnes pour approuver des choses aussi simples que, par exemple, la cession d'un terrain par une communauté crie à une commission scolaire crie. Ce n'est pas le genre de question qui mobilise énormément d'électeurs. Il faudrait revenir sur certains des quorums exigés.
Le Grand Conseil des Cris, Eeyou Istchee, saisira de ces questions le gouvernement du Canada, relativement à la gouvernance des Cris. C'est donc un dossier qui évoluera.
D'autres nouveaux dossiers sont probablement susceptibles de vous intéresser. Longtemps, les Cris ont eu une loi traditionnelle sur la chasse qui portait sur beaucoup d'autres sujets. C'était une loi fondée sur la tradition et la coutume pour la gestion de leurs ressources. Un rôle de premier plan était réservé à une espèce de pointeur. L'intendance du territoire, par exemple, était un important objectif de cette loi.
Mon collègue Philip Awashish vient de terminer, pour le compte des Cris, l'élaboration de la loi traditionnelle eeyou sur la chasse, ce qui, à mon avis, est un acquis important.
Je tiens à mentionner une autre chose. Notre commission a commencé à saisir certains des enjeux entourant le droit administratif et son interface avec les droits des Autochtones et les droits conférés par traité ainsi que le nouveau droit émanant notamment de la jurisprudence concernant les droits en question.
L'ensemble des lois administratives élaborées dans notre pays est très efficace. Il se fonde sur des concepts du droit anglais et, dans une certaine mesure, sur des concepts européens de justice naturelle. Cela fonctionne assez bien avec, par exemple, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, la Commission des affaires municipales de l'Ontario, la commission du taxi d'Ottawa. Il repose sur de bons principes, assez efficaces. Certains d'entre eux, qui sont considérés comme assez fondamentaux par ces instances, s'adaptent mal aux communautés autochtones.
Quand nous avons débuté, en 1986, nous étions la seule commission ou tribunal autochtone créé par une loi au Canada. Aujourd'hui, nous sommes une cinquantaine. Il devient donc de plus en plus important de concilier le droit administratif tel qu'il est généralement compris au pays et les droits autochtones et les droits conférés par traités. À ce sujet, nous avons accompli du travail avec des organismes homologues du pays. Notre mandat, manifestement, ne nous donne pas de grands pouvoirs à l'extérieur de notre territoire. Nous avons entamé des discussions avec l'Assemblée des Premières Nations (APN) pour qu'elle se charge du dossier et qu'elle le fasse avancer pour son compte. Ces discussions se poursuivront.
Nous avons constaté un intérêt dans d'autres commissions et tribunaux autochtones du pays — notamment, c'est manifeste, chez les organismes possédant des responsabilités en matière de droit administratif. Nous nous attendons à pouvoir faire rapport, à un certain point, dans un proche avenir, sur une évolution du dossier.
Je vais simplement énumérer très rapidement des exemples des domaines où cela ne fonctionne pas trop bien. En droit administratif, un principe veut que la personne qui comparaît devant une commission au sujet d'une demande qu'elle a faite ou de ses droits, etc., n'y voie pas siéger la belle-mère de son adversaire. Ce principe de base fonctionne tout à fait bien. C'est une garantie d'équité, du moins en ce qui concerne le fait de ne pas être juge de sa propre cause ou de la cause d'un ami ou d'un parent.
Cependant, dans le cas de notre commission et des gens qui comparaissent devant nous, il est très peu probable que ni Philip ni Robert ne les connaissent pas assez bien. Nous parlons ici de 15 000 personnes; nous connaissons fort probablement la plupart des dirigeants de notre communauté et beaucoup de non-dirigeants. Quand un groupe comparaît devant nous, nous connaissons probablement certains de ses membres. Un de mes collègues pourrait même leur être apparenté.
Dans les petites collectivités de plusieurs centaines ou de quelques milliers d'habitants, les probabilités sont encore plus fortes que les membres d'un organisme administratif soient apparentés à quelqu'un, aient eu avec lui de vieilles relations d'affaires, aient fréquenté la même école ensemble ou aient eu une liaison, il y a une vingtaine d'années ou quelque chose de la sorte. Il y a souvent des liens. Il faut donc trouver moyen de garantir l'équité autrement que par l'interdiction de faire partie d'une commission. Cela demande une plus grande transparence sur les motifs de la décision, très probablement, sur son mode de fonctionnement et une plus grande accessibilité de toute — je dis bien de toute — l'information utile aux parties.
D'autres solutions sont possibles. Le consensus, par exemple. Dans les centaines de décisions que nous avons prises au fil des ans, il ne nous est arrivé qu'une seule fois d'en prendre une après un vote de deux contre un. Normalement, nous ne votons pas. Nous tombons d'accord, et c'est ainsi que les choses se passent. Il faut discuter, mais c'est ainsi. Cette décision, dont je parle, au fait, concernait une question administrative interne de très peu d'importance.
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Merci, mesdames et messieurs les membres du comité.
La Commission crie-naskapie a été créée en vertu d'une loi fédérale spéciale, la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec. Cette loi découle d'une des deux conventions de l'ère moderne, celle de la Baie James et du Nord québécois de 1975 et celle du Nord-Est québécois de 1978.
La commission est chargée de préparer pour le ministre des rapports bisannuels sur la mise en oeuvre de la loi. Le ministre dépose les rapports à chaque chambre du Parlement. La commission fait également rapport sur la mise en oeuvre des deux conventions susmentionnées, dont certains articles concernent les pouvoirs et les obligations des administrations locales des Premières nations crie et naskapie.
Le présent rapport, que nous avons rédigé l'année dernière, notre rapport 2010, constitue le 12e rapport bisannuel à la commission, conformément aux paragraphes 165(1) et 171(1) de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec.
La commission tient des audiences spéciales de mise en oeuvre pour la préparation de ces rapports. Ces audiences permettent aux représentants des nations crie et naskapie ainsi que du gouvernement du Canada d'exprimer leurs préoccupations et de discuter de leurs problèmes. Les principaux commentaires, problèmes et préoccupations soulevés par eux et notés dans le rapport 2010 sont les suivants. Je crois que chaque membre du comité a reçu le sommaire exécutif du rapport. Ils sont énumérés aux pages 2 et 3. Je n'en ferai pas la lecture complète. Je pense que les membres du comité peuvent très bien constater qu'il en existe un certain nombre.
Les constatations et le ton du rapport sont basés sur la compréhension et l'analyse, par la commission, des commentaires, des problèmes et des inquiétudes soulevés au cours des audiences. Le chapitre 1 décrit le contexte, le mandat et les activités de la commission. Il note que le projet de loi C-28, Loi pour amender la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec, a été déposé à la Chambre des communes le 27 avril 2009. Le chapitre 2 décrit le rôle, les responsabilités et le mandat de la commission globalement et en conséquence des récents amendements de la loi. Le chapitre 3 décrit l'évolution récente de la gouvernance de la nation crie et ses perspectives d'avenir.
Depuis sa réaction au rapport 2002 de la commission, le ministère des Affaires indiennes et du Nord continue de fournir une réponse détaillée aux recommandations de la commission. Ses réponses représentent une approche tout à fait différente de ses relations avec la commission. Il semble que le ministère tient à améliorer ses relations avec la commission ainsi qu'avec les communautés cries et naskapies. En conséquence, la commission rapporte les réponses et transmet ses commentaires sur ces réponses dans ses rapports bisannuels.
Le chapitre 4 expose les réponses du ministère au rapport 2008 de la commission et les commente.
Le chapitre 5 expose les problèmes et les préoccupations des Nations crie et naskapie exprimés au cours d'audiences spéciales de la commission. Ils sont résumés dans le sommaire exécutif, comme je l'ai fait observer plus tôt.
Dans le chapitre 6, la commission discute de l'importance et du rôle de l'Association des trappeurs cris, en relation avec les Premières nations cries et l'administration régionale crie et pour la mise en oeuvre de l'article 24 de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, qui porte sur la chasse, la pêche et le trappage. En outre, l'Association a participé à une compilation d'un coutumier des Cris. Notamment, elle a beaucoup donné d'elle-même dans l'élaboration de la loi Eeyou traditionnelle sur la chasse ou Eeyou Indoh-hoh Weeshou-Wehwun. Le chapitre 6 décrit l'importance de cette réalisation.
Dans le chapitre 7, nous exposons les recommandations pour la commission. Je laisserai mon collègue le commissaire Robert Kanatewat vous en informer.
Nous sommes honorés de comparaître devant le Comité permanent des affaires autochtones.
Lors de la création de la commission, c'est à peine si on nous remarquait au sein du gouvernement. Pour à peu près tout ce que nous signalions, on nous disait que nous dépassions la portée de notre mandat. Depuis peu, il semble qu'on nous écoute de plus en plus, car nous comparaissons devant la Chambre pour présenter nos recommandations et répondre aux questions.
Nos recommandations découlent de nos observations... Elles figurent toutes dans les rapports bisannuels présentés à la Chambre des communes. Voici les recommandations de la commission:
1) Sur une base prioritaire au cours de ces discussions avec le Canada, le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee)/l'Administration régionale crie devraient chercher à obtenir des amendements à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec au sujet des dispositions sur le quorum de la loi qui ont sérieusement entravé le processus décisionnel des gouvernements locaux et des administrations locales.
2) Le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee)/ l'Administration régionale crie devraient discuter avec le Canada de certains arrangements particuliers pour l'application des règlements administratifs en vue d'atteindre les résultats suivants: a) conclure une entente avec le Canada relative à la poursuite intentée relativement à une infraction en vertu de certaines lois fédérales ou de certains règlements fédéraux si le règlement administratif d'une bande fait référence à cette loi ou à ce règlement; b) établir des systèmes de soutien adéquats pour l'application des règlements administratifs de la bande; c) prévoir les services d'avocats fédéraux ou le financement pour les poursuites.
Nous avons présenté plusieurs autres recommandations. Certaines ont été prises en compte, alors que d'autres ont été ignorées, c'est-à-dire qu'elles ont été considérées comme ne relevant pas de notre mandat. C'est précisément pour cela que la commission cherche à amender certaines dispositions de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec.
3) Le gouvernement du Canada devrait entamer des discussions avec les Nations cries pour déterminer si la décision de la Cour suprême dans l'arrêt Corbiere s'applique ou non aux bandes cries. Si la décision s'applique aux bandes cries, alors le Canada et les Cris doivent discuter des amendements subséquents à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec et leur mise en oeuvre.
4) L'Administration régionale crie et les Cris de la Première nation de Waskaganish devraient identifier des méthodes novatrices pour améliorer le mécanisme actuel de votation de la bande afin de permettre l'exercice du droit de vote par les bénéficiaires ou électeurs qui habitent en général à l'extérieur de la communauté.
5) Le Bloc « D » devrait être transféré à la Nation crie de Chisasibi sur-le-champ.
6) Le Canada et le Québec devraient amorcer des discussions avec les bandes cries et l'Administration régionale crie pour conclure des ententes de financement adéquates qui permettraient de couvrir les coûts subis par les bandes afin de se conformer aux exigences des gouvernements relatives aux rapports financiers.
7) Les autorités fédérale, des Cris d'Eeyou ou des Naskapis devraient déterminer et s'entendre sur les besoins actuels et à venir des communautés cries et naskapies en matière de logement et mettre en oeuvre un plan directeur stratégique, à court et à long terme, pour s'attaquer à ces besoins.
8) Le Canada, le Québec et l'Administration régionale crie devraient s'entendre sur les besoins actuels et à venir des communautés cries en matière de services policiers et système de justice cris et mettre en oeuvre un plan stratégique directeur pour s'attaquer à ces besoins.
9) Le Canada et l'Administration régionale crie devraient examiner l'article 21 et l'article 22 de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec dans le but d'amender la loi afin d'améliorer et de promouvoir le développement économique local.
10) Le Canada et l'Administration régionale crie, en collaboration avec les bandes cries, devraient proposer des mesures novatrices pour assurer la perception efficace des loyers pour les maisons et les résidences des bandes.
11) Le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee)/ l'Administration régionale crie et la Nation crie de Washaw Sibi devraient établir un processus de discussion et de planification pour permettre l'atteinte de l'objectif de la Nation crie de Washaw Sibi visant l'établissement d'une communauté crie distincte qui aurait ses propres terres de catégorie 1 et qui pourrait ainsi se prévaloir des programmes et services au même titre que les Cris des neuf autres communautés. Le Canada et le Québec devraient être invités à participer à ce processus pour les dossiers relevant de leurs responsabilités et compétences respectives.
12) Le Canada et l'Administration régionale crie, en collaboration avec les bandes cries, devraient réviser les modalités et dispositions actuelles de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec dans le but de demander des amendements à la loi pour assurer, lorsque c'est réalisable, la compatibilité avec l'Eeyou Eehdou-wun ou la méthode crie de faire les choses qui ont trait à la gouvernance et à l'administration.
Je vais vous épargner la lecture du reste des recommandations. J'espère que vous avez le document entre les mains.
Les 20 recommandations figurent dans notre rapport. Nous nous attendions à ce que des mesures soient prises en réponse à certaines d'entre elles. Certaines portent sur des problèmes très délicats pour les bandes appartenant aux neuf communautés cries. D'ailleurs, il y en aura bientôt une dixième.
Dans le chapitre 8 de son rapport 2010, la Commission Crie-Naskapie conclut que, même si l'autorité primaire principale réside au niveau de la communauté locale, la Nation eeyou crie d'Eeyou reconnaît aussi qu'en pratique, les pouvoirs et les responsabilités doivent souvent être exercés à des niveaux plus élevés par des organismes gouvernementaux représentant toute la Nation crie. Il en découlerait des gouvernements multiniveaux de la Nation crie, auxquels les peuples délégueraient l'autorité vers le haut.
Cette approche est reflétée dans le processus actuel décrit au chapitre 3 du présent rapport qui traite de la négociation d'une entente et d'une loi connexe concernant un gouvernement de la Nation crie. En conséquence, la Nation crie d'Eeyou Istchee aura un gouvernement régional de la Nation crie, en plus des gouvernements locaux des communautés cries. Cette approche semble être celle qu'a choisie la Nation eeyou d'Eeyou Istchee pour exercer son autonomie gouvernementale.
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Je vais répondre brièvement, puis mes collègues pourront intervenir s'ils veulent ajouter quelque chose.
En réponse à la question sur le prix de la réussite, les niveaux d'emploi sont bien plus élevés dans nos communautés que dans la plupart des communautés canadiennes de Premières nations — bien plus élevés. Toutefois, certains problèmes persistent, et la situation pourrait sans aucun doute être mieux.
Les gens de nos communautés sont beaucoup plus nombreux que dans les autres communautés à retourner au bercail après avoir terminé leurs études et reçu une formation ailleurs.
Nous pourrions certainement faire mieux sur le plan de l'entrepreneuriat, mais les membres de nos communautés exploitent un bien plus grand nombre d'entreprises que la plupart des autres communautés. Tout le monde connaît Air Québec, l'entreprise de transport aérien, de même que l'entreprise de camionnage. Nous avons beaucoup d'entreprises. Je ne cherche pas à comparer notre situation à celle de Toronto ou d'autres villes, mais plutôt à celle des autres communautés de Premières nations au Canada.
La grande différence s'explique selon moi par les ressources dont disposent les Cris et le leadership dont ils font preuve.
L'usage de la langue crie contribue aussi à la réussite des communautés. J'ai travaillé auprès de bien des communautés canadiennes de Premières nations au cours de ma vie, mais je n'en connais pas une qui se sert de sa langue autant que la communauté crie. Le simple fait d'être tenus par la loi de présenter notre rapport en cri et en naskapi en est une preuve éloquente.
J'ai dit que je serais bref.
En toute franchise, nous avons demandé il y a quelque temps à votre comité d'inviter les Naskapis à vous faire part directement de leurs inquiétudes entourant la création d'un gouvernement régional du Nunavik. Ils sont venus comparaître et exprimer leurs préoccupations. Il y a eu des discussions entre cette communauté et les autorités du Nunavik. À ma connaissance, les choses ont avancé dans une certaine mesure. Toutefois, le conflit est loin d'être résolu. Avec tout le respect que je vous dois, les Naskapis ne nous ont pas demandé d'en parler à nouveau. Par respect, je ne voudrais pas avancer d'hypothèses à ce sujet.
Philip ou Robert, avez-vous quelque chose à ajouter?
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J'aimerais aborder les questions sociales.
Avant la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois en 1975, la population crie s'élevait à 6 000 habitants. En 2010, notre population a atteint environ 18 000 habitants. Elle a donc triplé entre 1975 et 2010.
En 1975, les communautés cries étaient isolées. Elles n'étaient accessibles que par hydravion. La communauté Istchee comptait parmi les seules qui étaient accessibles par une route, dont la chaussée était en gravier. À l'époque, la situation du logement était pitoyable dans toutes les communautés cries. Or, le territoire s'est ouvert avec l'entrée en vigueur de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, grâce à tous les avantages de l'entente et à l'exploitation des ressources naturelles sur le territoire cri — le développement hydroélectrique, minier et forestier. Le territoire cri est maintenant sillonné de routes qui donnent accès à toutes les communautés cries et est parsemé de pistes d'atterrissage. Ainsi, le Nord est ouvert, du moins le territoire cri. C'est désormais un territoire accessible.
Naturellement, l'accessibilité s'est améliorée au détriment des conditions sociales des Cris, en conséquence de l'exploitation des ressources. Aujourd'hui, les communautés sont aux prises avec des problèmes sociaux. J'ai appris par le Conseil cri de la santé que la population des communautés présente aussi un taux élevé de diabète.
Même si la situation du logement s'est améliorée depuis 1975, les sommes affectées à cette fin et le nombre de maisons construites ne suffisent pas compte tenu de la croissance démographique. Il y a encore des maisons surpeuplées et d'autres qui doivent être rénovées. La communauté crie a certainement besoin de maisons neuves supplémentaires.
C'est ce que je voulais dire.
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Vous êtes membres à part entière de ma communauté, et j'en suis très fier. Quand j'aurai quelque chose à négocier, je vais compter sur vous parce que vous êtes très forts en négociation. Vous avez toujours su mettre en place les morceaux du casse-tête, un à un. Plusieurs nations canadiennes seraient heureuses d'être rendues là où vous en êtes aujourd'hui. Bien sûr, il y a encore énormément de problèmes à régler, et j'en suis témoin.
Par ailleurs, vous parliez plus tôt de gouvernance dans les communautés, du pouvoir éventuel d'établir des règlements entre les commissions scolaires, les communautés en tant que telles et le conseil de bande. Je pense que vous avez la capacité d'obtenir ce pouvoir.
Vous êtes très forts en négociation, mais vos représentants les plus proches ne savent pas, généralement, où vous en êtes et ce que vous voulez exactement. On l'apprend quand vous faites rapport au comité. C'est ce que je déplore le plus. Concernant la vision dont vous venez de nous faire part, vous pourriez nous dire à quel moment et à quel endroit vous voulez la faire valoir, et à qui vous l'avez soumise. Nous pourrions vous accompagner dans ce processus.
Par exemple, la nation crie de Chisasibi a eu un problème concernant les herbiers de zostère. On a soumis cette question au comité. Je ne sais pas où en sont les choses, mais cette question, qui concerne les outardes, est importante pour la nation crie. Ça fait partie de sa culture.
Les gens de Whapmagoostui ont besoin d'un pont pour élargir leur communauté.
Vous avez mentionné un autre problème qui me concerne et qui touche aussi mon collègue. En effet, certains de ses commettants vont venir s'établir chez nous si le problème se règle. Comme vous le savez, on privilégie la négociation de nation à nation. Une négociation va avoir lieu entre Cris et Algonquins. Je vais laisser à mon collègue Marc le soin de vous en parler plus tard.
J'aimerais d'abord connaître votre avis sur le projet de loi qui exige la transparence des Premières Nations. Par ailleurs, on parle beaucoup de nouveaux logements, mais dans plusieurs villages de la côte, les logements qui ont été construits se trouvent sur des sols qui ne sont pas instables à proprement parler, mais qui subissent le dégel présentement. Il y a beaucoup de moisissures dans les maisons. Ce problème a-t-il été réglé? Enfin, j'aimerais savoir combien de rapports vous devez soumettre, actuellement. Selon vous, serait-il possible de ne faire qu'un rapport annuel dans lequel figureraient toutes les demandes?
Essayez de ne pas prendre trop de temps, de façon à permettre à mon collègue de poser sa question. Le sujet l'intéresse beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d’être venus.
Je m’appelle Greg Rickford. Je suis député de la circonscription de Kenora et secrétaire parlementaire du ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien.
J’aimerais d’abord féliciter la commission pour l’important travail qu’elle fait. D’ailleurs, celui-ci nous révèle des statistiques impressionnantes. Selon elles, les communautés ont un taux de rétention élevé, les jeunes y reviennent après avoir suivi une formation approfondie ailleurs, et on y fonde des familles. C’est une information quelque peu nuancée par rapport au problème de logement qui dure depuis longtemps dans les communautés des Premières nations.
Sauf votre respect, monsieur Saunders, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous en ce qui concerne le rôle de la SCHL et le travail de l’Administration régionale crie. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai quelques informations à ce sujet ainsi que de l’expérience dans le dossier. D’ailleurs, j’étais à Thunder Bay récemment pour faire des annonces concernant plusieurs communautés des Premières nations situées dans le Nord de l’Ontario. De toute évidence, les communautés des Premières nations de cette région n’ont pas profité des mêmes modalités et avantages que les autres.
De façon générale, les résultats sont positifs, dans la mesure où les formules de financement de la SCHL ont permis d’offrir aux communautés des modèles plus souples pour répondre à leurs besoins, dont l'accès à la propriété, comme l’a souligné M. Kanatewat, et la capacité des bandes à conclure des contrats de location. Bien sûr, je comprends que ce n’est pas une solution à tous les problèmes, mais cela représente une amélioration considérable par rapport aux problèmes insolubles qui ont toujours miné la relation entre le ministère et les bandes.
Je vous vois hocher la tête en signe d'approbation. Vous semblez être d’accord, jusqu’à un certain point.
Il serait peut-être préférable que je pose ma question à l’Assemblée régionale crie, mais pourriez-vous nous dire ce que vous savez au sujet des programmes de logement, plus précisément les formules de financement de la SCHL? Auriez-vous des informations qui nous aideraient à mieux comprendre ce qu’ils permettent de faire dans les communautés?
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Monsieur le président, merci beaucoup. Je pense que je vais monopoliser les dix minutes qui me sont allouées.
Permettez-moi d'abord de saluer la Nation algonquine, qui fut la première à habiter ces terres où nous sommes aujourd'hui.
Je m'appelle Jeffrey Cyr. J'ai été nommé récemment directeur général de l'Association nationale des centres d'amitié, ou l'ANCA. En fait, j'occupe ce poste depuis quatre semaines.
Je suis fier de faire partie de la Nation métisse. Je suis originaire du Manitoba. J'ai six enfants. Ils sont à la fois des Métis et des membres des Premières nations. Nous sommes un produit de l'expérience autochtone urbaine.
M'accompagnent aujourd'hui M. Conrad Saulis, directeur des politiques et membre de la Nation malécite, et Mme Tricia McGuire-Adams, gestionnaire de recherche auprès du Réseau de savoirs sur les Autochtones vivant en milieu urbain. Mme Adams est membre de la Nation ojibway.
Je tiens à remercier le comité de son invitation. L'ANCA est heureuse d'avoir l'occasion de vous rencontrer. Nous espérons que cet échange de vues va nous aider à étendre notre rayonnement et à renforcer nos capacités.
Comme vous le savez sans doute, l'Association nationale des centres d'amitié regroupe 117 organismes de services implantés dans diverses villes à travers le pays et dans bon nombre de vos circonscriptions. Notre objectif est de répondre aux besoins des Autochtones vivant en milieu urbain. D'après le recensement de 2006, ceux-ci représentaient 54 p. 100 de l'ensemble de la population autochtone du Canada. Ce chiffre était de 47 p. 100 en 1996. On assiste donc à des tendances migratoires.
Les 117 centres et sept associations provinciales et territoriales de l'ANCA sont hautement respectés au sein des nations autochtones. Ils offrent des programmes et des services essentiels aux Autochtones de tous les âges, et ce, depuis les années 1950.
Les autres segments de la population au Canada, dont les parlementaires et les membres du comité, commencent eux aussi à mieux nous connaître.
Je suis très fier d'être le nouveau directeur général de l'association. J'ai beaucoup appris au cours des quatre dernières semaines. J'ai même participé aux activités du caucus multipartite des centres d'amitié. Je tiens à remercier Jean Crowder, de même que Chris Warkentin, pour leur travail en tant que coprésidents du caucus. Nous avons profité de cette occasion pour faire du lobbying sur la Colline.
J'espère que le caucus multipartite va continuer à dialoguer et à collaborer avec la direction et l'exécutif de l'Association nationale des centres d'amitié.
Autant que je sache, cette rencontre d'une heure, aujourd'hui, est la première qu'a l'association nationale avec le comité. Encore une fois, merci de nous accueillir.
Au cours des deux dernières années, les délégués de l'ANCA se sont attachés à rencontrer des députés dans le but d'obtenir une hausse du financement qu'accorde le gouvernement fédéral aux centres d'amitié par le truchement du Programme des centres d'amitié autochtones, notre principale source de financement.
Chaque année, l'association publie un rapport sur la situation des centres d'amitié. Les données sont tirées des demandes de financement de base que ceux-ci présentent.
Le rapport de 2010 démontre, encore une fois, et de façon évidente, que les gouvernements fédéral, provincial, territorial et municipal passent par les centres d'amitié pour offrir des programmes clés aux Autochtones vivant en milieu urbain. Toutefois, les centres d'amitié locaux sont confrontés à des défis énormes: ils doivent fonctionner avec un budget qui n'a pas augmenté depuis 1996, un budget qui n'a pas été bonifié depuis 1996 de manière à tenir compte de l'augmentation du coût de la vie.
Nous sommes en train d'assister, à mon avis, à l'appauvrissement structurel du programme.
Concernant la façon dont les centres d'amitié collaborent ensemble, nous avons compilé, dans notre dernier rapport, quelques statistiques à ce sujet: au total, 2,3 millions points de contact ont été enregistrés auprès des centres d'amitié à l'échelle nationale. Chaque fois qu'un client demande à avoir accès à un programme ou à un service, un point de contact est établi. Il s'agit d'une hausse marquée depuis 2009, hausse qui s'explique en grande partie par le fait que nous arrivons à mieux capter les données au fil du temps.
Les centres d'amitié sont actifs dans trois grands domaines, comme vous pouvez l'imaginer: la santé, la famille et les jeunes. Les services offerts dans le domaine de la santé comptent pour 27 p. 100 de l'ensemble des programmes, la famille, 14 p. 100, et les jeunes, 14 p. 100. Le pourcentage est le même depuis au moins trois ans.
En 2010-2011, les centres d'amitié vont offrir plus de 1 264 programmes à l'échelle nationale. Ils constituent, selon moi, le principal fournisseur de services aux Autochtones vivant en milieu urbain.
Passons maintenant au financement de l'association. L'aide financière combinée des gouvernements fédéral-provincial-territorial totalise plus de 100 millions de dollars par année. Les revenus autonomes des centres d'amitié représentent environ 3,8 millions de dollars par année, et les fonds provenant des villes et d'autres sources, environ 4,1 millions de dollars par année.
C'est là-dessus que nous voulons insister aujourd'hui: les défis énormes que nous devons relever et leur impact sur nos coûts de fonctionnement. L'allocation annuelle versée par l'association couvre moins de 40 p. 100 des dépenses de fonctionnement annuelles des centres locaux. Il en coûte en moyenne 325 000 $ par année pour assurer le fonctionnement d'un centre d'amitié local. Il s'agit d'une moyenne nationale.
Or, nous n'avons qu'environ 140 000 $ par année à consacrer à ce poste. Voilà 16 ans que les centres d'amitié demandent au gouvernement fédéral d'accorder du financement en fonction des besoins réels. Nous recevons moins de la moitié de ce que nous demandons. Les allocations versées à l'heure actuelle sont inférieures aux coûts de base, ce qui a pour effet de mettre beaucoup de pression sur des centres, les services, les effectifs.
Le directeur général d'un centre d'amitié touche en moyenne 56 000 $ par année. La personne qui occupe un poste comparable dans un organisme sans but lucratif reçoit, en moyenne, 10 000 $ de plus par année. Si les directeurs exécutifs des centres d'amitié empochent, en moyenne, 56 000 $ par année, les employés, eux, gagnent beaucoup moins.
Le rapport sur l'état du Mouvement des centres d'amitié démontre clairement que les gouvernements comptent sur les centres d'amitié pour assurer la prestation de programmes clés aux Autochtones vivant en milieu urbain, groupe qui connaît une des plus fortes croissances au pays. Le rapport indique également que les centres d'amitié locaux sont confrontés à des problèmes de taille en raison de l'absence de financement adéquat.
Les centres d'amitié doivent être en mesure de surmonter les difficultés qu'ils rencontrent et doivent pouvoir continuer d'offrir des programmes au nom des gouvernements. Il faut, pour accroître le financement accordé aux centres d'amitié locaux, majorer le budget du Programme des centres d'amitié autochtones, qui relève maintenant du ministère du Patrimoine canadien.
En tant que comité parlementaire, vos efforts à ce chapitre sont essentiels. L'aide accrue nous permettra de trouver du financement auprès d'autres sources, y compris des gouvernements municipaux et provinciaux.
Tel est l'essentiel de mon message. J'ajoute, par ailleurs, que l'Association nationale des centres d'amitié, à Ottawa, participe à une foule d'initiatives. Elle collabore avec le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien dans le dossier du Réseau des savoirs des Autochtones en milieu urbain. Il s'agit d'un effort de recherche sur les besoins des Autochtones qui vivent dans les villes. Elle travaille également avec Élections Canada dans le but d'encourager les Autochtones à exercer leur droit de vote. L'association nationale s'intéresse donc à toute une gamme de questions et d'enjeux relevant de l'intérêt public.
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Honnêtement, je ne pense pas que vous aurez beaucoup de difficulté à convaincre quelqu'un autour de la table que vous avez un rôle essentiel à jouer. Ne faisons pas de politique là-dessus, c'est clair. Vous avez tenu des réunions ici; tous les partis étaient présents. On le sait, un travail essentiel est fait par les centres d'amitié autochtone.
Honnêtement, je pense que ce n'est pas ici que vous auriez dû venir ce matin. Vous auriez dû aller au bureau du ministre des Finances. C'est là que ça se passe.
C'est clair qu'on peut faire des recommandations et qu'on va probablement présenter une motion que tout le monde va appuyer, j'en suis profondément convaincu. Il faut augmenter vos budgets. Je le vois.
Mon collègue M. Lévesque a deux centres d'amitiés autochtones dans son comté. J'ai travaillé à l'élaboration et à la mise en place d'un de ces centres à Senneterre, il y a plusieurs années. On sent qu'une modification du travail a été faite par les centres d'amitié autochtone.
Je n'ai pas les derniers chiffres, mais vous dites qu'à travers le Canada, seulement en 2007-2008, plus de 1 300 programmes et services, pour une valeur de plus de 93 millions de dollars, ont été dispensés par les centres d'amitié autochtone à plusieurs centaines d'Autochtones, qu'ils proviennent des Premières Nations, des métis ou des Inuits. C'est clair, le travail que vous faites est essentiel. Pour moi, il n'y a aucun problème.
Toutefois, je me pose la même question que mon collègue M. Bagnell. Je ne sais pas s'il y aurait lieu de parler à quelqu'un — je ne sais qui — au gouvernement. Des représentants du Regroupement des centres d'amitié autochtone du Québec nous ont dit qu'ils étaient mieux avec Patrimoine Canada parce qu'ils étaient certains d'obtenir leur part de l'enveloppe budgétaire annuelle, ce dont ils n'étaient pas certains avec le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada. Je sais que vous avez des besoins.
Vous venez nous voir ici. Qu'attendez-vous de nous? Comment peut-on vous aider?
Tout le monde est d'accord, autour de la table. Qu'attendez-vous de nous qui puisse vous aider à accomplir votre mission essentielle, je le répète, dans les milieux urbains?
Si vous n'étiez pas là — je peux vous le dire et mon collègue pourra le confirmer —, il y aurait une augmentation de la violence dans plusieurs communautés et dans plusieurs villes du Québec, en particulier. Je ne peux pas parler pour les autres, mais je suis à peu près convaincu qu'à Winnipeg et Saskatoon, il y aurait une augmentation de la violence. C'est clair.
Que peut-on faire, aujourd'hui, de concret pour vous aider?
Je vous laisse les cinq minutes qu'il me reste. Et, si mon collègue a une question...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
Je veux simplement souligner que, même si Chris Warkentin ne fait plus partie du comité, lui et moi coprésidons toujours le caucus non partisan des centres d'amitié, et je sais que Chris a tout autant à coeur que moi de poursuivre notre collaboration avec votre organisations dans le cadre de ce caucus.
Merci infiniment pour le rapport sur le Mouvement des centres d'amitié.
J'ai quelques questions. Votre organisation et les centres d'amitié — en passant, il y a deux centres d'amitié dans la circonscription — sont confrontés à certains problèmes, notamment la ligne de conduite du gouvernement fédéral — et je répète que ce n'est pas l'apanage du gouvernement actuel —, en vertu de laquelle les Autochtones qui n'habitent plus dans une réserve ne relèvent plus de lui.
Les centre d'amitié reçoivent certes des fonds fédéraux, mais le problème à mon avis, c'est que ce financement découle d'une décision qui n'a été consignée dans aucun document officiel. Si j'examine la source de votre financement dans le cadre de votre programme national, je remarque que 29 p. 100 des montants proviennent du gouvernement fédéral et 62,8 p. 100 des gouvernements provinciaux et territoriaux. Ma province, la Colombie-Britannique, vous verse 81,17 p. 100 de vos fonds.
Nous nous rendons compte de plus en plus que la situation évolue: on quitte les réserves. Les Inuits et les Métis s'installent dans les grandes villes. Vos problèmes de financement ne disparaîtront pas tant que le gouvernement fédéral ne reconnaîtra pas qu'il doit encore assumer ses responsabilités envers les Autochtones, que ceux-ci habitent dans une réserve ou à l'extérieur de celle-ci, et tant qu'il ne cessera pas de rejeter ces responsabilités sur les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Avez-vous une opinion sur la question?
Vos propos s'inscrivent dans la foulée d'une question de M. Bagnell. Effectivement, la situation évolue pour les Autochtones au Canada. À cause de cette migration qui a pris naissance il y a plusieurs décennies et qui s'intensifie, plus de la moitié des Autochtones vivent à l'extérieur d'une réserve. Et le gouvernement fédéral estime — sur le strict plan légal du moins — que sa responsabilité ne vise que les Autochtones vivant dans une réserve.
Comprenez-moi bien, les réserves sont aux prises avec des problèmes importants auxquels le gouvernement doit s'attaquer. Cependant, les problèmes des Autochtones s'aggravent dans les villes, et la situation se complique du fait que le gouvernement fédéral n'assume plus ses responsabilités à cet égard. Et cette migration ne se fait pas que dans un sens: les Autochtones quittent les réserves pour s'installer dans les villes, mais certains retournent vivre dans les réserves pour ensuite revenir en ville dans un va-et-vient constant qui exacerbe la situation.
Je pense effectivement que le gouvernement fédéral et l'ensemble des ministères doivent reconnaître les problèmes socioéconomiques très graves que cette situation entraîne et qu'ils doivent collaborer avec notre mouvement et les centres d'amitié pour s'y attaquer.
Ce transfert des responsabilités m'amène à vous faire valoir également que notre collaboration avec les gouvernements provinciaux est efficace comme vous pouvez le constater. Nous souhaitons qu'elle se poursuive. Le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et nos organisations pourraient faire front commun. Naturellement, il faut parfois tenir compte de la tendance à la décentralisation dans les programmes fédéraux. Prenons l'exemple d'un programme de 20 millions de dollars destiné aux centres d'amitié. Le gouvernement établit que les responsabilités seront décentralisées étant donné que les centres d'amitié possèdent déjà l'infrastructure. Ce seront donc eux qui s'occuperont de l'exécution du programme. On se heurte cependant à un problème: nous possédons effectivement l'infrastructure, mais nous n'avons pas les fonds nécessaires. Le gouvernement estime qu'il n'est pas tenu d'assumer les coûts de cette infrastructure étant donné qu'elle existe déjà. Il rejette donc sur nous la responsabilité de l'exécution de tous les programmes après nous avoir accordé un petit montant pour leur administration.
Malheureusement, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Pour qu'une organisation bénévole, démocratique et bien structurée comme les centres d'amitié et son association nationale puissent être efficientes et rendre des comptes, elles doivent disposer de ressources. Elles ne devraient pas devoir se contenter d'un petit montant pour acquitter les frais d'administration s'élevant à 15 p. 100 de leurs coûts.
Le principe est valable, mais il faut tenir compte que la gestion d'une organisation d'une telle ampleur entraîne d'autres coûts. Je ne vous cacherai pas que c'est le problème avec lequel nous devons composer depuis quatre ou cinq ans. Le gouvernement fédéral se déleste de ses responsabilités, alors que nous voudrions qu'il s'attaque aux problèmes qui se posent dans les villes et que les ministères se rendent compte qu'il faut davantage que le petit montant accordé pour acquitter les frais d'administration équivalant à 15 p. 100 du budget. Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent.
Monsieur le président, veuillez m'excuser si j'ai pris trop de temps.
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Les problèmes à régler abondent. J'aborderai donc les principaux.
L'hon. Anita Neville: Par ordre de priorité.
M. Jeffrey Cyr: Oui. Je reviens à la gamme de programmes qu'un centre d'amitié peut offrir aux personnes de tous âges.
Nous avons notamment un programme en matière d'emploi et de formation. Naturellement, le gouvernement fédéral est responsable de la stratégie à cet égard, mais les centres d'amitié, je pense, jouent partiellement un rôle dans ce domaine. Nous aimerions participer à l'examen des mesures propices au développement économique urbain. Je ne crois pas que le gouvernement du Canada ait étudié exhaustivement la question. C'est certes un problème.
Se pose également le problème de la garde d'enfants pour les parents qui suivent un stage de formation ou débutent dans un emploi. J'ai six enfants. Nos frais de garde d'enfants sont passablement élevés. Imaginez alors la situation de la mère ou du père célibataire pour... J'ai appris récemment que des personnes de Terre-Neuve-et-Labrador avaient réussi à se trouver un emploi mais ont dû le refuser parce qu'elles ne pouvaient faire garder leurs enfants.
Ces deux problèmes sont indissociables.
On est également aux prises avec le problème du logement en milieu urbain. Des gouvernements provinciaux collaborent avec nos associations provinciales à ce chapitre. C'est peut-être le cas en Colombie-Britannique et en Ontario, dans une moindre mesure. Mais le problème du logement se pose à ceux et celles qui quittent les localités rurales éloignées pour s'établir en ville. Vous avez abordé ce problème avec les témoins précédents, mais sous un angle différent. Il est difficile de se loger en milieu urbain. Il n'y a pas suffisamment de logements, et ceux qui sont offerts ne sont pas toujours abordables.
J'en resterai là en qui concerne ces deux problèmes.
Naturellement, il y a la question des programmes de prévention. À cet égard, nous souhaiterions, de concert avec les villes, mettre davantage l'accent sur la pratique des sports ou d'une activité physique chez les jeunes. Encore une fois, c'est mon expérience personnelle qui me fait m'exprimer ainsi. J'essaie de convaincre mes enfants d'adopter un mode de vie sain. En milieu urbain, il y a une pénurie de programmes de ce genre. Or, lorsque de tels programmes sont offerts d'une façon efficace, les résultats sont remarquables pour les jeunes, car ça favorise vraiment leur épanouissement.
Ce sont là les trois problèmes que je voulais aborder.
Conrad.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de leur présence.
Je vais essayer le mieux possible d'en finir en trois ou quatre minutes, car je sais que le président veut vous poser une question.
De toute évidence, il y a quelques centres d'amitié dans la grande circonscription de Kenora. Ces centres d'amitié sont petits, mais importants. Le sentiment d'appartenance qu'ils suscitent chez les gens qui arrivent des réserves m'épate toujours. Sur ce plan, j'ai deux commentaires, dont l'un est peut-être plus une question que je vous poserai dans un moment.
En ce qui concerne le financement de programmes que vous obtenez, j'en suis venu à comprendre, en tant qu'ancien secrétaire parlementaire au sein de Patrimoine Canada, qu'il existe pas mal de bonnes raisons d'acheminer par son intermédiaire les fonds liés aux programmes. Je parle surtout du financement relatif aux liens culturels des jeunes Autochtones en milieu urbain.
Ma collègue Anita a soulevé de bonnes questions. J'ai toujours pensé que le problème du financement, qu'il soit fédéral, provincial ou municipal, ou qu'il soit lié à un programme particulier, c'est qu'il semble toujours un peu parcellaire. On se préoccupe des personnes qui quittent leurs collectivités alors qu'il existe, en réalité, des programmes fort subtils visant en particulier la santé maternelle et infantile, le développement de la petite enfance et le diabète chez les Autochtones. Ces programmes fonctionnent là-bas, mais peut-être pas aussi bien qu'on le voudrait. Ils viennent de toute évidence de Santé Canada, et j'ai certainement pensé qu'un effort plus coordonné entre les divers ministères permettrait d'examiner les problèmes touchant... Et, monsieur Cyr, ce n'est pas nécessairement qu'une question de ressources; il est davantage question de cerner les priorités. C'est mon commentaire.
La deuxième partie de mes propos est plus spécifique. L'une des choses qui fonctionnent, au centre d'amitié de Red Lake, c'est qu'ils ont des installations formidables qui suscitent le sentiment d'appartenance des gens, quand nous y offrons de la formation, par exemple pour les gens qui vivent dans la réserve. De fait, certaines organisations comme les sociétés d'exploitation aurifère l'ont compris et ont tenu des forums au centre d'amitié pour mousser le degré d'engagement.
J'estime qu'il s'agit là de sources de revenus supplémentaires. Dans quelle mesure travaillez-vous en étroite collaboration à l'échelon exécutif et national pour favoriser cela? Je crois que les réponses aux autres questions ont révélé des préoccupations au sujet du financement gouvernemental, peut-être fédéral, provincial et municipal. Cependant, d'un point de vue presque stratégique, quel genre de travail faites-vous pour tirer le maximum d'une bonne occasion qui se présente, comme on le dit? Car quand nous examinons les niveaux d'engagement des collectivités des Premières nations, nous constatons que les activités qui semblent de nature plus privée ont tendance à remporter plus de succès quand elles se tiennent à cet endroit.