Outre les 125 millions de dollars contribués aux termes de la convention, le gouvernement du Canada a affecté 350 millions à la Fondation autochtone de guérison en 1998 et 40 millions additionnels en 2005, pour un total de 515 millions dollars. La dernière affectation, au coût de 125 millions de dollars, visait une période de cinq ans se terminant en 2012, comme le décrit le plan général de la Fondation de guérison, publié en décembre 2009. À l'heure actuelle, la Fondation autochtone de guérison applique la stratégie de réduction progressive de son fonctionnement décrite dans ce plan.
Le gouvernement du Canada félicite la Fondation autochtone de guérison pour son travail au cours des 12 dernières années. Toutefois, il ressort clairement du rapport annuel et du plan général de la fondation qu'elle ne constitue pas une organisation à caractère permanent.
Nous attirons l'attention aussi sur le fait que les fonds affectés à Santé Canada dans le budget de 2010 n'ont pas été affectés de nouveau à partir de fonds destinés à la Fondation autochtone de guérison. Le budget de 2010 prévoyait 66 millions de dollars en ressources additionnelles pour le Programme de soutien en santé - résolution en vue des exercices 2010-2011 et 2011-2012. L'argent additionnel vise à répondre à la demande des services offerts par le programme en conséquence de la hausse dans le volume de demandes et d'audiences relevant du Processus d'évaluation indépendant; il est aussi destiné aux événements à venir de la Commission de témoignage et de réconciliation.
Le budget de 2010 prévoyait aussi des ressources supplémentaires de 133 millions de dollars pour AINC. Pour l'instant, nos projections originales demeurent valides en ce qui concerne le nombre de demandes au titre du Paiement d'expérience commune qui ont été reçues puis réglées; jusqu'à présent, 1,5 milliard de dollars ont été versés.
Mais lorsque les tribunaux se sont penchés sur la convention en 2006, ils ont ajouté au processus d'appel une étape intermédiaire, la « demande de réexamen », qui consiste en un examen par AINC de la recherche initiale, en tenant compte de tout nouvel élément d'information fourni par le demandeur. Quelque 24 500 demandes de réexamen ont été envoyées, dont plus de 95 p. 100 ont été traitées.
Le processus de réexamen, non prévu à l'origine, a augmenté les coûts de traitement des demandes de Paiement d'expérience commune, compte tenu surtout de la recherche supplémentaire exigée. Selon les projections originales, établies en 2006, un total de 12 500 réclamations devaient être présentées en vertu du Processus d'évaluation indépendant. Comme plus de 15 000 demandes ont été reçues au 31 mars, la projection pour le restant de la convention, jusqu'en septembre 2012, a été révisée à la hausse et fixée à 21 000.
La Commission de témoignage et de réconciliation est un autre volet essentiel de la convention. En juin, elle tiendra à The Forks, à Winnipeg, le premier des sept événements nationaux prévus dans son mandat. Le gouvernement du Canada s'est engagé à y accompagner les anciens élèves et leurs familles. Le gouvernement fédéral participera pleinement à cette activité et à toute autre activité à venir et s'assurera que des services de santé mentale et de soutien affectif seront offerts par l'entremise du Programme de soutien en santé - résolution de Santé Canada.
De plus, nous continuerons de travailler avec la commission au programme de commémoration de 20 millions de dollars prévu par la convention.
Je cède maintenant la parole à ma collègue de Santé Canada, qui vous donnera plus de détails sur le Programme de soutien en santé - résolution.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, de m'avoir invitée à témoigner au comité aujourd'hui et de me donner l'occasion de répondre aux questions que les membres du comité peuvent avoir.
[Français]
Pour faire suite à la présentation de ma collègue, je vous décrirai le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada —, les mesures que nous avons prises pour venir en aide aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leurs familles, ainsi que les efforts que nous déployons actuellement pour établir le contact avec les clients des projets de la Fondation autochtone de guérison.
[Traduction]
En vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, le gouvernement du Canada est chargé de fournir des services de soutien affectif et de santé mentale aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leurs familles, qui participent au Paiement d'expérience commune, au Processus d'évaluation indépendant, aux événements de la Commission de témoignage et de réconciliation, ainsi qu'à des activités de commémoration.
Santé Canada fournit ces services par l'entremise du Programme de soutien en santé - résolution. Ce programme permet d'offrir aux anciens élèves admissibles et aux membres de leurs familles tout un éventail de services qui respectent leur culture dans le but de résoudre les questions liées aux pensionnats indiens et de rendre possible la divulgation de mauvais traitements tout au long du processus relatif à la convention de règlement.
Le Programme de soutien en santé - résolution comporte quatre volets: les services de soutien culturel, les services de soutien affectif, les services de counseling individuel et familial, de même que l'aide financière pour le transport.
La prestation des services de soutien culturel est assurée par les organisations autochtones locales, par l'entremise desquelles des aînés ou des guérisseurs traditionnels peuvent venir en aide aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leurs familles. La nature exacte de ces services, qui peuvent prendre la forme de dialogues, de cérémonies, de prières ou de techniques de guérison traditionnelle, varie selon les besoins de chacun.
La prestation des services de soutien affectif est elle aussi assurée par les organisations autochtones locales, par l'entremise desquelles un travailleur communautaire autochtone, qui est formé et expérimenté dans le domaine de l'intervention auprès des anciens élèves des pensionnats indiens, rencontre les anciens élèves et les membres de leurs familles, les écoute, leur parle et leur apporte du soutien tout au long du processus relatif à la convention de règlement. Les travailleurs communautaires qui exercent ces fonctions sont de descendance autochtone, et bon nombre d'entre eux parlent des langues autochtones.
Les services de counseling professionnel sont offerts à ceux et à celles qui en ont besoin. Ces services sont fournis par des psychologues et par d'autres professionnels de la santé mentale, comme des travailleurs sociaux, lesquels doivent être accrédités auprès de Santé Canada et avoir une expérience de travail avec les Autochtones. Les conseillers professionnels écoutent les anciens élèves des pensionnats indiens, leur parlent et les aident à trouver des façons de guérir les séquelles laissées par les pensionnats indiens.
Enfin, les personnes admissibles peuvent bénéficier d'une aide financière pour le transport pour qu'elles puissent avoir recours aux services de conseillers professionnels ou de guérisseurs traditionnels lorsque ces services ne sont pas offerts dans leur collectivité.
Grâce au Programme de soutien en santé - résolution, Santé Canada permet aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leurs familles d'avoir accès à plus de 1 600 fournisseurs de services, ce qui comprend des conseillers professionnels, des aînés, des guérisseurs traditionnels ainsi que des travailleurs communautaires autochtones, et ce, dans les collectivités de l'ensemble des provinces et des territoires du pays.
L'augmentation du nombre de demandes de Paiement d'expérience commune et du nombre d'audiences dans le cadre du Processus d'évaluation indépendant s'est traduite par une hausse considérable de la demande à l'égard du Programme de soutien en santé - résolution au cours des dernières années. Comme nous offrons des services à de plus en plus de personnes, les dépenses liées au programme, qui totalisaient 5,1 millions de dollars en 2006-2007, ont augmenté de façon constante pour atteindre environ 37 millions de dollars en 2009-2010.
Dans le budget de 2010, il a été annoncé qu'une somme supplémentaire de 66 millions de dollars, répartie sur deux ans, sera accordée pour le Programme de soutien en santé - résolution. Si nous additionnons ces nouveaux fonds et ceux du budget du programme, nous obtenons un budget total de 47,6 millions de dollars pour 2010-2011 et de 46,8 millions de dollars pour 2011-2012. Cela nous permettra de répondre à la demande de services en vertu de la convention de règlement, notamment de lancer les événements de la Commission de témoignage et de réconciliation.
Le Programme de soutien en santé - résolution fait partie des différents programmes de santé mentale et de lutte contre les toxicomanies qui sont financés par le gouvernement fédéral et qui permettent d'offrir d'importants services communautaires aux familles inuites et des premières nations.
Santé Canada investit plus de 200 millions de dollars dans les services de santé mentale et de lutte contre les toxicomanies, qui sont fournis aux collectivités inuites et des premières nations au moyen de divers programmes. Parmi ces derniers, on compte le Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones et le Programme national de lutte contre l'abus de solvants chez les jeunes, qui permettent d'offrir des services de traitement en établissement dans plus de 60 centres, ainsi que des programmes de prévention communautaires dans plus de 550 collectivités; les programmes Grandir ensemble et Pour des collectivités en bonne santé, qui se penchent sur les questions de mieux-être mental et les programmes d'intervention en situation de crise, et dont les fonds sont remis directement à plus de 600 collectivités pour appuyer les démarches que celles-ci font pour atteindre leurs priorités en matière de santé mentale; et la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones, qui permet de venir en aide à plus de 200 collectivités en ce qui concerne les stratégies de promotion de la santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes.
Il y a aussi le Programme des services de santé non assurés, qui permet de financer la prestation de services de counseling d'urgence en santé mentale à court terme pour les bénéficiaires des collectivités inuites et des premières nations de partout au Canada.
Santé Canada reconnaît l'importance des travaux que la Fondation autochtone de guérison a financés au cours des 12 dernières années. Depuis qu'il a été annoncé, dans le budget de 2010, qu'il n'y aurait plus de fonds accordés à la Fondation autochtone de guérison, Santé Canada s'est employé à faire en sorte que tous les anciens élèves admissibles des pensionnats indiens et tous les membres de leurs familles qui, dans le passé, ont bénéficié des services de la Fondation autochtone de guérison aient accès aux services de soutien en santé que le ministère offre par l'intermédiaire du Programme de soutien en santé - résolution.
Santé Canada agit de façon proactive pour répondre aux besoins des anciens élèves des pensionnats indiens et des membres de leurs familles. En effet, le ministère s'efforce de mieux faire connaître le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens et d'assurer un accès à celui-ci. Dans cette visée, avant la date d'achèvement des projets de la Fondation autochtone de guérison, soit le 31 mars 2010, les directeurs régionaux du ministère ont envoyé une lettre aux gestionnaires de ces projets ou ont communiqué directement avec ceux-ci afin de les informer du processus qu'ils devaient suivre pour orienter leurs clients vers les services offerts par le biais du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens.
Ce n'est là qu'une des mesures que Santé Canada a appliquée pour mieux faire connaître le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Nous pouvons aussi citer comme exemple les quelque 420 000 brochures et plus sur le programme qui, depuis 2007, ont été envoyées directement à d'anciens élèves, à des bureaux de conseils de bande, à des centres de santé communautaire, à des centres d'amitié autochtones, à des postes infirmiers, à des centres de traitement et à bien d'autres endroits de rencontre à l'échelle nationale.
Santé Canada travaille également à accroître l'accès au programme pour les collectivités mal desservies qui, auparavant, bénéficiaient des projets de la Fondation autochtone de guérison. Pour ce faire, le ministère détermine dans quelles collectivités on trouve un nombre élevé d'anciens élèves admissibles et une demande faible à l'égard du programme; le ministère négocie également de nouvelles ententes de services visant à fournir du soutien en matière de santé aux collectivités qui, dans le passé, avaient accès aux projets de la Fondation autochtone de guérison, conformément aux critères du programme, dans le but de poursuivre les activités en s'appuyant sur le personnel et les services que la fondation finançait auparavant.
Prenons le Nunavut, par exemple. Le 26 mars 2010, les représentants de Santé Canada ont rencontré les responsables du Centre d'amitié Pulaarvik Kablu, du Kivalliq Outreach Program et du groupe pour hommes de Coral Harbor à Rankin Inlet afin de discuter de la nécessité d'assurer la continuité des services. Grâce à cette rencontre, les groupes collaborent maintenant avec Santé Canada dans le but d'élaborer une proposition de financement viable qui permettrait d'offrir les services du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Un premier contact a également été établi avec les responsables de projets dans la région de Kitikmeot — à Cambridge Bay et à Kugluktuk — et dans la région de Qikiqtaaluk — à Iqaluit —, de même qu'avec le gouvernement du Nunavut.
En Colombie-Britannique, les responsables de deux des 17 projets qui étaient financés par la Fondation autochtone de guérison dans la province ont communiqué avec le ministère pour étudier différentes façons d'assurer la continuité des services dans leurs collectivités.
Ce sont là quelques exemples des mesures que Santé Canada prend dans le contexte actuel des choses. D'après les derniers renseignements dont nous disposons, il y a actuellement 60 accords de contribution, nouveaux ou modifiés, pour répondre aux besoins des anciens élèves par rapport aux projets de la Fondation autochtone de guérison.
[Français]
Les employés des bureaux régionaux du ministère continueront de travailler en collaboration avec les responsables des projets qui étaient financés par la Fondation autochtone de guérison dans les régions où les besoins sont nombreux et où l'on fait peu appel au Programme de soutien en santé — Résolution des questions des pensionnats indiens. L'objectif de ces efforts de collaboration est d'examiner de quelle manière les organisations autochtones locales pourraient fournir des services en conformité avec les critères du programme.
[Traduction]
Toutes les mesures dont il vient d'être question témoignent de l'engagement que le gouvernement du Canada a pris pour s'assurer que les anciens élèves des pensionnats indiens sont au courant des services de soutien affectif et de santé mentale qui leur sont offerts et qu'ils ont accès à ces services. Le gouvernement reste déterminé à venir en aide aux collectivités, aux familles et aux personnes dans leur quête de guérison pour qu'elles puissent participer pleinement à la société canadienne.
:
De toute évidence, ce sera une approche différente en matière de guérison. Je veux juste revenir au site de Santé Canada pour un instant, parce que vous avez souligné que le programme s'adresse à tous les anciens élèves, quel que soit leur statut ou lieu de résidence, et tout le reste. Puis je vois qu'il faut appeler le bureau régional de Santé Canada. Alors, déjà là, ils n'ont pas de soutien communautaire local. Ils doivent s'en remettre à un numéro 1-800.
Je ne sais pas quelle a été votre expérience, mais moi, j'ai pu constater que, dans bon nombre de ces collectivités rurales ou éloignées, l'accès téléphonique n'est pas toujours fiable. D'autant plus que ce n'est pas un numéro 1-800 qui va amener des gens en situation de crise éventuelle à chercher de l'aide.
Ils devront donc composer un numéro 1-800, puis leur conseiller ou thérapeute devra soumettre un plan de traitement — à supposer, bien sûr, qu'ils ont un conseiller ou un thérapeute au sein de leur collectivité. Le plan devra faire état du nombre de séances et des coûts de traitement, selon une évaluation des besoins. Il faudra ensuite obtenir l'approbation de Santé Canada avant que le traitement commence, et patati et patata.
D'après ce que j'observe, le programme n'est pas axé sur les collectivités: au lieu de pouvoir se rendre à un centre local et obtenir de l'aide immédiate, la personne doit composer un numéro téléphonique pour se faire orienter vers un conseiller qui pourrait vivre ou non dans la région. Il y a ensuite la question du transport, dans le cas où il faut quitter la collectivité.
Et pour déterminer si un plan de traitement sera acceptable pour Santé Canada... Encore une fois, malgré tout le respect que je vous dois, certains des autres professionnels qui travaillent avec Santé Canada — comme les dentistes, les pharmaciens, etc. — finissent par tirer leur révérence à cause des formalités excessives pour pouvoir être payés par Santé Canada.
Alors, expliquez-moi comment le programme va répondre à une approche communautaire pour des personnes qui sont peut-être en situation de crise.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Je tiens à vous dire que vous faites un excellent travail.
En tant que représentant de plus 900 survivants et signataire de cette convention, j’ai constaté dès le début que, dans l’ensemble, le processus découlant du plus important règlement collectif de l’histoire du monde occidental, ou du moins, en common law, était complètement intégré.
De plus, il est important de souligner que, durant sa mise en oeuvre, le gouvernement en a souvent fait beaucoup plus que ce à quoi il avait consenti en tant que signataire de la convention. Dans le dernier budget, nous avons certainement constaté une injection de ressources dans plusieurs secteurs clés. Par ailleurs, les gens liés par cette convention savaient pertinemment que certains programmes allaient prendre fin ou être éliminés graduellement. Je crois qu’il est important de signaler qu’un certain nombre de centres de guérison qui accomplissent des tâches importantes au nom de la Fondation autochtone de guérison poursuivront leurs activités.
Je sais que je ne partage pas l’opinion de certains de mes collègues qui affirment que la Fondation autochtone de guérison s’est portée à la rencontre de toutes les collectivités et de tous les électeurs qu’elle était censée aider. Je pense que c’est peut-être une exagération. Cependant, j’ai énormément de respect pour le travail que le programme de soutien en santé accomplit au sein de plus de 25 collectivités isolées et éloignées des premières nations, parce qu’il est censé s’occuper plus précisément des survivants et de leur famille et qu’il est offert par des aînés, un concept sur lequel les collectivités reposent ou qui fait partie intégrante de celles-ci.
En outre, pour ce qui est du plan de soins futurs, je veux réexaminer une question que vous avez très bien décrite pour un de mes collègues. Les quatre principales composantes de l’accord sont les suivantes: le paiement d’expérience commune; le processus d’évaluation indépendant, qui était appelé autrement avant — MARC; la Fondation autochtone de guérison; et la commission de vérité et de réconciliation.
Je pense qu’il vaut la peine de mentionner qu’en tant que composante du PEI, le plan de soins futurs — et j’en ai rédigé des centaines — était, encore une fois, censé répondre aux besoins précis du survivant sur le plan émotionnel et psychologique. En fait, cela nécessitait parfois la participation de membres de sa famille ou de membres de sa collectivité élargie qui, selon les critères du plan de soins futurs, veillaient à ce que les soins mettent l’accent sur la guérison du survivant.
Ce que j’ai dit est-il juste, Aideen?
Je tiens à vous remercier du temps que vous nous accordez pour vous transmettre quelques observations au sujet de la Fondation autochtone de guérison, et également à vous transmettre les excuses de notre président, Georges Erasmus, qui habite à Yellowknife et a eu un empêchement.
Monsieur le président, messieurs les vice-présidents, membres du comité, je suis heureux et honoré d'être ici et je vous remercie de m'accueillir.
Comme vous le savez, on a beaucoup parlé de la décision du gouvernement de transférer les ressources destinées aux survivants de la Fondation autochtone de guérison à Santé Canada. La question a fait l'objet d'un débat approfondi au Parlement, au cours duquel, je crois, les arguments pour le renouvellement du financement des initiatives communautaires, ou pour le programme de soutien en santé mentale de Santé Canada, ont été bien décrits.
À titre de représentant de la Fondation autochtone de guérison, je tenterai de vous expliquer de mon mieux, dans le temps qui m'est alloué, les répercussions communautaires de cette décision.
À court terme, je dirai clairement que nous craignons que cette décision ne provoque une augmentation du taux de suicide et de consommation de drogue et d'alcool dans notre communauté. La fin du financement des programmes communautaires de guérison a également entraîné une hausse du chômage, souvent dans les endroits où le chômage était déjà élevé.
J'aimerais vous citer ici les propos d'Annie Popert, directrice d'une initiative inuite dans le nord du Québec. Voici ce qu'elle nous a dit à ce sujet:
Une autre avancée importante dans la région est le fait qu'en comprenant mieux la relation entre le trauma et les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, notamment les agressions sexuelles contre les enfants, nous pouvons commencer à penser aux types de programmes auxquels nous pourrions avoir accès, ou concevoir, pour régler ces problèmes. L'initiative...
Il s'agit de notre initiative, celle de la Fondation autochtone de guérison.
... nous a permis d'acquérir une foule de renseignements et de connaissances, et c'est la première chose dont nous avons besoin pour commencer à prendre le contrôle de nos vies.
Nous avons reçu des commentaires semblables d'autres collectivités qui nous ont écrit au moment de démanteler leurs initiatives. Ils craignent tous que les connaissances acquises, les avancées, les progrès, et tout le travail de base — les investissements en temps et en argent que nous avons faits et qu'ils ont faits — se dissipent rapidement. Ce sont les répercussions à court terme qui nous attendent.
Un grand nombre de nos initiatives subventionnées ont été présentées au gouvernement pour obtenir du financement. On nous dit que, oui, Santé Canada finance les services de conseillers dans les collectivités, mais il n'y aura pas d'aide pour les initiatives vraiment novatrices et porteuses de changements que les collectivités mettaient sur pied.
Voici maintenant un commentaire de George Dunkerly, de Rankin Inlet au Nuvavut. Il nous a dit:
Notre principale préoccupation ici, ce sont les jeunes. Nombre d'entre eux, et d'aînés, ont des problèmes dont ils refusent de s'occuper ouvertement. Notre division des initiatives leur a ouvert la porte.
Il s'agit de la division de leur programme qui s'occupe précisément de nos initiatives.
En participant à une activité avec d'autres personnes, ils ont été amenés indirectement à discuter de leurs problèmes. Le succès du programme d'information Kivalliq repose sur le fait qu'il combinait initiatives et services de consultation. La division des initiatives a permis d'attirer des personnes au sein du programme et ensuite de les diriger vers les services de consultation. Notre équipe était également bien connue dans la région. Les initiatives étaient amusantes et les professionnels qu'ils allaient consulter étaient des gens qu'ils connaissaient et en qui ils avaient confiance. Dans le cadre des services offerts par Santé Canada, nous aurons des « travailleurs de soutien », mais les conseillers seront recrutés dans le sud au besoin. Ce n'est pas la situation idéale, car nos clients ne les connaîtront pas et n'auront pas confiance en des gens qui viennent ici pour une courte période de temps. Mais nous devrons nous y faire, car [nous avons constaté que] les paramètres du financement offert par Santé Canada sont très rigides.
Nous savons depuis longtemps que ces initiatives communautaires permettent d'attirer des gens qui n'ont jamais participé à des activités de guérison auparavant et, honnêtement, je trouve cela surprenant. Les traumas qu'ont subis les gens dans les pensionnats remontent souvent à plusieurs décennies, et c'est pourtant la première fois qu'ils se sentent suffisamment en sécurité et en confiance pour parler de leurs problèmes.
De manière peut-être plus importante encore, j'aimerais que vous entendiez ce que je vais vous dire, ici: cette décision aura pour nous des effets à long terme, le principal d'entre eux étant qu'encore une fois, nous nous retrouvons sur une route qui mène à la dépendance pour les peuples autochtones.
Au lieu de tendre vers des communautés autonomes qui prennent en charge leur bien-être, le gouvernement a choisi d'investir dans un modèle de prestations de services par l'État. Bien entendu, c'est sa prérogative; mais cette décision produira des conséquences que j'espère réussir à bien vous faire comprendre.
Toutes les données de recherche et les preuves empiriques provenant des communautés démontraient qu'ensemble, les deux éléments — les services gouvernementaux fonctionnant de pair avec l'expertise des collectivités — produisaient les meilleurs résultats. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons publié une étude sur le processus d'expérience commune, que j'ai ici avec moi, et qui souligne cette même question.
La perte de ces projets communautaires est un coup dur pour les communautés, et pour le gouvernement également. Maintenant, on aura davantage de difficulté à offrir des services sur le terrain. Le modèle de transfert, de culture et de renforcement de la capacité des communautés s'était pourtant avéré efficace.
Les communautés expriment leurs inquiétudes quant au fait qu'à long terme, les séquelles des pensionnats indiens demeureront irrésolues. On craint que cette décision prive les peuples autochtones de leurs moyens, ce qui causera davantage de désespoir. À la Fondation autochtone de guérison, nous partageons ces préoccupations. Et si nous n'arrivons pas à résoudre le problème des expériences vécues dans les pensionnats indiens, que ferons-nous de la « rafle des années 1960 » et d'autres expériences auxquelles nous tous, les Canadiens, aurons bientôt à faire face, je vous le demande?
Nous croyons que le réseau des pensionnats nous a privés de moyens de soutenir nos communautés d'une manière saine. C'est pourquoi notre énoncé de vision, à la Fondation autochtone de guérison, parle de s'attaquer de manière globale et significative aux traumatismes non résolus des personnes touchées, de rompre le cycle intergénérationnel de la violence, de parvenir à une réconciliation avec l'ensemble des relations de ces personnes et de développer leur capacité, en tant qu'individus, familles, communautés, nations et peuples, d'assurer leur mieux-être.
L'objectif de notre organisme est de favoriser, de renforcer et de soutenir des conditions propices à la guérison, à la réconciliation et l'autodétermination. Nous sommes résolus à cibler toutes les formes et manifestations directes ou indirectes d'abus et leurs répercussions intergénérationnelles en nous appuyant sur la force, la détermination et la résilience des peuples autochtones. Cette vision, cet objectif, est intégré à chacun de nos projets depuis notre premier jour d'activité.
Il y a une énorme différence, à long terme, entre ce modèle global de développement communautaire et le modèle gouvernemental de prestation de services. Je tiens à le souligner: je ne dis pas que le modèle du gouvernement est bon ou mauvais. J'ai été au service de Santé Canada. J'ai travaillé avec ces modèles. En tant qu'Autochtone, j'ai travaillé selon un modèle de prestation de services gouvernementaux, mais je n'ai jamais pensé une seule seconde que j'assurais la prestation d'un programme autochtone.
Ce sont simplement des choses différentes. C'est pourquoi l'un et l'autre se complètent. Il y a une place pour ces deux modèles de prestation de services.
Il y a évidemment la Commission de vérité et de réconciliation du Canada qui se profile à l'horizon. Au cours des prochaines années, de nombreux survivants raconteront pour la première fois les mauvais traitements dont ils ont été victimes et — je le souligne encore une fois — après de nombreuses décennies de silence. Ces personnes traumatisées, dans bien des cas, ne seront pas préparées à ce qui se produit lorsqu'on s'ouvre publiquement, souvent pour la première fois, et qu'on raconte à des étrangers ses secrets les plus intimes sur la douleur, la honte et les souffrances qu'on a vécues lorsqu'on était enfant. Une personne n'a aucun moyen de le savoir.
Santé Canada devra faire son arrivée dans cette situation très difficile où, en conséquence de cette décision sur le financement, la confiance sera moins présente qu'auparavant. Santé Canada n'a tout simplement pas la capacité ni l'expertise de s'acquitter de cette tâche. Il ne s'agit pas d'une critique, mais d'un fait. On ne devrait pas s'attendre à ce qu'elle ait ce genre d'expertise. Personne, à l'exception de la communauté et des peuples autochtones eux-mêmes, n'a participé de manière aussi directe à ce travail. C'est un territoire nouveau, mais maintenant, ce réseau national ne sera plus là.
Il est vrai que nous n'étions pas présents dans toutes les communautés; loin s'en faut. Nous avions 134 programmes sur le terrain — certains ont été démantelés récemment —, mais nous communiquions de précieuses leçons basées sur l'expérience partout au pays, leçons que nous avions mis près d'une dizaine d'années à apprendre et à parfaire.
Ces services éliminés, il y aura des conséquences sérieuses à long terme sur le plan de la confiance des communautés. Rien ne peut remplacer le difficile travail d'instauration de la confiance. Sans confiance, aucun programme ni service ne peut fonctionner.
Imaginons qu'on ait les meilleurs résultats possible. Même si les services de santé mentale prévenaient les suicides et réduisaient les taux de toxicomanie, de violence et de chômage, en bout de piste, nous ne serions pas plus avancés au chapitre du renforcement des communautés.
D'après les commentaires que nous entendons, les communautés qui bénéficiaient de projets de la Fondation autochtone de guérison réalisaient également des progrès auprès des jeunes. Maintenant, en particulier dans le Nord et dans les régions éloignées, les projets ont dû fermer leurs portes et ces jeunes n'ont nulle part où aller. Quiconque s'est déjà rendu dans le Nord sait qu'il n'y a pas de ressources alternatives à tous les coins de rue. Cela représente notre avenir. C'est la situation à long terme. Ce sont des jeunes qui ont pu goûter à l'espoir et qui, maintenant, l'ont vu disparaître.
Nous suivions une voie où le principe actif de notre cheminement était que les peuples autochtones peuvent prendre les rênes de leurs destinées et se donner un meilleur avenir, à condition de bénéficier d'un soutien. Aujourd'hui, tout cela semble bien moins assuré partout dans ce pays, et le climat est très sombre. Mais nos peuples sont résilients, comme ils l'ont toujours été, et n'ont pas baissé les bras en ce qui nous concerne.
Permettez-moi de conclure en disant qu'il n'a jamais été question que la Fondation autochtone de guérison soit permanente; absolument pas, et c'est ce que nous avions tous compris. Mais nous espérions au moins qu'elle durerait pendant cette période critique de notre histoire. Nous sommes très heureux de ce que nous avons pu faire; nous sommes reconnaissants envers les Canadiens qui ont fourni ce financement, et nous remercions tout particulièrement les communautés autochtones qui ont travaillé avec tant de diligence pour se soutenir mutuellement entre elles.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus.
Avant de commencer à poser mes questions, je dois d'abord directement m'adresser à ma consoeur, qui a prétendu que, dans cette pièce, l'humeur était sombre. Elle ne parle pas en mon nom particulier ni en celui d'aucun des membres de notre caucus ici présents.
Je crois que nous devons être fiers des réalisations que nous avons accomplies dans un certain nombre de domaines clés, non seulement en ce qui concerne la convention de règlement relative aux pensionnats indiens, à l'époque, parce que nous n'étions pas au pouvoir, mais en ce qui concerne également la suite, c'est-à-dire la reconnaissance et l'injection de ressources dans une myriade d'activités auxquelles la convention a donné lieu. Plus récemment, en 2010, de fait, nous avons alloué un excédent de ressources indispensables, parmi lesquelles plus de 285 millions de dollars à un certain nombre de programmes qui permettent indirectement pour la plupart, mais directement aussi, de s'occuper d'un certain nombre de problèmes de santé, y compris de santé mentale, dans les collectivités de nos premières nations.
Je prends la chose au sérieux, parce que, monsieur, tout comme vous, j'ai travaillé longtemps pour Santé Canada. Je ne suis pas sûr de partager votre opinion selon laquelle, en définitive, Santé Canada, puisque ce dossier est traité en vertu de la convention et qu'il constitue une question de politique dans ce ministère et à celui des Affaires indiennes et du Nord canadien (ou MAINC), n'est pas bien servi par une intégration dans ses services gouvernementaux.
Je sais que dans la grande circonscription de Kenora, il se trouve 25 collectivités isolées avec des postes de soins infirmiers. Je me demande si, en votre qualité de directeur, vous pouvez me dire combien de collectivités de cette circonscription avaient, à votre connaissance, un contact direct avec la Fondation autochtone de guérison.
Quand, au Canada, des gens se trouvent dans les plus tristes et les plus difficiles des situations, il est parfois difficile de trouver des solutions à leur sort. Or, nous avons effectivement trouvé une solution, comme le montre l'évaluation. Je pense que nous pouvons voir en quoi le problème consiste quand, après qu'on a mis le holà à la solution, au moins un député n'en est pas peiné.
Apparentés aux centres de santé dans la circonscription de ce député... bien entendu, ce n'est pas la même chose que les centres de guérison. Parce que, durant ces périodes de questions, le temps manque, peut-être pourriez-vous nous écrire, si vous le voulez, au sujet du fait qu'un très grand nombre de centres et d'infirmeries de la circonscription de M. Rickford ne font pas ce travail professionnel de guérison. On y trouve une infirmière, etc.
Je pense également que M. Rickford, Mme Crowder et vous avez bien montré que même avec du travail supplémentaire, vous n'aviez pas suffisamment de ressources pour vous occuper de tout le monde, de sorte que l'on devrait vous fournir plus de fonds. Si vous avez le temps, pourriez-vous, plus tard, communiquer au greffier du comité une carte montrant l'emplacement de vos projets, le nombre approximatif d'employés et de bénévoles qu'il mobilise et le nombre approximatif de clients? Ce serait un excellent document graphique pour le comité.
Une voix: Vrai.
L'hon. Larry Bagnell: La question que je veux poser porte sur le moment où la guérison s'effectue, le moment où elle est nécessaire. J'ai ressenti un peu de chagrin lorsque vous et les fonctionnaires du MAINC avez parlé de la question comme relevant d'un contrat qui se termine en 2012. Mais la guérison ne s'arrête pas à ce moment-là. Je pense que vous avez donné des exemples. Vous pourriez peut-être rédiger des exemples montrant que la guérison de traumatismes survenus il y a 20 ans n'est pas encore terminée. D'après le MAINC, des milliers de personnes demanderont ce genre de services d'ici les deux ou trois prochaines années.
Pour ces problèmes très graves, la guérison s'échelonne sur une longue période. Lorsque nous avons constaté que la lutte contre le virus H1N1 n'était pas gagnée à mi-parcours du programme, nous n'avons pas coupé les vivres. Nous avons continué à fournir plus de vaccins. Si un groupe de personnes se meurt de faim et que le projet de l'ACDI qui s'adresse à eux est arrivé à son terme, nous ne coupons pas les vivres. Si un enfant se meurt, faute de recevoir suffisamment de médicaments, nous n'arrêtons pas de lui en fournir, parce que le contrat ou la dose sont arrivés à leur terme. Nous continuons tant que nous n'avons pas réussi, tant que nous n'avons pas fait notre travail, et c'est après que l'on prend des dispositions.
Peut-être pourriez-vous nous parler du fait que la guérison ne se terminera pas en 2012 pour des dizaines de milliers d'anciens pensionnaires.
Nous avons financé 1 662 projets en différentes vagues, d'abord en Colombie-Britannique, ensuite dans les Prairies, et enfin dans la région inuite. Nous avons attendu que les communautés soient prêtes à lancer leurs projets. Comment sommes-nous arrivés au chiffre 134? Il y avait 134 projets, auxquels s'ajoutaient 12 centres de guérison. Il a fallu en débattre. Il y avait une certaine confusion qui entourait la question, mais nous sommes arrivés à une décision.
En 2005, nous avons reçu une somme supplémentaire de 40 millions de dollars pour nous aider à mener à terme le plus grand nombre possible de projets avant le 31 mars 2007, soit avant l'entrée en vigueur de la convention de règlement. Le conseil ne voulait pas effectuer de compressions, mais il a été obligé de le faire en raison du financement qui a été attribué. D'où ce chiffre.
En 2007, nous avons dû prendre une décision: lancer un nouvel appel, ou continuer de financer les centres de guérison existants. Il faut environ un an et demi pour mettre sur pied un centre, et à peu près deux ans ou deux ans et demi pour établir un lien de confiance thérapeutes et survivants. Le conseil a déterminé que le lancement d'un nouveau projet entraînerait la fin de certaines activités.
Nous avons jugé que la chose la plus responsable à faire, en 2007, était de poursuivre les 134 projets jusqu'en 2010. S'ajoutaient à cela, comme je l'ai déjà mentionné, les 12 centres de guérison.
Je résume: de nombreux projets ont été lancés en 2005. En raison des restrictions imposées en matière de financement, nous avons réduit ce nombre et retenu uniquement ceux qui étaient jugés les meilleurs. Nous avons gardé ceux qui étaient bien administrés, qui offraient un bénéfice thérapeutique direct, des services de counselling individuel et de groupe, qui privilégiaient les méthodes de guérison traditionnelles. Voilà les critères qui ont été appliqués à ces 134 projets.