Vous savez peut-être que cet après-midi, après la période des questions, le Président de la Chambre a rendu sa décision concernant le rappel au Règlement soulevé par le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre — si je ne m'abuse — au sujet de la recevabilité des amendements au projet de loi
Le Président a maintenu la décision initiale de notre comité et a déclaré que le premier amendement, relatif à l'alinéa 6(1)a), est irrecevable.
Le second amendement concernait la modification du titre abrégé. Vous savez qu'un titre abrégé ne peut être modifié que si les amendements visant la portée du projet de loi exigent une modification du libellé. Le Président a déclaré que le premier amendement et le second, portant sur le titre abrégé, sont irrecevables.
Par conséquent, le Président a ordonné que le projet de loi soit réimprimé, sans les amendements.
Soit dit en passant, la suppression de l'article 9, approuvée par notre comité, est maintenue. Cet amendement était recevable. Les comités ont le pouvoir de désapprouver certains articles du projet de loi. La suppression est donc maintenue.
La Chambre étudiera maintenant le projet de loi C-3 à l'étape du rapport et les partis auront la possibilité de proposer des amendements à cette étape. Je suis certain que les leaders à la Chambre discuteront du moment opportun pour étudier ces amendements.
À moins qu'il y ait des questions, nous en resterons là et laissons la parole à notre témoin.
Bienvenue, monsieur Eggertson. Tel que discuté, vous avez environ 10 minutes, puis nous passerons aux questions des membres du comité.
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Je vous remercie, monsieur.
Après la suppression du programme solaire, l'association que je dirigeais à l'époque était sur les nerfs, car elle essayait de faire comprendre aux Canadiens que même si la crise pétrolière provoquée par l'OPEP était terminée, les problèmes énergétiques du Canada n'étaient pas résolus pour autant.
En plus de diriger cette association, j'ai travaillé avec les associations nationales des industries éoliennes et solaires et j'ai oeuvré comme directeur du personnel de la Société canadienne de l'énergie du sol, c'est-à-dire l'industrie des pompes à chaleur géothermique. Je travaille maintenant à l'Association canadienne pour les énergies renouvelables. J'ai également été rédacteur ou rédacteur en chef de deux des plus grands magazines au monde consacrés aux énergies renouvelables. Durant mon temps libre, j'ai travaillé avec le ministère des Finances Canada à l'examen des avantages fiscaux consentis aux habitants du Nord, alors que Michael Wilson était le ministre responsable. En outre, j'ai travaillé pour le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni, en tant que premier gestionnaire britannique de programme sur les changements climatiques au Canada. Par conséquent, j'aborde les énergies renouvelables tant sous l'angle environnemental et économique.
On m'a demandé de commenter votre étude et de parler des obstacles et des défis liés à la mise en oeuvre des énergies renouvelables dans le Nord et, bien sûr, des débouchés et des avantages connexes. Je ne suis pas un expert des territoires, c'est pourquoi j'ai préparé un profil du secteur résidentiel de trois territoires, à partir des données de 2007 de l'Office de l'efficacité énergétique de Ressources naturelles Canada.
Il y a 34 000 ménages dans les territoires, lesquels occupent une surface utile totale de 55 millions de pieds carrés. Cela représente 0,2 p. 100 du total canadien. En moyenne, une résidence dans le Nord occupe une surface utile de 1 600 pieds carrés, soit environ 10 p. 100 de plus que la moyenne canadienne. Je pourrais vous parler de gigajoules et d'unités thermiques britanniques. Or, nous convertissons tout en kilowattheures dans l'espoir que vous compreniez cette unité d'énergie de base.
Cela signifie que, au total, les résidences dans le nord du Canada consomment 1 milliard de kilowattheures d'énergie secondaire par année. Cela exclut le transport. Il s'agit uniquement de l'énergie consommée pour chauffer et éclairer la maison, chauffer l'eau et alimenter les appareils électroménagers. D'un océan à l'autre, les résidences consomment 40 milliards de kilowattheures par année au total. En moyenne, dans le Nord, une résidence consomme un peu plus de 31 000 kilowattheures par année. Cela représente 19,6 kilowattheures par pied carré, comparativement à 21,6 kilowattheures en moyenne par pied carré au Canada. Les résidences dans le Nord consomment donc 10 p. 100 moins d'énergie que la moyenne canadienne.
Je vais vous donner un exemple, pour vous montrer le potentiel. Je viens de réaliser d'importants travaux de rénovation dans ma maison. J'ai l'une des maisons les plus écoénergétiques du pays, car elle consomme moins de 5 kilowattheures par pied carré.
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Je m’excuse, monsieur. Je ne voulais pas vous inonder de statistiques, mais montrer un profil énergétique très sommaire des résidences dans le Nord. Avant d’entamer une discussion sur l’énergie, nous aimons savoir qu’est-ce qui est utilisé, quand et comment, et obtenir des données à ce sujet. Je m’excuse. J'essaierai d'utiliser le moins de statistiques possible. Tout cela pour dire que la consommation énergétique dans les territoires de l’Arctique n’est pas aussi élevée que ce que je pensais avant de faire cette analyse.
Pour ce qui est de la consommation d’énergie stationnaire, les données sur la consommation d’énergie résidentielle et la consommation d’énergie par les applications dans le Nord — qui n’a rien à avoir avec le transport — sont très similaires à celles des autres régions du Canada. En fait, 61 p. 100 de la consommation d’énergie dans le Nord sert à chauffer les résidences, alors que la moyenne nationale est de 63 p. 100. L’écart est donc minime. Les résidants du Nord utilisent 12 p. 100 de leur consommation d’énergie pour chauffer l’eau. C'est légèrement moins que la moyenne nationale qui est de 18 p. 100. Le Nord consomme plus d’énergie pour les appareils électroménagers et l’éclairage. Or, aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne semble pas y avoir de charge de refroidissement dans l'Arctique.
Je vous présente ces statistiques pour vous montrer que trois quarts de l’énergie consommée dans l’Arctique ne sert pas à alimenter des réfrigérateurs, à regarder la télévision ou à alimenter les ordinateurs, mais à chauffer les résidences et l’eau. Dans la plupart des régions du Canada, cela représente 80 p. 100 de l’énergie consommée. Or, très peu de gens, notamment les fonctionnaires de Ressources naturelles Canada, comprennent l'utilité concrète de ces données. En fait, elles montrent qu'il serait possible de réduire à la fois la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, car la plupart des sources utilisées dans ce que nous appelons le chauffage écologique contiennent beaucoup de combustibles fossiles.
Je ne veux pas vous inonder de statistiques, mais voici la répartition des sources d’énergie utilisées dans le Nord pour chauffer les résidences : mazout, 64 p. 100; gaz, 19 p. 100, charbon et propane, 10 p. 100; bois, 5 p. 100 et plinthes chauffantes, 3 p. 100. Encore une fois, on n'est pas loin de la moyenne nationale. Depuis 1990, la consommation d’énergie totale dans le Nord a augmenté de 0,3 p. 100, alors qu’elle a augmenté de 13 p. 100 ailleurs au Canada.
Je vous fais grâce de certains points de discussion. Par contre, je tiens à vous dire que l'intensité énergétique des résidences dans l’Arctique est deux fois meilleure, sur le plan de la réduction de la consommation d'énergie. Les résultats dans l'Arctique sont deux fois meilleurs que la moyenne nationale.
D’après le profil que j’ai dressé, comme je vous le disais, la consommation énergétique des résidences dans le Nord n’est pas aussi élevée que ce que j’aurais pu penser. En fait, l’écart avec la moyenne nationale est minime. Par contre, toutes les mesures qui permettent de réduire la demande énergétique, d’utiliser l’énergie de façon plus efficace et d’accroître le recours à des ressources distribuées, par exemple des sources d’énergie renouvelable, profiteront aux régions nordiques du Canada et au Canada en général.
J’admets que j’ai des partis pris, mais je sais que les sources d’énergie renouvelables fonctionnent et qu’elles peuvent fonctionner dans le Nord. L’année dernière, dans le rapport intitulé « Anecdotes réussite », le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a présenté des études de cas sur l’utilisation de l'énergie éolienne et solaire à Rankin Inlet, l’utilisation de l’énergie solaire au centre récréatif de Fort Smith et au Collège de l’Arctique du Nunavut à Iqaluit, le chauffage solaire de l’air à l’école Weledeh à Yellowknife et de nombreux exemples de chauffage à distance, de récupération de chaleur résiduelle et de centrales hydroélectriques de petite taille.
Pour réaliser l’un de mes premiers articles sur l’énergie solaire, j’ai dû obtenir une habilitation de sécurité du ministère de la Défense nationale, laquelle m’autorisait à expliquer le fonctionnement de leurs systèmes photovoltaïques à la base d’Alert. Bien sûr, les panneaux solaires ne fonctionnaient que six mois par année, lorsque le soleil se levait sur Alert, mais l'investissement a été amorti en trois ans, puisque la base a pu économiser sur l’approvisionnement en carburant diésel par hélicoptère, utilisé pour remplir les génératrices.
Voici quelques faits solaires peu connus. L’efficacité des cellules photovoltaïques augmente lorsqu’il fait froid. Le Nord est privilégié, car sous cette latitude, les panneaux solaires captent plus de lumière du soleil, parce que celle-ci se réverbère sur la neige. Par conséquent, dans le Nord, ces panneaux captent tant les rayons directs qu’indirects de la lumière du soleil.
Les stations météorologiques de l’Antarctique et de l’Arctique utilisent des éoliennes. C’est une technologie très efficace et le vent continue de produire de l’électricité la nuit, contrairement aux panneaux solaires.
Plusieurs entreprises au Canada fabriquent des capteurs à tubes sous vide, capables de bouillir l’eau dans des températures inférieures au point de congélation. Lorsque je dirigeais l’association géothermique, je devais constamment convaincre les gens que si la Suède et l’Alaska installent des thermopompes à grande échelle, des pays où la température est la même que chez nous, c’est la preuve que nous aussi nous pouvons le faire. Il existe au moins un édifice fédéral dans l’Arctique où des serpentins enterrés ont été installés autour des pieux de fondation. Ils extraient notamment la chaleur pour chauffer l’édifice, mais le but fondamental est d’éviter la fonte du pergélisol.
J’ai hâte à la période de questions et réponses, pour entendre les questions des membres, mais votre greffier m’a dit que vous vouliez que je commente le Programme écoÉNERGIE pour les collectivités autochtones et nordiques.
Nous sommes d'accord que ce sont les Canadiens qui sont responsables de relever les défis énergétiques et environnementaux du Canada. Jusqu’à récemment, j’œuvrais activement au sein de plusieurs groupes environnementaux, mais j’ai pris mes distances maintenant, en raison de l’intérêt obsessif que ces derniers vouent aux sables bitumineux et aux grands émetteurs finaux. Ce sont les Canadiens qui consomment beaucoup d’énergie et ce sont eux qui doivent changer leurs habitudes de consommation énergétique.
Le Programme écoÉNERGIE, même s’il présente quelques failles, que j’aborderai sous peu, encourage les Canadiens à prendre les mesures appropriées. Le Défi d’une tonne était un concept brillant, mais sa mise en œuvre laissait à désirer. Il était axé sur les émissions de gaz à effet de serre, en tant que symptôme et non de cause des émissions.
Le Programme écoÉNERGIE original était fondé sur l’amélioration du rendement énergétique, mais ce concept était trop complexe pour la plupart des consommateurs. L’actuel programme, qui sera supprimé progressivement, est fondé sur l'installation de technologies. Il est, par conséquent, plus facile à vendre aux particuliers, même si son approche est moins stratégique. En effet, le rabais pour les thermopompes à géothermie est accordé peu importe si la pompe est de très bonne qualité ou de piètre qualité. Souvent, la meilleure façon d’économiser de l’énergie est d’isoler les bâtiments et de les rendre étanches. Or, le Programme écoÉNERGIE prévoit peu d’incitatifs à cet égard. J’ai fait installer des fenêtres éconergétique dans ma maison, mais elles ont été mal installées. Par conséquent, au lieu d'accroître l’efficacité énergétique de ma maison, celle-ci a été réduite, mais je suis tout de même admissible à un incitatif.
Or, sur une note positive, le programme reconnaît que c’est le chauffage et la climatisation des résidences qui consomme le plus d’énergie et qui produit le plus d’émissions de gaz à effet de serre et c’est l’objet de notre initiative de chauffage écologique. En ce qui concerne le Programme écoÉNERGIE pour les collectivités autochtones et nordiques, nous sommes contents qu'il mette l'accent sur la planification de l'efficacité énergétique et l’économie d’énergie. Amory Lovins a utilisé le terme « négawatts » pour expliquer que l’énergie la moins chère est celle qui n’est pas consommée. Nous disons aux gens de fermer leurs fenêtres et de se débarrasser de leur vieux réfrigérateur s’ils veulent vraiment passer aux énergies renouvelables, car elles donnent de meilleurs résultats lorsque la demande énergétique est faible.
Je suis également content que le programme écoÉNERGIE pour les collectivités autochtones et nordiques appuie les études de base et l’intégration des énergies renouvelables aux projets d’infrastructure. Je me demande cependant s’il existe un mécanisme pour s’assurer que la source d'énergie renouvelable appropriée à la situation est utilisée. Les gens nous appellent souvent pour nous demander comment ils doivent faire pour installer une éolienne, afin de ne plus dépendre de leur fournisseur d’électricité qu’ils n’aiment pas. Nous devons passer beaucoup de temps à leur expliquer qu’une éolienne sans stockage de l’électricité dans des batteries, sans convertisseur et sans les autres composants du système ne servira pas à grand-chose. Nous les informons que l’énergie consommée par les appareils électriques ou électroménagers — l’utilisation électrique autre que pour chauffer la résidence ou l’eau — ne représente que 20 ou 25 p. 100 de la consommation d’énergie moyenne dans une résidence dans le Nord. Exorcisons-nous le bon démon? Nous leur disons toujours de ne pas remplacer un courant électrique sinusoïdal de qualité élevée si un capteur thermique de faible intensité marche tout aussi bien, sinon mieux. Le programme, qui vise à réduire la demande et de répondre à cette demande réduite au moyen de sources d'énergie renouvelable, reflète notre façon de penser. De plus, il appuie une vaste gamme de technologies, ce qui évite de favoriser une technologie au détriment d'une autre.
Les collectivités du Nord doivent être durables. J’ai passé du temps à Timmins, après la fermeture des mines d’or et j’ai constaté que les modèles opérationnels d’extraction minière non durables donnent des résultats peu probants. Même si les collectivités du Nord ont de bonnes ressources d’énergie renouvelable, l’exportation de cette énergie verte vers des centres de distribution est limitée. Je ne voudrais pas que le Nord serve uniquement d’exportateur de ressources, comme ce fut le cas du bois d’œuvre à Timmins, par exemple, surtout s’il existe de nombreuses possibilités d’utiliser les technologies appropriées d’énergie renouvelable pour développer l’économie dans le Nord et améliorer le mode de vie de ses résidants.
Pour finir, monsieur le président, l’Association canadienne pour les énergies renouvelables fait la promotion des énergies renouvelables, non seulement parce que, dans tous les cas, elles coûtent moins cher à l’utilisation, mais parce qu’elles révolutionnent notre conception de l’énergie. Avec les énergies renouvelables, il n’y a pas de déversements de pétrole produit en mer, d’accidents de fusion dans le cœur des réacteurs, de construction de pipelines d’alimentation vulnérables, d’envoi de soldats dans des régions politiquement instables, de bouleversements sociaux et de nombreux impacts sur la santé, de pollution par les cheminées industrielles et de panne du réseau électrique ou de fluctuation incessante du prix de l’énergie. En résumé, les énergies renouvelables permettent d'éviter une multitude de problèmes économiques, environnementaux et sociaux. De plus, leur prix est très abordable, compte tenu des effets externes, comme la capacité d’atténuer l’incidence des changements climatiques anthropiques.
Si, de surcroît, on tient compte des innombrables preuves, présentées dans plusieurs études, qui corroborent que parmi toutes les sources d'énergie ce sont les investissements publics dans les énergies renouvelables qui créent le plus d’emplois, et si l’on tient compte du potentiel d’exportation de la technologie liée aux énergies renouvelables, il faut se poser la question suivante : pourquoi ne pas opter pour les énergies renouvelables?
Les obstacles et les défis liés aux énergies renouvelables sont uniques dans le Nord, mais les possibilités et les avantages sont nombreux si l'on fait la bonne chose, au bon endroit et au bon moment.
Je vous remercie de votre attention et j’attends vos questions.
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Cela me prendra beaucoup de temps si je parle en français.
[Traduction]
Il y a eu quelques expériences qui ont mal tourné. D’après la documentation que j’ai lue, les installations ont été incendiées dans le Nord, si je peux en parler. Il y a eu des problèmes avec les premières éoliennes et ils hésitent maintenant à installer les technologies.
La technologie des énergies renouvelables n’est pas parfaite. Les éoliennes ne fonctionnent pas s’il n’y a pas de vent, pas plus que les panneaux solaires s’il n’y a pas de soleil. Par contre, plusieurs technologies fonctionnent, notamment la géothermie, l'héliotechnologie et la biomasse. Ce sont ce qu'on appelle des sources d'énergie commandées, puisqu’elles fonctionnent sur commande. Malheureusement, le bilan de l’utilisation de ces technologies dans le Nord est peu reluisant, raison pour laquelle les gens hésitent à y avoir recours.
Le prix des sources d'énergie traditionnelles est davantage subventionné dans le Nord. Le prix n'est pas dicté par le marché. À mon avis, la détermination des prix de l'énergie n'est jamais dictée par le marché au Canada. Il ne reflète pas toutes les variables. L'Arctic est davantage subventionné, par conséquent il y a moins d'incitatifs pour les investisseurs potentiels. Il n'y a pas de retombées et ils n'ont pas accès à tous les programmes auxquels nous avons accès.
Nous venons d’installer des panneaux solaires d’une capacité de 10 000 watts sur ma maison, dans le cadre du programme microFIT de l’Ontario. Chaque kilowattheure produit, alors que je suis loin de ma maison, me rapporte 80 ¢. C’est un incitatif très alléchant pour passer à l’énergie solaire. Or, cette ressource n’est pas aussi répandue dans l’Arctique.
Je collaborais avec Gilbert Parent, l’ancien ambassadeur canadien à l’environnement. Il était autochtone. Il voulait construire un énorme parc éolien, un peu au sud du 60e parallèle, au Nord du Manitoba ou de la Saskatchewan. Dans le cadre de nos discussions, je lui ai demandé « Comment allez-vous transporter l’électricité vers Toronto, là où l’électricité est en demande? ». C’est un peu comme le projet LG2. Il a fallu investir des milliards de dollars pour construire l’infrastructure nécessaire pour transporter l’électricité entre La Grande et Montréal.
Transporter l’électricité depuis l’Arctique pose problème. Il y a des raisons pour lesquelles ils n’exportent pas l’énergie renouvelable. À mon avis, rien ne les empêche de produire l’énergie renouvelable et de l’utiliser sur place. D’après plusieurs études de cas publiées par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, cela pourrait être très rentable.
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Une fois que l'équipement a été transporté dans le Nord, l'installation coûte moins cher.
J'ai habité au centre-ville d'Ottawa. Avant de déménager, nous voulions faire installer une boucle souterraine, mais aucun foreur n'a accepté de venir en ville avec un appareil de forage pour l'installer, car ils avaient peur des employés municipaux.
Dans le Nord, c'est moins problématique. Il y a parfois des problèmes d'installation des boucles souterraines au nord du 60e parallèle, surtout liés au pergélisol. Pourtant, beaucoup de boucles souterraines ont été installées dans le Nord. La technologie héliothermique s'installe en surface. Il s'agit d'installer les grilles en métal, de fixer les bobines en plastique et la plaque de verre, à l'aide d'une clé, et de brancher le tout. Une fois installée, vous l'avez pour toujours.
Lorsqu'il fait froid, les éoliennes nécessitent plus de maintenance. Les éoliennes destinées aux climats froids sont maintenant munies de pales chauffantes, ce qui évite la formation de glace.
D'ordinaire, c'est le transport de l'équipement qui pose problème. Pourtant, vous expédiez toutes sortes de marchandises au nord du 60e parallèle, en empruntant les routes de glace ou en utilisant des barges, entre autres.
La main d'oeuvre pose également problème. Devez-vous importer la main d'oeuvre du Sud? Pouvez-vous former de la main d'oeuvre dans le Nord pour effectuer le travail?
Comme je le disais plus tôt, l'entretien peut poser problème si vous n'avez pas de personnel compétent sur place pour régler les problèmes.
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Oui, l'industrie minière.
Peu importe le type d'énergie renouvelable, les obstacles les plus importants sont le coût ou la disponibilité des ressources. Il n'y a pas d'énergie éolienne sans vent. Il est fréquent que lorsque les gens passent devant l'Exposition nationale canadienne, au centre-ville de Toronto, les pales de l'éolienne ne tournent pas. Cela devient embarrassant. On aurait probablement pas dû la placer là, car les gens se disent que ça ne fonctionne pas. Dans le Nord, vous avez raison, il y a très peu d'énergie solaire en hiver, mais le vent est toujours là.
La disponibilité des ressources et le coût sont des problèmes. Je ne sais pas quel proportion de l'énergie utilisée dans le Nord est subventionnée, de façon directe ou indirecte, mais il y a des subventions, et cela réduit la motivation.
Très rapidement, en ce qui concerne l'industrie minière, je crois que le secteur des pâtes et papiers est le plus grand consommateur d'énergie renouvelable au monde. Je ne me souviens plus de la quantité d'énergie consommée par ce secteur, mais c'est énorme. Le Canada souligne le fait que ces usines brûlent leurs propres copeaux de bois sur place pour produire de l'électricité. Elles ont déjà figuré comment faire cela. Cela devrait aller de soi.
C'est quelque peu différent en ce qui concerne l'industrie minière. Il faut faire comme à Springhill, en Nouvelle-Écosse. Ils ont inondé la mine de charbon et l'utilisent comme source géothermique pour chauffer le parc industriel situé au-dessus.
Je ne dis pas qu'il faut inonder la mine. Désolé, mais...
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Merci, monsieur le président, et merci au témoin.
Je crois que certaines questions posées ici ne font pas partie de l'objet de notre étude, soit le développement économique au nord du 60e parallèle. Je vais tenter de poser des questions en lien avec ce sujet.
Notre gouvernement a décidé de mettre beaucoup d'emphase sur le Nord. Des dépenses importantes ont été réalisées au nord du 60e parallèle. Je pense à l'hydro-électricité, au projet Mayo B, et à la liaison des deux réseaux électriques au Yukon. Il y a aussi eu des investissements importants dans le Nord de la Colombie-Britannique, notamment le prolongement de la ligne de transmission hydro-électrique de Terrace jusqu'à Bob Quinn Lake, ce qui représente environ 335 kilomètres. Tout cela signifie que nous sommes parvenus à un point où il ne serait pas très difficile de relier le réseau électrique de la Colombie-Britannique à celui du Yukon, et peut-être même le réseau du Yukon à celui de l'Alaska, ce qui serait très significatif.
Je crois qu'il est important de reconnaître que nos investissements répondent aussi à des besoins très importants sur le plan de l'infrastructure. Peut-être pas en matière de transmission, mais de routes et de travaux qui permettront d'obtenir une infrastructure routière dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous avons investi beaucoup dans le logement à haut rendement énergétique dans le Nord, en particulier au Nunavut.
Tout cela revient à dire, je crois, qu'il est important d'économiser l'énergie. Le Canada est un pays jeune et un grand pays. Notre géographie est très variée, et les infrastructures et les installations de transmission d'énergie ne sont pas nécessairement là où nous en avons besoin. D'après ce que j'ai compris au début de votre présentation, il est souvent préférable d'avoir déjà un réseau électrique en place pour maximiser l'efficacité des énergies renouvelables.
À la lumière de ces commentaires, croyez-que cela va constituer un avantage à long terme important concernant l'atteinte de cet objectif?
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Votre point concernant la nécessité d'un réseau électrique est très important. C'est pourquoi le chauffage centralisé est si efficace. C'est comme les réseaux électriques.
Nous nous préoccupons de la provenance de l'électricité si on prolonge une ligne de B.C. Hydro pour alimenter la majorité de l'Arctique, car la puissance hydro-électrique de la Colombie-Britannique diminue et la province doit avoir recours à des centrales au gaz. L'énergie perdue entre, disons, Victoria et Yellowknife est importante. Est-ce de l'électricité renouvelable qui est envoyée là-bas, ou est-ce de l'électricité produite à partir de centrales au charbon, au gaz ou autre?
Nous sommes contre l'utilisation du gaz pour produire de l'électricité, comme en Ontario. J'ai fait des recherches pour la Fondation Suzuki. Pour être conforme à ce que l'on appelle une norme Green Therm, il faudrait mettre en oeuvre une réglementation selon laquelle 20 p. 100 des nouvelles maisons construites en Ontario devraient être munies d'un système de chauffage écologique, qu'il soit solaire, géothermique ou de biomasse. Nous pourrions ainsi déplacer un milliard de mètres cubes de gaz naturel d'ici 2020. Avez-vous besoin d'un milliard de mètres cubes de gaz naturel? Je crois que oui. C'est la source de production d'électricité qui nous préoccupe. Est-ce une bonne source, c'est à dire une source renouvelable, ou est-ce une source provenant de combustibles fossiles?
Vous avez aussi dit qu'il était important d'économiser l'énergie. Nous disons « Ferme la porte, idiot » à ceux qui se plaignent d'avoir froid. Les gens ont des fenêtres à simple vitrage. Dieu merci, c'est un problème qui a tendance à disparaître au Canada.
Les habitants de l'Arctique semblent avoir démontré que leurs bâtiments sont éconergétiques. Je le répète, ils n'utilisent pas autant d'énergie que je le croyais. Ils sont très bien construits. Il est possible de resserrer encore plus les codes du bâtiment pour réduire davantage la consommation. Nous avons prouvé qu'il est possible de consommer aussi peu de cinq kilowattheures par pied carré par année. Nous avons prouvé que c'est possible. C'est peut-être une obsession de ma part, mais c'est possible. Je crois que la majorité des Canadiens peuvent poser quelques gestes pour se rapprocher de cet objectif en réduisant leur besoin de chaleur.
L'électricité constitue un autre problème. Il faut s'assurer que tous les appareils sont homologués Energy Star. Il ne faut pas consommer d'électricité pendant les périodes de pointe. Les Canadiens doivent mieux comprendre bien des points concernant la demande et la charge. Cela réglerait la moitié du problème.