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Bonjour aux députés ainsi qu'à nos invités et témoins.
Ceci est la 55e rencontre du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 16 février 2011, nous étudions aujourd'hui le projet de loi .
[Traduction]
Ce matin, dans le cadre de l'étude du projet de loi, nous accueillons des témoins du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, de Finances Canada et d'Affaires indiennes et du Nord Canada.
Je suis sûr que vous connaissez notre façon de procéder. Les témoins disposent d'un maximum de 10 minutes pour présenter un exposé préliminaire. Nous entendrons des exposés du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ainsi que de Finances Canada.
Je crois que nous commencerons par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Nous souhaitons la bienvenue à Mme Margaret Melhorn, sous-ministre des Finances du GTNO. Elle est accompagnée de Kelly Bluck, gestionnaire des Politiques fiscales et des relations intergouvernementales. Madame Melhorn, vous pouvez présenter votre exposé préliminaire. Nous passerons ensuite à M. Forbes, de Finances Canada.
À vous, madame Melhorn.
Je voudrais remercier le comité permanent d'avoir organisé cette rencontre dans le cadre de ses délibérations sur le projet de loi C-530, mesure législative d'initiative parlementaire visant à modifier la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest relativement au pouvoir d'emprunt du gouvernement des territoires.
En vertu de la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ou GTNO, a la quasi-totalité des responsabilités de programmes et des pouvoirs d'imposition d'une province, mis à part la notable exception de la gestion de nos terres et de nos ressources et de la capacité d'imposer et de percevoir des redevances sur la mise en valeur de ces ressources.
Pour notre gouvernement, la signature de l'entente de principe sur le transfert de responsabilités en janvier dernier est une étape essentielle en vue de l'exercice de pouvoirs semblables à ceux d'une province. L'incapacité d'emprunter sans l'approbation du Cabinet fédéral…
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L'incapacité d'emprunter sans l'approbation du Cabinet fédéral constitue une autre importante anomalie des pouvoirs conférés à notre gouvernement. L'article 20 de la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest impose au GTNO d'obtenir l'approbation du gouverneur en conseil pour emprunter. Le plus récent décret, approuvé en avril dernier, autorise le GTNO à emprunter un montant maximal de 575 millions de dollars jusqu'au 31 mars 2015 et de 500 millions de dollars par la suite. L'obligation d'obtenir l'approbation fédérale avant d'emprunter est un point faible de la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest. Nous préférerions soit complètement éliminer cette exigence soit la baser sur des dispositions semblables à celles de notre politique de gestion responsable des finances.
Les gouvernements doivent avoir la possibilité d'emprunter pour être en mesure de faire une planification adéquate et d'offrir des programmes, des services et des infrastructures à leurs résidents. Pour le GTNO, l'imposition d'une limite d'emprunt constitue un problème depuis longtemps. Les Territoires du Nord-Ouest connaissent un important déficit d'infrastructure. Le manque d'infrastructures de transport et d'énergie fait obstacle au développement économique et au bien-être de nos résidents. Les autres gouvernements peuvent emprunter pour financer d'importantes immobilisations et amortir cette dette en puisant soit dans les recettes fiscales soit dans les recettes provenant du projet réalisé, comme les péages ou le produit de la vente d'énergie.
La limite d'emprunt du GTNO ne nous permet pas de faire les investissements en infrastructure dont nous avons besoin. À défaut d'une limite d'emprunt suffisante ou d'un financement supplémentaire pour répondre aux besoins en infrastructure, le GTNO a deux possibilités: réduire les dépenses destinées aux programmes et aux services de base ou ne pas faire les investissements nécessaires. Cela revient à priver les résidents des TNO des perspectives économiques qui s'offrent puisque le GTNO ne peut faire les investissements pouvant engendrer des avantages à long terme.
La limite d'emprunt est un élément du dialogue permanent établi entre le GTNO et le gouvernement fédéral. En 2006, nous avons demandé que la limite d'emprunt soit modifiée en fonction de l'approche de la dette et des emprunts que nous avons adoptée dans notre politique de gestion responsable des finances. En 2007, la limite est passée de 300 millions de dollars à un niveau plus raisonnable de 500 millions de dollars. En avril 2010, la limite a été temporairement portée à 575 millions de dollars pour permettre au GTNO d'assumer la dette de 165 millions de dollars liée au projet du pont de Deh Cho.
En mai 2010, le ministre Flaherty a demandé à ses homologues territoriaux de participer à un examen général des limites d'emprunt territoriales afin de préciser la définition de ce qui constitue un emprunt. Le ministère des Finances des TNO collabore avec Finances Canada et les autres territoires pour mener à bien cet examen. Celui-ci a cependant engendré de l'incertitude pour le GTNO car il pourrait entraîner un changement du traitement de certaines dettes. Certains changements peuvent nous donner plus de marge, mais d'autres peuvent imposer au GTNO de demander une augmentation de la limite d'emprunt. Pour le moment, l'examen ne s'étend pas à la discussion du bien-fondé de la limite d'emprunt.
Toute discussion de la limite d'emprunt devrait comporter deux volets. Elle devrait porter tant sur le bien-fondé de la limite que sur la définition des emprunts compris dans la limite. Ni la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest ni le décret fédéral ne définissent le terme « emprunt » aux fins de l'article 20 de la loi. Pour élaborer notre définition, nous nous sommes fondés sur l'avis de notre conseiller juridique et sur celui de la vérificatrice générale du Canada.
Aux fins de la limite d'emprunt, le GTNO inclut les lignes de crédit bancaires, dans la mesure où elles sont utilisées, les autres dettes à court terme, les débentures à long terme, les émissions d'obligations et les emprunts hypothécaires. Cela vise les emprunts contractés par le GTNO et par ses organismes, dont les sociétés territoriales. La politique de gestion responsable des finances du GTNO comprend des lignes directrices explicites en matière de dépenses, d'emprunts et de remboursement des dettes et définit les limites d'emprunt abordables. La politique a joué un rôle déterminant dans le maintien des cotes de crédit favorables attribuées à la dette du GTNO par Moody's Investors Service depuis que cette agence de notation a commencé à évaluer notre dette en 2005. À l'heure actuelle, Moody's accorde à la dette du GTNO la cote Aa1, qui est l'une des plus élevées qui soient.
En vertu de la politique, le GTNO n'emprunte que pour des investissements d'infrastructure, des investissements autopayants et des programmes de prêts remboursables. La dette totale est considérée comme abordable tant que les paiements de remboursement (principal et intérêts) ne dépassent pas 5 p. 100 de nos recettes totales. Si ce plafond est dépassé, il faut générer dans les deux années suivantes des excédents de fonctionnement permettant de rembourser suffisamment de capital pour ramener le service de la dette à 5 p. 100 dans la troisième année. Le GTNO rend compte de sa gestion des emprunts sur la base de critères de rendement qui donnent l'assurance que le total des emprunts ne dépasse pas notre capacité de rembourser.
Le décret fédéral qui limite le pouvoir d'emprunt du GTNO fixe un montant arbitraire qui n'est pas explicitement lié à la capacité du GTNO de financer sa dette.
Dans notre proposition de 2006 à Finances Canada, nous avons demandé un pouvoir d'emprunt général pour les raisons suivantes.
Premièrement, la limite est contraire au principe de l'autonomie territoriale en matière de prise de décision.
Deuxièmement, la limite est trop restrictive, surtout parce que près des deux tiers de la dette du GTNO sont autopayants, les frais de service étant financés par un flux spécial de recettes provenant de péages et de clients, et non par d'autres recettes publiques.
Troisièmement, le GTNO a fait preuve d'une gestion financière prudente et applique une politique de gestion responsable des finances comportant des lignes directrices explicites et une définition responsable des limites d'emprunt abordables.
Le projet de loi est l'une des approches permettant d'augmenter le pouvoir d'emprunt du GTNO. Le projet de loi atténuerait le caractère arbitraire de la limite fixée en la rattachant aux recettes du gouvernement, ce qui ferait augmenter cette limite. Toutefois, le projet de loi ne définit pas les types d'emprunts à inclure dans la limite. Même si une limite supérieure peut être avantageuse pour le GTNO, elle pourrait nous laisser dans la même situation qu'à l'heure actuelle si elle comprend des éléments de passif éventuel tels que la partie inutilisée des lignes de crédit ou les dettes garanties dont le remboursement n'est pas prélevé sur les recettes publiques.
Le GTNO n'a pas procédé à une analyse rigoureuse du projet de loi. Nous aurions préféré une suppression pure et simple de la limite d'emprunt. À titre de gouvernement responsable, le GTNO continuerait à appliquer des stratégies prudentes de gestion de la dette et à respecter les limites énoncées dans la politique de gestion responsable des finances.
Le GTNO s'est engagé à participer au processus d'examen en cours avec le gouvernement du Canada et les autres territoires. L'examen lèvera l'incertitude liée au traitement des emprunts et des dettes aux fins de la limite d'emprunt. Toutefois, cet examen ne s'étend pas à la question de savoir si la limite d'emprunt est suffisante pour permettre aux territoires d'emprunter pour financer de grands projets de mise en valeur de ressources, des investissements initiaux favorisant la croissance économique et des travaux d'infrastructure nécessaires à la mise en œuvre des programmes gouvernementaux.
Le GTNO aimerait qu'on cesse de se demander quelle limite serait adéquate pour se poser plutôt la question suivante: « Pourquoi un gouvernement responsable doit-il être soumis à une limite imposée de l'extérieur sur le montant qu'il peut emprunter? ». Nous sommes déterminés à appliquer notre politique de gestion responsable des finances, c'est-à-dire à vivre selon nos moyens et à éviter un niveau d'endettement que nous ne pouvons pas nous permettre. Si nous devons être assujettis à une limite d'emprunt législative, une formule reflétant les exigences de cette politique serait préférable à un montant arbitrairement fixé.
Le Canada doit réfléchir à son rôle dans le développement à long terme des TNO. Le montant et la définition de la limite d'emprunt ont une incidence réelle sur notre capacité de faire les investissements d'infrastructure nécessaires à la croissance de l'économie et au relèvement du niveau de vie de nos résidents. Une perspective à long terme permettant au GTNO de faire de grands investissements rentables serait avantageuse pour les deux gouvernements dans les efforts déployés pour assurer un meilleur avenir aux TNO.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais aussi remercier les membres du comité de m'avoir invité à prendre la parole ce matin.
[Français]
Je commencerai par expliquer quelles sont les limites d'emprunt des territoires, les antécédents de notre politique actuelle et le rôle du ministère des Finances dans son administration, puis je parlerai du projet de loi à l'étude aujourd'hui.
En vertu de la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, de la Loi sur le Yukon et de la Loi sur le Nunavut, le Parlement autorise les gouvernements territoriaux à emprunter de l'argent. Ce pouvoir général est assujetti à une condition, à savoir que de tels emprunts doivent être approuvés par le gouverneur en conseil qui les approuve jusqu'à un plafond préapprouvé établi par décret. Ce plafond est ce qui est convenu d'appeler « la limite d'emprunt ».
Pour les Territoires du Nord-Ouest, comme ma collègue le disait, la limite d'emprunt est actuellement fixée à 575 millions de dollars. Les limites d'emprunt du Yukon et du Nunavut sont fixées par décret à 300 millions de dollars et à 200 millions de dollars respectivement.
Un bref historique des limites d'emprunt des territoires illustre comment l'administration des pouvoirs d'emprunt des territoires a évolué. À l'origine, c'est le gouvernement fédéral qui prêtait des fonds aux gouvernements territoriaux pour couvrir leurs besoins de capitaux. Les gouvernements des territoires se sont vu accorder, en 1983, le pouvoir d'emprunter sur les marchés. Le gouvernement fédéral a périodiquement relevé les limites d'emprunt des territoires, à la demande de ceux-ci.
[Traduction]
L'administration des limites d'emprunt des trois territoires relève du ministère des Finances. L'administration de ces limites se fait en fonction de certaines considérations, dont j'examinerai trois.
Premièrement, il y a la capacité des gouvernements territoriaux de supporter le fardeau de la dette. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral apporte une contribution significative à la prestation des programmes et des services dans les territoires. Ainsi, les principaux transferts du Canada représentent 76 p. 100 du budget du GTNO, dont la formule de financement des territoires est la composante majeure. Les limites d'emprunt des territoires sont fixées de manière que le service de la dette n'accapare pas une part indue de ce financement. Le gouvernement fédéral réexamine les limites lorsqu'un gouvernement territorial le lui demande. Il évalue ensuite les perspectives financières et économiques du territoire et ses emprunts courants, en fonction de l'information fournie par le gouvernement territorial lui-même. Un relèvement de la limite est recommandé au gouverneur en conseil lorsque la demande est justifiée par la situation économique.
Deuxièmement, l'administration des limites respecte le fait que les territoires sont responsables de leurs propres décisions. La structure des limites préétablies permet de réaliser un certain équilibre entre l'exigence législative imposant au gouvernement fédéral d'approuver les montants empruntés par les gouvernements territoriaux et la nécessité de respecter le pouvoir des territoires de prendre des décisions en matière d'emprunt, comme l'autorisent leurs lois respectives. Le gouvernement fédéral n'est pas responsable des décisions individuelles prises par les territoires qui respectent leurs limites. Les gouvernements territoriaux ont la responsabilité d'exercer leurs propres pouvoirs.
En dernier lieu, l'administration des limites doit appuyer la planification financière. Les limites d'emprunt des territoires prévues par décret sont fixées jusqu'à ce qu'un territoire en demande le relèvement et que le gouvernement fédéral l'approuve. Cette démarche assure de la prévisibilité aux gouvernements territoriaux en matière de planification financière à long terme.
En mai dernier, comme l'a mentionné Mme Melhorn, le ministre Flaherty a indiqué aux trois territoires que leurs limites d'emprunt feraient l'objet d'un examen général qui allait permettre de confirmer que les pratiques comptables se rapportant aux limites d'emprunt étaient conformes aux pratiques comptables générales. Cet examen ne se fait pas de la même façon que l'évaluation des limites des différents territoires qui ont été réalisées dans le passé à la demande des territoires. Il s'agit plutôt d'un examen intégral du fonctionnement des limites d'emprunt des trois territoires, pour assurer la clarté du traitement de tous les instruments d'emprunt à la disposition des gouvernements. Les territoires sont consultés dans le cadre de cet examen.
Je terminerai par quelques remarques au sujet du projet de loi , qui propose que le pouvoir d'emprunt actuel du GTNO soit fixé à 70 p. 100 des recettes estimatives de l'année suivante. Ainsi, la limite d'emprunt du GTNO passerait de 575 millions de dollars à plus de 950 millions et, au lieu de rester fixe comme elle l'est actuellement, elle pourrait fluctuer d'une année à l'autre.
Ma première observation est que l'introduction proposée d'un élément de variabilité dans la structure empêche de connaître précisément ce que sera la limite dans les années ultérieures. Une limite qui varie ou fluctue d'une année à l'autre pourrait être problématique pour les planificateurs financiers des territoires.
Ma deuxième observation porte sur le fait que le projet de loi autorise le gouvernement territorial à s'adresser au Cabinet fédéral pour demander un relèvement additionnel. Bien que cela puisse être utile lorsque la limite d'emprunt est inférieure à ce qui a été projeté, la disposition pourrait également mettre le Cabinet fédéral dans une situation difficile. En effet, le refus par celui-ci de relever la limite d'emprunt amènerait le GTNO à enfreindre son pouvoir d'emprunter si l'approbation est demandée après la signature d'une entente d'emprunt.
Ce sont toutes les observations que je ferai pour le moment. Je tiens à remercier le comité de m'avoir donné l'occasion de s'adresser à lui aujourd'hui. Je serais maintenant heureux de répondre à toute question que vous auriez à me poser.
Je voudrais également remercier les témoins pour leur présence. Votre apport nous est extrêmement utile.
Pour moi, les résidents du Nord ne sont pas différents des autres Canadiens. Je ne crois pas que le ministère des Finances ou le gouvernement auraient l'audace d'imposer de telles limites au Québec. Je suis sûr que mes collègues du Québec diront la même chose. Je ne crois pas qu'ils seraient heureux si le ministère des Finances imposait une telle limite d'emprunt au Québec. Par conséquent, je ne sais pas pourquoi il est nécessaire de fixer une limite aux résidents du Nord. En fait, pourquoi devez-vous prescrire une limite nettement inférieure à celle que s'imposent le gouvernement fédéral, le ministère des Finances lui-même et certaines provinces? La limite n'est vraiment pas assez élevée.
Mes questions s'adressent au GTNO.
Vous avez présenté un excellent exposé. Je comprends parfaitement ce que vous voulez, mais cela n'a rien à voir avec l'objet de notre débat d'aujourd'hui. Nous allons devoir voter. Aussitôt que les témoins seront partis, nous allons nous prononcer sur le projet de loi. C'est la seule mesure législative dont le Parlement soit saisi pour le moment. Nous avons donc besoin de réponses précises relatives au projet de loi.
Croyez-vous que cette mesure législative nuirait à votre gouvernement si elle était adoptée? Je comprends bien qu'elle ne comporte pas de définitions précises, mais vous participez à des négociations portant sur la définition de ce qui est compris dans la limite d'emprunt. Croyez-vous que votre situation empirerait si le projet de loi était adopté?
Merci d'être ici.
Vous allez comprendre ma position rapidement, madame Melhorn. Tout acte de souveraineté de la part d'un territoire est le bienvenu et, bien évidemment, nous sommes d'accord avec vous sur ce que vous notez et soulignez. Il est clair que nous allons appuyer le projet de loi parce que c'est un acte de souveraineté. Vous comprenez la position du parti que je représente. La cote de crédit Aa1 que Moody's vous accorde est effectivement une très bonne cote.
Je sens qu'il y a ici un peu de flottement. Je sais, monsieur Forbes, que vous ne pouvez pas prendre de position politique au nom du ministre et que vous est engagé dans ces discussions. Toutefois, j'ai une question pour vous. Combien, en millions de dollars, représentent 76 p. 100 du budget du gouvernement des T.N.-O.? Quel montant cela représente-t-il exactement?
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous poser des questions au sujet de ce projet de loi. Je l'ai déposé de bonne foi afin de donner à notre territoire la possibilité de s'affirmer au chapitre de ses capacités financières, de son caractère responsable et de ses plans d'avenir. Bien sûr, tout cela est acquis à tout gouvernement du Canada, et je crois sincèrement que le GTNO est un gouvernement.
Au fil des ans, nous avons dû compter sur le financement fédéral dans le cadre d'un processus semblable à la péréquation pour nous assurer que notre gouvernement peut défendre les intérêts de nos citoyens sur un vaste territoire de plus de 1,4 million de kilomètres carrés ayant des besoins d'infrastructure très considérables et dont les citoyens ont également des besoins auxquels il est très coûteux de répondre. Vous savez cela.
Quand vous parlez de 76 p. 100, cela comprend tout ce qu'a mentionné Mme Melhorn. Est-ce bien cela? Le gouvernement fédéral perçoit les redevances que vous recueillez au nom de la population des Territoires du Nord-Ouest. Vous tirez entre 100 et 150 millions de dollars par an du champ pétrolifère de Normal Wells. Pour ce qui est des mines de diamant, dont vous êtes entièrement responsables, vous fixez le taux des redevances. Vous percevez l'argent. Il s'agit d'une industrie de 2 milliards de dollars.
Vous avez parlé de taux relatifs de redevances et de fiscalité. Est-ce que les 76 p. 100 comprennent aussi les recettes fiscales que vous percevez?
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Si nous avions une attitude paternaliste et qu'un député fédéral intervienne dans le processus d'une manière qui ne correspond pas au but ultime des Territoires... Indépendamment des préoccupations du gouvernement fédéral, il semble y avoir contradiction entre les deux positions. C'est simplement une observation que je voulais faire.
Je suis curieux. Vous avez dit dans votre exposé que vous participez sérieusement au processus d'examen qui est actuellement en cours avec le gouvernement fédéral. Il y a certains problèmes de cohérence dans la comptabilité et des détails à régler en ce qui concerne les autres territoires.
Vous dites que vous n'avez pas procédé à une analyse rigoureuse du projet de loi . D'ici une heure, le comité renverra le projet de loi à la Chambre en prévision d'un vote final qui aura une influence considérable sur le processus dans lequel votre gouvernement est actuellement engagé avec le Canada.
Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous n'avez pas fait une analyse rigoureuse? Dans votre esprit, le projet de loi est-il sans importance? Autrement dit, avez-vous omis de faire une analyse rigoureuse parce que vous vous intéressez davantage aux vrais processus actuellement en cours avec le gouvernement fédéral? Je suis juste curieux.
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Merci beaucoup, monsieur Rickford.
Nous avons permis à M. Bevington de poser quelques questions au premier tour. Toutefois, il joue également le rôle de témoin aujourd'hui. Nous le remercions donc de s'être joint à nous à ce titre.
Membres du comité, si vous le souhaitez, nous pouvons faire un autre tour de sept minutes. Cela vous permettra de poser d'autres questions. Je sais que c'est un peu inhabituel, mais c'est peut-être la dernière journée complète de notre session parlementaire.
Monsieur Bevington, vous pouvez maintenant vous joindre à nous à la table des témoins.
Je donne la parole à M. Bagnell pour la première question.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie aussi, monsieur Bevington, de votre présence aujourd'hui.
Vous avez cité un extrait d'une déclaration du ministre des Finances qui remonte à novembre 2010, d'après ce que vous avez dit.
J'ai quelques observations à formuler à ce sujet. Bien entendu, vous avez comparu devant notre comité le 8 mars 2011. Je voudrais citer ce qu'a dit à ce sujet l'honorable Floyd Roland à l'Assemblée territoriale.
Je cite:
Hier, le député de Western Arctic, qui nous représente au Parlement fédéral, a témoigné devant le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, qui examine le projet de loi C-530... Je pense que ses propos ne reflétaient pas toute l'information que je lui ai transmise... J'ai dit au député que le GTNO attendrait le résultat de l'examen fédéral de la limite d'emprunt territoriale avant de déterminer quelles autres mesures pourraient être nécessaires à cet égard.
M. Ramsay, qui a également pris la parole, a dit:
Je voudrais parler aujourd'hui du projet de loi C-530. Le projet de loi était à l'étude au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord le mardi 8 mars, à Ottawa, en présence de notre député, M. Bevington. En toute franchise, j'ai trouvé que la plus grande partie de ce qu'a dit le député au sujet des consultations avec la population et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest n'avait pas grand-chose à voir avec la réalité.
M. Ramsay a ajouté:
Notre député croit-il vraiment qu'il a consulté notre gouvernement en envoyant une lettre et en choisissant les passages de la réponse qui lui plaisaient? Il dit très clairement qu'à son avis, des consultations ont eu lieu... En fait, ces consultations n'ont pas été menées d'une manière utile... Pour moi, le plus important est de mener à bonne fin l'examen actuellement en cours de la limite d'emprunt des trois territoires... ce n'est vraiment pas l'approche qu'aurait dû adopter notre député... mais, à cet égard, son effort est complètement déplacé. Nous devrions informer le gouvernement fédéral du fait qu'il ne nous a pas consultés et qu'il n'avait pas la bénédiction de tous les députés territoriaux.
Plus tard, il a repris la parole pour dire ce qui suit:
Je voudrais demander au premier ministre territorial s'il est sûr que notre député était bien réveillé lorsqu'il lui a dit qu'un processus d'examen était en cours au sujet de la limite d'emprunt du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Était-il vraiment conscient?
Monsieur Bevington, j'ai quelques autres questions à vous poser. Vous avez dit que vous avez eu certaines consultations avec notre ministre des Finances. Je trouve cela très intéressant parce que je crois que notre ministre des Finances a voté contre votre projet de loi. Je ne sais pas quel a été le résultat de ces consultations que vous dites avoir eues avec lui.
Lors de votre dernière comparution devant le comité, vous avez indiqué que vous aviez reçu une lettre du premier ministre Roland. Je me demande si vous pouvez nous en fournir une copie.
Bien sûr, nous avons obtenu quelques réponses aux questions que vous nous avez données. Nous avons pu les examiner, et nous vous en remercions. Je crois que le comité doit s'assurer que ces réponses sont suffisantes pour ceux qui auront à s'occuper de la mise en œuvre de ce projet de loi, s'il est adopté, et particulièrement pour la vérificatrice générale du Canada. Comme vous le savez, elle est aussi la vérificatrice générale des Territoires du Nord-Ouest. À ce titre, il faudrait que cette proposition soit vraiment transparente pour qu'elle puisse faire son travail à l'avenir.
Je voudrais donc demander, avant que le comité ne se prononce sur le projet de loi, soit que la vérificatrice générale soit invitée à comparaître soit que nous lui transmettions la lettre et le projet de loi en lui demandant de nous faire parvenir ses observations.
Accepteriez-vous cette proposition? Pouvez-vous nous fournir une copie de la lettre du premier ministre territorial? Si non, pourquoi?
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Merci, monsieur le président.
Vous savez, madame Melhorn, je sympathise énormément avec le gouvernement administratif. C'est un gouvernement qui a beaucoup de difficulté, je crois, à prendre des décisions, compte tenu des pouvoirs qui lui sont conférés.
Monsieur Forbes, j'ai envie de vous poser une question qui me chatouille. Elle pourrait s'adresser à Mme Bluck, mais ce faisant, je ferais perdre aux représentants des Territoires du Nord-Ouest le temps qui leur est accordé. Je voulais vous demander où en sont rendues les négociations avec l'harmonisation des taxes au Québec, mais je sais que vous ne répondrez pas.
Une voix: Vous avez bien raison.
Des voix: Ah, ah!
M. Yvon Lévesque: J'ai participé à une tournée au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Bien sûr, le Québec a des revendications de longue date, mais quand je regarde la formation et les pouvoirs des gouvernements des territoires, je trouve que ce n'est pas croyable. C'est comme si un père donnait 20 $ à son fils, le soir, et qu'il lui disait qu'il peut sortir, qu'il a la liberté d'administrer ses 20 $, et s'il trouve des trésors en route, ceux-ci appartiennent au père. Pourquoi créer des territoires si on prétend que ces territoires ne sont pas capables de s'administrer?
Lors de votre venue, je me suis demandé si vous aviez fait une évaluation des richesses que le territoire renferme et si vous aviez fait des projections quant aux revenus possibles du territoire que vous représentez, en utilisant entre autres la formule de péréquation qui existe pour les provinces, et en mettant tout cela ensemble. Je suis certain que vous avez chez vous les capacités administratives pour administrer vos revenus et dépenses et pour prendre les décisions qui s'imposent afin de développer plus rapidement et plus efficacement les ressources du territoire.
Avez-vous des données à ce sujet? Si oui, je serais heureux d'en prendre connaissance.
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Merci, monsieur le président.
En fait, je n'ai pas d'autres questions à poser, mais nous avons deux points à régler.
Tout d'abord, nous aimerions voir la lettre, qui doit être traduite. Ensuite, le député qui est aussi témoin vient de dire qu'il est d'accord pour inviter d'autres témoins. Je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup, mais il a convenu en particulier qu'il serait utile d'inviter la vérificatrice générale du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Par conséquent, je voudrais peut-être proposer une motion disant en substance que nous ne pouvons pas passer aujourd'hui à l'étude article par article parce qu'il reste encore deux mesures à prendre. Il y a aussi un processus à suivre.
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Je crois que la position de chaque parti sur la motion de M. Rickford sera parfaitement claire sous peu. Je pense donc que le président devrait proposer assez rapidement de voter sur la motion parce que la position de chacun est évidente.
Toutefois, si la lettre est jugée importante, nous ne voyons pas d'inconvénients. Comme elle est assez courte, vous pourriez simplement en donner lecture. Les interprètes la traduiront pendant que vous le faites, ce qui nous permettra de savoir ce qu'elle contient.
Par ailleurs, s'il y a d'autres témoins, comme la vérificatrice générale, etc., ils peuvent facilement se présenter devant le comité du Sénat. Je ne pense donc pas qu'il soit nécessaire de retarder notre étude.
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Je pense que M. Bagnell a présenté deux arguments extrêmement pertinents. Comme nous avons de l'interprétation, il n'y a rien qui empêche que la lettre soit lue et consignée au compte rendu. De plus, il n'y a rien qui empêche la vérificatrice générale de donner un avis, si elle le souhaite. Elle peut formuler des observations sur le projet de loi en dehors du comité. Ces observations seraient à la disposition des parlementaires à l'étape de la troisième lecture qui, comme nous le savons, est probablement très lointaine dans les circonstances actuelles. Il n'en reste pas moins qu'elle a la possibilité de le faire.
Je ne sais pas dans quelle mesure la vérificatrice générale peut formuler des observations sur un projet de loi d'une certaine importance avant son entrée en vigueur ou son adoption par l'une ou l'autre des deux chambres du Parlement. Ainsi, à ma connaissance, le gouvernement n'a jamais demandé à la vérificatrice générale d'examiner son budget, ses programmes relatifs aux prisons, ses projets d'achat d'avions de combat ou l'une quelconque de ses politiques financières. Si quelqu'un peut m'indiquer quelles mesures législatives ou quelle politique financière le gouvernement a fait examiner par la vérificatrice générale, je serais très heureux de les voir. Je ne crois cependant pas qu'il existe de tels cas.
À mon avis, la vraie question qui se pose est de savoir si nous voulons procéder à l'étude article par article. La motion propose de reporter cette étude pour des raisons que je trouve à la fois fallacieuses et dénuées de sens. Je propose donc de voter sur la motion.
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Eh bien, vous pouvez... J'ai encore des noms sur ma liste, mais si vous voulez passer... Je crois que nous pouvons régler cette affaire assez rapidement. Je pose donc la question au comité. D'autres membres ont demandé la parole.
Une voix: Passons au vote.
Le président: D'accord. Les membres souhaitent-ils passer au vote?
Voulez-vous lire la motion encore une fois?
Une voix: Non.
Le président: D'accord.
Tous ceux qui sont en faveur de la motion? Je compte cinq. Tous ceux qui sont contre? Je compte six.
(La motion est rejetée.)
Le président: Certains membres ont proposé de donner lecture de la lettre pour la consigner au compte rendu. Le comité souhaite-t-il le faire maintenant?
Une voix: Certainement.
Le président: Certainement? La lettre a trois paragraphes.
Monsieur Payne.
:
Très bien. Il n'y a aucune raison.
Mme Margaret Melhorn: ... pour ou contre.
Mme Jean Crowder: Cela en soi est révélateur. M. Bevington a mentionné à plusieurs reprises l'attitude colonialiste persistante, qui semble enracinée dans les relations fédérales-territoriales.
Je ne vous demande pas de commentaires à ce sujet. Je ne tiens pas du tout à vous embarrasser.
Pour ce qui est du transfert de responsabilités, est-ce que l'entente a fait l'objet de consultations complètes? Les gens parlent de consultations. Y a-t-il eu, par exemple, des consultations avec d'autres ministères fédéraux, comme les Affaires indiennes et du Nord? Comment a-t-on consulté la population des Territoires du Nord-Ouest au sujet de l'accord de principe sur le transfert de responsabilités?
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Oui, il y a des fluctuations annuelles.
Je suis cependant surprise que nous n'ayons pas pu obtenir ces chiffres aujourd'hui, car il me semble qu'ils sont importants. Nous demanderons peut-être à M. Forbes de nous transmettre des renseignements au sujet de ces flux nets d'entrée et de sortie. Je crois que c'est un élément important pour nous.
Me reste-t-il encore du temps, monsieur le président?
Le président: Il vous reste une minute.
Mme Jean Crowder: Monsieur Bevington, au sujet des consultations et, d'une façon générale, de votre projet de loi, j'ai l'impression que certains essaient d'établir que vous n'avez pas parlé aux personnes compétentes. Pourtant, d'après les lettres que nous avons reçues du premier ministre territorial et d'autres, je sais qu'on vous a encouragé à aller de l'avant.
Êtes-vous persuadé d'avoir fait ce qu'il faut pour favoriser l'adoption du projet de loi et consulter la population des Territoires du Nord-Ouest?
Je n'ai pas d'autres noms sur la liste, à moins que d'autres membres ne souhaitent poser des questions.
Avant d'aborder le point suivant de l'ordre du jour, je voudrais revenir à une question de procédure sur laquelle je suis peut-être passé un peu trop rapidement. Lors de l'examen de la motion de M. Rickford, un membre du comité a proposé de passer directement au vote. Ordinairement, nous ne sommes pas censés le faire avant d'épuiser la liste des membres qui souhaitent poser des questions. Mme Crowder était la suivante sur la liste, mais elle a indiqué qu'elle cédait sa place. Toutefois, les noms de deux membres du gouvernement restaient encore sur la liste. Je voudrais leur présenter mes excuses parce que nous sommes passés rapidement au vote, sans que je leur demande s'ils souhaitaient aussi céder leur place. Ce faisant, j'ai commis une erreur. Je m'en excuse.
Nous allons maintenant passer à l'étude article par article. M. Wayne Cole, de la Direction des services législatifs, est ici pour nous aider.
Je dois dire qu'il s'agit d'un projet de loi très technique.
Nous sommes encore en séance publique. Les témoins peuvent rester, s'ils le souhaitent. S'ils doivent partir, je voudrais d'abord les remercier de leur participation. La discussion ne devrait pas durer trop longtemps.
Nous sommes heureux de votre présence parmi nous et nous vous sommes reconnaissants de votre aide, qui nous permet de mieux comprendre les enjeux relatifs au projet de loi .
Merci, monsieur Bagnell.
Le projet de loi étant très court, nous allons passer à l'article 1.
Des voix: Oui.
Une voix: Avec dissidence.
Le président: J'ai entendu « oui » et « avec dissidence ». Cela étant, à moins de consentement unanime, nous devrions procéder soit à un vote à main levée soit à un vote inscrit. « Avec dissidence » est assez courant à la Chambre. Avec le consentement du comité, nous en ferons abstraction.
(Les articles 1 et 2 sont adoptés.)
Le président: Le titre est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: Le projet de loi est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: La présidence doit-elle faire rapport du projet de loi à la Chambre?
Des voix: D'accord.
Le président: Nous allons procéder en conséquence.
Membres du comité, c'était le dernier point de notre ordre du jour.
Avant de lever la séance, je voudrais profiter de cette occasion pour remercier chacun d'entre vous de sa participation au cours des derniers mois. Nous savons tous que, dans un jour ou deux, les événements nous amèneront à mener une campagne différente dans les prochaines semaines. Je voudrais donc saisir l'occasion pour vous remercier de vos interventions et de vos exposés réfléchis sur les questions que nous avons étudiées.
Je voudrais également prendre le temps de remercier tous ceux qui appuient notre comité, et particulièrement notre greffière, Julie Pelletier, et nos analystes de la Bibliothèque du Parlement, James Gauthier, Daniel Lucier et Shauna Troniak, qui nous ont rendu d'excellents services.
Je tiens en outre à remercier l'équipe qui s'occupe de nos réunions.
[Français]
Je remercie tous les interprètes, les messagers, de même que l'ensemble du personnel qui a contribué à la tenue de nos rencontres.
[Traduction]
Nous avons eu un service extraordinaire. Nous n'aurions pas pu faire notre travail sans l'appui qu'ils nous ont prodigué sans cesse. Je vous présente tous mes vœux.
[Français]
Je vous souhaite une bonne campagne au cours des semaines à venir.
[Traduction]
Monsieur Bagnell.