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Je souhaite la bienvenue aux députés ainsi qu'à nos témoins et invités. Il s'agit de la 36
e séance du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous procédons à l'étude de Nutrition Nord Canada.
[Traduction]
Nous accueillons cet après-midi quatre témoins.
Je tiens également à informer les députés qu’il s’agit de la dernière séance consacrée aux témoignages sur la question à l’étude. Nous aurons droit à quatre exposés aujourd’hui.
Je suis sûr que certains d’entre vous se sont déjà prêtés à cet exercice à titre de témoins ou, à tout le moins, à titre de membres de l’auditoire. Pour ceux d’entre vous qui ne l’ont jamais fait, sachez que nous entendons d’habitude les déclarations des témoins à tour de rôle, puis nous passons à la période des questions et des réponses.
Les députés ont plusieurs questions à vous poser, j’en suis sûr. C’est la partie la plus intéressante de notre séance. Je ne devrais pas dire une chose pareille parce que, bien entendu, vos déclarations sont très intéressantes, et nous avons hâte de les entendre cet après-midi. Comme je l’ai dit, il s'agit de la dernière série de témoignages. Après quoi, nous passerons à l'étude d'un projet de rapport.
Je pense que nous allons suivre l’ordre du jour que nous avons sous les yeux.
Sur ce, nous accueillons M. Ben Ryan, qui représente l’organisation Air North, dont nous avons entendu parler durant les témoignages précédents.
Monsieur Ryan, vous pouvez commencer votre déclaration. Vous disposez d'environ cinq minutes. Il y a quatre témoins aujourd'hui. Nous vous accorderons un peu de temps supplémentaire, mais rien de plus que 10 minutes, à cause du nombre de témoins cet après-midi.
Allez-y, monsieur Ryan.
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Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. Je suis ici pour le compte de mon père, Joseph Sparling, président d’Air North. J'ai remis un rapport qu’il a rédigé. Vous le recevrez dans les deux langues dès que la traduction sera prête.
Essentiellement, le rapport vise trois objectifs: définir le problème tel que nous le concevons; énoncer notre position; et vous fournir certains renseignements généraux sur le marché qui s'étend d'Old Crow à Whitehorse et qui bénéficie actuellement des subventions dans le cadre du programme Aliments-poste.
Le problème tel que nous le concevons, c'est que la Première nation des Vuntut Gwitchin dans la région d'Old Crow préférerait que les subventions soient versées au niveau du transport plutôt qu'au niveau de la vente au détail.
La collectivité d’Old Crow a des réserves quant aux subventions destinées à la vente au détail, et ce, pour deux raisons. Tout d'abord, Old Crow se trouve tout près d’un marché concurrentiel, Whitehorse, où il y a plusieurs épiceries, y compris des magasins d'alimentation spécialisée et de produits biologiques. Il y a une foule d’options alimentaires à des prix concurrentiels.
Au fond, la collectivité d'Old Crow craint surtout que les subventions accordées aux épiceries risquent de limiter la variété de choix concurrentiels qui existent dans la région parce que, selon toute vraisemblance, ce ne sont pas tous les détaillants à Whitehorse qui voudraient adopter et administrer le programme de subventions. Voilà pourquoi un modèle dans lequel le programme serait administré sur le plan du transport permettrait aux consommateurs d'accéder à n'importe quelle épicerie à Whitehorse.
On trouve un argument très convaincant du point de vue des coûts. Dans le rapport de mon père, il est indiqué qu'on peut mettre de la nourriture sur la table des consommateurs d’Old Crow à une plus-value de 13 p. 100 par rapport à ce qu’il en coûte à Whitehorse; le prix est donc très concurrentiel. Nous sommes en mesure de maximiser les économies d'échelle afin de faire baisser les prix. L'autre facteur pratique, c'est que nous offrons des vols à Old Crow cinq jours par semaine durant la saison de pointe. Il est donc possible de placer une commande et de recevoir les produits dans un délai de un à deux jours, et ce, à un prix très concurrentiel.
Bref, la Première nation Vuntut Gwitchin a exprimé deux préoccupations: un nombre limité d'options, si les subventions sont destinées à la vente au détail, et des prix qui risquent d’en pâtir.
En ce qui concerne notre position sur cette question, nous n'avons essentiellement rien contre la proposition de la Première nation Vuntut Gwitchin, à savoir que les subventions soient versées au niveau du transport. Toutefois, si vous regardez le rapport, et particulièrement les données sur notre état des résultats de 2009, vous verrez que nous enregistrons une légère perte nette dans le segment d'Old Crow.
Voilà pourquoi nous voulons indiquer très clairement qu'il ne s'agit pas vraiment d'une occasion pour nous de faire des profits, mais plutôt d'appuyer la Première nation Vuntut Gwitchin, qui occupe une grande place au sein de notre organisation. Nous faisons des affaires depuis 30 ans avec les collectivités locales dans le Grand Nord; alors, c'est très important pour nous de leur offrir un soutien et d’essayer d'atténuer leurs préoccupations dans la mesure du possible, pour autant que nous ne soyons pas en désaccord fondamental avec leurs objectifs. Bref, nous sommes d'accord avec la Première Vuntut Gwitchin et nous sommes disposés à donner suite à leur demande.
Par ailleurs, nous estimons être bien placés pour administrer le programme Aliments-poste. Je travaille dans le domaine du transport de fret à Whitehorse depuis probablement sept ou huit ans, alors je connais très bien la façon dont le programme fonctionne. Si nous devions commencer à administrer le programme, il n'y aurait pas grand-chose qui changerait, mis à part certains facteurs comptables.
En fait, nous avons toujours été le point de contact entre la collectivité et le programme Aliments-poste. Si vous êtes à Old Crow et que vous avez des questions ou des préoccupations concernant le service d'approvisionnement alimentaire par la poste, il y a de fortes chances que vous m’appeliez au bureau du fret aérien. Vous viendriez livrer votre fret à notre bureau. C'est pourquoi nous avons une connaissance approfondie, d'abord, du système actuel d'approvisionnement alimentaire par la poste et, ensuite, des clients, c'est-à-dire des personnes dans la collectivité d'Old Crow. Je crois que c'est l'un des avantages convaincants qui nous permettrait d'administrer le programme avec grande efficacité.
De plus, j’aimerais faire valoir que nous travaillons avec le client aux deux extrémités du processus: l'expédition et la réception du fret. Alors, si nous devions remplir le rôle d’administrateurs, nous pourrions fournir une rétroaction très solide aux gens qui surveillent le programme.
L'autre question que je tiens à souligner, c'est la surveillance. L'administration du programme à partir d'un seul point, en l'occurrence Air North, faciliterait, selon nous, la surveillance du point de vue administratif.
Le reste du rapport vise simplement à vous fournir des renseignements généraux pour expliquer pourquoi nous jugeons que notre structure de coûts est concurrentielle et pourquoi nous estimons pouvoir maintenir des prix concurrentiels pour la collectivité d'Old Crow. Somme toute, les prix ne bondiraient pas si nous devions administrer le programme.
Voilà les points saillants de notre rapport. J’aurai probablement l'occasion de contribuer davantage durant la période des questions et des réponses.
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Merci beaucoup, monsieur Ryan.
Comme M. Ryan l'a indiqué, il vient de remettre un rapport détaillé, mais dans une seule langue. Alors, nous allons nous occuper de la transcription et de la traduction, puis nous vous ferons parvenir le tout dans les prochains jours.
Nous invitons maintenant M. James Ballingall à prendre la parole. M. Ballingall est ici pour représenter Cargojet Canada Limited, à titre de vice-président du développement économique dans la division du transport du fret aérien.
Allez-y, monsieur Ballingall.
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que les membres du comité et les autres invités ici présents. Nous vous sommes reconnaissants de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de présenter nos points de vue et de formuler des commentaires sur le nouveau programme Nutrition Nord Canada, particulièrement en ce qui concerne le coût du transport du fret aérien.
Permettez-moi d'abord de fournir un bref historique et une description de Cargojet, histoire de mettre en contexte notre capacité de fournir des commentaires et avis sur cette question.
Cargojet est une société ouverte canadienne cotée à la Bourse de Toronto. Pris ensemble, les membres de notre haute direction et nos cadres supérieurs possèdent plus de 500 ans d'expérience dans le domaine du transport aérien de fret. Nous sommes le transporteur aérien de fret du Canada. Nous avons remporté de nombreux prix de l'industrie; entre autres, nous figurons dans le palmarès des 50 sociétés les mieux gérées du Canada. Nous sommes le seul transporteur aérien de fret canadien qui est un membre à part entière de l'Association internationale du transport aérien, l'IATA, et nous avons récemment obtenu notre accréditation de la qualité ISO 9001 pour la neuvième année consécutive.
Nous fournissons des services de fret aérien au Canada, et nous sommes le seul transporteur aérien de fret qui assure un réseau national à horaires fixes pendant la nuit et qui fournit des services de fret aérien à de multiples clients. De façon générale, d'autres transporteurs de fret exploitent des aéronefs en réseaux pour le compte d'un seul client de fret aérien.
Nous exploitons notre réseau de fret aérien à l'aide d'une flotte moderne d'avions-cargos B727, B757 et B767 pour le compte de grands services de messagerie, de transitaires et de différents fabricants. Nous transportons plus de 750 000 livres de fret aérien à délai de livraison critique chaque nuit de travail, notamment des denrées alimentaires périssables et des produits pharmaceutiques à température contrôlée parmi une vaste gamme d'autres produits. Et nous faisons preuve d’un niveau élevé de fiabilité, comme en témoignent notre taux de ponctualité de 98 p. 100 et la quasi-absence de réclamation pour pertes ou dommages.
Nous sommes des experts en transport aérien de fret, qui demeurera un facteur vital et le plus grand élément coût du nouveau programme Nutrition Nord Canada. Cargojet appuie l'idée d’éliminer le concept désuet et coûteux de point d'entrée unique, qui fait partie du programme actuel Aliments-poste. Le processus gagnera ainsi en efficacité puisque le rôle d’intermédiaire sera éliminé et les délais de livraison des produits — des producteurs aux tablettes des magasins — seront réduits. Au bout du compte, il y aura une réduction du coût d’ensemble pour les consommateurs dans le Nord.
Il faut reconnaître que la majorité des produits alimentaires nutritifs qui composent le nouveau programme sont cultivés, approvisionnés ou achetés dans les régions du sud du Canada. Le transport aérien de ces produits directement vers le Nord, dans la mesure du possible, réduira les coûts de transport de manière considérable.
Beaucoup de transporteurs aériens de fret basés dans le sud, y compris Cargojet, ont la capacité et la flotte d’aéronefs nécessaires pour assurer des services de fret aérien entre les régions du sud du Canada et les principales destinations du Nord, à savoir Iqaluit et Rankin Inlet. Au moins deux transporteurs aériens du Nord exercent suffisamment de concurrence et, selon toute vraisemblance, des prix concurrentiels, puisque ces transporteurs desservent environ 98 p. 100 de ces petites collectivités.
L’utilisation de la flotte d’aéronefs, dont le coût de propriété fixe est payé grâce aux services de fret aérien de nuit pour assurer un transport aérien des marchandises durant le jour des régions du sud vers le Grand Nord, permettra de réaliser d'importantes économies dans le cadre du programme Nutrition Nord Canada. En supprimant le composant de coût fixe, tout transporteur aérien de fret réduit le coût de transport d'environ 25 à 30 p. 100. Il s'agit d'une importante réduction de coûts, si on tient compte du fait que le coût moyen du fret aérien est d'environ 4 $ à 5 $ par kilo.
Ces économies de coûts pourront être transmises directement aux consommateurs par l'entremise des détaillants du Nord, ce qui aidera le gouvernement à réduire le coût d’ensemble des subventions du programme Nutrition Nord Canada. De plus, ce modèle contribuera à la réduction du coût de transport pour les autres produits non subventionnés — mais essentiels — pour les gens du Nord.
En résumé, monsieur le président, nous croyons que ce modèle peut procurer, en bout de ligne, trois avantages fondamentaux au programme Nutrition Nord Canada.
Le premier, c'est de fournir le coût le plus bas de transport aérien de fret à tous les détaillants. Ce modèle présente de nouveaux éléments de concurrence et de croissance qui permettront au programme d'être un modèle plus concurrentiel puisque les détaillants et les fournisseurs pourront accéder au plus bas coût de transport aérien.
Le deuxième avantage, c'est d'améliorer la fiabilité et de fournir des produits plus frais aux habitants du Nord. Nous nous réjouissons de l’objectif fondamental du MAINC, soit celui de rationaliser la chaîne d'approvisionnement et d'améliorer la disponibilité d’aliments plus nutritifs et plus frais pour les habitants du Nord. L’approvisionnement en produits à partir de diverses régions du sud, grâce au bon type d’aéronefs choisis en fonction de la demande, fera baisser les coûts et améliorera le délai de livraison et la fraîcheur des aliments pour les consommateurs du Nord.
Le troisième avantage, c'est de réduire, en bout de ligne, les subventions nécessaires ou d'assurer les ressources nécessaires pour d'autres produits à coût moindre. En ouvrant le volet transport du programme Nutrition Nord Canada à une plus grande concurrence, nous avons une occasion en or de réduire considérablement le prix des aliments et d'autres produits essentiels pour les habitants du Nord.
En conclusion, Cargojet estime que les modifications apportées à l'ancien programme Aliments-poste permettra aux forces du marché de déterminer les options de transport aérien de fret au meilleur coût possible. Les détaillants bien avertis et d'autres expéditeurs profiteront de ces occasions de réduction des coûts pour augmenter leur part de marché et améliorer la fiabilité et la fraîcheur des produits pour leurs clients dans le Nord.
Les gens du Nord en sortiront gagnants parce qu'ils auront droit à des produits alimentaires moins chers, plus facilement accessibles et de meilleure qualité; le gouvernement et les contribuables du Canada en sortiront gagnants, eux aussi, grâce à la réduction éventuelle du niveau des subventions dans l'avenir.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions.
Voici un survol rapide de notre présentation. Nous vous enverrons le document complet plus tard.
Je vais tout d'abord vous présenter le contexte de la Première nation Fond du Lac, en vous décrivant brièvement notre collectivité et notre histoire. Fond du Lac est situé sur la rive nord du lac Athabasca, au sud du 60e parallèle. C'est l'une des rares collectivités du Nord de la Saskatchewan encore accessibles par avion.
En hiver, nous devons emprunter une route d'hiver pour accéder à la route saisonnière. En moyenne, il faut compter 13 heures de voiture pour se rendre aux centres les plus près, comme Prince Albert, en Saskatchewan. Notre collectivité fait partie de la circonscription de M. .
Je vais vous fournir d'autres renseignements généraux. En 2009, nous avions aussi présenté des notes d'information à propos d'une politique du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien adoptée en 1989 qui portait sur la Saskatchewan. Des conseils tribaux qui travaillaient à la poursuite du développement de leur capacité se sont regroupés; à la même époque, les Affaires indiennes et du Nord Canada mettaient en place un coefficient de pondération composite dans le Nord, une politique établissant les transferts de fonds qui a eu des répercussions négatives sur Fond du Lac.
À l'origine, la route asphaltée passait par La Loche, puis la route saisonnière se poursuivait jusqu'à la rive sud du lac Athabasca, et devait un jour se rendre jusqu'à la partie étroite du lac en face de Fond du Lac. En fin de compte, la route saisonnière a changé de place; elle traverse maintenant Points North et la Première nation de Black Lake, à l'Est de la province.
Depuis, nous avons déposé des demandes visant à modifier le coefficient, mais pour une raison qui n'est pas claire, il est immuable. Pour l'une ou l'autre raison, le fait que nous soyons une collectivité isolée n'est pas tenue en compte. Il arrive que nous recevions des sommes complémentaires pour le transport si des projets sont réalisés dans nos collectivités, ou pour d'autres motifs.
C'est une partie du contexte et des renseignements qui apparaissent dans le rapport.
La route d'origine a été déviée à partir de la rive nord du lac La Ronge jusqu'à la Première nation de Black Lake, mais la politique n'a pas changé. À ce jour, on nous considère comme une collectivité non isolée. Il est important d'en prendre note, car dans le cadre du nouveau programme Nutrition Nord Canada, nous n'avons droit qu'à une subvention à valeur nominale, alors que notre situation est comparable à celle de collectivités comme la Première nation du lac Gods et le Lac Brochet, au Manitoba, qui ont droit à la subvention complète. Essentiellement, nous prions instamment le comité d'examiner la question et de réviser notre situation pour que nous aussi ayons droit à la subvention complète.
J'inclurai dans le rapport final une autre étude en cours. Le groupe consultatif de Winnipeg sur la recherche autochtone et sur l'environnement a examiné la situation de plusieurs collectivités isolées du Canada; il s'est avéré que le lac Gods et Fond du Lac sont comparables en ce qui a trait à leurs besoins, leurs désirs, leur façon de voir les choses, leurs objectifs et leur mission à l'égard des jeunes et des collectivités. Je vous fournirai aussi les résultats de notre travail à cet égard.
Des facteurs socio-économiques empêchent bien des membres de notre collectivité d'accéder à de tels programmes de subventions. J'ai lu les présentations d'autres témoins qui vous ont dit la même chose, c'est-à-dire que des familles à faible revenu ont de la difficulté à adhérer à d'autres programmes appliqués par Postes Canada, etc. Je ne veux pas entrer dans les détails. D'autres témoins vous ont déjà présenté tout cela.
L'inconvénient, c'est que les habitants paient leurs denrées alimentaires très cher. L'été, nous sommes obligés de nous rendre en voiture plus au sud, par les routes saisonnières ou par d'autres moyens, pour acheter nos denrées alimentaires; cela permet de réduire le coût de l'épicerie et d'avoir de l'argent pour autre chose. Les magasins locaux Northern sont les seuls à vendre des denrées alimentaires dans la collectivité, et leurs prix sont élevés. Comme d'autres témoins vous l'ont dit, ils ne vendent que des boissons gazeuses, des sucreries, des motoneiges et d'autres denrées alimentaires non essentielles. Nous n'avons pas accès aux mêmes aliments nutritifs que les Canadiens qui vivent plus au sud.
L'été, nous utilisons aussi le transport par voie navigable. Une entreprise locale dessert les collectivités isolées du lac Athabasca. Cela permet de réduire le coût de l'essence, du pétrole, des matériaux de construction et d'autres produits qui ne sont habituellement pas acheminés à la collectivité par la route saisonnière estivale.
J'aimerais maintenant vous parler de la santé et de ses répercussions sur nos collectivités. Dernièrement, nous avons créé l'autorité sanitaire Athabasca Health Authority, une entente régionale selon laquelle les Premières nations, soit la municipalité de Stony Rapids, et Affaires indiennes et du Nord Canada, par l'intermédiaire de Santé Canada et d'autres partenaires, assurent des services de santé dans le secteur nord du lac Athabasca.
L'autorité sanitaire dessert les environs, soit Uranium City, Camsell, Fond du Lac, Black Lake et Stony Rapids. La Première nation de Hatchet Lake située à proximité, quant à elle, est desservie par l'autorité sanitaire de La Ronge.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, nous vous remercions de l'occasion que vous nous offrez de vous faire part de notre point de vue.
Comme vous venez de le dire, monsieur, je suis représentant d'un comité de participants qui inclut des grossistes, des transporteurs, des manutentionnaires ainsi que l'aéroport de notre région. Je suis accompagné de M. Frappier, le directeur général de Valpiro, une entreprise de manutention qui, depuis plus 30 ans, se spécialise dans la préparation du cargo vers les régions du Nord. Cette entreprise appartient entièrement aux Cris de la Baie-James.
Près des trois quarts du volume total canadien du programme Aliments-poste est vérifié à partir de Val-d'Or, où se situe la piste de 10 000 pieds la plus rapprochée du Nunavut. La position stratégique de Val-d'Or permet également d'effectuer le camionnage entre Val-d'Or et l'aéroport La Grande Rivière, qui est au bout du chemin, atteignable d'un seul trait, et ce, en respectant les contraintes réglementaires.
Nous sommes convaincus que l'abandon de Val-d'Or comme point d'entrée ainsi que l'abandon des horaires de livraison sont des menaces non seulement au maintien de l'équité du traitement entre les détaillants, mais également au succès du modèle envisagé.
Parlons d'abord des points d'entrée. Il y a présentement 19 points d'entrée dans le système. Dix-huit de ces points manipulent 25 p. 100 du cargo expédié par le programme Aliments-poste, et un point d'entrée, Val-d'Or, reçoit et expédie 75 p. 100 du total du programme. Nous croyons que cette situation découle logiquement de la géographie.
La situation dans l'Ouest du Canada n'est pas la même que dans l'Est du Canada, mais on tente tout de même d'appliquer la même solution de façon uniforme. L'argument qui veut ramener vers les grands centres plus au sud les points de départ des marchandises ne fera qu'accentuer l'augmentation des coûts, puisqu'il est bien connu et documenté que le transport de marchandise par voie terrestre est de 5 à 10 fois plus économique que par la voie des airs.
La compagnie aérienne à qui a été octroyé le contrat exclusif de l'acheminement des denrées n'a aucun avion basé à Val-d'Or, alors qu'elle en a à Yellowknife et à La Grande Rivière. Les frais de navette encourus par cette compagnie d'aviation ne devraient donc pas être pris en compte dans l'argument des coûts.
Nous croyons que le modèle d'opération que nous avons développé dans un petit aéroport de Val-d'Or ne pourrait probablement pas être reproduit dans les grands centres pour plusieurs raisons. D'abord, nous livrons la marchandise dans l'avion directement de l'entrepôt réfrigéré. Ensuite, la préparation du chargement s'effectue directement dans le réfrigérateur. De plus, les livraisons des fournisseurs ne sont pas sujettes à des délais tels que ceux causés par la congestion routière et aérienne. Ces infrastructures et les pratiques à Val-d'Or permettent de préserver la chaîne de fraîcheur et de froid. Cette chaîne est souvent brisée à destination.
L'autre point que nous voulons soulever est la question des horaires de dépôt. En abandonnant le régime actuel, on perd l'avantage d'une harmonisation équitable dans les délais et les coûts de transport, particulièrement dans les villages autres que les premiers points de destination. Cette équité se retrouve dans la fraîcheur et dans les coûts, mais aussi dans la fréquence des vols disponibles pour les passagers. Les petits détaillants et les consommateurs sont ainsi traités de façon équitable.
Les lois du marché nous permettent de croire que les détaillants ayant le plus important volume auront le premier choix des jours de livraison. On ne parle pas que des coûts. Nous sommes d'avis qu'une solution unique aux différents problèmes de ce programme dans les différentes parties du pays ne sont pas de nature à atteindre les objectifs poursuivis par ce programme.
La base de ce programme développé sur plusieurs décennies demeure, pour les régions desservies à partir de Val-d'Or, une façon efficace et équitable de servir les consommateurs tout en favorisant une saine concurrence, notamment entre les transporteurs.
Nous maintenons l'approche que nous avons suggérée en solution de rechange au statu quo, soit la mise sur pied d'un organisme qui aurait pour mission de gérer le programme et d'accréditer les différents fournisseurs en les rendant contractuellement responsables.
Nous croyons que les objectifs du ministère peuvent être intégrés à la structure du présent programme, et nous suggérons que les avantages de fonctionnement du programme présentement en opération soient considérés avant de mettre en place des solutions de rechange dont l'efficacité est théorique.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence. Vous nous présentez un point de vue largement différent, et nous vous remercions.
Nous savons que, comme il est proposé, le programme Nutrition Nord sera entièrement géré par des détaillants et des fournisseurs, et que ceux-ci prendront des décisions à leur avantage. Vous nous avez parlé des répercussions possibles qui vous inquiètent.
Dans quelle mesure croyez-vous que le changement permettra à une entreprise de réduire ses tarifs d'expédition auprès des détaillants? Certains m'on dit, autour de cette table et en privé, s'inquiéter de ce que les détaillants gardent pour eux les économies réalisées sans en faire bénéficier les consommateurs, ce qui leur permettrait d'augmenter leur marge bénéficiaire; il faut s'assurer que ce ne sera pas le cas.
J'aimerais savoir si les représentants des transporteurs aériens ont quelque chose à dire à ce sujet.
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Je répondrai en français.
Vous demandez si les consommateurs vont recevoir la subvention. Je dois dire à cet égard que j'en doute énormément. Je crois que cela permettra aux plus importants détaillants de négocier de meilleurs taux avec les compagnies aériennes. Surtout, ils pourront avoir l'exclusivité des journées où ils expédieront leurs marchandises.
Les plus petits détaillants, quant à eux, auront des marchandises de moins bonne qualité. Ils expédieront la marchandise au début de la semaine, et les denrées alimentaires seront moins fraîches que celles des plus gros détaillants. À la longue, cela fera mourir les plus petits détaillants parce qu'ils auront des coûts de transport plus élevés que ceux des gros détaillants. De plus, la fraîcheur des produits sera moindre.
À moyen et à long terme, je crois que les gros détaillants augmenteront leurs prix à la consommation, ce qui fait que ce ne seront que les gros détaillants qui en profiteront et non pas les consommateurs. C'est ma prédiction, madame.
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J'ai aussi une remarque à faire.
En ce qui concerne le Yukon, en fait, nous sommes d'avis qu'on aura davantage une situation où les petits détaillants pourront prendre leur place. Nous avons l'impression que certains grands détaillants du Yukon se désintéressent peut-être un peu du programme Aliments-poste.
Quoi qu'il en soit, vous avez exprimé des craintes à l'égard du fait que les détaillants pourraient ne pas refiler directement aux consommateurs les économies réalisées grâce aux subventions. C'est aussi l'une des préoccupations soulevées par les membres de la Première nation des Vuntut Gwitchin de la région d'Old Crow, qui notent que, de leur point de vue, la majoration facturée pour les provisions qui leur parviennent par le circuit de vente au détail est bien plus élevée que dans le cas des provisions qui arrivent dans notre avion au moyen du programme d'approvisionnement alimentaire par la poste. Je crois que cela a beaucoup à voir avec notre structure de coûts.
Nous croyons que l'un des avantages du maintien des subventions au niveau du transport, en ce qui nous concerne, c'est que nous sommes un organisme transparent et que les consommateurs d'Old Crow peuvent voir à quoi les coûts sont liés. J'entends par là que si nous augmentions les prix, il serait très facile pour eux de s'en rendre compte, car les denrées sont achetées directement à Whitehorse à des prix vérifiables, et nos frais sont publics. Nous entretenons une relation étroite avec la communauté d'Old Crow, de sorte que les membres de la communauté ont un poids énorme pour faire entendre leurs opinions. Mon père assiste aux assemblées municipales d'Old Crow, alors il serait très difficile pour nous de camoufler un tel scénario.
Donc, en ce qui nous concerne, nous croyons pouvoir offrir de meilleurs prix et une certaine transparence. C'est ultimement ce que recherchent les communautés, car il est très difficile, pour les habitants d'Old Crow, de comprendre comment les provisions qui partent de Winnipeg se rendent jusque chez eux et à quoi les coûts sont attribuables. C'est l'un des points que nous souhaitons faire valoir.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Oui, nous sommes la seule compagnie. Old Crow est une communauté isolée de 400 habitants, alors nous sommes le seul transporteur aérien, et nous ne prévoyons pas vraiment que le marché sera suffisamment grand pour un autre transporteur.
Cependant, la Première nation Vuntut Gwitchin est un actionnaire important de notre entreprise, à hauteur de 48 p. 100, et nous servons le marché d'Old Crow depuis plus de 30 ans. Comme je l'ai dit, nous sommes le seul transporteur là-bas, mais notre relation avec cette communauté est de telle nature que nous sommes loin de ce qu'on pourrait considérer comme un monopole traditionnel.
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Il m'est difficile de vous dire s'il va être moins coûteux, mais je sais par contre que la population du Nord va malheureusement être perdante à trois égards. Si vous le permettez, je vais vous expliquer comment. Les aliments périssables vont subir une perte de qualité et de fraîcheur car le transporteur aérien n'aura plus l'obligation de posséder des lieux d'entreposage. De plus, les produits ne feront plus l'objet d'une vérification de la qualité dans le cadre du nouveau programme.
Comme je l'ai expliqué plus tôt, le pouvoir de négociation des gros détaillants va permettre à ceux-ci de négocier de meilleurs taux pour le transport, mais surtout l'exclusivité pour l'expédition de leur marchandise pendant les meilleures journées de la semaine. À mon avis, il est inévitable qu'à court ou moyen terme, plusieurs petits détaillants soient dans l'obligation de fermer leurs portes. Je prévois qu'il y aura par la suite une escalade des prix à la consommation.
Enfin, selon mon expérience, je dirais qu'il va y avoir une diminution du nombre de vols et que ça pourrait avoir des répercussions dramatiques sur certaines communautés. Même si ça peut paraître un peu illogique, je crois que le nombre de vols pour passagers va diminuer. Je m'explique. L'ajout de compagnies aériennes offrant des services d'expédition de marchandise pourrait faire en sorte que le nombre de vols de type « combi », c'est-à-dire qui combinent le transport de passagers et de marchandises, soit réduit. Supposons qu'un compétiteur fournisse chaque semaine un plein chargement de marchandises destinées à certaines communautés. Pour la compagnie aérienne qui détient actuellement le contrat, cette livraison est un revenu minimum garanti. Dans le cas où il n'y aurait plus de marchandises à transporter, mais seulement quelques passagers, il se pourrait que...
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Je vais commencer, et Darryl pourra m'aider.
Je sais qu'il existe depuis très longtemps un programme alimentaire subventionné, mais nous n'avons jamais remarqué aucune différence. Si on examine la question du point de vue des prix, je sais que le programme a été subventionné, mais je suis d'accord avec monsieur, ici. Ce qu'il a dit était juste: seules certaines personnes, comme les détaillants ou les transporteurs aériens, en bénéficient.
Nous sommes censés avoir de la nourriture nutritive subventionnée, mais en ce moment, à Fond du Lac, au milieu du pays, nous payons 19 $ pour quatre litres de lait. C'est un prix grotesque, si l'on considère que ce produit fait l'objet d'une subvention; par conséquent, on sait que quelqu'un s'en met plein les poches. Je sais que je peux acheter quatre litres de lait à Saskatoon pour environ 3,50 $, mais quand je suis 400 milles au nord et que la marchandise est transportée par la voie des airs, je paye 19 $. Nous sommes très inquiets. Il faut que les choses changent.
J'aimerais remercier le comité de nous avoir invités à faire connaître notre point de vue sur la question. J'espère que le programme fonctionnera pour le mieux, car nos prix augmentent. Nous n'avons pas de routes. Si j'achète mes provisions à Saskatoon et que je dois assumer les coûts du fret, en l'absence d'une subvention, je dois payer 1 $ la livre pour le transport aérien de ces marchandises de Saskatoon à Fond du Lac. C'est extrêmement cher, surtout lorsqu'on habite dans une réserve où le taux de chômage est élevé, entre autres.
Je pense que votre comité devrait se pencher sérieusement sur la situation de certaines communautés touchées par ce programme.
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Ce que j'ai compris dès un jeune âge, en grandissant dans la communauté... Comme le chef l'a mentionné, nous avons des familles à faible revenu. À l'époque où il était administré par Postes Canada, si vous connaissiez ce programme, vous pouviez en tirer avantage tant que vous aviez un emploi. Mais si vous dépendiez d'un revenu fixe, vous n'y aviez pas accès. J'ignore comment vous auriez même pu en entendre parler. À mon avis, en ce qui a trait à une consultation ou à un survol du programme, les connaissances de la communauté de Fond du Lac à ce sujet sont limitées.
Je n'ai découvert que récemment que La Ronge, en Saskatchewan, était le point d'entrée principal de notre région pour le programme alimentaire. Tout est envoyé par la poste. Si vous expédiez des produits frais en les faisant transiter par là, lorsqu'ils arriveront à Fond du Lac, ils seront congelés ou gâtés.
Quant à ce programme, nous le découvrons seulement maintenant, ou depuis deux mois, et nous prenons connaissance de ce qui est proposé. N'y a-t-il pas plusieurs années, deux ans, que ce programme est en cours de révision?
J'estime que c'est un changement valable, mais la question d'en arriver à un juste milieu demeure, pour notre communauté du moins. Le fait que nous ayons aussi une compagnie aérienne qui sert notre région et qui assure le transport du fret... Certains ont également mentionné qu'ils connaissaient bien le fonctionnement du système de fret et des lignes aériennes. Au chapitre de l'aviation, nous avons maintenant de la concurrence avec notre propre compagnie de Fond du Lac. Donc, les coûts finiront par grimper encore une fois, parce qu'on aura deux fournisseurs des services; nous aurons alors une option: soit les membres de notre communauté profiteront de ces vols, soit les compagnies régionales elles-mêmes se forceront à abaisser les coûts du fret.
En ce qui concerne notre connaissance du programme, je pense que, lentement, l'information est diffusée. Nous sommes heureux d'avoir été invités à participer à cette séance par l'entremise du bureau de M. Clarke.
Si vous avez d'autres questions, nous sommes à votre disposition.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, je tiens à remercier tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Nous discutons de cette question importante qu'est le programme Nutrition Nord Canada, et je vous remercie de vos exposés d'aujourd'hui.
Vous savez tous, j'en suis sûr, que l'objet du programme Nutrition Nord Canada, comme l'a dit la ministre de la Santé, est de fournir des aliments nutritifs aux Premières nations. Le programme leur permettra également de voir la subvention que le programme Nutrition Nord Canada leur allouera, et il prévoit que les articles non comestibles ne seront plus subventionnés. Quelqu'un a mentionné qu'une vérification serait réalisée par AINC. Le 1er décembre, les articles visés par une subvention seront affichés sur le site Web de Nutrition Nord.
Je vous avise également que des noms ont été soumis pour le comité d'examen. Je pense qu'on en fera l'annonce sous peu. Je ne connais pas encore les détails. Quoi qu'il en soit, les personnes nommées à ce conseil seront en mesure d'examiner le déroulement du programme et de fournir des commentaires pour apporter des changements. C'est un processus ouvert, et nous aurons l'occasion de voir comment cela fonctionnera.
Monsieur Ballingall, vous avez parlé de la concurrence dans l'industrie aérienne. J'estime que c'est un facteur important pour des aliments moins coûteux. Vous avez parlé de la possibilité d'acheminer ces produits là-bas plus rapidement. Chez Cargojet, est-il question d'autres possibilités, mis à part ce que vous avez mentionné dans votre déclaration d'ouverture?
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Nous sommes en discussion avec quelques transporteurs du Nord au sujet de notre modèle d'affaires. La majorité de la nourriture achetée dans ce pays l'est dans le Sud de l'Ontario, près d'Hamilton. Il se trouve que nous sommes basés à Hamilton. Nous avons un avion installé là-bas du lever au coucher du soleil. Il y a sur place des entrepôts et des installations de transbordement.
Maintenant, je connais Jasmin depuis longtemps, mais je pense que nous savons tous pourquoi Val-d'Or jouait un rôle. Le modèle d'affaires là-bas fonctionne-t-il toujours? Si c'est le cas, les transporteurs aériens trouveront le moyen de s'y rendre.
Mais ce dont il est question dans l'immédiat, c'est de discuter avec les transporteurs du Nord pour acheminer les produits depuis le Sud de l'Ontario, où la plupart sont achetés, jusqu'à Iqaluit, et ce, le plus rapidement possible, en maintenant la plus grande fraîcheur possible. Nous pourrions transporter ces produits de Winnipeg, Edmonton, Vancouver ou Montréal à Rankin ou Iqaluit, mais dans l'exemple que je vous donne maintenant, les produits proviendraient du Sud de l'Ontario, d'Hamilton, là d'où viennent les aliments et où ils sont dans leur état le plus frais. Nous pouvons les livrer dans le Nord le jour même, à Iqaluit, où va environ 70 p. 100 de la marchandise. Le reste est destiné aux 12 communautés de l'île de Baffin. C'est la manière de procéder la plus rentable.
Il se trouve que j'ai une grande expérience du Nord. Je suis allé dans toutes les communautés nordiques. J'ai vu 17 personnes vivre dans une maison ayant une unique chambre et une seule salle de bain. Je sais quels sont les besoins là-bas. L'argent que le gouvernement arrivera à économiser ici, il pourra le réinvestir dans d'autres installations de santé et de nutrition dont on a désespérément besoin dans le Nord. Voilà ce dont il est question.
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Puis-je? J'aimerais répondre directement à votre question concernant la concurrence.
M. LaVar Payne: Oui.
M. Richard Brouillard: Je pense que le point d'entrée et la concurrence dans notre industrie sont des questions quelque peu différentes. Le principe de base en matière de transport, c'est bien entendu qu'on doit parcourir le moins de milles possible en avion ou, pour faire encore mieux, on optera pour le transport maritime, lorsque c'est possible. Voilà le premier point.
Donc, quand on confond la question du point d'entrée avec le problème de la concurrence entre les compagnies aériennes, je pense qu'on a là deux choses différentes. Car la concurrence peut se poursuivre. Quant à savoir qui assurera le transport de Val-d'or jusqu'au Nord, par exemple, on devrait laisser la concurrence en décider. Cela devrait être très ouvert, en fait, et on devrait s'assurer que tout le monde puisse aller là-bas.
Le fait est qu'il faut bien commencer quelque part. Nous croyons que le meilleur point de départ, c'est le scénario le moins coûteux. Le transport aérien coûte plus cher que le transport terrestre.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus ici aujourd'hui.
Merci également au chef Mercredi et à Darryl McDonald de leur présence. C'est un long voyage en avion jusqu'ici, avec toutes ces communautés par lesquelles vous devez passer.
Plus tôt au cours de la discussion, vous avez mentionné Northern Store. Nous savons à quel point les magasins Northern forment un cartel dans les communautés partout dans le Nord du Canada. Nous connaissons les prix de certains produits non périssables. Nous voyons le Coca-Cola, le Pepsi et tous les autres produits vendus dans ces magasins. M. Bélanger a mentionné que le lait est bien plus cher que les boissons gazeuses.
Nous avons parlé de Nutrition Nord et de tous les renseignements qui seront affichés sur le site Web le 1er décembre. Aux fins de l'étude que nous effectuons ici, pourriez-vous me renseigner sur l'augmentation des coûts et sur les types de mesures que vous prenez pour promouvoir une saine alimentation dans le Nord de la Saskatchewan, et surtout à Fond du Lac, l'une des communautés les plus au nord de la province? À l'aéroport, vous avez parlé de la formation d'une coopérative par la communauté; j'aimerais que vous élaboriez un peu là-dessus.
Vous avez également dit que vous envisagiez de noliser un avion qui se rendrait une fois par semaine dans le Nord de la Saskatchewan pour y transporter les denrées non périssables. Ensuite, lorsque l'avion repartirait, vous offririez des prix réduits pour permettre aux gens d'aller en ville. Pourriez-vous nous donner plus de détails à ce sujet, s'il vous plaît?
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Le Northern Store de Fond du Lac a été en exploitation pendant de nombreuses années — voire même des siècles — sous l'ancienne Compagnie de la Baie d'Hudson. La Compagnie du Nord-Ouest est aujourd'hui la seule entreprise qui fait des affaires là-bas.
Il y a un an et demi, nous avons analysé le modèle d'Arctic Co-op et la concurrence de ce marché. Peu importe le modèle étudié — celui de Northern Store ou d'Arctic Co-op Limited — nous obtenons les mêmes produits. Mais nous pourrions réaliser des économies sur les types de produits que nous achetons, surtout les aliments nutritifs.
Ensuite, nous avons commencé à étudier le service postal aérien par rapport au fret aérien. Ainsi que l'a dit ce monsieur, nous pourrions considérer plus à fond la possibilité de réduire les coûts indirects au chapitre de la livraison et du transport, maintenant que nous savons qu'il y a une compagnie aérienne là-bas. Le principal point d'entrée d'Arctic Co-op pour la livraison des produits serait Saskatoon. Par l'entremise de la Saskatchewan Co-operative Association, Saskatoon serait le principal point d'entrée pour les coopératives affiliées.
À partir de là, nous avons évalué les produits que nous acheminerons dans les communautés en fonction de nos besoins. Ils seront comparables à ceux qu'offre Northern Store. Toute cette question des frais de transport demeure, d'après les cinq scénarios d'affaires que nous avons évalués en nous basant sur le modèle d'Arctic Co-op, et en ce qui concerne le type de produits que nous apporterons dans les communautés.
Au bout du compte, deux magasins offriraient les mêmes types de produits et incitatifs, mais je pense que cette concurrence ne nous permettrait toujours pas d'obtenir les aliments nutritifs en question. Maintenant, j'entends parler d'autres entreprises qui pourraient nous aider à réduire nos coûts indirects. Ce pourrait être une approche viable, et il faudrait que nous en discutions davantage avec Arctic Co-op, une fois que nous aurons intégré ce commerce dans la communauté.
Monsieur Mercredi, bonjour.
Je ne sais pas si vous êtes apparenté avec Ovide. J'ai très bien connu Ovide Mercredi.
Je regarde vos données, et vous me dites que cela coûte très cher. Je comprends! Si vous faites venir les aliments de La Ronge directement par avion... Les prix qu'on vous demande... Vous êtes à 500 km de là. Or vous nous dites que vous seriez mieux de les faire venir à partir de Saskatoon. Ça correspond à une distance de 1 000 km aériens. Selon ce qu'a mentionné tout à l'heure M. Brouillard, c'est le temps et la longueur du trajet en avion qui coûtent cher.
Si vous partiez de Saskatoon, par exemple, et ameniez les aliments à Fort Smith — il y a 200 km entre les deux endroits — par l'intermédiaire de Postes Canada qui demande des soumissions et accorde les contrats aux plus bas soumissionnaires en respect de certains critères de garantie de fraîcheur et de temps de livraison, vous sentiriez-vous mieux protégé et en position d'avoir un meilleur coût?
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Merci, monsieur le président. J'aimerais poser une question aux témoins par votre entremise.
Il y a quelques éléments dont j'aurais probablement dû parler tout à l'heure concernant le programme Nutrition Nord Canada. La ministre de la Santé a dit beaucoup se soucier de la santé des membres des Premières nations. Il existe des problèmes d'obésité et de diabète, notamment parce qu'il en coûte beaucoup moins cher d'acheter des boissons gazeuses — et je ne mentionnerai pas de marque — que du lait. J'ai été tout à fait consterné d'entendre cela. J'ai trouvé vraiment incroyable que les boissons gazeuses puissent coûter moins cher à expédier que le lait, un produit beaucoup plus nutritif.
J'aimerais également revenir sur les taux de subvention qui seront annoncés, comme nous le savons, le 1er décembre, pour le fret aérien; nous connaîtrons donc les taux de subvention pour les aliments nutritifs, les aliments frais dont on a besoin dans le Nord. D'après ce que je comprends, on indique déjà sur le site Web quels produits ne seront pas subventionnés. C'est pourquoi il y a des différences pour le café et les couches, entre autres.
J'aimerais revenir sur ce dont mon collègue a parlé.
Monsieur McDonald, vous avez parlé des 3 à 7 millions de dollars que l'on retire de la communauté. S'il y avait un entrepôt à cet endroit, cela permettrait-il de conserver cet argent dans la communauté?
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Oui, en effet. Ce qui est intéressant, là-bas, c'est qu'il y a eu récemment une élection et que la moitié des votes venait de Whitehorse; nous en concluons donc qu'il existe un ratio d'un pour un pour les résidants d'Old Crow et leurs parents à Whitehorse.
Il y a deux voies par lesquelles les aliments périssables — par rapport aux aliments non périssables — peuvent parvenir à Old Crow à un coût abordable. Comme nous l'avons déterminé, il serait beaucoup plus économique pour nous d'expédier les denrées périssables par avion et d'obtenir les subventions afin que les clients puissent trouver le détaillant qui offre les prix les moins chers et les plus compétitifs. Ce modèle est très similaire à celui que James propose, dans lequel on assure un lien direct entre le marché concurrentiel et le village.
Mais pour ce qui est de Northern Store, notre taux pour les marchandises solides, pas même pour l'approvisionnement alimentaire par la poste, est en fait inférieur au taux d'approvisionnement alimentaire par la poste de type B qui existe actuellement. On peut donc expédier des denrées non périssables là-bas à un taux très compétitif, compte tenu de nos structures de coûts actuelles. En fait, c'est probablement le cas pour beaucoup de compagnies aériennes. C'est pourquoi il existe des disparités et que le prix du Coke est si bas, par exemple. C'est parce que ce produit peut être envoyé en grande quantité, entreposé sur de longues périodes et expédié lorsque les conditions sont favorables. Grâce à ces économies d'échelle, la compagnie aérienne peut contribuer à réduire le prix du produit.
Donc, en ce qui nous concerne, les denrées non périssables continueront probablement d'être envoyées principalement par Northern Store, qui les expédiera comme des marchandises solides au taux préférentiel que nous lui accordons.
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Merci beaucoup, monsieur Payne.
Je vous remercie également d'avoir rétabli les faits en ce qui concerne la disponibilité actuelle de la liste des denrées admissibles; ce sont les taux par communauté qui seront publiés le 1er décembre. Je vous remercie.
J'aimerais mentionner, monsieur Ryan, qu'Old Crow est la seule communauté de la zone de couverture qui n'a accès ni au transport maritime ni aux routes d'hiver, et c'est pourquoi elle se trouve dans cette situation unique au Yukon.
Nous allons donner la parole à M. Bevington, pour cinq minutes, et je crois que c'est lui qui posera la dernière question.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que nous ne connaîtrons pas vraiment toutes les conséquences de ce programme avant de l'avoir appliqué durant quelques années. Selon moi, en l'exposant à cette concurrence, vous verrez beaucoup de choses en découler, mais il est très difficile à ce moment-ci de déterminer si ce sera positif ou négatif.
Toutefois, on doit pouvoir donner une certaine forme de garantie à l'industrie aérienne à ce chapitre. C'est ce dont je me rends compte de plus en plus au fil de notre discussion, monsieur le président.
Je comprends ce que vous voulez dire, monsieur Ballingall, mais votre capacité à fournir des services ailleurs que dans les principaux centres est tout à fait limitée, et tout ce que vous transporteriez à Iqaluit devrait ensuite être acheminé par First Air ou un autre transporteur dans les petites communautés. Il y aurait deux plateformes de transport. Avec First Air, cela signifie-t-il que les coûts de transport doubleraient?
Au lieu que First Air parte de Val-d'Or directement et se rende jusqu'aux petites communautés avec ses propres transporteurs, s'il y avait deux transporteurs, comme vous le proposez, le coût total du transport serait-il supérieur?
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Merci, monsieur le président.
Je ne demanderai pas de moratoire tout de suite; je pourrai peut-être le faire lors du rapport.
Monsieur Frappier, nous regardons actuellement les soumissions qui sont faites. Vous administrez principalement à partir de LG2, pour ce qui est d'Air Inuit, et à partir de Val-d'Or, pour ce qui est de First Air.
Où sont les points de livraisons de First Air, par exemple, et jusqu'où va-t-elle dans les faits, à la fin de son périple?