INDU Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY
COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 8 février 2000
La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): Je déclare la séance ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous faisons une étude sur la productivité, la créativité et la compétitivité.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à tout le monde à notre première réunion de l'année 2000. Nous accueillons avec grand plaisir, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Louise Fortin, directrice générale du Service des délégués commerciaux, Planification et politiques; et John Curtis, conseiller principal en politiques et coordonnateur, Direction de l'analyse commerciale et économique. Du ministère de l'Industrie, nous entendrons Rocco Delvecchio, directeur exécutif de Partenariats pour l'investissement au Canada.
Si j'ai bien compris, M. Curtis prendra la parole pour commencer, puis ce sera le tour de Mme Fortin et enfin de M. Delvecchio.
Monsieur Curtis, vous avez la parole.
M. John Curtis (conseiller et coordonnateur principal, Politique commerciale et économique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international): Merci, madame la présidente. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue, ainsi qu'à bon nombre de vos collègues qui sont de retour à Ottawa. Certains d'entre nous avons souffert de l'exil, ici, de la fin décembre au début janvier. Je m'exprime ici en tant qu'expatrié de Vancouver, au nom de ceux qui viennent de cette région du pays.
[Français]
Madame la présidente, je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité pour lui communiquer mes observations sur l'influence du commerce et de l'investissement internationaux sur la productivité et la compétitivité de l'économie canadienne.
À titre de conseiller et de coordonnateur principal au groupe de la Direction générale de la politique commerciale et économique du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, je conseille celui-ci dans divers dossiers de politique commerciale et économique internationale et supervise son programme de recherche économique appliquée.
Comme je suis originaire de Vancouver, si vous me le permettez, madame la présidente, je préférerais parler dans ma langue maternelle.
[Traduction]
Ce qui constitue l'essentiel de mon propos, c'est l'idée que le commerce et l'investissement internationaux ont une influence omniprésente sur notre économie, sur sa structure et sa performance, et par conséquent sur la qualité de la vie des Canadiens et des Canadiennes.
Le commerce et l'investissement se répercutent sur les statistiques sommaires relatives à certains aspects de notre économie qui sont bien connus de votre comité, comme le produit intérieur brut, que les initiés appellent le PIB—les économistes adorent les acronymes—par travailleur, qu'on désigne communément sous le nom de productivité du travailleur; j'ai appris que le comité a examiné cette question à la fin de l'année dernière. Mais le commerce et l'investissement ont une signification beaucoup plus profonde: la nature de l'économie, le genre d'emploi qu'ils procurent aux Canadiens, les outils avec lesquels ils travaillent, la source des revenus de nos entreprises, tous ces facteurs dépendent de l'existence d'une vaste économie mondiale dont, bien entendu, le Canada fait partie.
Pour situer la question dans son contexte, avant de parler des deux ou trois principaux éléments de mon intervention, madame la présidente, permettez-moi de dresser brièvement un tableau du contexte macroéconomique.
Le comité n'ignore pas que la population du Canada correspond à environ un demi de 1 p. 100 de la population mondiale, qui est maintenant d'un peu plus de 6 milliards d'habitants, alors que notre PIB—c'est-à-dire toute l'activité économique mesurable du Canada—qui dépasse maintenant les 900 milliards de dollars canadiens, équivaut à un quatorzième de celui des États-Unis, notre principal partenaire économique, et à 2 p. 100 environ du PIB mondial. Dans le tableau économique mondial, notre économie est très modeste.
Les petites économies comme la nôtre tendent à s'ouvrir davantage que les grandes, en règle générale. C'est qu'une petite taille impose des limites à la division du travail et à l'acquisition des capitaux et des connaissances nécessaires pour produire économiquement la gamme complète des produits technologiquement possibles que le marché demande. De plus, la géographie prédispose particulièrement le Canada à l'ouverture.
• 0910
Comme le comité n'est pas sans le savoir, notre activité
économique se concentre sur une bande relativement étroite de
terrain, où habite la plus grande partie de la population
canadienne, à quelques heures de route de la frontière américaine.
Au fil des ans, notre politique économique en est venue à s'ouvrir
de plus en plus et à promouvoir l'ouverture comme moyen d'accéder
à de plus hauts niveaux de vie, tant en se faisant l'instigateur
d'un système commercial multilatéral fondé sur des règles qu'en
négociant un accès sur un marché américain dans le cadre de
l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis et de l'Accord de
libre-échange nord-américain, l'ALENA, qui lui a succédé. En
conséquence, le Canada est la plus ouverte des grandes économies
industrialisées.
Il est une valeur statistique que l'on cite souvent—et que bon nombre d'entre vous connaissez sans doute—pour montrer l'ouverture de notre économie, à savoir le fait que les exportations des marchandises et des services représentent maintenant plus de 41 p. 100 de notre PIB. Nos importations, certainement dans le cas des marchandises, sont supérieures à nos importations. À certains égards, pourtant, ce chiffre ne traduit pas entièrement le degré d'intégration du Canada dans l'économie mondiale.
En effet, le PIB, qui cherche à exprimer la totalité de l'activité économique observée à l'intérieur de nos frontières, reflète les dépenses des pouvoirs publics aussi bien que les loyers imputés—c'est-à-dire une estimation des loyers—pour l'ensemble du bassin de logements appartenant à des intérêts privés. Si l'on exclut ces composantes du PIB—autrement dit, si l'on exclut les loyers imputés et les dépenses des pouvoirs publics, dont la majeure partie s'effectue à l'intérieur du pays—, on constate que ce chiffre est encore plus élevé. Les exportations de biens et de services représentent plus de 57 p. 100 de la différence, que l'on peut qualifier d'activité économique commerciale. De même, les importations arrivent juste au-dessous, avec 55 p. 100 de l'activité commerciale.
Comme les députés le savent, les économistes adorent jouer avec les chiffres, mais il n'en demeure pas moins que ces derniers sont encore bien en deçà de la réalité en ce qui concerne l'ouverture de l'économie canadienne car il faut aussi compter les effets de l'investissement. Cela s'ajoute à la circulation transfrontalière des biens et des services. En 1999, l'année qui vient de s'écouler, même si nous n'avons pas encore tous les chiffres à notre disposition—et nous ne les aurons pas avant la fin de mars—, on a estimé que, dans le monde, les ventes à l'étranger des filiales de sociétés étrangères dépassaient pour la première fois le volume du commerce transfrontalier. Cela est vraiment extraordinaire. C'est un phénomène mondial. Dans le cas des marchandises, on a atteint sept fois le volume du commerce transfrontalier des services. Autrement dit, les ventes à partir des entités à l'étranger sont plus importantes que le mouvement transfrontalier des marchandises et des services. Et cela, même si un bien ou un service est produit localement. Au Canada, par exemple, il peut l'être par une entreprise financée par des capitaux étrangers.
De plus, lorsqu'on examine le «pedigree» d'un bien ou d'un service produit localement ou acquis à l'étranger, on y décèle le plus souvent des apports de plus d'un pays: par exemple, pour s'en tenir aux stéréotypes, design européen, technologie américaine, composantes asiatiques et montage au Canada, ou quelque autre combinaison. Par conséquent, même un article produit localement par une entreprise canadienne est souvent le produit final d'une série complexe d'opérations internationales.
Le but de ces observations—et je suis désolé de devoir vous faire subir cela à 9 heures du matin—, n'est pas d'arriver à une mesure précise de notre ouverture économique, mais plutôt de mettre en relief que le commerce est une voie à double sens et que l'ouverture correspond à une intégration profonde et générale. Dans une optique dynamique, l'intégration de l'économie canadienne dans l'économie mondiale signifie qu'elle évolue avec l'économie mondiale, qui la façonne et à laquelle elle s'adapte. Et cette constatation pose à son tour de nombreuses questions sur ce que nous pourrions vouloir dire lorsque nous parlons de la compétitivité de l'économie canadienne ou que nous comparons la productivité observée chez nous et dans d'autres pays—cette productivité ayant été estimée par de nombreux économistes et statisticiens, dont certains ont comparu devant vous.
• 0915
Permettez-moi d'aborder plusieurs points rapidement. La toile
que je viens d'esquisser montre l'ouverture de notre économie et
l'importance du mouvement à double sens des biens, des services et
des investissements et à quel point il faut être prudent lorsqu'on
cite des chiffres.
Premièrement, commerce et compétitivité sont inextricablement liés entre eux. Le Canada doit être compétitif pour vendre ses produits à l'étranger et même sur son marché intérieur, face à la concurrence étrangère. Parallèlement, parce que le Canada ne produit qu'une fraction très faible de la R-D et de l'innovation technologique à l'échelle mondiale, il est obligé de commercer et de recourir à l'investissement direct bilatéral pour acquérir les biens d'équipement, la technologie et les compétences gestionnaires et organisationnelles dont il a besoin pour être compétitif. De plus, comme notre marché ne représente que 2 p. 100 du PIB mondial, comme je l'ai déjà dit, nous devons commercer pour profiter des économies d'échelle qui sous-tendent la compétitivité. Donc, nous affrontons la concurrence lorsque nous commerçons et nous commerçons pour pouvoir soutenir la concurrence. C'est simple. C'est un mouvement à double sens d'influences et de corrélations.
Deuxièmement, lorsque l'on cesse de considérer l'économie dans son ensemble pour s'intéresser à ses grands secteurs, le principe de l'avantage comparatif—cette ancienne expression que certains d'entre vous avez sans doute apprise à l'université, à moins que vous ayez réussi à y échapper, et qui remonte à Adam Smith—nous dit que la structure du commerce international du Canada, c'est-à-dire les secteurs où nous réussissons relativement bien, est tributaire dans une large mesure de la compétitivité interne des diverses industries et activités économiques du Canada. En termes concrets, le secteur manufacturier du Canada verra à sa compétitivité sur les marchés internationaux déterminée à un degré considérable à long terme par sa vigueur relative, non seulement par rapport aux entreprises semblables des États-Unis et d'outre- mer, mais face à nos secteurs des ressources et des services. Autrement dit, la réussite du secteur interne dépend de sa compétitivité face à d'autres secteurs, même à l'intérieur du pays.
Je vais sauter la partie la plus pédante, mais nous pourrions y revenir plus tard, madame la présidente, si vous le souhaitez. Je vais passer à mon troisième point.
Troisièmement, lorsqu'on passe du niveau des secteurs à celui des entreprises et des produits, on réalise que, bien qu'en dernière analyse, ce soit le produit qui affronte la concurrence sur le marché international, la qualité du produit, ou même son prix, n'est pas le seul critère du succès. L'expertise en marketing de l'entreprise, l'efficacité de ses canaux de distribution et sa capacité à nouer des partenariats internationaux entrent aussi en ligne de compte.
Voilà pour le niveau de l'entreprise. Ensuite, il faut tenir compte de certaines caractéristiques propres à chaque pays—et je sais que mes collègues en parleront—notamment:
—l'image de marque, c'est-à-dire la crédibilité de l'étiquette «fabriqué au Canada», qui peut être et qui est effectivement favorisée par les activités de promotion et d'exportation du gouvernement. Ma collègue Louise Charron Fortin vous en parlera dans quelques instants;
—un accès aux marchés négocié avantageusement par l'intermédiaire de l'Organisation du commerce mondial, de l'ALENA, de l'ALE, etc.;
—la stabilité économique résultant de bonnes données macro-économiques fondamentales—le cadre financier du Canada—lesquelles tendent notamment à faire baisser les frais d'investissement, et de régimes de commerce et d'investissement internationaux qui fonctionnent bien assurant ainsi la stabilité du Canada et une monnaie favorablement évaluée;
—des concentrations d'entreprises bien établies dans des productions et des activités connexes;
—de fortes données micro-économiques fondamentales, et cela est très important puisque c'est ici que se rencontrent les volets économique et social, comme une population active et compétente, une bonne formation des travailleurs, des cadres réglementaires, institutionnels et juridiques favorables aux entreprises en ce qui concerne, par exemple, l'existence et l'application efficace de normes de propriété intellectuelle; et surtout
—la qualité de la vie, le mode de vie au Canada.
Ce sont tous là des facteurs qui influent sur notre compétitivité fondamentale. Mes collègues du ministère et d'Industrie Canada vont développer ces idées davantage.
Bref, madame la présidente, plus nous considérons le concept de compétitivité, plus il devient complexe. Mais une chose est claire: la base de la compétitivité actuelle du Canada sur les marchés internationaux, c'est son passé de nation commerçante.
Les liens entre le commerce et la productivité sont encore plus complexes que je ne l'ai expliqué. Cela tient en premier lieu au fait que la productivité du travail est le quotient de deux nombres très grands—production totale et emploi total—et qu'elle est influencée par les facteurs qui agissent sur chacun. Ces derniers comprennent évidemment des facteurs cycliques—le cycle conjoncturel—et passagers aussi bien que des facteurs transitoires comme les facteurs structurels, la nature de notre économie ainsi que l'évolution de la production et de l'emploi à l'échelle de l'industrie.
• 0920
L'effet du commerce se fait sentir sur les deux composantes de
ce ratio. Par exemple, la production d'un pays commerçant comme le
Canada est fortement influencée par les conditions de la demande
extérieure. Le taux de croissance de nos partenaires commerciaux,
que ce soit les États-Unis, les États membres de l'Union européenne
ou l'Asie, influe énormément sur la santé de nos exportations année
après année et, dans une certaine mesure, de nos importations
également. De plus, la structure d'avantage comparatif du Canada
détermine le profil de son industrie, qui se reflète dans l'emploi,
avec l'intervention d'autres facteurs très divers dont nous avons
parlé tout à l'heure comme la technologie, le coût relatif du
travail et le coût du capital. Toutes ces considérations m'incitent
à vous mettre en garde contre l'extrapolation de relations simples
et directes entre une politique ou une structure particulière.
Pour conclure, les questions sur lesquelles se penche le comité, madame la présidente,—productivité, innovation et compétitivité—sont hautement complexes et interdépendantes. Le commerce et l'investissement internationaux ont joué au fil des ans un rôle omniprésent dans notre économie et ont ainsi, d'une certaine façon, défini son niveau de compétitivité et son niveau de productivité qui, on le constate à présent, influent à leur tour sur la performance du Canada en matière de commerce et d'investissement.
Merci.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Curtis.
Nous allons maintenant donner la parole à Mme Fortin.
[Français]
Mme Louise Charron Fortin (directrice générale, Service des délégués commerciaux, Planification et politique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international): Madame la présidente, je vous remercie de cette occasion que vous me donnez de me présenter devant ce comité pour exposer les programmes et les services du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Je suis l'un des deux directeurs généraux responsables du Service des délégués commerciaux et chargés d'administrer les programmes et les services axés sur l'expansion du commerce international offerts par notre ministère. Ces programmes et ces services visent à appuyer les entreprises canadiennes dans leurs efforts pour s'implanter sur les marchés mondiaux.
[Traduction]
En guise de toile de fond, la mission du ministère dans le domaine du développement commercial international est la promotion de l'emploi et de la prospérité. Il s'en acquitte en encourageant les entreprises canadiennes à tirer pleinement parti des occasions d'affaires sur les marchés internationaux et en facilitant le mouvement de l'investissement et de la technologie. Grâce à ses programmes et services, le ministère facilite la croissance du nombre d'exportateurs et la valeur des exportations et, par l'entremise de l'acquisition de technologies et d'investissements étrangers directs, la création, l'expansion et la rétention d'emplois.
John Curtis vient de faire une description et une analyse de l'environnement international au sein duquel doivent oeuvrer les entreprises canadiennes. C'est dans ce marché concurrentiel à l'évolution très rapide qu'intervient le ministère, en conjonction avec ses partenaires intérieurs d'Équipe Canada, par l'entremise du Service des délégués commerciaux dans nos missions à l'étranger et, bien sûr, de concert avec les milieux d'affaires privés.
Le commerce n'est qu'un des éléments qui composent l'activité commerciale internationale. Il s'inscrit dans un continuum qui peut englober les exportations et les importations en tant qu'apports matériels; l'investissement, à l'arrivée et au départ; le développement et l'acquisition de technologies; la R-D; les alliances stratégiques; l'accès au capital de risque. Les entreprises adoptent une stratégie incorporant les éléments susceptibles de produire les objectifs souhaités. Indépendamment de ces objectifs, les entreprises doivent être et demeurer compétitives. Le marché international est exigeant et, pourrait-on dire, sans merci. Les entreprises qui ne sont pas à la fine pointe de la productivité et de l'innovation ne peuvent tout simplement pas survivre. Elles ne seront pas concurrentielles. Les programmes et services du ministère sont conçus pour s'intégrer à ce modèle de l'activité commerciale internationale, et nous travaillons en partenariat avec les entreprises pour réaliser leurs objectifs.
• 0925
Comme John l'a mentionné, la productivité est une mesure
économique de l'efficacité avec laquelle une entreprise a recours
aux apports de l'assiette foncière, de la main-d'oeuvre et du
capital et, de plus en plus, de la technologie. Le commerce n'est
pas l'une de ces variables. La compétence d'une entreprise et, au
bout du compte, son succès sur les marchés d'exportation, relèvent
d'un mélange complexe de ses produits ou services, de leur coût
relatif, de sa stratégie de marketing, etc. Si la productivité
influe sur le coût du produit ou du service et que le coût est un
facteur important de la réussite, une entreprise qui vise la
réussite cherchera à avoir une forte productivité. Comme John l'a
dit, c'est une question complexe.
Au chapitre des programmes et services du ministère, il est instructif d'examiner tant le volet intérieur qu'étranger des efforts du gouvernement pour promouvoir le commerce international.
Sur le plan intérieur, il existe un réseau, composé de ministères et organismes du secteur public et d'associations du secteur privé, qui ont uni leurs forces pour offrir aux entreprises les connaissances et l'expertise nécessaires pour réussir à l'étranger.
La brochure intitulée «Carnet de route pour l'exportation», qui devrait avoir été distribuée à tous les membres du comité, est un guide des services du gouvernement fédéral. On peut y voir le nombre de ministères de la fonction publique qui, en fait, contribuent à ce processus de préparation des entreprises. Vous constaterez qu'il va au coeur de ce que les entreprises doivent savoir et faire pour réussir sur la scène internationale.
Le volet des services de développement des compétences, offert par le FITT, le Forum pour la formation en commerce international, enseigne aux entreprises, entre autres, comment évaluer leurs produits ou leurs services face à la concurrence, comment élaborer des stratégies de fixation des prix et de marketing et comment demeurer compétitives dans un marché exigeant.
Par l'entremise de nos services de counselling au Canada et des services de nos délégués commerciaux à l'étranger, nous travaillons avec nos clients pour évaluer leur degré de préparation à l'exportation. Nous tentons d'élaborer un plan d'exportation valable, cohérent et applicable. Enfin, nous aidons les entreprises à mettre en oeuvre ce plan. Ces services sont disponibles indépendamment du produit ou du service de l'entreprise et ce, pour la totalité des 130 marchés où nous avons des délégués commerciaux sur le terrain.
Les entreprises ont besoin d'informations et de renseignements commerciaux pour réussir, pour maintenir leur compétitivité et pour demeurer à la fine pointe du marché. Le ministère leur fournit ce service au moyen de rapports sur le marché régulièrement actualisés. À l'heure actuelle, nous produisons quelque 560 rapports visant environ 25 secteurs pour pratiquement la totalité de tous nos grands partenaires commerciaux. Nous faisons 220 nouvelles mises à jour par année.
Ces rapports sont disponibles en ligne, c'est-à-dire tous les jours, 24 heures par jour, et sont accessibles de n'importe où dans le monde. Les usagers doivent pouvoir avoir accès instantanément à ces renseignements. Le marché mondial évolue à un rythme qui, pour être honnête, laissera les timorés derrière. Nous avons 17 000 clients enregistrés qui utilisent ces rapports.
J'ai déjà fait allusion aux services offerts par les quelque 530 délégués commerciaux dans nos 130 bureaux. À la suite d'un sondage exhaustif mené auprès de notre clientèle l'année dernière, sondage que nous répétons cette année, en fait, le mois prochain, on nous a dit quels sont nos services les plus valables et importants. En tête de la liste, aux fins de la discussion d'aujourd'hui, se trouvent les renseignements commerciaux.
Les délégués commerciaux enrichissent l'information qui figure dans les rapports sur les marchés en y ajoutant des renseignements spécifiques concernant leur marché particulier, son fonctionnement, les principaux intervenants, les compagnies les plus actives, qui sont les concurrentes des compagnies canadiennes, et en offrant des conseils sur la façon de s'y implanter. Sans cette information pertinente, les entreprises nouvelles venues auraient énormément de difficulté à se lancer, à élaborer un plan et à le mettre en oeuvre—bref, à être concurrentielles.
Le ministère a également des programmes qui mettent en rapport les entreprises néophytes avec des experts qui peuvent leur expliquer ce qu'il convient de faire avant de foncer. Les nouveaux exportateurs aux États frontaliers, qui relèvent du programme NEEF et également du NEEF Plus—et voilà que j'utilise les sigles, John—qui visent à implanter les nouveaux exportateurs plus avant aux États-Unis, les nouveaux exportateurs à l'étranger et les nouveaux exportateurs en Amérique du Sud ont tous le même objectif: fournir aux entreprises la clé du succès.
• 0930
Il convient de se rappeler que le marché américain est le
marché le plus compétitif du monde. Les exportateurs canadiens
doivent se mesurer aux meilleurs producteurs mondiaux, sans
compter, bien sûr, les producteurs américains. L'Accord de libre-échange
canado-américain et l'ALENA ont fixé des préconditions
facilitant l'entrée sur le marché américain. La vigoureuse
performance économique des États-Unis a attiré des fournisseurs de
tous les pays imaginables. Il ne suffit pas que les exportateurs
canadiens offrent leurs produits et services à faible coût. Ils
doivent également avoir une stratégie de marketing qui attire et
fidélise une clientèle avertie, des marchandises de qualité égale,
sinon supérieure à ce que peuvent offrir les producteurs du monde
entier et le désir constant d'innover et de s'améliorer. Voilà, en
fait, l'essence même de l'exportation.
Le modèle que nous suivons est implicite dans les x programmes destinés aux nouveaux exportateurs que j'ai mentionnés tout à l'heure. Les entreprises commencent aux États-Unis, là où les clients sont à proximité, où les pratiques commerciales sont semblables et familières et où l'aide est facilement disponible. Une fois qu'une entreprise s'est établie sur les marchés avoisinants, elle peut pénétrer plus avant le marché américain. À mon avis, si une entreprise peut se tailler une place sur le marché le plus exigeant et le plus concurrentiel au monde—c'est-à-dire le marché américain—, elle peut ensuite aller n'importe où. Outre qu'elle peut tirer crédit de son succès aux États-Unis, elle a amassé un bagage d'expérience et de confiance qui lui permet de s'attaquer à des marchés étrangers plus éloignés.
Sachant que nos clients ne peuvent toujours venir à nous, nous avons un programme d'extension qui ramène les délégués commerciaux au Canada pour qu'ils puissent rencontrer des clients, nouveaux comme anciens, informer les entreprises des derniers développements du marché, mettre en relief de nouvelles initiatives et leur permettre de constater par eux-mêmes ce qui se passe dans leur secteur désigné. En 1999, 140 délégués commerciaux ont rencontré les dirigeants de 885 entreprises dans 115 municipalités.
D'après les partenaires d'Équipe Canada, il nous faut mettre l'accent sur les secteurs les plus prometteurs sur le plan de la création d'emplois et de la croissance au Canada. En 1996, nous avons établi une liste prioritaire de 23 secteurs industriels que nous avons évalués en fonction du potentiel de croissance, du rendement des exportations et de l'influence éventuelle d'une action gouvernementale. Ces secteurs prioritaires comprennent à la fois des entreprises traditionnelles—produits forestiers, automobile—que des entreprises susceptibles de générer des dividendes plus élevés pour le pays, comme des entreprises des télécommunications et des technologies de l'information, de l'aéronautique et de la bio-industrie.
Le classement de secteurs ne signifie pas que nous n'offrons pas un service complet aux secteurs moins importants ou non prioritaires. En faisant des revues du marché approfondies et de grande envergure et en attribuant de responsabilités sectorielles à des délégués commerciaux, nous veillons à ne rien négliger. Les compagnies exportatrices de services sont les plus grands utilisateurs des services des délégués commerciaux. Nous avons estimé qu'elles comptent pour 18 p. 100 de nos activités; viennent ensuite les compagnies du domaine des technologies de l'information et des télécommunications—je dirais environ 14 p. 100. Les compagnies du secteur de l'agriculture, de l'agroalimentaire et des pêcheries sont en troisième place, avec 12 p. 100. Vous pouvez donc voir que nos clients sont très diversifiés.
Comme je le disais plus tôt, il n'y a pas que les échanges commerciaux dans les affaires. Il y a aussi l'investissement, dont je laisserai à M. Delvecchio le soin de parler, et la technologie. Le ministère reconnaît que les entreprises doivent se tenir au fait des progrès réalisés dans leur domaine si elles veulent rester compétitives et conserver leur place sur le marché. Nous avons eu la preuve indubitable que les échanges commerciaux suivent l'investissement et sont souvent alimentés par la collaboration internationale à la R-D dans le domaine technologique.
L'objectif général du ministère est de multiplier les débouchés de R-D coopératifs pour les compagnies canadiennes et d'accroître leur compétitivité en recueillant et en diffusant toute l'information stratégique internationale qui concerne les sciences et les technologies.
• 0935
Nous avons établi un réseau d'experts-conseils des sciences et
de la technologie dans les pays qui sont les chefs de file de
l'évolution en la matière, ainsi que dans le domaine de
l'application industrielle de la technologie. Six de ces experts-conseils
sont aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en
France, au sein de l'Union européenne—c'est-à-dire à Bruxelles—et
au Japon. Ils forment ensemble le pilier du service de
renseignement international du Canada en matière de sciences et de
technologie, et ils aident les organisations et les sociétés de
recherche du Canada à créer des partenariats pour la R-D.
Un grand nombre d'agents de développement technologique et, bien entendu, de délégués commerciaux qui collaborent à des missions clé du Canada à l'étranger contribuent à augmenter la capacité et la compétitivité du Canada sur le plan technologique en aidant les compagnies canadiennes à localiser, à évaluer et à acquérir des technologies de pointe qui ne sont pas accessibles au pays, à recueillir de l'information technologique internationale et à établir des partenariats internationaux pour le développement technologique.
Le ministère met aussi des compagnies canadiennes qui font de la R-D en contact avec des sources étrangères de financement. D'après le sondage auprès de notre clientèle que nous avons effectué en 1999, 27 p. 100 de nos utilisateurs des services d'affaires ont conclu des ententes de partenariat qui portaient sur la science et la technologie.
Nous venons seulement de terminer une évaluation exhaustive de nos programmes et services, qui visait à déterminer comment nous pourrions encore mieux mettre les ressources internationales au service de la collaboration dans les nouvelles technologies et la recherche. Je vous ai fait distribuer un aperçu des résultats de cette démarche, où vous verrez plus en détail comment nous comptons procéder.
J'espère avoir réussi, avec ce bref exposé, à vous démontrer comment le ministère contribue à stimuler le rendement du Canada sur le plan des exportations et de la compétitivité. J'ai surtout essayé de vous démontrer que pour réussir dans le commerce, les entreprises doivent être compétitives et innovatrices. De plus, en exportant, les compagnies peuvent maintenir leur compétitivité sur le marché intérieur, et leur présence sur la scène internationale les met en contact avec les technologies de pointe, ce qui favorise la créativité en leur sein et leur permet de conclure des ententes de partenariat ou de se moderniser.
Les recherches menées et l'expérience vécue démontrent que les gouvernements doivent adopter une stratégie globale et créer un environnement positif qui stimule la compétitivité et l'innovation pour entraîner une plus grande productivité. La stratégie de notre ministère est axée sur les résultats, elle est tournée vers l'avenir en plus d'être soumise à une évaluation constante et d'être comparée à des mesures de rendement explicites. En adoptant et en observant des pratiques semblables à celles du secteur privé, nous sommes confiants de pouvoir collaborer efficacement avec nos clients à la poursuite de la croissance phénoménale du Canada sur les marchés mondiaux.
[Français]
Merci beaucoup.
[Traduction]
La présidente: Merci, madame Fortin.
Je vais laisser la parole à M. Delvecchio.
M. Rocco Delvecchio (directeur exécutif, Partenariats pour l'investissement au Canada, ministère de l'Industrie): Merci, madame la présidente.
Mon exposé sera très bref. Avant la réunion, j'ai fait distribuer un document qui en expose les grandes lignes. Peut-être, avant de commencer, pourrais-je nous situer un peu, décrire ce qu'est le Partenariat pour l'investissement au Canada et quel est notre rôle.
Notre groupe a été créé il y a un peu plus de trois ans, dans le cadre d'une démarche conjointe du ministère de l'Industrie avec celui du Commerce international. C'était une espèce d'expérience qui visait à voir les défis qu'il y a pour nous et le Canada à rivaliser avec d'autres participants étrangers sur la scène de l'investissement. C'était une façon de reconnaître qu'aucun ministère ne peut faire ce travail efficacement tout seul, et les deux ministères ont donc décidé d'unir leurs forces.
Notre rôle consiste principalement à encourager l'investissement au Canada de sorte que nous nous attachons au réinvestissement à l'intérieur du pays et à attirer les investissements étrangers au Canada. Nous évoluons dans un marché très concurrentiel comme certains d'entre vous en conviendront. J'ai eu le privilège et le plaisir de travailler activement avec certains membres du Comité à la promotion de l'investissement au Canada et je crois que ces expériences révéleront aux députés ou à d'autres personnes qui ont travaillé dans le même but que la concurrence devient de plus en plus forte et partant, le défi de plus en plus grand, plus particulièrement dans une économie en mouvement constant où l'investissement représente de plus en plus un facteur déterminant de la croissance, surtout dans les secteurs de l'économie à forte valeur ajoutée et axés sur le savoir.
• 0940
Je pourrais peut-être y aller avec mon exposé et le parcourir
très brièvement. Je crois comprendre que l'intention est d'en
discuter ou de passer ensuite aux questions.
Je vous donne des citations tirées d'une documentation courante qui tente de décrire le processus de la mondialisation. De plus en plus, d'après les courants de l'opinion, l'économie mondiale, surtout les économies des pays industrialisés, passe d'une économie fondée sur les ressources à une économie davantage axée sur les connaissances, comme en témoignent divers facteurs. Il vaut la peine de noter que, dans ce contexte, les industries basées sur les connaissances sont vraiment plus libres de toutes attaches que les industries primaires. Dans un certain sens, on ne peut supposer que certaines des industries fondées sur le savoir—par exemple la conception de logiciels—seraient ancrées dans une région ou une partie du pays ou dans une partie du monde.
C'est une partie de la réalité qui rend d'autant plus intense la concurrence dont sont l'objet les investissements—surtout dans les secteurs fondés sur le savoir, à haute valeur ajoutée et à forte croissance. Je pense que vous verrez presque tous les jours des signes que les pays et les États se livrent une concurrence en matière d'investissement, non seulement à l'intérieur du Canada mais entre celui-ci et d'autres pays et territoires.
Nous ne sommes pas un groupe d'élaboration de politiques, mais nous avons le sentiment, d'après l'expérience que nous avons eue avec les investisseurs, que les investissements en général, y compris les investissement directs étrangers, représentent un facteur déterminant de la croissance économique. Ils ont pour effet d'améliorer la productivité, de favoriser la croissance et de créer des emplois de haute valeur ajoutée pour les Canadiens et pour d'autres et appuient à bien des égards les objectifs généraux du mandat que le comité s'est donné pour l'étude qu'il a entreprise.
Voilà pour le contexte. Passons maintenant au troisième graphique de mon exposé qui nous révèle la part des investissements étrangers au Canada. La bonne nouvelle c'est qu'au cours des dernières années, et nous le montrons dans le graphique de 1985 à 1998, les investissements directs étrangers du Canada sont passés de 90 milliards de dollars en 1985 à environ 217 milliards de dollars en 1998. Il s'agit des investissements cumulatifs que les entreprises étrangères ont effectués au Canada.
Dans le contexte de ce qui se passe à l'intérieur de l'Amérique du Nord et dans le monde, vous remarquerez qu'en 1985 et 1998 la part du stock d'investissements directs étrangers nord-américains que détient le Canada a chuté, passant d'environ 25 p. 100 à un peu plus de 13 p. 100. Une bonne partie de cette baisse est attribuable, dans une proportion de plus de 90 p. 100, à la réduction de la part du stock d'investissements directs étrangers des États-Unis au Canada. Ainsi, en ce qui a trait à l'impact cumulatif, les choses vont bien, mais en termes relatifs, nous ne nous en tirons pas si bien que cela. Je crois qu'il s'agit d'un des principaux messages que j'aimerais transmettre au comité.
Si vous jetez un coup d'oeil à la part du stock d'investissements directs étrangers des États-Unis, qui a toujours été une source importante de capital et de technologie pour le Canada, vous constatez que cette part a chuté, passant d'environ 20 p. 100 en 1985 à un peu plus de 10 p. 100 en 1998. Le Canada continue d'obtenir une plus petite part des investissements directs étrangers des États-Unis, et ce dans l'ensemble des industries. Les investissements directs étrangers des États-Unis ont servi davantage au développement économique de l'Amérique latine et de la région Asie-Pacifique.
La part de l'Europe, d'après notre analyse, est demeurée relativement stable, le Royaume-Uni recevant une plus large part du gâteau. Je crois qu'en fait quelque 40 p. 100 de tous les investissements américains en Europe se font au Royaume-Uni, ce qui témoigne de la capacité de ce pays d'attirer les investissements. Je crois que nous en comprenons l'importance étant donné l'essor économique auquel nous avons assisté dans ce pays au cours des dernières années.
L'augmentation enregistrée au Mexique s'est révélée marginale et on ne peut la compter parmi les causes de la diminution observée au Canada.
Ainsi le diagramme à secteurs qui figure dans l'exposé vous montre la répartition des investissements.
Malgré la diminution de notre part des investissements, nous croyons que le Canada a de quoi être fier. Selon le Forum économique mondial, par exemple, le Canada devient de plus en plus compétitif. Et le graphique fait état du succès que nous avons remporté en gagnant des rangs, si vous voulez. L'Institute for Management Development considère le Canada comme le pays du G-7 le mieux géré sur le plan financier, le premier pays à passer d'un déficit à un surplus. L'IMD le reconnaît. L'Economist Intelligence Unit attribue une cote très élevée au Canada pour ce qui touche au climat commercial général. Vous verrez où le Canada se situe par rapport à d'autres pays dans le plus récent rapport de ce groupe.
Le message ici est que le Canada a de quoi être fier, mais nous croyons qu'il reste un écart énorme à combler au chapitre de la sensibilisation. C'est vraiment ce que fait ressortir le dernier graphique, qui porte sur les perceptions des investisseurs mondiaux vis-à-vis le Canada, cette sensibilisation qui est le principal facteur pour ce qui est des possibilités que nous avons pour attirer les investissements au Canada.
• 0945
Lorsque vous jetez un coup d'oeil à ce que l'on considère être
les principaux facteurs d'investissement, dont fait état le
graphique, et vous verrez les États-unis par rapport au Canada, les
États-Unis à bien des égards sont notre principal concurrent pour
les capitaux, étant donné que, qu'il s'agisse d'entreprises
américaines, asiatiques ou européennes, tout investissement au
Canada serait inévitablement dirigé vers le marché de l'ALENA en
général et le marché des États-Unis en particulier. Bien sûr, les
investisseurs pourraient toujours établir leurs installations
directement aux États-Unis s'il s'agissait de leur marché cible.
Ainsi, dans un certain sens, nous faisons vraiment concurrence aux
États-Unis pour les capitaux.
Moins de 50 p. 100 des principaux prescripteurs américains—c'est-à-dire les entreprises qui conseillent les sociétés sur les meilleures régions où aller s'installer—sont au courant des succès macroéconomiques du Canada. Même si nous avons beaucoup amélioré notre situation financière, la bonne nouvelle ne se répand pas très bien en général. Je le répète, ceux d'entre vous qui ont voyagé à l'extérieur du Canada, peut-être même à l'intérieur, auront remarqué qu'il reste encore un écart énorme à combler au chapitre de la sensibilisation.
Les investisseurs mondiaux—en ce qui a trait à la perception—classent le Canada au 17e rang parmi les 25 régions les plus prisées sur le plan de l'investissement. Ce classement se fonde sur un indice de confiance en matière d'investissements directs étrangers préparé par A.T. Kearney, une entreprise consultative en matière de commerce mondial.
Enfin, d'après un sondage qui remonte à deux ou trois ans, les investisseurs européens ont attribué une faible cote au Canada au chapitre des principaux facteurs d'investissement. Je le répète, le graphique montre le rang que nous occupons par rapport aux États-Unis en fonction de facteurs d'investissement principaux dont la croissance du marché, le lieu, les coûts, le climat commercial et ainsi de suite, et ce d'après les investisseurs et les gens d'affaires européens.
Pour résumer, je dirais que les investissements représentent de plus en plus un facteur déterminant de la croissance économique, surtout dans le secteur de l'économie basé sur les connaissances. Nous constatons un amenuisement de notre part à l'échelle mondiale par rapport aux États-Unis.
Le Canada a de quoi à être fier, ce qui signifie que d'après nous les chances sont bonnes de renverser la vapeur, mais il nous faut absolument faire passer le message pour bien faire comprendre aux gens l'importance de recalibrer et d'améliorer les perceptions que les gens ont du Canada. Ainsi, lorsque se prennent les décisions importantes en matière d'investissement, le Canada figure de plus en plus sur la courte liste ou sur l'écran radar, je suppose, la métaphore a évolué.
Je termine ici. Je vous remercie.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Delvecchio.
Je vais maintenant passer la parole à M. Penson qui entreprendra la période des questions.
M. Charlie Penson (Peace River, Réf.): Merci, madame la présidente. J'aimerais remercier les représentants du ministère d'être venus ce matin. Je crois qu'ils nous ont beaucoup appris.
Monsieur Delvecchio, j'aimerais à coup sûr poursuivre la conversation à un autre moment relativement à toute cette stratégie d'investissement, à savoir pourquoi le Canada n'attire pas le genre d'investissement souhaité. Mais le temps est limité et je veux parler à M. Curtis ce matin. J'espère que nous pourrons vous réinviter pour poursuivre cette conversation ou d'autres membres du comité pourraient peut-être vous interroger.
Monsieur Curtis, vous êtes un conseiller principal en politiques au ministère des Affaires étrangères et du Commerce extérieur. Vous nous avez dit ce matin que pour vendre à l'étranger, nous devons être compétitifs, ce qui semble être plein de bon sens. Vous avez aussi dit que là où il y a des avantages comparatifs, cela profite à cette industrie particulière aux dépens peut-être de quelques autres.
Laissez-moi vous parler d'une industrie qui a bénéficié d'un avantage comparatif au fil des ans. Prenons simplement le secteur agricole. Il répond probablement au critère. En dépit du fait que ce secteur dispose de terrains peu coûteux, d'une main-d'oeuvre à un coût raisonnable, d'investissements en capitaux élevés et pourtant, il ne parvient pas à conserver sa place dans un secteur d'activité en déclin, en grande partie parce qu'il fait face à des subventions incroyables, ce qui limite sa capacité de faire concurrence à d'autres pays. Que va faire votre gouvernement à ce sujet?
Vous avez parlé du besoin d'accéder au marché par l'entremise de l'OMC. On dirait que nous n'avons pas réussi à résoudre ce problème. Nous reste-t-il d'autres cartes à jouer pour obliger les gens à mettre fin à cette pratique qui détruit cette industrie essentielle au Canada? Elle a toujours été concurrentielle et maintenant, depuis les dix dernières années, en raison de subventions agricoles de l'ordre de 70 milliards en Europe et de 50 milliards aux États-Unis, l'industrie agricole canadienne est en train de craquer. Que pouvons-nous faire d'autre pour lui donner la chance de profiter de cet avantage comparatif?
M. John Curtis: Madame la présidente, voulez-vous que je réponde au fur et à mesure aux questions qui me sont posées?
La présidente: Oui, s'il vous plaît.
M. John Curtis: Je le ferai avec plaisir.
Monsieur Penson, vous avez tout à fait raison. L'agriculture en particulier, et je suppose que vous faites surtout allusion aux céréales, aux oléagineux et à la viande rouge de l'Ouest et aux secteurs dans lesquels nous sommes traditionnellement très solides...
M. Charlie Penson: Oui.
M. John Curtis: Vous avez tout à fait raison. C'est un secteur traditionnel de la force du Canada et il continue de l'être, tel que le mesurerait un économiste, un secteur dans lequel nous dirions, en toute confiance je crois, que le Canada a un avantage comparatif. Mais vous savez peut-être que les économistes utilisent l'expression: «toutes choses égales par ailleurs». Vous faites remarquer, et nous le savons tous, qu'en fait toutes choses ne sont pas nécessairement égales. Plus particulièrement, vous avez fait allusion à la profusion de subventions qui existent tant ici qu'à l'échelle internationale, si je me souviens bien, et qui bien sûr relèvent du ministère du Commerce extérieur, si je peux m'exprimer ainsi.
Du point de vue du ministère, le principal moyen dont nous disposons pour régler ce problème—et je crois qu'il est toujours juste de dire que les gouvernements de quelque couleur et dans n'importe quel pays sont limités en ce qui a trait aux mesures qu'ils peuvent prendre. Nous vivons dans un monde international où les gouvernements sont responsables du territoire sur lequel ils exercent un contrôle. C'est l'essence de l'État-nation, dans lequel pour le meilleur et pour le pire nous vivons depuis 1648, depuis la signature des traités de Westphalie comme nous les appelons.
Notre principal objectif en tant que ministère à caractère commercial consiste en fait à nous doter de meilleures et de nouvelles sanctions internationales de tous genres pour contrer les politiques et les pratiques gouvernementales, ce qui inclut l'octroi et l'impact des subventions. Il s'agit d'une tâche que nous partageons bien sûr avec le ministère responsable, c'est-à-dire le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Mais le mandat particulier de notre ministère, de concert avec celui-ci, consiste à tenter, comme vous l'avez dit très justement, par l'entremise de l'Organisation mondiale du commerce et de quelque autre instrument bilatéral ou régional mis à notre disposition...
M. Charlie Penson: Monsieur Curtis, comme nous n'avons pas beaucoup de temps, puis-je simplement vous interrompre pour vous poser une question à cet égard? La méthode classique utilisée auparavant pour négocier dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce et du GATT n'a pas été très efficace en ce qui concerne l'agriculture. Je vous demande de me dire quel conseil vous donneriez au ministère pour sauver cette industrie de base. Il me semble que, s'il n'a pas d'agriculture, un pays peut difficilement avoir la sécurité alimentaire et ainsi de suite. Étant donné les contraintes auxquelles est soumise l'agriculture et la crise qu'elle vit, explorez-vous d'autres moyens?
Vous dites qu'il n'y a pas grand chose que nous puissions faire. Je crois, au contraire, que nous pouvons peut-être faire quelque chose. Ne pouvons-nous pas nous servir de certains arrangements que nous pris dans le cadre de l'OTAN en matière de sécurité et qui sont utiles à l'Union européenne? Que pensez-vous de la baisse des tarifs industriels que nous avons négociée au fil des ans? Allons-nous nous contenter de ne rien faire, d'acquiescer simplement, de dire que nous aimerions bien négocier quelque chose à l'OMC? Entre temps, notre industrie agricole aura disparu.
M. John Curtis: Monsieur Penson, comme vous l'admettez vous-même, notre ministère a un mandat particulier qui consiste essentiellement, comme je le disais, à élaborer des stratégies de négociation grâce aux outils dont nous disposons et de chercher avec l'aide de nos partenaires commerciaux à injecter plus de discipline dans l'industrie. C'est là notre responsabilité particulière. Cela ne signifie pas que nous avons solution à tout. Le régime commercial et les règles du commerce ne peuvent pas tout aplanir. En fait, vous posez-là une question de fond très grave. Nous en sommes conscients. En tant que ministère du Commerce, notre mandat particulier consiste à essayer de mettre en place une certaine discipline à l'échelle internationale.
M. Charles Penson: Éloignons-nous pour quelques instants de l'objectif du ministère du Commerce et examinons la question en termes de... Vous avez une longue carrière distinguée derrière vous. Ne vous semblerait-il pas raisonnable que nous utilisions tous les moyens à notre disposition, toutes nos forces, pour essayer de sauver l'industrie? Si, pour y parvenir, il faut dire à d'autres pays: «Nous ne pouvons pas vous laisser détruire cette industrie de l'agriculture; nous allons refuser de coopérer à d'autres niveaux si vous persistez», soit! Cela ne vous semblerait-il pas raisonnable?
M. John Curtis: Je ne peux pas émettre de conjecture quant à ce que nos ministres aimeraient ou n'aimeraient pas faire. De mon point de vue et dans le champ de compétence pour lequel j'estime avoir une certaine responsabilité... Je ne parle pas en tant que particulier, puisque manifestement nous avons tous nos propres opinions et que mon jugement n'est probablement pas meilleur, qu'il est probablement pire en fait que le vôtre, étant donné la région d'où vous venez. J'ai l'impression que le ministère peut—je crains bien d'en revenir à la question d'origine—travailler avec nos homologues du ministère fédéral de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, les provinces et l'entreprise privée en vue d'injecter une certaine discipline. Je suis conscient que l'industrie vit une crise actuellement, mais la politique commerciale et le commerce et tous ces programmes dont ont parlé mes collègues concernent en fait des problèmes structuraux à long terme. Il faudra donc probablement y trouver plus qu'une simple solution commerciale. Toutefois, je laisse le soin à d'autres d'éclaircir ce point.
Je crois que ce qu'il faut faire, c'est de travailler le plus fort possible en partenariat en vue d'injecter une certaine dose de discipline à long terme dans ce secteur. L'agriculture ne faisait pas partie des négociations, comme vous le savez probablement fort bien, jusqu'en 1994, lorsqu'elle a été intégrée au régime commercial mondial. La tâche n'est toutefois pas encore terminée. C'est un processus lent. Cela préoccupe beaucoup mes collègues, je le sais, et nous travaillons...
M. Charlie Penson: Monsieur Curtis, je vous remercie. Je suis d'accord avec vous pour dire que nous avons besoin de discipline à long terme. Malheureusement, je crains que les solutions à long terme ne règlent pas le problème actuel, parce que l'industrie vit actuellement une situation de crise.
La présidente: Monsieur Penson, je vous remercie énormément.
Monsieur Pickard, je vous prie.
M. Jerry Pickard (Chatham—Kent Essex, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente. J'aimerais relancer le témoin au sujet des questions abordées avec M. Penson. Je crois que c'est important. Toutefois, avant de le faire, j'aimerais en revenir à M. Delvecchio.
Dans vos graphiques et dans votre exposé, vous avez souligné que nous sommes en train de perdre la moitié environ de la part des investissements directs des États-Unis au Canada. Vous avez toutefois fait remarquer également que nous avons accru l'investissement global de 100 p. 100 à peu près. Est-il anormal que le Canada...? Je crois que je vous poserai la question ainsi: le Canada est-il capable d'absorber un quadruplement de l'investissement en quelques années seulement? Si la part des investissements américains au Canada se maintient, cela signifie que les investissements quadrupleront, n'est-ce pas?
M. Rocco Delvecchio: L'essentiel ici est d'établir une distinction entre ce qu'on appelle le stock et les mouvements de capitaux. Le stock des investissements a augmenté...
M. Jerry Pickard: Oui.
M. Rocco Delvecchio: Quand il est question de la part décroissante, il est question du mouvement des capitaux ou du rythme auquel ils sont distribués ou, dans le cas à l'étude, sont attirés au Canada. Naturellement, l'effet cumulatif du mouvement des capitaux est d'accroître le stock.
Émettre des conjectures au sujet de notre capacité d'absorber des taux plus élevés de croissance de l'investissement est un exercice intéressant. J'ai l'impression qu'il n'y a pas vraiment de limite claire. Si vous regardez le taux de croissance de l'investissement dans certaines régions des États-Unis, par exemple en Californie, plus particulièrement dans le Silicon Valley, ces taux de croissance sont tout simplement époustouflants, ce qui se reflète dans le produit intérieur brut et la croissance de la production de ces secteurs, particulièrement des secteurs à croissance élevée comme les technologies de l'information et les sciences de la vie.
Je ne crois donc pas qu'il y ait de limite à la quantité de capitaux qu'on peut absorber. De toute évidence, il y aurait des limites dans certains secteurs, mais les contraintes dans la nouvelle économie du savoir ont de plus en plus rapport au niveau de connaissances des travailleurs. En d'autres mots, le problème est du côté de la main-d'oeuvre. Si vous examinez le cas des États-Unis, par exemple, la principale contrainte de la croissance est en réalité, selon moi, le taux relativement bas de chômage—il est de 4 p. 100—, c'est-à-dire le plus bas taux de chômage des 30 dernières années, je crois. Celui du Canada est de 6,8 p. 100. D'après les plus récentes données statistiques, notre taux plus élevé joue en notre faveur en un certain sens, car il révèle qu'en ce qui concerne la disponibilité de la main-d'oeuvre, du moins, il y a place à de la croissance au Canada, par rapport aux États-Unis.
Je ne puis donc pas vraiment vous répondre de manière efficace pour ce qui est des limites à l'investissement, mais certes, si nous examinons les facteurs qui soutiennent la croissance de l'investissement, nous avons une capacité relativement plus grande que les États-Unis. Ils utilisent relativement plus de ressources que nous, ce qui me fait dire qu'il y a une plus grande possibilité pour nous d'accroître notre part, si je puis m'exprimer ainsi.
M. Jerry Pickard: L'autre question qui me vient à l'esprit est celle-ci. Vous avez dit que nous avons perdu essentiellement 10 p. 100 de notre part du stock d'investissement américain, qui est passé de 20 à 10 p. 100. L'investissement à l'étranger des États-Unis a-t-il fait un bond durant cette même période? Y a-t-il eu croissance draconienne, en pourcentage, de l'investissement à l'étranger des États-Unis?
M. Rocco Delvecchio: Je n'ai pas ces données, mais j'ai l'impression qu'effectivement, l'investissement américain a connu une croissance importante durant cette période. J'ignore si mes collègues ont...
M. Jerry Pickard: La seule raison pour laquelle je vous pose la question... Je crois que c'est un point important. Pour ma part, je ne suis pas convaincu que nous avons perdu des investissements étrangers dans la région où j'habite; en fait, nous en avons gagné pas mal, particulièrement en provenance des États-Unis. Toutefois, cette croissance pourrait n'être vraie que pour la région où j'habite, soit dans le sud-ouest de l'Ontario. Est-ce en règle générale...
M. Charlie Penson: [Note de la rédaction: Inaudible]
M. Jerry Pickard: Il importe toutefois, Charlie, de comprendre.
M. Charlie Penson: Venez voir ce qui se passe en Colombie-Britannique.
M. Jerry Pickard: Oui.
M. Rocco Delvecchio: Les mouvements de capitaux américains vers l'étranger—qui n'aboutissent pas ici, mais que nous pourrions attirer—révéleront selon moi d'importantes progressions. Quand l'économie tourne à plein régime—que l'économie et la devise américaines sont si fortes, le cours des actions si élevé, cours qui a tendance à être la devise d'une grande partie de l'investissement qui se fait—, vous trouvez réunis la plupart des facteurs qui alimentent un investissement très dynamique de la part des entreprises américaines. Je crois que c'est ce que vous voyez presque tous les jours.
Toutefois, vous constatez également un refoulement en Europe et dans d'autres régions du monde, où la concentration s'accentue selon moi, ou du moins relève-t-on un degré plus élevé de regroupements dans certains secteurs, comme en font foi certains investissements faits récemment par AOL-Time Warner, par exemple.
M. Jerry Pickard: Madame la présidente, j'aimerais peut-être revenir aux questions d'agriculture également, car je crois qu'elles intéressent pas mal tout le Canada. Certains secteurs s'en sortent fort bien. Je pourrais vous en nommer quelques-uns qui élargissent leur gamme de produits et commencent à percer sur les marchés américains—les industries de très haute technologie. Cependant, en règle générale, comme l'a mentionné M. Curtis, l'agriculture ne faisait pas partie des négociations de l'Organisation mondiale du commerce.
En tant que société canadienne, nous nous sommes efforcés le plus possible d'intégrer l'agriculture au commerce mondial et, en toute franchise, je suis d'accord avec une grande partie de ce qu'a dit M. Penson. On a l'impression que nous ne réglons pas les problèmes immédiats. Nous pouvons certes parler de planification à long terme. Nous devrions pouvoir résoudre certains de ces problèmes par les négociations dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Nous devrions aussi pouvoir le faire en assujettissant le commerce international à certaines règles. Toutefois, pour parler franchement, les États-Unis et l'Europe ne respectent pas les règles internationales, et on nous perçoit comme les bonasses qui font tout selon les règles.
En toute sincérité, j'estime qu'il est temps de réagir. Soit que nous injectons de l'argent dans le système, comme le font les États-Unis et l'Union européenne, soit que nous prenons d'autres mesures pour régler la crise immédiate. Comme tous le savent, il est impossible de planifier à long terme quand les effets immédiats sont désastreux. Or, c'est justement ce qui se passe.
Que recommandez-vous—je pose la question aux trois—comme moyen raisonnable pour régler la crise immédiate?
La présidente: Quelqu'un souhaite-t-il répondre?
M. John Curtis: En guise de réponse, je me contenterai de dire qu'étant donné ce que je sais des travaux de votre comité et de notre rôle en tant que ministère du Commerce, le commerce fait en réalité partie d'un problème structurel à plus long terme qui affecte tous les secteurs de l'économie. Je ne puis, en tant que professionnel de la fonction publique, aborder avec vous des questions immédiates qui n'ont pas strictement trait au commerce. Notre travail consiste essentiellement à voir à la structure et au long terme.
• 1005
À mon avis, s'il existe de graves préoccupations—comme le
reste d'entre vous, je lis bien sûr et je vis au sein de la même
société que vous—, elles visent le court terme. C'est donc à
d'autres fonctionnaires et aux ministres d'autres ministères qu'il
faut poser ces questions.
Le rôle du commerce, tout comme la technologie, la gestion, le niveau de vie et tous ces autres facteurs de qualité dont parlait Rocco—ce sont tous des conditions du long terme. Le problème dont vous parlez, qui nous préoccupe tous vivement en tant que Canadiens, relève par contre du court terme. Si vous voulez mon avis, le commerce n'est pas le moyen qui convient pour résoudre des problèmes à court terme.
J'ai peut-être été plus brusque qu'il ne le faut, mais cela déborde tout simplement de mon champ de compétence.
La présidente: Madame Charron Fortin.
Mme Louise Charron Fortin: S'il est question du court terme, je ne puis pas vous donner de détails précis, mais il n'y a pas une note d'information bilatérale rédigée de concert avec certains de nos partenaires coupables en prévision d'une visite ministérielle ou même de la visite d'un premier ministre où la question n'est pas soulevée. Nous pouvons dire qu'à court terme, au niveau des discussions politiques et au niveau de la défense de nos intérêts, ces questions sont constamment soulevées. Par contre, c'est tout ce que je puis dire dans le cadre de mon mandat actuel.
Je tenais simplement à mentionner, en rapport avec les efforts à long terme qui sont déployés par nos partenaires, que dans le cadre de mes fonctions en matière de financement international, je travaille beaucoup avec l'OCDE et avec le groupe de consensus. En fait, le gouvernement du Canada est depuis vingt ans un des premiers responsables de faire en sorte qu'il n'y a pas de distorsions sur le marché. Toutefois, de toute évidence, monsieur Penson, il existe une méga-distorsion dans le secteur agricole, et l'agriculture est en fait au programme. À certains moments, nous avons...
M. Charlie Penson: Pourriez-vous venir dans ma circonscription et l'expliquer aux gens que je représente?
Mme Louise Charron Fortin: Si vous saviez combien d'efforts nous déployons en ce sens, et nous avons les cicatrices pour le prouver.
Il en a été question à l'OCDE—l'OCDE reflétant l'accord de l'OMC. Croyez-moi, le débat est constant. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a été agressif, mais nous avons néanmoins été très directs. À nouveau, à court terme, nous n'avons pas obtenu les résultats escomptés—nous avons obtenu des résultats partiels, mais la distorsion continue d'exister.
La présidente: Monsieur Delvecchio, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Rocco Delvecchio: Non.
La présidente: D'accord. Je vous remercie.
Je suis désolée, monsieur Pickard, mais il faut céder la parole à d'autres.
M. Jerry Pickard: D'accord. Je vous remercie, madame la présidente.
La présidente: Monsieur Brien.
[Français]
M. Pierre Brien (Témiscamingue, BQ): J'aurais une question pour M. Curtis ou Mme Charron Fortin. À l'échelle internationale, une chose me préoccupe à l'heure actuelle. Il s'agit de la hausse de plus en plus permanente du prix du baril de pétrole et du comportement des pays de l'OPEP, qui réussissent à s'entendre pour limiter l'offre. On voit que l'augmentation du coût de l'énergie a un impact sur l'inflation. Le principal facteur d'inflation à l'heure actuelle au Canada est la hausse du prix de l'énergie.
Quelle est la position de votre ministère ou qu'est-ce que le Canada peut faire par rapport aux pays membres de l'OPEP? Est-ce qu'il y a des pressions exercées sur eux ou est-ce que vous pensez que cette entente-là ne va pas durer et qu'on va revenir à un coût du pétrole plus abordable dans les prochains mois ou les prochaines années?
[Traduction]
La présidente: Monsieur Curtis.
M. John Curtis: Eh bien, il faudra demander à M. Penson si les gens de sa province d'origine profitent de l'augmentation du prix de...
M. Charlie Penson: Les agriculteurs vont travailler dans les champs de pétrole.
M. John Curtis: C'est ce que nous appelons l'ajustement structurel, dans le jargon.
Pour répondre à votre question avec beaucoup de précision, le régime commercial a essentiellement pour objet en fait de favoriser un meilleur fonctionnement du marché, une libéralisation du marché—non pas un libre marché, mais un marché plus libre. Le coût des marchandises, particulièrement les prix de pétrole, en font partie. Ma réponse fondamentale est donc que, non, nous ne proposons pas que cette industrie soit réglementée à nouveau, que l'on constitue des stocks particuliers ou que l'on procède à d'autres genres d'interventions comme cela s'est souvent fait durant les années 60. C'est une question d'offre—vous avez mis le doigt dessus. La ressource est limitée. Certains pays contrôlent une grande part des approvisionnements. En fait, il s'agit-là des caprices du marché.
• 1010
Nous suivons le mouvement des prix, comme vous le proposez.
Nous savons que le cours des marchandises, particulièrement du
pétrole, est à très court terme... À nouveau, nous en revenons au
court terme qui, j'en suis conscient, vous préoccupe tous, les
élus. Toutefois, on peut compter qu'étant donné le jeu de l'offre
et de la demande pour ce genre de produit, les prix vont commencer
à reculer bientôt. Je ne parlerai donc pas de long terme, madame la
présidente.
[Français]
La présidente: Monsieur Brien.
M. Pierre Brien: J'ai des questions pour M. Delvecchio. À la dernière page de votre présentation, vous dites que le Canada s'est beaucoup amélioré au niveau de la productivité et que son classement s'est amélioré.
Vous nous dites cela à la dernière page comme s'il s'agissait d'un problème de sensibilisation, particulièrement auprès des Américains. Je peux me tromper, mais l'écart de productivité entre nous et les États-Unis, lui, ne s'est pas amélioré. Est-il possible que la perception négative qu'ont les Américains de notre productivité soit amplifiée par le fait que la leur est beaucoup meilleure que la nôtre?
M. Rocco Delvecchio: Oui, c'est bien possible. C'est peut-être la raison pour laquelle ils ont cette perspective de l'économie canadienne. Mais si on regarde d'autres facteurs comme les coûts de production, par exemple, on voit qu'on a des données qui indiquent que le Canada a une structure de coûts beaucoup plus basse que les États-Unis. C'est donc une véritable question de perception de la part de gens qui ne sont pas au courant des réalités canadiennes.
M. Pierre Brien: Qu'est-ce que vous suggérez que nous fassions pour améliorer cette perception-là?
M. Rocco Delvecchio: On est en train de formuler une stratégie pour mieux communiquer le développement de l'économie canadienne. C'est un travail en cours qui a pour but de déterminer les meilleurs canaux ou méthodes de communication afin de changer les perceptions des investisseurs partout dans le monde et surtout aux États-Unis. C'est une stratégie qu'on est en train de développer.
M. Pierre Brien: Si vous aviez à cibler un élément sur lequel nous devons travailler à court terme pour améliorer la compétitivité, lequel pointeriez-vous du doigt? Quelle mesure concrète nous suggérez-vous de recommander à la fin pour que nous puissions dire que telle chose doit être faite pour améliorer la productivité, car c'est là qu'est la principale faiblesse?
M. Rocco Delvecchio: Pour moi, c'est peut-être une question de perspective, mais je crois que si on réussit à augmenter le niveau d'investissement ici au Canada, cela va améliorer les autres choses: la productivité, les exportations ainsi que les autres facteurs qui intéressent les membres du comité.
M. Pierre Brien: Donc, il faudrait favoriser la venue d'investissements supplémentaires, d'investissements privés?
M. Rocco Delvecchio: Oui, oui.
M. Pierre Brien: D'accord.
[Traduction]
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Murray, je vous prie.
M. Ian Murray (Lanark—Carleton, Lib.): Merci beaucoup.
Dans la foulée de ce qui vient de se dire, je dirais que nous semblons avoir un sérieux problème d'image à l'étranger. Il est intéressant de constater que tant M. Curtis que M. Delvecchio ont mentionné dans leurs exposés l'image de marque. J'ai supposé que, dans l'exposé de M. Curtis, l'étiquette «fabriqué au Canada» était censée être une bonne chose. C'est peut-être une bonne chose pour le sirop d'érable et d'autres produits, mais il semble que ce ne soit pas forcément une bonne chose si vous regardez les résultats du graphique que nous a fourni M. Delvecchio.
En tant qu'abonné de longue date de la revue The Economist, j'ai toujours cru que le Canada pourrait clamer victoire le jour où The Economist dirait quelque chose de bon à son sujet. Ils ne nous ont jamais pris au sérieux, il me semble. Si vous examinez le sondage, il révèle que, selon eux, les États-Unis sont nettement en avance sur le Canada pour quelque chose d'aussi fondamental que les ressources. Ce n'est pas simplement que le sondage fait erreur; il en dit beaucoup sur nos communications à l'étranger.
• 1015
Ma question, je suppose, porte en réalité sur un mélange de
l'image de marque et de nos services de délégués commerciaux à
l'étranger. Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux peut-être nous
concentrer davantage sur un accroissement des investissements
directs au Canada, plutôt que d'essayer de trouver des débouchés à
l'étranger pour les exportations canadiennes.
Madame Charron Fortin, j'aimerais vous interroger au sujet des délégués commerciaux en général. Quel pourcentage à peu près d'entre eux auraient travaillé dans l'entreprise privée avant de devenir délégué commercial? Je me souviens qu'il y a des années, quand le ministère de l'Industrie et du Commerce existait, nous avions des délégués commerciaux plutôt bourrus qui n'hésitaient pas à vous dire ce que vous pouviez faire de votre idée si vous souhaitiez aller brasser des affaires à l'étranger. Je crois que cela a changé un peu au fil des ans. Peut-être n'utilisons-nous pas ces gens au mieux si nous avons ce problème de crédibilité en tant que membre du G-7 comptant plusieurs joueurs importants dans le monde de la technologie en particulier et si nous obtenons ce genre de résultats au sujet de l'image du Canada. Il faudrait peut-être recentrer notre approche, parce que l'investissement est important.
Il se peut—monsieur Delvecchio, vous pourriez peut-être nous en parler—que la situation de plein emploi presque aux États-Unis ait des retombées sur le Canada. Je crois que c'est probablement déjà ce qui se passe, puisqu'ils sont à la recherche de personnes talentueuses capables d'accomplir le travail à faire.
C'est une question assez floue, je le sais, mais je la pose quand même pour lancer le débat.
M. Rocco Delvecchio: Votre nom a été mentionné.
Mme Louise Charron Fortin: Mon nom a été mentionné, et j'ai entendu le mot «bourrus». Nous allons donc réagir à cela.
Pour ce qui est du profil des capacités ou des compétences du délégué commercial, nous faisons en fait de notre mieux, dans nos efforts de recrutement, pour essayer d'attirer au ministère des délégués commerciaux qui ont plus... En fait, beaucoup d'entre eux ont maintenant de l'expérience dans le secteur privé avant de se joindre à nous. Le recrutement ne se limite plus aux diplômés fraîchement sortis des universités.
Vous vous souviendrez qu'à l'époque, les délégués commerciaux entraient au ministère à l'âge de 22 ans, après avoir obtenu un ou deux diplômes. La tendance a maintenant changé, toutefois, parce que nous avons élargi nos critères de sélection. On continue d'exiger un diplôme universitaire, mais étant donné la situation sur le marché dans certains secteurs, nous profitons en fait d'une cuvée—c'est le cas depuis de nombreuses années maintenant—de délégués commerciaux recrutés pour cette seule raison, soit leur esprit d'entrepreneuriat, leur expérience dans l'entreprise privée. Le profil a donc changé.
En ce qui concerne ceux qui pourraient s'être glissés...
M. Ian Murray: Ce que j'ai dit n'était pas péjoratif du tout.
Mme Louise Charron Fortin: Non, je le comprends. Cependant, vous faites face, comme je l'ai dit, à une toute nouvelle culture.
Quand nous avons fait l'examen des programmes, comme je l'ai mentionné dans mon exposé, et rencontré des dirigeants du secteur privé il y a quelques années, ils nous ont dit qu'ils souhaitaient que les délégués commerciaux soient plus sensibles à leurs objectifs et à leurs besoins. Dans ce contexte, nous avons créé un programme de formation et d'acquisition de compétences et, parfois, un programme d'échange avec l'entreprise privée pour faire en sorte que les délégués commerciaux soient pleinement conscients de ce qui s'y passe. Nous les ramenons ici et les mettons en contact avec l'entreprise privée. Je crois avoir mentionné certaines données relatives au programme d'extension de 1999. Tout cela fait partie de la dynamique de faire en sorte que les délégués commerciaux continuent d'avoir le pouls de l'industrie et qu'ils ont ce talent d'entrepreneuriat eux-mêmes. C'est donc ma réponse pour ce qui est du profil. Nous renforçons ces aspects du programme.
Pour ce qui est de l'image de marque, dans le cadre de l'examen des programmes, nous avons réaligné en fait les services et les responsabilités du délégué commercial de manière à éliminer ce que l'on pourrait juger être des fonctions secondaires—je vous laisse deviner lesquelles, de la logistique à d'autres taches administratives—pour qu'ils puissent être plus en contact avec le client, non seulement pour trouver les renseignements dont j'ai parlé dans mon exposé, mais aussi pour relever le profil du Canada comme partenaire éventuel à tous les égards, en tant que partenaire commercial, que partenaire technologique.
• 1020
Le délégué commercial fait donc un travail beaucoup plus ciblé
et plus externe qu'il y a quelques années. Je comprends fort bien
votre point de vue, et des mesures ont été prises pour améliorer et
relever notre capacité et notre activité dans ce domaine.
La présidente: Monsieur Curtis.
M. John Curtis: J'ai un point très fondamental à faire valoir, si vous me le permettez, madame la présidente. J'aimerais vous conseiller, à vous et au comité, de ne pas être aussi pessimistes que ce que j'entends actuellement, particulièrement en ce concerne la revue The Economist. Il faut se rappeler que cette revue est une relique de l'Empire britannique, de sorte qu'il faut...
Point encore plus fondamental, cependant, je crois que le Canada reprend la voie de la croissance, une croissance qui a été en réalité très marquée au cours des trois ou quatre dernières années, à mesure que se sont accrus les niveaux d'investissement tant au Canada qu'à l'étranger—parce que ce sont souvent des entreprises canadiennes investissant à l'étranger qui, en fait, nous apportent la technologie, le savoir et la gestion—à mesure que les perspectives de croissance de l'économie canadienne... D'accord, les très graves problèmes de plusieurs de nos secteurs et de plusieurs de nos régions canadiennes continueront de faire la manchette du Economist, du Financial Times, du Wall Street Journal et d'autres, mais j'ai l'impression que les excellents taux de croissance et l'optimisme qui règnent dans certaines régions du pays, de même que les données que nous voyons, avec le temps feront changer... Le pays a vécu sept ou huit années économiques difficiles, et certains secteurs continuent d'avoir des difficultés, mais l'économie a connu tout un redressement en réalité. Je ne serais donc pas trop pessimiste.
Le second point—j'en reviens à la question antérieure—, la structure de l'économie canadienne continue d'être quelque peu différente de celle des États-Unis, ce qui fait dire que notre productivité est plus faible. Elle l'est dans certains secteurs, mais elle ne l'est pas tant que cela dans d'autres. Il s'agit peut-être là d'un point qu'on a fait valoir auprès du comité plus tôt. Quant aux deux secteurs qui connaissent la croissance la plus rapide aux États-Unis—celui de l'équipement électronique et celui de l'équipement industriel, soit les ordinateurs, les télécommunications et tout le reste—, la part de ces secteurs au sein de l'économie américaine est le double de la part dans l'économie canadienne. C'est pourquoi le reste du monde, y compris les investisseurs canadiens, investissent aux États-Unis. Voilà qui fait toute la différence, quand on a que le quatorzième de la taille de notre voisin. Cela peut sembler un peu écrasant.
Si vous disséquez les données, si vous examinez l'industrie du meuble, notre industrie agroalimentaire—mise à part la province particulière à laquelle faisait allusion M. Penson—et une vaste gamme de secteurs de notre économie, vous constaterez qu'en fait, nous avons raisonnablement tiré notre épingle du jeu tout au long de la dernière décennie et que nous allons faire encore mieux. Bientôt, un analyste new-yorkais va conseiller d'acheter notre dollar, une valeur sûre. Il fera valoir que le Canada est sous-évalué, qu'il a les ressources naturelles et les ressources humaines. Je soupçonne que The Economist, bien que les Britanniques soient toujours un peu en retard sur le reste du monde, prendra en fait conscience qu'il existe une économie plutôt forte dans la moitié septentrionale du continent nord-américain.
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Delvecchio, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Rocco Delvecchio: Brièvement, The Economist, il y a quatre ou cinq mois, a publié un article sur le Canada qui était étonnement positif—en tout cas pour certains.
Pour en revenir à la question de l'image de marque, je pense qu'il faut élaborer une stratégie qui nous permette d'être mieux connus dans le monde afin que nous puissions participer davantage à la mondialisation et tirer un meilleur parti des mouvements d'investissements et de technologies qui sont le moteur de la croissance dans ces secteurs. Nous le faisons. C'est notre travail et tous les jours, nous livrons concurrence à d'autres pour obtenir des investissements considérables.
Puisque vous vous intéressez aux études de cas, je suggère au comité d'étudier certains investissements stratégiques d'envergure qui ont été faits au Canada. J'en citerai deux. Le premier est un investissement énorme à l'île du Cap-Breton. Il s'agit d'une papeterie qui représente de la part de la société suédoise Stora un investissement de 750 millions de dollars. Pour constater à quel point cet investissement a transformé cette région du pays, examinez deux scénarios, l'un avec et l'autre sans cet investissement. Vous verrez l'évolution de cette économie régionale. Autre exemple, l'établissement d'un nouveau centre de développement de logiciels axés sur le commerce électronique qui doit être construit dans la région de Toronto d'ici 12 à 18 mois. À partir des caractéristiques propres à ces investissements et à leurs répercussions, je pense que vous pouvez extrapoler et constater que l'investissement est un élément crucial de la croissance de notre économie. Or, pour réussir à attirer de tels investissements, il faut que nous soyons mieux connus et nos atouts mieux compris.
• 1025
Pour l'heure, nous nous attachons activement—peut-être le
comité pourra-t-il nous aider—à élaborer des stratégies qui nous
permettront de mieux mesurer et d'accroître la part que les
investisseurs réservent au Canada. Nous envisageons de piloter
divers projets pour y arriver. Certains pays adoptent une approche
traditionnelle, qui consiste à organiser des campagnes de
publicité, mais l'inconvénient, c'est que ces campagnes de
publicité sont à la fois très coûteuses et mal ciblées; on ne sait
jamais vraiment qui est l'auditoire.
Dans notre optique, l'auditoire doit être des investisseurs de premier ordre, au sens large. C'est avec cet auditoire cible à l'esprit que nous élaborons activement des projets pilotes qui nous permettront de mieux savoir, dans un premier temps, comment nous sommes perçus à l'heure actuelle—c'est-à-dire aller au-delà des résultats des sondages que j'ai partagés avec vous et d'autres encore dont je pourrais vous parler. Dans un deuxième temps, nous envisageons également de multiples stratégies que nous pourrions mettre en oeuvre de façon rentable pour s'assurer que l'on pense davantage au Canada et partant, faire en sorte d'augmenter la possibilité d'attirer certains de ces importants investissements stratégiques chez nous.
La présidente: Merci.
Monsieur Jones, je vous prie.
M. Jim Jones (Markham, PC): Merci, madame la présidente.
Je vous remercie tous de vos exposés.
J'aimerais avoir des précisions au sujet de plusieurs chiffres. Quelle est la taille de l'économie américaine?
M. John Curtis: Environ 9 trillions de dollars US.
M. Jim Jones: Par conséquent, en dollars US, l'économie canadienne représente...
M. John Curtis: Environ 660 milliards de dollars U.S. Voilà pourquoi j'ai parlé d'un quatorzième.
M. Jim Jones: Et en 1985, quel était le ratio de l'économie canadienne par rapport à l'économie américaine?
M. John Curtis: Je n'ai pas ces chiffres sous la main.
M. Jim Jones: Et en 1975, quel était le ratio?
M. John Curtis: Avec la permission de la présidente, je vais vérifier. Je préfère ne pas...
M. Jim Jones: Je pense que c'est un facteur significatif. J'ai l'impression que l'économie américaine croît à un rythme plus rapide que l'économie canadienne.
M. John Curtis: C'est exact.
M. Jim Jones: C'est juste? A un moment donné, dans les années 80 ou à la fin des années 70, lorsque je travaillais pour IBM, on disait toujours que l'économie canadienne représentait environ un dixième de l'économie américaine.
Par rapport à l'économie mondiale, quelle est la taille de l'économie américaine?
M. John Curtis: Encore une fois, je n'ai pas les chiffres en main, madame la présidente, mais je dirais environ 25, 24, 23 p. 100—environ le quart de l'économie mondiale...
M. Jim Jones: Il y a quelques années, dans son message sur l'État de l'Union ou une autre allocution, Bill Clinton disait que l'objectif du gouvernement américain était de voir l'économie américaine passer de 25 à 35 p. 100 de l'économie mondiale. Comment un pays peut-il avoir un tel objectif alors que tous les pays du monde cherchent à élargir leur part? Les Américains sont en mode de croissance et je pense qu'au cours de la même période, notre part de l'économie mondiale a rétréci. Pourquoi cela?
M. John Curtis: Je ne suis pas certain qu'en fait, les États-Unis... C'était sans doute une vision, comme le fait d'envoyer quelqu'un sur la Lune.
M. Jim Jones: Mais les États-Unis représentent 25 p. 100 de l'économie mondiale, avec 270 millions d'habitants par rapport à une population mondiale de cinq ou six milliards d'habitants. Les Américains ne représentent qu'une très petite fraction de la population mondiale et pourtant, ils accaparent 25 p. 100 de l'économie internationale.
M. John Curtis: Indubitablement, c'est le grand succès économique des années 90. En fait, comme les députés le savent, le 1er février, les États-Unis ont entamé leur 108e mois de croissance économique continue, soit la période de croissance économique la plus longue jamais mesurée pour l'économie américaine. Cela se compare aux années 1870, 1890 et 1960, ces dernières ayant évidemment débouché sur l'inflation avec la guerre du Vietnam.
Les Etats-Unis ont connu une décennie couronnée de succès. Je ne peux confirmer que leur économie, en termes de pourcentage de l'économie mondiale, a progressé; elle a sans doute gagné quelques points de pourcentage, car cela a été l'économie la plus vigoureuse. Cela englobe certains des chiffres mentionnés par M. Delvecchio.
D'après les calculs, le Canada décline, mais c'est plutôt que les États-Unis ont connu une forte croissance.
M. Jim Jones: Si vous pouviez vous projeter dans dix ans d'ici, quelle serait la taille de l'économie américaine et de l'économie canadienne en pourcentage?
M. John Curtis: Si j'étais dans le secteur privé, je vous demanderais de me payer pour que je fasse ce genre de prévisions. Je ne sais pas ce qu'il en est du ministre des Finances... Je pense qu'il doit prononcer une allocution publique d'ici la fin du mois et je ne voudrais pas lui voler la vedette.
D'après mon intuition—et ce n'est qu'une intuition—, l'économie canadienne connaîtra une croissance légèrement supérieure par rapport à l'économie américaine au cours de la prochaine décennie. Par conséquent, cette disparité, qui se situe à un quatorzième pour le moment, sera sans doute moins forte dans dix ans, probablement parce que nous avons sous-performé pendant la majeure partie de la présente décennie et qu'ils ont surperformé. Comme dans tout, la nature cherche l'équilibre, et je soupçonne fort que l'économie canadienne connaîtra un meilleur rendement que l'économie américaine de façon générale d'ici les dix prochaines années.
M. Jim Jones: Monsieur Delvecchio, vous aviez un graphique sur l'investissement étranger américain. En 1985, les Canadiens recevaient 21 p. 100 de l'investissement étranger des États-Unis. Est-ce exact?
M. Rocco Delvecchio: Oui.
M. Jim Jones: Et en 1998, ce pourcentage était tombé à 10 p. 100.
M. Rocco Delvecchio: C'est exact.
M. Jim Jones: Où est allé cet investissement?
M. Rocco Delvecchio: La part de l'investissement américain que nous avons perdue est largement allée en Amérique latine et en Asie, en Chine. C'est sur ces marchés que l'on retrouve de plus en plus de sociétés américaines. C'est ce qu'indiquait l'un des autres graphiques lorsque nous avons discuté de ce rétrécissement de notre part du marché des investissements. Le pourcentage des investissements acheminés vers l'Europe est demeuré plus ou moins constant. C'est en Amérique latine et en Asie qu'il y a eu une véritable croissance.
Cela nous ramène à votre observation au sujet des taux de croissance relatifs et à la question de savoir comment l'économie américaine pourra maintenir une position aussi dominante face à des économies à croissance rapide, nonobstant les problèmes qu'a connus l'Asie depuis les deux dernières années. Au fil des ans, il y a eu des taux de croissance spectaculaires dans différentes régions du monde.
Il serait intéressant d'examiner plus en détail les rendements comparatifs des deux économies sur le plan de la croissance, de la productivité et de l'augmentation du revenu. Ce sont là des indices très importants si nous voulons savoir comment nous nous mesurons aux États-Unis. J'ignore si vous vous êtes penchés là-dessus dans vos recherches, mais il y a énormément de données pertinentes disponibles à Industrie Canada.
M. Jim Jones: Vous avez également indiqué dans vos graphiques que le Canada venait au 17e rang sur 25 en tant que destination privilégiée des investissements.
M. Rocco Delvecchio: Oui.
M. Jim Jones: C'était en 1999. Quel rang occupait le Canada en 1985 et en 1975?
M. Rocco Delvecchio: Le problème, avec cette séquence chronologique, c'est que le rapport A.T. Kearney était pratiquement un cas unique. Je ne sais pas jusqu'où nous pourrions remonter dans le temps pour savoir comment ce groupe en particulier nous cotait. Il y a des classements différents. Aux Nations Unies, par exemple, le Canada vient constamment au premier rang en termes de qualité de vie. Si l'on examine certaines autres mesures qui font davantage de place aux facteurs commerciaux, nous avons tendance à être classés relativement bas. Encore là, je vous ai donné trois différents groupes qui nous ont cotés de façon différente.
Le classement du groupe d'A.T. Kearney était essentiellement une évaluation de la perception qu'a la communauté d'affaires du Canada. Par conséquent, d'une certaine façon, cela amplifie l'argument selon lequel nous n'avons pas tellement la cote auprès de la communauté d'affaires internationale.
M. Jim Jones: Non?
M. Rocco Delvecchio: Le Canada n'est jugé tellement attrayant par la communauté d'affaires internationale en tant que lieu d'investissement ou d'implantation d'entreprises. Cela se reflète dans la part décroissante de l'investissement que nous avons montrée sur certains graphiques.
M. Jim Jones: Lorsque vous parlez d'image de marque, notre image est-elle celle d'un pays où les impôts sont très élevés? Est-ce cette image qui fait hésiter les investisseurs lorsqu'ils comparent notre régime d'imposition et les risques par rapport à ceux d'autres pays où le climat fiscal est plus favorable aux entreprises?
M. Rocco Delvecchio: Dans certains cas, le régime fiscal est un facteur important. Dans d'autres, ce peut être la disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée. Tout dépend de l'investisseur et des circonstances particulières de chacun.
Par exemple, nous constatons que sur le plan des capitaux de risque et de la formation de capital destiné à promouvoir la croissance des petites entreprises, il y a certains avantages fiscaux dont jouissent les États-Unis, qui tendent à aider ce segment de l'industrie ou de l'économie à croître plus rapidement qu'ici. Il y a aussi le traitement fiscal des options d'achat d'actions, dont on a parlé dans les journaux, et qui représente une considération importante.
Il n'y a pas de réponse simple. Je pense que c'est une combinaison de facteurs. Cela dépend. Par exemple, si l'on parle aux dirigeants d'entreprises allemandes, et que l'on compare la structure de coûts au Canada par rapport à l'Allemagne, nous sommes extrêmement compétitifs. Par contre, si l'on s'entretient avec des groupes installés dans certaines régions aux États-Unis, par exemple la Caroline du Sud, cet avantage sur le plan des coûts ne serait pas aussi marqué ou aussi différent.
• 1035
Les préoccupations des investisseurs dépendent de la nature de
leur entreprise et de leur emplacement ainsi que de la fourchette
des options disponibles. Il serait difficile de généraliser. C'est
un ensemble de choses. La réglementation fait souvent problème,
particulièrement dans le domaine des sciences de la vie. Nous
constatons qu'il y a aussi des obstacles liés à la disponibilité
d'une main-d'oeuvre compétente, qui a tendance à compter à la fois
dans le domaine de la technologie de l'information et des sciences
de la vie, là où l'on retrouve les industries à fort coefficient de
savoir et de croissance.
Par exemple, dans le domaine des sciences de la vie, une fois que l'on a dépassé les questions liées à la propriété intellectuelle, dont on a récemment discuté par l'entremise du projet de loi C-91, on débouche très rapidement sur la qualité de la recherche, la qualité de la main-d'oeuvre compétente, cette dernière étant de plus en plus un facteur dans les décisions d'investissement, particulièrement dans les secteurs à forte croissance.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Jones.
M. Jim Jones: Une dernière petite question.
La présidente: Soyez bref.
M. Jim Jones: Monsieur Curtis, dans votre exposé, vous avez dit que le commerce représente 41,3 p. 100 du PIB du Canada. Quel pourcentage de ce 41,3 p. 100 est attribuable aux échanges avec les États-Unis?
Permettez-moi d'aller plus loin. S'il s'agit d'un chiffre très élevé, cela ne devrait-il pas nous inciter à émuler davantage les politiques fiscales américaines et les mesures qui y sont en vigueur afin de stimuler ici l'investissement et la croissance?
M. John Curtis: Je peux répondre à la première partie de la question avec plus de confiance qu'à la seconde.
Monsieur Jones, ce pourcentage de 41,3 p. 100 représente en fait les exportations canadiennes, la part des exportations en termes de PIB, et non le commerce. Si on y ajoute les importations et, bien sûr les importations font partie des exportations et des réexportations...
M. Jim Jones: Non, mais quel pourcentage du 41,3 p. 100 de toutes les exportations canadiennes est acheminé aux États-Unis?
M. John Curtis: Si vous voulez connaître le pourcentage exact, c'est 81,7 p. 100, soit environ quatre cinquièmes. Cela signifie, si je peux m'exprimer autrement, qu'environ un tiers de la totalité de l'activité économique intérieure canadienne est attribuable au commerce avec les États-Unis.
M. Jim Jones: Et vous n'allez pas répondre à la seconde partie de ma question?
M. John Curtis: M. Delvecchio a raison. C'est un tout. Nous devons nous attaquer à toute la gamme des dossiers économiques, politiques et sociaux. Je pense que c'est d'ailleurs là la matière sur laquelle ce comité se penche très judicieusement. Je soupçonne que ce n'est pas un facteur en particulier. C'est que les Canadiens sont modestes. Nous le savons. Nous sommes tout simplement des Américains plus gentils et contrairement à eux, nous ne sommes pas du genre à nous vanter.
M. Jim Jones: Mais nous ne vivons pas dans un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
La présidente: D'accord, merci, monsieur Jones.
Madame Jennings, je vous en prie.
[Français]
Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce—Lachine, Lib.): Merci, madame la présidente.
[Traduction]
J'ai une question qui porte sur le manque de sensibilisation des milieux d'affaires. Il semble que nous n'ayons pas la cote auprès des investisseurs. Et dans tous les domaines. Y a-t-il un secteur industriel en particulier où nous soyons présents et dont nous pourrions tirer des enseignements, que ce soit des investisseurs européens, asiatiques ou américains qui souhaitent investir à l'extérieur de leur propre pays ou continent et qui considèrent le Canada comme un lieu d'investissement intéressant pour leur argent, un lieu où ils obtiendront un rendement comparable ou meilleur dans des secteurs moteurs? Si un tel cas existe, il pourrait nous aider à peaufiner notre image de marque dans les autres secteurs. S'il y en a effectivement un, en avez-vous tiré des leçons qui puissent nous aider dans d'autres secteurs?
M. Rocco Delvecchio: Traditionnellement, dans les milieux industriels, le Canada a l'image d'une économie fondée sur les ressources. Il est bien connu pour ses produits miniers et forestiers. En fait, si l'on regarde les données commerciales...
M. John Curtis: Des voitures, beaucoup de voitures.
M. Rocco Delvecchio: ... Il y a énormément de voitures, énormément de produits forestiers.
Si vous voulez parler de secteurs où notre réputation n'est plus à faire, et où nous sommes en quelque sorte au premier rang, en termes de la structure industrielle mondiale de l'investissement, je dirais que le secteur de l'automobile en est un. Ce n'est peut-être pas une chose qui est aussi connue qu'elle pourrait ou devrait l'être, mais nous avons fort bien réussi à attirer des investissements au Canada dans ce domaine, en partie en raison de l'avantage comparatif que nous offrons sur le plan des coûts. D'ailleurs, Mme la présidente en sait sans doute plus long que bon nombre d'entre nous à ce sujet. L'avantage comparatif lié à des coûts salariaux moindres a certainement été le moteur de certains de ces investissements.
Si ma mémoire est bonne, nous assemblons ici environ 20 p. 100 des automobiles vendues en Amérique du Nord, alors que nous représentons environ 10 p. 100 du marché. Par conséquent, cela représente un avantage net pour nous, particulièrement sur le plan du montage, avantage qui est quelque peu atténué par le déficit du côté des pièces, ce que nous nous attachons à redresser.
• 1040
Il suffit d'examiner l'investissement du Japon dans le secteur
de l'automobile pour s'apercevoir que certaines de ces usines comme
Toyota et Honda sont parmi les plus concurrentielles et les plus
productives du monde. Nous prenons tout cela en compte dans notre
stratégie de commercialisation lorsque nous parlons à d'éventuels
investisseurs.
Les télécommunications sont un autre secteur en essor. C'est un secteur très fort. À mon avis, une convergence est en train de se produire en ce qui concerne les trois grands secteurs. L'un étant l'électronique grand public, le deuxième, les systèmes informatiques et le troisième, les télécommunications. Alors que nous n'avons jamais été très forts dans le domaine de l'électronique grand public ou de la fabrication informatique, nous avons toujours été très forts dans le domaine des télécommunications. Grâce à la convergence de ces secteurs, je pense que le Canada peut gagner du terrain dans ce domaine. Nortel et BCE sont de très bons exemples, surtout en ce qui a trait à leur performance spectaculaire à la bourse, ce qui tend à susciter l'intérêt des investisseurs.
Si vous demandez aux gens ce qu'ils pensent du Canada, ils vont vous répondre, j'imagine, que notre économie est axée sur les ressources naturelles et que nous occupons une part importante du secteur automobile; cependant, tous ne sont pas sensibilisés à nos points forts dans le domaine des télécommunications.
Mme Marlene Jennings: Que faisons-nous alors pour les informer? Vous avez parlé de certains projets pilotes, de certains plans visant à nous faire connaître des investisseurs et des prescripteurs. Une société qui souhaite investir s'adresse à un spécialiste qui examine ce qui se passe dans le monde et qui détermine le pays où cette société va obtenir le meilleur rendement de son investissement. Comment votre plan ou les plans que vous essayez de mettre en place, vont-ils informer ces prescripteurs clés au sujet de ces trois secteurs qui sont en train de converger, comment vont-ils leur dire que notre marché est sous-évalué et que c'est ici qu'ils devraient investir?
M. Rocco Delvecchio: Pour ce qui est de notre travail, lorsque nous parlons d'un projet pilote, il ne s'agit pas d'une vaste campagne visant à informer le public en général, c'est plutôt très centré sur...
Mme Marlene Jennings: Nous parlons des prescripteurs.
M. Rocco Delvecchio: Oui, les prescripteurs et les décideurs.
Pour commencer, nous nous efforçons de façon très systématique d'identifier les décideurs et de mieux comprendre la façon dont ils perçoivent actuellement le Canada—si tant est qu'ils s'y intéressent—ainsi que de comprendre leurs échelles de valeurs et leurs mécanismes de prise de décision.
Ensuite, nous essayons de voir où se trouvent les lacunes. Par exemple, comment notre pays se compare-t-il aux autres du point de vue des investisseurs et de leurs échelles de valeurs, tels que nous les comprenons? À notre avis, nous allons trouver certaines lacunes au niveau de l'information qui indiquent qu'ils ne savent pas véritablement ce qui se passe au Canada. Il est possible de combler ces lacunes simplement en assurant une meilleure communication.
Nous pensons également qu'il y aura certaines lacunes en matière de politique, qu'il y aura des secteurs où nous sommes bien connus mais où nous ne jouissons pas d'une réputation particulièrement bonne, car ces facteurs ne sont pas positifs du point de vue des investisseurs. Nous allons donc avoir un programme politique à cet effet.
Au bout du compte, nous aurons une stratégie d'information ou de communication ainsi qu'un programme politique; en fonction des résultats de nos recherches, nous irons jusqu'aux décideurs et prescripteurs clés; ainsi, dans le cadre de la première étape, les éventuels investisseurs s'intéresseront davantage au Canada. En pareil cas, nous aurons bien des choses à leur dire, surtout dans certains des secteurs dont j'ai fait mention.
Mme Marlene Jennings: Combien de temps vous donnez-vous pour ce faire?
M. Rocco Delvecchio: De 12 à 18 mois.
Mme Marlene Jennings: La première et la deuxième étapes seront alors terminées?
M. Rocco Delvecchio: Nous espérons que la première étape sera terminée d'ici 12 à 18 mois. Nous serons alors en mesure d'avoir une stratégie plus solide visant à accroître la sensibilisation des investisseurs éventuels et à mieux leur faire connaître les avantages du Canada.
Mme Marlene Jennings: Le délai que vous visez m'inquiète. D'après les indicateurs, une convergence est en train de se produire. Dans le contexte de la globalisation et des progrès de la technologie, de telles convergences se produisent beaucoup plus rapidement aujourd'hui—assorties d'une restructuration complète d'un marché ou d'une industrie—qu'il y a à peine cinq ans. Je me demande si vous n'allez pas prendre du retard d'ici le moment où vous serez prêts à conseiller le gouvernement ou les secteurs de l'industrie. Vous avez identifié les prescripteurs clés dans des secteurs particuliers et ils auront déjà investi leur argent ailleurs.
M. Rocco Delvecchio: Je répondrais en disant que les projets pilotes relatifs à l'image de marque du Canada ne représentent pas tout notre travail. Nous continuons chaque jour à travailler de façon très agressive. Après cette séance, nous allons travailler sur des investisseurs éventuels, parce que c'est notre travail. Nous avons connu un succès considérable dans plusieurs domaines. Le secteur des télécommunications est en pleine effervescence et le Canada, notre région en particulier, jouit d'une très bonne réputation. Nous avons beaucoup à offrir.
• 1045
Une partie de notre travail consiste à persuader sans relâche
les gens que Nortel est en fait une société canadienne, car les
Américains tendent à adopter les sociétés qui réussissent. Ce
succès est spectaculaire et attire l'attention sur nous. Ce que
nous devons faire bien sûr, c'est miser sur cette sensibilisation
de manière que lorsque les gens s'aperçoivent que Nortel connaît
tant de succès, ils se demandent pourquoi c'est le cas et pourquoi
ils ne voient pas ce que le Canada a à offrir. Cela fait partie
intégrante de notre campagne de commercialisation. Nous le faisons
chaque jour en plus de nous occuper de l'initiative relative à
l'image de marque.
La présidente: Merci, madame Jennings.
J'aimerais revenir très brièvement sur un point que M. Delvecchio a expliqué, je crois, dans sa dernière réponse. De toute évidence, nos ministres et tous les groupes qui représentent le Canada essaient constamment de défaire les mythes; nous essayons également d'expliquer aux gens qui ne sont pas venus au Canada depuis 20 ou 25 ans et qui prennent ces décisions que les États-Unis ont bien sûr connu une croissance, mais que le Canada n'est pas en reste. C'est un gros problème qui se pose parfois et dont nous nous rendons compte à l'étranger, car les gens n'ont pas... Par exemple, lorsque j'étais à Taïwan et en Malaisie, j'ai rencontré des gens qui ne sont pas venus au Canada depuis 1971 et qui pensent que les États-Unis ont changé, mais pas le Canada. Nous devons donc éduquer les gens à cet égard, ce qui est un vaste programme.
Juste avant de passer à MM. Penson et Cannis, monsieur Curtis, vous avez parlé de la taille de l'économie en réponse à M. Jones. Lorsque nous disons qu'elle équivaut à un quatorzième, prenons-nous en compte le fait que le dollar canadien est peu élevé par rapport à ce qu'il était, ou non?
M. John Curtis: Non, madame la présidente, ces chiffres sont en dollars américains. Vous avez raison, cela montre la valeur du dollar américain maintenant...
La présidente: Eh bien, si je reviens aux chiffres de 1975, le dollar canadien était égal au dollar américain, voire même supérieur de quelques cents.
M. John Curtis: C'est exact, et cela entre dans nos calculs. Par contre—et je crois que c'est le sens de la question de M. Jones—si l'on examine les 20 dernières années et que l'on évalue tout en dollars américains, y compris la production du Canada, quel serait le changement? Par conséquent oui, le taux de change influe sur les calculs à quelque moment que ce soit et a un impact sur toutes sortes de choses. Si vous prenez le dollar américain—et il s'agit bien sûr de la devise utilisée par toutes les institutions internationales et de nombreuses entreprises dans le monde—bien que je n'aie pas ici les chiffres de 1975 ou de 1985, en termes de dollars américains, je pense que l'économie canadienne par rapport à l'économie américaine est quelque peu plus petite maintenant qu'elle ne l'était alors, si l'on prend en compte le mouvement des deux devises.
La présidente: D'accord, merci.
Monsieur Penson.
M. Charlie Penson: J'ai une question rapide à poser.
Tout d'abord, monsieur Delvecchio, il me semble qu'au lieu d'essayer de faire connaître les produits canadiens à des fins d'investissement, nous ferions mieux d'essayer de supprimer certaines éléments de notre image de marque qui peuvent revêtir plusieurs formes, comme nous le savons tous. Les investisseurs prennent beaucoup de facteurs en ligne de compte lorsqu'ils se préparent à investir. Les impôts en sont un. Il y a aussi la stabilité politique. Il y a toutes sortes de choses. Je suggérerais une politique du gouvernement pour les mines. L'industrie minière du Canada a repris pour finalement partir au Chili et y faire d'importants investissements.
Compte tenu de la force du dollar américain, pensez-vous, à l'instar de l'ancien premier ministre Peter Lougheed, que les États-Unis pourraient acheter le Canada? D'après lui, c'est une tendance assez alarmante. Compte tenu de la force du dollar américain, les États-Unis sont en mesure de faire des investissements bon marché au Canada. Partagez-vous cette préoccupation?
M. Rocco Delvecchio: Je répondrais en disant que notre travail consiste véritablement à attirer l'investissement au Canada pour développer des entreprises au Canada, soit pour créer de nouvelles entreprises, soit pour développer celles qui s'y trouvent déjà. Nous ne nous occupons pas des fusions ou des acquisitions, si bien que je n'ai pas véritablement de point de vue à ce sujet; tout ce que je peux dire, c'est que lorsque nous travaillons avec une société et que nous ciblons une société, c'est pour que cette société s'établisse au Canada ou pour qu'elle développe une entreprise au Canada. Ce genre d'investissement est invariablement bon pour le Canada. Sans cet investissement, nous n'aurions pas le genre d'activité économique que nous connaissons.
M. Charlie Penson: En plus, cela amène de nouvelles technologies...
M. Rocco Delvecchio: Une nouvelle gestion de la technologie.
M. Charlie Penson: ... ou des prix, par exemple, etc.
M. Rocco Delvecchio: Ce qui est intéressant à propos de l'investissement, notamment l'investissement de haut niveau, c'est que lorsque ces sociétés globales envisagent de prendre une importante décision stratégique en matière d'investissement, susceptible de déterminer leur future performance, elles recherchent une région où elles pourront obtenir le plus grand avantage concurrentiel sur une longue période de temps. Cela est relié à toute une gamme de facteurs dont vous avez fait mention et qui varient d'une société à l'autre et d'un secteur à l'autre.
• 1050
Ce qu'elles vont amener également, parce qu'elles veulent des
rendements élevés... Essentiellement, elles vont amener tout ce qui
est nécessaire pour réussir. Il suffit de prendre l'exemple de
l'usine de papier Stora à Port Hawkesbury pour s'apercevoir que
l'investissement de 750 millions de dollars a non seulement permis
l'achat d'un équipement de fabrication du papier de classe
mondiale—si bien qu'il s'agit probablement de la première usine de
papier au monde à l'heure actuelle pour ce qui est de cette
catégorie de papier—mais qu'il a également transformé la
population active, permettant l'arrivée d'une nouvelle gestion et
de toutes sortes d'autres choses.
Tout cet investissement a transformé cette région du pays, ainsi que les opérations de cette société en particulier de toutes sortes de façons—des biens d'équipement jusqu'aux techniques de gestion, sans parler du financement rendu possible par l'investissement réalisé par la société mère, consolidant ainsi la présence de cette société sur le marché, ce qui lui permet de commercialiser ces catégories de papier etc. Il suffit d'examiner tout cet éventail d'activités pour s'apercevoir que...
M. Charlie Penson: Oui, je suis absolument d'accord, tant que nous n'avons pas à les attirer ici en leur offrant de l'argent du gouvernement. C'est la seule chose.
M. Rocco Delvecchio: Puis-je vous répondre à ce sujet?
M. Charlie Penson: Oui.
M. Rocco Delvecchio: Je ne sais pas si vous avez examiné cet exemple particulier, mais pas un seul dollar fédéral n'a été proposé pour appuyer cet investissement au Canada. Il s'agit de 750 millions de dollars sans aucun stimulant du gouvernement fédéral. Nous en tirons fierté étant donné que lorsque nous recherchons des investissements stratégiques, nous voulons des sociétés qui ne recherchent pas de stimulants ou de subventions; nous voulons des sociétés qui décident de choisir le Canada, en raison des points forts et des atouts de notre pays.
La présidente: Merci.
Monsieur Cannis, vous avez la parole.
M. John Cannis (Scarborough-Centre, Lib.): Merci, madame la présidente. Je serai très bref également.
Vous tous aurez compris, je crois, que le dénominateur commun autour de cette table—et beaucoup de bonnes questions ont été posées—pour la plupart des députés qui ont posé des questions, c'est cette préoccupation que nous entretenons tous au sujet de l'écart à combler ou de l'endroit où nous nous situons sur la carte ou de la façon dont nous nous y prenons pour faire accepter le Canada. Pour reprendre l'expression de M. Delvecchio, qu'il a répétée à deux ou trois reprises, le Canada a de quoi être fier et tous mes collègues et moi-même en conviennent. Il s'agit de savoir comment sensibiliser les gens. Je suis heureux d'apprendre qu'une stratégie est en cours de préparation pour sensibiliser les Canadiens.
C'est bien beau d'avoir une stratégie, tout aussi efficace qu'elle puisse être, mais disposons-nous des outils pour la mettre en oeuvre? Voici où je veux en venir: je suis heureux que Mme Fortin ait fait allusion à la qualité des gens qui nous représentent à l'étranger, mais tout aussi efficaces qu'ils puissent être, si on ne leur fournit pas de moyens pour faire leur travail, ils ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs et nous ne pouvons, comme l'a dit M. Delvecchio, attirer les investissements.
Disposons-nous des moyens? Je sais que le gouvernement a procédé à des restructurations au cours des dernières années. Vous dites que nous avons la stratégie. À part la stratégie sur papier, avons-nous les autres outils? Vous savez exactement à quoi je fais allusion. Se trouve-t-il à l'étranger des commissaires du commerce extérieur qui sont en mesure de soutenir la concurrence, à l'instar des représentants américains, pour assurer la liaison et pour entretenir de bonnes relations? Ont-ils des outils?
Enfin, lorsque nous soutenons la concurrence d'autres pays—avec les États-Unis ou quelque autre pays—nous savons que leurs structures et leurs ordres de gouvernement sont différentes des nôtres. Lorsque vous allez à l'extérieur pour attirer les investissements, constatez-vous alors qu'il existe une collaboration entre les homologues provinciaux et les représentants du gouvernement fédéral? Nous savons que des obstacles se dressent à l'interne—par exemple d'une province à l'autre. Est-ce que les provinces collaborent? Êtes-vous en mesure de nous le dire? Je suis convaincu que vous traitez également avec les homologues provinciaux.
M. Rocco Delvecchio: En ce qui a trait à la première partie de votre question, monsieur Cannis, je dirais que pour ce qui est de l'ensemble des compétences nécessaires à l'accomplissement efficace de cette tâche, je ne sais pas si nous en disposons pour le moment. Dans le cadre des projets pilotes dont j'ai parlé il s'agira d'établir notre stratégie, le genre de canaux de communication qu'il nous faut mettre en place pour mieux joindre les investisseurs éventuels. Cela nous permettra, je crois, de mieux connaître le genre de compétences dont nous avons besoin pour bien faire les choses.
J'ai le sentiment, toutefois, qu'il s'agira dans une certaine mesure de compétences différentes de celles que nous avons à l'heure actuelle. S'occuper de commerce et de stimulation du commerce est une tâche tout autre que la promotion des investissements. Il s'agit alors de gens, de paliers et à de messages différents. Dans le cas des investissements, nous faisons accepter le pays. Pour ce qui est du commerce, nous aidons une autre entreprise à vendre un service ou un produit. C'est tout à fait différent. L'ensemble des compétences est différent. Une partie de nos projets pilotes serviront à les déterminer.
• 1055
En ce qui concerne la collaboration, je crois que nous
travaillons de mieux en mieux non seulement avec les
gouvernementaux provinciaux mais avec les municipalités. Ce que je
trouve intéressant dans le domaine de l'investissement, c'est que
les municipalités s'y intéressent de plus en plus. Un investisseur
en viendra très rapidement à dire que c'est peut-être à Toronto
qu'il devrait songer à s'installer ou à Vancouver ou Edmonton. On
parvient très rapidement à amener les investisseurs à se concentrer
sur une région en particulier. Cela signifie toutefois que nous
devons établir de très bonnes relations de travail avec les
municipalités régionales.
Nous y sommes parvenus comme en témoignent certaines réussites dont j'ai parlé, IBM étant l'une des plus récentes. Je crois que ce qui a en partie contribué à cette plus grande collaboration, c'est que lorsque les municipalités ou les provinces s'ouvrent au reste du monde, elles découvrent à peu près ce que nous avons nous-mêmes constaté, c'est-à-dire que le Canada n'est pas très bien connu. Il arrive parfois que la première question que se fait poser tantôt un maire tantôt un président régional tantôt un premier ministre soit la suivante: «Comment va le Canada?» ou «Parlez-nous de la situation financière du Canada, etc.» Il arrive aussi qu'on les interroge entre autres sur les compétences.
Ainsi lorsqu'ils font la promotion de ce secteur en particulier, ils doivent être bien informés et être en mesure de valoriser dans leurs commentaires ce que le pays a à offrir. Nous nous rendons de plus en plus compte que, lorsque nous cherchons à faire accepter le Canada, nous sommes en mesure de travailler très efficacement avec les collègues des paliers provinciaux et municipaux. En ce sens, je crois que les choses se précisent de plus en plus.
En fait, nous nous éloignons d'une partie de la rivalité que nous constations auparavant alors que les investissements étaient considérés comme quelque chose qui se passait à l'intérieur du Canada et qu'un certain nombre de choses créaient des tensions entre les régions. Alors que nous nous ouvrons sur l'extérieur, ces tensions n'existent pas vraiment ou ne sont pas aussi fortes parce que nous cherchons à attirer les investisseurs au Canada. Quant à savoir où ils seront effectués au Canada, il en revient vraiment aux autres partenaires de défendre leur cause du mieux qu'ils le peuvent. Je crois que le partenariat fonctionne bien maintenant et qu'il en restera ainsi tant que nous nous concentrerons sur des possibilités d'investissement stratégiques à l'extérieur du pays.
Mme Louise Charron Fortin: Puis-je ajouter quelque chose?
Il s'agit d'un croisement entre le commerce et l'investissement. En ce qui a trait à l'intégration avec les autres intervenants, y compris les provinces, des consultations ministérielles ont lieu à intervalles réguliers de sorte qu'au niveau de l'élaboration des politiques, les gens se parlent et qu'au niveau du travail... Nous avons, comme je l'ai dit plus tôt, l'entente Équipe Canada inc. Il s'agit d'avoir, dans le cadre de cette entente pour développer le commerce international, un plan d'activités commun au sujet duquel les gens s'entendent sur les objectifs et partagent la tâche... Les intrants pour ce plan travaillent à ce que nous appelons le Réseau commercial régional. Ce plan d'activités comporte un élément d'investissement et ces réseaux alimentent le plan d'affaires.
Malgré l'apparence de paperasseries, cela permet de rassembler les gens de les attirer à la table. Nous avons au moins réussi, après un an et demi ou deux, à nous fixer des objectifs communs de sorte que les gens ne se lancent pas dans tous les sens. C'est important que nous le fassions parce que nos propres ressources sont encore limitées. Il est aussi important que tous ceux qui s'attaquent à l'expansion du commerce et à l'acquisition de technologies ou investissent, le fassent de façon rationnelle et évitent le double emploi. Il est déjà arrivé que nous ayons un certain nombre de gens qui allaient frapper à la porte du même client; cela ne convient pas: si nous voulons ternir votre image, c'est une des façons de procéder—nous avons l'air d'imbéciles. C'était mon dernier petit point.
La présidente: Monsieur Delvecchio.
M. Rocco Delvecchio: Je vais ajouter un point. Lorsque nous parlons de municipalités et d'essayer d'atteindre de meilleurs niveaux de coordination, nous avons un programme—qui a été approuvé il y a deux ans si je ne m'abuse—connu sous le nom de PEMD-I. Il s'agit d'un programme de développement des marchés d'exportation qui s'attache à l'investissement. Ce programme nous permet de travailler directement avec les municipalités afin de les amener à se concentrer sur leur actif, sur leurs forces, sur le rapport que cela peut avoir avec ce qui pourrait intéresser les futurs investisseurs et sur la façon de mieux se positionner pour réussir à attirer les investissements. Ce programme inclut une composante aussi importante que la création conjointe d'un site Web pour que nous, conjointement avec les provinces et les municipalités, soyons bien représentés et que les investisseurs, surtout aux États-Unis, lorsqu'ils prennent leurs décisions, y trouvent les données à jour qu'ils cherchent dans un format qui leur est adapté.
Nous avons été en mesure, par l'entremise de ce programme, de faire cela de façon très efficace de sorte que ce processus et ce programme contribuent un peu au développement du pays. J'espère que le comité, s'il a l'occasion de l'examiner, en verra le bien-fondé et en viendra à certaines conclusions quant à l'orientation que devrait prendre ultérieurement ce programme. Je crois qu'il reste peut-être deux années de financement, mais il s'agit d'un programme tout à fait crucial. Il est aussi très important de regrouper tous les partenaires pour qu'ils soient tous sur la même longueur d'onde. Ce qui incite vraiment les gens à collaborer, c'est le fait que nous devions faire preuve de cohérence devant les investisseurs. Mais, comme vous l'avez dit, il nous faut des ressources et des outils pour travailler efficacement et ce programme nous en fournit une partie.
La présidente: Merci.
Monsieur Curtis, avez-vous une dernière observation à faire?
M. John Curtis: Je sais que vous devez conclure, madame la présidente, mais si vous le permettez, j'aimerais revenir brièvement à la question qu'a posée M. Penson tout juste avant la dernière, lorsqu'il a fait allusion à un collègue de l'Alberta. S'il y a une chose que j'ai apprise après avoir grandi de l'autre côté des montagnes c'est qu'il ne faut jamais s'en prendre ni à un ancien premier ministre ni à un critique de l'opposition de la province située juste de l'autre côté des montagnes.
En ce qui a trait à votre tâche première, je crois qu'il est important que les membres du comité se rappellent qu'en matière d'investissement, le Canada exporte davantage qu'il n'importe à l'heure actuelle. On devrait donc à tout le moins réfléchir au concept de l'absorption sous l'angle d'une circulation des investissements dans les deux sens et cela fera également partie de notre image de marque. Les entreprises canadiennes qui achètent sur le marché américain ou à l'étranger sont toutes des composantes de cette économie en pleine évolution.
J'espère donc que, à mesure que ses travaux progresseront, le comité s'attachera tant aux importations qu'aux exportations et à l'évolution très rapide de l'économie. Dans l'ensemble, je crois que nos problèmes d'image de marque s'estomperont par rapport à ce que nous avons connu au fil de cette décennie très difficile, pour me répéter.
Merci, madame la présidente.
La présidente: Avant de vous laisser aller, je veux demander à Mme Fortin si elle peut éclaircir un point. Lorsque M. Serge Nadeau d'Industrie Canada a comparu devant le comité nous avons parlé de nos exportations et il a pour ainsi dire affirmé qu'on pourrait les diviser en cinq groupes très distincts ou entreprises, dont les fabricants d'automobiles, la Commission canadienne des grains et Nortel. Dans vos remarques liminaires vous avez laissé entendre qu'il y en avait plus que cela. Je ne sais pas si j'ai mal compris ou...
Mme Louise Charron Fortin: J'ai laissé entendre que pour coordonner nos actions et en établir la priorité, le gouvernement a approuvé, en fait patronné, en 1996, une liste de 23 secteurs stratégiques. En fait, 12 de ces secteurs ont fait l'objet d'une mesure. Je ne sais pas si vous faites allusion à...
La présidente: Je parlais plus précisément des exportateurs. Je suis désolée, je n'ai pas bien fait ressortir cet aspect dans ma question. Lorsque vous parliez du fait que nous étions une nation de négociants, vous laissiez alors entendre que beaucoup de sociétés étaient exportatrices. Lorsque nous avons reçu M. Nadeau, il a parlé de cinq d'entre elles qui dominent notre marché d'exportation.
Mme Louise Charron Fortin: Il y en a bien cinq qui dominent, mais nous avons aussi un certain nombre d'entreprises de plus grande envergure qui justifient d'une grande part de nos exportations.
Cependant, nous avons de plus en plus de PME. En fait, nous avons été très déterminés et très stratégiques dans l'approche que nous avons adoptée à l'égard des PME afin de les doter de programmes et de services leur permettant de commencer à s'immiscer sur les marchés malgré leur petite taille. Nous avons un répertoire de quelque 20 000 entreprises prêtes à exporter. Certaines le font déjà tandis que d'autres sont prêtes à le faire. Il s'agit du système WIN. Je dirais qu'environ 80 p. 100 de ces entreprises entreraient dans la catégorie des PME.
Nous disposons d'un service, en fait il s'agit de mon bureau, qui a pour mandat de sensibiliser les gens à l'importance des programmes d'aide aux PME, de reconnaître ce que les PME ont apporté à l'Économie canadienne et pourraient lui apporter en tant que partenaires en matière d'exportation et de concevoir des outils et des programmes pour leur venir en aide. Certains programmes ne s'adressent pas aux entreprises ordinaires. Disons que les entreprises de taille moyenne et de plus grande envergure ne conviennent pas aux PME qui sont très petites et, la plupart du temps, manqueront, au tout début du moins, d'expérience et de ressources pour se lancer sur les marchés d'exportation. Nous essayons de reconnaître les contributions des PME à l'économie en leur prêtant main-forte d'une façon très spéciale dans leurs initiatives en matière d'exportation, mais elles justifient encore d'une faible part de l'ensemble de nos exportations.
La présidente: Voilà qui éclaire ma lanterne.
Je termine en vous disant ceci. Nous reconnaissons l'importance que revêt le secteur de l'exportation pour l'industrie agricole et, compte tenu des questions qu'ont posées MM. Penson et Pickard, j'espère que nous ne l'oublierons pas. Nous devrions aussi reconnaître que nos échanges commerciaux avec les États-Unis se sont chiffrés à environ 400 milliards en 1998, notre déficit n'ayant été que de 4 milliards. Le Canada s'en tire assez bien, si l'on tient compte du fait qu'il s'agit d'un pays 14 fois plus grand que le nôtre. Je dis donc que c'est très bien pour un pays comme le Canada. J'espère toutefois que nous examinerons dans quelle mesure ces exportations dans le secteur agricole revêtent de l'importance pour le Canada et que nous n'oublierons pas ce qu'il faut faire d'autre pour en assurer le maintien.
Je lève maintenant la séance. Je vous remercie.