INDU Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY
COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mercredi 31 mai 2000
La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): La séance est ouverte. Nous avons à l'ordre du jour l'étude du projet de loi C-5, Loi constituant la Commission canadienne du tourisme.
Nous sommes très heureux d'accueillir cet après-midi quelques témoins, en l'occurrence M. Peter Elmhirst, le président d'Elmhirst Resort, M. Duncan Ross, directeur de projet de l'Association de l'industrie touristique du Canada et Mme Deborah Greening, propriétaire et exploitante de Land of the Loon Resort and Jacobson Bay Outfitters.
Je vous propose de commencer par toutes les déclarations liminaires pour passer ensuite aux questions.
Je propose donc que nous commencions par écouter M. Elmhirst, à moins que vous ayez déjà choisi un ordre d'intervention différent.
M. Peter Elmhirst (président, Elmhirst's Resort, et membre du conseil d'administration, Association de l'industrie touristique du Canada): Je vous remercie beaucoup.
• 1540
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Peter Elmhirst et je suis le
propriétaire et l'exploitant d'un centre de villégiature ouvert toute
l'année, ainsi que d'une entreprise d'aviation de brousse située au
lac Rice près de Peterborough. Je vous suis reconnaissant de m'avoir
demandé de comparaître cet après-midi en me donnant le privilège de
vous entretenir dans le cadre de cet examen du projet de loi
constituant la Commission canadienne du tourisme.
En tant que membre du conseil d'administration de l'Association de l'industrie touristique du Canada et à titre de propriétaire et exploitant de Elmhirst's Resort, de Keene, je m'intéresse de près à l'exploitation et à l'avenir de la Commission canadienne du tourisme. J'ai d'ailleurs eu le privilège de siéger au conseil d'administration de cette même commission.
Aujourd'hui, je représente principalement l'Association de l'industrie touristique du Canada. J'agis actuellement au sein de l'association à titre de membre du conseil de direction et de président du Comité consultatif sur Rendez-vous Canada.
Laissez-moi d'abord vous parler un peu de l'Association de l'industrie touristique du Canada, connue sous le sigle AITC. L'AITC est le porte-parole des entreprises de tourisme. Nous ne représentons pas un groupe ni un secteur en particulier, et surtout pas les grandes entreprises. L'AITC parle au nom des différents secteurs composant l'industrie touristique, qu'il s'agisse de petites, moyennes ou grandes entreprises, d'exploitants de destinations ou d'attractions, de transporteurs ou d'organismes de tours d'aventure.
L'AITC se fait généralement le porte-parole des entreprises qui n'ont pas l'occasion de parler en leur nom propre à l'échelle nationale. Les dirigeants de ces entreprises—il s'agit pour la plupart de petites et moyennes entreprises—savent que leur prospérité est directement liée à la quantité d'obstacles de nature législative ou issus de politiques qui sont susceptibles d'entraver leur viabilité, leur durabilité et leur rentabilité.
L'AITC gère également le plus important carrefour touristique au pays, Rendez-vous Canada, qui s'est tenu à Calgary un peu plus tôt ce mois-ci et qui se tiendra à Toronto l'an prochain. Chaque année, des acheteurs internationaux de produits touristiques découvrent une nouvelle ville canadienne. À Calgary, au début mai, l'AITC a réuni plus de 800 vendeurs de produits de tourisme canadiens et plus de 360 acheteurs étrangers pendant une période de cinq jours. On estime que cette activité a engendré des transactions de l'ordre de 350 millions de dollars pour le Canada.
Pour reprendre ce qu'a dit Terry Francis, le président de la Commission canadienne du tourisme, l'industrie touristique est un secteur économique clé au Canada. Les dépenses engendrées par le tourisme au Canada atteignaient les 51 milliards de dollars en 1999. Cette même année, l'industrie touristique à elle seule employait plus de 500 000 personnes, prouvant ainsi clairement qu'elle compte parmi les plus importantes industries en expansion rapide au sein du monde canadien des affaires.
Par ailleurs, nous faisons aussi un excellent travail pour tous les ordres de gouvernement. Selon le rapport Buchanan sur le tourisme, on estime que chaque tranche d'un milliard de dollars de recettes provenant du tourisme produit 230 millions de dollars pour le gouvernement fédéral, 160 millions de dollars pour les gouvernements provinciaux et 60 millions de dollars pour les administrations municipales, et tout cela en recettes fiscales.
Le lien qui existe entre l'AITC et la Commission canadienne du tourisme s'explique facilement. Au moyen de stratégies novatrices en matière de commercialisation et de vente, la Commission canadienne du tourisme fait la promotion du Canada et de ses destinations touristiques auprès des Canadiens comme auprès des non-résidents. L'AITC, elle, fait en sorte que l'industrie touristique soit prête à accueillir les touristes en s'assurant qu'il y a le moins possible de politiques législatives, réglementaires ou administratives risquant d'empêcher l'industrie touristique de fonctionner de façon viable et rentable.
La Commission canadienne du tourisme représente une véritable réussite. En effet, grâce à ses initiatives de commercialisation innovatrices et à la conjoncture économique mondiale, le Canada a pu réduire considérablement son déficit touristique, qui était de 4,1 milliards de dollars en 1994 et qui est aujourd'hui de 2 milliards de dollars. L'AITC appuie entièrement la Commission canadienne du tourisme et le mandat qui lui a été confié, souhaite la planification, la direction, la gestion et la mise en oeuvre de programmes visant à favoriser le tourisme au sein et à destination du Canada.
Bien que l'objectif de la Commission canadienne du tourisme soit de commercialiser, auprès des Canadiens et de la communauté internationale, le Canada en tant que destination touristique de choix—ce qui, soit dit en passant, s'est avéré une réussite incontestable—le défi de taille que doit relever la Commission consiste à appuyer une relation de coopération entre le secteur privé et les différents ordres de gouvernement au Canada. Voilà pourquoi le projet de loi C-5 est essentiel, et ce non seulement pour la prospérité future de la Commission canadienne du tourisme, mais également pour l'ensemble de l'industrie touristique.
Bien que le projet de loi C-5 soit généralement considéré comme un mécanisme d'une initiative gouvernementale, l'AITC est d'avis que ce projet de loi constitue une étape très importante de l'évolution de l'organisation.
Le changement du statut juridique de la Commission canadienne du tourisme, qui d'organisme de service spécial deviendrait société d'État, lui permettrait d'être plus souple et mieux adapté à l'atteinte de son objectif de partenariat avec l'industrie touristique et le gouvernement fédéral. En tant que société d'État, la Commission canadienne du tourisme jouirait d'une plus grande autonomie administrative et financière, de même qu'en ce qui a trait au personnel. Cela est essentiel si le gouvernement du Canada et le secteur privé veulent réaliser le plein potentiel que leur permet leur partenariat et leur structure de gestion unique.
• 1545
Un autre aspect du projet de loi C-5 qu'on aborde rarement est
l'importance du partenariat actuel entre la Commission canadienne du
tourisme et Industrie Canada. L'AITC est heureuse du fait que la
Commission canadienne du tourisme continuera à jouer un rôle actif
dans la détermination et la résolution des questions qui font obstacle
à la viabilité et à la rentabilité de l'industrie canadienne du
tourisme.
Bien que l'AITC soit le porte-parole national de l'industrie touristique, il est important de mentionner que la Commission canadienne du tourisme joue un rôle important, non seulement au sein de l'industrie canadienne du tourisme, mais également auprès de la communauté touristique internationale, dans l'élaboration et le soutien d'initiatives liées aux politiques en matière de tourisme.
Le réseau de comités, sous-comités, clubs de produits et programmes des meilleures pratiques de gestion constitué par la Commission permet la participation au niveau communautaire et donne l'occasion aux exploitants de petites entreprises, comme Deborah et moi, d'avoir leur mot à dire en ce qui concerne l'orientation que prend notre industrie. Nous sentons que nous avons droit de parole grâce à la Commission. La recherche effectuée, de même que l'accessibilité aux marchés internationaux, nous permettent à nous, petits exploitants, de concentrer nos efforts sur la vente de notre produit.
En terminant, je tiens à répéter que la Commission canadienne du tourisme est véritablement et indubitablement une réussite. L'Association de l'industrie touristique du Canada espère pouvoir continuer à collaborer avec la Commission afin de permettre à l'industrie touristique canadienne de continuer à croître et à prospérer.
Sur ce, je vais m'arrêter et je vous remercie du temps que vous m'avez accordé. Je serai heureux de répondre du mieux que je le pourrai à toutes vos questions.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Elmhirst.
Je vais maintenant donner la parole à Mme Deborah Greening représentant Land of the Loon Resort and Jacobson Bay Outfitters.
Mme Deborah Greening (propriétaire-exploitante, Land of the Loon Resort and Jacobson Bay Outfitters): Je vous remercie.
Je suis l'exploitante de Land of the Loon Resort, un petit centre de villégiature ouvert toute l'année, qui offre tous les attraits naturels du centre de la Saskatchewan aux confins du parc national Prince Albert. J'y travaille ainsi que toute ma famille depuis 28 ans.
J'ai commencé à faire la promotion du tourisme au niveau local en tant que présidente de la Chambre de commerce. Par la suite, j'ai participé à la création d'organismes régionaux de commercialisation, d'abord avec la région touristique des lacs, puis avec celle des rives du nord, qui comprend maintenant toute la partie septentrionale de la Saskatchewan.
En 1992, je suis devenue la présidente de TISAK, l'Association de l'industrie touristique de la Saskatchewan, et je me suis employée à faire évoluer positivement les rapports entre le gouvernement provincial et notre industrie.
En 1994, le gouvernement provincial et TISAK ont formé un partenariat d'où allait naître l'agence Tourism Saskatchewan. Il s'agit d'un organe de commercialisation mixte du gouvernement et de l'industrie qui ressemble fort à ce qu'on trouve au niveau du gouvernement fédéral et de la CCT.
J'étais élue vice-présidente du conseil d'administration de Tourism Saskatchewan en décembre 1999. Sur le plan national, j'ai appris l'existence de la CCT pendant la phase initiale de mise en oeuvre, alors que j'étais la présidente de TISAK, au moment des toutes premières discussions.
Notre entreprise participe aux initiatives de la CCT depuis trois ans, et notamment à la publication du catalogue tourisme aventure, aux meilleures pratiques de gestion et aux initiatives clé en main du Comité pour le développement des produits touristiques. Nous avons également participé à un certain nombre de tournées de familiarisation que la CCT a organisées pour faire venir dans notre centre de villégiature des voyagistes et des journalistes allemands.
J'ai été nommé au conseil d'administration de la CCT en octobre 1998 pour représenter la Saskatchewan et le Manitoba, et je fais également partie de son Comité pour la petite et moyenne entreprise, un comité permanent du conseil d'administration, ainsi que du Comité de transition pour les ressources humaines.
Voilà donc qui explique ma position mais aussi ce qui a influencé mon sentiment à l'endroit de la CCT et du projet de loi.
En 1989, j'ai commencé à travailler conjointement avec Parcs Canada pour faire la promotion internationale de notre région de la Saskatchewan dans le cadre de Rendez-vous Canada. Grâce à cette collaboration ainsi qu'à mes activités au sein de l'industrie touristique de la Saskatchewan, j'ai pu travailler avec Tourisme Canada, une agence du gouvernement et, ainsi, nous avons pu constater que cette agence avait une vision très limitée de ce qu'est un produit touristique.
D'abord, l'agence ne comprenait pas parfaitement les grandes catégories de produits offerts par le Canada. Ainsi, dans le cas particulier de la Saskatchewan, elle ne voyait littéralement pas plus loin que nos champs de blé et nos silos à grains, et elle ne faisait donc pas du très bon travail lorsqu'il s'agissait de promouvoir notre région du pays.
Nous avons également constaté que l'agence ne faisait pas preuve de suffisamment de souplesse à la fois en établissant ses budgets, mais aussi en acceptant le point de vue de l'industrie. Nous avons constaté que la réflexion et la planification à long terme n'existaient tout simplement pas. L'agence avait tendance à faire cavalier seul et à s'occuper davantage du centre du Canada que du visage plus vaste qu'il offre. Nous avions le sentiment de ne pas travailler en partenariat et de nous faire dicter l'orientation que la commercialisation devait prendre dans notre secteur. L'agence était d'un abord difficile.
Nous avons constaté que tout cela produisait des résultats assez maigres et qu'il n'y avait pas suffisamment d'argent au budget pour assurer une véritable promotion du Canada sur le plan international, ce dont nous avions besoin.
Pour les fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans cette agence, il est extrêmement difficile de justifier l'inclusion de toutes les régions géographiques du pays. Les régions les plus peuplées ont tendance à retenir le plus l'attention, alors que certains des produits touristiques les plus importants se situent précisément dans les régions rurales et les régions les plus faiblement peuplées.
• 1550
La CCT pour sa part a plutôt voulu trouver une solution à une
bonne partie de ces problèmes qui avaient eu un impact négatif sur
notre industrie. Peter vous a parlé des statistiques et de la
croissance que nous affichons, de sorte que je ne m'étendrai pas
sur la question car il l'a fort bien fait lui-même.
Toute l'industrie est désormais fort bien représentée au conseil d'administration ainsi qu'au comité, du point de vue aussi bien géographique que sectoriel. Toutes les composantes de l'industrie y interviennent, et notamment les petites et moyennes entreprises, tout comme les principaux protagonistes. Notre industrie se compose de plus de 85 000 petites entreprises. Pour la première fois de l'histoire, nous avons effectivement notre mot à dire lorsqu'il s'agit de faire la promotion du Canada à l'étranger. Les gouvernements provinciaux y sont tous bien représentés, tout comme d'ailleurs le gouvernement fédéral.
La création de partenariats, un élément essentiel si l'on veut pouvoir disposer de ressources suffisantes pour faire de la publicité dans le monde entier, est précisément ce qu'a réussi la CCT, et elle l'a admirablement bien fait. Grâce à ces partenariats, nous avons plus que doublé le budget publicité du Canada à l'étranger.
Pour sa part, grâce à ses dons et à son expérience en matière de marketing, l'industrie participe aux programmes et aux initiatives de commercialisation, ce qui est un don extrêmement précieux lorsqu'il s'agit de bien connaître les marchés. C'est quelque chose qui n'existait pas auparavant. Par contre, le gouvernement continue de prendre les décisions en matière de politique, à approuver les plans d'entreprise, à nommer le président, le président du conseil et les membres de celui-ci. Il s'agit donc à tous les égards d'un véritable partenariat.
Pour la première fois, nous avons véritablement la possibilité de suggérer des améliorations à apporter à l'organisation. Le Comité des petites et moyennes entreprises fait partie intégrante de la commission et il réussit à influencer la façon dont nous fonctionnons.
Je reviendrai sur certaines de mes propres expériences en tant que chef de petite entreprise et sur ce qu'a fait la CCT pour notre minuscule propriété au centre de la Saskatchewan.
Pour la première fois, nous avons des informations et des statistiques sur le tourisme grâce au central télex à ordinateur. Des ateliers extrêmement pertinents pour les PME sont offerts par la CCT. Le programme de préparation au marché permet à des entreprises qui n'ont jamais vendu leurs services à l'échelle internationale de s'armer en vue de ce marché, ce qu'elles n'ont jamais eu la possibilité de faire jusqu'ici. Le programme de familiarisation Rendez-vous Canada que la commission a mis en oeuvre pour la dernière édition a attiré 35 participants de petites et moyennes entreprises, qui, pour la première fois, ont pu glaner au préalable des renseignements sur la façon de fonctionner dans un marché international.
L'augmentation des demandes de renseignements et des clients en provenance de l'étranger est tout à fait évidente dans mon établissement depuis que la commission a été créée et que nous participons à ses initiatives. Nous pouvons aussi dire que le personnel est très accessible et toujours disposé à travailler avec nous, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Notre participation aux tournées d'information de la CCT a mené à la parution d'un article dans le magazine allemand Toursmagazine, qui faisait l'éloge de notre propriété. C'est la première fois que l'on parlait de nous dans une revue étrangère. Nous sommes maintenant aussi inclus dans le catalogue West Kanada Direkt, important forfaitiste allemand.
Je crois donc à que ce que fait la CCT. Comme je l'ai dit, elle a beaucoup aidé mon entreprise. Mon travail au comité des PME, m'a permis de constater qu'elle aide des PME partout au Canada.
Le statut de société d'État serait une très bonne chose—c'est la prochaine étape nécessaire pour la CCT. Il faut que nous soyons mieux à même d'établir des partenariats avec Industrie Canada. Les ministères ne sont pas conçus pour fonctionner convenablement dans le cadre de partenariats avec le secteur privé. On a parfois l'impression que de tels partenariats reposent sur autre chose que de bonnes pratiques commerciales et il faut que ces partenariats donnent des résultats positifs.
Pour ce qui est de la souplesse administrative que permettrait le statut de société d'État, un certain nombre de politiques et de procédures gouvernementales standards ne conviennent pas à un partenariat mené par l'industrie comme la CCT. Rendre des comptes pour les contributions d'un partenaire est difficile lorsque la CCT doit souvent engager des fonds d'avance.
Pour ce qui est de la dotation et de la possibilité de recruter du personnel compétent, il faut être en mesure de puiser dans un vaste bassin de talents pour assurer le succès de l'entreprise. Le mandat de commercialisation de la CCT signifie qu'elle doit être dotée de personnel compétent en commercialisation et en affaires. Comme elle vend tout un pays sur le marché planétaire, il est d'autant plus essentiel que son personnel soit versé dans le commerce et le marketing internationaux. Les restrictions et limitations imposées aux gouvernements en matière de dotation font qu'il est extrêmement difficile de trouver et d'embaucher les meilleurs talents pour faire le travail le plus efficace possible.
• 1555
La planification à long terme est essentielle à notre
réussite. Or, les cycles budgétaires gouvernementaux ne permettent
pas tellement cette planification à long terme. Ce secteur doit
pouvoir compter sur la planification à long terme et sur une
organisation plus stable dont la longévité est garantie. La
commercialisation repose sur la continuité et doit se faire dans
une perspective pluriannuelle.
Nous devons aussi avoir le sentiment que cette organisation nous appartient. Comme on demande à notre secteur d'investir dans des partenariats de commercialisation, nous voulons avoir l'assurance que notre argent est utilisé à bon escient et donne les résultats voulus. Notre secteur tient à ce que ses investissements rapportent et il serait plus rassuré s'il participait aux décisions. Le statut de société d'État nous donnerait cette assurance.
L'industrie du tourisme est un secteur très important sur le marché mondial et ne peut fonctionner que dans un environnement commercial. L'administration gouvernementale assure des services et gère les fonds publics. Elle n'est pas là pour vendre un produit.
Merci.
La présidente: Merci beaucoup, madame Greening.
Nous allons maintenant passer aux questions. Monsieur Malhi.
M. Gurbax Singh Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.): Merci, madame la présidente.
Pourquoi la loi prévoit-elle la création d'une société d'État et en quoi pensez-vous qu'une société d'État peut accroître les recettes dans le secteur du tourisme?
Mme Deborah Greening: À mon avis, ces problèmes administratifs de partenariats entravent quelque peu nos efforts de commercialisation. Le statut de société d'État nous donnerait un bien meilleur moyen de travailler et, ce faisant, permettrait d'accroître nos recettes et d'être plus habiles en matière de commercialisation, donc d'attirer plus de clientèle.
La présidente: Monsieur Elmhirst, voudriez-vous ajouter quelque chose?
M. Peter Elmhirst: Je crois que la réponse est très bonne.
J'ajouterais qu'une société d'État fonctionne davantage comme les partenaires du secteur privé qui ont joué un rôle essentiel dans l'augmentation des investissements du marketing touristique. À l'heure actuelle, le secteur privé investit beaucoup plus dans la CCT que le gouvernement. Sa contribution pourrait encore augmenter s'il avait des relations de travail plus étroites avec une société d'État.
M. Gurbax Singh Malhi: L'industrie du tourisme rapporte chaque année des recettes au gouvernement fédéral, aux gouvernements provinciaux et aux municipalités. Que recommandez-vous au gouvernement fédéral pour améliorer ou accroître ces recettes?
M. Peter Elmhirst: Je ne comprends pas votre question, je suis désolé.
M. Gurbax Singh Malhi: Nous tirons des recettes du secteur du tourisme. Les administrations fédérale, provinciales et municipales en tirent des recettes chaque année. Que recommandez-vous pour accroître les recettes du gouvernement fédéral? Avez-vous des suggestions sur ce qu'il pourrait faire pour accroître ses recettes?
M. Duncan Ross (directeur de projet, Rendez-vous Canada, Association de l'industrie touristique du Canada): Ma foi, madame la présidente, je crois qu'en devenant une société d'État, la Commission canadienne du tourisme pourrait attirer de nouveaux partenariats de commercialisation, des spécialistes novateurs et créer des programmes qui feront venir plus de touristes au Canada.
Comme l'a indiqué Peter, d'après le rapport Buchanan, il y a une corrélation directe entre l'augmentation du nombre de touristes et la hausse des recettes fiscales à tous les paliers. Ce nouveau statut permettrait à la Commission canadienne du tourisme d'innover davantage et d'aborder la commercialisation de façon plus efficace encore.
La présidente: Bien. Merci beaucoup, monsieur Malhi.
Monsieur Brien.
[Français]
M. Pierre Brien (Témiscamingue, BQ): J'aimerais que vous me donniez des exemples très concrets de partenariats qui vont devenir possibles, parce que vous n'arrêtez pas de nous dire que lorsque la commission relève du gouvernement, les partenariats ne sont pas simples, qu'ils ne sont pas faciles à faire et que lorsque ce sera une société de la Couronne, tout va devenir beaucoup plus facile. J'aimerais que vous m'illustriez cela au moyen d'exemples très concrets.
Monsieur Elmhirst, comme vous avez fait partie du conseil d'administration, vous avez peut-être des exemples de choses qui n'ont pas pu se faire dans le passé et qui pourront se faire. Je veux, au-delà des principes, entendre des choses très concrètes pour me convaincre de cette soi-disant évidence.
M. Peter Elmhirst: D'accord. Ma première réponse serait d'utiliser le personnel disponible. Le secteur touristique est souvent considéré comme un secteur très simple—les gens voyagent, séjournent dans les hôtels, mangent au restaurant, et c'est à peu près tout. Or, c'est un secteur très complexe et extrêmement compétitif.
Je crois que si la CCT devenait une société d'État, cela changerait complètement la façon dont elle fait l'embauche et la gestion de son personnel. Elle pourrait aller chercher les spécialistes en commercialisation les plus originaux, soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, en vue d'accroître notre compétitivité.
M. Duncan Ross: Voici un exemple. Une des principales méthodes de commercialisation à l'heure actuelle est le commerce électronique, les sites Web. Le fait de devenir un organisme de service spécial donnerait à la CCT plus de choix dans les types de promotion à envisager avec les partenaires commerciaux. Il est possible de tirer des recettes publicitaires des bannières sur les sites Web, des liens et, actuellement, la politique gouvernementale concernant les sites Web ne permet pas ce genre de partenariats.
[Français]
M. Pierre Brien: Est-ce que la seule façon de permettre cela est de créer une société d'État? Le gouvernement ne pourrait-il pas modifier ses façons de faire les choses? Devra-t-on créer des sociétés d'État dans tous les domaines où il faut faire affaire avec le secteur privé? Vos principes valent tout autant pour d'autres domaines. On devrait privatiser le ministère de l'Industrie au complet.
[Traduction]
M. Peter Elmhirst: J'aurais du mal à répondre à cette question. Tout ce que je puis dire, c'est qu'à titre d'homme d'affaires, il me semble beaucoup plus logique d'être partenaire d'une société d'État et d'accroître ma contribution à cette société qui contrôle mieux l'industrie et fonctionne selon des pratiques commerciales standards que d'envoyer encore un chèque au gouvernement, ce que je fais lorsque je travaille en dehors de la société d'État. Cela change toute la mentalité du partenariat.
[Français]
M. Pierre Brien: Je vais vous donner une perspective différente. Comme législateurs, on vous envoie de l'argent public. Prenons l'exemple des contrats que vous donnerez dans le cadre des divers partenariats. Il n'y aura plus de règles d'appel d'offres et il y aura des fonds publics qui échapperont à des critères qui sont peut-être plus rigoureux lorsqu'ils sont gérés par un organisme de l'État. À tout le moins, il y a des comptes à rendre si jamais cela ne se fait pas. Dans les partenariats avec la nouvelle société de la Couronne, vous ne serez pas obligés, par exemple, de suivre les règles d'attribution de contrats que le gouvernement doit respecter. Il y a des fonds publics en jeu là-dedans.
Ne trouvez-vous pas que dans notre perspective, il peut y avoir un certain problème relatif à la bonne gestion des fonds des contribuables?
[Traduction]
M. Peter Elmhirst: Je réponds plus souvent qu'à mon tour, et je peux vous dire qu'avec tous les partenaires du secteur privé qui regardent de près le rendement de leur investissement, le contrôle des dépenses va être encore plus serré qu'au gouvernement. Ces partenariats réunissent des centaines de petites entreprises, et des entrepreneurs comme nous. Le rendement sur mon petit investissement est très très important pour moi. Le secteur financier devrait être plus ouvert pour moi dans le cadre d'une société d'État qu'au sein du gouvernement, mais je n'en suis pas certain.
La présidente: Madame Greening, avez-vous quelque chose à ajouter?
Mme Deborah Greening: Il est certain que l'industrie va veiller à ce que les fonds soient dépensés de façon responsable et dans un souci de rentabilité, car c'est cela qui compte dans la promotion commerciale du pays. Les gens d'affaires, conscients de leurs responsabilités, veilleront à ce que la société d'État respecte davantage ces principes qu'une agence.
La présidente: Monsieur Brien, avez-vous d'autres questions?
M. Pierre Brien: Oui. Vous devrez composer avec un conseil où le pouvoir de nomination du ministre est très grand. L'indépendance de tous ces gens-là restera relativement limitée étant donné la façon dont ils seront nommés. Donc, je ne suis pas certain que l'influence politique n'existera pas toujours. Cela ne vous inquiète-t-il pas un peu?
[Traduction]
Mme Deborah Greening: D'après mon expérience au conseil d'administration, ce n'est pas le cas et l'industrie est très bien représentée. Encore une fois, je suis certaine qu'elle va se discipliner. Si elle estime que la CCT ne la représente pas dans son ensemble, elle va lui couper les vivres et n'assurera pas sa viabilité. Je pense donc que la structure financière de l'organisme et la participation du secteur privé sont des éléments qui vont assurer une bonne représentativité au sein de l'organisme.
M. Peter Elmhirst: D'après la structure de la CCT, le conseil d'administration est maître des orientations, mais l'investissement de la commission dans le commerce touristique est déterminé par les comités, qui se composent d'investisseurs. Ceux qui signent les chèques et qui versent de l'argent dans les programmes sont ceux qui exercent une influence, ceux qui découvrent des marchés en émergence, ceux qui trouvent les secteurs où il faudrait faire augmenter ou diminuer l'investissement. Habituellement, ces décisions ne sont pas prises à la table du conseil d'administration. De façon générale, elles relèvent du conseil d'administration, mais les décisions commerciales sont prises par les investisseurs au niveau des comités.
[Français]
M. Pierre Brien: Madame Greening et M. Elmhirst, selon ce que vous avez dit, vous prédisez en quelque sorte un plus grand attrait pour le secteur privé. Donc, on doit s'attendre à ce que le secteur privé mette davantage d'argent au cours des prochaines années. Dans deux ou trois ans, si vous revenez devant nous, on devrait voir des chiffres indiquant que les investissements privés dans le cadre des activités de la commission auront augmenté sensiblement. Est-ce la prédiction que vous faites aujourd'hui, ou est-ce que dans trois ans vous allez venir nous dire que votre travail est une bonne chose et que le gouvernement devrait mettre plus d'argent dans le projet?
[Traduction]
Mme Deborah Greening: Excusez-moi, je ne comprends pas la question. Ce que vous dites, je crois, c'est que si la société d'État est constituée, l'industrie devra y consacrer plus d'argent à long terme qu'elle n'en consacre actuellement.
M. Pierre Brien: Oui, d'après votre exposé.
Mme Deborah Greening: Je crois que c'est exactement ce qui va se produire. Je travaille dans ce secteur depuis longtemps, et j'ai constaté que la promotion occasionne souvent un gaspillage énorme. J'ai une petite agence où je travaille de 14 à 16 heures par jour avec ma famille, et tout ce gaspillage m'horripile.
Pour la première fois, je constate un changement. Je vois que les 65 millions des Canadiens vont attirer 88 millions de l'industrie touristique et pour la première fois, le Canada se classe au onzième rang sur l'échelle mondiale du tourisme. Ma petite province, que personne ne connaît, parvient enfin à attirer des visiteurs du monde entier. Pour moi, c'est une réussite, et c'est ce qui va garantir le succès de la CCT en tant que société d'État et lui permettre d'attirer encore plus d'argent de l'industrie touristique.
[Français]
M. Pierre Brien: J'aurai d'autres questions tantôt.
[Traduction]
La présidente: Bien.
Monsieur Lastewka.
M. Walt Lastewka (St. Catharines, Lib.): J'aimerais avoir une précision, car nous avons étudié le budget hier; on nous a cité différents pourcentages et différents montants, et j'ai l'impression de constater maintenant certaines contradictions.
D'après mon analyse, si l'on additionne les montants fédéraux, provinciaux et territoriaux, on a un total de 106 millions de dollars, tandis que le total du secteur privé est de 54 millions de dollars. C'est ce qu'on m'a dit hier. Est-ce exact ou non?
M. Peter Elmhirst: Je vous répondrai que de façon générale, les chiffres que j'entends—et je ne suis pas membre de la CCT—sont ceux de l'investissement fédéral par rapport à tous les autres investissements. Ce qui peut prêter à confusion, c'est que vous totalisez tout l'investissement public provenant des différents paliers. Je n'ai jamais entendu parler de ce montant.
À ma connaissance, l'investissement fédéral dans la CCT est de 65 millions de dollars par an. Le montant de 106 millions de dollars doit comprendre également les investissements provinciaux et municipaux.
M. Walt Lastewka: Hier, j'ai essayé de séparer les fonds publics des fonds privés, et c'est exactement ce qu'on m'a dit, à savoir 70 millions, ou 69,8 millions l'année dernière pour le gouvernement fédéral, et 90 millions, ou 89,8 millions, à raison de 60 p. 100 pour le secteur privé et 40 p. 100 pour les provinces et les territoires.
Et lorsque je vous entends dire que le secteur privé donne plus d'argent que les pouvoirs publics, vous semblez contredire les données fournies hier.
M. Peter Elmhirst: Malheureusement, vous avez plus d'informations que nous. Vous avez recueilli le point de vue de gens qui sont beaucoup plus proches du centre que nous et qui ont accès à des renseignements que nous ne connaissons pas.
Cependant, je peux vous dire qu'une bonne partie des partenariats qui participent au programme de la CCT ont été constitués par les provinces à partir de petits partenaires du secteur privé, et je m'interroge sur la façon dont les totaux ont été calculés. Si un groupe d'entreprises touristiques du centre de l'Ontario finance un programme de la CCT en Europe par l'intermédiaire du partenariat du tourisme ontarien avec la CCT, ce montant sera-t-il comptabilisé en tant qu'investissement de la province de l'Ontario ou du secteur privé? Il peut très bien venir du partenariat ontarien du tourisme, se composer d'un investissement du secteur privé de la province, mais passer par l'organisme provincial.
M. Walt Lastewka: Il va falloir redéfinir tout cela. L'argent venait directement de la Commission canadienne du tourisme.
M. Peter Elmhirst: C'est exact, et je suis...
M. Walt Lastewka: J'ai posé la question très précisément pour distinguer l'investissement privé des fonds publics.
On peut passer à autre chose. Le greffier pourra peut-être m'aider et m'apporter les précisions nécessaires.
Pour moi, le mandat de la CCT est très clair. Il s'agit essentiellement de convaincre le monde entier de venir au Canada.
M. Peter Elmhirst: C'est la moitié du mandat.
M. Walt Lastewka: Bien. Quelle est l'autre moitié?
M. Peter Elmhirst: De voyager au Canada.
M. Walt Lastewka: Mais la CCT ne s'occupe pas des attractions ou des événements organisés ou financés au Canada, n'est-ce pas?
M. Peter Elmhirst: Excusez-moi; est-ce que vous voulez savoir si la CCT a pour mandat de participer matériellement au développement du tourisme?
M. Walt Lastewka: Oui.
M. Peter Elmhirst: Elle ne peut le faire qu'indirectement.
M. Walt Lastewka: Indirectement. Pouvez-vous me donner des exemples?
M. Peter Elmhirst: Par exemple, en augmentant la demande de produits touristiques, qui va faire augmenter concrètement le tourisme.
M. Walt Lastewka: Oui, sans toutefois intervenir dans les activités touristiques proprement dites.
M. Peter Elmhirst: Exactement.
M. Walt Lastewka: Elle transmet de l'information, en indiquant par exemple que si l'on organise davantage d'événements de telle ou telle catégorie dans une région, on attirera davantage de visiteurs, n'est-ce pas?
M. Duncan Ross: Elle peut indiquer des secteurs où des possibilités commerciales existent. Prenons par exemple le marché du tourisme lié à la santé et à la condition physique: on a constaté que c'est ce que recherchent de nombreux touristes européens et américains. L'information peut être transmise par Industrie Canada aux investisseurs éventuels, et on prépare ensuite des programmes qui vont favoriser le développement d'infrastructures à partir de cette information.
La CCT devient donc le conservateur de l'image de marque du Canada à l'étranger, mais elle fait aussi un travail considérable pour découvrir à l'intention des investisseurs canadiens des possibilités d'investissement dans des créneaux très spécifiques.
M. Walt Lastewka: Pensez-vous que son mandat actuel devrait être étendu?
M. Peter Elmhirst: Vous voulez sans doute avoir mon opinion personnelle, et je considère...
M. Walt Lastewka: Vous êtes aussi directeur d'une entreprise touristique...
M. Peter Elmhirst: Absolument, mais je vais vous répondre d'un point de vue personnel.
Non, je ne pense pas qu'il faille l'étendre. Je crois que le mandat de la Commission doit rester ce qu'il est, c'est-à-dire faire la promotion du Canada.
Pour en revenir à votre dernière question concernant l'influence directe de la Commission sur le développement concret des infrastructures, la CCT est intervenue dès sa création pour faire en sorte que 500 millions de dollars du Centre d'aide aux entreprises soient consacrés au développement du tourisme. C'était une contribution indirecte concernant l'affectation des fonds par la Banque de développement du Canada, mais cette intervention a été très profitable pour l'industrie et pour son développement concret, même à titre de contribution indirecte.
M. Duncan Ross: La CCT intervient très activement dans l'expansion du capital intellectuel qu'elle transmet au secteur privé canadien pour l'aider dans ses activités commerciales. Deborah a parlé de programmes concernant des ensembles de produits prêts à être exportés. C'est cela qui fait progresser l'industrie touristique canadienne. Et la CCT assure le développement de l'infrastructure en permettant aux intervenants de se perfectionner.
Mme Deborah Greening: Le développement des produits au sein de l'industrie touristique comporte trois éléments importants: l'infrastructure—c'est-à-dire les installations—l'éducation, le développement du produit dans ce que nous appelons un format souple, c'est-à-dire la constitution de formules de voyage, et l'étude du marché pour décider ce qu'il faut faire pour avoir un produit véritablement vendable.
Ce que la CCT a à proposer à l'industrie touristique, c'est de l'information sur le marché. Elle sait ce que les acheteurs recherchent. Elle se sert de cette information en tant qu'organisme commercial pour aider les entreprises comme la mienne et comme celle de Peter à évoluer de façon à proposer un produit plus viable sur le marché. Elle peut infléchir les décisions d'un dirigeant d'entreprise concernant ce qu'il doit construire.
La CCT ne participe pas directement aux opérations de construction, et je ne pense pas qu'elle doive intervenir dans ce domaine.
M. Walt Lastewka: Vous avez parlé d'information concernant le marché, qui correspond à ce dont vous avez besoin. Vous avez besoin d'une tierce partie neutre qui vous conseille en matière d'investissement, n'est-ce pas?
Hier, nous avons parlé un peu de l'étiquette commerciale canadienne et de la participation des différentes provinces et territoires et ainsi que des entreprises privées au sein de la CCT. Pouvez-vous nous donner des précisions sur le grand nombre d'acheteurs étrangers?
J'ai vu quelque part que nous avons réduit notre déficit commercial de 4 à 2 milliards de dollars. Qu'est-ce qui nous permettrait de le réduire encore davantage? Quelle est la priorité de la CCT, de la nouvelle agence, en matière de réduction du déficit commercial? Qu'est-ce qui va nous permettre de progresser encore? Quelle est votre priorité? Je sais que vous avez peut-être un point de vue différent.
Je pose cette question parce que je suis de la région de Niagara, où elle revient souvent sur le tapis.
Mme Deborah Greening: Il y a deux éléments. Le premier concerne les voyages au Canada; il s'agit de promouvoir l'attrait du Canada pour les Canadiens qui veulent rester chez eux, de façon qu'ils n'aillent pas à l'étranger.
L'autre élément consiste à mieux vendre le Canada à l'étranger, et c'est ce que la CCT a fait, mais il faut encore le faire plus efficacement. La CCT doit pouvoir proposer des forfaits de façon rapide et efficace. Dans sa structure actuelle, cela lui est difficile. Du fait des tractations financières des ministères, il est difficile à la CCT de réagir rapidement et d'intervenir dans des projets qui vont avoir un plus grand impact. Je pense que de ce point de vue, le changement sera très utile.
Vous savez par exemple que les ministères ne peuvent pas avoir de recettes. La CCT ne peut pas en avoir non plus. Ce n'est pas une entreprise. Lorsqu'elle veut conclure un contrat avec un fournisseur pour faire une annonce sur un réseau télévisé ou dans un magazine, elle doit demander au magazine ou au réseau d'accepter la participation financière directe de son partenaire.
La CCT ne peut pas s'adresser à des entreprises comme celle de Peter ou la mienne pour leur proposer une campagne publicitaire sur CBS aux États-Unis. Les entreprises ne peuvent pas lui confier leur argent à l'intention de CBS. La CCT ne peut pas fonctionner ainsi. Dans le concret, il y a des fournisseurs qui ne veulent pas faire affaire avec la CCT à cause des conséquences financières de ce curieux mode de fonctionnement. Le changement va donc améliorer considérablement nos rapports.
M. Peter Elmhirst: Je voudrais ajouter brièvement quelque chose. En réponse à votre question, je pense qu'il faut que nous puissions augmenter notre part du gâteau. Nous devons pouvoir vendre nos atouts touristiques, et Niagara en fait certainement partie. Plus on se rapproche du gouvernement, et plus les décisions concernant la promotion commerciale de notre pays revêtent un aspect politique.
Je fais des affaires dans la région de Peterborough et il n'est pas douteux que plus les affaires marchent à Toronto, plus elles marchent pour moi. Cela ne signifie pas que la route rurale numéro 1 à Keene, qui correspond à mon adresse, doive figurer dans toutes les annonces, mais il faut absolument faire la promotion de nos atouts. Montréal et Québec sont des villes extrêmement attrayantes.
Tout d'abord, il faut faire la promotion des atouts réels du pays de façon que chacun d'entre nous en soit informé.
Deuxièmement, il faut que nos prix soient concurrentiels. Le Canada a perdu une bonne partie de l'avantage que lui procuraient ses prix sur certains de ces marchés. Il faut être très prudent au niveau du régime fiscal appliqué à l'industrie touristique, car elle est très sensible aux prix.
Les questions concernant les douanes, l'immigration et tout le reste sont des questions très importantes. Elles se posent constamment avec les États-Unis. Nos frontières doivent rester ouvertes aux touristes, sinon, nous en serons pénalisés.
M. Walt Lastewka: J'ai visité votre établissement à maintes reprises lorsque je travaillais pour GM à Oshawa. Je tiens à vous féliciter.
M. Peter Elmhirst: Très bien. Cela me fait plaisir. Je vous remercie.
M. Walt Lastewka: Merci, madame la présidente.
La présidente: Monsieur Brien.
[Français]
M. Pierre Brien: Je reviens sur une partie de la question que j'ai posée plus tôt et qui n'a pas été clairement comprise. C'est au sujet de vos attentes quant au financement public futur de la commission. Est-ce que vous vous attendez à ce que le gouvernement injecte plus d'argent à l'avenir ou si l'accroissement du financement privé sera suffisant?
[Traduction]
M. Peter Elmhirst: Un financement stable est essentiel pour assurer la planification à long terme des opérations commerciales. De toute façon, le résultat final sera sans doute toujours assez éloigné de mes attentes vis-à-vis du gouvernement fédéral.
Je crois cependant que la réponse que vous attendez, c'est que pendant longtemps, les entreprises touristiques—en particulier les entreprises comme celle de Deborah et la mienne—disaient au gouvernement: «Si vous nous donnez les crédits nécessaires, nous allons construire, et si vous formez des travailleurs, nous les embaucherons. Si vous organisez les activités commerciales et les ventes, nous serons là pour faire sonner la caisse enregistreuse.» Les petits exploitants touristiques dépendaient totalement du gouvernement.
Je crois que depuis 10 ans, les choses ont bien changé. Nous avons constaté que le secteur privé est davantage prêt à investir dans les infrastructures, dans les travaux de construction. Il y a davantage d'investissements dans les infrastructures touristiques au Canada.
Whistler est désormais une destination connue à l'échelle mondiale, de même que le Mont Tremblant au Québec. On voit maintenant des aménagements du même genre en Ontario, dans la région de Blue Mountain. Il y a davantage d'investissements de ce genre. Nous avons désormais le Conseil canadien des ressources humaines en tourisme, qui compte des conseils de formation touristique dans toutes les provinces. Nous voyons l'industrie touristique investir du temps et de l'argent dans la formation de son personnel et atteindre des normes de service dont tous les Canadiens peuvent être fiers, et qui leur permette d'accueillir des visiteurs venus du monde entier. Les Canadiens commencent à investir davantage dans l'effort de commercialisation.
Ce n'est peut-être pas aussi bien que ça pourrait l'être. Il est beaucoup plus facile de trouver des associés dans les hôtels de Niagara Falls. Sauf erreur, la ville reçoit entre 15 et 16 millions de dollars des hôtels. C'est beaucoup plus que ce que l'on peut trouver à Keene ou à Prince-Albert en Saskatchewan. Cela ne fait pas de doute. Nous y arriverons, et je pense que nous allons continuer à prendre de l'expansion.
De plus, les investissements provinciaux ont beaucoup augmenté, dans notre province en tout cas. Pour la première fois depuis plusieurs années, l'Ontario met l'épaule à la roue et débloque des sommes importantes pour la commercialisation. Si cet argent est dépensé en collaboration avec la CCT, nous serons tous gagnants.
Nous n'y sommes pas encore, mais je pense que nous sommes dans la bonne voie. Quelle devra être la contribution du gouvernement fédéral à l'avenir? Je ne peux pas le prédire, mais je pense que l'équilibre est en train de changer.
M. Duncan Ross: Peter a dit que le financement stable est la clé d'une commercialisation réussie. Je vais vous donner un exemple. À la suite d'un référendum, l'État du Colorado a cessé de financer la commercialisation touristique. Cela a eu des effets importants sur l'industrie touristique de l'État. Le directeur du tourisme m'a dit que cela s'est soldé par une perte de 3 milliards de dollars de recettes.
• 1625
Au moment où le Colorado a pris cette décision, la Commission
canadienne du tourisme mettait en branle des programmes novateurs
de promotion du ski à l'étranger. Rien qu'à Banff, 55 p. 100 des
skieurs viennent du Royaume-Uni. La CCT appuie vigoureusement les
initiatives de ses partenaires pour la promotion du ski au Canada:
l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec.
C'est donc dire que si vous avez le budget, vos partenaires vont investir et le marché va grossir. Vous verrez une augmentation de l'accès par voie aérienne. Les vols nolisés en provenance du Royaume-Uni et à destination de l'ouest du Canada augmentent, et je ne parle pas seulement des skieurs. Il y a maintenant des non-skieurs. Les gens viennent faire du traîneau à chiens. Ils viennent faire des circuits par chemin de fer. Cela montre bien que le financement de base donne à l'industrie la flexibilité qui lui permet de grandir et de créer plus de recettes fiscales.
[Français]
La présidente: Monsieur Brien.
M. Pierre Brien: Est-ce que l'industrie touristique est assez solide, d'après ce que vous en savez, pour être capable de se développer aussi bien même si le dollar canadien devient plus fort?
[Traduction]
M. Duncan Ross: Comme je travaille moi-même dans la commercialisation, je pense que l'essentiel, c'est la communication; or, les campagnes de communication et de commercialisation coûtent cher. Il y aura toujours des variables externes comme la fluctuation des changes, auxquels il faut pouvoir réagir, mais le fait que la Commission canadienne du tourisme fasse la promotion de l'image de marque du Canada est essentiel pour minimiser l'effet de ces fluctuations externes qui influent sur l'industrie.
[Français]
M. Pierre Brien: Dans votre marketing actuel, peut-être pas dans la publicité officielle, mais dans la vraie vie, est-ce que vous attirez des gens en leur parlant de la faiblesse du dollar canadien?
[Traduction]
M. Peter Elmhirst: La valeur du dollar canadien ne compte pas vraiment beaucoup pour les gens. C'est ce que coûte les vacances. Qu'est-ce que cela représente en deutsche mark ou en rand? Ça ne compte vraiment pas. Ce qui compte, c'est ce que cela va vous coûter dans votre devise. C'est la meilleure façon de promouvoir son produit, en l'exprimant en termes réels.
Je voudrais venir à la question que vous avez posée il y un instant. Pourrons-nous continuer à grandir et à être rentable si la valeur du dollar canadien augmente? Il est certain que c'est un gros problème, mais si la CCT fait bien son travail, cela va nous aider.
La famille de Deborah travaille dans ce domaine depuis des années, comme la mienne. Depuis 75 ans. Nous nous souvenons de l'époque où on versait une prime pour l'argent américain. Nous avons fait de gros investissements dans notre propriété au début des années 80. Notre activité dépendait beaucoup des États limitrophes. Quand leur économie a ralenti, il y a près de 20 ans, nous avons eu du mal à rester en activité, après l'avoir été pendant 60 ans. Pour survivre, nous nous sommes tournés vers l'Europe. C'est là que nous avons commencé à vendre notre produit. Cela a commencé à marcher et nous avons élargi notre base d'activité. C'est ce que nous faisons maintenant.
Plus les tentacules de l'industrie touristique sont étendus, mieux nous parviendrons à la faire prospérer si notre dollar monte. Si le marché américain s'étiole, j'espère que celui de l'Amérique du Sud, de l'Europe ou de l'Asie se raffermiront. Plus il y a de marchés, plus grandes seront les chances de survivre à un ralentissement dans un des marchés et la commission nous aide à pénétrer sur beaucoup de marchés qui nous seraient inaccessibles sans elle.
M. Duncan Ross: Par exemple, en Asie, au Japon... Une petite province comme l'Île-du-Prince-Édouard n'a pas nécessairement les moyens de faire de la promotion au Japon. Il y a un intérêt très vif au Japon pour un créneau bien particulier, Anne... la maison aux pignons verts.
• 1630
Il faut faire passer le message. La communication coûte cher
mais la commission collabore avec les provinces de l'Atlantique
pour concevoir des campagnes créatrices avec les éditeurs pour
mousser ce produit et attirer des yens au pays.
Grâce à la CCT, nous avons créé la masse critique.
Le président: Avez-vous quelque chose à ajouter, madame Greening?
Mme Deborah Greening: Merci.
Je pense que l'industrie a du travail à faire pour fidéliser la clientèle. Nous avons une occasion magnifique actuellement à cause du dollar canadien, qui attire le touriste américain en nombre plus élevé que jamais. Nous recevons quantité de nouveaux clients des États-Unis qui n'étaient jamais venus ici. Cela nous donne l'occasion de leur parler de notre produit, de leur donner le goût du Canada.
Si le dollar remonte et que nous perdons cet avantage, si nous faisons notre travail comme il faut ces touristes vont revenir quel que soit l'effet sur leur budget.
Et c'est ce qui arrive. J'ai un client de la Caroline du Nord qui travaille pour la compagnie Wrangler. Il est venu dans mon établissement en décembre pour faire du traîneau à chiens. Le coût lui était égal. Il a maintenant réservé deux autres séjours dans les 18 prochains mois. En Saskatchewan, une province dont il n'avait jamais entendu parler et où il voulait encore moins aller. Il a été conquis. Il trouve que le Canada est ce qu'il y a de mieux depuis l'invention du fil à couper le beurre.
C'est donc dire que si nous profitons de l'avantage dont nous bénéficions actuellement et donnons aux touristes le coup de foudre pour le Canada, ces fluctuations n'auront pas d'effets aussi négatifs.
La présidente: Merci.
Merci, Monsieur Brien.
Monsieur Pickard.
M. Jerry Pickard (Chatham—Kent Essex, Lib.): Merci, madame la présidente.
Peter, j'ai vu votre établissement. C'est un très bel endroit.
Je m'excuse, Deborah, mais je ne suis pas descendu chez vous, mais cela vaudrait la peine d'y envoyer quelques-uns d'entre nous pour jeter un coup d'oeil. La promotion interne, c'est extrêmement important.
Il y a quelque chose que vous avez dit qui m'a intéressé. Si quelqu'un vous a déjà posé la question, je m'en excuse et nous passerons à autre chose. C'est au dernier paragraphe, page 2. Vous dites représenter les PME qui sont incapables de se faire connaître toutes seules. Vous dites que ces entreprises, la plupart d'entre elles des PME, sont un rouage indispensable du secteur, et vous parlez d'obstacles législatifs et autres qui peuvent nuire à la viabilité, la durabilité et la rentabilité de l'industrie.
Je sais que vous avez parlé des impôts. Je vous ai entendu cinq sur cinq. Quels sont les autres obstacles au Canada qui nuisent à votre industrie?
M. Peter Elmhirst: Aujourd'hui?
M. Jerry Pickard: Oui.
M. Peter Elmhirst: Quand avez-vous pris l'avion la dernière fois?
Des voix: Oh, oh!
M. Peter Elmhirst: Je veux dire,... cela pourrait être grave.
M. Jerry Pickard: Voyons les problèmes auxquels votre industrie fait face.
M. Peter Elmhirst: L'accès par voie aérienne et les difficultés actuelles pourraient nuire à notre industrie pendant un certain temps.
Avant le début de l'été, j'essaie d'aller à Prince-Rupert pour aller pêcher—demain. Croyez-moi, j'aurais dû y renoncer. Mes chances de me rendre à Prince-Rupert et d'en revenir sans passer 24 heures dans un aéroport sont presque nulles. Je comprends bien que l'on essaie de fusionner deux grandes compagnies, mais diable, les effets à long terme sur l'industrie du tourisme pourraient être graves si cela ne se règle pas rapidement.
Et puis, si on a un nouveau produit à offrir dans le nord du pays, la capacité de faire venir à vous les clients est essentielle à votre succès et c'est cela qui attire les touristes. De toute évidence, les gens ne voyagent pas pour passer leur temps dans un fauteuil d'Air Canada ou au Holiday Inn. Ils viennent voir la banquise dans l'Arctique ou vont faire du canoë sur le lac Atlin dans le centre de la Saskatchewan.
Dans un pays aussi grand que le Canada, l'accès par avion est la plus grande menace qui pèse sur notre industrie.
M. Jerry Pickard: Il s'agit donc de la fiscalité et de l'accès par voie aérienne. Y a-t-il d'autres facteurs qui nuisent à l'industrie?
M. Peter Elmhirst: Nous redoutons beaucoup ce qui pourrait se passer actuellement à la frontière américaine: l'immigration, la libre circulation, le libre passage à la frontière. S'il y a des contrôles d'identité beaucoup plus rigoureux à la frontière américaine, ce sera la paralysie pendant les longs week-ends.
M. Jerry Pickard: La circulation des touristes est donc très importante pour vous aussi.
M. Peter Elmhirst: Oh, c'est essentiel.
M. Jerry Pickard: Sur le plan international?
M. Peter Elmhirst: Vous dites que nous ne devrions pas...
M. Walt Lastewka: Non, c'est en voie de se corriger.
M. Peter Elmhirst: Très bien.
La présidente: Cela a été corrigé. Les États-Unis ont adopté un amendement à la Chambre des représentants et au Sénat qui abroge l'article 110, qui vous aurait obligé à vous arrêter et à vous inscrire. Ils vont prendre l'information que vous rassemblez maintenant et la verser dans une base de données pour qu'il ne soit pas nécessaire de rassembler de nouveaux renseignements. Ils vont créer une base de données à partir de ce qui a été rassemblé.
M. Jerry Pickard: Voilà une bonne nouvelle.
M. Peter Elmhirst: C'est une excellente nouvelle.
J'aimerais ajouter une autre chose à propos des taxes. Il n'y a pas que la perception qui nous préoccupe. Le fait que le gouvernement a reconnu le tourisme comme une industrie d'exportation et l'a exonéré de la TPS, c'est quelque chose d'énorme. Ceux qui sont en train de décider où ils vont prendre leurs vacances cet été avec leur famille... Mettons qu'un Allemand essaie de décider s'il va aller en Afrique du Sud ou aux États-Unis ou au Canada. Le simple fait que ses vacances au Canada seront exonérées de la TPS, c'est énorme, et cela compte beaucoup, surtout dans les régions du pays où il y a la taxe de vente harmonisée.
Si l'on devait perdre cet avantage, cela aurait de grosses conséquences pour l'industrie. Je veux en souligner l'importance et remercier le gouvernement de son appui.
M. Jerry Pickard: Excellent, Peter.
M. Duncan Ross: Il y a un autre point essentiel sur lequel se penche l'Association de l'industrie touristique de concert avec l'industrie: les parcs nationaux. L'AITC estime qu'il faut trouver le juste milieu entre l'utilisation et la préservation et nous collaborons avec tous les groupes intéressés pour déterminer quelles sont les meilleures pratiques et trouver des solutions axées sur l'utilisateur. Voilà donc d'autres points.
Je suis certain que Deborah, qui dépend beaucoup d'un parc national, sera d'accord.
Mme Deborah Greening: Je suis d'accord avec Duncan. Ce qui fait cruellement défaut, c'est non seulement l'accès aux parcs nationaux mais aussi l'entretien de l'infrastructure des parcs, au fédéral comme au provincial. Avec les compressions budgétaires que les deux paliers ont connues ces dernières années, il faut améliorer l'infrastructure. S'agissant à nouveau des transports, en Saskatchewan et au Manitoba les routes et les autres éléments de l'infrastructure ont besoin d'être bien réparés.
M. Jerry Pickard: Je sais qu'il y a de nombreux niveaux d'appuis différents au tourisme. Il y a les groupes provinciaux, dont la vocation première semble être le tourisme intercanadien. C'est vraiment leur priorité, même s'ils font de la publicité au Michigan et dans les États américains limitrophes.
Il y a la CCT et Attractions Canada. Pensez-vous que ces organismes font un travail adéquat? Elles ne sont pas regroupées en une seule et travaillent dans des directions différentes.
Chose intéressante, j'ai appris hier que la CCT ne consacre que 7 p. 100 de son budget à la promotion au Canada, la promotion du tourisme auprès des Canadiens. Le gros de ces efforts et 93 p. 100 de son budget est axé sur l'étranger. J'en conclus que les organisations provinciales se consacrent au tourisme intercanadien, et Attractions Canada peut-être aussi.
Jugez-vous efficace la structure actuelle, répartie entre différents niveaux de gouvernement, chacun ayant ses responsabilités distinctes?
M. Duncan Ross: Je dirais que cela fonctionne efficacement. En ce qui concerne le fait que la CCT consacre 7 p. 100 de son budget à la promotion au Canada, c'est la conséquence directe d'une décision du conseil d'administration de la CCT et des comités qui lui ont dit de mettre l'argent là. La Commission canadienne du tourisme doit investir davantage dans la promotion dans les marchés à long terme parce que les provinces et les villes n'ont pas les moyens de le faire, et dans ces marchés, les visiteurs reconnaissent la marque Canada.
• 1640
Je pense toujours à l'exemple de l'Allemagne. Je demande aux
gens de me nommer plus de deux ou trois États en Allemagne et les
gens me répondent: «Il y a des États en Allemagne?» Oui, il y a la
Bavière, Bade-Wurtemburg, etc. On comprend la réalité de
l'Allemagne. C'est ce que la Commission canadienne du tourisme
fait. Elle essaie de positionner la marque Canada et d'attirer des
visiteurs qui vont dépenser largement.
Mme Deborah Greening: Je siège au Conseil de tourisme Saskatchewan, et c'est quelque chose que je vois dans la province aussi. Les provinces font du bon travail de promotion du Canada à l'intérieur du pays. Je pense que les initiatives de la CCT au pays permettent de bien coordonner les efforts des provinces.
Attractions Canada s'occupe davantage de faire connaître les festivals et les attractions, et non de promouvoir le tourisme. Je pense que la CCT et Attractions Canada vont peut-être créer des programmes et travailler ensemble dans l'avenir.
M. Jerry Pickard: Pour moi, Attractions Canada essaie de faire venir les touristes dans une région et de faire connaître certaines manifestations. Il ne s'agit peut-être pas d'un établissement en particulier, mais c'est une sorte de promotion pour le tourisme, à moins que je me trompe.
Mme Deborah Greening: Je pense que vous avez raison, mais j'appelle cela de la sensibilisation. Il y a une différence entre sensibiliser et informer les gens de ce qui existe et la commercialisation et la vente du produit. Les deux vont de pair, mais ce sont deux activités distinctes.
Je crois que vous verrez aussi que la CCT pour ce qui est des programmes intérieurs... Le catalogue aventure diffusé aux États-Unis l'an dernier, et auquel ma compagnie participe, sera aussi diffusé sur le marché canadien. Nous commençons donc à voir des efforts conjoints à l'intérieur des différents secteurs de commercialisation de la CCT, ce qui profite à tout le monde.
Le président: Monsieur Elmhirst.
M. Peter Elmhirst: Dans votre première question, vous me demandiez si nous avions raison ou tort, et si nous avions misé juste. Je vous répondrai que cela dépend de l'endroit où vous vous trouvez au Canada. De nombreuses municipalités ou localités régionales ont obtenu des résultats très positifs: Noël Buckley réussit à Niagara, Charles Lapointe à Montréal et Pierre Labrie à Québec. De plus, il y a des organisations municipales qui réussissent extrêmement bien à commercialiser leur région.
Cependant, il y a eu un vide dans certaines régions, notamment en Ontario, et ce, car on n'a pas su bien établir un lien entre le bureau national de la CCT et les bureaux régionaux. L'Ontario caresse l'idée de créer un partenariat en matière de marketing depuis des années et ce n'est que récemment que cela s'est concrétisé.
Cela nous ramène, en partie, à la raison même pour laquelle nous entretenons cette conversation. Ce n'est pas un mariage de tout repos. S'agissant de fonds publics, il est difficile de prendre la décision de ne plus influer politiquement sur la manière de dépenser ces deniers publics.
Pourquoi devrions-nous être surpris du fait que les bureaucrates du ministère du Tourisme n'accueillent pas la participation du secteur privé à bras ouverts? Pour les bureaucrates, la question devient souvent un problème de gestion plutôt que d'adoption d'une nouvelle orientation. Le secteur touristique lui-même a de la difficulté à comprendre le fait qu'il s'agit là de quelque chose dans lequel il faut investir, et non pas d'un service que l'on peut acheter en payant la facture.
Les progrès ont été plutôt lents en Ontario, mais ils commencent à se faire sentir néanmoins. Pour que la stratégie marche bien, il faut tabler sur les trois niveaux. À tire d'exemple, si je fabrique un produit nouveau, je peux le commercialiser, dans un premier temps, au niveau régional. En m'améliorant un petit peu, je peux viser le niveau provincial et pénétrer d'autres provinces et États frontaliers. Une fois que je serai prêt à me lancer sur le marché international, je pourrai alors m'adresser à la CCT. Mais nous n'en sommes pas là encore.
Je crois que la Saskatchewan est plus avancée que l'Ontario à cet égard. Nous accusons un léger retard, mais nous avons finalement réussi à nous assurer un engagement financier substantiel en Ontario et nous réalisons des progrès rapides dans cette voie.
M. Jerry Pickard: Vous avez qualifié la fiscalité et l'exemption de la TPS d'initiative gouvernementale très positive. Vous avez ajouté que la valeur du dollar a un effet positif sur l'industrie du tourisme. Y a-t-il d'autres initiatives gouvernementales qui ont une incidence positive sur vous? Le point de vue de l'industrie est important pour nous.
M. Peter Elmhirst: Le hasard a voulu que j'assiste à une réunion à Toronto le lundi matin à 9 heures. En voiture, la route me prend généralement une heure et demie, mais étant donné que c'était un lundi matin, j'ai prévu deux heures et demie. Pourtant, je suis arrivé une demi-heure en retard. En subissant le trajet de trois heures de Peterborough à Toronto, je me suis mis à penser à mes clients qui sont venus passer la fin de semaine fériée et qui devaient être sur la même route que moi. Seulement eux, ils n'allaient pas s'arrêter à Toronto, puisqu'ils devaient se rendre jusqu'à Fort Erie.
Notre industrie dépend énormément de la route. Certes, nous avons parlé de l'accès au transport aérien et de questions connexes, mais la vaste majorité des touristes canadiens conduisent leurs propres automobiles et prennent l'autoroute. Les politiques routières, les taxes sur le carburant sont autant de considérations importantes pour eux.
Le président: Je vous remercie, monsieur Pickard.
Monsieur Lastewka, vous pouvez poser une autre question.
M. Walt Lastewka: J'ai été ravi d'entendre les observations de M. Elmhirst, car certains d'entre nous, y compris le président, ont déjà dit qu'il est temps d'améliorer le service ferroviaire reliant Québec à Windsor, et à terme, à Niagara. Les gens se demandent souvent s'ils peuvent prendre l'autocar pour se rendre à Québec. Ils aimeraient bien visiter Québec, mais ils ne se rendent pas compte de la distance. Nous entendons tout le temps les gens dire qu'ils voudraient aller à Niagara, y passer quelques jours, puis emprunter un mode de transport rapide pour se rendre à Québec. Le président et moi-même disons depuis un certain temps déjà qu'il faudrait faire quelque chose, car les avantages pourraient être nombreux et bien des voyageurs pourraient faire plusieurs escales entre Peterborough et d'autres villes au nord, et vice versa. Tout ça pour vous dire que vos observations m'ont enchanté.
Le président: Monsieur Elmhirst.
M. Peter Elmhirst: Je ne sais pas si j'ai bien interprété ce que vous avez dit, mais je crois comprendre que c'était là la dernière question ou la dernière observation avant de lever la séance. Avant de terminer, je voudrais remercier les membres du comité pour leur intérêt. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à autant d'intérêt ou de discussion concernant l'industrie du tourisme, ni à ce degré d'engagement envers cette industrie. Je vous en suis très reconnaissant. Je vous en remercie.
Le président: C'est moi qui vous remercie.
Monsieur Brien, vous avez une dernière question.
[Français]
M. Pierre Brien: J'ai une petite question sur un sujet qui a été soulevé plus tôt. Vous êtes tous des représentants de l'industrie. Quelle est la relation entre l'industrie et Attractions Canada? Cela pique un peu ma curiosité, parce qu'il ne s'agit pas d'une société de la Couronne. La souplesse que vous recherchez par le truchement de la Commission canadienne du tourisme, vous ne la retrouvez pas, j'imagine, à Attractions Canada. Donc, quelle est votre relation avec Attractions Canada?
[Traduction]
Le président: Madame Greening.
Mme Deborah Greening: Tout ce que je sais à propos de cette relation c'est que Attractions Canada et la CCT discutent ensemble de la mise sur pied d'un programme de marketing mutuel à l'avenir. Je n'en connais pas les détails. Je sais simplement que c'est la première fois qu'ils envisagent de travailler ensemble dans le cadre d'un projet.
Le président: Monsieur Elmhirst.
M. Peter Elmhirst: Je n'ai rien à ajouter.
Le président: Au nom du comité, je voudrais vous remercier tous les trois d'être venus cet après-midi. Merci d'avoir pris le temps de venir vous joindre à nous. Nous savons que certains d'entre vous ont dû venir de loin, et nous vous en sommes reconnaissants.
Nous espérons qu'il sera plus facile à l'avenir de voyager au Canada, comme M. Lastewka et d'autres l'ont dit aujourd'hui, de sorte que l'on puisse faire une meilleure promotion du tourisme. Je suis originaire de la région la plus au sud du Canada, tout à fait au sud de l'Ontario. Bien de gens ne se rendent même pas compte que c'est la région la plus au sud du Canada. Nous aimons à l'appeler la côte Sud du Canada. Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche.
Merci beaucoup.
La séance est levée.