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INDU Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 30 mai 2000

• 1539

[Traduction]

La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): La séance est ouverte. Nous étudions aujourd'hui le projet de loi C-5, Loi constituant la Commission canadienne du tourisme.

Nous sommes ravis d'accueillir aujourd'hui le président de la Commission canadienne du tourisme, M. Terry Francis, et M. Gerald Bailie, adjoint administratif du président.

Monsieur Bailie, vous allez présenter les diapositives, et c'est M. Francis qui va les commenter, n'est-ce pas?

M. Terry Francis (président, Commission canadienne du tourisme): Nous allons essayer.

La présidente: D'accord. Dès que vous serez prêts, vous pouvez y aller.

• 1540

M. Terry Francis: Merci.

[Français]

Bonjour. Je m'appelle Terry Francis et je suis le président de la Commission canadienne du tourisme. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Il me fait toujours plaisir de parler du succès d'un modèle de partenariat: la Commission canadienne du tourisme.

[Traduction]

Avant de faire mon exposé, je voudrais vous donner quelques explications sur notre situation avant que la commission devienne l'OSS qu'elle est aujourd'hui.

Dans la conjoncture économique de 1992-1993, l'Amérique du Nord était en récession, le chômage et les taux d'intérêt étaient à la hausse, les compagnies aériennes et les hôteliers subissaient des pertes d'exploitation, le marché du voyage aux États-Unis périclitait, les nouveaux marchés asiatiques entraient dans le jeu de la concurrence, l'accès au ciel était limité et le marché national des voyages voyait sa part du marché se rétrécir. Au Canada, notre capacité touristique à l'échelle du pays était sous- utilisée, ne permettait qu'un faible rendement sur l'investissement, ne recevait pas assez de ressources des gouvernements, ne faisait pas l'objet d'assez de partenariats, et il n'y avait pas d'efforts de commercialisation coordonnés et pas de programmes de développement des produits.

C'est dans ces conditions que le président de notre conseil d'administration, M. Buchanan, a amorcé le processus qui aboutirait à transformer la commission en OSS. Le Canada accusait également un déficit croissant dans le secteur des voyages, déficit s'élevant en 1992 à 6,4 milliards de dollars.

Vers le 1er avril 1995, nous procédions à l'établissement d'un organisme de service. Cela s'est fait par décret, et nous avons été dotés d'un conseil d'administration. L'OSS visait à nous donner une plus grande souplesse sur le plan des activités, notre organisme oeuvrant indépendamment d'Industrie Canada avec des partenaires du secteur privé, même si la politique ne cessait d'être élaborée par Industrie Canada, comme c'est le cas aujourd'hui.

Nous disposions dès lors d'une plus grande souplesse en matière de gestion, en contrepartie de niveaux de rendement que nous acceptions d'essayer d'atteindre, de sorte que nous étions mieux à même de négocier des partenariats avec le secteur privé, même si sur le plan hiérarchique la responsabilité et la reddition de comptes en matière de programmes relevaient toujours du conseil d'administration alors que les finances et les ressources humaines demeuraient la responsabilité du sous-ministre de l'Industrie.

Nous pouvions ainsi mesurer les succès obtenus, car pour chaque programme et chaque partenariat nous avions la possibilité d'en évaluer quantitativement l'efficacité et le succès.

Le conseil d'administration de 26 membres était alors essentiellement entre les mains du secteur privé: 17 de ses membres étant du secteur privé, y compris le président; il y avait aussi sept représentants des provinces et des territoires, un représentant du gouvernement fédéral, à savoir le sous-ministre de l'Industrie; et le président de la Commission canadienne du tourisme.

L'idée sous-tendant la formation d'un organisme de service spécial, ce que nous sommes aujourd'hui, était de constituer des partenariats avec le secteur privé. Nous ne faisons rien sans que le secteur privé participe à part égale à un programme donné. Nous avons commercialisé les destinations avec certaines municipalités et régions, avec le secteur privé ou des événements spéciaux, et ce, directement ou par l'intermédiaire d'organismes de tourisme régionaux ou municipaux.

Nous continuons de travailler avec des associations—par exemple l'Association de l'industrie touristique du Canada, l'Association de l'industrie touristique de la Nouvelle-Écosse, et d'autres organisations semblables—et nous avons travaillé avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, même si au fil des ans la plupart d'entre eux ont aussi créé des organismes sur le même modèle que la Commission canadienne du tourisme, c'est-à-dire des organisations distinctes de commercialisation pour le tourisme.

Je vais vous donner une idée des dépenses et du fonctionnement de notre partenariat. Reportez-vous au tableau, et vous constaterez qu'en 1995 le gouvernement injectait 50 millions de dollars, et que le secteur privé fournissait une somme égale. Au fil des ans, le budget a augmenté, et au cours du dernier exercice financier, 1999- 2000, il représentait environ 70 millions de dollars, soit 65 millions de dollars plus une somme reportée de l'exercice précédent, et notre partenariat a permis l'injection de 90 millions de dollars supplémentaires. Ainsi, entre 1992 et 1999-2000, les dépenses au titre du tourisme sont passées de 50 millions de dollars à 160 millions de dollars, dans le cadre d'un partenariat secteur privé/gouvernement.

Étant donné ce que je viens d'expliquer, pourquoi alors vouloir transformer la commission en une société d'État? Nos consultations avec les gens du secteur et nos partenariats ont mûri, et nous pensons que nous sommes prêts à franchir l'étape suivante, accroître notre souplesse, orienter davantage notre action vers la commercialisation et la tactique. Nous voulons avoir une assise plus solide pour que soit mieux précisée la reddition de comptes, transformer la situation actuelle qui fait que le conseil d'administration s'occupe des programmes alors que les ressources humaines et les finances relèvent d'Industrie Canada. Nous voulons que tout soit sous un même toit. Notre approche sera davantage axée sur les bénéfices, une plus grande souplesse administrative, particulièrement pour l'adjudication des contrats. Nous aurons des politiques financières qui refléteront un jour l'entreprise qu'est la nôtre, car nous sommes très différents des autres départements au sein d'Industrie Canada.

• 1545

Le gouvernement a appuyé très généreusement le secteur touristique au cours des cinq dernières années et, répondant aux exhortations de l'industrie, il maintient son engagement.

Dans le domaine du tourisme, nous avons de nouveaux défis à relever. Le tourisme est considéré comme un facteur capital de croissance économique dans la plupart des pays, de sorte que la concurrence est beaucoup plus serrée actuellement que par le passé. Regardez ce qui se passe dans les pays d'Asie, où le tourisme est un des outils majeurs de leur programme de relance. Les pays d'Asie ont des programmes de commercialisation très ambitieux.

L'environnement demeure un défi. Même si nous offrons des sites mythiques qui identifient le Canada et le rendent attrayant, il nous faut garantir la durabilité de notre produit afin qu'il puisse être utilisé à long terme, et non pas seulement à court terme.

D'après nos recherches, les étrangers considèrent le Canada comme un pays sécuritaire, propre, pittoresque, mais froid et ennuyeux. Notre tâche au fil des ans a été de montrer un autre visage du Canada. Nous pouvons offrir toute une gamme d'activités; nous pouvons offrir bien des choses qui font que nous sommes concurrentiels avec les autres destinations. C'est donc un renversement majeur des attitudes qu'il faut changer.

La concurrence est serrée, particulièrement de la part des États-Unis et d'autres destinations, comme les pays d'Asie. Essentiellement, grâce aux programmes de partenariat, nous ne cessons de persuader nos partenaires que la CCT a un avenir prometteur et mérite le maintien de leur appui et de leur investissement.

J'ai abordé brièvement tout à l'heure les limites actuelles, la double reddition de comptes, et je ne vais pas revenir là-dessus.

Il faut modifier le système financier à cause du fonctionnement de l'entreprise touristique, car il est différent de celui des autres ministères, dont les processus d'adjudication de contrats sont fastidieux, surtout dans le climat particulier du secteur, car dans le cas des programmes de partenariat, on ne peut pas identifier les recettes qui découlent du partenariat. Ainsi nous n'avons pas la souplesse dont disposent les industriels pour prendre leurs décisions. Dans un environnement concurrentiel, les entreprises du secteur réagissent beaucoup plus rapidement aux débouchés qui s'offrent sur le marché. Les politiques financières actuelles ne conviennent pas au secteur du tourisme, même si je suis sûr qu'elle servent très bien les autres secteurs.

Les caractéristiques que nous recherchons dans une société d'État sont: le juste équilibre entre les avantages que comportent des objectifs de politique publique et la fourniture rentable de biens et de services; nous voulons fonctionner comme le secteur privé, étant donné que notre assise est constituée de sociétés du secteur privé; et nous voulons nous libérer de tout fardeau administratif inutile afin de mieux mener à bien notre mandat.

Notre mandat est toujours la commercialisation du tourisme, et strictement cette commercialisation, avec l'objectif d'appuyer une industrie du tourisme rentable et prospère. Nous voulons que le Canada devienne une destination touristique attrayante. Nous maintenons le slogan «L'image de marque du Canada». Bien des provinces et des régions font la promotion de leurs propres atouts, mais nous faisons la promotion de l'image de marque du Canada. On s'accorde à dire dans le secteur, et grâce à la recherche, que le Canada est plus facilement reconnaissable à l'échelle internationale que ses régions particulières. On met donc l'accent sur la promotion de l'image de marque du Canada.

Nous offrons notre aide à des projets de commercialisation coopératifs entre le secteur privé et le gouvernement. Le secteur privé pour nous ne se limite pas à des partenaires canadiens. Par exemple, nous avons des partenaires au Japon qui veulent faire la promotion de leurs produits, qui sont des destinations canadiennes. Nous pouvons donc faire en sorte qu'ils donnent la préférence au Canada par rapport aux autres destinations.

Essentiellement, la Commission canadienne du tourisme a un rôle central, à savoir donner des renseignements de dernier cri sur le tourisme canadien à l'usage du secteur privé. C'est notre rôle, l'essentiel de notre rôle, et c'est pourquoi nous mettons l'accent sur une recherche de pointe à cet égard. Quel est notre niveau de compétitivité? Quelle est la courbe de la demande? Quels sont les segments qui exigent notre attention pour que le tourisme continue de croître à l'avenir?

• 1550

Le conseil d'administration demeure essentiellement inchangé: il sera formé de 26 membres, soit 17 du secteur privé, y compris le président; sept représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux; le président de la commission et le sous-ministre de l'Industrie. Les ministres du Tourisme des provinces et des territoires ou leur mandataire, un sous-ministre ou un chef d'agence de commercialisation, peuvent être représentés au conseil. Nous avons créé un comité des nominations pour qu'il constitue une liste de candidats possibles du secteur privé, liste qui est soumise au ministre qui fait les nominations.

Le programme de commercialisation demeurera tel quel, mais on y adjoindra la gestion financière et celle des ressources humaines pour ce qui est de la reddition de comptes.

En devenant société d'État, nos effectifs qui travaillent au Canada seront visés par les dispositions concernant la fonction publique contenues dans le Code canadien du travail. Quant aux employés locaux, car nous avons 60 employés qui sont en poste aux États-Unis, en Asie et en Europe, nous sommes en train de mettre au point des programmes de travail et des programmes à l'intention des employés, en tenant compte du fait que nous devons respecter les critères applicables dans les pays où nous nous trouvons.

Pour ce qui est de la reddition de comptes, le ministre de l'Industrie continue d'exercer un pouvoir de direction. Il a toujours la responsabilité d'élaborer la politique en matière de tourisme. Celle-ci ne relève pas de la Commission canadienne du tourisme. Le plan annuel et les budgets sont approuvés par le ministère du Canada et le Conseil du Trésor.

La CCT est soumise aux lois suivantes: l'annexe III de la Loi sur la gestion des finances publiques; la Loi sur l'accès à l'information; la Loi sur les langues officielles; la Loi sur la protection des renseignements personnels; et la Loi sur les accords fiscaux fédéraux-provinciaux.

Au cours de cette réorientation, largement appuyée par l'industrie, le président du conseil d'administration et d'autres ont procédé à des consultations. En règle générale, les provinces et les territoires nous appuient, reconnaissant les avantages qu'une société d'État comporte, notamment ceux que je vous ai décrits tout à l'heure. Le secteur privé nous appuie vigoureusement et nous recommande de maintenir le cap. En règle générale, on approuve la structure actuelle du conseil d'administration et l'équilibre qu'elle comporte sur le plan de la représentation du secteur privé et du secteur public.

La mission de commercialisation de la CCT, qui a été élaborée par un comité présidé par un des membres du conseil d'administration et en consultation à l'échelle du pays, continue de proclamer que le Canada sera une des destinations de choix au cours des quatre saisons pour une communion avec la nature et une expérience de diversité culturelle.

Madame la présidente, cela termine mon exposé. Je répondrai volontiers à vos questions. Merci.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Francis.

Nous allons passer aux questions.

[Français]

Monsieur Brien, s'il vous plaît.

M. Pierre Brien (Témiscamingue, BQ): J'ai plusieurs questions. Je vais commencer par la question de l'indépendance de la Commission canadienne du tourisme. Comment l'organisme de services spéciaux n'a-t-il pas pu répondre aux besoins des partenaires privés? Donnez-moi des exemples. Vous dites que ce sera plus souple et que ça va fonctionner mieux. Vous parlez des principes, mais pouvez-vous nous donner des exemples de situations où la commission n'a pas pu, en tant qu'organisme qui offre des services, répondre aux besoins du secteur privé?

[Traduction]

M. Terry Francis: Par exemple, dans le cas d'un partenariat, nous ne pouvons pas recueillir les recettes qui en découlent. Par conséquent, pour que le partenariat se concrétise, nous faisons appel à une agence de publicité qui sert de coordonnateur entre les deux partenaires, de sorte que nous pouvons verser de l'argent à l'agence, tout comme nos partenaires. Ces derniers ne prisent pas tellement cette façon de faire, car cela fait intervenir une tierce partie et nous empêche de traiter directement entre nous.

[Français]

M. Pierre Brien: D'accord. Sur l'autre volet de votre indépendance, vous semblez faire allusion à une certaine indépendance face au au gouvernement, même si le ministre a encore un rôle à jouer dans la commission.

• 1555

Comment la commission peut-elle être indépendante si ses membres ou ceux de sa haute direction sont nommés par le ministre? Même si vous lui suggérez une liste de noms, c'est le gouverneur en conseil qui approuve les nominations des sept autres représentants. Comment pourrez-vous avoir une indépendance réelle si les membres de la commission sont nommés selon cette méthode?

[Traduction]

M. Terry Francis: Jusqu'à présent le processus suivi pour la représentation au conseil d'administration a bien servi la commission. Sur le plan de l'autonomie et de la reddition de comptes, nous n'aurons plus désormais la dichotomie qui fait que d'un côté le conseil d'administration s'occupe des programmes et que d'un autre côté une autre entité s'occupe des politiques financières et des ressources humaines. On se dit que certaines choses seraient possibles si les deux étaient logés sous le même toit.

Ainsi, l'intégration de ces responsabilités permettra aux gestionnaires et au conseil d'administration de prendre des décisions pour l'ensemble du programme, plutôt que pour une partie seulement.

[Français]

M. Pierre Brien: Dans votre mandat, vous dites que vous voulez promouvoir le Canada comme destination touristique. Voulez-vous faire cette promotion auprès des gens de l'intérieur ou si votre mandat principal consiste à attirer les gens de l'extérieur? À l'heure actuelle, quelle proportion de vos activités est consacrée à promouvoir le Canada à l'étranger et quelle proportion est consacrée aux activités à l'intérieur du Canada? Il me semble qu'au Québec, entre autres, on voit beaucoup la Commission canadienne du tourisme à l'heure actuelle. On l'y voit plus qu'à l'étranger.

[Traduction]

M. Terry Francis: C'est juste. Seulement 7 p. 100 du budget de commercialisation de la commission est consacré au programme pour le Canada. Le reste est consacré à faire de la promotion auprès de clients qui viennent d'Europe, d'Asie ou des États-Unis.

S'agissant de commercialisation au Canada, nous n'essayons pas d'attirer des gens d'une province dans une autre. Dans ce cas-là, nous tâchons de sensibiliser les gens aux produits canadiens qui sont disponibles ici; nous encourageons les gens à rester au pays plutôt que d'aller aux États-Unis ou vers d'autres marchés pour trouver les mêmes produits.

Nous avons un programme intégré pour sensibiliser davantage ce qui est disponible au Canada. Les organismes de commercialisation provinciaux, ou les municipalités par leur intermédiaire, ont leurs propres programmes pour attirer des visiteurs de diverses régions du pays. Sept p. 100 du financement sert à la commercialisation auprès de clients canadiens. Essentiellement, c'est un programme d'ensemble qui permet de mieux sensibiliser les Canadiens à ce que le Canada offre, pour qu'ils restent ici, plutôt que d'aller dépenser leur argent ailleurs, notamment aux États-Unis.

[Français]

M. Pierre Brien: J'aimerais avoir une précision technique. Parlez-vous de 7 p. 100 de votre budget total ou de 7 p. 100 de votre budget de marketing?

[Traduction]

M. Terry Francis: C'est 7 p. 100 de notre budget de commercialisation. Cela représente environ 3,4 millions de dollars.

[Français]

M. Pierre Brien: D'accord. Est-ce qu'Attractions Canada relève de la Commission canadienne du tourisme?

[Traduction]

M. Terry Francis: Non, ce n'est pas le cas.

[Français]

M. Pierre Brien: De qui cet organisme relève-t-il?

[Traduction]

M. Gerald Bailie (adjoint administratif, Bureau du président, Commission canadienne du tourisme): Je pense qu'il s'agit du Bureau d'information du Canada; je n'en suis pas parfaitement sûr.

[Français]

M. Pierre Brien: Voilà qui m'amène à mon autre préoccupation. Il y a donc un autre joueur qui fait de la promotion. Attractions Canada fait de la publicité un peu partout, vous allez en faire et Développement économique Canada en fait aussi. Cela reste à l'intérieur du ministère de l'Industrie ou des agences régionales. Cela fait plusieurs joueurs fédéraux dans ce domaine.

Comment la commission va-t-elle agencer ses activités à celles de ces acteurs? Et je n'ai même pas encore parlé des provinces et des municipalités. Comment coordonne-t-on les activités de la commission, de Développement économique Canada, du ministère du Tourisme et même du programme du Bureau d'information Canada?

• 1600

[Traduction]

M. Terry Francis: C'est un défi qu'il faut constamment relever, et nous nous y attelons depuis deux ou trois ans. Nous nous adressons à ces agences pour coordonner nos activités, de sorte qu'au lieu que tout le monde fasse la promotion du même produit, nous pouvons échelonner leurs activités afin de créer une synergie entre ce qu'ils font et ce que nous faisons.

Cela a été fructueux dans certaines régions. Dans d'autres, nous continuons d'y voir. Nous sommes persuadés qu'au bout du compte, dans la mesure où les budgets existent, il vaut mieux coordonner les efforts, car nous avons tous le même objectif de promotion. Ainsi, nous travaillons avec l'APECA dans la région de l'Atlantique. Nous avons eu des discussions avec Attractions Canada, et nous travaillons avec d'autres régions.

D'autres organisations possédant des budgets travaillent aussi avec les provinces, et le cas échéant les provinces s'intègrent à notre programme. Nos efforts de coordination prennent donc diverses formes.

[Français]

M. Pierre Brien: À la fin de votre document vous dites: «Provinces et territoires favorables en général à cette forme d'entité». Qu'est-ce que vous voulez dire par: «favorables en général»? Ma sous-question touche le gouvernement du Québec, entre autres.

[Traduction]

M. Terry Francis: Je dis «généralement favorable» parce que l'on a mis en cause la composition du conseil d'administration. Évidemment, sept sièges sont occupés par les provinces et les territoires. Certaines provinces ou territoires voudraient avoir leur propre place. Mais il ne faut pas oublier que nous voulons accorder une place privilégiée au secteur privé. Voilà pourquoi la proposition du conseil d'administration prend cette forme.

Il est vrai que les provinces et territoires souhaiteraient en avoir davantage, mais, tout compte fait, quand on explique la logique de notre position, l'on comprend ce que nous tentons de faire, même si l'on continue de souhaiter pouvoir détenir les deux sièges. Je pense que généralement—et c'est pourquoi j'utilise le mot «généralement»—on appuie et comprend ce que nous tentons de faire, même si cela ne répond pas tout à fait au souhait qu'ils font d'avoir leur propre siège.

Quant au Québec, le Québec est l'un de nos grands partenaires dans les programmes que nous avons aux États-Unis et en Europe. L'administration québécoise continue à travailler avec nous. Dans le cas de la plupart des activités en partenariat, nous menons des efforts de concert avec tous les organismes de commercialisation du tourisme du pays, représentés par les provinces, afin de coordonner nos cycles de planification de façon à commencer à se parler et à participer au bon moment du plan plutôt qu'au mauvais moment. Nous avons donc commencé cet effort.

Nous avons tenté de coordonner nos efforts relativement à ce que nous ferons sur l'Internet, sur le plan des investissements, etc. Nous poursuivons ces efforts avec le Québec comme avec toutes les autres provinces.

La présidente: Merci.

Monsieur Malhi, je vous en prie.

M. Gurbax Singh Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.): Merci, madame la présidente.

Pourquoi y a-t-il plus d'administrateurs du secteur privé que du secteur public?

M. Terry Francis: Je pense que lorsqu'on a constitué l'OSS en 1995 et que le gouvernement a porté son financement de 15 à 50 millions de dollars, le mandat de l'organisation prévoyait notamment qu'il devait s'agir d'un organisme privé, axé sur la recherche et dirigé par l'industrie. La composition du conseil d'administration reflète ce mandat.

Le conseil d'administration comprend une représentation très diverse du secteur privé de tout le pays et réunit de nombreuses personnes qui produisent des produits touristiques. Nous entendons donc aussi la voix de la petite et de la moyenne entreprise.

M. Gurbax Malhi: La nouvelle commission va-t-elle différer de l'ancienne en ce qui concerne les ressources humaines et les relations de travail?

M. Terry Francis: Du point de vue des ressources humaines, comme je l'ai dit précédemment, les employés seront assujettis au Code canadien du travail; donc c'est un changement. Évidemment, une fois que nous serons devenus une société d'État nous commencerons les négociations pour mettre ces dispositions en place.

M. Gurbax Malhi: Quelles garanties offrez-vous aux employés actuels de la commission qu'ils garderont leur emploi dans la nouvelle société?

M. Terry Francis: Nous nous sommes engagés à faire des offres d'emploi raisonnables à tous les employés permanents de la commission au moment où nous deviendrons une société d'État. Nous avons également garanti le maintien en poste pendant deux ans. Pour le reste, en ce qui concerne les conditions d'emploi réelles, etc., il nous faudra négocier conformément au Code canadien du travail.

• 1605

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Malhi.

Monsieur Cannis.

M. John Cannis (Scarborough-Centre, Lib.): Merci, madame la présidente.

Je vous remercie de votre exposé, messieurs.

Monsieur Francis, j'aime la façon dont vous utilisez l'expression «généralement», et je partage votre avis. Pourriez-vous prendre quelques instants pour nous en dire un plus plus sur les relations avec les provinces? On entend dire de temps à autre que cette initiative empiétera sur les compétences des provinces, sur les responsabilités des provinces. J'ai cru comprendre que c'est grâce à des relations très coopératives et très conviviales que la commission en est là où elle se trouve aujourd'hui. Ai-je raison?

M. Terry Francis: Je le crois. Lorsqu'on est axé sur le partenariat, on tient plus de discussions, et on crée ainsi plus de relations, on comprend mieux les plans les uns des autres. D'après les recherches, une plus grande concurrence dans l'industrie a donné une plus grande valeur à l'image de marque du Canada.

Si comme province canadienne vous vous lancez sur un nouveau marché, vous n'obtenez pas les mêmes résultats parce que les gens ne reconnaissent pas votre nom comme ils reconnaissent celui du Canada. Mais si vous incluez le drapeau canadien et l'image de marque du Canada, on vous reconnaît, et vous pouvez alors promouvoir votre propre région et province. La reconnaissance de l'image de marque est le changement le plus important, et nous sommes vraiment maintenant un partenariat; on ne nous perçoit plus comme un adversaire.

Lorsque nous commençons à élaborer notre stratégie et qu'elles commencent à élaborer la leur sur les marchés ou les segments à cibler, plus il y a chevauchement entre les deux, plus grande est la possibilité de coopération, de financement et de création d'une masse critique afin de promouvoir le Canada dans ce marché.

M. John Cannis: Toujours à ce sujet, reprenez-moi si je me trompe, mais je crois que la Commission du tourisme n'est pas vraiment organisée pour développer le tourisme dans une province ou dans une région donnée grâce à des programmes particuliers. Ce qu'elle fait, c'est qu'elle offre des services de soutien pour les programmes qui existent déjà dans une province.

M. Terry Francis: Nous sommes responsables de la mise en marché des programmes et nous aidons les fournisseurs à préparer le produit qu'ils vont mettre en marché. Par exemple, nous organisons des clubs en faisant voyager dans tout le pays des exploitants de pistes de ski pour les encourager à se regrouper. Nous pouvons faire également de la promotion à l'étranger pour attirer des skieurs au Canada. Cela donne aux exploitants de nouveaux marchés, et c'est plus abordable, car ils n'ont pas besoin de faire cela chacun de leur côté. Bref, nous encourageons les fournisseurs à se regrouper en consortiums peu structurés, à mettre leur argent en commun, et à s'associer à nous pour obtenir de nouveaux marchés.

Notre participation n'est jamais financière; cela ne fait pas partie de notre mandat.

M. John Cannis: Une dernière question au sujet des efforts que nous faisons pour promouvoir le Canada à l'étranger. Mon collègue, M. Brien, a parlé de 3,4 millions de dollars, ce qui représente 7 p. 100 du budget de commercialisation. Est-ce que c'est le coût de la promotion à l'étranger?

M. Terry Francis: Non; ces 7 p. 100, c'est le pourcentage du budget de commercialisation que nous utilisons pour promouvoir le Canada à l'intérieur de nos frontières. Notre contribution est donc de 3,4 millions de dollars, et, après cela, nous cherchons un partenaire. Par le passé, nous avons eu le partenariat de GM ou de Chrysler et profité de leur publicité pour notre promotion. Si on ajoute ces 3,4 millions de dollars à l'argent de notre partenariat, cela représente environ 8 millions de dollars à dépenser au Canada pour promouvoir le Canada. Le reste de l'argent est utilisé à l'étranger.

Pour assurer le succès de notre programme de tourisme, nous pouvons par exemple nous associer à deux grossistes qui, jusque-là, n'avaient pas vendu de produits canadiens. Nous obtenons de figurer dans leurs programmes et nous les encourageons à ajouter le Canada à leurs brochures et à leurs gammes de produits. Nous utilisons le courrier direct avec une liste prédéfinie, la publicité dans les journaux et les magazines, et dans certains cas la télévision si notre partenaire le souhaite. Parfois, nous faisons venir les intéressés pour qu'ils puissent voir le produit, le mettre à l'épreuve et avoir une meilleure idée de ce que nous pouvons offrir.

M. John Cannis: Est-ce que nous faisons appel aux services de nos missions et de nos ambassades à l'étranger pour attirer des touristes au Canada?

• 1610

M. Terry Francis: Effectivement, bien que depuis quelques années les responsables du tourisme dans les missions à l'étranger dépendent directement de nous. Toutefois, ils sont basés dans les missions, car pour les Affaires étrangères cela contribue à l'image du Canada. Nous avons donc des ententes de coopération sur ce plan- là également.

M. John Cannis: Merci beaucoup.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Cannis.

[Français]

Monsieur Brien, avez-vous d'autres questions?

M. Pierre Brien: Je reviens à Attractions Canada. Comment se fait-il que ce ne soit pas la Commission canadienne du tourisme qui gère ces programmes?

[Traduction]

M. Terry Francis: Comme cela ne relève pas de notre compétence, le financement ne vient pas du même endroit. Ils travaillent dans un autre service du gouvernement, et leur mandat est, je crois, un peu différent du nôtre.

[Français]

M. Pierre Brien: On pourra inviter ses représentants. Je serais intéressé à les entendre, mais vous devez connaître leur mandat. En quoi leur mandat est-il différent du vôtre?

[Traduction]

M. Gerald Bailie: Leur mandat est différent, car il est un peu moins circonscrit. Comme M. Francis l'a dit, tout ce que nous faisons est fondé sur des recherches, et, sur la base des recherches que nous avons faites dans le marché canadien, nous avons déterminé que certains segments de la population sont plus enclins à voyager à l'étranger. Notre publicité à l'intérieur du pays s'adresse à ces gens-là.

Si je ne me trompe pas, Attractions Canada aborde la question d'une façon plus générale. Ils font de la publicité, en particulier sur des affiches à l'extérieur et au canal météo. Leurs efforts ne sont pas aussi circonscrits que les nôtres; c'est beaucoup plus général. D'autre part, ils n'ont pas de catalogue. Ils ne vendent pas certains forfaits. Ils n'ont pas d'agent de voyage auquel on peut téléphoner grâce à un numéro 800 et acheter un forfait. Ils n'ont donc pas ce lien avec le consommateur: une fois que celui-ci a pris la décision de voyager au Canada, où doit-il s'adresser pour acheter le produit?

Comme M. Francis l'a dit, c'est un groupe tout à fait différent du nôtre, qui est financé différemment. Il nous est arrivé de collaborer pour certains programmes. Je ne sais pas si nous le faisons en ce moment, car notre mandat est différent du leur.

[Français]

M. Pierre Brien: Du point de vue d'un contribuable, ne trouvez-vous pas que c'est un peu comme si le bras gauche et le bras droit ne travaillaient pas ensemble, finalement?

[Traduction]

M. Terry Francis: Je ne sais pas si j'irais jusque-là; je crois...

[Français]

M. Pierre Brien: Je comprends que ce n'est pas votre rôle.

[Traduction]

M. Terry Francis: Si vous considérez ce qu'ils font, vous verrez qu'ils choisissent certaines activités ou des régions touristiques bien précises, et ils essaient de les faire connaître dans le reste du pays.

Ce n'est pas ce que nous faisons. Par exemple, nous n'essayons pas de faire connaître en Colombie-Britannique un produit touristique spécifique du Québec. Nos promotions sont beaucoup plus axées sur les prix, pour encourager les gens à faire des réservations.

Nous sommes là pour faire connaître le Canada. Si vous voulez des vacances d'aventure au Canada, voilà ce qui est disponible en matière d'aventure d'un océan à l'autre, et, pour ce faire, nous nous associons à des exploitants qui vendent des forfaits.

C'est donc un peu différent de leur rôle, mais dans la mesure où nous pouvons regrouper nos fonds pour mieux les utiliser, nous essayons de coopérer et de conclure des ententes. Il n'y a pas vraiment de conflit.

[Français]

M. Pierre Brien: Je serai donc un petit peu plus rusé dans ma question. Si le ministre proposait de vous remettre cet argent, est-ce que vous diriez non? Diriez-vous que la façon dont on fait les choses aujourd'hui est plus efficace ou si vous trouveriez un certain intérêt à intégrer cela et à gérer vous-même l'argent d'Attractions Canada si vous en aviez la possibilité?

[Traduction]

M. Terry Francis: Eh bien, je ne refuserais jamais de l'argent si on m'en offrait. Je ne sais pas s'il faudrait modifier notre mandat, mais nous devrions pouvoir trouver le moyen de rendre les deux fonctions complémentaires. Je pense qu'elles sont déjà complémentaires, mais certains aspects restent probablement à coordonner.

[Français]

M. Pierre Brien: Est-ce que j'ai encore du temps?

La présidente: Oui.

M. Pierre Brien: Au niveau des interventions de la commission, donnez-vous de l'argent pour améliorer ou construire un site? Faites-vous ce genre d'intervention?

[Traduction]

M. Terry Francis: Non, pas du tout.

[Français]

M. Pierre Brien: Avez-vous l'intention d'en faire?

[Traduction]

M. Terry Francis: Nous n'en avons nullement l'intention. Le conseil d'administration ne considère pas que cela relève de notre mandat, et d'autre part je dois dire que nous n'avons pas les ressources nécessaires. Je pense que c'est un aspect du développement qui devrait se faire ailleurs.

[Français]

M. Pierre Brien: Lors du débat à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre, on a dit à un certain moment que vous n'alliez pas vous engager dans des activités d'expansion du tourisme. Où vos interventions s'arrêtent-elles par rapport à celles des provinces, entre autres? Comment voyez-vous les interventions des provinces? Quel est leur rôle en matière de tourisme par rapport au vôtre, et comment cela se fait-il dans le respect des compétence de chacun? Où s'arrête votre intervention par rapport à celle d'une province dans le respect des pouvoirs juridiques des deux ordres de gouvernement?

• 1615

[Traduction]

M. Terry Francis: Notre mandat et notre point fort, c'est que nous faisons connaître l'image de marque du Canada. C'est facile à reconnaître. Nous faisons de la promotion pour le Canada dans les destinations, et les gens ont une certaine image du Canada. Par contre, ce que les provinces font individuellement n'est pas aussi facile à reconnaître à l'étranger. Nous stimulons donc un intérêt pour le Canada d'une façon générale. Les provinces peuvent profiter de cette action pour vendre les produits particuliers qu'elles ont à offrir. Je pense que les deux éléments se complètent. Il ne s'agit pas vraiment de déterminer où notre action commence et où la leur se termine. Nous intervenons d'abord pour faire connaître l'image de marque du Canada, pour donner aux gens l'envie de venir au Canada, et, dans un deuxième temps, toutes les régions en profitent. Nous commençons par faire connaître certaines images du Canada au Japon, et ensuite l'Île-du-Prince-Édouard vend en Italie Anne... la maison aux pignons verts et le Québec vend sa province. C'est un effort coordonné à l'étranger, et le consommateur peut se dire: je vais au Canada, et j'en profiterai pour voir telle et telle attraction.

La présidente: Monsieur Lastewka, je vous en prie.

M. Walt Lastewka (St. Catharines, Lib.): Merci, madame la présidente.

Quand je regarde vos dépenses de programme, je vois que le financement de base vient du gouvernement fédéral. C'est bien ça?

M. Terry Francis: C'est exact.

M. Walt Lastewka: La contribution du secteur privé, les budgets des provinces et des territoires, tout cela est regroupé. Pourriez-vous me donner les proportions?

M. Terry Francis: En ce qui concerne les revenus dans le cadre du partenariat, pour 1999-2000 environ 48 p. 100 du financement est venu des provinces et des agences de commercialisation régionales, et le reste du secteur privé. Quand je parle des provinces et des agences régionales, une partie de ce financement vient également du secteur privé, car il y a des partenariats à ce niveau-là. Mais dans l'ensemble c'est la proportion.

M. Walt Lastewka: Voulez-vous dire que l'industrie fournie environ 25 p. 100 du financement?

M. Terry Francis: Vous pensez aux 159,6 millions de dollars?

M. Walt Lastewka: J'essaie simplement de déterminer la part du fédéral, celle du provincial et celle du secteur privé, mais je ne veux pas savoir comment cet argent est acheminé. Je voudrais avoir la proportion de ces deux...

M. Terry Francis: Dans le partenariat, 40 p. 100 de l'argent vient du secteur public, 60 p. 100 du secteur privé, mais vous avez raison: quand on en vient au total des dépenses, cette proportion tombe à 25 ou 30 p. 100 environ.

M. Walt Lastewka: Autrement dit, la part des provinces et des territoires est d'environ 20 p. 100 du financement total.

M. Terry Francis: Exactement.

M. Walt Lastewka: Ainsi, quand on considère la composition du conseil d'administration, le financement vient en majeure partie du fédéral, mais parmi les administrateurs c'est l'inverse. Est-ce bien cela?

M. Terry Francis: C'est exact.

M. Walt Lastewka: Ces derniers temps nous avons adopté plusieurs lois pour créer de nouveaux organismes, de nouveaux services, et chaque fois il est question d'organiser les choses d'une façon plus strictement commerciale. Est-ce que quelque chose vous a empêchés de fonctionner sur une base plus commerciale par le passé?

M. Terry Francis: Tout cela tient à nos procédures. Par exemple, lorsque nous signons des contrats, nous n'avons pas la possibilité de privilégier les propositions les plus innovatrices. Avec les règles actuelles, si vous me soumettez une proposition, il faut que j'obtienne trois autres propositions et que je les compare avant de signer le contrat. Ce genre de chose n'encourage pas les pratiques vraiment commerciales. En effet, si quelqu'un nous soumet une idée particulièrement bonne, nous pouvons la retenir, mais le processus est interminable. La situation est loin d'être favorable quand on considère le temps qu'il faut pour juger une proposition et l'accepter.

• 1620

M. Walt Lastewka: Merci.

La présidente: Merci.

Monsieur Pickard.

M. Jerry Pickard (Chatham—Kent Essex, Lib.): Merci, madame la présidente.

Je ne suis pas spécialiste, mais je me dis que pour vous c'est extrêmement facile de vendre le Canada à l'intérieur de ses frontières. En fait, j'ai l'impression que le plus rentable, c'est de vendre le Canada aux Canadiens. Toutefois, vous avez dit que 7 p. 100 de votre budget était consacré à la promotion à l'intérieur des frontières. Pour quelle raison utilisez-vous un si petit pourcentage de votre budget pour convaincre les Canadiens de faire du tourisme au Canada?

M. Terry Francis: Quand on examine la façon dont l'argent est utilisé au Canada, on s'aperçoit que des sommes énormes sont dépensées par les provinces et les villes pour promouvoir le tourisme dans un rayon de 300 à 400 milles. Il n'est pas du tout certain que nous obtenions des résultats comparables en dépensant plus d'argent, car d'une façon générale tous ces gens-là font déjà du bon travail. Nous nous contentons de les aider en les regroupant. Dans une certaine mesure, nous avons joué un rôle de catalyseur, nous avons cherché à les convaincre de dépenser plus d'argent pour attirer plus de Canadiens. D'un autre côté, quand on considère l'argent dépensé par les visiteurs au Canada...

M. Gerald Bailie: Sur les 50 milliards de dollars, 35 milliards sont dépensés par des Canadiens à l'intérieur du pays. C'est une industrie qui dépend principalement du marché national, et, comme M. Francis l'a dit, c'est surtout les provinces qui s'en occupent.

Nous essayons de nous occuper des secteurs de l'industrie qui voudraient aller chercher des marchés à l'étranger. Mais en fait, et c'est le coeur de la question, nous avons intérêt à utiliser l'argent dont nous disposons pour faire venir plus d'argent de l'étranger. Autrement dit, pour les 15 millions d'Américains ou les 4 millions de touristes d'autres pays, le gouvernement fédéral a donc intérêt à faire de la promotion à l'étranger, et, de cette façon, à attirer de l'argent au Canada.

M. Jerry Pickard: Merci. Cela me semble très logique. Je ne me rendais pas compte de l'existence de ce conflit, mais ce que vous me dites est très utile.

Comment choisissez-vous vos marchés étrangers?

M. Terry Francis: Nous analysons les statistiques, nous tenons compte du nombre total de gens d'un pays qui voyagent à l'étranger. Ensuite, nous prenons par exemple le Japon, et nous nous demandons combien parmi ces gens-là correspondent aux types de produits que nous offrons. Évidemment, il y en a beaucoup qui préfèrent aller à Las Vegas, et ces gens-là ne viendront pas ici, mais nous cherchons à attirer les 55 à 65 ans qui veulent faire du tourisme et voir des paysages, et nous choisissons les magazines qui sont susceptibles de les atteindre. Au Japon, il y a la classe des jeunes femmes actives. Il y a des dames de 45 ans et plus qui voyagent énormément, et nous devons trouver le moyen de les attirer.

Nous analysons donc chaque marché, nous déterminons le profil des voyageurs et ce qu'ils recherchent lorsqu'ils voyagent. Évidemment, nous essayons également de concevoir des produits pour attirer des segments de population qui, par le passé, ne venaient pas ici, et nous pouvons le faire, car nous sommes très à l'aise avec les segments qui viennent. Toutefois, il faut commencer par déterminer un profil pour chaque marché, et, sur cette base, déterminer les possibilités.

M. Jerry Pickard: Quel est le pourcentage de votre budget qui sert à choisir des marchés et à déterminer quel type de segment correspond aux produits que vous offrez? Est-ce que c'est un pourcentage important de votre budget?

M. Terry Francis: Notre budget de recherche est de l'ordre de 5,5 à 6 millions de dollars, ce qui comprend tout...

M. Jerry Pickard: Environ 3 p. 100?

M. Terry Francis: Oui. Il faut entre autres identifier les possibilités, mais également mesurer l'efficacité de ce que nous avons fait jusqu'à présent pour pouvoir changer notre orientation si les résultats n'ont pas été bons. Il y a également des recherches macroéconomiques sur le cours du dollars et l'incidence de ce facteur sur la demande. D'autre part, nous faisons une analyse de la concurrence... si, par exemple, l'Asie vend à tel prix, quel effet cela aura sur notre tourisme, etc.

M. Jerry Pickard: Est-ce que vous avez du personnel à l'interne pour ce genre de choses?

M. Terry Francis: Nous avons à l'interne du personnel qui accomplit la majeure partie de ce travail ou qui, du moins, rédige les conditions des recherches que nous voulons faire effectuer à l'extérieur. Statistique Canada nous fournit énormément d'informations qui nous permettent de faire le travail nous-mêmes. Le reste, nous l'achetons à l'extérieur, et nous avons également des partenariats avec des exploitants, les provinces, les compagnies aériennes, les compagnies hôtelières, car tous ces gens- là s'intéressent suffisamment à ces données pour nous aider financièrement à les recueillir.

M. Jerry Pickard: Est-ce que d'autres mécanismes de soutien peuvent vous aider dans ce domaine, par exemple une société d'État canadienne? Est-ce que vous consultez Canadien International ou Air Canada, ou encore d'autres éléments du secteur privé dans le domaine du tourisme, et le gouvernement canadien?

• 1625

M. Terry Francis: Absolument. Par exemple, nous faisons des sondages sur les départs en collaboration avec les compagnies aériennes. Lorsque les compagnies aériennes effectuent des sondages parmi les voyageurs en partance, nous essayons d'en profiter pour poser des questions comme: qu'est-ce qui vous a plu dans notre pays? Est-ce que vous étiez au courant du cours du dollar? Avez- vous l'intention de revenir? Si oui, où aimeriez-vous aller? Nous profitons donc d'autres types de recherches pour recueillir des informations dont nous avons besoin nous-mêmes.

M. Jerry Pickard: Enfin, comparativement à votre budget total, combien d'argent attirez-vous au Canada grâce à vos activités? En avez-vous une idée?

M. Gerald Bailie: Il faudrait que nous fassions des recherches.

M. Jerry Pickard: Avez-vous la moindre idée...

M. Gerald Bailie: Nous pourrions vous faire parvenir cette information. Nous avons cherché à déterminer combien d'argent nous dépensons dans un marché, et combien d'argent cela nous permettait d'attirer. Cela dépend du genre de voyageur. Si nous avons plus de voyageurs d'affaires en provenance de certains pays, le rendement peut être plus élevé que lorsqu'il s'agit en majorité d'amis et de parents en visite, ou encore de touristes en voyage d'agrément. De toute façon, ce sont des calculs que nous avons faits.

M. Jerry Pickard: Les visites subséquentes sont très importantes.

M. Gerald Bailie: Très importantes.

M. Jerry Pickard: J'imagine qu'il n'y a pas de détails dans vos données au sujet des visites subséquentes, mais ce serait intéressant de le savoir. Nous dépensons passablement d'argent pour attirer des touristes, et il est important de savoir quel genre de touristes nous attirons, et dans quelle mesure ils reviennent?

M. Terry Francis: D'ordinaire, nous collaborons avec des spécialistes du voyage sur place. Eux-mêmes font des études pour déterminer dans quelle mesure il s'agit d'une visite subséquente, dans quelle mesure c'est un premier séjour, et, par conséquent, ces informations ne nous coûtent rien, mais cela prend du temps. Nous devons attendre qu'ils aient terminé leur analyse pour obtenir ces informations. Dans les marchés asiatiques et européens en particulier, ce sont des informations qui existent déjà.

M. Jerry Pickard: Merci, madame la présidente.

La présidente: Merci, monsieur Pickard.

[Français]

Monsieur Brien, avez-vous d'autres questions?

M. Pierre Brien: Vos employés actuels seront régis par une nouvelle loi lorsque la commission sera créée. Il y aura un changement de statut pour ces employés. Est-ce qu'ils ont le choix de rester dans la fonction publique ou s'ils doivent aller avec vous et être régis par le Code du travail?

[Traduction]

M. Terry Francis: Quand nous leur ferons une offre d'emploi raisonnable le jour de la promulgation, ils auront 60 jours pour décider s'ils souhaitent rester à la commission ou réintégrer la fonction publique.

[Français]

M. Pierre Brien: Donc, ils peuvent rester dans la fonction publique.

M. Terry Francis: Oui.

M. Pierre Brien: Comment procédera-t-on à l'embauche des nouveaux employés?

[Traduction]

M. Terry Francis: Nous allons organiser une campagne de recrutement pour attirer les compétences dont nous avons besoin. Nous allons nous tourner vers le secteur privé et faire de la publicité à plusieurs endroits pour obtenir de bons éléments.

[Français]

M. Pierre Brien: Prévoyez-vous que plusieurs employés vont vouloir rester dans la fonction publique? Est-ce que vous avez déjà commencé un travail préliminaire là-dessus?

[Traduction]

M. Terry Francis: Nous n'avons pas encore commencé à recruter, et j'ai l'impression que la majeure partie des employés resteront à la commission. Divers facteurs entrent en ligne de compte, par exemple à quel moment les différents groupes d'âge peuvent prendre leur retraite, ce qui pourrait influencer leur décision, mais j'ai l'impression que la majeure partie d'entre eux décideront de rester.

[Français]

M. Pierre Brien: Une fois créée, la commission sera plus autonome, plus indépendante. Souvent, dans ce telles circonstances, on a tendance à vouloir prendre un peu d'expansion. Par exemple, est-ce que vous avez l'intention de déménager à court, à moyen ou à long terme?

[Traduction]

M. Terry Francis: Nous n'avons pas l'intention de déménager, et, de toute façon, pour ce faire nous aurions besoin d'un décret. Le bureau central de la commission va donc rester dans la région de la capitale nationale.

[Français]

M. Pierre Brien: Je crois que ça va aller pour le moment. Madame la présidente, voilà termine mes questions, mais je vous signale que j'aimerais que l'on reçoive les gens d'Attractions Canada à l'avenir, ceux qui gèrent le programme. J'ai plusieurs questions à leur poser sur la commission. J'aimerais pouvoir poser aux gens qui s'occupent des programmes d'Attractions Canada les questions que j'ai posées aux gens de la commission. Je porte cela à votre attention.

• 1630

[Traduction]

La présidente: Monsieur Brien, nous verrons ce que nous pourrons faire avant jeudi, mais nous avions prévu des réunions pour cette semaine, et les témoins que nous avons contactés ne pourront pas venir. Toutefois, nous verrons ce que nous pouvons faire.

[Français]

M. Pierre Brien: Oui, mais parfois, en posant des questions, on s'aperçoit qu'on aurait intérêt à en poser à d'autres. J'aimerais entendre la version d'Attractions Canada.

[Traduction]

La présidente: Effectivement. Le greffier s'en occupera tout de suite après la séance; nous allons voir ce qui peut être fait.

[Français]

M. Pierre Brien: D'accord.

[Traduction]

M. Jerry Pickard: Monsieur Brien, si nous manquons de temps pour entendre des témoins, vous pourriez peut-être envoyer ces questions par écrit et recevoir des réponses par le même moyen.

La présidente: Nous verrons. Le greffier va contacter les fonctionnaires, et nous verrons ce qui sera le plus facile et le plus rapide. Merci pour cette suggestion, monsieur Pickard.

J'ai une question très courte au sujet des articles 15 et 16, où il est question de rémunération et d'honoraires. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi le président-directeur général reçoit une rémunération alors que le président du conseil et les administrateurs du secteur privé reçoivent des honoraires? Quelle est la différence? Y a-t-il une raison pour ces deux termes différents? Pourquoi y a-t-il deux articles différents? J'essaie seulement de comprendre.

M. Terry Francis: Je ne sais pas vraiment de quoi vous parlez.

M. Gerald Bailie: Vous parlez du projet de loi?

La présidente: Je parle du projet de loi.

M. Terry Francis: Je pense que le président du conseil et les administrateurs ne travaillent pas à temps plein...

La présidente: Le président du conseil et les administrateurs du secteur privé ne travaillent pas à temps plein alors que le président-directeur général, lui, travaille à temps plein.

M. Terry Francis: Le président-directeur général est un employé à temps plein.

La présidente: Si j'ai bien compris, pour l'instant c'est vous qui êtes président-directeur général?

M. Terry Francis: Pour l'instant.

La présidente: Je comprends, je pense.

C'était ma seule question.

Il n'y a pas d'autres questions? Monsieur Francis, monsieur Bailie, je vous remercie infiniment. La séance est levée.