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La séance est ouverte. Je m'appelle Todd Russell. Je suis le vice-président du comité et je vais pendant un court moment remplacer le président, monsieur Stanton.
L'ordre du jour d'aujourd'hui prévoit l'examen par le comité du projet de loi .
Témoignent devant nous aujourd'hui, pour le compte du Grand Conseil des Cris, Bill Namagoose, directeur exécutif; Brian Craik, directeur, relations fédérales; Denis Blanchette, avocat-conseil, Gowlings Montreal; Pierre Pilote, avocat-conseil, Gowlings Montreal; et, pour le compte de la Première Nation de Oujé-Bougoumou, James O'Reilly, avocat-conseil.
Je vous souhaite à tous la bienvenue ici ce matin. Nous envisageons avec plaisir de vous entendre. Je crois savoir qu'on vous a déjà dit que, du fait que vous comparaissiez conjointement, vous disposez d'une vingtaine de minutes environ, et pouvez intervenir comme cela vous plaît, dans l'ordre qui vous convient.
Je donne donc la parole au premier intervenant.
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Le témoin s'exprime en cri.]
J'aimerais commencer par remercier les membres du comité de l'occasion qui m'est ici donnée de me prononcer en faveur du projet de loi C-28. Nous sommes ravis de constater que le projet de loi C-28 ait reçu l'appui de tous les partis à la Chambre des communes et qu'il ait été renvoyé au comité permanent.
Les amendements contenus dans le projet de loi sont ceux dont il avait été convenu qu'ils seraient recommandés dans l'Entente de 2008 concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Canada et les Cris. Ces amendements permettront à la communauté crie d'Oujé-Bougoumou d'être sur un pied d'égalité avec les autres communautés cries en termes de gouvernance locale, tel qu'il a été convenu entre le Canada et le Québec, puis de faire progresser les structures de gouvernance cries au-delà de celles qui avaient été reconnues et acceptées à l'origine dans le cadre de la Convention de la Baie James et du Nord québécois de 1975.
La communauté crie d'Oujé-Bougoumou est constituée des familles cries qui faisaient autrefois partie des Cris du lac Doré et qui, au moment de la négociation de la Convention de la Baie James et du Nord québécois et en raison d'activités d'exploitation minière, ont été contraintes de se réinstaller dans d'autres communautés cries et dans des camps de la région de la ville de Chibougamau.
À cette époque, au début des années 1970, les parties à la Convention de la Baie James et du Nord québécois, soit les Cris, le Canada et le Québec, avaient convenu d'offrir un dédommagement équitable à cette communauté lors de pourparlers futurs. Ces pourparlers ont débouché sur l'entente Oujé-Bougoumou/Québec de 1989 et l'entente Oujé-Bougoumou/Canada de 1992. Ces deux ententes traitent principalement de la construction de la communauté d'Oujé-Bougoumou, qui est attendue depuis fort longtemps, et prévoient également l'intégration des Cris d'Oujé-Bougoumou dans la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
Toutefois, plusieurs questions à débattre et controversées sont demeurées en suspens. En 1993, les Cris d'Oujé-Bougoumou ont intenté des poursuites distinctes contre le Québec et le Canada, concernant leurs droits ancestraux, leur statut et l'abus de confiance commis par le Canada et le Québec, et ont demandé des dommages-intérêts, notamment pour leur relocalisation forcée.
Ces demandes ont été satisfaites, en ce qui touche le Québec, grâce à la Paix des Braves, une entente signée avec le gouvernement du Québec en 2002. Un règlement hors cours a été conclu avec le Canada en 2008 aux termes de l'Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Canada et les Cris. L'Entente Oujé-Bougoumou/Canada de 1992 prévoit des modifications précises à apporter à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec concernant Oujé-Bougoumou et le projet de loi C-28 honore cet engagement d'importance qu'avait pris le Canada.
Les structures de gouvernance cries exposées dans la Convention de la Baie James et du Nord québécois prévoyaient l'établissement de l'Administration régionale crie en vertu de la législation provinciale afin de superviser certaines responsabilités cries relevant de la participation crie à la gouvernance régionale ainsi que certaines questions qui lui ont été déléguées par les communautés cries. Les dispositions du chapitre 9 de la Convention de la Baie James et du Nord québécois prévoyaient également l'intégration des communautés cries dans la législation fédérale, distinctement de la Loi sur les Indiens. La loi qui est née de ce processus, soit la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec, a été la première législation locale sur l'autonomie gouvernementale pour les peuples autochtones du Canada, venant briser la tradition coloniale de la Loi sur les Indiens.
La Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec a été adoptée par le Parlement en 1984, après plusieurs années de pourparlers entre les parties et de consultations avec les communautés cries et la Bande naskapie. Après bien des difficultés, le Canada mit finalement en place un nouveau régime de financement qui tenait compte de la prise en charge par les communautés cries de nouvelles responsabilités concernant les priorités en matière de planification de leur développement et de leur administration.
Après l'adoption de cette loi et jusqu'à ce jour, le Grand conseil des Cris/Administration régionale crie a joué le rôle de forum pour la mise en oeuvre concertée de cette loi et continue également d'être le garant et le protecteur des droits des Cris. Bien que la loi ait ouvert la porte à la prise en charge, par les communautés cries, de nouvelles responsabilités concernant leur développement, plusieurs aspects de la Convention de la Baie James et du Nord québécois n'avaient pas été adéquatement mis en oeuvre par le Québec et le Canada.
L'annonce par le Québec de son intention de construire d'autres projets de centrales hydroélectriques dans le territoire, et plus particulièrement le projet hydroélectrique à Grande-Baleine, a incité les Cris à instituer, en 1989, une poursuite judiciaire de grande portée visant à la fois à faire cesser le développement proposé et à faire appliquer les nombreux points de la Convention de la Baie James et du Nord québécois qui n'avaient pas encore été mis en oeuvre par le Canada et le Québec.
Sans aller dans les détails de la lutte menée en 1990 par la Nation Crie, il suffit de dire qu'en 2002, la convention concernant une nouvelle relation entre le Québec et les Cris, connue également comme la Paix des Braves, a réglé certains différends légaux entre les Cris et le Québec, a résolu des questions pressantes concernant certains projets d'aménagements hydroélectriques et donné un exemple clair au Canada de mise en oeuvre de certaines de ses propres obligations envers les Cris et aux termes de la même Convention de la Baie James et du Nord québécois de 1975.
En vertu de cette Paix des Braves, les Cris ont pris en charge des responsabilités inhérentes à certaines obligations du Québec en vertu de la CBJNQ de 1975 et le Québec a fourni le financement y étant associé pendant une période de 50 ans. Ces mesures ont grandement réduit le manque de cohérence entre les priorités et les programmes du Québec et ceux des Cris, qui étaient en grande partie la cause des conflits juridiques.
Lorsque le Canada et les Cris ont entamé des pourparlers hors cours de 2005 à 2008, il a été constaté que ce modèle visant à transférer aux Cris la planification et l'établissement des priorités relatives à certaines des obligations du Canada qui suscitaient les différends pouvait être adapté aux problèmes à régler entre les parties. Toutefois, le Canada est allé encore plus loin en acceptant la vision des Cris selon laquelle le temps était venu de franchir une autre étape dans l'évolution des structures et des responsabilités de gouvernance des Cris.
Les deux derniers attendus que de l'Entente Canada/Cris de 2008 énoncent ce qui suit:
ATTENDU QUE la Nation Crie et le Canada cherchent à améliorer la mise en oeuvre de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, à prévoir la prise en charge, par la Nation Crie, d'une plus grande responsabilité en matière de développement économique et communautaire cri, à prévoir l'atteinte d'une autonomie accrue, et à mieux répondre aux traditions et aux besoins des Cris en s'assurant que les décisions concernant la Nation Crie soient prises au niveau régional;
ATTENDU QUE la Nation Crie et le Canada ont travaillé et continueront de travailler en collaboration en vue d'une entente et d'une législation fédérale s'y conformant relatives à un gouvernement de la Nation Crie possédant des compétences et des pouvoirs, qui restent à négocier, allant au-delà de la portée de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec;
Le chapitre 3 de l'entente présente un programme à deux volets destinés à favoriser l'évolution de la gouvernance crie. On y énonce ce qui suit:
Le présent chapitre a deux objets:
a) Dans un premier temps, à la Partie 1, afin de mieux permettre à l'ARC de recevoir et d'exécuter les Responsabilités fédérales liées à la CBJNQ qui sont assumées (telles qu'énumérées à l'article 4.3 de la présente Entente), équiper l'ARC de pouvoirs pour prendre des règlements administratifs semblables à ceux des Bandes cries en vertu de la LCNQ au moyen de modifications proposées à cette loi;
b) Dans un deuxième temps, à la Partie 2, d'énoncer un processus de négociations menant à une Entente sur la gouvernance, une Loi sur la gouvernance et de possibles modifications à la CBJNQ et à la LCNQ concernant un Gouvernement de la Nation Crie disposant de pouvoirs et de compétences allant au-delà de la portée de la LCNQ et de ses modifications à la Partie 1 du présent chapitre. De telles négociations, si elles réussissent, étendront la gouvernance de la Nation Crie au-delà des pouvoirs prévus par la LCNQ en établissant les structures et les pouvoirs d'un Gouvernement de la Nation Crie et les rapports d'un tel gouvernement avec les Bandes cries et les gouvernements fédéral et provincial.
Les amendements au projet de loi qui vous sont soumis aujourd'hui visent à réaliser la Partie 1 de ce programme et sont exposés dans le chapitre 3 de la nouvelle Entente. Les pourparlers dont il est question à la Partie 2 viennent tout juste d'être entamés, avec la participation du Canada, du Québec et des Cris. L'objectif poursuivi consiste à vous présenter d'ici trois à cinq années une nouvelle loi en matière de gouvernance crie.
En résumé, les amendements de la première phase exigent la reconnaissance juridique des pouvoirs suivants de l'Administration régionale crie: premièrement, adopter des règlements administratifs ayant force de loi dans les communautés cries, assurer que le public puisse y avoir accès et permettre l'adoption de normes étant supérieures aux normes fédérales et provinciales; deuxièmement, ces règlements administratifs incluraient les installations essentielles d'hygiène, le logement, les bâtiments utilisés à des fins de gouvernance régionale, les services anti-incendie et la protection de l'environnement, y compris des ressources naturelles; troisièmement, gérer le financement et les actifs; quatrièmement, promouvoir le bien-être des Cris et des Bandes cries; cinquièmement, préserver la culture, les valeurs et la tradition cries; sixièmement, assumer certaines responsabilités fédérales dont il peut être convenu; et, enfin, habiliter les forces policières Eeyou-Eenou sur les terres de catégorie 1.
De plus, aux termes de la Convention, le Canada doit consulter les Cris sur les amendements contenus dans le projet de loi , ce qu'il a fait. Nous jugeons que les amendements proposés, une fois adoptés par le Parlement satisferont aux exigences de la Convention.
En fait, nous félicitons les représentants du ministère de la Justice pour la manière courtoise et pertinente avec laquelle ils ont mené leurs travaux de consultation avec nous. De plus, tant le Canada que les Cris ont consulté les Inuits par l'entremise de leur organisme représentatif, la Société Makivik, et les deux parties ont également consulté la Bande naskapie. Nous avons reçu l'assurance, de la part des Inuits et de la Bande naskapie, qu'ils acceptaient les amendements, ne s'y objectaient pas et considéraient que leurs droits s'en trouvaient ainsi protégés, sans qu'il leur soit porté atteinte.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes les questions que vous pourrez avoir.
J'aimerais auparavant, monsieur le président, vous transmettre les salutations du grand chef Matthew Mukash et du grand chef adjoint Ashley Iserhoff. Ils n'ont pas pu être des nôtres aujourd'hui car ils s'adonnent en ce moment à leur mode de vie traditionnel sur la terre en chassant l'oie. C'est la saison de la chasse à l'oie pour notre nation. La chef Louise Wapachee est elle aussi sur la terre s'adonnant au mode de vie traditionnel. Certains d'entre nous ont la possibilité de préserver notre culture, et je suis donc ici en leur nom.
D'autre part, comme vous le savez, Oujé-Bougoumou fait partie de la Nation Crie. James O'Reilly aura peut-être des commentaires à faire en la matière.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je n'a pas comparu devant le Comité permanent des affaires autochtones depuis bien longtemps. Cela fait 43 ans que je travaille comme avocat relativement à certains droits ancestraux et revendications territoriales. J'ai participé aux travaux entourant la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Avant cela, j'ai mené toute une lutte auprès du gouvernement du Québec, du gouvernement fédéral et d'Hydro-Québec.
Ceci marque l'aboutissement d'une très longue quête pour les Cris d'Oujé-Bougoumou. Comme vient à l'instant de le dire M. Namagoose, le chef Wapachee et M. Abel Bosum, qui a pendant longtemps été chef durant ce long voyage, sont en train de s'adonner à leur mode de vie traditionnel. Malheureusement, vous n'avez que moi comme témoin représentant la Nation d'Oujé-Bougoumou. Mais j'ai été mêlé de près à presque chacune des étapes du parcours depuis le début des années 1980.
Ce n'est pas souvent qu'il m'est donné de féliciter le ministère de la Justice, car j'ai été partie à de vigoureux combats avec le Canada partout sur le territoire, surtout dans le cadre de litiges. Dans le cas qui nous occupe, pendant les dernières années en tout cas, il y a eu une coopération exemplaire. Je tiens à ce que le comité le sache, car si l'initiative pouvait à l'occasion venir du Canada au lieu que ce soit toujours le fait des peuples autochtones, vous seriez peut-être éblouis par les résultats.
Le Canada a souvent une position défensive du fait de se faire attaquer devant les tribunaux. En règle générale, les gens recourent aux tribunaux du fait de l'impossibilité d'obtenir une entente ou un compromis, l'écart entre les parties étant tout simplement trop grand. Je suggérerais au comité que, dans le cadre de ses travaux, il envisage de demander au ministère de la Justice s'il ne pourrait pas jouer beaucoup plus souvent un réel rôle de défenseur. Par rôle de défenseur, j'entends lancer le processus. N'attendez pas que les peuples autochtones et les gens disent « Eh bien, l'écart entre les positions est trop grand ». C'est là une recommandation personnelle que j'attendais depuis longtemps de faire.
Ceci est un exemple. Les Cris d'Oujé-Bougoumou étaient éparpillés partout dans le Nord québécois.
[Français]
Je pense que les membres du Bloc québécois sont les plus concernés parce que c'est dans leur territoire. Ils savent que ce sont toutes des batailles qui n'étaient pas faciles.
Personne ne les a reconnus — sauf pour ce qui est de la nation crie. Depuis les années 1980, ils font de gros efforts pour s'intégrer, pour s'incorporer à la Convention de la Baie James et du Nord québécois, comme leurs frères et soeurs des autres communautés.
[Traduction]
En conclusion, je tiens à remercier, cette très rare fois, les avocats du ministère de la Justice et l'avocate indépendante, Mme Deborah Corber, retenue par le ministère de la Justice. C'étaient des positions techniques très difficiles à cerner et à coucher sur papier dans le jargon ou la langue juridique, mais ils y sont parvenus, et ce dans un esprit de collaboration. Peut-être que nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle, alors que je suis sur le point de partir explorer autre chose, mais j'estime pour ma part que c'est là l'une des clés à des solutions meilleures pour les relations entre le Canada et les peuples autochtones du Canada, ce dans un esprit de collaboration dont nous avons ici un merveilleux exemple avec le ministère de la Justice et le gouvernement du Canada dans son entier.
Cela étant dit, et pour répéter ce qu'a déclaré M. Namagoose dans son exposé, je vous confirme que les Cris d'Oujé-Bougoumou sont très en faveur du . Soyez assurés qu'ils attendent ce jour — et le jour où, espèrent-ils, le projet de loi C-28 deviendra loi — depuis longtemps. L'accord complémentaire est presque terminé. L'on peut voir le parallèle entre l'accord complémentaire et le projet de loi C-28. Le Parlement aura l'occasion, lorsqu'il en sera saisi, d'approuver par une résolution négative l'examen de l'accord complémentaire advenant qu'il y voie le moindre problème.
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis vrai ravi de vous revoir.
Si vous permettez que je réponde, monsieur le président, je réfléchis à la chose depuis fort longtemps. En 1989, j'ai siégé à un comité pour l'Association du Barreau canadien. Comme je l'ai souvent dit, il n'y a pas justice égalitaire pour les Autochtones au Canada.
Vous avez soulevé un problème absolument fondamental relativement aux revendications territoriales — ce qu'ils appellent revendications territoriales ou droits territoriaux. Je pense que le tribunal aidera, même si j'estime que sa mise en train vit quelques problèmes tout à fait réels. Aux États-Unis, il y a eu cette idée qu'un ministère du gouvernement devrait en définitive défendre les intérêts et les droits des peuples autochtones, même au sein du ministère. Vous savez que les tribunaux ont dit, d'accord, la Couronne porte de nombreux chapeaux. C'est très bien, mais pourquoi l'un des ces chapeaux ne pourrait-il pas être un groupe bien particulier dont la tâche, la vocation, serait de se ranger du côté des Autochtones vis-à-vis du reste de la Couronne, du reste du gouvernement?
La Couronne est le défendeur dans les litiges. J'ai une vaste expérience de la chose. Très bien, elle conservera tous ses droits et recours. C'est là-dessus que portera la bataille. Mais une fois venu le moment de négocier, il semble qu'il soit extrêmement difficile de convaincre quiconque de la nécessité de trouver des compromis, de réconcilier les parties.
Comment ce merveilleux principe de réconciliation est-il appliqué, dans la pratique? C'est là l'un de vos problèmes les plus fondamentaux, et je pense que cela viendra en demandant à quelqu'un du ministère — pas même forcément un ombudsman, juste quelqu'un au gouvernement qui est chargé d'enclencher cette réconciliation ou d'au moins s'y essayer. Ce serait là ma suggestion au comité.
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Monsieur le président, avec votre permission, j'aimerais donner les explications suivantes.
Dans le cadre des ententes entre Oujé-Bougoumou et Québec en 1989 et 1992, on avait prévu que pour faire place à Oujé-Bougoumou, ceux qui étaient considérés comme des gens de Mistissini lors de la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois devraient dorénavant être considérés comme appartenant à Oujé-Bougoumou, et que ce serait sur cette base qu'on retirerait une certaine quantité de terres de Mistissini, avec l'accord de ces gens, pour l'annexer à Oujé-Bougoumou.
Avec le temps, il s'est avéré que Mistissini avait d'autres problèmes. On ne s'entendait pas tout à fait sur le moment où devrait avoir lieu la réalisation de tout ça. Le gouvernement du Québec a donc accepté que ces terres ne soient pas retirées de Mistissini et que cette communauté prenne le temps nécessaire pour régler ces problèmes. On a convenu que si une entente était conclue éventuellement, les parties se rencontreraient de nouveau.
Pour le moment — et c'est la base de ce projet de loi —, les terres ne sont pas retirées de Mistissini, cette communauté conserve tous ses droits et recours, et le Québec accepte de donner au gouvernement du Canada les 100 km2 de terres de la catégorie 1A. Donc, si les problèmes de Mistissini se règlent, il n'y aura alors aucune cession. Oujé-Bougoumou disposera officiellement de terres de la catégorie 1A, et la question sera réglée une fois pour toutes.
Donc, on règle la situation en ce qui concerne Oujé-Bougoumou, mais sans causer le moindre préjudice à Mistissini. À une époque, il y avait une certaine compatibilité entre les parties. Les gens de Mistissini participaient même aux discussions. Par contre, ils voulaient régler certains problèmes qui, je le reconnais, étaient très importants. Il reste que c'était leur choix. Les gens de Oujé-Bougoumou et le grand conseil ont alors déclaré qu'ils attendaient depuis les années 1980 et qu'ils ne pouvaient pas attendre encore 5, 10 ou 15 ans. Je pense que ça a été très équitable pour tout le monde.