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Merci, et bonjour à tous.
Je tiens à remercier le président et les membres du Comité de nous avoir invités ici, aujourd'hui, pour parler des pensionnats indiens et des efforts que le gouvernement déploie dans le but de résoudre les tristes séquelles laissées par les pensionnats indiens.
[Français]
Je commencerai par un préambule dans lequel je brosserai un bref historique. Je parlerai ensuite des principaux éléments de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.
[Traduction]
Je voudrais faire une mise au point, monsieur le président. Je suis accompagnée aujourd'hui de Paul Vickery, avocat général principal du ministère de la Justice, de Linda Barber, directrice générale, Politiques, partenariats et communications, et de Patricia Power, directrice intérimaire, Planification politique et stratégique.
Nous travaillons toutes les trois pour le Secteur de résolution et des affaires individuelles du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Paul, lui, vient du ministère de la Justice.
Après la naissance de la Confédération, en 1867, le gouvernement du Canada a commencé à jouer un rôle dans le développement et l'administration de pensionnats indiens. Dès les années 1920, il dirigeait quelque 132 pensionnats disséminés à l'époque dans sept des 10 provinces et dans les territoires. Un grand nombre de pensionnats étaient administrés en partenariat avec des organisations religieuses. Souvent, ce sont des employés du gouvernement, et en particulier des agents des Indiens et de la GRC, qui se chargeaient d'appliquer la politique obligeant les enfants à fréquenter des pensionnats.
Outre l'éducation, un des objectifs déclarés de la politique sur les pensionnats indiens était d'intégrer les enfants à la culture dominante. C'est ainsi que 150 000 enfants furent retirés de leurs foyers et privés de l'influence et des bienfaits que pouvaient leur apporter leurs familles, leurs communautés, leurs traditions et leur culture. Or, les conditions dans les pensionnats étaient souvent très dures, et des sévices y étaient même perpétrés.
Bien que la plupart des pensionnats indiens aient fermé leurs portes au milieu des années 1970, le tout dernier pensionnat administré par le gouvernement fédéral n'a fermé qu'en 1996.
Le 30 mai 2005, le gouvernement du Canada a nommé l'honorable Frank Iacobucci, ancien juge de la Cour suprême, représentant fédéral. Il lui a confié le mandat d'entreprendre des discussions avec les avocats des anciens élèves, l'Assemblée des Premières Nations et les organisations religieuses en vue de parvenir à une résolution juste et durable des séquelles laissées par les pensionnats indiens. Ces discussions ont donné lieu à la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, signée par toutes les parties et approuvée par le gouvernement le 10 mai 2006.
Les neuf tribunaux concernés ont tous entériné la Convention, qui est devenue le plus important règlement de recours collectif de l'histoire du Canada. La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens comprend cinq volets.
[Français]
Il y a tout d'abord le Paiement d'expérience commune, soit le PEC, qui prévoit le paiement d'une somme forfaitaire en reconnaissance de l'expérience vécue par les anciens élèves qui ont été retirés de leur famille, de leur communauté et soustraits à leurs soins. Ce paiement augmente progressivement selon la période de temps passée dans un pensionnat. Un fonds en fiducie de 1,9 milliard de dollars a été établi au titre du PEC.
[Traduction]
Il y a le Processus d'évaluation indépendant qui prévoit le versement d'indemnités individuelles supplémentaires pour abus physiques ou sévices sexuels subis en vertu d'un mode alternatif de règlement des conflits. Les indemnités versées se situent entre 5 000 $ et 430 000 $.
Il y a les mesures à l'appui de la guérison, dont un fonds de dotation de 125 millions de dollars destiné à la Fondation autochtone de guérison, et un programme de soutien de Santé Canada doté d'un budget de 95 millions de dollars échelonné sur cinq ans, qui offre des services de counselling et de soutien psychologique.
Il y a une somme de 20 millions de dollars destinée à appuyer des initiatives de commémoration.
Enfin, il y a la mise sur pied d'une Commission de vérité et de réconciliation, qui sera dotée d'un budget de 60 millions de dollars.
Passons brièvement aux progrès accomplis jusqu'ici.
La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens est entrée en vigueur le 19 septembre 2007.
Avec la collaboration de Service Canada, notre bureau a traité plus de 97 000 demandes de paiement d'expérience commune. Quelque 72 000 demandes ont été approuvées aux fins de paiement. Des chèques totalisant 1,48 milliard de dollars ont été émis; cela représente en moyenne 20 500 $ par requérant. Nous disposons d'une imposante équipe de recherche qui a accès à un système de recherche assistée par ordinateur et qui se charge de préparer des décisions dûment justifiées pour chacune des demandes.
À ce jour, 20 000 demandeurs ont été jugés non admissibles, soit parce que leur école ne figure pas sur la liste des pensionnats reconnus, soit parce qu'ils étaient des étudiants de jour (externes), soit parce qu'il nous a été impossible de trouver des preuves de leur séjour en pensionnat.
Le gouvernement n'épargne aucun effort pour s'assurer que les anciens élèves reçoivent la totalité de l'indemnité à laquelle ils sont admissibles, ce qui comprend un processus de réexamen. Actuellement, 22 000 dossiers de demandeurs font l'objet d'un réexamen. Jusqu'à présent, nous avons assuré le traitement de 9 000 dossiers. L'examen des demandes a pour objet de confirmer l'admissibilité, et non de la rejeter.
Les requérants peuvent interjeter appel directement auprès du Comité d'administration national si leur demande de réexamen est rejetée en totalité ou en partie. Le Comité est chargé de superviser la mise en oeuvre de la Convention de règlement, au nom des tribunaux. À ce jour, 1 100 appels ont été logés.
[Français]
Conscient des répercussions que la mise en oeuvre de la Convention de règlement est appelée à avoir, le gouvernement du Canada a constitué le Groupe de travail sur les répercussions communautaires au début de l'année 2006; ce groupe a pour rôle d'assurer la coordination et d'informer les communautés autochtones et les anciens élèves à propos des éléments individuels et collectifs que renferme la Convention de règlement. La prochaine séance du comité est prévue en mars.
[Traduction]
Une ligne d'écoute téléphonique nationale a été établie afin d'apporter un soutien aux anciens élèves des pensionnats indiens. Elle permet aux anciens élèves et à leurs familles d'avoir accès aux services de conseillers expérimentés, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Le numéro de téléphone est le 1-866-925-4419.
Les anciens élèves ou les membres de leurs familles qui auraient besoin d'un soutien additionnel sont dirigés vers le Programme de soutien en santé - résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada. Ce programme a pour but d'apporter de l'aide aux anciens élèves et à leurs familles pendant le processus de mise en oeuvre de la Convention.
À la date de son entrée en vigueur, la Convention comprenait une liste de 130 pensionnats indiens qui avaient été reconnus par toutes les parties. Toutes les décisions entourant l'ajout d'établissements à la liste sont prises à la lumière de l'article 12 de la Convention.
Les critères qui régissent l'ajout d'un établissement sont les suivants: a) l'enfant avait été placé dans un pensionnat, hors de son foyer familial, par le Canada ou en vertu de son autorité pour fins d'éducation; b) le Canada était conjointement ou exclusivement responsable du fonctionnement du pensionnat et de la garde des pensionnaires.
À ce jour, le Ministère a reçu plus de 8 500 requêtes visant l'ajout de quelque 1 250 établissements à la liste prévue dans la Convention. Deux pensionnats ont été ajoutés à la liste. Le ministère continue de traiter environ 15 demandes par mois.
Passons maintenant aux excuses du gouvernement.
[Français]
Le 11 juin 2008, le du Canada a pris la parole à la Chambre des communes afin d'adresser, au nom de tous les Canadiens, des excuses complètes aux anciens élèves des pensionnats indiens. Par la suite, chaque chef des partis de l'opposition a aussi formulé des excuses.
[Traduction]
Étaient également présents à la Chambre ce jour-là les dirigeants des organisations autochtones nationales, qui se sont adressés à la Chambre pour accepter les excuses. L'événement a été retransmis devant une foule constituée de plusieurs milliers de personnes qui s'étaient réunies sur la Colline du Parlement, et partout au Canada. Il a également été suivi, d'un océan à l'autre, par des survivants de pensionnats indiens.
Les excuses formulées ont retenu l'attention sur la scène internationale. En novembre 2008, le Canada a reçu, à Washington, un témoignage de reconnaissance à cet égard de la part de Search for Common Ground, une organisation de renommée internationale qui s'attache avec des partenaires locaux à résoudre les conflits d'une manière constructive.
En ce qui concerne la Commission de vérité et de réconciliation, ou CVR, elle constitue la pierre angulaire de la Convention. La Commission contribuera de manière positive à établir de nouvelles relations entre les peuples autochtones et les Canadiens et Canadiennes. Comme vous le savez sans doute, la Commission a eu des défis à relever en raison de la démission du président et de deux commissaires, démissions qui doivent entrer en vigueur le 1er juin 2009.
Le fait que le juge Frank Iacobucci ait été choisi pour participer à la sélection des nouveaux commissaires nous porte à conclure que le processus sera bientôt mis en branle, pour le plus grand bénéfice des survivants et de leurs familles. Entre-temps, le Secrétariat va continuer de s'occuper de la planification de sept événements nationaux dans le cadre de la Convention.
Le Canada a participé à la mise en place de la CVR. Je tiens toutefois à préciser que le soutien apporté était strictement administratif et opérationnel. Nous demeurons à la disposition de la Commission en cette matière. Le gouvernement du Canada s'est attaché à faire en sorte que la CVR puisse remplir son mandat important en toute autonomie.
Par ailleurs, la CVR doit entamer rapidement ses travaux si l'on veut rebâtir la confiance des survivants, de leurs familles et des collectivités envers le processus. Vous êtes certainement conscients du fait que tous attendent, depuis quelque temps déjà, d'avoir la possibilité de parler des expériences qu'ils ont vécues, individuellement et collectivement. Fait tout aussi important, nous croyons que le Canada attend aussi depuis longtemps que la lumière soit faite sur ce pan de notre histoire collective.
Nous entretenons de grands espoirs à l'égard de la CVR. Nous espérons en effet que la Commission saura contribuer au renouvellement de nos relations avec les peuples autochtones du Canada.
:
Monsieur le président, je vous remercie de m'offrir l'occasion de m'adresser à votre comité pour parler des travaux de la Commission de vérité et de réconciliation relative aux pensionnats indiens.
Je suis accompagnée aujourd'hui d'Alia Butt, directrice par intérim des Politiques, ainsi que de Matt Garrow, directeur par intérim des Services ministériels.
Depuis septembre 2008, j'occupe le poste de directrice exécutive par intérim du Secrétariat de la Commission de vérité et de réconciliation. Le Secrétariat est un nouveau ministère fédéral qui appuie les travaux de la Commission. La Commission est un organisme indépendant et est formée d'un président et de deux commissaires nommés par décret. Son directeur exécutif relève de la Commission pour les activités liées au mandat et du ministre pour les rapports au Parlement sur la façon dont la CVR dépense les fonds qui lui sont alloués en vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.
En guise de contexte, sachez que j'ai consacré ma carrière au sein de la fonction publique aux questions autochtones. Au cours des dernières années, j'ai pris part activement aux dossiers touchant les pensionnats indiens dans trois ministères fédéraux.
J'aimerais vous donner un aperçu de la CVR, notamment des travaux que la Commission a accomplis depuis sa création, le 1er juin 2008, ainsi que de ceux qu'elle entreprendra au cours de son mandat de cinq ans.
La CVR est une composante clé de la Convention de règlement approuvée par les tribunaux. En vertu de la Convention, 60 millions de dollars ont été attribués pour la création de la CVR. La Commission est réputée être la pierre angulaire de la Convention de règlement.
La CVR du Canada se distingue des autres commissions établies dans le monde en ce sens que ses travaux sont principalement axés sur les mauvais traitements subis par les enfants et que ses recherches portent sur une période de plus de 100 ans, l'une des plus longues sur laquelle on se soit penché. Il s'agit aussi de la première commission de vérité ordonnée par un tribunal à être# créée. Par conséquent, le tribunal joue un rôle continu dans la mise en oeuvre et la supervision de la Commission. La participation aux activités de la CVR est volontaire. Le processus de la CVR sera inclusif et ouvert à tous ceux qui souhaitent y prendre part. La Commission n'est pas un tribunal pénal et ne tiendra donc pas d'audiences.
Comme le prévoit son mandat, la CVR exercera les activités suivantes: effectuer des recherches sur les conditions qui ont été à l'origine des séquelles laissées par les pensionnats indiens et les examiner; offrir la possibilité à ceux qui ont été touchés par ces séquelles, notamment les survivants métis, inuits et des premières nations, leurs familles, leurs communautés, les Églises, les anciens employés des écoles, le gouvernement et la population canadienne, de parler de leurs expériences sur ce qui constitue une partie importante de l'histoire canadienne au sujet de laquelle la plupart des Canadiens ne savent toujours rien; constituer un registre historique précis et le rendre public, car ainsi, il aidera à garnir les pages vides de l'histoire du Canada; contribuer à un processus de vérité, de guérison et de réconciliation, un processus ouvert sur l'avenir et axé sur les résultats en ce qui concerne le rétablissement et le renouvellement des relations entre les Autochtones, ainsi que les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones.
Au terme de notre mandat, nous aurons: écouté les personnes dont la vie a été profondément touchée par les séquelles laissées par les pensionnats indiens; tenu sept événements nationaux dans différentes régions du Canada afin de sensibiliser et d'éduquer la population sur le système des pensionnats et ses répercussions; appuyé des activités communautaires partout au pays et produit un rapport public renfermant des recommandations à l'intention des parties à la Convention de règlement; appuyé des événements commémoratifs nationaux permettant de financer des activités pour honorer les survivants des pensionnats indiens et leur rendre hommage de manière durable; et mis sur pied un centre national de recherche qui deviendra une ressource permanente sur les séquelles liées aux pensionnats indiens.
Pour ce qui est des progrès réalisés jusqu'à maintenant, je peux vous dire que le personnel du Secrétariat de la CVR a consacré beaucoup d'efforts à la mise en place de la structure organisationnelle fondamentale qui permettra à la CVR de réaliser les diverses activités prévues dans son mandat, notamment l'élaboration et l'approbation d'une présentation au Conseil du Trésor, l'élaboration d'un organigramme, qui a été soumis à l'approbation de la Commission de la fonction publique, et le lancement des processus pour se conformer aux obligations du gouvernement fédéral en matière de rapports.
En ce qui concerne le mandat de la CVR, le Secrétariat a élaboré un plan stratégique, des stratégies de mise en oeuvre et des plans de travail. Nous avons également cerné les questions juridiques ayant des répercussions sur les travaux de la CVR et obtenu des conseils au sujet de la consignation des témoignages, des obligations légales en vertu des lois fédérales sur la protection des renseignements personnels, ainsi que de la collecte et de l'archivage des documents.
Nous devons rétablir la confiance des survivants envers le processus. Une fois que les nouveaux membres de la Commission auront été nommés, nous serons en mesure de progresser afin d'accomplir notre mandat avec succès. La Commission est confrontée à de nombreux défis, et nous remercions les Canadiens, en particulier les survivants des pensionnats, de leur patience et de leur compréhension. Nous sommes conscients que bon nombre de survivants sont âgés et que nous devons aller de l'avant le plus vite possible pour recevoir les témoignages de quiconque a été touché par les séquelles liées aux pensionnats indiens. Les gens pourront raconter leur vécu dans un environnement sûr, respectueux et adapté à leur réalité culturelle. Ils pourront partager leur histoire soit dans des rencontres individuelles ou de groupe, soit dans une déclaration écrite.
Au cours des prochains mois, le Secrétariat va fixer les cadres visant les événements nationaux et les activités communautaires, mettre la dernière main aux affectations budgétaires relatives aux activités découlant du mandat, accroître les communications et la sensibilisation et poursuivre le dialogue avec les parties et les organisations de survivants. Il va également terminer le processus de sélection des membres du comité des survivants des pensionnats indiens, qui sera composé de dix membres, dont la plupart seront des survivants de partout au Canada. Ce comité va conseiller la CVR et s'assurer que les préoccupations des survivants sont entendues et prises en compte dans les recommandations et les conseils formulés à l'intention de la Commission. Nous allons embaucher des agents régionaux de liaison et augmenter notre capacité par la dotation de postes, en accordant la priorité à l'embauche d'employés autochtones.
Nous devons concentrer nos efforts sur ce qui est important pour les survivants et l'ensemble du Canada. Les pensionnats indiens font partie de notre histoire commune, une histoire mal comprise par bien des gens. Nous devons expliquer aux Canadiens pourquoi cette page d'histoire est si importante et quelles répercussions se font encore sentir aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle les travaux de la CVR sont importants pour nous et pour les générations futures.
Les travaux de la CVR suscitent un intérêt à l'échelle internationale, et les excuses présentées par le premier ministre en juin dernier ont contribué à attirer davantage l'attention de la communauté internationale. La CVR doit faciliter un processus de vérité et de guérison et jeter les bases d'une réconciliation. Nous voulons guider et inspirer les Autochtones et tous les Canadiens dans un processus menant à la réconciliation et à des rapports renouvelés fondés sur la compréhension et le respect mutuel.
Monsieur le président, je suis ouverte aux suggestions des membres du Comité sur les façons dont nous pouvons assurer la réussite des travaux de la CVR. Merci.
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Madame Nabigon, veuillez croire que je ne vous en veux pas personnellement et que les remarques que je ferai n'iront pas à l'encontre de votre travail. Depuis septembre, je n'aurais pas voulu être dans vos souliers. Je ne sais pas ce qui s'est passé au sein de cette commission et je ne sais pas ce qui s'y passe présentement, mais vous avez un grand problème.
Je vais lire la phrase la plus importante de votre texte, et j'espère que les gens des deux côtés ce cette salle l'écouteront: « Nous devons regagner la confiance des survivants et rétablir la confiance envers le processus. » C'est de l'or en barre. Jusqu'à ce jour, la commission tire de l'arrière deux à zéro. Vous n'aurez pas de troisième chance. J'espère que quelqu'un quelque part va le comprendre.
Uniquement dans mon comté, quatre survivants sont décédés au cours de la dernière année. Ce sont donc quatre survivants qui ne pourront pas témoigner. Il y a eu 132 pensionnats.
La commission commence à être très centralisée. J'aime parfois la centralisation. Mais pour moi, les mots: « Au cours des prochains mois, [...] Terminera le processus de sélection [...] Embauchera des agents régionaux [...] », c'est du red tape. Il faut absolument que la commission se mette à l'oeuvre.
Sachant que la commission viendrait témoigner devant nous, j'ai fait un petit tour chez nous. Personne ne comprend ni n'accepte qu'il y ait sept événements nationaux. Tous les Autochtones et les Algonquins de mon comté me demandent pourquoi on ne va pas les voir dans leur région. Mme McDougall a 78 ans; elle ne viendra jamais à Québec ou à Gatineau. Par contre, si vous venez à Senneterre ou à Amos, elle sera là. Tous les Indiens d'Obedjiwan qui ont été pris de force et emmenés à Amos ne viendront jamais à Gatineau. Je vous suggère fortement de revoir ces sept événements nationaux.
Les Autochtones veulent rendre un témoignage dans leur lieu d'appartenance. Je vous suggère de choisir quelques-uns des 132 endroits où il y a eu des pensionnats et de vous y rendre. Allez en région, pas seulement à Montréal, à Gatineau et à Vancouver. Au Québec, les Indiens qui ont vécu en pensionnat vivent pratiquement tous dans le Nord; ils ne demeurent pas à Montréal. Certains demeurent à Québec, mais il n'y en a pas beaucoup. Donnerez-vous suite à nos remarques?
Pourquoi a-t-on mal interprété les mandats des commissaires? J'ai lu tous les articles sur les démissions des commissaires. Jusqu'à maintenant, votre commission fonctionne vraiment mal. Je suis désolé d'être méchant.
Vous avez parlé de juin. Pensez-vous que dans un court laps de temps, vous pourrez renverser la situation et faire avancer les choses?
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Merci d'être venue aujourd'hui. C'est une question très importante et il est évident qu'elle suscite les passions.
Je n'ai pas besoin d'une réponse, mais je voudrais me faire l'écho de ce qu'a dit M. Lemay au sujet des sept événements nationaux. Il faut que ce soit davantage qu'un simple exercice de relations publiques. Je vis dans l'île de Vancouver et je peux vous dire que si vous organisez un événement à Vancouver, un grand nombre des aînés ne voudront pas s'y rendre. Certains le feront, mais d'autres pas. Il faut reconnaître qu'un grand nombre de ces anciens pensionnaires qui ont été retirés de leur communauté pour être envoyés ailleurs ne veulent pas qu'on leur dise une fois de plus qu'on les envoie ailleurs. Il est très important d'en prendre conscience.
Je crois qu'une enquête de référence a été faite au sujet de la sensibilisation du public au problème des pensionnats indiens et que les résultats ont été publiés en juillet 2008. Je me demande comment ces renseignements vont être utilisés pour éclairer les activités de la Commission, étant donné qu'il s'agit d'une enquête de référence.
Je vais vous poser quelques questions auxquelles j'aimerais obtenir une réponse et c'est la première.
A-t-on envisagé de nommer un commissaire inuit à la Commission de vérité et de réconciliation? Nous avons entendu dire assez souvent que les Inuits ont été laissés de côté.
Pour ce qui est de rétablir la confiance, ce qui s'est passé a, je pense, largement ébranlé la confiance dans ce processus. Bien entendu, vous n'y pouvez rien. Vous auriez certainement préféré que les commissaires restent en place et travaillent ensemble, mais en réalité, bien des gens croient qu'il sera difficile de relancer ce processus. Il y a eu une soumission au Conseil du Trésor, mais savez-vous ce qui a été fait pour que le processus de vérité et de réconciliation demeure indépendant du gouvernement et comment ce sera organisé?
Puisque la commission ne fonctionne pas actuellement, de qui relève votre Secrétariat? À qui rendez-vous des comptes? Vous n'avez pas vraiment de commissaires en fonction. Les victimes vont-elles avoir voix au chapitre pour la sélection de ces nouveaux commissaires?
Si vous répondez à toutes ces questions pendant le temps qui m'est imparti, je voudrais que vous me parliez ensuite du processus de sélection pour le comité d'anciens pensionnaires.