Ils nous guident dans la gestion des responsabilités constitutionnelles, fédérales et provinciales, en matière de droits autochtones et issus des traités. Les ententes de revendications territoriales globales établissent la certitude quant à la propriété et la gestion des terres et ressources. Quant à elles, les ententes d'autonomie gouvernementale établissent des gouvernements autochtones imputables vis-à-vis leurs citoyens et réduisent les responsabilités fédérales à l'égard de la gestion des affaires internes des communautés autochtones.
Finalement, par l'entremise des programmes de revendications particulières, le Canada peut régler les griefs historiques liés aux obligations légales et financières non réalisées par la Couronne fédérale face aux premières nations. Ces politiques et processus en place pour gérer les droits et titres autochtones nous aident aussi à maintenir l'ordre social en nous permettant d'arriver à des solutions négociées face à des griefs de longue date et à des conflits sur les droits autochtones. On n'a qu'à se rappeler, malheureusement, des situations comme la crise d'Oka ou celle d'Ipperwash, qui ont occasionné des pertes de vie. Plus de 100 millions de dollars ont été nécessaires pour gérer la crise d'Oka.
Sur une note plus positive, soulignons la décision de la Cour suprême du Canada sur la question de l'existence des droits et titres autochtones dans les Maritimes. Les politiques et processus que nous appliquons nous ont permis de maintenir un équilibre fragile entre les pêcheurs autochtones et non autochtones de la région. D'ailleurs, les tribunaux canadiens, dans leur décision liée à l'interprétation des droits autochtones, invitent régulièrement les parties en cause à rechercher une solution négociée au litige. Les tribunaux nous renvoient de façon régulière à la table de négociation, lorsque les communautés nous amènent devant les tribunaux.
[Traduction]
Ainsi, on pourrait dire que le cadre stratégique mis sur pied pour traiter des droits ancestraux et issus de traités, ce qu'on appelle des droits confirmés à l'article 35, inclut la politique sur les revendications territoriales globales, qui prévoit un règlement négocié des revendications territoriales et des droits territoriaux des Autochtones dans les régions du Canada où les droits autochtones n'ont pas été réglés par des traités. Nous vous avons distribué une carte, et vous pouvez y voir quels traités modernes ont déjà été négociés. Les traités historiques, comme vous le savez, touchent la région des Prairies et la majorité de la région ontarienne, à l'exception de la vallée de l'Outaouais. Toutes ces régions du pays sont touchées par des traités historiques, puis il y a le Nord et le Nord-Est où il y a des revendications globales, ou ce que nous appelons des traités modernes.
La politique reconnaissant le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale prévoit la négociation d'ententes pratiques pour la mise en oeuvre et l'application des droits à l'autonomie politique des peuples autochtones, tels que reconnus par le Canada en 1995, comme étant un droit autochtone existant conformément à l'article 35 de la Loi constitutionnelle. Ces ententes ne représentent qu'un premier jalon. Elles créent de nouveaux rapports entre les gouvernements autochtones, la Couronne, ainsi que les collègues et gouvernements provinciaux et territoriaux. La création de ces nouveaux rapports comporte des défis. La coalition des ententes sur les revendications territoriales, le Bureau de la vérificatrice générale, et le Comité sénatorial ont fait des commentaires qui nous inspirent lors de l'élaboration de processus qui permettront à tous les partis d'avoir de nouveaux rapports fondés sur la réconciliation.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien s'est vu confier la responsabilité, au nom du gouvernement du Canada, de négocier les revendications territoriales globales, les ententes d'autonomie gouvernementale, et les revendications particulières, et est également chargé de la mise en oeuvre de ces ententes.
[Français]
Le gouvernement fédéral a atteint des résultats notables grâce aux ententes que nous avons négociées avec nos partenaires. À titre d'exemple, le Nunavut, dont nous célébrons le 10e anniversaire, a été établi et créé à la suite d'une entente relative à des revendications globales. Comme vous pouvez le voir sur la carte, des ententes touchent la majeure partie du Yukon et une bonne partie des Territoires du Nord-Ouest, tout comme le nord du Québec, une partie du Labrador ainsi que le territoire des Nisga’a en Colombie-Britannique. Plus récemment, une entente, qui entrera en vigueur le 3 avril prochain, a été conclue avec la première nation de Tsawwassen dans le secteur de Vancouver. Les négociations d'autonomie gouvernementale ont démontré que le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale peut être négocié dans le cadre de la Constitution canadienne. Il appuie la mise en place de régimes de gouvernance modernes, qui doivent rendre des comptes aux citoyens qu'ils desservent.
D'autre part, nous avons réglé environ 40 p. 100 des revendications particulières qui nous ont été présentées à ce jour. Nous avons rempli la majorité des obligations découlant des traités historiques liés à l'ajout total de réserves dans les Prairies et avons remis plus de 2 milliards de dollars en capital aux communautés autochtones du Canada et transféré 15 000 kilomètres carrés de terre aux premières nations en terme de règlement. Par contre, l'engagement continu du gouvernement est nécessaire si nous voulons gérer efficacement la question des droits autochtones et des droits issus des traités.
Les revendications territoriales portent sur encore 20 p. 100 du territoire canadien et impliquent à peu près 270 communautés autochtones. La mise en oeuvre des ententes existantes nécessite une attention continuelle, et nous faisons face à des pressions juridiques et politiques constantes pour mettre au point de nouvelles approches, des arrangements temporaires ou intérimaires, ainsi que du financement supplémentaire pour faire avancer la question des droits autochtones et la mise en oeuvre de ces ententes.
D'ailleurs, le ministre Strahl nous a mandatés pour explorer avec nos partenaires autochtones et gouvernementaux les possibilités existantes de répondre à certaines de ces pressions afin d'encourager l'atteinte des résultats. Certains d'entre vous ont peut-être entendu parler de la table commune établie en Colombie-Britannique, qui se veut un processus d'exploration de ces possibilités.
En ce qui a trait à la mise en oeuvre des traités historiques et modernes, on a identifié le besoin de renouveler les politiques et le processus en place afin d'assurer une gestion efficace des obligations de toutes les parties et d'établir une relation continue basée sur le principe de réconciliation, qui sous-tend la signature des traités historiques et modernes.
Finalement, comme vous le savez tous, les revendications particulières ont fait l'objet d'une réforme majeure visant à accélérer l'atteinte des objectifs, ainsi qu'à promouvoir une plus grande transparence et un sentiment accru que le processus est conforme à la justice naturelle. Depuis le 16 octobre 2008, un nouveau tribunal a été établi et un nouveau processus de traitement des revendications est en place, processus élaboré de concert avec l'Assemblée des Premières Nations.
Pour terminer, monsieur le président, j'aimerais prendre quelques minutes pour présenter les éléments clés de la question de la politique des revendications territoriales globales et de l'autonomie gouvernementale. Si vous voulez plus de détails sur les revendications particulières, on pourrait demander à M. Brant de nous donner plus de détails sur ce volet.
La politique des revendications territoriales globales a été adoptée en 1973 et porte sur la négociation des droits ancestraux non éteints par traité. Comme vous pouvez le voir sur la carte, il s'agit de tout le nord du Canada, à l'est et à l'ouest. L'objectif principal est de mettre fin à l'incertitude à l'égard des terres et des ressources, d'encourager l'autosuffisance et le bien-être des collectivités autochtones sur les plans social et culturel, et de réduire, bien entendu, le nombre de litiges sur les droits ancestraux des Autochtones. Les ententes de règlement définissent un vaste éventail de droits et d'avantages tels que la propriété complète de certaines terres. Dans ce cas, le statut de réserve disparaît pour ces communautés. Il y a aussi les droits garantis d'exploitation de la faune.
Il y a également la participation garantie à la gestion des terres et des ressources dans la région visée par le règlement, des indemnités financières, le partage des recettes découlant de l'exploitation des ressources et des mesures de développement économique.
À ce jour, nous avons signé 22 ententes de revendications territoriales globales au Canada, la plus récente étant celle de Tsawwassen, en Colombie-Britannique, comme je vous le disais tout à l'heure.
Au fil des ans, cela nous a appris qu'il n'y a pas de modèle de traité universel. Les ententes finales varient considérablement entre les provinces et les territoires. Il faut vraiment adapter nos approches aux réalités provinciales et territoriales. La négociation d'un traité est un projet qui s'étend sur une génération. En moyenne, 15 années sont nécessaires pour négocier un accord définitif, et une dizaine d'années pour la période initiale de mise en oeuvre. À ce moment-ci, il y a environ 80 processus de négociation de revendications globales dans tout le pays. Les terres et les ressources étant de compétence provinciale, celles-ci sont donc des partenaires essentiels dans ces négociations, de même que les gouvernements territoriaux.
Donc, la capacité des gouvernements de gérer les terres et les ressources en l'absence de traité est de plus en plus réduite en raison de la jurisprudence relative aux empiètements sur les droits et obligations de consulter. Depuis 1982, plus de 40 décisions de la Cour suprême ont influencé notre compréhension de la nature et de la portée de l'article 35 de la Constitution canadienne.
Entre autres, les tribunaux ont indiqué que l'honneur de la Couronne nécessite que des processus efficaces et justes soient mis en place pour traiter de la question des droits autochtones, et comme je le disais tout à l'heure, les tribunaux nous renvoient souvent à la table des négociations pour en arriver à une entente négociée.
Je vais aborder la question de l'autonomie gouvernementale, simplement pour vous donner une idée de la question.
[Traduction]
En 1995, la politique sur les droits inhérents a reconnu le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale en tant que droit existant en vertu de l'article 35 de la Loi constitutionnelle.
Cette politique met l'accent sur la négociation d'ententes pratiques afin de permettre l'autonomie gouvernementale au sein du cadre constitutionnel canadien, y compris la Charte canadienne des droits et libertés.
Les négociations du gouvernement portent sur des questions qui sont essentielles et font partie même de la nature des groupes autochtones. Les pouvoirs d'intérêt national — la souveraineté canadienne, la défense et les relations internationales — ne sont pas négociables. Les négociations peuvent porter sur l'exercice des pouvoirs de base. Très souvent, les premières nations demanderont la responsabilité en matière d'éducation, de services offerts aux enfants et à la famille, et d'autres priorités aux yeux de la collectivité. Les premières nations pourraient également négocier une entente globale qui porterait sur tous les pouvoirs de base.
L'autonomie gouvernementale représente une nouvelle entente d'administration qui permet aux Autochtones de passer d'un système de dépendance tel qu'assuré par la Loi sur les Indiens à un système de relations entre deux gouvernements. L'autonomie gouvernementale permet au gouvernement autochtone d'assurer une plus grande responsabilité, de plus grands risques et exige d'eux la responsabilité de leurs citoyens. À ce jour, le Canada a signé 17 ou 18 ententes d'autonomie gouvernementale. Il y a actuellement 73 tables de négociation qui touchent 385 collectivités. Les négociations sur l'autonomie gouvernementale portent sur d'importants défis de nature politique tels que la structure de cogouvernance, la responsabilisation financière et politique, les coûts financiers associés à la mise en oeuvre de l'autonomie gouvernementale, la capacité de réalisation de programmes et de prestation de services, la gestion des relations intergouvernementales et les mécanismes de mise en oeuvre.
Je pense que je peux m'en tenir à cela.
[Français]
Il nous fera vraiment plaisir de répondre à vos questions. Si les députés le désirent, nous pouvons aussi parler plus en détail de revendications particulières.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Roy. Je suis heureux d'avoir à nouveau l'occasion de vous rencontrer.
Je crois cependant que je n'ai jamais rencontré nos autres témoins.
J'aimerais revenir au processus de mise en oeuvre du règlement des revendications territoriales globales. Comme vous le savez, il s'agit là d'un dossier toujours actif. Depuis que j'ai été nommé porte-parole de cette question pour mon parti, j'ai rencontré divers groupes dont les Nisga'as qui ont eu certains problèmes au niveau de leurs arrangements financiers et fiscaux et des négociations qui se déroulent déjà depuis quelques années. Ils m'ont dit qu'ils devaient prendre de l'argent d'autres sources pour financer les services et activités essentielles, ce qui complique les choses pour leurs collectivités.
J'ai également rencontré des représentants des régions inuites. Il y a des aspects touchant l'entrée en vigueur de l'entente qui ne sont pas encore réglés. À leur avis, la Couronne ne respecte pas ses obligations légales aux termes des traités modernes. Je me demande si le ministère songe à aborder la mise en oeuvre du règlement des revendications globales de façon différente de sorte à rendre tout ce processus plus efficace et à respecter les engagements de la Couronne.
Je sais que ce n'est pas tâche facile puisqu'aux termes de diverses ententes, le ministère des Pêches et des Océans s'occupe d'un aspect, puis peut-être le ministère de la Santé est également mis à contribution, et qu'il y a toute une série de ministères qui doivent participer à la mise en oeuvre de l'entente; je me demande si on ne songe pas à procéder d'une autre façon.
J'aimerais savoir également si vous pourriez faire le point sur quelque chose qui m'intéresse vivement, soit la Innu Nation Agreement, qu'on appelle également le New Dawn Agreement, qui a été annoncé par la province et les autres intervenants l'automne dernier. J'ai cru comprendre qu'on était retourné à la table de négociation mais je me demande quel est le rôle joué par le gouvernement fédéral. Avez-vous réglé toutes les questions touchant le gouvernement fédéral à l'égard de la revendication territoriale de la nation innue? Savez-vous quel échéancier on s'est fixé?
Évidemment, il y a aussi — et ce n'est rien de nouveau, monsieur Roy, puisque nous avons parlé de la question à plusieurs reprises — la revendication territoriale de la Nation des Métis du Labrador, qui a été présentée pour la première fois en 1990, et présentée à nouveau en 1995. Il devait y avoir un processus de réconciliation depuis 2002. Conformément à cette entente on devait obtenir un avis juridique indépendant; je me demande si le gouvernement fédéral et la Nation des Métis du Labrador s'étaient entendus sur les paramètres à l'égard de cet avis juridique. Comme vous le savez, il y avait des questions qui n'étaient pas encore réglées.
Pouvez-vous répondre à ces questions? Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Et bienvenue aux témoins.
Ma question est double. Premièrement, je voudrais qu'on me parle un peu d'une stratégie quant au potentiel des revendications globales et particulières dans le contexte des traités qui chevauchent les frontières provinciales. Accessoirement, je veux aussi discuter des conflits entre premières nations qui sont visées par un traité, nommément les traités numéro 3, numéro 5 et numéro 9.
Le traité numéro 5, bien sûr, se situe en Ontario. Il y a eu des discussions entre certaines communautés, en particulier à Sandy Lake, Deer Lake et Pikangikum, qui se trouvent dans ma circonscription, sur une éventuelle révision des droits prévus par le traité numéro 5 et sur les processus qui pourraient être applicables. Mais bien sûr, le traité numéro 5 vise un immense territoire et les communautés des premières nations du Manitoba pourraient faire partie d'une revendication globale.
Ensuite, il y a bien sûr le traité numéro 3 dont le territoire est voisin de celui du traité numéro 5 et les personnes en cause réfléchissent à leurs droits en Ontario. Il y a certains conflits quant au territoire là-bas, en particulier dans le secteur de Trout Lake, juste à côté de Red Lake.
Pour compliquer le tableau encore davantage, il y a NAN, qui est une extraordinaire organisation représentant quelque 40 premières nations dans l'ensemble du Nord-Ouest de l'Ontario, dans la région de la Baie James; cela comprend des communautés visées par le traité numéro 5 et le traité numéro 9.
Avez-vous une stratégie ou avez-vous réfléchi à la manière dont vous allez vous y prendre pour vous attaquer à cette problématique et à la mesure dans laquelle le grand conseil du traité numéro 3 est en cause? Y aurait-il possibilité d'établir là-bas un forum pour...? À l'avenir, comment va-t-on scinder ces droits et obligations relativement à des traités précis, en ce qui a trait bien sûr à la possibilité — qui n'existe peut-être pas — que les communautés visées par le traité numéro 5 en Ontario puissent faire valoir leurs intérêts?
Poursuivons notre discussion. Nous sommes en séance publique. Les membres préfèrent-ils discuter du plan de travail à huis clos?
Des voix: Non.
Le président: D'accord.
Tout le monde semble être d'accord pour continuer la séance publique, pour l'instant.
[Français]
D'accord?
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné, le Sous-comité s'est réuni jeudi dernier et a discuté brièvement des travaux futurs. Essentiellement, les membres ont convenu qu'en raison de la forte possibilité d'étudier deux projets de loi dans le proche avenir, il ne serait pas sage de commencer d'autres études importantes. Nous avons donc décidé d'inviter des représentants des ministères concernés qui nous mettront au courant de trois questions précises, bien entendu, celle qui nous a occupés aujourd'hui. Jeudi, la mise à jour portera sur la Commission de vérité et de réconciliation et sur les écoles résidentielles, et nous ferons le point là-dessus. À la troisième réunion, des représentants de Statistique Canada et de Statistiques des Premières Nations nous informeront sur leurs travaux.
D'après ce que nous avons cru comprendre, le , le projet de loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes, ne sera peut-être pas adopté à la Chambre cette semaine. L'adoption du projet de loi est repoussée jusqu'à, peut-être, la semaine qui suit la semaine de relâche. Lorsqu'on en avait discuté jeudi, on s'était dit que vraisemblablement on serait saisi du projet de loi sur le pétrole et le gaz à partir de la semaine suivant la semaine de relâche. Il semble maintenant que ce ne sera pas le cas.
Si cela vous convient, nous devrions envisager de tenir la réunion et la mise à jour avec Statistique Canada le 24 février, puis avoir une séance d'information supplémentaire le 26 février. Cela nous permettrait éventuellement d'étudier le projet de loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes pendant la première semaine du mois de mars. Voilà ce qui est proposé.
M. Lemay aimerait poser une question.