[Traduction]
En ce qui concerne le premier point, au sujet du budget supplémentaire des dépenses, nous pourrons vraisemblablement discuter de cette possibilité lors de la réunion du sous-comité, qui est prévue pour mardi de la semaine prochaine, à 10 heures, je crois. Cela serait certainement possible.
Vous devez savoir que le comité a adopté un plan de travail, et que celui-ci n'incluait pas l'examen de ce budget supplémentaire des dépenses. Cependant, vous devez également savoir qu'en ce qui concerne ce budget des dépenses, si le comité choisit de ne pas l'examiner, celui-ci est considéré comme ayant été adopté et approuvé. Les choses suivent alors leur cours. Nous pourrons en discuter au sous-comité.
Quant à la question de l'utilisation par les députés de leurs points spéciaux pour des déplacements de comité, nous n'en avons pas discuté. Le sentiment était que l'ensemble du comité devait se déplacer et que, pour rester en dessous du plafond de 100 000 $ applicable aux voyages de comités, il fallait exiger des membres du comité qu'ils utilisent leurs points spéciaux. Si nous n'avions pas procédé ainsi, le coût aurait été de beaucoup supérieur à ce qu'il a été, soit environ 40 p. 100 de plus. Nous prenons cependant bonne note de cette préoccupation.
Aucun autre déplacement n'est pour le moment envisagé, mais lorsque nous étudierons la possibilité de déplacements futurs, nous pourrions réfléchir à cela au comité et choisir la solution qui nous paraît la plus appropriée.
M. Bagnell souhaite lui aussi intervenir au sujet de cette question, et j'ai également sur ma liste le nom de Mme Crowder.
Allez-y, monsieur Bagnell.
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Merci, monsieur le président.
Merci de l'invitation à comparaître de nouveau devant le comité et merci de reconnaître l'importance d'examiner la situation actuelle des Autochtones dans le système correctionnel fédéral.
Tout au long de mon discours, je parlerai de questions relatives au soin, au traitement et à la détention des délinquants autochtones purgeant une peine du ressort fédéral en établissant une comparaison entre les détenus autochtones et les détenus non autochtones.
Le directeur exécutif et avocat général du Bureau de l'Enquêteur correctionnel, M. Ivan Zinger, vous présentera quelques constatations clés émanant d'un récent rapport d'étape sur les Autochtones dans le système correctionnel, produit par mon bureau il y a deux semaines seulement.
Je suis conscient que le comité est particulièrement préoccupé par le traitement des femmes autochtones sous responsabilité fédérale. Je tenterai donc, au cours de mon exposé, de fournir de l'information contextuelle pour faciliter la compréhension de leur réalité.
Au fil des ans, mon bureau a émis une série de rapports et de recommandations sur le traitement des délinquants autochtones dans le système correctionnel fédéral. En fait, le premier rapport annuel du Bureau de l'Enquêteur correctionnel, paru il y a plus de 35 ans, faisait état de cas de discrimination systémique à l'encontre des délinquants autochtones dans le système correctionnel fédéral. Malheureusement, nombre de nos recommandations ont été ignorées en tout ou en partie ou n'ont pas mené aux résultats escomptés.
Les membres du comité savent peut-être que mon bureau a produit un rapport d'étape sur les Autochtones dans le système correctionnel fédéral le 13 novembre 2009 et je crois que les membres du comité en ont reçu copie. Ce rapport, intitulé De bonnes intentions... des résultats décevants: Rapport d'étape sur les services correctionnels fédéraux pour Autochtones, a été émis par mon bureau, mais a été rédigé de façon indépendante par Michelle Mann, dont certains membres du comité ont peut-être vu le travail antérieur sur des questions autochtones. Le titre renvoie au fait que, malgré les bonnes intentions sous-jacentes à de nombreux plans, stratégies et engagements du Service correctionnel du Canada, le SCC, pour combler les écarts documentés dans les résultats correctionnels entre les délinquants autochtones et les délinquants non autochtones, les résultats obtenus à ce jour ont été carrément décevants. Comme en témoignent les indicateurs clés des services correctionnels, l'écart continue de se creuser avec le temps, en dépit des bonnes intentions et du dur travail des autorités correctionnelles du Canada.
Il est important de noter que le rapport De bonnes intentions portait uniquement sur les priorités, déterminées pour lui-même, par le Service correctionnel du Canada. Les engagements examinés sont ceux que le SCC a pris envers le Parlement, le Conseil du Trésor et les Canadiens en général. Nous avons intentionnellement évalué le progrès, ou l'absence de progrès, par rapport aux seules intentions énoncées par le SCC. Bien qu'il y ait eu certains développements positifs et certains progrès, les bonnes nouvelles n'abondent pas.
Je vais demander à M. Zinger de vous expliquer la situation plus en détail.
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Monsieur le président, pour pratiquement chaque paramètre, le rapport de bonnes intentions indique que les résultats correctionnels liés aux délinquants autochtones continuent d'accuser un retard important par rapport à ceux des autres délinquants.
Voici quelques tendances relatives aux délinquants autochtones: ils sont libérés après avoir purgé une plus grande partie de leur peine; ils sont surreprésentés dans la population carcérale en isolement; ils sont souvent maintenus en incarcération jusqu'à la date d'expiration de leur mandat; ils présentent un taux de risque plus élevé et des besoins plus grands; ils sont plus susceptibles de commettre une nouvelle infraction et de voir leur libération conditionnelle révoquée.
Les Autochtones sont largement surreprésentés dans la population carcérale fédérale depuis bien longtemps. Ce problème n'est pas nouveau. Cependant, l'inquiétante tendance à la hausse, avec les années, est un élément nouveau. Les Autochtones constituent actuellement 20 p. 100 de toute la population carcérale fédérale. Cette proportion représente un nombre d'environ 2 600 Autochtones incarcérés dans un pénitencier fédéral.
Sur le plan statistique, une personne sur cinq parmi les nouvelles admissions dans des installations correctionnelles fédérales est de descendance autochtone. Chez les délinquantes autochtones, la surreprésentation est encore plus marquée: elles comptent pour un tiers de toutes les femmes incarcérées sous responsabilité fédérale. Le taux d'incarcération autochtone est maintenant près de neuf fois supérieur à la moyenne nationale. Les données sur les jeunes Autochtones laissent présager que ces taux d'incarcération démesurés se maintiendront durant une bonne partie de la prochaine décennie.
La distribution géographique de cette surreprésentation est asymétrique. En effet, dans la région des Prairies, qui englobe le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta, les Territoires du Nord-Ouest ainsi qu'une portion du Nord de l'Ontario, le Service correctionnel du Canada compte actuellement une proportion de 64 p. 100 de détenus autochtones dans sa population carcérale. Il suffit de visiter un pénitencier des Prairies pour constater rapidement cette surreprésentation.
Voici quelques caractéristiques personnelles communes chez les délinquants autochtones dans le système correctionnel fédéral : jeune âge — en effet, l'âge médian est de 27 ans —; incarcération pour crimes violents; besoins largement supérieurs en matière d'emploi et d'éducation; antécédents liés à la violence familiale ou physique ainsi qu'à la toxicomanie.
Actuellement, la vaste majorité des délinquants autochtones est incarcérée dans des établissements à sécurité moyenne ou maximale. Quant aux femmes autochtones, elles sont outrageusement surreprésentées dans les unités à sécurité maximale. Il serait pertinent de souligner au comité que les problèmes de surpopulation les plus criants, y compris la double occupation des cellules, touchent les prisons à sécurité moyenne et que les établissements à sécurité maximale offrent l'accès le plus limité aux programmes correctionnels.
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La classification des délinquants autochtones préoccupe depuis longtemps mon bureau, et ce avec raison. Il est inquiétant de constater que la forme de libération d'un pénitencier fédéral la plus fréquente chez les détenus autochtones est la libération d'office. Comme le confirme le rapport
De bonnes intentions, « La combinaison du sur-classement et de l'absence de programmes destinés aux Autochtones montre à quel point les obstacles systémiques peuvent nuire à la réinsertion sociale efficace et en temps opportun des délinquants autochtones ».
Je serais le premier à reconnaître que le Service correctionnel du Canada ne peut régler à lui seul de nombreux facteurs liés aux taux d'incarcération excessivement élevés de délinquants autochtones — pauvreté, exclusion sociale, toxicomanie, discrimination. Je suis bien conscient du fait que le SCC n'a aucun pouvoir quant au nombre de délinquants autochtones condamnés à des peines par les tribunaux. Néanmoins, le rapport souligne que le SCC a le pouvoir exclusif ainsi que l'obligation légale et constitutionnelle de gérer les peines de manière responsable sur le plan culturel. À ce chapitre, le service correctionnel fédéral essuie un échec qui se répercute sur les délinquants autochtones et leurs communautés.
La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui régit le système correctionnel fédéral, comporte des dispositions spéciales visant à ce que l'on tienne compte des considérations sociales et culturelles particulières des contrevenants autochtones. Notre examen nous a permis de constater une utilisation limitée de ces dispositions législatives conçues pour améliorer la réinsertion sociale des délinquants autochtones. Au contraire, nous avons constaté une sous-utilisation des pavillons de ressourcement, une pénurie chronique d'aînés et d'agents de programme autochtones, un accès inégal aux programmes à l'attention des délinquants autochtones, une absence de stratégie de gestion et d'intervention anti-gang pour les Autochtones, l'absence d'un outil de classification adapté à la culture autochtone, l'absence de preuves statistiques accessibles au public faisant état d'améliorations ou de progrès quant à la gestion des délinquants autochtones, et une incapacité à tenir compte des circonstances sociales et historiques qui contribuent aux infractions commises par des Autochtones.
Malgré l'intervention et les directives explicites des tribunaux dans l'affaire Gladue, on trouve peu de preuves concrètes et constantes que le SCC tient adéquatement compte des antécédents d'éclatement familial, de défaveur et de discrimination dont les Autochtones continuent de faire l'objet, au moment de prendre des décisions qui ont des répercussions importantes sur les droits et libertés conservés, comme l'isolement, les transfèrements imposés, la préparation des dossiers et la classification de sécurité.
La situation des Autochtones sous responsabilité fédérale est inacceptable. À mon avis, l'absence de progrès durable dans l'amélioration des résultats correctionnels des délinquants autochtones nécessite un leadership exclusif, ciblé et redevable au sein du Service correctionnel du Canada. C'est pourquoi ma seule et unique recommandation, que je reprends du rapport De bonnes intentions, est la nomination d'un sous-commissaire responsable des services correctionnels pour Autochtones.
Même si je n'envisagerais normalement pas l'ajout d'un bureaucrate haut placé comme étant une solution à une impasse opérationnelle, je suis convaincu que, dans le présent cas, le SCC a besoin d'un cadre ayant l'autorité de veiller à ce que les choses bougent et qui assume la responsabilité quant au progrès. On trouve de tels cadres dans les sphères décisionnelles concernant les femmes, les soins de santé et les ressources humaines. Pourquoi ne pas assurer la même attention ciblée et la même reddition de comptes dans le cas des Autochtones dans le système correctionnel?
Monsieur le président, je vous remercie, vous et les membres du comité, de nous avoir invités. Nous envisageons avec plaisir vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous deux.
Je tiens tout d'abord à vous remercier de votre travail. C'est un travail très important. Même si les statistiques peuvent parfois nous livrer une partie du tableau, nous parlons ici de la vie de gens, de la vie de nombreux Autochtones et de leurs familles et communautés. Nous ne pouvons jamais enlever l'élément humain que cela représente.
Il est incroyable que nous n'ayons pas vu de progrès dans les rapports qui, comme vous nous l'avez indiqué, sont sortis au cours des 35 dernières années environ. Vous avez dit qu'il s'opère une discrimination systémique. Nous n'avons pas vu, avec toutes les recommandations, avec toutes les bonnes intentions...
Comme beaucoup de gens le disent, nous savons que le chemin... quelque part... est pavé de bonnes intentions. Je suis certain que dans le cas de nombreux Autochtones, étant donné ce que dit ce rapport, ils en sont là.
S'il s'agit de discrimination systémique, alors le système lui-même est défectueux. L'introduction d'un programme, ou d'une série de programmes, va-t-elle changer cela? Ou bien devrions-nous envisager de changer l'architecture-même du Service correctionnel du Canada?
Je sais que vous avez fait une très solide recommandation au sujet de l'architecture elle-même, des structures, de la création d'un poste de sous-commissaire des services correctionnels pour Autochtones, ce qui a par le passé été rejeté par le Service correctionnel du Canada.
J'aimerais savoir si les programmes eux-mêmes peuvent changer les choses. La question fondamentale est-elle celle de la transformation de l'architecture au sein du Service correctionnel du Canada?
Vous savez, il est inacceptable que dans la société canadienne un détenu sur cinq soit autochtone, et la situation est encore pire pour les femmes. Cela est incroyable.
Je lis dans votre rapport qu'il y a eu dans le système de classification un parti pris voulant que les Autochtones soient plus souvent incarcérés dans des prisons à sécurité moyenne ou maximale que les non-Autochtones. Une fois incarcérés dans un de ces établissements, il y a moins de programmes d'aide afin de faciliter la réinsertion sociale des détenus une fois libérés. En fin de compte, nous ne sommes pas censés mettre les gens en prison et jeter la clé. Ils sont censés purger leurs peines conformément à la loi et aux peines imposées, mais notre tâche est de veiller à ce qu'il s'opère une guérison, à ce que les gens puissent réintégrer leurs communautés de manière à pouvoir y contribuer. Cela est important dans les collectivités autochtones, comme partout ailleurs au pays.
Il est important d'avoir des programmes, je le sais, mais des programmes seuls ne suffiront pas, s'il existe une discrimination systémique, et cela me soucie. La question est-elle celle de changer l'architecture et la structure du SCC?
Vous avez très bien cerné la complexité de la situation. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que tout programme qui est isolé du contexte dans lequel il est offert aura peu de chances de livrer les résultats prévus ou des résultats durables.
Le Service correctionnel du Canada a en fait marqué des progrès, est en fait devenu plus compétent sur le plan culturel, a consenti davantage d'efforts à l'éclaircissement des politiques, a augmenté ses efforts de recrutement et de rétention de personnel autochtone à tous les niveaux, et a élaboré et mis à l'épreuve de bons programmes. Mais en dépit de tout ce travail, nous constatons que le problème va s'aggravant. Une partie de la raison pour laquelle le problème s'aggrave, bien sûr, est que le nombre de nouveaux arrivants, les hommes et les femmes qui sont envoyés en prison par les tribunaux, continue d'augmenter. Cela s'inscrit, bien sûr, en dehors des pouvoirs ou du mandat du Service correctionnel du Canada.
Le Service correctionnel du Canada le reconnaît. Dans son plan stratégique pour les services correctionnels offerts aux Autochtones, il est question du contexte. Dans notre rapport, nous parlons du contexte. C'est un problème pour les Canadiens, et pas seulement pour les services correctionnels.
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Je vous remercie d'être ici aujourd'hui. J'apprécie beaucoup ce que vous nous dites. Je pèse mes mots, mais tout ce qui me vient à l'esprit est que je suis horrifié. Bien évidemment, je ne suis pas horrifié par le travail que vous faites. À mon avis, vous faites un travail extraordinaire. C'est pourquoi je demanderai que nous convoquions le pour discuter de la situation des Autochtones en détention. Il faut s'adresser aux bonnes personnes.
C'est avec respect que je dis que les constatations contenues dans votre rapport sont horrifiantes. J'en lirai seulement une. Je ne sais pas si vous avez déjà vu ce beau petit livre, mais j'imagine que oui. Il s'agit du rapport annuel de 2008-2009 du Bureau de l'enquêteur correctionnel. On peut y lire que le taux d'incarcération des Autochtones est passé de 815 par 100 000 habitants, en 2001-2002, à 983 par 100 000 habitants, en 2005-2006.
J'espère que M. Head m'écoute, car je voudrais lui poser une question. Je voudrais savoir où on en est rendu maintenant. On doit s'approcher des 1 000 Autochtones incarcérés par 100 000 habitants. Cela n'a pas de sens. Non seulement, cela n'a pas de sens, mais c'est neuf fois plus que pour la population non autochtone. Vos constatations me coupent le souffle. J'ai visité un pénitencier du Manitoba et un autre de la Saskatchewan. C'est vrai qu'il n'y a que des Autochtones, ou presque. Bien sûr, il y a des Blancs, mais il y en a peu par rapport au nombre d'Autochtones.
Si l'on vous demande de témoigner devant le comité l'an prochain, ce sera la même chose. Les choses ne se seront pas améliorées. J'ai énormément de respect pour Mme Mann. Dans les pénitenciers, on classe les individus. Vous ne vous adressez qu'aux pénitenciers; les prisons provinciales ne relèvent pas de vous. Dès le départ, le classement est mal fait. On se retrouve avec une surpopulation ou une surreprésentation de la population carcérale placée en isolement.
Je n'ai qu'une question à vous poser. Qu'attendez-vous de nous, à part de convoquer le ? Que peut-on faire pour vous aider?
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Merci, monsieur le président.
Merci de comparaître devant le comité.
Je vais commencer avec deux questions, et, si j'en ai le temps, je passerai à une troisième. Ces deux questions sont liées l'une à l'autre.
À la recommandation 12 de votre rapport, vous dites que le ministre de la Sécurité publique devrait ordonner immédiatement au SCC de nommer un sous-commissaire responsable des services correctionnels pour Autochtones. Est en quelque sorte rattachée à cela votre recommandation 13, demandant que la sous-commissaire pour les femmes ait l'autorité hiérarchique pleine et directe — et, par conséquent, la responsabilité — pour tout ce qui concerne les femmes purgeant une peine de ressort fédéral.
Le ministère parle dans sa réponse de la Direction des initiatives pour les Autochtones, et y voit une solution suffisante face aux défis auxquels se trouve confrontée la population autochtone incarcérée. Dans ce même contexte, je pense que vous avez également soulevé des questions en matière de rapports, et l'une des façons de savoir s'il y a eu des changements est de disposer de rapports suffisants. Le ministère, dans sa réponse, parle lui aussi de reddition de comptes accrue et d'un modèle de rapport sur les résultats obtenus et le suivi, de manière à cerner les mesures concrètes à prendre et à assurer une reddition de comptes spécifique.
J'aimerais que vous vous prononciez sur la réponse du ministère à vos recommandations, visant tant la nomination d'un commissaire que l'autorité hiérarchique pour la sous-commissaire pour les femmes, ainsi que sur l'aspect statistique de la chose, et que vous nous disiez si les mesures prises par le ministère sont selon vous suffisantes face aux questions que vous avez soulevées.
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Le Service correctionnel du Canada est doté d'un comité exécutif, et c'est vraiment lui qui est l'organe décisionnel. Je crois savoir que le commissaire va témoigner plus tard aujourd'hui devant le comité, et je pense qu'il serait très bien placé pour vous expliquer le fonctionnement de cet organe décisionnel.
Mon souci est que depuis 10 ans nous avons vu de très bons plans, beaucoup d'analyses, la mise en place de stratégies et l'élaboration de programmes avec l'actuel modèle de gouvernance — c'est-à-dire avec la responsabilité première en ce qui concerne les services correctionnels pour Autochtones s'inscrivant dans le portefeuille de responsabilités du sous-commissaire principal, et le titulaire d'un poste inférieur au sein de la hiérarchie du service, de niveau directeur général, assurant l'appui.
La structure de gouvernance n'a à mon sens pas livré les résultats que l'on était en situation d'espérer, vu l'investissement énorme en temps et en argent qui a été consenti, et c'est pourquoi nous disons qu'il n'est pas très logique de nous attendre à des résultats différents dans le cadre de la même structure. Il serait temps d'en changer.
Je ferais des observations semblables en ce qui concerne la sous-commissaire responsable des femmes, poste qui a été créé par suite d'un incident survenu au pénitencier de Kingston et qui avait suscité l'enquête Arbour. Madame le juge Arbour avait recommandé la création d'une filière distincte pour les services correctionnels pour femmes, dirigée par une sous-commissaire responsable de centres correctionnels conçus expressément pour les femmes. Le poste de sous-commissaire pour les femmes n'est pas assorti de pouvoirs directs, et son titulaire n'assure qu'une fonction de soutien aux politiques.
Il y a un très grand nombre de raisons pour lesquelles je considère que les mesures prises n'ont pas été appropriées. Il me faudrait bien plus que ce qu'il nous reste de nos sept minutes pour vous les énumérer. Elles sont bien documentées, non seulement dans nos rapports, mais dans plusieurs autres rapports déjà produits.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Je vais commencer par dire, tout de suite au départ, que le rôle essentiel du comité est de discuter, d'aider à façonner et d'établir des politiques afin de veiller à ce que les membres des premières nations et les Inuits se voient offrir les meilleures possibilités de réaliser leur potentiel, de faire des choix et de prendre des décisions en matière de mode de vie qui ne débouchent pas sur des situations susceptibles de mener à l'incarcération. Je pense qu'il s'agit là d'un élément important qu'a repris le président du comité la dernière fois que vous êtes venus ici. Je pousserais peut-être un petit peu plus loin la chose en disant que s'il est une question dont il serait opportun que le comité ici réuni discute, ce serait les conditions et les préoccupations dans les collectivités en ce qui concerne les contrevenants qui réintègrent leurs communautés.
J'ajouterais également, par votre intermédiaire, monsieur le président, que je trouve un peu dommage que le porte-parole du NPD n'ait pas pu être des nôtres pour notre grande virée dans le Nord pour y constater certaines des choses qui se font, à cette fin, dans les différentes collectivités. Il demeure encore des défis.
Je vais poser quelques questions au sujet de votre rapport, et je vais me reporter à certains des éléments de la discussion qui a eu lieu en 2007. Mon cadre de référence est que tout ce dossier ne m'est pas inconnu. J'ai consacré beaucoup de temps au processus concernant les pensionnats indiens. J'ai compté parmi les signataires de cette entente. Par la suite, je suis intervenu en tant que conseiller juridique pour le compte d'un certain nombre de personnes engagées dans ce processus, y compris un certain nombre de résidents du pénitencier du Kingston qui étaient directement ou indirectement touchés par les pensionnats indiens.
Monsieur Saper, dans votre déclaration d'aujourd'hui vous avez parlé du problème continu de la discrimination. J'aimerais parler de cette discrimination, m'inspirant de ce que mon collègue a essayé d'étoffer plus tôt.
Le problème est-il que les Autochtones ne sont pas traités de manière équitable, ou bien est-ce qu'un traitement équitable est lui-même le problème? Je me suis déjà rendu dans un pénitencier à sécurité maximale, et j'ai vu plusieurs merveilleux programmes en cours auxquels les autres détenus n'avaient pas accès. Dans cette situation particulière, je n'ai pas constaté de pénurie, pas plus que je n'en ai entendu parler de la bouche des détenus ou de membres des premières nations, dont des agents de liaison.
Pourriez-vous réagir à ce que je viens de dire et peut-être nous fournir une mise à jour? J'ignore si une question du même ordre vous a été posée la dernière fois que vous avez comparu ici.
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Je comprends cela. Je sais qu'en ce qui concerne le legs des pensionnats indiens, l'un des problèmes, en ce qui concerne les prisons, était que les membres des premières nations étaient hésitants à aller de l'avant avec ce qu'ils considéraient comme étant des questions institutionnelles canadiennes, du fait d'avoir déjà vécu la situation, de leur point de vue — et je suis d'accord —, dans le contexte des écoles résidentielles.
Je reviendrai à mes observations et à ma participation, en ce qui concerne le nombre de programmes disponibles. Nous avons tout récemment vu, et je pense que c'était dans le Winnipeg Free Press, que, par principe, le Service correctionnel du Canada et les gouvernements provinciaux, dans la mesure où ceux-ci interviennent, reconnaissent l'importance de ressources appropriées et qui tiennent compte de la culture, non seulement dans le cas des premières nations mais, par exemple, pour les musulmans, et qu'ils créent, ou tout cas assurent, un accès aux ressources.
J'aimerais, si vous permettez, passer maintenant à notre réponse. Êtes-vous aujourd'hui en mesure de réagir au plan stratégique quinquennal pour les services correctionnels pour Autochtones? Je pense qu'il y avait cinq priorités générales. En plus de la stratégie, il a cette année été introduit un cadre de reddition de comptes visant à mesurer les progrès et à faire rapport des résultats.
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Merci d'être venus, et merci de votre excellent travail.
Si vous avez jamais le sentiment que vos rapports — passés, présents ou futurs — ne jouissent pas du respect que lui doit le gouvernement, vous êtes priés de communiquer par écrit avec le greffier du comité afin que nous en soyons au courant.
Comme l'ont certainement dit d'autres membres du comité, c'est toute une mise en accusation du gouvernement fédéral que l'incarcération d'Autochtones, qui atteint déjà des niveaux inacceptables, continue en fait d'augmenter. Cela est épouvantable et inacceptable. La chose a de nombreuses fois été soulevée au Parlement.
Un grand danger pour la société provient de... car presque tous les détenus finissent par sortir un jour de prison. Ils sont plus dangereux lorsqu'ils sont libérés s'il n'y a pas eu suffisamment de formation et de réadaptation, avec un programme de maîtrise de la colère.
La rétroaction que j'ai eue a été différente de celle de M. Rickford et je ne suis pas certain que vous ayez pleinement répondu à cela.
Il ne s'offre donc pas suffisamment de ces programmes, et les programmes actuels du gouvernement augmentent en vérité de ce fait les dangers pour la société. De fait, étant donné qu'il y aura augmentation du nombre de détenus sans une augmentation de ces services, la situation sera encore plus dangereuse, avec plus de victimes et plus de risques pour la société.
Auriez-vous quelque commentaire à faire là-dessus, en ce qui concerne tant la population autochtone, pour laquelle certains éléments font défaut, que la population générale?
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Il s'agit là d'un point très intéressant.
J'aimerais vous poser trois questions rapides, afin qu'elles figurent au compte rendu.
Premièrement, le gouvernement cherche à restreindre la justice réparatrice qui, encore une fois, affiche un bien meilleur taux de réussite pour ce qui est d'empêcher la victimisation et de réduire la criminalité.
Deuxièmement, les délinquants dans le nord de l'Arctique auraient-ils un solide dossier en matière de droits de la personne s'ils ne peuvent pas être incarcérés près de chez eux et de leurs familles et de tous les systèmes de soutien, dont vous venez tout juste d'en évoquer certains?
Enfin, il existe des programmes spéciaux pour les cas de TSAF. Mon collègue dit qu'il n'y a dans votre rapport qu'une seule recommandation, celle visant la création d'un poste de sous-commissaire, en dépit de tous ces problèmes. Pourquoi êtes-vous si convaincus qu'il s'agit là de la solution au problème, et de l'unique solution?
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi à tous. Je vous remercie de l'invitation à comparaître aujourd'hui.
Pour me situer, je suis le commissaire du Service correctionnel du Canada depuis 2008. Auparavant, depuis 2002, j'ai exercé les fonctions de sous-commissaire principal du Service correctionnel du Canada. J'ai débuté ma carrière en 1978 à titre d'agent de correction.
J'ai également travaillé au sein des services correctionnels provinciaux et territoriaux, d'abord au Yukon à titre de directeur du pénitencier territorial et de directeur intérimaire des Services communautaires et correctionnels, puis en Saskatchewan, à titre de sous-ministre adjoint responsable des Services de probation et des Services correctionnels au ministère des Services correctionnels et de la sécurité publique de la province. Grâce à l'expérience que j'ai acquise dans les systèmes correctionnels fédéral, provinciaux et territoriaux, je pense bien comprendre les questions touchant les services correctionnels pour les Autochtones.
La surreprésentation des Autochtones dans l'ensemble du système de justice pénale est bien établie. À l'heure actuelle, les Autochtones représentent environ 4 p. 100 de la population canadienne adulte, mais 17 p. 100 de la population carcérale sous responsabilité fédérale. Les causes de cette surreprésentation sont multiples et complexes. Elles mettent en jeu des facteurs tels que la santé et le bien-être communautaire, les inégalités socioéconomiques et le traumatisme intergénérationnel. À vrai dire, ces éléments ne sont pas seulement multidimensionnels mais aussi de nature sociétale.
Le SCC opère en aval du système de justice pénale et, à ce titre, il a très peu de moyens pour remédier à ces causes multiples. Nous pouvons cependant, dans le cadre des responsabilités qui nous sont imposées par la loi, prendre des mesures pour répondre aux besoins des délinquants membres des premières nations, métis et inuits, comme le prévoit la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition énonce avec précision nos responsabilités à l'égard des délinquants autochtones. Elle nous oblige à offrir des politiques, des programmes et des interventions adaptés à la culture autochtone et axés sur les facteurs liés au risque et aux besoins que présentent les délinquants, de façon à préparer leur retour en toute sécurité dans la collectivité.
:
Oui, monsieur le président.
Cette loi fait également place à la participation des Autochtones dans l'élaboration et l'exécution des politiques, des programmes et des services correctionnels fédéraux, ainsi qu'à la spiritualité et à la culture autochtone en milieu correctionnel.
Par exemple, l'article 81 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition contient des dispositions qui permettent de conclure des accords pour le transfert des délinquants autochtones ayant entrepris un cheminement de guérison dans les établissements à sécurité minimale du SCC et qui souhaitent le poursuivre dans l'un des pavillons de ressourcement établis dans les collectivités autochtones, où ils sont alors pris en charge. La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition guide nos efforts pour répondre aux besoins des délinquants autochtones et, dans un instant, je vous donnerai un aperçu des mesures que nous avons prises et que nous prévoyons de prendre pour satisfaire ces besoins, mais je vais commencer par vous décrire brièvement certaines des difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans notre travail.
Les délinquants autochtones sont généralement plus jeunes et présentent un risque plus élevé et de plus grands besoins que les délinquants non autochtones. Bon nombre d'entre eux ont de plus longs antécédents criminels et affichent un plus haut pourcentage de condamnations pour crime violent et affiliation à un gang. Par ailleurs, au cours des dernières années, on a observé une tendance à imposer des peines plus courtes à tous les délinquants, Autochtones compris. Cette tendance réduit considérablement le temps dont dispose le SCC pour les faire profiter de programmes et d'interventions axés sur le traitement de la toxicomanie et sur la prévention de la violence — des éléments essentiels pour le retour en toute sécurité des délinquants autochtones dans la collectivité.
Les délinquants autochtones représentent habituellement un pourcentage plus élevé des délinquants non motivés qui refusent de suivre des programmes et de se conformer aux mesures décrites dans leur plan correctionnel. Ils présentent aussi de plus grands besoins dans des domaines tels que la toxicomanie, l'emploi et l'employabilité, ainsi que l'éducation. Dans ce contexte, les délinquants autochtones continuent de purger une proportion plus grande de leur peine en établissement, sont plus enclins à renoncer à leurs audiences de libération conditionnelle ou à les reporter, et affichent des taux supérieurs de réincarcération durant les périodes de mise en liberté conditionnelle.
Ce sont là des problèmes difficiles à résoudre, mais nous avons adopté un plan d'action dont nous pensons qu'il va améliorer les résultats à long terme. Les recherches ont démontré que la reprise d'un contact avec la culture, la famille et la collectivité est un facteur clé de la réadaptation et de la réinsertion sociale des délinquants autochtones. Par conséquent, le Service correctionnel du Canada utilise une approche fondée sur un modèle de continuum de soins qui débute à l'admission, est suivi d'un cheminement en établissement et se termine avec la réinsertion sociale des délinquants autochtones dans la collectivité. Cette approche a des répercussions favorables sur la sécurité publique, puisque les délinquants autochtones participent à part entière au processus, ce qui réduit le risque de récidive et de réincarcération.
Le modèle de continuum de soins, qui a été élaboré suivant les conseils des aînés autochtones, a été adopté par le Service correctionnel du Canada en 2003, puis élargi en 2009 de façon à mettre l'accent sur la collaboration et l'horizontalité au sein des organismes gouvernementaux et des collectivités autochtones. Le modèle offre la flexibilité nécessaire pour respecter la diversité des membres des premières nations, des Métis et des Inuits. Il est également respectueux de la grande multiplicité des cultures, des traditions et des langues dans les provinces et territoires, ainsi que des différents besoins et des différentes capacités des collectivités rurales, urbaines, éloignées et nordiques.
En 2006, nous avons élaboré le Plan stratégique relatif aux services correctionnels pour Autochtones, qui développe plus avant le modèle de continuum de soins. En 2009, le plan stratégique a fait l'objet d'une mise à jour à la lumière de notre cadre de responsabilisation, lequel est conçu pour intégrer la dimension autochtone dans tous les aspects de notre planification, de nos opérations, de nos rapports et de notre reddition de comptes. Le plan stratégique comporte des mesures précises dans le contexte des cinq priorités du SCC. Les mesures sous-tendues par le cadre de responsabilisation témoignent d'une compréhension des cultures et de l'histoire des Autochtones, de la réalité sociale actuelle et de l'importance des traditions culturelles lorsqu'il s'agit de formuler une politique correctionnelle adaptée aux besoins des Autochtones que nous avons pris en charge.
Depuis 2004, le SCC travaille à l'élaboration d'une stratégie pour les services correctionnels dans les collectivités du Nord. Un cadre de travail a été établi et est en voie d'être intégré dans une stratégie globale. Un document de discussion sera présenté à la réunion de février 2010 du Comité de direction du Service correctionnel du Canada. La stratégie visera principalement le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, ainsi que le Nunavik et le Nunatsiavut. Le SCC travaillera en étroite collaboration avec d'autres ministères et organismes fédéraux et des partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones à l'élaboration de la stratégie pour les collectivités du Nord.
Plusieurs programmes et projets correctionnels pour les collectivités du Nord sont en voie de réalisation, spécialement à l'intention des délinquants inuits, avec notamment des programmes adaptés à la culture, des activités de formation pour les membres du personnel, ainsi que des activités de liaison et de consultation avec les autorités territoriales et d'autres homologues du gouvernement fédéral. Les délinquants autochtones ont actuellement accès à des services d'éducation et d'emploi, à des programmes correctionnels et à des services sociaux ou culturels.
Nous savons que les programmes correctionnels efficaces sont un élément essentiel de la préparation des délinquants à leur retour en toute sécurité dans la collectivité. À ce titre, les délinquants autochtones bénéficient à la fois des programmes nationaux, auparavant appelés les programmes de base, et de programmes qui leur sont spécifiquement destinés, qui combinent les principes des programmes correctionnels efficaces et les méthodes traditionnelles autochtones de guérison.
Le SCC gère huit programmes correctionnels spécifiquement destinés aux Autochtones, qui ont été élaborés en collaboration avec des partenaires autochtones et dont l'exécution doit être confiée à des membres autochtones de notre effectif. Ces programmes ciblent la prévention de la violence et la toxicomanie — les principaux problèmes qui augmentent le risque de récidive chez les délinquants autochtones.
L'expérience acquise montre que les programmes qui comprennent des éléments culturels et des interventions correctionnelles appropriés sont plus efficaces auprès des délinquants autochtones qui présentent des risques plus élevés et de plus grands besoins que les autres segments de notre population.
Par exemple, une évaluation récente a révélé que les délinquants autochtones de sexe masculin qui ont participé au programme « En quête du guerrier en vous » étaient 19 p. 100 moins nombreux que ceux du groupe témoin à être réincarcérés, et que les inscriptions des femmes autochtones à ce programme avaient augmenté de 80 p. 100. Le taux d'achèvement du programme pour les délinquants autochtones toxicomanes est passé de 56 à 93 p. 100. Ceux qui avaient participé à notre Programme communautaire de maintien des acquis étaient moins nombreux que ceux du groupe témoin à avoir été réincarcérés pour une nouvelle infraction avec violence.
Fort de cette réussite, le SCC continue de développer sa capacité d'offrir des traitements culturellement adaptés. Dans le cadre de ses plans d'amélioration des programmes nationaux, le SCC élabore actuellement un modèle de programme correctionnel intégré qui permettra d'offrir des programmes plus efficaces à tous les délinquants. Ce nouveau modèle de programme sera mis à l'essai au printemps 2010. Il prévoit un soutien continu aux délinquants qui présentent un risque très élevé, particulièrement à ceux qui sont détenus dans les établissements à sécurité maximale, car nous estimons qu'avec ce nouveau cadre les délinquants seront plus motivés à suivre leur plan correctionnel et auront une meilleure probabilité d'être transférés dans un établissement à niveau de sécurité inférieur, où ils pourront se concentrer sur l'exécution de leur plan correctionnel et leurs efforts de réinsertion sociale.
En ce qui concerne le recrutement, le maintien en poste et la compétence culturelle dans notre effectif, le SCC est considéré comme le deuxième meilleur employeur de la fonction publique fédérale au chapitre de la représentation des Autochtones. De fait, le SCC a élaboré une stratégie très dynamique de recrutement d'Autochtones pour occuper des postes d'influence clé comme ceux d'agent de programmes, d'agent de développement auprès de la collectivité autochtone, d'agent de liaison autochtones, d'agent de correction, d'agent de libération conditionnelle et d'aîné. En outre, nous avons promu plusieurs employés autochtones à des postes de directeur adjoint, de sous-directeur et de directeur d'établissement, ainsi qu'à d'autres postes de cadre supérieur.
Au cours de l'exercice 2009-2010, le Service correctionnel a investi près de 33 millions de dollars dans les services pour Autochtones afin de financer l'expansion des interventions auprès des Autochtones et des programmes de ressourcement; des pavillons de ressourcement dans les collectivités; un meilleur accès des aînés à nos établissements; une augmentation du nombre d'unités des Sentiers autochtones pour offrir un ressourcement et un soutien plus intensifs; une action concrète pour répondre aux besoins des délinquants autochtones du Nord, particulièrement des Inuits; enfin, la création d'un plus grand nombre d'emplois et de stages pour les Autochtones.
Le SCC continue de travailler en collaboration avec tous les partenaires de la justice pénale et avec la collectivité afin d'appuyer pleinement la réintégration en toute sécurité des délinquants autochtones dans leur collectivité. Je suis convaincu que nos efforts résolus vont nous permettre de répondre aux besoins particuliers des délinquants autochtones.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous adresser la parole. Et je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir.
Merci de votre témoignage, monsieur Head.
Il était agréable d'entendre notre collègue libéral du Yukon dire que le gouvernement précédent a totalement échoué face à la criminalité dans le Nord pendant les 13 ans où il était au pouvoir.
Eh bien, il n'a pas ménagé ses attaques contre nous et je vais faire de même avec lui.
J'ai beaucoup d'Autochtones dans ma circonscription. J'ai parlé à de nombreux dirigeants et je m'occupe des problèmes des Autochtones à l'échelle nationale depuis plus de 15 ans. La question que mon collègue, M. Clarke, a évoquée précédemment, à savoir les crimes commis par des Autochtones contre des Autochtones au sein de leur collectivité est une préoccupation croissante. La plupart des dirigeants sont très inquiets.
Tout cela ne vous surprend guère, j'en suis sûr. C'est lié à la drogue, et bien sûr nous avons une énorme augmentation de la population de jeunes.
Vous êtes donc en première ligne et vous avez une tâche très difficile, et je vous félicite de vos initiatives progressistes, que vous avez décrites aujourd'hui, pour tenter d'améliorer les choses. Vous avez parlé de votre action globale et du cadre de responsabilisation mis en place cette année, qui intègre tous les aspects de la planification, des opérations, des rapports et de la reddition de comptes. Peut-on dire qu'il serait très difficile de fonctionner sans cela aujourd'hui, étant donné la composition de la population carcérale?