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Bonjour à tous et bienvenue à la 26
e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord.
Nous continuons notre étude sur le développement économique du Nord.
[Traduction]
Nous accueillons ce matin un groupe des plus intéressants représentant les industries, notamment dans le Nord, et le secteur des ressources non renouvelables qui, nous le savons, est important pour l'économie du Nord.
Mesdames et messieurs, vous vous rappellerez que nous nous réunissons aujourd'hui en vue de préparer une étude plus complète sur le développement économique du Nord.
Nos témoins, que nous entendrons à tour de rôle, représentent aujourd'hui quatre organisations. Chaque organisation aura la possibilité de présenter un exposé de dix minutes. Étant donné leur nombre, nous essaierons de respecter rigoureusement ces dix minutes; essayez de vous adapter en conséquence. Je tâcherai de vous avertir lorsque cette période tirera à sa fin ou sera écoulée. En ce qui concerne les questions des membres du comité, nous essaierons de nous en tenir à des périodes de questions et réponses de cinq minutes, si c'est possible, pour maximiser le nombre de questions posées, vu l'importance du groupe que nous recevons aujourd'hui.
Nous commencerons en accueillant M. Mike Peters, qui représente l'Association canadienne des producteurs pétroliers.
Je voudrais remercier le comité de nous donner aujourd'hui l'occasion d'exposer notre position.
La question du développement économique du Nord intéresse vivement l'industrie pétrolière et gazière étant donné les possibilités actuelles et futures qui s'offrent à nous. J'aimerais vous présenter aujourd'hui certaines des possibilités et des difficultés qui vont de pair avec la réalisation d'activités dans le Nord.
L'Association canadienne des producteurs pétroliers représente 130 entreprises qui, grâce à leurs activités d'exploration et de développement, produisent plus de 90 p. 100 du gaz naturel et du pétrole brut du Canada. La majorité des entreprises qui sont actives dans le Nord, tant dans le domaine de l'exploration que de la production, sont membres de l'ACPP.
L'ACPP croit que cette discussion tombe à point. Le secteur pétrolier et gazier est prêt à investir dans le Nord, mais en est encore à évaluer les bénéfices et les risques, dont les risques réglementaires, qui sont de plus en plus décourageants. Les gouvernements territoriaux et les gouvernements régionaux autochtones sont aussi prêts à tirer le meilleur parti du développement économique. C'est aujourd'hui qu'il faut tâcher d'améliorer le système, et maintenir le statu quo présente de sérieux risques par rapport aux attentes et aux aspirations des habitants du Nord et de tous les Canadiens en ce qui concerne le Nord du Canada.
Les derniers chiffres de l'ONE indiquent que les ressources potentielles du Nord s'élèvent à 122 billions de pieds cubes de gaz et à 6,7 milliards de barils de pétrole, ce qui est comparable aux réserves classiques de pétrole qui restent dans le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien. Le potentiel ultime de ce bassin est de 140 billions de pieds cubes, et le potentiel pétrolier du Nord équivaut aux réserves classiques de pétrole de l'Alberta. Les ressources attendant d'être exploitées dans le Nord sont considérables, et une exploration accrue pourrait faire augmenter ces chiffres.
Malgré cela, les niveaux d'activités dans le Nord demeurent restreints. En moyenne, environ quinze puits ont été forés chaque année au cours de la dernière décennie, ce qui correspond à un investissement annuel d'à peu près 400 à 500 millions de dollars. Ces chiffres minimisent en quelque sorte le problème, puisque beaucoup de ces puits sont situés sur des gisements existants et ne témoignent pas de nouvelles activités d'exploration. Il ne fait d'ailleurs aucun doute que ces chiffres sont disproportionnés par rapport au potentiel du Nord et aux activités qui ont cours dans les provinces, où des milliers de puits ont été forés et des milliards de dollars investis sous la frontière des Territoires du Nord-Ouest.
Jusqu'à maintenant, la croissance de l'industrie stagne en raison des divers risques associés aux activités dans le Nord. Les risques dont je parlerai aujourd'hui sont les suivants: la complexité de la réglementation, le déséquilibre entre les droits de superficie et les droits d'exploitation du sous-sol, l'incohérence entre les politiques et les processus décisionnels, l'incertitude liée aux bénéfices et aux consultations, les problèmes liés à la capacité de production, ainsi que les initiatives de planification qui empêchent toute activité éventuelle de l'industrie. Il y a évidemment d'autres facteurs qui nuisent aux investissements de l'industrie. La géologie, le cours des produits de base et l'accès aux marchés sont tous importants, mais les facteurs que j'ai soulignés sont ceux sur lesquels le gouvernement peut le plus aisément exercer une influence positive.
L'évolution politique et réglementaire dans le Nord nous a fait passer d'un système unifié de gestion du pétrole et du gaz à un système fragmenté. Chaque région a un assortiment différent de pouvoirs et de processus qui entrent en jeu lors de la prise de décision et de la cogestion des ressources, ce qui impose de lourdes obligations aux exploitants.
Nous savons que de nombreux éléments du système réglementaire sont liés au règlement des revendications territoriales. Nous ne voulons pas que nos critiques à l'égard du système réglementaire soient perçues comme une atteinte à ces règlements. L'ACPP appuie le processus de règlement des revendications territoriales et respecte les droits qui en découlent. Nous croyons cependant que le système réglementaire qui a été établi pour satisfaire ces revendications pourrait être amélioré.
Les promoteurs devraient pouvoir se familiariser avec le processus de façon à ce que les exigences soient comprises et respectées, et les autorisations approuvées, sans que les efforts du promoteur, de la communauté ou de l'organisme de réglementation soient démesurés. Il arrive trop souvent que ce ne soit pas le cas. Les demandes similaires ne sont pas traitées de la même façon, non seulement d'une région à l'autre, mais au sein d'une même région, de sorte que les promoteurs ne peuvent prévoir comment leurs demandes seront traitées et faire leur planification en conséquence, ce qui accroît le risque inhérent aux activités d'exploitation des ressources dans le Nord. Ce risque est démesuré pour une administration canadienne et n'améliore pas la qualité ou l'efficacité du processus décisionnel. Les répercussions économiques sont amplifiées dans le Nord du Canada, parce que la localisation et la monétisation des ressources non renouvelables demeurent la principale possibilité de création de richesses et même, dans certaines régions, la seule.
Les dispositions actuelles créent un déséquilibre entre les intérêts liés à la superficie et ceux liés à l'exploitation du sous-sol. Les demandeurs n'ont pas de recours lorsque les négociations aboutissent à une impasse, par exemple en ce qui concerne les bénéfices ou les conditions d'accès. Les promoteurs sont coincés dans un processus et n'ont pas d'autre choix que de faire des concessions. Le règlement des revendications territoriales de la vallée du Mackenzie prévoit des processus de résolution des conflits, mais aucun mécanisme de ce genre n'a été mis en place.
Il ne fait pas de doute que les gouvernements du Nord doivent satisfaire une multitude d'intérêts. Cependant, des risques apparaissent lorsque la politique de gestion des ressources se trouve reléguée au second rang dans le cadre de processus dirigés par d'autres priorités et intérêts.
AINC et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest se sont déclarés en faveur d'un développement économique durable au sein duquel les activités liées aux ressources non renouvelables joueraient un rôle important. Or, de nombreux processus appuyés par le gouvernement ne prennent pas les ressources en considération, et les décisions prises au niveau opérationnel ne reflètent pas la vision d'ensemble.
Les promoteurs continuent d'être confrontés aux exigences élevées et variables des communautés et des conseils en ce qui concerne les retombées. Nous croyons que le manque de transparence relatif aux ententes sur les avantages mine la confiance que les personnes concernées devraient avoir envers le processus et les empêche de bien comprendre le fardeau qui pèse sur l'industrie. Les communautés et les régions tirent de nombreux bénéfices des ententes sur les avantages, de la création d'emplois directs et indirects, des droits d'accès et du partage des recettes en vertu des dispositions des règlements des revendications territoriales. Les communautés ne sont pas toujours bien informées de l'ensemble de ces avantages, ce qui mène à des discussions tortueuses et à une augmentation des exigences. Parallèlement, les entreprises doivent être pleinement conscientes de leurs obligations.
De plus, les exigences en matière de consultations sont lourdes et inefficaces. Il y a tant de consultations nécessaires que les communautés sont facilement surchargées et déroutées. Les exigences liées aux consultations ne sont pas non plus proportionnelles à l'importance des activités proposées. On entend souvent les gens se plaindre de l'incapacité du système de traiter plus de quelques requêtes à la fois. L'ACPP croit que la capacité n'est pas qu'une question de ressources, qu'elle se rapporte aussi à l'expertise disponible, à la souplesse, à la capacité d'obtenir les renseignements voulus en temps utile et à la manière dont les ressources sont utilisées. L'industrie peut témoigner du fait que la capacité est inadéquate, puisque le temps requis pour traiter les demandes augmente au lieu de diminuer, comme on pourrait l'espérer; les retards et les interruptions attribuables à des problèmes de disponibilité semblent être plus fréquents — par exemple, lorsque les conseils doivent atteindre le quorum; et les organismes de réglementation du Nord comprennent mal les pratiques de l'industrie.
Divers processus de planification sont en cours dans le Nord, pour l'aménagement du territoire et d'autres initiatives. L'industrie soutient l'aménagement du territoire, mais il arrive trop souvent dans le Nord que ce concept face office de processus de conservation, alors qu'il devrait plutôt servir à équilibrer l'utilisation des terres.
Divers rapports produits récemment exposent certaines solutions aux problèmes identifiés ci-dessus, qu'il s'agisse de rapports de la vérificatrice générale ou du récent rapport McCrank intitulé La voie de l'amélioration. Je serai ravi de remettre à votre greffier une copie de notre présentation à l'intention de M. McCrank, laquelle présente certaines autres mesures qui, selon nous, méritent d'être prises en considération. Je ne répéterai pas toutes les recommandations judicieuses qui ont été faites à ce jour pour améliorer le système, mais celles dont je vais parler méritent, selon moi, d'être soulignées.
Premièrement, il faut s'engager à mettre en place un meilleur système, un système plus fonctionnel. Les possibilités d'amélioration du système sont nombreuses, qu'il s'agisse de changements à petit échelle, tels que des ententes administratives entre les organismes de réglementation, ou de changements plus importants pouvant nécessiter des modifications législatives. Divers rapports en ont fait état. Il faut s'engager à mettre en œuvre les recommandations qui ont été formulées jusqu'à maintenant et rendre des comptes à cet égard.
Il faut établir l'équilibre entre les droits de surface et les droits d'exploitation du sous-sol. Dans le contexte des revendications territoriales de la vallée du Mackenzie, le gouvernement fédéral a l'occasion d'adopter une loi sur les droits de surface dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui confirmerait aux entreprises qu'elles recevront un traitement juste et transparent et renforcerait leur confiance.
Il faut veiller à ce que les objectifs et la pratique soient cohérents, et créer des mécanismes de reddition de comptes au sein du système à l'égard de ces objectifs. La volonté de favoriser le développement économique s'estompe trop souvent, ou on présume que c'est ce qui se passera inévitablement. Ce n'est pas le cas, comme nous l'avons appris au cours des quelques dernières années. Il est nécessaire d'exercer un leadership pour orienter les changements et permettre le développement.
Il faut clarifier les avantages et les attentes envers les consultations. Il serait utile de préciser le rôle, les responsabilités et les attentes de tous les intervenants.
Il faut relever les défis que pose la capacité, ce qui ne se résume pas à fournir des ressources additionnelles grâce au financement ou à la formation, bien que ce soit profitable; on doit envisager des moyens de consolider et de simplifier les processus afin que les ressources techniques et l'expertise disponibles soient utilisées de manière optimale.
Il faut trouver un juste équilibre dans l'aménagement du territoire. Les processus de planification doivent permettre tant l'accès et le développement responsables que la conservation, si le développement économique est souhaité.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui. Il est possible de créer dans le Nord une industrie viable et productive qui permettra une économie durable tout en protégeant l'environnement, qui contribuera au développement des communautés du Nord et qui aidera à promouvoir la souveraineté du Canada dans la région, mais il sera difficile de le faire si on ne relève pas les défis que je viens de mentionner.
Je répondrai avec plaisir aux questions du comité.
Merci.
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Bonjour. Comme l'a dit le président dans son introduction, je représente l'Imperial Oil, et je travaille plus précisément sur le projet gazier Mackenzie.
Imperial dirige le groupe d'entreprises qui ont proposé ce projet. Le développement économique du Nord ainsi que les possibilités et les défis qui y sont associés présentent un intérêt particulier pour les promoteurs du projet gazier Mackenzie. Je suis heureux de pouvoir vous communiquer notre point de vue sur le sujet, qui repose sur notre expérience.
Le projet gazier Mackenzie vise à exploiter le gaz naturel découvert dans la région du Delta du Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, à l'amener aux systèmes de canalisation existant en Alberta, et à l'utiliser en Amérique du Nord. Le projet comporte cinq éléments.
Les trois premiers éléments sont les puits de gaz naturel et les installations de production situés sur trois gisements de gaz naturel découverts dans les années 1970. La production de gaz naturel à partir de ces trois gisements totaliserait 830 millions de pieds cubes par jour.
Le quatrième élément est le réseau collecteur Mackenzie, qui consiste en 190 kilomètres de collecteurs de gaz enfouis, une installation de traitement du gaz naturel près d'Inuvik, et une canalisation de liquides du gaz naturel enfouie vers Norman Wells qui fait 450 kilomètres de long et 10 pouces de diamètre.
Le cinquième et dernier élément est un pipeline de gaz naturel enfoui dans le Nord-Ouest de l'Alberta qui fait 1 200 kilomètres de long.
La quantité de gaz naturel transporté par le pipeline de la vallée du Mackenzie pourrait être augmentée pour passer à 1,8 milliard de pieds cubes par jour si d'autres gisements de gaz naturel venaient à être découverts.
Les promoteurs du projet sont Imperial Oil, ConocoPhillips Canada, Shell Canada, ExxonMobil Canada et l'Aboriginal Pipeline Group, ou APG.
L'APG a été formé en 2000 et représente la participation des peuples autochtones des Territoires du Nord-Ouest dans le pipeline de gaz naturel de la vallée du Mackenzie. TransCanada Pipelines, qui finance cette participation à ce stade-ci du projet, possède une option d'achat sur le futur pipeline de la vallée du Mackenzie.
Le projet gazier Mackenzie constitue une possibilité de développement économique qui apporterait plusieurs avantages considérables. Il fournirait une nouvelle source de combustible brûlant sans résidus pour les consommateurs nord-américains et ouvrirait un nouveau bassin géologique, les régions du Delta de Beaufort et de la partie centrale de la vallée du Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, à l'exploration et au développement.
Ce projet créerait une base économique dans des régions des Territoires du Nord-Ouest qui en sont dépourvues, génèrerait des recettes pour les gouvernements, et créerait des milliers d'emplois partout au pays pendant la période de construction du projet, soit quatre ans, ainsi que des centaines d'emplois pendant la vingtaine d'années que durerait l'exploitation.
Il favoriserait les intérêts des peuples autochtones du Nord en leur accordant la priorité en ce qui concerne les emplois et les possibilités d'affaires, et c'est sans compter leur participation par le truchement de l'Aboriginal Pipeline Group. De plus, le projet ferait augmenter le produit intérieur brut pendant la durée de vie du projet, principalement dans les Territoires du Nord-Ouest.
Nous avons dû faire face à un certain nombre de difficultés jusqu'à maintenant, des difficultés qui ne sont pas l'apanage du projet gazier Mackenzie et que nous partageons à différents degrés avec d'autres projets de développement du Nord. J'en aborderai trois.
La première difficulté que pose le développement économique du Nord est l'environnement physique. Les Territoires du Nord-Ouest sont un milieu éloigné et inhospitalier où les infrastructures sont insuffisantes.
Pour le projet gazier Mackenzie, cela signifie qu'un très long pipeline doit être construit pour transporter le gaz naturel vers les marchés situés au sud. Des infrastructures totalisant plus de 2 milliards de dollars devront être construites: campements, routes, docks, pistes d'atterrissage, sources de matériaux granulaires, etc. La plupart des activités de construction ne peuvent avoir lieu qu'en hiver, lorsque le sol est gelé, ce qui prolonge la période de construction et accroît les risques associés aux échéanciers. De plus, les travailleurs et l'équipement doivent être transportés sur de grandes distances.
Ces défis physiques rendent le projet gazier Mackenzie plus dispendieux, ce qui n'est pas sans conséquences puisque le gaz du Mackenzie doit être livré aux marchés nord-américains à un coût concurrentiel par rapport aux autres types de gaz naturel, ce qui comprend le gaz naturel liquéfié, le gaz de schiste et le gaz naturel de l'Alaska.
La deuxième difficulté que pose le développement économique du Nord est le processus réglementaire, qui est essentiellement le fruit de la législation fédérale, mais qui reflète aussi les dispositions des accords sur les revendications territoriales. Les processus réglementaires qui s'appliquent au projet gazier Mackenzie se recoupent. Ils sont complexes, et leurs échéanciers sont incertains. Pour régler ces problèmes, 17 organismes de réglementation ont établi un plan en 2002 afin de coopérer les uns avec les autres et coordonner leurs processus.
Par exemple, ils se sont entendus pour regrouper trois examens environnementaux distincts dont le projet gazier Mackenzie devait faire l'objet afin qu'il n'y ait qu'un seul examen réalisé par un groupe d'étude mixte. Il s'agissait là d'une amélioration. Cependant, alors qu'il aurait normalement fallu 10 mois pour que le groupe d'étude tienne ses audiences et rédige son rapport, les audiences publiques ont duré 21 mois et il semble que la rédaction du rapport prendra un autre 24 mois. Le délai sera donc quatre fois plus long que prévu.
Parallèlement aux évaluations des impacts environnementaux, il faudra obtenir des milliers de permis de plusieurs organismes de réglementation pour les activités de construction et d'exploitation. Les processus d'examen relatifs à ces demandes de permis peuvent être simples comme ils peuvent être longs et complexes. D'autre part, notre expérience nous a prouvé que certains de ces processus peuvent être utilisés pour soulever des questions n'ayant rien à voir avec la réglementation, comme l'attribution des contrats. Il est arrivé qu'un groupe insatisfait de l'octroi d'un contrat entreprenne l'évaluation environnementale d'une demande de permis, retardant ainsi certaines des activités planifiées. Le processus d'examen réglementaire du Nord peut ainsi être utilisé pour des enjeux commerciaux, engendrant des incertitudes et des risques particuliers.
Le troisième défi que pose le développement économique du Nord est l'absence de lois en matière de droits de superficie. Les ententes sur les revendications territoriales établissent les droits de propriété relatifs à la surface et au sous-sol. On parle d'accéder aux terres de surface pour des activités de développement économique; les ententes sur les revendications territoriales prévoient des dispositions législatives relatives aux droits de surface de même que l'établissement de conseils des droits de surface. Cependant, ces dispositions n'ont jamais été mises en place, avec pour résultat que les promoteurs doivent négocier des accords individuels avec les propriétaires fonciers, sans norme ou modèle de référence. Le processus visant à établir des ententes d'accès aux terres de surface peut donc s'éterniser.
En résumé, le projet gazier Mackenzie constitue une possibilité de développement importante pour le Nord, notamment parce qu'il se situe dans une partie des Territoires du Nord-Ouest qui ne dispose actuellement d'aucune base économique. L'expérience que nous avons acquise en faisant avancer le projet a fait ressortir certaines des difficultés liées au développement économique du Nord.
Merci.
Je suis disponible pour répondre aux questions.
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Merci de nous permettre de vous présenter ces quelques notes sur la situation de l'industrie minière au Yukon.
[Traduction]
L'industrie minière au Yukon connaît tout un essor en 2009, une année qui, nous l'espérons, est la première d'une longue période au cours de laquelle les mines constitueront l'industrie numéro un du secteur privé.
L'industrie minière représente actuellement 6 p. 100 de l'économie du Yukon, comparativement à 3 p. 100 en 2006. Cette industrie continuera de croître au cours des années qui viennent.
Nous n'avons qu'une seule mine en exploitation, la mine Minto, qui exporte du cuivre et de l'or. Nous travaillons actuellement à mettre au point l'infrastructure de deux projets afin que la production débute en 2010. Deux autres projets sont très avancés et des décisions de mise en production devraient être prises au cours des deux prochaines années.
L'exploitation des placers demeure une industrie stable pour l'économie du Yukon avec 100 sites d'exploitation qui emploient de 400 à 500 Yukonnais. Il y a au Yukon de nombreux gisements de charbon, de minerai de fer, de métaux précieux et de métaux communs de classe mondiale qui n'attendent qu'une combinaison favorable de conditions de marché adéquates et le développement d'infrastructures pour passer en mode exploitation.
L'industrie minière emploie un nombre important de membres des communautés des premières nations. Par exemple, la mine Minto compte plus de 200 employés dont plus de 30 p. 100 sont membres des premières nations. Les mines Wolverine et Bellekeno, actuellement en exploitation, ont également établi un très bon niveau de participation pour les premières nations.
Relativement parlant, l'industrie minière est plus importante pour l'avenir économique et l'autosuffisance du Yukon que les pêches dans les Maritimes, que le secteur automobile en Ontario ou que le pétrole et le gaz en Alberta. Cependant, alors que l'industrie minière contribue grandement au futur du Yukon, cette industrie doit relever d'importants défis. Nous nous concentrerons sur deux de ces défis aujourd'hui.
Le processus de planification de l'utilisation des terres actuellement en cours jette une ombre sur le régime foncier et la certitude concernant la réglementation. En fait, l'absence de planification et l'absence d'investissements importants au niveau de l'infrastructure économique, principalement dans les secteurs de l'énergie, des routes, des chemins de fer et des ports, contribuent également à limiter le potentiel du Yukon.
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Je vais tout simplement prendre la suite de l'intervention.
Mon nom est Scott Kent. J'habite au Yukon depuis longtemps et je suis un ancien ministre du cabinet auprès du gouvernement du Yukon. De plus, j'occupe actuellement le poste de directeur exécutif auprès de la Chambre des mines du Yukon et de la Klondike Placer Miners' Association.
Comme Claire l'a mentionné, la planification de l'utilisation des terres est une question extrêmement importante pour nos organisations actuellement, étant donné que deux des huit régions du Yukon ont soit recommandé un plan d'utilisation des terres au gouvernement du Yukon ou ont présenté l'ébauche d'un plan à la commission de planification. Nous avons été témoins de la transformation du processus de planification d'utilisation des terres en une stratégie sur les aires protégées, laquelle a mené à des recommandations visant à exclure un très grand nombre de terres de tout projet de développement responsable.
Le plan visant la région du nord du Yukon déposé devant le cabinet du Yukon recommande que plus de 50 p. 100 de cette région soit exclue d'éventuelles activités d'exploitation. Le plan visant le bassin hydrologique de la rivière Peel, un secteur de la taille de l'Écosse, recommande que 63 p. 100 des terres situées dans ce territoire soient exclus de tout nouveau projet d'exploitation minière, une décision qui nous préoccupe au plus haut point.
En fait nous voulons nous assurer que l'exploitation des mines occupe la place qui lui revient dans les plans actuels et futurs et qu'elle soit conforme au chapitre 11 de l'accord-cadre final conclu entre les premières nations et le Yukon.
Le processus lié à la LEESY, la Loi sur l'évaluation environnementale et socioéconomique au Yukon, fait maintenant l'objet d'un examen quinquennal. Il est important que les activités d'exploration de première catégorie au Yukon continuent d'être exemptées des évaluations menées en vertu de la LEESY afin de maintenir des règles du jeu équitables pour les compagnies minières du Yukon. D'ailleurs, le Canada est l'une des trois parties visées par cette démarche, avec le gouvernement du Yukon et le Conseil des Premières nations du Yukon. Nous voulons nous assurer d'une prise en compte entière et équitable des changements recommandés du point de vue de leurs incidences pour les premières nations, l'environnement et l'économie.
J'aimerais maintenant parler un peu de certaines des infrastructures prévues ou en cours d'exécution sur le territoire du Yukon, en commençant par l'infrastructure électrique, l'électrification le long de la route 37 dans le nord de la Colombie-Britannique, communément appelée la route Stewart-Cassiar. L'idéal pour nous, serait de relier le réseau du Yukon à la Colombie-Britannique. En fait, cela permettrait au Yukon d'exploiter la production d'électricité dans un marché beaucoup plus grand. Cela nous offrirait des possibilités d'importation d'électricité pour répondre aux besoins de notre industrie minière en plein essor.
L'initiative actuelle visant à étendre le réseau de distribution d'électricité de la Colombie-Britannique jusqu'au lac Dease, si elle se concrétise, ouvrirait la voie à une connexion éventuelle avec le Yukon; un projet qui pourrait être réalisé. Le gouvernement de la Colombie-Britannique s'est engagé à investir 10 millions de dollars pour mener à terme le processus d'évaluation environnementale lié à la construction de la ligne électrique et à engager un autre 250 millions de dollars pour construire cette ligne si on peut garantir la participation de partenaires additionnels.
J'espère que le gouvernement du Canada sera à l'écoute des promoteurs de ce projet, la Mining Association of British Columbia. Le Canada pourrait certainement jouer un rôle important pour aider le Yukon à conclure un partenariat avec la Colombie-Britannique en vue de développer cette infrastructure électrique clé pour le Nord.
J'aimerais également parler brièvement du projet de construction du gazoduc de la route de l'Alaska. Environ 760 kilomètres de pipeline, ou 30 p. 100 de sa longueur totale, seraient situés sur le territoire du Yukon. Donc, on propose la construction d'un pipeline d'un diamètre de 42 à 52 pouces et une capacité de débit de 4,5 à 5,5 milliards de pieds cubes de gaz naturel par jour destinés aux marchés du sud, qui devrait également recueillir le gaz du Yukon au passage. Évidemment, nous serions heureux de voir le projet de la vallée du Mackenzie aboutir, étant donné que certains de nos bassins de gaz naturel sont situés près du pipeline de la vallée du Mackenzie.
On prévoit que la construction et l'exploitation de la route de l'Alaska généreront des emplois équivalant à 375 000 années-personnes au Yukon et au Canada pendant une période de 24 ans et permettront d'injecter des milliards de dollars dans l'économie du Canada et celle du Yukon. Ce projet profiterait également à l'industrie minière du Yukon car il lui assurerait une source d'énergie propre à faible coût pour les mines situées le long de la route.
Un des points qui préoccupe le gouvernement du Yukon, et certainement une inquiétude partagée avec les responsables du projet de la vallée du Mackenzie, est l'aspect certitude en matière de réglementation au Canada. Il faut régler cette question afin que ce projet de la vallée du Mackenzie puisse aller de l'avant.
J'ai quelques commentaires à faire au sujet de l'infrastructure des routes. La planification d'une infrastructure et l'investissement dans les routes desservant de multiples utilisateurs et de nombreuses mines est la prochaine étape nécessaire à la réalisation des projets miniers importants actuellement à l'étude au Yukon. La poursuite de la route des casinos, débutée à la fin des années 1980, permettrait de réduire les coûts opérationnels et d'assurer l'exploitation d'importantes réserves de cuivre et d'or situées au nord de Carmacks. Tout investissement dans ces projets miniers pourrait excéder plusieurs milliards de dollars en capitaux, créer des emplois dans les mines pour plus de 1 000 Yukonais pendant de nombreuses décennies et entraîner des retombées économiques multiples.
Une situation économique semblable existe au niveau des gisements mondiaux de plomb et de zinc ainsi que de tungstène situés le long du corridor Canol dans le centre-nord du Yukon. Encore là, ces projets généreraient des milliers d'emplois directs et indirects et des retombées économiques, des projets qui sont tous limités par l'accès routier pour le moment. Nous souhaitons que le Canada continue à appuyer les investissements du Yukon dans son infrastructure principale d'accès aux ressources. Investir aujourd'hui contribuerait à favoriser et à aider les investissements privés importants et directs tant au Canada qu'au Yukon étant donné que nous devons compétitionner sur le marché mondial pour obtenir ce type d'investissement.
Il y a quelques années, le gouvernement du Yukon, de concert avec l'État de l'Alaska, a entrepris une étude de cinq millions de dollars portant sur la possibilité d'établir un lien ferroviaire et portuaire à partir de l'Alaska et de la Colombie-Britannique jusqu'au Yukon. L'incidence économique combinée, tant pour l'Alaska que pour le Canada, entraînerait des retombées économiques additionnelles excédant 170 milliards de dollars américains sur une période de 50 ans créerait plus de 25 000 nouveaux emplois. Il ne faut pas oublier l'aspect distance alors que le Yukon bat le Brésil sur ce terrain car il est situé à distance égale de la Chine comme le sont l'Australie ou la Colombie-Britannique. Le Yukon peut exporter du charbon ou des concentrés de métaux à un prix concurrentiel sur le marché grâce aux ports de l'Alaska.
Nous espérons que le gouvernement canadien continuera d'entretenir des liens avec l'administration américaine et la délégation de l'Alaska au Congrès relativement à un financement éventuel du gouvernement américain déjà à l'étude pour ce projet.
J'aimerais terminer en disant que nous souhaitons voir un appui important sur le plan des investissements dans l'infrastructure. Investir dans l'infrastructure du Nord, c'est investir dans l'avenir du Nord et la souveraineté du Canada. Ce genre d'investissement profitera à long terme, non seulement à la population du Nord mais à tous les Canadiens. En fait, un tel investissement changerait la face du Nord comme l'a fait la ruée vers l'or du Klondike, la construction de la route de l'Alaska ou la découverte de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous entendons présenter une proposition au nouvel organisme de développement du Nord, conjointement avec nos collègues des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, en vue de financer une étude des incidences économiques de l'investissement au titre d'infrastructures au nord du 60e parallèle.
Merci de votre temps.
Mon nom est Lou Covello. Je suis géologue-conseil et président de la Chambre des mines des T.N.-O. et du Nunavut. J'aborderai les quatre premiers points du document et Pamela Strand, directrice et vice-présidente, abordera les trois derniers.
En 2008, les T.N.-O. et le Nunavut comptaient cinq mines en exploitation dont la valeur brute était de l'ordre de 2,16 milliards de dollars. Ce chiffre représente environ 45 p. 100 du PIB des Territoires du Nord-Ouest. À elles seules, les mines de diamants Ekati et Diavik ont employé au total 2 250 personnes au cours des quatre dernières années. Parmi ces travailleurs, 70 p. 100 étaient des résidents du Nord et de ce nombre, 40 p. 100 des Autochtones. Avant 1996, aucun de ces emplois n'existait.
Les activités d'exploration et d'exploitation dans le secteur minier ont stimulé l'éducation et le développement économique dans les communautés. Un exemple: la communauté de Behchoko, l'une de celles qui a le plus profité de l'emploi grâce à l'ouverture des mines de Diavik, d'Ekati et du lac Snap. Avant 1998, le niveau d'études postsecondaires se résumait à un ou deux diplômés d'études secondaires dans la communauté. Dix ans plus tard, ce chiffre est passé à environ 200 étudiants qui poursuivent des études postsecondaires à de différents niveaux.
L'industrie minière dans le Nord encourage les entreprises autochtones à participer à l'exploitation des mines. Un exemple: Tli Cho Logistics, une entreprise qui appartient entièrement aux Tlicho. Cette entreprise, créée en 1999, est récipiendaire du prix d'excellence décerné aux Autochtones par l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, l'ACPE, volet industrie minière.
C'est dans les années 1920 et 1930 que l'industrie minière au Grand lac de l'Ours et l'exploitation pétrolière à Norman Wells ont ouvert la porte au développement industriel dans le Nord. La plupart des infrastructures sont déjà en place dans les Territoires du Nord-Ouest. Le système de barge sur la rivière Mackenzie, la plus longue rivière du Canada, le chemin de fer du Nord, qui va de l'Alberta à Pine Point et Hay River, la route vers Yellowknife et la route Ingraham Trail à l'est de Yellowknife, ont été construits pour desservir les mines de cette époque. Actuellement, il n'y a aucune route au Nunavut.
Toute l'hydroélectricité dans les Territoires du Nord-Ouest — les rivières Bluefish, Snare et Taltson — est produite par des barrages construits par les entreprises d'exploitation minière pour alimenter leurs mines et les communautés avoisinantes. La mine de Pine Point est à l'origine de la construction du chemin de fer qui part du nord de l'Alberta et se rend jusqu'au port de Hay River. De plus, Pine Point a également favorisé la construction du barrage hydroélectrique sur la rivière Taltson et la mise en place du réseau de distribution qui dessert les communautés situées au sud du Grand lac des Esclaves.
La mine Nanisivik, située sur l'île de Baffin, a établi une communauté et construit un aéroport pour les avions à réaction et un port en eau profonde. D'ailleurs, ces installations sont actuellement utilisées par le gouvernement fédéral comme base stratégique dans le Nord. La mine Polaris était la mine située la plus au nord au Canada et la mine de métaux située la plus au nord dans le monde. Le toit de son usine de concentration a vu flotter le plus grand drapeau canadien. Notre technologie en matière d'écoulement glaciaire est connue dans le monde et a été mise au point pour aider les mines situées au Grand lac de l'Ours et à Lupin ainsi que les mines de diamants. La mine Port Radium, située sur le Grand lac de l'Ours, a mené à la création de la Société des transports du Nord. Cette société appartient maintenant aux Autochtones. Elle transporte des marchandises tout le long du fleuve Mackenzie jusque dans les communautés côtières de l'Arctique.
Il est temps que les responsables des transports et des réseaux d'électricité se dotent d'une nouvelle vision au service du développement du Nord. Les quelques personnes qui ont cette vision, ceux des trois territoires du Nord, ne suffiraient pas à remplir un stade de football. On ne peut s'attendre à ce qu'ils puissent assumer les coûts de ce développement. Imaginez la région du nord comme l'était celle des prairies en 1880. Seules quelques personnes avaient vu les prairies, mais déjà, certaines d'entre elles avaient compris l'avantage du chemin de fer comme moyen de relier la population de la côte est et de la côte ouest du pays.
Il y a actuellement plus de 30 gisements minéraux non exploités au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. Ils représentent une valeur brute cumulative excédant les centaines de milliards de dollars. Certains de ces gisements pourraient avoir des cycles d'exploitation pouvant s'échelonner sur plus de 100 ans. Tous ces gisements seraient exploités aujourd'hui s'ils étaient situés en Ontario ou au Québec.
Le Nord a besoin d'investissements majeurs en énergie hydroélectrique et nucléaire afin de faciliter l'exploitation ordonnée et de maximiser les profits provenant des richesses minérales dans le Nord du Canada. Si nous voulons exploiter des richesses autres que l'or et les diamants et être en mesure d'exploiter les métaux communs, nous avons besoin de routes, de ports, de chemins de fer et de tous les autres moyens qui nous permettront d'atteindre l'ensemble du Canada. La Chambre des mines des T.N.-O. et du Nunavut a rencontré des responsables de la Chambre des mines du Yukon et nous avons convenu de mener conjointement une étude des infrastructures dans le Nord.
Pam.
Je vais traiter des revendications territoriales et aborder quelques aspects des questions de réglementation avant de conclure la présentation.
Au Nunavut, environ 80 p. 100 de la population est composée d'Inuits et les accords sur les revendications territoriales ont été signées en 1993. Depuis, l'industrie minière a pris des engagements auprès des Inuits au sujet des terres leur appartenant et plusieurs ententes sur les avantages se sont révélées très fructueuses pour ce qui est d'offrir aux résidents du Nunavut des possibilités d'emploi, de formation et d'affaires. Cependant, depuis l'an 2000, nous avons vu un ralentissement des activités dans les principaux centres miniers. Il y a eu notamment la fermeture des mines Nanisivik, Polaris et Lupin. Nous avons également vu une forte augmentation des activités d'exploration. L'an dernier, plus de 200 millions de dollars ont été dépensés uniquement sur le territoire du Nunavut. Évidemment, nous avons aussi connu récemment une crise, mais les activités d'exploration se poursuivent. Les mines d'or de Hope Bay et de Meadowbank ainsi que la mine de fer de Baffinland sont actuellement exploitées. Il y a de nombreuses autres activités excitantes qui se déroulent au Nunavut, l'un des deux territoires où les revendications ont été réglées.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, environ la moitié de la population est d'origine autochtone et quatre revendications territoriales ont été réglées. Toutefois, il y a encore deux secteurs qui doivent être réglés. La chambre des mines estime qu'il s'agit là d'une initiative importante visant à faire avancer ces revendications et obtenir des ententes équitables. Non seulement le règlement de ces questions pourrait rassurer les peuples autochtones visés, mais elles permettraient également de clarifier les questions de propriété des terres et aideraient grandement tant les résidents que l'industrie minière à conclure les accords nécessaires pour mettre en valeur ces territoires.
Afin d'entretenir un climat d'investissement positif en vue du développement du Nord et aux fins de la participation des Autochtones, nous nous devons de parler du contexte de la réglementation. Dans le Nord, la réglementation est complexe. La Chambre des mines des T.N.-O. et du Nunavut a toujours jugé primordial d'assumer un rôle afin de bonifier le processus de réglementation visant l'exploration et l'exploitation minières dans les T.N.-O. et au Nunavut en participant activement à l'élaboration et à l'examen des structures légales et réglementaires applicables.
À titre d'exemples de ces démarches: nos présentations dans le cadre de l'Initiative d'amélioration de la réglementation dans le Nord, étude réalisée par Neil McCrank, et la loi adoptée récemment par le Nunavut, la Loi sur l'aménagement des terres et l'évaluation des répercussions au Nunavut. J'aimerais souligner quelques-unes de nos conclusions qui ont été intégrées à la présentation conjointe avec l'industrie dans le cadre de l'étude menée par M. McCrank.
Tout d'abord, au sujet de la capacité de nos conseils d'administration, nous devons veiller à ce qu'ils disposent de plans structurés d'orientation, de formation et d'études continues visant chacun des membres qui y sont nommés.
Au sujet de la consultation des Autochtones et des communautés, des précisions doivent être apportées sur la question.
Les ententes sur les répercussions et les avantages continuent de présenter des défis importants pour les partisans de ces ententes, soit les communautés et les responsables de la réglementation. La chambre croit qu'une politique officielle précisant la portée, la nature et l'objet de ces ententes permettrait de clarifier l'ensemble du processus.
En outre, il faudra affecter suffisamment de ressources au processus législatif. Nous avons vu récemment une ébauche de la Loi sur l'aménagement des terres et l'évaluation des répercussions au Nunavut. Ce pas en avant nous a vraiment ravi, mais nous devons nous assurer qu'elle fait l'objet de toutes les consultations requises et veiller à ce que les modifications nécessaires y soient intégrées. Une telle démarche exige qu'on y affecte du temps et des ressources étant donné qu'il s'agit là d'un processus complexe et difficile.
Nous devons également appuyer ce que les témoins précédents ont dit au sujet de la planification de l'utilisation des terres. Le gouvernement doit se doter d'une approche équilibrée. Comme il s'agit d'un processus à intervenants multiples, nous croyons que l'industrie devrait y être représentée de façon adéquate et ce, dès le premier jour.
Parlons un peu de la souveraineté de l'Arctique et de la souveraineté dans le Nord canadien. Nous estimons que l'industrie peut jouer un rôle important à cet égard. Et cela, sans qu'il vous en coûte un sou, parce que, à toutes fins pratiques, l'industrie s'autofinance. Nous injectons nos propres fonds une fois qu'un gisement est confirmé. Comme vous l'avez entendu, les mines Polaris et Nanisivik figuraient parmi les mines situées le plus au nord dans le monde. Croyez-moi, ce sont des Canadiens ordinaires qui font des choses ordinaires dans le Nord du Canada. Cela fait partie de notre travail.
Afin que les entreprises continuent d'y mener des activités, nous devons régler les questions de réglementation dont j'ai fait mention, mais nous devons également continuer de financer le secteur des sciences de la terre. Nous sommes heureux de l'investissement fait par le gouvernement du Canada dans le domaine des gemmes dont le montant s'élève à environ 100 millions de dollars répartis sur cinq années d'activités géoscientifiques dans le Nord.
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Merci à vous tous de vous être présentés devant nous.
Je suis le porte-parole de l'opposition officielle pour le Nord, alors vous entrez tous dans mon secteur de prédilection — à savoir les trois territoires. Nous sommes heureux de vous avoir avec nous.
L'automne dernier, dans le débat sur le budget, il n'y en avait que pour l'industrie manufacturière et l'industrie de l'automobile. J'ai écrit au ministre des Finances pour lui dire que dans le Nord, l'industrie minière et le tourisme sont importants, et j'ai été ravi de voir que ces éléments étaient traités dans le budget. Je suis donc d'autant plus heureux de votre présence ici aujourd'hui.
J'ai une question pour chaque groupe, alors je vous demanderais de vous en tenir à des réponses assez brèves, pour que je puisse poser toutes mes questions dans les cinq minutes dont je dispose.
Trevor et Lou, avant-hier, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et le ministre fédéral de l'Environnement ont donné une importante conférence pour annoncer la création du parc national Nahanni. En fait, une fête est prévue aujourd'hui à 17 heures au Château Laurier, puis à 19 h 30 au D'Arcy McGee, de l'autre côté de la rue. Je présume que vous y assisterez.
Devrions-nous hâter la conclusion de ce processus dès cette semaine? Avez-vous des préoccupations à exprimer à ce sujet? Nous n'avons rien entendu de négatif à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous les témoins.
Je m'appelle Greg Rickford, et je suis député de la grande circonscription de Kenora. Nos situations respectives présentent certaines similitudes. Je représente une grande circonscription, dont la superficie est supérieure à 320 000 milles pieds carrés, et où nous avons les Goldcorp et Placer Dome... Vous aurez compris que je parlais de kilomètres carrés, et non de pieds carrés, ce qui ressemblerait plutôt à certaines circonscriptions du Sud de l'Ontario.
Des voix: Oh, oh!
M. Greg Rickford: Monsieur Covello, voilà qui montre bien que tout ne va pas pour le mieux dans le Nord de l'Ontario. Nous vivons des difficultés réelles qui découlent de la loi ontarienne sur les mines, et nous avons certaines municipalités, comme Red Lake, qui bénéficient des retombées de l'une des plus grandes mines d'or au monde, pour dire les choses franchement.
J'aimerais parler un peu d'infrastructure et, si possible, poursuivre dans la veine amorcée par la question de M. Bevington. Je note au passage que l'infrastructure est devenue un bien grand mot. J'ai passé mes deux derniers week-ends à refaire la finition de mon canot, et je discutais tout bonnement avec un de mes amis, qui m'a dit: « Je parie que tu as bien hâte de l'essayer sur l'eau ». Je lui ai répondu: « Oui, mais je n'ai pas le moindre élément d'infrastructure qu'il faut pour le faire ». Je parlais bien sûr des avirons et du gilet de sauvetage.
À propos de toutes ces annonces que nous faisons au sujet des infrastructures, j'aimerais apporter quelques précisions. À ce sujet, Randy, vous avez parlé de l'infrastructure qui entoure les camps. Je me demandais si vous ne pourriez pas nous expliquer brièvement en quoi consiste, selon vous, le rôle du gouvernement en matière d'infrastructure, du moins en ce qui concerne les camps, compte tenu de la valeur que représente l'établissement de camps pour les mines, etc.
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J'ai sûrement déjà dit qu'un processus de planification de l'utilisation des terres était actuellement en cours. Ça fait partie de l'Accord-cadre définitif, c'est-à-dire le document législatif fédéral qui régit les revendications territoriales ici.
Au moment où on se parle, deux régions ont entrepris la préparation de plans d'utilisation des terres. Dans le Nord du Yukon, nous avons vu 50 p. 100 des terres détruites pour l'exploration minière, et un grand pourcentage, je crois, pour l'exploration pétrolière et gazière. Si l'on descend plus bas, dans la région du bassin Peel, qui fait actuellement l'objet d'une étude, on se rend compte qu'un projet a été soumis à l'approbation publique du Yukon et que certains commentaires ont déjà été formulés. Les autorités du Yukon recommandent que 63 p. 100 des terres, c'est-à-dire environ 10 000 kilomètres carrés, soient consacrées à de nouveaux projets d'exploration minière, ce qui, bien entendu, nous préoccupe beaucoup.
Nous nous classons au troisième rang, derrière les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique, pour ce qui est de la protection des terres. Nous parlons de différentes zones protégées, depuis les parcs nationaux — Kluane, Ivvavik et Vuntut — jusqu'aux parcs territoriaux comme Tombstone et Fishing Branch, en passant par les zones spéciales de gestion des premières nations qui devraient bientôt voir le jour.
D'après ce que nous avons constaté dans le Nord du Yukon et le bassin Peel, nous pourrions accepter de consacrer 25 à 30 p. 100 des terres à l'exploitation minière, mais il reste encore six plans à venir, ce qui préoccupe énormément notre industrie. C'est la première fois que les processus de planification des terres deviennent des stratégies sur les zones protégées.