:
Bonjour aux députés et aux témoins.
C'est la 32e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. Ce matin, nous accueillons le ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada.
[Traduction]
Le ministre s'est fait accompagner de collaborateurs qui représentent le ministère et la nouvelle Agence de développement économique du Nord. Les députés se rappelleront qu'il s'agit ici de la première séance de ce qui sera une étude exhaustive des obstacles au développement économique du Nord et des possibilités de développement.
Monsieur le ministre, nous sommes enchantés de vous accueillir ce matin pour lancer ce qui sera, nous le savons, une étude importante pour le comité, certainement, mais pour le Parlement aussi, croyons-nous, puisqu'il s'agit d'étudier des questions essentielles pour le Nord.
Comme d'habitude, il y aura d'abord un exposé de dix minutes, après quoi nous passerons directement aux questions des députés. Comme vous devez partir après la première heure, peut-être pourrions-nous discuter avec vous d'abord pour nous entretenir ensuite avec vos collaborateurs au cours de la deuxième heure. Cela dépend de vous. Si vous voulez également présenter plus officiellement ceux qui vous accompagnent, nous ne demandons pas mieux.
Monsieur le ministre, vous avez la parole.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, ainsi que les membres du comité. C'est un plaisir d'être parmi vous.
Vous entreprenez une étude très importante. Elle arrive à point nommé, car le potentiel du Nord suscite beaucoup d'enthousiasme, tout comme la situation qui règne dans cette région. Votre étude sera d'un grand secours pour le ministère, le gouvernement et le Cabinet. Je vous encourage dans ce travail, dont j'ai hâte de connaître les résultats. Je crois que c'est le début de choses passionnantes. J'ai donc hâte de prendre connaissance de vos rapports au fur et à mesure de vos travaux.
C'est un plaisir d'être ici aujourd'hui pour vous parler du développement économique dans le Nord et de son importance dans le cadre de la Stratégie gouvernementale pour le Nord du Canada, ainsi que des progrès réalisés récemment pour mettre en place l'Agence canadienne de développement économique du Nord, CanNor.
[Français]
Permettez-moi d'abord de vous présenter les personnes qui m'accompagnent aujourd'hui: Mme Nicole Jauvin, récemment nommée sous-ministre et présidente de CanNor, Michel Robillard, vice-président de CanNor — je crois qu'il habite maintenant à Iqaluit —, et Patrick Borbey, sous-ministre adjoint du secteur de l'organisation des Affaires du Nord, Affaires indiennes et du Nord Canada.
[Traduction]
Le Nord possède des ressources naturelles immenses. Selon les estimations, on y trouve le tiers des ressources en pétrole conventionnel qui restent au Canada. Au cours des huit prochaines années, les investissements du secteur privé dans la prospection d'hydrocarbures dans la mer de Beaufort, par exemple, totaliseront deux milliards de dollars. Ces activités auront d'importantes retombées économiques et rapporteront des avantages directs au Nord.
Grâce à ses cinq mines en exploitation dans le Nord, le Canada s'est hissé au quatrième rang, pour le volume, des plus grands producteurs de diamants au monde. Plus de 30 mines de types divers pourraient entrer en exploitation au cours des 15 prochaines années, ce qui ferait progresser la production de 1,6 à 10,5 milliards de dollars et ferait exploser la création d'emplois directs, dont le nombre atteindrait 11 000.
Bien sûr, le ralentissement économique s'est fait sentir dans le Nord comme partout ailleurs dans le monde, et la reprise ne sera pas immédiate. Exception faite de l'or et d'un raffermissement partiel des cours du diamant, les prix des minéraux sont beaucoup plus bas que l'an passé, et les investissements du secteur privé ont diminué. Le ralentissement économique a également provoqué des pertes d'emplois et un recul des taux d'emploi et de participation dans tout le Nord.
Nous avons cependant toutes les raisons d'être optimistes. L'économie va se redresser et le secteur des ressources demeurera le plus important moteur du développement économique dans le Nord. Voilà pourquoi nous devons veiller à ce que les conditions soient propices au développement, à ce que le développement soit durable et à ce que les habitants du Nord participent pleinement à toutes ses étapes et en tirent le maximum d'avantages.
[Français]
Favoriser le développement social et économique est l'un des quatre piliers de notre Stratégie pour le Nord, dévoilée initialement par le premier ministre en août 2007 et récemment confirmée dans le document intitulé « Stratégie pour le Nord du Canada: Notre Nord, notre patrimoine, notre avenir », que j'ai présenté cet été conjointement avec le ministre Cannon.
[Traduction]
Je vous invite, si vous ne l'avez déjà fait, à prendre connaissance des documents sur la Stratégie pour le Nord — je crois que nous en avons apporté quelques exemplaires aujourd'hui — et à visiter le site Web de cette stratégie, à l'adresse northernstrategy.gc.ca. On y trouve une information précieuse et abondante sur notre vision pour le Nord ainsi que sur les nombreux projets et investissements réalisés jusqu'à présent.
Il y a bien sûr les quatre piliers de la Stratégie pour le Nord, qui vous sont familiers: le développement économique et social, la protection de l'environnement, l'amélioration de la gouvernance et le transfert des responsabilités, et enfin la souveraineté. Nous avons déjà pris des mesures importantes qui se rattachent à ces quatre piliers, notamment l'acquisition de nouveaux navires de patrouille et un nouveau brise-glace de classe polaire, le plus puissant de la flotte de la Garde côtière canadienne. Un travail important a été réalisé pour renforcer la prévention de la pollution en portant à 200 milles nautiques la zone assujettie à la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques, soit l'intégralité de notre zone économique exclusive.
Pour nous attaquer aux problèmes des logements inadéquats et peu abordables, nous avons prévu 200 millions de dollars sur deux ans pour appuyer la rénovation et la construction de logements sociaux dans les territoires, dont 100 millions de dollars destinés au Nunavut, où les besoins en logements sociaux sont les plus criants. Ces montants s'ajoutent évidemment aux 300 millions de dollars accordés à la Fiducie pour le logement dans le Nord, annoncés en 2006.
[Français]
Afin de maximiser le potentiel économique du Nord, nous avons entrepris de « cartographier » les ressources du Nord grâce au programme de géocartographie de l'énergie et des minéraux.
[Traduction]
Pour assurer des conditions favorables au développement, nous poursuivons nos efforts en vue de modifier le régime de réglementation dans le Nord. J'ai hâte de présenter à la Chambre, au cours de l'automne, une proposition législative concernant une loi sur la planification et l'évaluation des projets au Nunavut, et j'espère pouvoir compter sur l'appui des membres du comité à cet égard. Je vais poursuivre le travail avec mes collègues du Cabinet pour apporter d'autres changements. J'ai hâte également d'entamer le dialogue avec les habitants du Nord et les organisations autochtones afin de continuer à simplifier le régime de réglementation pour lever les obstacles au développement.
Nous avons amélioré le programme de Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones afin d'aider les habitants du Nord à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour profiter d'occasions de développement économique de plus en plus nombreuses et diversifiées. Je suis heureux de vous informer que trois nouveaux projets ont été annoncés récemment dans le Nord, un dans chacun des territoires.
Je voudrais maintenant vous parler d'un jalon particulier très important de notre Stratégie pour le Nord, soit la création de CanNor, la nouvelle Agence de développement économique pour le Nord. Le gouvernement a annoncé pour la première fois son intention de créer CanNor dans le discours du Trône de novembre 2008. Le Plan d'action économique a prévu 50 millions de dollars sur cinq ans pour mettre cet organisme sur pied.
[Français]
J'ai vraiment apprécié d'être en compagnie du premier ministre à Iqaluit, au mois d'août dernier, lorsqu'il a officiellement annoncé la création de CanNor, dont l'administration centrale sera établie à Iqaluit. Cette annonce a couronné plusieurs mois de travail pendant lesquels des fonctionnaires et moi-même avons discuté avec les résidants du Nord de cette nouvelle agence, de son fonctionnement et de ses structures.
[Traduction]
Le mandat de CanNor sera de promouvoir le développement économique dans les trois territoires du Canada premièrement en mettant en oeuvre son propre ensemble de programmes de développement économique régional, deuxièmement en coordonnant la réalisation d'initiatives économiques nationales et en agissant comme agent de mise en oeuvre au niveau régional et troisièmement en élaborant des politiques et en faisant des recherches, et en jouant un rôle de défenseur pour appuyer la prestation efficace des programmes et la prospérité à long terme des habitants du Nord.
:
Il est possible que le problème soit mon français.
Des voix: Ah, ah!
L'hon. Chuck Strahl: Non, ce n'est pas possible.
[Traduction]
Peut-être pourrais-je vous proposer un aperçu des principaux programmes que le nouvel organisme offre dans le Nord.
Le premier programme, ce sont les Investissements stratégiques dans le développement économique du Nord, ISDEN. Cette initiative a été renouvelée dans le cadre du Plan d'action économique du Canada, et elle est dotée de fonds de 90 millions de dollars sur cinq ans, partagés également entre les trois territoires. Le programme, axé sur le développement économique à long terme, prévoit des investissements qui consolident les secteurs porteurs des économies territoriales. Il aide à diversifier l'économie ou permet aux habitants du Nord de participer plus pleinement à l'activité économique des territoires.
L'une des caractéristiques particulières de l'ISDEN est qu'elle utilise des plans d'investissement quinquennaux élaborés de concert avec les gouvernements territoriaux, les dirigeants autochtones et le secteur privé. Ces plans guident les décisions prises en matière d'investissement pendant les cinq années du programme et permettent de garantir que les fonds sont utilisés de façon stratégique et dans un esprit de collaboration. Il ne fait pas de doute dans mon esprit que l'une des raisons qui expliquent l'appui enthousiaste réservé à l'ISDEN, notre principal programme d'investissement dans le Nord, est l'esprit de coopération qui a présidé à l'élaboration, avec les habitants du Nord, des plans quinquennaux d'investissement.
Les programmes de développement économique des Autochtones sont un volet important de l'ensemble des programmes de l'agence, étant donné que les peuples autochtones représentent plus de la moitié de la population des territoires. Parmi les programmes offerts, signalons les programmes de développement économique des collectivités autochtones et Entreprise autochtone Canada, qui cible la formation et le développement d'entreprises autochtones. Bien que ces programmes conservent une portée nationale, CanNor en assurera la mise en oeuvre dans les territoires. Il y aura donc une certaine synergie à l'intérieur de l'agence.
Il vaut la peine de signaler que le Cadre fédéral pour le développement économique des Autochtones, que le gouvernement a présenté récemment, définit de nouvelles priorités pour les programmes de développement économique des Autochtones, y compris pour les programmes transférés à CanNor. Cet hiver, des fonctionnaires d'Affaires indiennes et du Nord Canada rencontreront des dirigeants autochtones afin de discuter des moyens d'améliorer les programmes et de les faire mieux correspondre aux priorités énoncées dans le cadre. L'agence appliquera également le volet nordique de deux programmes de stimulation économique annoncés dans le Plan d'action économique: le Fonds d'adaptation des collectivités et le Programme d'infrastructures de loisirs Canada, ou ILC.
Enfin, CanNor est responsable du Bureau de gestion des projets nordiques, le BGPN. Celui-ci dirigera les efforts fédéraux pour mener des consultations sur les projets d'exploitation des ressources naturelles dans le Nord, les coordonner, les gérer et en effectuer le suivi dans les trois territoires. Pour la première fois, les promoteurs des projets auront accès à une gamme complète de services auprès d'un fournisseur unique, ce qui facilitera les processus d'examen réglementaire et de consultation. Le bureau coordonnera également le travail des ministères et organismes de réglementation fédéraux pendant les phases d'évaluation environnementale et d'attribution des permis.
La création d'un bureau de cette nature est l'une des recommandations de M. Neil McCrank, à qui on avait demandé d'examiner les moyens d'améliorer le régime réglementaire dans les territoires. Il a comparu devant le comité au printemps. En fin de compte, l'objectif du BGPN sera d'assurer un processus d'examen plus transparent, prévisible et rapide pour les grands projets d'exploitation des ressources et d'apporter des changements constructifs dans notre façon de faire des affaires dans le Nord.
[Français]
Le dernier secteur de responsabilités que j'aimerais souligner est celui du perfectionnement des compétences. Un des objectifs importants de la nouvelle agence est de veiller à ce que les résidants du Nord participent aux activités de développement économique réalisées dans les territoires et qu'ils en profitent. Le premier ministre a souligné ce point à plusieurs reprises lors de sa récente tournée en Arctique.
[Traduction]
Puisque nous reconnaissons le lien important qui existe entre le perfectionnement des compétences et le développement économique, nous prévoyons intégrer dans les bureaux de CanNor à Iqaluit des employés de Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Ils auront un double rôle: travailler avec les habitants du Nord pour leur faciliter l'accès aux programmes nationaux de perfectionnement des compétences et travailler avec les employés de CanNor pour s'assurer que le perfectionnement des compétences est un facteur qui fait partie intégrante des décisions de l'agence en matière d'investissement.
Cette entente est essentiellement un projet pilote. S'il est une réussite, il pourrait se prolonger, mais il est évident que nous souhaitons vivement que le lien entre perfectionnement et développement économique, qui est logique, soit facilité par les relations entre CanNor et RHDCC.
Je suis emballé par les progrès réalisés à ce jour tout aussi bien dans la mise en place de CanNor que dans la mise en oeuvre de la Stratégie pour le Nord. Je suis convaincu que le gouvernement est dans la bonne voie.
J'ai été heureux de recevoir une lettre des maires de Tuktoyaktuk et d'Inuvik. Ils ont écrit ceci: « CanNor annonce aujourd'hui le financement d'une étude sur la construction d'une route praticable en tout temps entre Inuvik et Tuktoyaktuk, et nous tenons à vous exprimer notre profonde gratitude pour la célérité avec laquelle notre demande a été étudiée et l'engagement financier auquel votre ministère a gracieusement consenti. »
Voilà en fait un hommage au fait que le personnel de CanNor s'est mis à l'oeuvre sans tarder. Un gros travail préparatoire a suivi l'annonce, en 2008. Après l'annonce que le premier ministre a faite l'été dernier, nous avons pu faire connaître des décisions prises en consultation avec les habitants du Nord et qui ont rapidement été interprétées, je crois, comme le début d'une nouvelle relation avec cette population: les décisions se prennent dans le Nord, dont un bon nombre par l'entremise de l'agence et en étroite collaboration avec les habitants du Nord.
Je sais que nous tenons tous à atteindre l'objectif de jeter les bases d'un avenir économique prospère pour ceux qui vivent dans le Nord, y travaillent et y subviennent aux besoins de leur famille. Je le répète, j'ai hâte de prendre connaissance de vos délibérations, de vos études et de vos rapports.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir à poser.
Merci beaucoup.
:
Il est certain que j'ai parlé au ministre de la Justice, mais le problème, c'est que ce dossier relève avant tout de lui et pas de moi. Je ne peux pas m'engager au respect de certains délais au nom d'un autre ministre, mais je peux dire qu'il y a eu des échanges suivis.
Je me suis rendu récemment au Yukon, comme vous le savez, au forum intergouvernemental. La question a été abordée, et nous en avons discuté. Il y a eu non seulement une discussion bilatérale, mais aussi une discussion dans le cadre du forum. De bons progrès ont été accomplis et j'ai l'impression que le dossier continue d'avancer.
Comme vous le dites, le problème remonte bien avant la législature en cours et même avant le gouvernement actuel. Chose certaine, j'ai pu donner l'assurance, de mon point de vue et de celui du gouvernement, que nous avons hâte de conclure avec eux cet accord en matière de justice. La question est complexe, car il s'agit d'une première et de multiples ministères sont en cause.
Ce n'est jamais facile, mais j'ai l'impression que le dossier continue de progresser. Je ne saurais me prononcer à la place du ministre de la Justice, mais j'ai discuté avec lui, et il reste déterminé à faire aboutir cet accord. Je suis persuadé que tout s'arrangera, mais je ne peux pas donner de date. Cela ne relève pas de mon ministère.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre et madame Jauvin.
D'entrée de jeu, j'aimerais dire qu'on utilisait le terme « première nation », mais qu'on a changé cette appellation pour englober les Inuits. Ces derniers ne se considèrent pas comme une première nation, mais ils acceptent de se considérer comme « premier peuple ». Il y a une université à Val d'Or qu'ils peuvent atteindre.
Monsieur le ministre, parmi les récentes mesures fédérales pour le développement économique du Nord, vous avez formé l'agence CanNor, dont l'administration se trouve à Iqaluit, ce qui laisse entendre que cette agence va principalement s'occuper d'investissements dans les territoires. On sait que vous avez déjà prévu 200 millions de dollars pour le Québec. C'est une mesure que vous avez mentionnée dans le message d'introduction du Cadre fédéral pour le développement économique des Autochtones, que vous avez signé. On peut y lire ceci: « Le nouveau Cadre fédéral pour le développement économique des Autochtones mise sur un nombre de mesures fédérales récentes visant à améliorer la participation des Premières nations, des Inuits et des Métis à l’économie [...] ».
Les 200 et 300 millions de dollars dont vous parlez sont-ils administrés complètement par CanNor? Cette agence a-t-elle le pouvoir d'investir ailleurs que dans les territoires?
Le montant dont j'ai parlé, les 200 millions de dollars, concernaient le logement, et plus précisément l'investissement dans le logement. Les 300 millions se rapportaient à la Fiducie pour le logement dans le Nord. Ils étaient prévus dans un budget antérieur, mais ce fut un moyen efficace d'améliorer la situation du logement dans les territoires. Cet argent n'est pas administré par CanNor, ni même par mon ministère. Ce sont les gouvernements des territoires qui ont géré l'argent de la fiducie. Dans le cas d'une grande partie des autres fonds, c'est la Société canadienne d'hypothèques et de logement qui s'occupe des logements sociaux. Toutes ces annonces ont porté sur le logement.
Nous avons pu harmoniser ces efforts, dans une certaine mesure, avec la formation professionnelle en faisant participer les habitants du Nord aux travaux de construction. À Iqaluit, on construit des immeubles de huit logements. Tous ceux qui y travaillent, tous les apprentis, sont des Inuits des territoires. Ils obtiennent ainsi leur titre de compétence pour profiter plus à fond des investissements dans le logement.
L'argent dont je parlais n'est pas administré par CanNor; il vient d'autres engagements qui ont été faits par l'entremise des organismes territoriaux du logement.
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Excellente question. Il est certain que le sujet a été soulevé maintes fois pendant l'été, lorsque le premier ministre a annoncé la création de l'agence. Tous les habitants du Nord, et on peut le comprendre, veulent être rassurés. Le premier ministre leur a donné l'assurance qu'on s'efforce de faire en sorte qu'ils aient des emplois et qu'ils puissent exercer une influence et prendre des décisions.
Dès maintenant ou plus tard, Mme Jauvin pourrait peut-être parler des efforts déployés pour que nous recrutions des habitants du Nord, plus précisément pour cibler, en y insistant, la participation des Inuits et des membres des Premières nations à l'agence — selon l'endroit où on se trouve dans le Nord — aux rôles de décideur et de dirigeant. Il faut s'assurer que l'agence s'acquittera de son mandat en écoutant les habitants du Nord et en collaborant étroitement avec eux.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, par exemple dans le cas de l'administrateur de l'ISDEN, un processus est déjà en place pour que nous travaillions main dans la main avec les habitants du Nord pour ce qui est des plans quinquennaux d'investissement. C'est un bon exemple de ce que nous pouvons faire. Que ce soit au forum intergouvernemental au Yukon, à Yellowknife, où je me suis rendu il y a 15 jours, ou encore à chacun de mes voyages à Iqaluit ou ailleurs au Nunavut, on me réclame des assurances, et nous avons pu les donner. Au gré du développement de CanNor, les habitants du Nord participeront à tous les niveaux, et nous entendons faire beaucoup de recrutement. Certains des gouvernements dans le Nord craignent un peu que cela ne les prive de tous leurs bons employés. En vérité, nous recrutons, nous engageons et nous voulons que les habitants du Nord participent au développement de l'agence.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir discuter avec vous aujourd'hui, monsieur le ministre.
Je voudrais d'abord parler des initiatives d'amélioration de la réglementation que vous avez signalées. Vous avez parlé du Nunavut, mais nous n'avons pas vraiment discuté des Territoires du Nord-Ouest.
J'en reviens à une lettre signée en décembre par le ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest. Il y disait très clairement souhaiter que les modifications de la réglementation servent l'intérêt public des Territoires du Nord-Ouest, qu'elles permettent à leurs habitants de prendre des décisions chez eux et qu'elles facilitent l'éventuelle dévolution de pouvoirs au gouvernement territorial, car, bien entendu, c'est dans les régimes réglementaires que résident une grande partie des pouvoirs en matière d'exploitation des ressources.
Vous venez de mettre sur pied le Bureau de gestion des projets nordiques à Iqaluit. Comment cela va-t-il faire évoluer la situation dans le sens souhaité par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, qui réclame un régime de réglementation qui donne plus de pouvoir et d'influence aux habitants du Nord? Est-ce qu'il ne s'agit pas simplement d'un autre dispositif bureaucratique qui repoussera davantage la dévolution?
Il me semble important de signaler que non seulement CanNor a des bureaux dans chacun des territoires et son siège dans le Nord, mais aussi que le siège du BGPN se trouve à Yellowknife, ce qui sera particulièrement utile, surtout au début, pour les entreprises et les gouvernements, par exemple, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Même s'il n'y avait pas d'autres modifications dans le régime de réglementation — mais il y en aura — et s'il fallait se contenter du statu quo — mais je ne crois pas qu'aucun ordre de gouvernement ni gouvernement des premières nations prétendent que le statu quo soit l'idéal —, ce que j'entrevois pour le Bureau de gestion des projets nordiques, c'est ceci. Lorsque quelqu'un se présente et propose d'exploiter une nouvelle mine de diamants, il dit: « Je veux travailler avec votre bureau pour que vous me guidiez dans le régime réglementaire existant, que nous fassions dans le bon ordre les études exigées, que nous nous adressions aux bonnes commissions et n'omettions pas de nous adresser au MPO au bon moment, que nous obtenions toutes les approbations dans les meilleurs délais, pour que vous me guidiez dans le labyrinthe. » Voilà le genre de plainte que j'entends fréquemment dans le Nord. Il est difficile de s'y retrouver dans toutes les étapes, et les gens reviennent dire à peu près ceci: « J'ai dû revenir en arrière, refaire le processus, et il m'a fallu six mois de plus. »
Le grand avantage du BGPN, quel que soit le régime de réglementation — et il changera à la faveur de la dévolution —, pour la même raison que dans le Sud, où les provinces sont dotées de tous les pouvoirs, c'est qu'il peut aider le promoteur d'un grand projet à suivre les étapes successives, à ne rien rater et à obtenir au moment voulu toutes les approbations.
De plus, le BGPN pourra aider à la tenue de consultations, consultations qui sont nécessaires avec les premières nations, car j'entends dire ceci d'un bout à l'autre du pays: « Si seulement j'avais su, j'aurais démarré les consultations sans tarder. »
:
Je félicite Mme Jauvin et ses collaborateurs. Ils ont joué un rôle très dynamique d'un bout à l'autre de la région du Nord. Ils sont allés à une multitude de réunions, de forums et de fêtes pour essayer de trouver comment nous pouvons faire en sorte que l'agence reflète les préoccupations des habitants du Nord. Ainsi, au forum intergouvernemental, il n'y a pas longtemps, au Yukon, l'une de choses que les participants voulaient savoir, c'est comment faire valoir leurs intérêts. Je leur ai promis que, le printemps prochain, nous discuterions avec eux. Entre-temps, nous les consulterons. D'ici le printemps prochain, Mme Jauvin ou son représentant sera là-bas pour expliquer au forum intergouvernemental comment les choses vont marcher, comment nous entrevoyons le déroulement des choses. Nous ferons rapport aux habitants du Nord de façon officielle et officieuse.
Il ne faut pas sous-estimer la valeur de ce rôle de promoteur. Il y a un ou deux ans, nous avons eu à Ottawa les Journées du Yukon. Des représentants du gouvernement du Yukon et des groupes autochtones sont venus, et ils ont connu une semaine très fructueuse. Ils se sont entretenus avec des ministres et ont eu des rencontres avec des représentants du secteur privé et d'ONG. Nous avons pu braquer notre attention sur le Yukon pendant une semaine. C'était sans précédent. Il en est ressorti que les habitants du Nord veulent se faire entendre et s'assurer d'être entendu. CanNor pourra aider à ouvrir des oreilles.
Le gouvernement fédéral est lié au Nord, où il a des responsabilités particulières. Il est difficile pour les promoteurs et ceux qui occupent pour la première fois à des postes de commande de comprendre comment évoluer dans le labyrinthe qu'est le processus de prise de décisions à Ottawa. Lorsque des gens se présenteront avec un problème ou une proposition passionnante, CanNor sera un guichet unique où on les aidera à trouver des solutions, à établir des contacts, à s'y retrouver dans le labyrinthe. Dans bien des localités de nombreuses régions, il n'y a presque aucune présence fédérale, et encore moins de guichet unique. Ce sera un excellent rôle, et je me réjouis de connaître votre point de vue sur les moyens d'en tirer le maximum. J'espère que, à la faveur de vos déplacements dans le Nord, vous pourrez apprendre ce que les gens considèrent comme utile ou au contraire comme une ingérence. Nous voulons avoir la certitude de jouer juste.
Monsieur le président, je m’excuse, je n’ai pas de notes d’allocution officielles, mais je vais quand même dire quelques mots à titre informel.
De toute évidence, c’est un énorme privilège pour moi d’avoir été sollicitée pour occuper cette importante fonction. C’est avec un très grand enthousiasme que j’affronte les défis qui nous attendent. Je m’attends à travailler très fort avec tous nos différents partenaires pour faire de notre agence un organisme fort et dynamique. J’ai hâte en particulier de collaborer avec les membres de votre comité qui, je le sais, s’intéresse beaucoup au Nord. Ayant pris connaissance du compte rendu des réunions précédentes, j’espère pouvoir contribuer à vos discussions.
L’agence n’existe au total que depuis huit semaines et quelques heures, mais les dernières semaines ont été extrêmement occupées. Nous avons essayé de concentrer notre attention sur nos priorités, et je crois que nous avons réussi.
La première consiste évidemment à poursuivre la mise en œuvre de tous les programmes nécessaires et de veiller à une transition harmonieuse.
La deuxième grande priorité est d’établir des relations, partout dans les territoires, avec tous les partenaires que nous devons avoir. Beaucoup des membres du personnel de l’agence sont connus dans les territoires où ils travaillaient depuis un certain temps déjà. Toutefois, Michel et moi ainsi que d’autres cadres supérieurs venons d’arriver dans le Nord. Nous croyons qu’il est important d’établir immédiatement des contacts avec nos partenaires des territoires.
Enfin, l’autre priorité est d’organiser l’agence. Comme je sais que le temps du comité est très précieux, je vous épargnerai toutes les histoires, aussi intéressantes qu’elles puissent être, que je pourrais vous raconter au sujet de l’organisation d’une agence: chercher et aménager des locaux, établir des laissez-passer pour l’immeuble et ainsi de suite. C’est une vraie partie de plaisir.
Comme je l’ai dit, nous avons entrepris, en tout premier lieu, de consulter les différents groupes que nous desservons dans le Nord. Bien entendu, Michel et moi avons déjà visité tous les territoires, mais nous devons aller bien au-delà. Il faut se rendre dans les collectivités pour bien comprendre comment les gens y vivent.
Michel Robillard, le vice-président de l’agence, est maintenant établi à Iqaluit.
[Français]
Il est bien installé à Iqaluit et je suis certaine que vous aurez l'occasion de lui demander comment ça va.
[Traduction]
Au-delà de notre mandat officiel, nous voulons devenir des porte-parole crédibles et efficaces du Nord à Ottawa et constituer en même temps un guichet unique pour la population du Nord qui souhaite avoir accès à l’ensemble des programmes économiques fédéraux. C’est une chose que nous ferons sur le long terme, mais nous avons constamment cet objectif à l’esprit.
C’est tout ce que je vous dirais pour le moment. Vous avez probablement beaucoup de questions à poser. Nous ferons de notre mieux pour y répondre.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de démarrer la minuterie, permettez-moi de formuler une observation avant de commencer à poser des questions.
Il est regrettable que le ministre n’ait pas pu rester un peu plus longtemps car certaines des questions le concernent, à titre d’administrateur en chef aussi bien de ce projet particulier que d’autres initiatives. J’espère que vous tiendrez donc compte du fait que certaines des questions que nous poserons auraient probablement dû lui être adressées directement.
[Français]
Madame Jauvin, monsieur Robillard et monsieur Borbey, bienvenue.
[Traduction]
Je vous félicite pour votre nomination, mais vous aurez une tâche difficile. Comme je viens de le dire au président, quelques-unes des questions que nous vous poserons vous sembleront peut-être un peu embarrassantes, mais ce n’est pas si grave. Après tout, vous ne faites ce travail que depuis huit semaines.
Permettez-moi de vous demander très rapidement ceci: Connaissez-vous le fonds du projet de gazoduc de la vallée du Mackenzie?
:
Maintenant que l'interprétation fonctionne, on reprend. Je suis arrivé en retard parce que je devais parler d'un dossier à la Chambre.
Comme vous êtes originaire de la région de Rouyn-Noranda, je pense que vous serez un actif intéressant pour le Nord. Si on vous a choisie pour remplir un rôle aussi important, c'est parce que vous avez, j'en suis convaincu, une bonne expérience.
Cependant, je suis inquiet. On sait ce que fait Développement économique Canada pour les régions du Québec. On sait aussi ce que fait FedNor. Par ailleurs, CanNor me pose certains problèmes. On dit que: « L'Agence est également responsable du volet nordique de deux programmes de stimulation économique [...] Ie Fonds d'adaptation des collectivités et Ie Programme d'infrastructures de loisirs Canada. » Elle est également responsable du Bureau de gestion des projets nordiques, ce qui est énorme.
Nous irons faire un tour dans ce coin, à Iqaluit, le 24 novembre. Est-il possible d'avoir un organigramme? Il m'apparaît que CanNor s'ajoute au-dessus de ce qui était le Bureau de gestion des projets nordiques; ce n'est pas clair. Si j'avais une seule chose à vous demander, ce serait la suivante. Quel est le rôle exact de CanNor dans la vie de tous les jours à Iqaluit ou ailleurs dans le Nord?
:
Cela en fait beaucoup. Je vous remercie.
Il s’agit d’un projet dont le ministère s’occupait jusqu’à la création de CanNor. C’est maintenant un projet de l’agence. Il n’y a pas de doute qu’il est très intéressant, compte tenu de la possibilité de prolonger la route de Dempster jusqu’à l’océan Arctique. CanNor finance une partie de l’étude de faisabilité, notamment le travail préparatoire. Le projet nécessitera d’importants investissements en infrastructure, auxquels devront participer d’autres secteurs du gouvernement lorsqu’une décision sera nécessaire. C’est maintenant Nicole qui est responsable du projet qui, comme je l’ai dit, est vraiment très intéressant.
Je suis bien d’accord que Radarsat constitue un atout important que le gouvernement a déployé pour le Nord. Il joue un grand rôle en nous aidant à perfectionner notre connaissance de la région. Je ne suis pas un spécialiste du Nord, mais des choses telles que l’état des glaces, les brise-glaces et les équipes scientifiques que nous envoyons dans le Nord dépendent énormément de Radarsat pour l'évaluation de la situation. La technologie est nettement plus avancée que celle de Radarsat 1. Il y a donc de nombreux avantages.
Toutes sortes d’applications seront développées au cours des prochaines années, y compris des programmes qui aideront les chasseurs inuits à se servir de leurs connaissances traditionnelles d’une façon plus sûre. De plus, Radarsat fait partie du projet de station de recherche de l’extrême Arctique, en ce sens qu’il permettra de faire davantage de travaux scientifiques dans le Nord pour la population locale.
Pour ce qui est de votre étude, je crois que vous avez beaucoup parlé de développement des compétences, d’outils, de mécanismes et de la façon dont tout cela concourt à une participation plus entière des Autochtones et des habitants du Nord, particulièrement dans le secteur des ressources. On peut s’attendre à un grand essor et à du développement un peu partout, mais le secteur des ressources demeurera le moteur de l’économie.
Il y a beaucoup d’exemples dans la région. Diavik et Ekati ont fait quelques importants investissements qui ont aidé dans ces domaines. Quand on parle aux chefs autochtones de la région de Tlicho, on se rend compte qu’ils ont des histoires intéressantes à raconter. La plupart des jeunes vont à l’université. Beaucoup de gens acquièrent des compétences pour faire partie de la nouvelle économie. Le Nunavut à un nombre considérable de projets qui peuvent bientôt se transformer en mines actives. Nous espérons que la première ouvrira au Nunavut dans le premier trimestre de 2010.
Il y a là une histoire à raconter, qui mérite d’être entendue et comprise, car elle montre comment les promoteurs travaillent avec les gouvernements, avec CanNor maintenant, avec RHDCC, le gouvernement territorial et les collectivités pour que des emplois soient créés et que de nouvelles compétences soient acquises au profit du Nord.
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Merci, monsieur le président. Je remercie aussi les témoins.
Je voudrais savoir de quelle façon le développement économique autochtone s’inscrit dans tout ceci. Dans la grande circonscription de Kenora, nous avons vraiment bien réussi l’année dernière à renforcer la position des collectivités des premières nations et à mettre en œuvre des instruments efficaces — en dehors d’AINC, mais dans le cadre de certaines parties du plan d’action économique du Canada — qui ont permis d’améliorer sensiblement, par rapport aux années précédentes, la capacité des collectivités des premières nations d’établir des relations avec le secteur privé. Cette analyse, de même que les politiques et les annonces qui en ont découlé, a largement contribué en une très courte période à intégrer les besoins d’infrastructure et les éléments de développement communautaire.
Je vois la situation dans le Nord... Ma circonscription s’étend jusqu’aux rives de la baie d’Hudson. J’ai donc de la difficulté à la situer autrement dans le Nord.
Nous voulons comprendre — je parle des membres du comité — le cadre de développement économique des Autochtones. On a dit tout à l’heure que nous avons défini de nouvelles priorités pangouvernementales pour le développement autochtone. Je me demande, Patrick, si vous pouvez nous en dire davantage à ce sujet. Peut-être pourrons-nous alors voir comment ces investissements peuvent cibler les premières nations des territoires et déterminer quelles stratégies vous envisagez à l’intérieur de ces deux cadres, si je peux appeler ainsi votre excellent nouveau programme.
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Tout d’abord, il importe de reconnaître qu’il existe des relations différentes entre le gouvernement fédéral, les provinces et les réserves du Sud et du Nord. Dans le Nord, il y a peu ou pas de réserves. Nous avons des premières nations en autonomie gouvernementale, des organisations chargées de mettre en œuvre des ententes de règlement de revendications territoriales et une formule de financement territoriale qui couvre la plupart des programmes sociaux des territoires. Il reste quelques petits éléments qui contribuent au développement social dont nous sommes encore responsables.
Par exemple, nous avons sur une base annuelle un accord avec les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut sur le financement de certains services de santé. C’est de l’argent qui s’ajoute à ce qu’ils reçoivent dans le cadre des transferts, pour reconnaître le fait que la majorité de leur population est autochtone. C’est un exemple.
Nous nous occupons du programme d’approvisionnement alimentaire par la poste qui permet d’expédier des aliments nutritifs subventionnés aux habitants du Nord. Ce programme intéresse non seulement les trois territoires, mais aussi les régions septentrionales des provinces, Nunavik, nord de l’Ontario, etc.
L’autre exemple relevant de la stratégie du Nord est celui des investissements dans le logement — le ministre en a parlé tout à l’heure — d’abord dans le cadre de la fiducie établie en faveur des territoires et maintenant par l’intermédiaire de la SCHL, aux termes du récent plan d’action économique.
Il y a d’autres exemples. Nous contribuons au développement social par d’autres moyens. Dans le Nord, notre premier rôle est auprès des gouvernements territoriaux.