Je vous présente les fonctionnaires qui sont venus avec moi aujourd'hui. Sara Filbee est sous-ministre adjointe, Secteur des terres et du développement économique, à Affaires indiennes et du Nord Canada. Strater Crowfoot est le directeur exécutif de Pétrole et gaz des Indiens du Canada. Karl Jacques est l'avocat-conseil principal du ministère de la Justice.
Ce sont eux qui répondront à toutes les questions difficiles. Je leur ai bien dit qu'ils prendraient le relais si jamais une question s'avérait trop technique pour moi, et ils se sont préparés en conséquence. Ils sont bien sûr parfaitement disposés à répondre à toutes vos questions.
Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, de m'avoir invité à exposer aujourd'hui tant la nécessité que les nombreux avantages du projet de loi C-5, loi nécessaire pour que les ressources pétrolières et gazières des premières nations soient gérées au moyen des outils les plus modernes et les plus efficaces qui soient. Cette loi garantira que les premières nations disposent de règlements efficaces leur permettant de tirer Ie meilleur profit des possibilités de développement économique associées aux industries du pétrole et du gaz sur leur territoire.
Comme les membres du comité le savent, le projet de loi C-5 a mis bien du temps à éclore. Et comme vous le diront les 130 premières nations dont les terres produisent ou pourraient produire du pétrole, ce projet de loi aurait dû être présenté depuis longtemps déjà. La Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes est entrée en vigueur en 1974, elle ne date donc pas d'hier. Le monde a bien changé depuis cette époque. L'industrie du pétrole et du gaz a évolué. Une nouvelle génération de travailleurs est née. De nouveaux procédés et de meilleures méthodes pour protéger l'environnement ont vu le jour, et la rentabilité s'en est aussi trouvée améliorée. Bien des choses ont changé depuis que la loi a été élaborée, dans les années 1970.
Les lois et règlements provinciaux régissant ce secteur ont suivi le rythme du changement depuis lors, alors que la loi fédérale accuse un sérieux retard. Et c'est là un problème de taille pour les premières nations. Bien qu'ils n'aient pas compétence sur l'exploitation des ressources pétrolières et gazières des premières nations ni sur la concession de droits pétroliers et gaziers sur les terres de réserve, les gouvernements provinciaux exercent un pouvoir sur les compagnies pétrolières et gazières menant des activités sur ces terres. Par conséquent, les lois fédérales régissant les projets pétroliers et gaziers sur les terres de réserve doivent être mieux harmonisées avec les régimes provinciaux de réglementation du pétrole et du gaz.
[Français]
La collaboration avec les autorités provinciales est essentielle, tout comme l'est l'adaptation de cette loi périmée à la réalité du XXIe siècle.
[Traduction]
Le projet de loi C-5 répond à la fois aux besoins des premières nations et à ceux de l'industrie du pétrole et du gaz. Cette loi aura les effets suivants.
Elle modernisera et clarifiera le processus de réglementation du pétrole et du gaz. Elle précise par exemple les attributions du ministre et les pouvoirs de révision judiciaire.
Elle apportera une plus grande certitude et renforcera la responsabilité de Pétrole et gaz des Indiens du Canada, qui agit au nom des premières nations. Par exemple, elle conférera à l'organisme de nouveaux pouvoirs de vérification des exploitants.
Elle renforcera aussi la protection des ressources environnementales, culturelles et naturelles des premières nations. Par exemple, à titre de ministre, je pourrai suspendre des activités qui endommagent ou mettent en péril l'environnement ou des lieux d'importance culturelle, cérémoniale ou spirituelle pour les premières nations.
[Français]
Je suis sûr que cette loi est la bonne et qu'elle est adaptée à la réalité actuelle. En effet, elle est le fruit de vastes consultations ainsi que d'une collaboration étroite avec la principale partie intéressée et elle reflète les orientations exprimées par les premières nations.
[Traduction]
Au cours de la dernière décennie, Pétrole et gaz des Indiens du Canada, en collaboration avec le Conseil des ressources indiennes, un organisme des premières nations qui représente quelque 130 premières nations dont les terres produisent ou pourraient produire du pétrole, s'est réuni avec la plupart des premières nations productrices de pétrole et de gaz et avec de nombreux conseils tribaux. Grâce au lien de collaboration qui unit depuis longtemps ces deux organismes, les premières nations ont pu participer activement à l'élaboration du projet de loi C-5. Bon nombre des améliorations qu'elles ont proposées ont été intégrées au projet de loi.
Nous avons aussi travaillé avec le Conseil des ressources indiennes et la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan à la mise en place d'un centre d'excellence national pour les entreprises du secteur énergétique. Les premières nations peuvent y obtenir des avis spécialisés dans le domaine du pétrole et du gaz, comme des conseils juridiques et des avis sur les activités commerciales et l'exploitation. Le centre aide aussi à la recherche et à la coordination de programmes, par exemple la formation et l'échange d'information pour les membres des premières nations qui gèrent des ressources pétrolières et gazières. L'organisme aidera les premières nations à délaisser le rôle passif de bénéficiaires de redevances au profit d'une participation active aux activités commerciales dans le domaine du pétrole et du gaz, une évolution qui, je le sais, suscite de plus en plus d'intérêt. Il leur sera ainsi possible de créer de la richesse et d'augmenter le nombre de permis et de concessions d'exploitation pétrolière et gazière détenus par des entreprises appartenant à des premières nations, ce ratio étant actuellement d'environ 40 p. 100.
Je tiens à rappeler que les premières nations nous ont dit, à plusieurs reprises, que le renforcement des capacités était très important pour elles. Bon nombre de premières nations ne sont pas prêtes à tirer parti de la Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des premières nations, qui est entrée en vigueur en 2006 et qui permet aux premières nations disposées à s'engager dans des activités d'exploitation d'exercer le plein contrôle de leurs ressources pétrolières et gazières et des fonds qui y sont associés.
[Français]
Mon ministère reconnaît que la Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des Premières nations ne conviendra pas à toutes les premières nations, certaines n'ayant pas encore l'expérience et les capacités nécessaires pour franchir ce pas important. Toutefois, cette loi demeure une option pour les premières nations intéressées.
[Traduction]
Le projet de loi C-5 garantira que Pétrole et gaz des Indiens du Canada deviendra et demeurera un organisme de réglementation moderne pour les premières nations dont les ressources pétrolières et gazières continueront d'être gérées sous le régime de la Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes. J'insiste aussi sur le fait que le projet de loi n'est pas la fin, mais la continuation d'un processus de consultation permanent engagé avec les premières nations. Nous allons continuer à travailler en partenariat avec le Conseil des ressources indiennes à l'élaboration de règlements et de mécanismes répondant aux préoccupations des premières nations.
Monsieur le président, j'aimerais brièvement aborder quelques aspects cruciaux de ce texte de loi avant de répondre à vos questions. Lors du débat en deuxième lecture, la consultation des premières nations, le développement économique et l'environnement ont été des thèmes récurrents. J'ai déjà dit quelques mots au sujet des deux premiers, mais permettez-moi de poursuivre. Un des aspects importants du projet de loi C-5 est l'assurance que l'environnement des terres des premières nations sera protégé, non seulement pour les générations actuelles, mais aussi pour celles qui vont suivre. Le projet de loi prévoit la possibilité d'intégrer des lois et des règlements provinciaux appropriés. L'harmonisation du régime environnemental régissant les activités pétrolières et gazières dans les réserves avec le régime applicable hors réserve dans une province donnée illustre bien l'intégration d'un régime provincial dans la loi fédérale à des fins de protection de l'environnement.
Avec cette loi, il sera possible de mettre à jour continuellement la réglementation relative à la protection de l'environnement sans qu'il soit nécessaire de promulguer de nouvelles lois. En cas d'infraction, je pourrai, à titre de ministre, suspendre les activités d'une compagnie qui endommage l'environnement ou menace des lieux d'importance culturelle, cérémoniale ou spirituelle. De plus, le projet de loi me confère le pouvoir d'imposer des peines considérables en cas d'intrusion dans les terres des premières nations ou de défaut de produire des formulaires, des rapports ou toute autre information requise. Pour les infractions plus graves, le projet de loi prévoit un processus d'accès direct aux tribunaux et fixe des amendes quotidiennes importantes.
Les premières nations jouissent aussi d'une protection contre le non-respect de la loi. Par exemple, le projet de loi prévoit le versement d'une indemnité à la première nation pour la perte de pétrole et de gaz ou la réduction de la valeur de ses terres attribuable à la violation du droit de propriété.
Le projet de loi C-5 confère à la Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes des mesures d'exécution plus strictes que la version désuète en vigueur aujourd'hui.
Il me paraît très important que le projet de loi C-5 permette l'intégration, dans les règlements fédéraux, de lois provinciales concernant la protection de l'environnement, l'exploration, la production équitable ou la conservation. Je tiens toutefois à clarifier que le projet de loi C-5 ne cède aucune compétence aux provinces. Le projet de loi C-5 ne modifie pas non plus les responsabilités fiduciaires de l'État, les droits ancestraux ni les droits issus de traités. En réalité, les changements proposés vont renforcer les capacités législatives et réglementaires de Pétrole et gaz des Indiens du Canada, qui pourra mieux satisfaire aux obligations fiduciaires et réglementaires de l'État en ce qui concerne la gestion des ressources pétrolières et gazières des terres des premières nations.
[Français]
Monsieur le président, le fait que les premières nations aient elles-mêmes réclamé ces changements démontre leur nécessité. C'est peut-être le meilleur argument favorisant l'adoption rapide de ce projet de loi.
[Traduction]
Monsieur le président, le fait que les premières nations aient elles-mêmes réclamé ces changements démontre leur nécessité. C'est peut-être le meilleur argument en faveur de l'adoption rapide de ce projet de loi. Les quelque 130 premières nations et plus qui produisent ou pourraient produire du pétrole et du gaz ont attendu assez longtemps. Il est temps d'agir. Je sais que je peux compter sur l'appui du comité pour que ce texte de loi soit adopté le plus rapidement possible.
Je répondrai maintenant avec plaisir aux questions des membres du comité, et je suis impatient de voir les résultats de vos délibérations des prochains jours.
Merci.
:
Bonjour. Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre, madame Filbee, monsieur Jacques, monsieur Crowfoot. Je vous souhaite la bienvenue parmi nous.
Je veux revenir sur le mandat du CRI et demander au ministre si cette partie du mandat de l'organisme lui convient:
Aider les Premières nations à mieux gérer et contrôler leurs ressources pétrolières et gazières.
Je crois que c'est un élément au sujet duquel nous nous entendons probablement tous sur le plan conceptuel ou des principes. Si vous acceptez cette déclaration, en quoi le projet de loi C-5 peut-il nous faire progresser dans cette direction?
Je pose la question parce qu'il me semble que le projet de loi confie fort peu de pouvoirs aux premières nations; tous les pouvoirs sont accordés au ministre ou au gouverneur en conseil, pour qu'ils puissent adopter des règlements visant le pétrole et le gaz des terres de réserve. Comment cela vient-il compléter ou moduler la Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des premières nations?
J'aimerais en outre savoir combien de premières nations sont inscrites au régime prévu par cette dernière loi, la Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des premières nations? Combien sont effectivement assujetties à cette loi particulière, et combien relèvent encore du texte législatif précurseur de cette nouvelle loi, le projet C-5, qui sera probablement adopté?
Éclairez-moi un peu à ce sujet.
Ce sont là des questions très pertinentes, selon moi, et je suis convaincu que vous poserez des questions similaires aux premières nations visées par cette loi lorsqu'elles viendront témoigner.
Je veux préciser deux ou trois choses.
Premièrement, un solide régime de réglementation qui pourra suivre l'évolution de la réglementation provinciale devrait, à mon avis, offrir un maximum d'avantages aux premières nations. La réglementation albertaine dans le domaine du pétrole et du gaz, par exemple, a été modifiée des dizaines de fois depuis l'entrée en vigueur de notre loi. Tout, qu'il s'agisse de protection de l'environnement, de techniques de forage des puits, de méthodes de nettoyage ou de versements des redevances, tout est régulièrement mis à jour pour tenir compte de la réalité moderne, mais tel n'a pas été le cas ici.
Vous entendrez peut-être des histoires d'horreur au sujet de ce qui s'est passé, des compagnies qui sont venues offrir de forer des puits à la va-vite en disant « si vous me faites entrer, vous ne le regretterez pas ». Ces façons de procéder n'ont pas aidé l'environnement ni les premières nations, parce que le travail a été mal fait ou à défaut de surveillance réglementaire suffisante, et les premières nations n'ont pas reçu tout ce qu'elles auraient pu recevoir en termes de redevances.
Deuxièmement, dans ma correspondance avec le Conseil des ressources indiennes, j'ai promis de collaborer étroitement avec cet organisme relativement à tout règlement que nous pourrions élaborer. Le travail de réglementation n'est pas terminé, et je tiens a donner entre autres l'assurance — et cela est important pour les premières nations — que notre collaboration se poursuivra et sera même resserrée. Alors au sujet de la réglementation qui profitera au secteur pétrolier et gazier des premières nations ou qui favorisera les éventuels revenus pétroliers et gaziers et la production sur les terres indiennes, nous collaborerons étroitement avec les premières nations pour tout prévoir. Si elles constatent des lacunes ou si elles préfèrent un libellé particulier, nous sommes tout disposés à collaborer avec elles.
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Merci, monsieur le président.
Pour répondre aux questions de M. Russell, je dirai que le projet de loi, en soi, n'aide pas directement les premières nations à assurer un contrôle plus étroit. Il nous aide à mieux gérer les ressources en leur nom.
Notre processus a deux volets. Nous travaillons avec les chefs et les conseils pour approuver les ententes. Aucune entente ne peut être conclue sans leur approbation ni sans la nôtre. Pour nous, cela précise donc les règles en vertu desquelles nous fonctionnons. Cela améliore nos outils. Cela aide les premières nations à mieux gérer conjointement la ressource.
Pour ce qui est de la Loi sur la gestion du pétrole et du gaz et des fonds des premières nations, la LGPGFPN, cette loi vise à offrir aux premières nations la possibilité d'exercer directement le contrôle de ces ressources. La LGPGFPN a été adoptée en 2006.
À l'heure actuelle, nous collaborons avec trois premières nations: la première nation des Blackfoot, ou des Siksika, et celle des Blood, en Alberta, ainsi que de la première nation de White Bear, en Saskatchewan. Ces premières nations prennent des mesures pour assumer totalement le contrôle de leurs ressources pétrolières et gazières. Elles tiendront un vote d'ici le 30 septembre pour demander à leurs membres s'ils veulent aller de l'avant et exercer ce contrôle.
Nous collaborons en outre avec deux autres premières nations qui examinent actuellement la LGPGFPN. Cette loi comprend deux volets — les activités pétrolières et gazières et la gestion des fonds. Vous pouvez adhérer uniquement au régime de gestion des fonds. Il y a pour l'instant deux premières nations qui s'intéressent à ce deuxième volet.
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Cela fait partie du casse-tête. Aucun projet de loi, aucun ministère ne peut affirmer avoir prévu toutes les situations possibles.
Je crois toutefois que les perspectives sont excellentes à l'heure actuelle. J'ai mentionné la Saskatchewan, mais le projet de loi s'applique partout où il y a du pétrole et du gaz et où les premières nations ont déclaré qu'elles veulent exploiter ces ressources, qu'elles pensent qu'il s'agit d'une belle occasion et que cette activité pourra leur procurer des revenus autonomes qu'elles n'auraient pas autrement. Évidemment, si cela se concrétise une foule d'autres choses deviennent possibles. D'autres occasions d'affaires se présentent et peuvent être financées par cette activité.
Mais je crois que le reste vient de ce que nous avons annoncé dans le budget 2009, puisque nous avons par exemple alloué 200 millions de dollars au développement des compétences et à la formation des Autochtones. Nous sommes disposés à agir sans retard pour veiller à ce que les premières nations et leurs membres puissent profiter pleinement de toutes les occasions d'affaires. Nous avons autorisé, par exemple, toutes sortes d'initiatives s'inscrivant dans des programmes comme ceux de l'EDRHA, qui portent sur des compétences et une formation plus spécifiques, au cas par cas, ou dans certains programmes du PCEA, qui s'appuient sur d'importantes ententes multilatérales avec les provinces et les grandes sociétés au sujet de la façon dont la formation peut être dispensée aux Autochtones pour qu'ils prennent une part active à tout cela. Grâce à la formation et au perfectionnement des compétences, les gens peuvent plus facilement participer à l'activité d'une industrie quelconque. Vous avez parlé de la foresterie, mais cela vaut aussi pour le secteur du pétrole et du gaz. Les centres d'excellence sont également là pour aider.
Je crois qu'il est important que les premières nations abordent l'avenir avec confiance et qu'elles ne se sentent pas démunies en terme de connaissances. Il leur faut savoir que les conseils qu'on leur dispense sont bons et fondés sur l'expérience d'autres intervenants dans des situations similaires. Je crois que la combinaison est bonne. Les entreprises aiment la certitude, et les entreprises autochtones ne font pas exception.
Je pense à quelques exemples où les premières nations, de concert avec nous, pourraient suggérer des terres qui ne sont pas appropriées pour le développement pétrolier et gazier. Par exemple, elles pourraient dire que telle terre a une importance culturelle ou une importance spirituelle ou qu'elle représente un secteur délicat au plan environnemental, et elles pourraient même identifier ces éléments, par exemple en disant que tel endroit abrite des espèces animales ou des plantes qui les préoccupent, et ainsi de suite.
Mais il s'agit là d'efforts pour travailler avec les premières nations. Il ne s'agit pas d'un effort arbitraire, mais bien d'un effort pour donner au ministre les pouvoirs d'agir ainsi au nom des premières nations. Et je puis vous assurer que nous travaillons en étroite collaboration avec les premières nations. Je ne dirais pas que les pouvoirs que vous décrivez sont arbitraires. Ils sont conçus pour permettre de collaborer avec les premières nations, tant du point de vue de l'élaboration d'une réglementation que pour l'identification de certains terrains qu'ils pourraient ne pas vouloir utiliser. C'est un peu comme la facturation par défaut. Si les premières nations veulent aller de l'avant, nous voulons donc travailler avec elles, s'il est possible de faire en sorte que les choses se concrétisent. En d'autres mots, je n'aborde pas la question en disant que nous n'en voulons pas. Nous l'abordons en disant que si cela donne des résultats et que si la première nation en est venue à la même conclusion, et qu'elle veut aller de l'avant, nous travaillerons donc avec elle et nous le ferons d'une manière qui permettra de maximiser vos retombées.
En ce qui a trait à la deuxième question, j'ai tellement de choses ici dans mes notes que je ne suis plus sûr de ce qu'elle était.
:
[
Le témoin s'exprime en langue dénée.]
Merci, monsieur le président.
Je ferai quelques observations préliminaires au nom de notre président, M. Errnol Gray, puis je demanderai à M. Roy Fox, président du CRI, de faire l'exposé. Permettez-moi de commencer par présenter les membres de notre délégation, qui représente le Conseil des ressources des Indiens: M. Roy Fox, président et chef de la direction, M. Delbert Wapass, vice-chef de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan; M. Joe Dion, président fondateur et président actuel du CRI, et M. George Stanley, chef de la Frog Lake First Nation dans le nord-est de l'Alberta.
Monsieur le président, messieurs les membres du comité, je vous remercie de la possibilité que vous m'offrez d'être ici aujourd'hui à l'occasion de l'étude que vous faites du projet de loi C-5.
Le CRI a été un participant actif à l'élaboration de ce projet de loi. Nous avons tout intérêt à ce que ce projet de loi soit adopté et nous espérons que nous pourrons vous aider pour que cela se fasse le plus rapidement possible. Nous sommes conscients qu'une loi fédérale de ce type est très nécessaire pour favoriser une réglementation efficiente et efficace des activités de l'industrie sur nos terres.
Le Conseil des ressources des Indiens veut, au nom de ses membres, que des changements soient apportés à la politique fédérale pour améliorer et accroître les possibilités de développement économique dans le secteur pétrolier et gazier pour les premières nations et pour les membres des premières nations.
Nous avons fourni à nos membres des renseignements au sujet d'une modification proposée et nous avons obtenu leur apport dans toute la mesure du possible.
Le CRI a travaillé avec le gouvernement du Canada pour élaborer une approche à long terme à la réforme de la Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes. Nous avons un comité directeur chargé de gérer le processus de même que deux comités techniques conjoints pour aborder des détails particuliers.
Le travail du comité technique conjoint 1 se reflète dans le projet de loi. Ce comité a commencé à élaborer un régime de réglementation qui pourra exister grâce au contenu du projet de loi. Plusieurs des questions et des préoccupations qui ont été soulevées par nos membres seront abordées dans le cadre de ce processus de réglementation.
Le comité technique conjoint 2 travaille à ce que nous appelons le processus de changement continu. Ce comité est chargé de discuter des questions qui n'ont pas été entièrement abordées dans le présent projet de loi. Cela comprend des changements pour moderniser la Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes, des questions reliées à la gestion et au contrôle par les premières nations de leurs ressources pétrolières et gazières, et au développement économique et commercial.
Nous sommes ici aujourd'hui, monsieur le président, pour marquer officiellement notre soutien à votre initiative et pour vous parler de notre plan visant des changements continus dans la gestion du pétrole et du gaz sur les terres indiennes, et surtout, pour répondre à vos questions concernant le projet de loi C-5 et notre participation à cette initiative. Le Conseil des ressources des Indiens a participé à ce processus sous le leadership de notre président, M. Roy Fox. Permettez-moi de céder la parole à M. Fox qui poursuivra la présentation.
Merci.
:
[
Le témoin s'exprime en langue blackfoot.]
Merci, chef Ahnassay.
Et merci à vous, monsieur le président et membres du comité de nous donner la possibilité de comparaître devant votre comité.
J'aimerais partager avec vous le point de vue que le CRI, le Conseil des ressources des Indiens, a toujours eu en ce qui a trait au développement des ressources pétrolières et gazières et au travail que nous faisons.
Notre rôle a été de nous assurer que les membres des premières nations obtiennent le meilleur rendement possible sur les ressources pétrolières et gazières. Nous avons tenté de plusieurs manières d'atteindre cet objectif important au fil des ans. Au départ, nous devions nous assurer que les royautés reçues étaient justes et équitables. Toutefois, ce travail a évolué au fil des ans au fur et à mesure que nous avons conscience de notre engagement et de ce que nous pouvions faire au point de vue commercial dans le secteur pétrolier et gazier et en ce qui a trait au développement de nos terres.
Le renforcement de cet engagement est devenu l'objectif clé de notre organisation. Quand nous parlons de meilleur contrôle sur nos ressources pétrolières et gazières, nous pensons aussi à la capacité de participer réellement à l'aspect commercial de notre industrie pour le bénéfice de toutes les premières nations et de leurs membres.
Monsieur le président, la Loi sur le pétrole et le gaz des terres indiennes fournit le cadre pour la gestion et l'intendance pour l'ensemble du développement pétrolier et gazier sur nos terres. Le Conseil des ressources indiennes travaille depuis 1999, de concert avec Pétrole et gaz des Indiens du Canada et Affaires indiennes et du Nord Canada pour moderniser la Loi sur le pétrole et le gaz des Indiens. Le but des amendements proposés est de faire en sorte que Pétrole et gaz des Indiens du Canada — notre gestionnaire des ressources, notre organisme de réglementation, notre fiduciaire — dispose d'un ensemble d'outils plus modernes pour s'acquitter de ces rôles importants. Nous estimons que les modifications contenues dans ce projet de loi fourniront à Pétrole et gaz des Indiens du Canada l'autorité nécessaire pour que l'industrie se conforme à la loi au nom des Premières nations.
Le chef Ahnassay a parlé un peu plus tôt du travail accompli par nos comités techniques pour appuyer ce processus. Permettez-moi de vous parler davantage du travail du comité technique conjoint 1.
Le comité technique conjoint 1 est formé de représentants du Canada et de membres des premières nations, qui représentent la plupart des premières nations qui produisent du pétrole et du gaz, et qui portent manifestement un grand intérêt aux modifications proposées à la loi. Les premières nations ont joué un rôle régulier et constant depuis l'amorce du processus en 2002.
Ces représentants proviennent des groupes suivants: quatre nations d'Hobbema, les chefs de tribus de l'Alberta, la première nation des Dénés Tha', la tribu des Blood, la nation des Siksika, les tribus des Stoney et, bien entendu, la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan.
Depuis que le processus a été réamorcé à l'été de 2006, le groupe s'est intéressé aux aspects les plus détaillés de l'élaboration d'un cadre de travail pour le projet de loi sur lequel nous serions tous d'accord, sur la négociation des instructions de rédaction que le Canada devrait utiliser dans la préparation du projet de loi et l'examen du projet de loi final avant sa présentation au dernier Parlement sous le nom de projet de loi C-63. Ce groupe a aussi été chargé de tenir les premières nations et leurs leaders au courant des travaux en cours et d'apporter leur rétroaction au comité conjoint.
Le processus qui s'est engagé en a été un de véritable coopération qui nous a permis de nous mettre d'accord sur ce qu'il fallait inclure dans ce document et sur ce qui devait être reporté à une date ultérieure. Nous n'avons pu obtenir tout ce que nous voulions, ni le Canada non plus. Nous sommes tout de même parvenus à une entente sur certains changements fondamentaux à notre loi de gouvernance qui profiterait aux premières nations.
Nous nous sommes également entendus sur un processus de changement continu et sur un processus de modification de la réglementation qui abordera les préoccupations supplémentaires et valides qui ont été soulevées par les premières nations. Le travail est déjà commencé et nous estimons qu'il faudra entre 18 et 24 mois pour le mener à terme.
En plus de travailler à cette initiative avec Pétrole et gaz des Indiens du Canada et avec des gens de l'administration centrale d'Affaires indiennes et du Nord Canada, nous avons beaucoup travaillé pour informer nos membres et les faire participer aux discussions. Manifestement, la participation des premières nations visées est très importante pour que soit acceptée et validée toute nouvelle initiative. Bien que le gros de nos membres soient établis en Alberta et en Saskatchewan, nous avons également voyagé pour rencontrer les parties intéressées en Colombie-Britannique, en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique. De plus, nous avons organisé deux symposiums détaillés pour nos membres, où tous les aspects de cette initiative ont été présentés et ont fait l'objet de discussions approfondies. Nous avons également répondu à des demandes particulières des premières nations qui voulaient obtenir davantage de renseignements, et nous continuerons de le faire alors que s'amorce le processus de préparation du règlement.
En dernier lieu, je vous dirai que les membres du Conseil des ressources des Indiens ont examiné l'évolution...
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Merci, monsieur le président.
Merci de nous avoir laissé une partie de votre temps, monsieur.
Je crois qu'il importe de noter que l'élaboration de ce projet de loi, les modifications qui y sont apportées, ne sont pour nous qu'une partie de l'ensemble de l'initiative. Nous devons moderniser le régime en vertu duquel nous travaillons, puis nous devrons faire un suivi de certains des autres travaux qui, selon nous, ont une grande priorité pour les premières nations, par exemple la possibilité réelle de profiter d'opportunités commerciales. Pendant trop longtemps nous avons laissé d'autres intervenants profiter des retombées, non pas en tant que bénéficiaires de redevances, mais en tant qu'entités à but lucratif. C'est ce que visent certaines de nos premières nations.
Il suffit de voir ce que font le chef James Ahnassay, notre autre chef et Joe, et de considérer certaines des initiatives commerciales dans lesquelles ils se sont engagés. Pendant un certain temps, le chef James et sa tribu ont été propriétaires de cinq installations et ils s'en sont fort bien tirés. Ils sont toujours propriétaires de plusieurs installations, et ils en ont déplacé quelques-unes et réalisé de bons profits.
Les gens de Frog Lake sont vraiment en train de faire du développement, d'utiliser de nouvelles technologies pour l'extraction du pétrole lourd. Les réserves sont là. Il suffit de développer une technologie pour savoir comment extraire davantage de pétrole lourd. Ils sont bien engagés dans cette voie. Ils ont pris à leur compte une grande partie des opérations qui étaient auparavant faites par une grosse entreprise.
En Saskatchewan, ils profitent vraiment des règlements de revendications relatives à des droits fonciers issus d'un traité qui sont intervenus dans cette province. Ils ne se contentent pas de devenir les bénéficiaires de redevances, ils prennent des engagements au plan commercial parce qu'ils sont conscients que c'est là où se trouve le rendement réel. Le développement des capacités permet d'obtenir davantage de ressources, non seulement de l'argent, mais par suite du développement de vos propres ressources humaines.
Pour nous, cela fait partie d'un processus beaucoup plus large.