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Députés, témoins et invités, bonjour. C'est la 43
e rencontre du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. L'ordre du jour d'aujourd'hui porte sur la question du développement économique des territoires du Nord: barrières et solutions.
Aujourd'hui, nous accueillons des représentants de deux entreprises et associations. La première est le Conseil de l'évaluation environnementale et socio-économique au Yukon.
[Traduction]
Nous accueillons d'abord les représentants du Conseil d'évaluation environnementale et socio-économique au Yukon. Nous avons le plaisir de recevoir Ken McKinnon, président du conseil. Évidemment, nous accueillons de nouveau Stephen Mills, que nous avons rencontré lors de notre passage au Yukon, il y a deux semaines.
La seconde organisation que nous recevons aujourd'hui est représentée par M. Ian Robertson, un membre du Conseil d'aménagement du territoire du Yukon.
Avant de commencer les exposés, les membres auront vu dans l'ordre du jour que les travaux du comité sont censés débuter à 12 h 30, alors nous avons un peu moins d'une heure et demie pour les questions. Nous commencerons par les exposés d'au plus 10 minutes de chacune des deux organisations, et ensuite nous passerons rapidement aux questions des membres. À la lumière de notre ordre du jour serré aujourd'hui, nous respecterons de près le temps alloué pour les questions et réponses.
Commençons. Qui veut prendre la parole en premier?
Allez-y, monsieur McKinnon.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup de nous avoir invités.
Votre communiqué de presse daté du 30 octobre 2009, qui lance votre étude globale de questions touchant le développement économique du Nord, dit que: « Le Comité va chercher à mieux comprendre les obstacles au bien-être économique du Nord et les défis que doivent relever les résidants des trois territoires et à trouver des solutions pour abattre ces obstacles. »
Nous aimerions essayer de faire valoir aujourd'hui que le Conseil d'évaluation environnementale et socio-économique au Yukon est l'une des solutions que vous recherchez.
Le CEESY est tout à fait unique au Canada: c'est un processus d'évaluation unique pour les Yukonnais qui s'applique partout au Yukon, à tous les projets sur les terres du Yukon, et aux gouvernements territorial, fédéral et des premières nations.
Comment a-t-il été rendu possible? Principalement au moyen de la revendication territoriale du Yukon et grâce aux premières nations du Yukon qui ont demandé instamment que des « Faros » ne soient plus jamais créés au Yukon.
Faro est devenue la première mine de plomb et de zinc en importance au monde dans les années 1970. Elle a été créée sans consulter les Dénés de Ross River — la mine était située sur leur territoire traditionnel —, et sans consulter d'autres groupes de Yukonnais. Les coûts associés au nettoyage de cette mine pour les contribuables canadiens représentent maintenant entre 500 millions de dollars et 1 milliard de dollars sur une période de 50 à 100 ans.
Les premières nations du Yukon, en vertu du chapitre 12 de l'accord-cadre définitif des premières nations du Yukon, ont demandé qu'une loi fédérale établisse un processus d'évaluation qui s'appliquerait à toutes les terres du Yukon, afin qu'aucun autre « Faro » ne se produise sur les terres du Yukon sans que les Yukonnais procèdent à une évaluation stricte et rigoureuse.
Alors, où en sommes-nous? Depuis notre mise sur pied il y a quatre ans, nos six bureaux partout au Yukon ont procédé à près de 1000 évaluations. Le CEESY consacre en moyenne 34 jours à une évaluation. Nous avons reçu des félicitations, car nous surpassons actuellement tous les autres systèmes d'évaluation dans le Nord, et peut-être au Canada.
J'aimerais maintenant présenter de nouveau quelqu'un que vous avez rencontré à Whitehorse. Il s'agit de Stephen Mills, mon collègue du comité exécutif. À titre de négociateur pour le Conseil des Premières nations du Yukon à l'égard de la Loi sur l'évaluation environnementale et socioéconomique au Yukon, Stephen apporte une contribution inestimable à notre processus depuis les tout premiers débuts du CEESY.
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Merci, monsieur McKinnon.
Je remercie les députés et le président de m'avoir invité à revenir parler devant vous dans un endroit légèrement plus chaud que ce qu'il faisait à Whitehorse quand vous y étiez. Je dis seulement « légèrement » parce que c'est un peu frais encore.
Je vais continuer sur la même lancée que M. McKinnon. La Loi sur l'évaluation environnementale et socio-économique au Yukon a remplacé plusieurs processus d'évaluation formels et informels quand elle est entrée en vigueur. Ça a réellement suscité des questions complexes concernant la propriété des terres, attribuables en partie aux accords définitifs conclus avec les premières nations, mais aussi en association avec l'accord sur le transfert des responsabilités conclu entre le Canada et le Yukon.
Certains aspects distinctifs de la Loi sur l'évaluation environnementale et socio-économique au Yukon sont qu'elle s'intéresse non seulement aux impacts environnementaux, mais aussi aux impacts socio-économiques, qu'elle tient compte du savoir local et traditionnel dans ses évaluations, et qu'elle offre la chance de participer à tous les Yukonais, y compris les premières nations.
Un autre aspect important de cette loi est qu'elle exige un calendrier pour toutes les étapes de l'évaluation. Comme M. McKinnon l'a mentionné, au bureau désigné, ces calendriers ont, je crois, tous été respectés, et dans la plupart des cas, dépassés — en bien, pas en mal.
Ceci étant dit, je crois que ce processus a très bien fonctionné au cours des quatre dernières années, mais j'ajouterais qu'il y a certaines façons de l'améliorer. À l'heure où l'on se parle, deux examens différents sont en cours. Il y a un examen de cinq ans réalisé par les trois parties de l'Accord-cadre définitif, c'est-à-dire le gouvernement du Canada, le gouvernement du Yukon et le Conseil des premières nations du Yukon. Nous avons participé à ces examens. Nous avons aussi compris certaines des préoccupations soulevées, de même que certains bons points relevés pendant l'examen.
Quand nous avons introduit nos règles et commencé l'évaluation, nous avons promis aux Yukonais de revoir la situation après quelques années de pratique et de modifier nos règles de manière à résoudre les problèmes. C'est ce que nous avons fait. Nous avons revu nos règles au bureau désigné, parce que c'est là que nous avons réalisé environ 1 000 évaluations, et nous sommes en train de procéder à des changements qui devraient être mis en place d'ici la fin de l'exercice financier.
Ces changements ont été faits en fonction des commentaires des premières nations et des organismes de réglementation des autres gouvernements, ainsi que de divers groupes industriels et environnementaux, notamment l'industrie minière, la Chambre de commerce et d'autres groupes de promoteurs. Nous croyons que ces changements amélioreront les règles au niveau du bureau désigné.
Une bonne partie de notre discussion tourne autour des obstacles et des solutions. J'aimerais en nommer quelques-uns.
Un des plus gros obstacles auquel nous nous sommes butés concernait la capacité. Premièrement, les premières nations et même certains gouvernements, fédéral et territoriaux, sont encore en train d'apprivoiser ce processus même quatre ans après sa mise en place, et ne sont toujours pas préparés pour participer rapidement à ce type d'évaluation. Les premières nations essaient de participer à nos évaluations tout en essayant de mettre en place leurs nouveaux gouvernements.
Un autre aspect important concernant la capacité est que cinq de nos bureaux se trouvent dans des communautés du Yukon. Nous avons constaté que nous nous battons constamment pour un très petit bassin de travailleurs qualifiés dans chacune des communautés. Nous compétitionnons contre les premières nations et les autres gouvernements, de même que le secteur privé, afin d'essayer d'attirer des talents et de trouver des personnes qualifiées pour travailler dans nos bureaux. Le résultat est que nous devons faire venir des gens d'autres régions du Yukon et de l'extérieur du Yukon pour combler ces postes.
Ça n'a fait qu'empirer le problème du manque de logement et des autres pénuries dans nos communautés. Comme solution, nous avons essayé de convaincre le Yukon Mining Advisory Committee et d'autres groupes de la nécessité de former les gens de la communauté, afin qu'ils puissent évoluer dans ces professions. Je crois que nos efforts, surtout avec le Yukon College, seront très utiles. C'est assurément une solution: de former les gens dans ces bureaux. Nous voulons que les membres de la communauté évaluent les projets qui les touchent directement.
Une autre question qui a été soulevée concerne ce que nous appelons les organes décisionnels, ou les organismes de réglementation. À l'heure actuelle, tous les gouvernements ont de la difficulté avec leurs permis en raison des conditions socio-économiques. Par exemple, le MPO a beaucoup de difficultés à intégrer des mesures d'atténuation socio-économiques à ses permis. C'est la même chose pour le gouvernement du Yukon et les administrations de premières nations. Pour résoudre ce problème, il faut modifier la réglementation à cet égard — pas nécessairement en changeant la loi, mais en intervenant réellement au niveau de la réglementation.
L'autre aspect, c'est qu'il est difficile de coordonner la participation des organismes de réglementation fédéraux à notre processus d'évaluation. Actuellement, Transports Canada ne participe pas aux étapes initiales de nos évaluations. Il n'entre en jeu que vers la fin, mais à ce stade, nous avons déjà déterminé clairement les renseignements que doivent fournir les promoteurs et l'évaluation du projet est complétée. Transports Canada entre alors dans le dossier en tant qu'organisme de réglementation, et le risque d'incertitude est donc grand si, à ce point du processus, nous n'avons pas évalué tous les aspects exigés par Transports Canada.
J'envisage de plus en plus qu'une des solutions serait de faire appel à CanNor et au Bureau de gestion des projets nordiques. Nous les avons rencontrés dans les dernières semaines. Nous pensons que ces bureaux de projet importants pourraient jouer un rôle dans la coordination de certains organismes de réglementation fédéraux, qu'il s'agisse de Transports Canada, du MPO ou d'autres ministères fédéraux. Si cela se concrétise, je crois que ce sera bénéfique et positif pour ce bureau en particulier.
Je vais vous parler d'un autre problème qui complète bien l'exposé de M. Robertson. C'est que, quand l'Accord-cadre définitif et les ententes avec les premières nations sont entrés en vigueur, nous avons pensé au chapitre 12, qui concerne l'élaboration d'un processus d'évaluation ou la Loi sur l'évaluation environnementale et socio-politique au Yukon, mais il y avait aussi le chapitre 11, qui touche quant à lui l'aménagement du territoire.
Nous avons toujours pensé que l'aménagement du territoire cadrerait avec nos évaluations. Jusqu'à maintenant, seul un plan d'utilisation des terres s'est concrétisé au Yukon. Le fait de ne pas avoir de plan concernant l'utilisation des terres nous oblige en quelque sorte à faire l'évaluation sans disposer de toutes les données. Nous croyons que ces plans sont des outils importants de n'importe quelle évaluation. Le fait d'ajouter des plans exhaustifs et des plans de gestion des ressources, qu'il s'agisse de ressources renouvelables ou non renouvelables, nous sera d'une très grande utilité dans nos évaluations et réduira probablement des délais des évaluations.
Merci.
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Je vous remercie de cette occasion de représenter le conseil. Je préfère faire ma présentation en anglais, si vous n'y avez pas d'objection.
[Traduction]
L'aménagement régional contribue au développement du Nord grâce à sa nature globale: il procure une vision claire de l'équilibre approprié entre les intérêts relatifs à la conservation et ceux qui touchent le développement en tenant compte de la situation d'une région donnée. Il aide à garantir la mise en place méthodique et efficiente de l'infrastructure et d'un cadre stratégique et réglementaire approprié pour la gestion des terres.
Il importe aussi d'offrir aux utilisateurs de terres actuels et futurs une plus grande certitude et un meilleur accès à l'égard de ressources précieuses, de même que la flexibilité nécessaire pour créer des plans qu'il est possible d'adapter en fonction des nouvelles connaissances. L'aménagement du territoire permet aussi de prévenir les conflits et, c'est ce que nous souhaitons, de les résoudre. De plus, il contribue à réduire le risque, ce qui est aussi un aspect important du point de vue de l'industrie.
Parmi les autres avantages de l'aménagement régional, mentionnons qu'il fournit un cadre initial et global pour chaque projet de même que pour les évaluations socioéconomiques et environnementales. Il est intéressant de noter que c'est l'étape ultime du processus qui vous est présentée en premier. Nous représentons le début du processus.
Si l'aménagement régional est fait correctement, il peut favoriser un développement positif. Permettez-moi de faire un petit retour dans le temps pour vous parler de l'aménagement du territoire dans le Nord.
En réalité, le principal élément de changement a été le rapport Berger publié en 1977, qui portait sur le pipeline de la vallée du Mackenzie. Dans son rapport, M. Berger a recommandé l'application d'un moratoire de 10 ans sur les grands projets de développement pour permettre le règlement des revendications territoriales et l'établissement d'une gouvernance. Il a aussi recommandé que l'aménagement régional ait lieu immédiatement après le règlement des revendications territoriales.
En 1985, le MAINC a essayé de mettre en place un processus d'aménagement descendant et a échoué, principalement parce que les premières nations s'intéressaient davantage à la résolution des négociations relatives aux revendications territoriales. Par conséquent, les premières nations étaient prêtes à participer seulement dans la mesure où l'aménagement contribuait au règlement de leur revendication ou les aidait à faire valoir leurs arguments.
Le programme a été annulé en 1990 et ressuscité plus tard, notamment dans le cas du Yukon, surtout parce qu'il a été inclus dans l'accord-cadre définitif de 1993 et rattaché aux quatre premiers accords de revendications territoriales et d'autonomie gouvernementale, qui touchaient le Conseil de Teslin Tlingit, la première nation des Gwitchin Vuntut, dont Stephen est membre, les premières nations de Champagne et d'Aishihik ainsi que le Nacho Nyak Dun.
Le passage clé se trouve au chapitre 11, mais je n'entrerai pas dans le détail. Ce que je tiens à préciser, c'est qu'un seul plan est terminé après toutes ces années, le North Yukon Land Use Plan. Mais un deuxième plan pour la région de Peel en est à l'étape de la recommandation. Malheureusement, l'élaboration de ces plans prend trop de temps et elle coûte trop cher. Pourquoi?
Tout d'abord, il y a le temps qu'il faut consacrer à la planification préalable, à la mise sur pied de commissions et à la collecte d'information sur les ressources. L'information sur les ressources est en grande partie sommaire, incomplète, de fiabilité douteuse et périmée. Cela est principalement attribuable au fait que le gouvernement n'accorde pas suffisamment d'attention aux fondements scientifiques. La science n'est pas perçue comme un investissement mais plutôt comme une dépense, de sorte que les gouvernements fédéral et territoriaux cherchent constamment à faire des économies en se tournant vers des promoteurs en développement pour qu'ils fassent leur travail.
L'aménagement régional est financé par l'entremise du processus de mise en oeuvre des règlements de revendications territoriales. Voici un aspect à l'égard duquel vous pouvez nous aider. L'examen de la mise en oeuvre après 10 ans est en cours; or, nous en sommes maintenant à la 14e année, et nous ne croyons pas que le Canada prend l'achèvement de cet examen suffisamment au sérieux. Nous savons aussi que la vérificatrice générale a déjà frappé sur le MAINC pour les efforts qu'il déploie au nord du 60e parallèle, et qu'elle lui a demandé d'améliorer la reddition de comptes et d'accroître les conséquences découlant de la non-exécution. Nous sommes d'accord, mais cela doit s'appliquer à toutes les parties concernées.
Les premières nations n'ont pas reçu de financement adéquat pour créer leur propre capacité en vue de participer à l'aménagement du territoire ou à l'évaluation des projets de développement. Un roulement élevé du personnel, un financement inadéquat et le manque de personnes qualifiées au sein des premières nations font partie du problème.
C'est intéressant, parce que dans les discussions du comité, le Nord est constitué de trois territoires. En tant que planificateur, je vois les choses différemment. Dans mon esprit, il y a deux Nords.
Le premier renferme la forêt boréale, qui constitue la bande sud des territoires, dans le nord des provinces, et qui s'étend d'un océan à l'autre. Le 60e parallèle est en réalité une frontière artificielle.
Par ailleurs, le Nord n'est pas une frontière inoccupée. Le jeu du développement a évolué, surtout après la création des gouvernements territoriaux. Mais je peux vous garantir qu'il a fallu bien plus de 35 ans pour que les gens comprennent que les anciennes méthodes ne conviennent plus.
Cet aménagement repose sur une démarche beaucoup plus globale. Nous nous occupons en fait du début du processus par rapport à l'étape ultime. L'aménagement permet d'ajouter de la valeur à l'évaluation des projets de développement et de la mettre en contexte. De notre point de vue, l'une des faiblesses de la Loi sur l'évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon se situe dans la mise en oeuvre. C'est que, si aucun aménagement du territoire n'a été fait et que le processus de développement est amorcé, n'oublions pas que ce processus peut prendre de trois à quatre ans, c'est le train-train habituel.
Ce que nous entendons par le train-train habituel, c'est que les commissions doivent se consacrer à l'établissement de leur plan d'aménagement. Et nous leur disons: « Ne vous occupez pas du processus de la LEESY. » À ce stade, c'est la responsabilité du gouvernement.
Ensuite, nous avons une situation où un plan a été établi, mais la proposition d'un promoteur ne correspond pas à ce plan. Que doit-on faire dans une telle situation? C'est un aspect qui doit être éclairci. À l'heure actuelle, au titre de la LEESY, l'évaluateur doit aider le promoteur à respecter le plus possible les exigences relatives à la conformité, mais, dans les faits, si le projet n'est pas conforme, il formule des recommandations à l'intention des parties. La décision revient alors aux gouvernements, qui sont les parties. Mais il y a une question que nous devons nous poser ici. À ce point, en réalité, le promoteur ne devrait-il pas s'arrêter, revenir en arrière et chercher à modifier sa proposition?
Il y a certaines conséquences au fait d'établir les plans d'aménagement comme s'il s'agissait du train-train habituel. Par exemple, il y a toute la question du jalonnement des claims miniers et des droits d'entrée gratuits. Dans le cas du plan d'aménagement du territoire de la rivière Peel, qui touche une région écologiquement fragile, les organisations du domaine de la conservation étaient préoccupées. Elles ont dit, attendez un instant, il y a tout ce jalonnement qui a lieu en même temps, mais dans les faits nous ne pouvons pas entrer et manifester notre intérêt; seuls les gens de l'industrie minière ont la possibilité de manifester leur intérêt. À mon avis, c'est un élément qui mérite d'être approfondi.
C'est en quelque sorte ironique que l'industrie considère les pratiques exemplaires comme une norme adéquate alors que nous avons tendance à penser qu'elles constituent la norme minimale.
Pour que les plans d'aménagement donnent de meilleurs résultats, nous devons réfléchir de façon plus stratégique et déterminer dans quelle mesure l'investissement stratégique a été efficace. L'implantation de l'Internet dans le Nord, le concept de la télésanté et des initiatives comme RADARSAT, ou ce type de technologie, sont de bons exemples de ce qui s'est fait en ce sens. Ironiquement, les organisations du domaine de la conservation semblent parfois mieux comprendre la nécessité d'une réflexion stratégique que les entreprises de développement ou les gouvernements.
Nous croyons que c'est le Nord lui-même qui peut et devrait faire avancer la planification du développement et la planification de la conservation. Le Yukon est trop polarisé, mais les Territoires du Nord-Ouest ont fait un peu mieux à cet égard.
Donc comment pouvons-nous améliorer l'aménagement du territoire rapidement?
Notre examen après 10 ans de mise en œuvre est en cours, et nous en sommes à notre 14e année; ce serait très utile si ce dossier était réglé. De plus, je pense que les premières nations doivent consacrer plus de temps à résoudre les questions de chevauchement qui touchent leurs frontières, parce que l'aménagement du territoire devient très difficile quand des régions sont en conflit. Le conseil estime que l'aménagement doit couvrir un territoire homogène, sans frontières.
Par ailleurs, le Canada et le Yukon doivent tous les deux favoriser une responsabilité accrue quant à la production des plans d'aménagement.
Les négociations de règlement en matière de revendications territoriales qui sont en suspens doivent reprendre, notamment en ce qui a trait à la première nation de White River et aux Kaska.
Nous avons quelques suggestions à faire pour améliorer les choses. L'un des aspects intéressants —
Merci à tous d'être ici aujourd'hui. C'est un plaisir de vous revoir.
Pour que ce soit dit officiellement, Stephen, je pense que vous avez probablement établi un record dans l'histoire du Parlement du Canada en témoignant à trois reprises à l'égard du même projet. En neuf ans, je n'ai jamais vu quelqu'un témoigner deux fois, et vous voilà maintenant portant votre troisième chapeau; je pense que vous avez établi un record important.
Ian, à propos de l'examen requis après dix ans, sachez que la question a été portée à notre attention par plusieurs témoins. Je l'ai soulevée au Parlement de nombreuses fois. Nous sommes tout à fait d'accord avec vous, et nous voulons faire avancer ce dossier.
Stephen et Ken, comme vous l'avez dit, il vous faut 34 jours pour mener à bien une évaluation. Un témoin dans les Territoires du Nord-Ouest nous a dit, je pense, qu'il leur fallait des mois, voire des années, pour y arriver au moyen de leurs processus. En fait, c'est le seul processus au Canada qui prévoit un processus pour toutes les terres de la Couronne. Dans les territoires où il y a des gouvernements autonomes, et en fait trois paliers de gouvernement, il faudrait mener à bien trois processus d'évaluation.
C'est un modèle fantastique pour le reste du pays. Êtes-vous en mesure de nous dire pourquoi il ne faudrait que 34 jours? Qu'est-ce qui expliquerait de tels résultats, alors que dans les deux autres territoires il y a des obstacles et il faut des mois, voire des années, pour y arriver?
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Merci pour votre question, monsieur Bagnell.
Les bureaux qui s'occupent de ces évaluations sont des bureaux désignés. Au niveau du comité de direction, nous examinons des projets de plus grande envergure. Les évaluations prennent plus de temps — de six mois à deux ans —, mais il s'agit de très grands projets d'exploitation minière en roche dure. Nous en avons terminé deux, et deux autres sont en cours.
Quant aux bureaux désignés, ils évaluent de très petits projets, mais aussi des projets d'exploration minière assez important et des projets de mines de petite taille. Le temps requis pour faire une évaluation varie. Nous avons des délais assez serrés, que nos évaluateurs doivent respecter.
Nous nous sommes aussi employés à faire en sorte que les demandes d'information, ou les renseignements qu'un promoteur doit fournir dans le cadre de nos évaluations, soit claires et faciles à comprendre, pour que les propositions que nous recevons soient complètes. C'est différent de ce qui se fait dans d'autres gouvernements.
En fait, cette méthode diffère de la façon dont l'Agence canadienne d'évaluation environnementale menait ses évaluations au Yukon. Les promoteurs présentaient des demandes partielles et devaient ensuite répondre à des demandes de renseignements répétées.
Nous essayons de faire en sorte que toute l'information nous soit fournie au début, pour que les propositions soient claires. Cela nous permet d'éliminer un grand nombre de propositions mauvaises qui n'iront jamais plus loin. De plus, ce processus établit des règles équitables qui permettent aux promoteurs de se préparer. Quand vous envisagez un projet d'exploration, vous savez quel type de recherche vous devez entreprendre et quelles données vous devez recueillir pour commencer les travaux sur le terrain, avant même de venir nous voir. À notre avis, c'est probablement l'un des éléments essentiels d'une évaluation adéquate.
Ma réponse est un peu longue, je suis désolé; mais nous cherchons à régler certains des problèmes relevés au cours de l'examen quinquennal. Je vais collaborer avec le bureau de district. Nous allons travailler de concert avec des groupes voués à la conservation, avec les premières nations, avec les promoteurs et avec les organismes de réglementation pour produire pour chaque secteur des formulaires de demande et des exigences précises en ce qui concerne les renseignements à fournir. Nous avons tenté d'utiliser des documents génériques, mais cela n'a pas bien fonctionné; grâce à des formulaires et à des exigences adaptés à chaque secteur, les choses seront encore plus claires.
Selon le secteur où vous êtes, les directives concernant les renseignements que vous devez fournir et qui seront évalués seront beaucoup plus précises. À notre avis, cela permettra aussi d'accroître l'efficience du processus.
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Le processus devient très compliqué, mais en règle générale, dans certaines terres désignées, il y a des droits de superficie et des droits d'exploitation du sous-sol, alors que dans certaines autres, il n'y a que des droits de superficie.
Si un projet doit être mené dans des terres d'une première nation où celle-ci détient des droits de superficie et des droits d'exploitation du sous-sol, en vertu de la LEESY, c'est à la première nation de prendre les décisions et de déterminer différentes choses.
Dans les secteurs où il n'y a pas d'accord sur les revendications territoriales, comme à Ross River, les lois territoriales continuent de s'appliquer, et ce, peu importe la région concernée du Yukon. S'il s'agit d'un projet qui doit être entrepris près de Watson Lake, donc dans une région qui n'est pas visée par un accord sur les revendications territoriales, nous continuons d'évaluer les projets comme nous le ferions à Old Crow ou ailleurs.
Ce que nous avons fait, c'est examiner les propositions de projet avec les premières nations pour déterminer si elles sont adéquates. Les premières nations sont consultées dans le cadre de nos évaluations. De plus, la loi stipule qu'avant de publier ce qui s'appelle un document de décision, l'organisme gouvernemental décisionnaire doit consulter les premières nations qui ne sont pas signataires d'accords. Nos lois prévoient une étape supplémentaire et obligatoire de consultation.
Toutefois, à toutes les étapes de nos évaluations, nous incluons la première nation de Ross River et les autres premières nations dépourvues d'un accord de règlement, au même titre que nous le faisons pour les premières nations bénéficiaires d'accords. De plus, AINC verse un certain montant à ces premières nations afin qu'elles participent aux évaluations menées en vertu de la LEESY.
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Cette motion me préoccupe beaucoup. Elle fait référence à un rapport de 2008-2009 du Bureau de l'enquêteur correctionnel, qui renferme 19 recommandations, dont une seule concerne spécifiquement les Autochtones du Canada. Cette recommandation appelle spécifiquement le ministre de la Sécurité publique à intervenir. De manière générale, les 18 autres recommandations ne se rapportent pas au mandat de notre comité. Oui, il est vrai que les autres recommandations pourraient avoir une incidence pour les détenus autochtones, mais pas davantage qu'elles n'en auraient pour tout autre détenu, de manière générale.
Nous avons ici copie de ces recommandations. Bon nombre d'entre elles font référence au « Service », c'est-à-dire au Service correctionnel du Canada, qui ne relève pas du mandat de notre comité, mais vraiment pas du tout.
Dans notre étude de ce sujet, je pense que nous devons aussi nous rappeler que M. Sapers a parlé des recommandations figurant dans son rapport de 2007-2008, qui concernent les Autochtones. La motion de Mme Crowder ne fait pas référence à ce rapport, même s'il a été pris en compte dans notre examen de la question.
Le rapport mentionné dans la motion, intitulé « De bonnes intentions... des résultats décevants: Rapport d'étape sur les services correctionnels fédéraux pour Autochtones », n'était pas un rapport du Bureau de l'enquêteur correctionnel, mais il a tout de même été publié par son bureau. Ce rapport ne renfermait aucune recommandation spécifique. La seule chose qu'il renfermait était une conclusion, et je puis vous affirmer que la conclusion n'inclut aucune recommandation.
Dans cette conclusion, le bureau dit être « préoccupé par les écarts sur le plan du rendement entre les services correctionnels offerts aux Autochtones et ceux destinés aux non-Autochtones » et dit devoir tirer la sonnette d'alarme car le Service correctionnel du Canada n'a pas réussi à respecter bon nombre de ses engagements. Le bureau parle des bonnes intentions dont il est question dans ses politiques et ses stratégies et auxquelles il n'a pas su donner suite, situation qui « est attribuable, du moins en partie, à une absence de suivi des données, de résultats clairement énoncés et de responsabilités afférentes », quelque soit le sens de cette expression.
Le bureau parle du « Cadre de responsabilisation des services correctionnels pour Autochtones, dont l'objet est:
... d'élaborer des mesures concrètes et de définir les résultats attendus, sous réserve d'évaluation. Il établira également des niveaux de responsabilisation à l'égard de réalisations attendues dans la mise en oeuvre du plan stratégique de 2006. La mise en oeuvre future du cadre devrait permettre au SCC d'atteindre ses objectifs en matière de services correctionnels pour Autochtones.
Par conséquent, le Bureau souscrit à l'approche voulant que le SCC établisse « des cibles concrètes et assorties de délais et d'indicateurs de rendement pertinents, qu'il renforce l'obligation de rendre compte, qu'il éclaircisse les rôles et les responsabilités, qu'il resserre la surveillance et qu'il améliore les rapports publics sur les progrès réalisés. Seule l'épreuve du temps nous dira si l'ébauche de la Stratégie relative au cadre de responsabilisation des services correctionnels pour Autochtones remplira sa promesse en matière de reddition de comptes et de résultats en ce qui concerne les services correctionnels pour Autochtones ».
Je ne vois là aucune recommandation. On y dit également ceci:
Cependant, même s'il appuie cette initiative, le [Bureau de l'enquêteur correctionnel] estime également qu'il doit tirer la sonnette d'alarme. L'augmentation prévue du nombre de délinquants autochtones dans les établissements correctionnels fédéraux et le changement éventuel de leur répartition géographique donnent à penser que ceux-ci continueront d'être surreprésentés dans la population correctionnelle au cours de la période de planification quinquennale du [Service correctionnel du Canada] de 2009-2010 à 2014-2015.
Pour ma part, je dis qu'il n'y a pas de recommandation. Et le rapport dit aussi :
Pour l'instant, comme la population autochtone est jeune et en pleine croissance, l'incapacité du... [Service correctionnel du Canada] de transformer rapidement ses bonnes intentions en gestes concrets dans le domaine des services correctionnels pour Autochtones se fera sentir dans l'ensemble du système de justice pénale et du système de justice pour les adolescents, ainsi que dans les collectivités autochtones et la société canadienne pendant de nombreuses années.
Voilà, en résumé, le contenu de ce rapport.
Les « recommandations » du Bureau de l'enquêteur correctionnel, auxquelles la motion de Jean fait référence, semblent découler de deux rapports, en l'occurrence le rapport de 2008-2009 et le rapport d'étape. Dans le premier cas, comme je l'ai déjà dit, la totalité des 19 recommandations, sauf une, n'ont rien à voir avec le mandat de notre comité et j'ajouterais que l'autre déborde également le cadre de notre mandat, même si son titre inclut le mot « Autochtones ». Quant au deuxième rapport, il ne renferme absolument aucune recommandation.
Pour ma part, j'affirme, en me fondant sur le paragraphe 108(2) du Règlement de la Chambre, que la motion est clairement irrecevable. Je crois utile de rappeler pour le compte rendu que le paragraphe 108(2) du Règlement de la chambre dit :
En plus des pouvoirs qui leur sont conférés conformément au paragraphe (1) du présent article et à l'article 81 du Règlement, les comités permanents, à l'exception des comités énumérés aux paragraphes (3)a), (3)f), (3)h) et (4) du présent article, sont autorisés à faire une étude et présenter un rapport sur toutes les questions relatives au mandat, à l'administration et au fonctionnement des ministères qui leur sont confiés de temps à autre par la Chambre. En général, les comités seront individuellement autorisés à faire une étude et présenter un rapport sur :
a) les textes législatifs liés au ministère qui leur est confié;
b) les objectifs des programmes et des politiques du ministère et l'efficacité de leur mise en oeuvre;
c) les plans de dépenses immédiats, à moyen terme et à long terme, et l'efficacité de leur mise en oeuvre par le ministère;
d) une analyse de la réussite relative du ministère, mesurée en fonction des résultats obtenus et comparée aux objectifs énoncés;
e) d'autres questions liées au mandat, à l'administration, à l'organisation ou au fonctionnement du ministère que le comité juge bon d'examiner.
Les deux rapports de l'enquêteur correctionnel débordent clairement le mandat de notre comité. Si le NPD souhaite qu'un comité soumette ces rapports à la Chambre, je suggère que les rapports soient acheminés au comité concerné, qui se chargera de les étudier.
De plus, ces deux rapports ont déjà été déposés à la Chambre. Il serait tout à fait inutile pour notre comité de les soumettre à la Chambre, étant donné que cela a déjà été fait.
Je m'oppose donc à ce qu'il soit fait rapport à la Chambre, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir permis de prendre part à votre séance aujourd'hui. Je suis ici pour deux raisons. Premièrement, en tant que femme autochtone, je m'intéresse beaucoup à ce que fait votre comité, et je félicite tous les membres du comité pour le travail fantastique que vous faites, à chacune de vos séances.
Mais en tant que femme autochtone et en tant que fille d'une femme qui a passé toute sa carrière dans un établissement correctionnel à s'occuper principalement de délinquantes autochtones, je souhaitais être présente ici aujourd'hui pour exprimer mon inquiétude à propos du fait qu'une motion déposée devant votre comité a pour objet d'accepter les recommandations qui ont été faites, alors même que je dois me dire en accord avec M. Duncan, et affirmer que ces recommandations sortent nettement du cadre des affaires de ce comité. Je reconnais la volonté de Mme Crowder d'aider les Autochtones.
La deuxième raison de ma présence parmi vous tient au fait que je suis membre du Comité permanent de la sécurité publique et de la sécurité nationale. Ce comité se penche actuellement sur la question de la santé mentale dans les systèmes carcéraux, et nous consacrons une part assez importante de notre temps à examiner la situation des nombreux délinquants autochtones qui sont effectivement atteints de maladies mentales et qui vivent des problèmes de dépendance.
L'étude que nous faisons se fonde dans une large mesure sur le rapport de l'enquêteur correctionnel. En fait, comme beaucoup de membres ici présents le savent, chacun des partis représentés a pris part à un voyage important qui avait pour objet de visiter et d'étudier les prisons au Canada, et nous avons même visité des établissements dans d'autres pays afin de pouvoir formuler les meilleures recommandations possibles à la Chambre, en collaboration avec divers intervenants, et parmi eux, l'enquêteur correctionnel.
Les pays où nous sommes rendus sont la Norvège et l'Angleterre. Vous comprendrez donc que des sommes importantes ont déjà été consacrées à la réalisation de cette étude. Nous examinons des recommandations tout à fait similaires, et nous étudions les recommandations formulées par l'enquêteur correctionnel. Il serait des plus inopportuns pour ce comité de soumettre quelque proposition que ce soit à la Chambre. Cela nuirait au travail qui se fait déjà. Cela reviendrait, selon moi, à dire aux contribuables que nous dépensons leur argent comme nous le voulons, que nous ferons pour mettre des bâtons dans les roues, même si nous nuisons au bon travail que d'autres tentent déjà de faire, à un coût prohibitif pour le contribuable.
Plus que tout, nous voulons aider ces délinquants. Nous voulons nous assurer qu'ils bénéficient le plus possible du travail de l'enquêteur correctionnel, de celui des intervenants du Service correctionnel du Canada, et de celui des parlementaires qui affichent beaucoup de dévouement dans l'examen de cette question.
Je pense vraiment que chaque membre de votre comité souhaite ce qu'il y a de mieux pour les Autochtones. J'en suis sincèrement convaincue. Je suis donc ici aujourd'hui pour faire valoir que cette motion est malvenue dans les circonstances, sachant que tous les partis sont représentés à d'autres comités et sachant que nous souhaitons tous faire ce qui est juste dans ce dossier.
Cette proposition n'est pas recevable, à la lumière des arguments que M. Duncan a fait valoir; je pense que nous devrions tous bien réfléchir et rejeter cette motion pour le moment, car son adoption aurait une incidence négative sur le travail que nous faisons au comité de la sécurité publique.
J'aimerais raconter une très courte histoire pour illustrer en quoi l'étude que nous faisons au comité de la sécurité publique a des retombées pour les Autochtones. En compagnie de M. Don Davies du NPD, j'ai rencontré une jeune femme, une Autochtone du nom de Debra, qui était incarcérée pour meurtre à Saskatoon...
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Merci, monsieur le président.
Lorsque Mme Crowder a déposé cette motion, je me suis senti un peu inquiet. Je pense que cette motion ne relève pas du mandat de notre comité. Nous nous ingérons dans le mandat d'un autre comité, celui de la sécurité publique et des services correctionnels.
J'ai travaillé avec la GRC pendant 18 ans. Tout le monde sait que j'ai été affecté, pendant toutes ces années, dans des territoires des premières nations et que j'ai collaboré étroitement avec des communautés des premières nations et des communautés métisses. J'ai vu le meilleur et le pire de ce que les gens pouvaient offrir.
J'ai une histoire à vous raconter qui illustrera ce que j'en pense, et ce que je pense du fait que notre comité souhaite déposer une motion à la Chambre. Cette histoire concerne mon frère. Quand j'avais six ans, nous avons accueilli un frère adoptif chez nous, et ce frère était issu d'une famille en grande difficulté de Sechelt, en Colombie-Britannique. Dès l'âge de six ans, ce frère a eu des démêlés avec la justice. Pour avoir grandi avec lui, j'ai vu toutes les difficultés avec lesquelles il a dû composer, du fait d'être passé d'un foyer adoptif à un autre. Puis, lorsqu'il a eu 16 ans, il est parti. Cela m'a beaucoup affecté, parce que j'ai alors perdu un frère. À la même époque, il a été mis en prison pour des vols de voitures; il a tout fait ce que l'on peut imaginer.
C'est l'une des raisons principales pour lesquelles je suis entré dans la police. Je me suis dit que je pouvais tenter d'aider les communautés et les premières nations. Il y a beaucoup à faire dans les communautés. Je me rappelle encore les grèves des agents correctionnels, pour lesquelles il fallait faire appel à la GRC, au niveau provincial; j'ai vu que les services correctionnels faisaient du bon travail, tout comme les services correctionnels fédéraux. Je vois que les services correctionnels montrent maintenant la voie à suivre en ouvrant des sueries, en rencontrant les anciens, en parlant des traditions, en s'efforçant de...
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Monsieur le président, des préoccupations ont été exprimées au sujet de la redondance de cette motion et du fait qu'elle nuirait à un processus déjà engagé dans un autre comité. Nous avons aussi entendu des préoccupations concernant notre mandat spécifique. Pour ma part, je pousserais le raisonnement un peu plus loin, et pour ces raisons je dirais que cette motion est incomplète. La motion fait référence à un rapport bien précis, mais nous avons déjà entendu un collègue dire qu'il pourrait y avoir bien d'autres rapports à prendre en considération.
Je suis tout à fait sensible à l'observation formulée par Jean, selon laquelle le développement socioéconomique des premières nations devrait être examiné dans une large perspective. Elle a parlé de l'approche par silos, dans le contexte de nos discussions d'aujourd'hui. Et il y a peut-être du vrai là-dedans, si je puis me permettre, par votre intermédiaire de m'adresser à Jean qui je le sais a toujours été très sensible à cette question et aux travaux de notre comité.
Mais je me permettrais, avec tout le respect que je vous dois, de dire que si nous souhaitons réellement nous pencher sur les déterminants plus larges, nous devons tenir compte des choses qui se font dans d'autres comités et que leur travail doit être pris en considération, dans l'optique de l'objectif que cette motion ou que toute autre motion apparentée a pour objet de réaliser.
Nous avons entendu un collègue nous dire qu'il existe des problèmes liés à la santé mentale et aux dépendances. En me fondant sur ma propre expérience, moi qui ai vécu dans des communautés des premières nations isolées et éloignées — et un peu partout au pays, en fait — je sais que la Direction générale de la santé des premières nations et des Inuits de Santé Canada possède de l'information à ce sujet. Nous voulons certainement nous assurer, je pense, de nous en tenir à un juste équilibre, est ne pas nuire au travail important que d'autres comités font ou peuvent faire. Nous sommes fiers de notre mandat, et je dirais que, selon moi, nous avons fait un excellent travail d'examen des facteurs déterminants, et des mesures qui permettraient de prévenir les comportements qui bien souvent débouchent sur le problème précis que nous examinons.
À mon sens, et d'un strict point de vue analytique, il m'est aisé de voir que le caractère redondant et nuisible de cette motion nous amènerait à livrer un travail tout à fait incomplet. Aux fins de cette motion et compte tenu de toutes les préoccupations techniques que ma collègue a évoquées précédemment, je crois qu'il serait sensé pour le moment de choisir objectivement de prendre du recul afin de voir quels autres aspects entrent ici en ligne de compte et pourraient avoir une incidence sur l'objet même de cette motion.
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Merci, monsieur Russell.
Je remercie tous les membres des points de vue qu'ils ont exposés sur cette question. Il ne fait aucun doute que le mandat de chaque comité est clairement délimité dans le Règlement de la Chambre, règlement que nous sommes tenus de suivre. Il est donc important que tous les avis de motion soient examinés dans l'optique de leur recevabilité. J'apprécie les réflexions et observations que les membres ont soumis à ce propos.
Dans le cas présent, je suis porté à aller du côté des observations selon lesquelles cette motion est en fait irrecevable, simplement et surtout en raison du fait qu'il y est question d'un large éventail de recommandations — en fait, comme on l'a souligné, de 19 recommandations figurant dans le rapport de 2008-2009 — recommandations qui ne relèvent pas spécifiquement du mandat de notre comité. Nous déclarerons donc la motion irrecevable.
Il existe, comme vous le savez, un processus établi en ce qui concerne les motions sur le fond. La motion peut être remaniée et soumise de nouveau au comité en tout temps.
Ceci est sans doute instructif pour tous les membres, dans la mesure où lorsque vous devez examiner des avis de motion, la question de la recevabilité se pose, vous pouvez vous adresser à moi ou au greffier. Il s'agit de questions qui pourraient être abordées afin de nous assurer d'en prendre connaissance, mais nous nous en tiendrons aux règles habituelles de notre comité, et procéderons de la manière qui suit.
Comme il n'y a pas d'autres affaires à examiner devant le comité, la séance est levée.