:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous et à toutes.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, vous avez choisi un sujet très important pour le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Il est au coeur de notre vision de l'Afrique. La région des Grands Lacs d'Afrique souffre d'une suite de crises humanitaires de longue date, y compris l'actuelle crise dans la République démocratique du Congo. Le gouvernement partage vos inquiétudes et a bien hâte de voir votre rapport. La paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs, et en fait en Afrique centrale, sont inconcevables sans la paix, la stabilité et le développement en RDC. Les deux sont liés.
Permettez-moi de parler un moment des différents pays et de leurs problèmes. Puis nous ferons le point sur l'ensemble de la région. La crise humanitaire dans l'est de la RDC est la plus longue et la plus grave dans le monde; deux guerres régionales successives et un conflit persistant ont coûté la vie à près de 5 millions de personnes, et près de 1,4 million de personnes sont actuellement déplacées à l'intérieur de leur pays. Toutefois, au cours des dernières années, nous notons des avancées sur la route de la paix et de la réconciliation malgré les récents soubresauts de violence dans l'est du pays.
Seule une solution régionale mènera à une stabilité à long terme en République démocratique du Congo et dans la région. En qualité de coprésident du Groupe des Amis de la Région des Grands Lacs africains, le Canada a participé de près à la mise sur pied d'une conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Cette conférence a réuni 11 dirigeants régionaux qui ont noué un dialogue constructif et jeté les bases du Pacte pour la stabilité, la sécurité et le développement, le premier véritable accord de paix dans la région.
Le Canada a contribué à cette réussite en accordant, essentiellement par l'intermédiaire de l'ACDI, un appui de 1,5 million de dollars, et en fournissant une équipe du MAECI dirigée par l'envoyé spécial de l'époque. Dans ce contexte, le Canada a cofinancé avec les Pays-Bas le sommet de Nairobi tenu en novembre 2008, qui a donné lieu à la démobilisation et la réintégration du CNDP, le groupe rebelle responsable de la crise humanitaire survenue à l'automne 2008.
La violence actuelle fondée sur le sexe a pris des proportions endémiques dans l'est de la RDC. Depuis 2006, le Canada a contribué 15 millions de dollars à l'effort multilatéral déployé pour venir en aide aux victimes de violence sexuelle. Cette initiative aide des dizaines de milliers de victimes en leur offrant des soins médicaux, du soutien psychologique, de même qu'un accès à la justice civile et à la réintégration socioéconomique. Nous faisons du combat contre la violence sexuelle une priorité et nous saisissons toutes les occasions de le souligner, notamment lors du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU célébré au ministère des Affaires étrangères.
Le 10 décembre 2008, nous avons décidé de mettre en lumière le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre en projetant le film The Greatest Silence, un documentaire émouvant qui témoigne de ce drame.
Depuis avril 2006, par l'intermédiaire de l'ACDI, le Canada a versé plus de 80 millions de dollars en aide humanitaire et en aide au développement à long terme au bénéfice de la RDC. Ce montant comprend l'appui de 15 millions de dollars aux élections de 2006, les plus importantes élections organisées par l'ONU dans le monde et les premières élections démocratiques multipartites en RDC depuis 1960.
L'aide actuelle au développement est axée sur la gouvernance démocratique et économique, ainsi que sur les soins de santé de base; l'égalité des sexes est un élément important qui recoupe tous les programmes mis en place. À ce jour, en 2009, l'ACDI a fourni 14,6 millions de dollars en aide humanitaire (non alimentaire) et 7 millions de dollars en aide alimentaire à la RDC seulement. Au cours des dix dernières années, par l'intermédiaire des opérations de maintien de la paix déployées par l'ONU, le Canada a contribué 235 millions de dollars à la MONUC, la plus importante mission de maintien de la paix de l'histoire.
La contribution du MDN à la MONUC vise la professionnalisation de l'armée congolaise, les initiatives de désarmement, de démobilisation et de réintégration, ainsi que les réformes judiciaires. À l'avenir et dans l'optique du développement durable, nous devrons trouver des moyens d'aider le pays et la région. Dans un milieu des affaires et de gouvernance jonché de difficultés, le Service des délégués commerciaux du Canada s'efforce d'améliorer le secteur des affaires et de promouvoir une approche intégrant la responsabilité sociale des entreprises dans des secteurs cruciaux en RDC, à savoir l'exploitation minière, les ressources naturelles et l'énergie.
Au 31 décembre 2008, la valeur de l'ensemble des actifs des sociétés minières canadiennes en RDC était estimée à plus de 5,7 milliards de dollars. Nous poursuivons notre dialogue régulier avec le milieu canadien des ONG et la diaspora congolaise dans tout le Canada afin de prendre leurs points de vue en compte dans nos initiatives.
Parlons maintenant du Rwanda. À la suite du génocide au Rwanda, le Canada a reconnu l'importance du travail collectif des femmes en vue d'améliorer leur vie. À cet égard, entre autres projets dans la même veine, le Canada a fourni, par l'intermédiaire de l'ACDI, 1,5 million de dollars à des organisations de la société civile pour qu'elles défendent les intérêts stratégiques des femmes, tels les droits liés à la succession héréditaire, la violence et la participation en politique. Nous avons aussi aidé des femmes à construire et réparer des milliers de maisons dans le cadre du programme de réconciliation et de reconstruction au Rwanda.
D'autres pays nous ont emboîté le pas dans ce domaine. Les femmes du Rwanda assument maintenant un rôle de poids dans la société et continuent à faire des percées en occupant des postes parmi les plus puissants au pays. Elles constituent la moitié du cabinet et 56 p. 100 du Parlement; il s'agit du plus important pourcentage de législatrices au monde.
En 2007-2008, les versements totaux de l'ACDI au Rwanda se sont élevés à 18,4 millions de dollars, dont 7,5 millions de dollars en versements bilatéraux. Comme le Rwanda est une société agraire, les programmes bilatéraux de l'ACDI se concentrent sur le développement rural intégré par l'intermédiaire du développement du secteur privé, les initiatives d'infrastructure rurale et la gouvernance démocratique locale. Ces programmes aident à renforcer la capacité des autorités locales et des associations rurales décentralisées à planifier et à gérer des programmes de développement.
Au Burundi, le Canada a participé directement au processus de paix qui a mené à la signature de l'accord de paix en 2000. Depuis lors, une réconciliation nationale et des négociations de paix ont donné lieu à une stabilité accrue, ce qui a amené des améliorations au secteur de la sécurité et des progrès en matière de réforme sociale, tels que les soins de santé maternels offerts gratuitement. En 2007-2008, l'aide de l'ACDI au Burundi s'est chiffrée à 6,3 millions de dollars. De 2004 à 2006, une Canadienne, Mme Carolyn McAskie, a été l'envoyée principale de l'ONU et était chargée de l'opération fructueuse de maintien de la paix menée par l'ONU au Burundi.
Depuis 2008, le Canada a donné son appui à la Commission de consolidation de la paix de l'ONU, un organisme créé pour gérer les transitions de la guerre à la paix dans les États fragiles. Le Canada a contribué 20 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix de l'ONU, qui fournit un soutien aux projets d'après-conflits de renforcement des capacités au Burundi et dans d'autres États de la région.
En Ouganda, la participation du Canada vise à aider le gouvernement et la population à établir les bases d'une paix durable dans le pays et dans l'ensemble de la région. Le Canada était l'un des principaux partisans internationaux du processus de paix dans le nord de l'Ouganda auquel il a contribué 8 millions de dollars. Même si la direction de la LRA a refusé de signer l'accord de paix final, les négociations ont ramené une paix relative dans le nord de l'Ouganda et ont permis le retour de centaines de milliers de personnes déplacées. Le Canada a également fourni un soutien technique au gouvernement de l'Ouganda pour la mise en oeuvre de l'accord de responsabilisation et de réconciliation. À ce jour, en 2009, le Canada a contribué 4,5 millions de dollars en aide humanitaire en Ouganda, par l'intermédiaire de l'ACDI.
D'une manière plus générale, le Canada appuie aussi la région des Grands Lacs au moyen de programmes régionaux dirigés par l'ACDI. Par exemple, le Canada a fourni une aide de 4,8 millions de dollars au renforcement des capacités institutionnelles et techniques des établissements de formation dans trois pays de l'Afrique centrale, en particulier la RDC, afin qu'ils deviennent des centres d'excellence régionaux en gestion durable des ressources naturelles. En outre, le Canada a versé une aide de 25 millions de dollars au Programme multi-pays de démobilisation et de réintégration destiné aux anciens combattants de la région des Grands Lacs. Il s'agit du plus important programme du genre au monde et celui-ci touche actuellement plus de 400 000 anciens combattants dans sept pays, dont le Burundi, la RDC, le Rwanda et l'Ouganda.
Les efforts diplomatiques déployés dans la région par le Canada continuent à promouvoir le respect du droit humanitaire international en vue de protéger les civils et de donner accès aux soins humanitaires nécessaires. Nous poursuivons notre travail au service de la paix et de la stabilité dans la région au sein des processus de paix national et régional et des initiatives de consolidation de la paix.
Monsieur le président, j'aimerais ajouter que notre équipe sur le terrain à l'ambassade du Canada à Kinshasa et à notre haut commissariat à Nairobi entretiennent des relations étroites avec nos partenaires dans la région des Grands Lacs, y compris les ONG, la communauté internationale et les États-membres de la région.
Notre personnel à Ottawa, tant au MAECI qu'à l'ACDI, se rend régulièrement dans la région des Grands Lacs pour rencontrer des partenaires et obtenir une connaissance et une compréhension de première main de la situation. Comme vous le savez, le secrétaire parlementaire Obhrai a visité la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi et le Kenya pour examiner sur place les possibilités d'une contribution canadienne éventuelle dans la région des Grands Lacs. Il a représenté notre ministre lors du sommet qui a donné lieu à la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement.
Monsieur le président, nous serons heureux de répondre aux questions du comité au sujet de la région des Grands Lacs d'Afrique. Comme vous l'avez déjà indiqué, notre délégation comprend des représentants de l'ACDI, ainsi que du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Sur ce, je vous rends la parole, merci beaucoup de nous donner l'occasion de vous présenter un aperçu de nos dossiers dans la région.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Sunquist et toute votre équipe, d'être ici présents aujourd'hui.
Je vais vous parler du Congo, du RDC. Vous avez mentionné que la crise humanitaire de l'est de la RDC est la plus longue et la plus grave au monde. Effectivement, la MONUC y est depuis très longtemps et coûte une fortune aux Nations-Unies. Vous nous dites que seule une solution régionale mènera à une stabilité à long terme en RDC et dans la région, et que le Canada a coprésidé le Groupe des Amis dans cette région ainsi qu'à la mise sur pied d'une conférence internationale dans la région des Grands Lacs.
Ma question est très simple. Que s'est-il passé depuis cette conférence internationale sur les Grands Lacs? La façon dont je vois ce qui passe actuellement en RDC, c'est qu'en février dernier, Mme Oda, notre ministre responsable de l'ACDI... Les quatre pays de la région des Grands Lacs ne font plus partie des partenaires du Canada, soit le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et la RDC.
Le Canada se dissocie-t-il de ce qui se passe en RDC actuellement? Qu'est-ce que le Canada entend faire? Le Canada devrait jouer un rôle diplomatique très important. On ne se sert pas suffisamment de la Francophonie. Or, la RDC en fait partie. J'aimerais en savoir un peu plus sur cette question.
Les conférences internationales ont abouti à quelque chose, ça va bien. Au Rwanda et en RDC, ça va un peu mieux. On ne dira tout de même pas qu'il y une paix. Toutefois, comme le Rwanda est le pays qui exporte la plus grande quantité de coltan au monde sans avoir une seule mine de coltan sur son territoire, on est en droit de se poser beaucoup de questions.
Que fait le Canada actuellement? Je ne veux pas savoir ce que le Canada a donné dans les dernières années ni si le Canada participe à la MONUC. Cependant, du point de vue diplomatique, que fait le Canada actuellement?
Merci.
:
C'est une question qui comporte deux parties.
[Traduction]
Tout d'abord, je pense que vous avez posé la bonne question, à savoir que nous travaillons pour en arriver à un certain résultat, mais que faut-il faire ensuite pour assurer que ça fonctionnera?
Je pense qu'il y a plus d'une réponse à cette question.
Premièrement, non seulement nous fournissons un appui en ressources humaines et en dollars, mais nous aidons aussi la population et les dirigeants de la région à s'attaquer ensemble aux problèmes. En fait, pour la première fois, il y a une action militaire conjointe; des pays ouvrent des ambassades dans la région. On commence à voir les pays de la région travailler ensemble. Cela ne se fait pas du jour au lendemain.
Deuxièmement, comme je l'ai mentionné dans mon exposé, le Canada et les Pays-Bas ont financé ensemble le sommet de Nairobi, qui constituait la suite et qui a abouti à un processus politique de l'ONU et d'autres dirigeants de la région. Des accords modifiés ont été signés et appliqués, et le désarmement en cours fait partie de ce processus.
Il y a des fonctions discrètes qui nous permettent de réunir les gens... on pourrait dire de manière diplomatique, je dirais plutôt de manière politique. Nous avons plusieurs groupes de désarmement qui sont à l'oeuvre.
Je pourrais peut-être demander à mon collègue M. Culham de répondre à la deuxième partie de votre question, concernant l'ACDI.
:
Merci beaucoup, monsieur.
Vous avez mentionné que le Canada a vraiment joué un rôle très important dans le passé, mais je dois affirmer que le Canada va continuer à participer aux événements dans cette partie du monde.
[Traduction]
L'ACDI a, dans la région des Grands Lacs, une longue et riche histoire qui inclut, outre les quatre pays dont nous avons parlé, la Tanzanie. Comme vous le disiez, le conflit dépasse largement les frontières de ces trois pays. Il englobe toute la région: Ouganda, Soudan, Tanzanie et les autres pays de la région.
Il y a trois ou quatre semaines, la a annoncé que l'ACDI allait canaliser son aide vers un certain nombre de principaux partenaires en développement. Mais ce qui s'est perdu dans ce message, c'est que nous n'allons pas abandonner ces pays, que nous allons continuer à leur offrir de l'aide bilatérale. Même si nous n'allons pas concentrer notre aide dans ces pays, nous continuerons à offrir des programmes bilatéraux dans cette partie du monde pendant bien des années encore, comme ceux qu'a mentionnés M. Sunquist. Par exemple, cette année, nous prévoyons verser jusqu'à 14 millions de dollars au Congo et 7 millions de dollars au Rwanda en aide bilatérale, et nous prévoyons maintenir plus ou moins ces mêmes niveaux au cours des prochaines années.
L'autre message qui s'est perdu, c'est que non seulement nous allons maintenir les canaux bilatéraux, mais nous aurons également des programmes multilatéraux et des partenariats. Ainsi, nous allons continuer à offrir des programmes avec l'aide des groupes canadiens de la société civile qui sont actifs dans cette région. Nous allons continuer à acheminer l'aide par l'entremise d'organismes multilatéraux, que ce soit les Nations Unies ou les institutions financières internationales présentes dans cette région du monde. Ainsi, le Canada maintiendra une présence assez importante dans cette région dans un avenir prévisible.
Je voudrais simplement répondre à votre question à savoir ce qu'a fait le Canada à la suite du deuxième sommet de la Conférence internationale sur les Grands Lacs tenu en 2006.
Pour répondre à votre question, en novembre 2008, comme M. Sunquist vous l'a dit, le Canada a financé, avec les Pays-Bas, le sommet de novembre à Nairobi qui a permis de rassembler, alors que la crise était à son maximum dans l'est du Congo, tous les protagonistes et de conduire à un processus politique.
Comme vous le savez, ce processus a été conduit par l'ancien président Obasanjo et l'ancien président de Tanzanie et a mené, plus tard, à toutes sortes de rencontres — vous le savez aussi — avec le CNDP. Cela a aussi permis l'arrestation du chef actuel du CNDP et à une décision que le Rwanda et le Congo ont prise seuls, puisque notre but à tous est que les pays de la région prennent leurs décisions seuls. Donc, cela a été l'une des contributions, qui n'a peut-être pas été assez connue mais qui est imputée au processus international de la région des Grands Lacs.
J'ajouterais deux autres points par rapport aux droits humains, puisqu'on a beaucoup agi sur les droits humains, en particulier les droits des femmes et les violences sexuelles. Le Canada a beaucoup insisté, lors de la session spéciale du Conseil des droits humains tenue à Genève en novembre et en décembre derniers, pour que cette question soit inscrite à l'ordre du jour et fasse l'objet d'une résolution, ce qui a été le cas.
Quelques mois plus tôt, à l'été 2008, le Canada a été l'un des coparrains de la résolution 1820 des Nations-Unies, qui reconnaît pour la première fois le crime sexuel comme étant intimement lié aux problèmes de paix et de sécurité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui reviennent pour faire le point sur ces questions. Merci, à vous Ken, et à toute l'équipe.
Madame Lalonde, bienvenue. Je dois dire que je suis heureux de vous revoir.
Merci, Ken. Comme vous l'avez mentionné, je suis allé dans la région et nous avons fait un vaste examen; vous avez mentionné le sommet.
J'aimerais raconter à mes collègues l'important engagement du Canada dans cette région, engagement qui comporte de nombreux volets. Mon collègue ici présent vous parlera de la participation de l'ACDI, mais je suis allé avec John Gautier, qui est assis dans le fond de la salle, et qui a également joué un rôle important. Nous avons travaillé de près — comme nous l'avons dit, nous étions coprésidents — avec les Pays-Bas dans la région des Grands Lacs.
Les défis dans la région des Grands Lacs ne se limitent pas au développement. Il y a également le conflit qui dure depuis si longtemps et qui a engendré une crise humanitaire. Paul Dewar a participé récemment à des discussions sur la violence sexuelle dans cette région. Tous ces problèmes sont attribuables à l'instabilité de la région, où il y a beaucoup de combats. Le pacte qui a été signé à Nairobi est l'une des premières mesures que nous ayons prise pour qu'il y ait la paix et que cette paix permette de rehausser le développement et la mobilisation des efforts.
L'un des résultats a été la création d'un secrétariat à Bujumbura, sous la direction d'un Tanzanien, pour surveiller le respect de ce pacte et le développement.
J'aimerais que vous nous disiez ce qu'a fait ce secrétariat et que vous nous parliez du calme qui règne dans la région, ce qui permet à l'ACDI et aux ONG de s'y rendre pour faire du travail de développement et pour lutter contre le taux très élevé de violence sexuelle, un problème qui inquiète beaucoup les Canadiens.
Je sais que le Rwanda et le Congo ont collaboré pour assurer la paix dans la région, mais parlons du long terme: le secrétariat à Bujumbura et la prise en charge de cette responsabilité par les Africains eux-mêmes, ce qui était l'objectif ultime.
Allez-y.
:
Si vous me le permettez, monsieur Obhrai, je vais répondre en français.
[Français]
Merci.
C'est exactement le point qui était souligné avec ce processus international sur la région des Grands Lacs. C'est la question d'ownership, c'est-à-dire que ce sont les pays eux-mêmes qui se sont retrouvés autour d'une table. Le seul fait de rassembler ces 11 pays autour d'une table — dont neuf ont ratifié, en 2006, le pacte dont M. Obhrai parle — pour qu'ils reprennent le dialogue était en soi le défi puisque, comme vous le savez, le Congo se relevait de deux guerres successives lors desquelles, pendant un certain moment, plus de sept armées étrangères des pays voisins se sont affrontées sur son territoire.
L'originalité et l'importance de ce pacte qui a été ratifié par neuf de ces pays voisins, c'est qu'il traite de tous les secteurs de la vie économique, sociale et politique touchant ces pays. Ce n'est pas uniquement un pacte qui touche le domaine de la paix et de la sécurité, c'est aussi un pacte qui touche, par exemple, aux relations commerciales fondamentales entre ces pays voisins.
Si vous me le permettez, je fais le lien avec la question de Mme Lalonde. Les relations commerciales qu'ils ont entre eux est un élément essentiel au sujet duquel les pays de la région nous demandent de les aider et de les accompagner. Cette semaine, il y a une mission commerciale de cinq pays d'Afrique de l'Est, dont le Rwanda et le Burundi, puisque ces deux pays appartiennent à la fois à l'Afrique centrale et à l'Afrique de l'Est. C'est une mission commerciale qu'ils ont voulue, à laquelle ils ont travaillé énormément depuis des mois et qui est présidée par la ministre du Rwanda. Il y a cinq ministres de ces cinq pays: Rwanda, Burundi, Kenya, Tanzanie et Ouganda. Le développement du secteur privé est justement un des éléments couverts par le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs.
C'est donc là, je le répète, l'originalité du pacte, parce que ça touche tous les éléments pour une reconstruction des pays et non pas uniquement le fait de sortir du conflit, comme c'était indispensable il y a quelques années.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Dans mon communiqué, je demandais si le Canada allait répondre à l'appel du Congo. Je suis heureux d'apprendre que nous avons répondu à une partie du message, et peut-être que nous pourrions approfondir la question.
Lorsque je suis allé en RDC, l'une des choses qui m'ont frappé, c'est la richesse paradoxale de ce pays. C'est un pays extraordinairement riche. Il possède une diversité incroyable de ressources naturelles, mais il est absolument renversant de voir les effets de la richesse sur la population.
J'aimerais savoir ce que nous pouvons continuer à faire, car nous avons fait du bon travail. Je dois reconnaître l'ambassade et les fonctionnaires que j'ai rencontrés sur place. Ils font du bon travail sur le terrain.
J'aimerais savoir, tout d'abord, si les 15 millions de dollars promis particulièrement pour lutter contre la violence sexuelle vont s'épuiser. Est-ce que nous songeons à maintenir le financement de cette initiative importante? Comme chacun le sait, la violence sexuelle persiste. Dans certains cas, elle s'est même aggravée, ou s'est transformée, ou s'est déplacée. Je voudrais simplement savoir si nous allons continuer à financer ce projet, même s'il est prévu, je pense, que le financement prendra fin cette année.
Vous pouvez toujours me fournir cette réponse plus tard.
:
Merci, monsieur le président.
Hier, j'ai rencontré des représentants de la Communauté d'Afrique de l'Est en visite au Canada. Je parle du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi, du Kenya et de la Tanzanie. Nous avons parlé de l'initiative des pays de concentration entreprise par notre gouvernement, dont le but est de rendre notre aide bilatérale plus efficace et responsable.
Il y a deux choses qu'ils ignoraient. Sur le budget total de 4,3 milliards de dollars de l'ACDI, 1,5 milliard de dollars constituent de l'aide bilatérale. De plus, 80 p. 100 de ces 1,5 milliard de dollars font l'objet d'une concentration, ce qui représente donc environ 1,2 milliard.
Le Kenya est l'un des pays de concentration. Ils ont été étonnés de l'entendre, parce qu'ils étaient convaincus que la totalité de l'aide allait être supprimée. Je leur ai signalé qu'outre les 4,3 milliards de dollars administrés par l'ACDI, il existe beaucoup d'autres sources d'aide étrangère à leur disposition au Canada. De fait — c'est vraiment important — de 2005 à mars 2009, le montant de l'aide destinée à l'Afrique a doublé pour atteindre 2,1 milliards de dollars, un montant qui ne vient évidemment pas en totalité de l'ACDI, mais de toutes les sources. Cette information les a vraiment beaucoup encouragés.
J'ai aussi rappelé que les autres pays qui s'étaient engagés à doubler leur aide à destination de l'Afrique n'atteindraient pas avant au moins un an l'objectif que nous avons déjà atteint. C'est donc quelque chose dont les Canadiens peuvent être très fiers.
La question que j'adresse aux témoins porte sur la Communauté de l'Afrique de l'Est. Lors des échanges que j'ai eus avec le groupe, ils ont affirmé qu'ils étaient en train de constituer l'équivalent de l'Union européenne et un groupe commercial. Concernant les problèmes que nous essayons de régler au sujet de la région des Grands Lacs, quelle est l'importance, ou comment ce concept de la Communauté de l'Afrique de l'Est, ces cinq pays qui essaient de se rassembler du mieux possible, et le fait que vous avez la RDC, est-il relié politiquement et économiquement, et en particulier, au mouvement géographique des personnes dans la région?
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Dans ce cas, ma réponse ne sera pas aussi longue.
Ces États qui étaient en guerre commencent à coopérer économiquement, politiquement et militairement. C'est ce que le Canada essaie de faire, les amener à se prendre en main.
a posé une question au sujet de la prospérité et du développement durable, du Fonds d'investissement du Canada pour l'Afrique, d'Exportation et Développement Canada, de la Corporation commerciale canadienne, ou de l'ACDI, qui ont recours à un certain nombre d'instruments du gouvernement du Canada pour aller de l'avant... Nous pouvons octroyer de l'aide, mais à long terme, il est question d'obtenir du développement durable. Et la seule façon dont on peut le faire comme région, c'est si tous les pays y contribuent.
La réponse est très claire: il faut consolider ces institutions l'une après l'autre et s'assurer que les pays et la région en profitent. Vous avez donc posé la bonne question.
Cela nous ramène à l'autre question à propos de ce qui est arrivé depuis que l'accord de paix a commencé à prendre forme. Enfin, ils travaillent ensemble. Je veux dire, pour avoir un regroupement commercial? Je n'aurais même pas pu imaginer ça il y a cinq ans. Se concerter militairement? Eh bien, ils se faisaient la guerre.
En réalité, ils sont en bien meilleure situation aujourd'hui qu'il y a cinq ans.
Je suis certain que mes collègues de l'ACDI peuvent m'aider à vous répondre.
Vous avez tout à fait raison, les efforts du Canada en Afrique sont le fait des ONG, des compagnies et des pouvoirs publics. En réalité, la clé du succès réside dans le fait qu'ils travaillent tous avec les mêmes idéaux en tête.
Vous avez parlé de corruption. Eh bien, dans les cas où les compagnies veulent s'assurer qu'il y a égalité des chances et transparence, et qu'il n'y a pas de corruption, il est certain qu'au sein du programme de l'ACDI concernant la gouvernance, vous voulez d'abord la réduire puis l'éliminer. Un des plus grands échecs, dans une grande partie de l'Afrique, concerne la corruption et le fait que les ressources n'aboutissent pas entre les mains de ceux qui devaient les recevoir.
Il s'agit donc de travailler avec les établissements d'enseignement, la magistrature et les pouvoirs publics à tous les niveaux. Je suis sûr que vous pouvez trouver des programmes qui viennent soit des Affaires étrangères soit de l'ACDI, ou encore de sources très différentes. Si vous allez en Angola, la Corporation commerciale canadienne travaille avec eux en matière de marché public pour s'assurer qu'il y a de la transparence. C'est une petite chose en périphérie, mais ça marche.
En fait, c'est pourquoi nous examinons l'étude que ce groupe est en train de faire, le genre de chose que nous devrions essayer, et les priorités de ce groupe là-bas. Le but est de nous assurer que l'Afrique, en tant que continent, est un partenaire pour nous. Ce n'est pas seulement un bénéficiaire d'aide. Si nous sommes là, c'est que nous voulons les aider à s'aider eux-mêmes.
Je ne sais pas si ça répond à votre question. Comme l'Economist l'a dit, je pense que c'est la société civile; ce sont les gouvernements, les entreprises, c'est tout ensemble.
L'un des plus grands problèmes que l'on constate, c'est que, par exemple, il y a des pays dans le monde qui croient en un peu plus de corruption. Si vous regardez l'Afrique aujourd'hui, vous verrez qu'il y a des endroits où la politique gouvernementale est ébranlée par ce genre de chose. Nous combattons ça. Nous le signalons à ceux qui peuvent faire des choses, ainsi qu'à la population.
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Merci. Je ferai un court commentaire général.
D'abord, je ne peux que souligner l'importance pour le comité permanent d'étudier le Congo. J'imagine que vous avez dû déjà prendre connaissance de l'importance de la RDC, la République démocratique du Congo, pour la politique canadienne. Nous sommes très heureux d'être ici.
Il y a de bonnes raisons d'étudier la politique canadienne vis-à-vis du Congo. Je suis arrivé en retard, malheureusement, et je n'ai pas entendu ce que vos invités du ministère des Affaires étrangères et de l'ACDI ont présenté. En ce qui nous concerne, du côté de la société civile, nous remarquons, nous déplorons une déperdition de l'intérêt du Canada envers la République démocratique du Congo, et nous n'y comprenons rien. Nous le déplorons et nous considérons qu'il faut redresser la situation.
Si vous le permettez, je vais revenir un peu en arrière pour faire certaines comparaisons, mais très brièvement, sans donner un cours d'histoire. La politique canadienne a été, au cours des dernières années, depuis 10 ans, axée sur la construction de la paix durable et la concertation avec les autres partenaires. C'est parce que le Congo est un pays très important pour la stabilité de la région, mais également parce que l'importance du Congo est massive pour la reconstruction et pour le démarrage économique du continent.
Il nous apparaît, malgré cela, qu'il y a une déperdition, je le répète, de l'intérêt canadien. On pourrait croire, depuis les dernières élections, que la stabilité et la paix sont revenues dans la région et au Congo, particulièrement depuis les accords, la mission de pacification conjointe Rwanda et Congo, au Nord-Kivu, pour combattre les FDLR. Ce que l'on entend sur le terrain, c'est que ce n'est pas vraiment le cas. On l'espère, on le souhaite, mais on ne peut pas dire que la pacification ou que la paix durable soit installée à demeure.
Il y a eu des améliorations importantes sur une grande partie du territoire, mais je vous rappelle que dans un des cinq territoires de la province du Nord-Kivu, il y a eu, depuis un mois, 100 000 personnes déplacées. Ces chiffres, quand on parle du Congo, peuvent apparaître négligeables parce qu'on a toujours tendance à exagérer, tant les problèmes sont énormes, mais c'est ainsi.
Je reviens un peu en arrière pour indiquer comment le Canada est intervenu de manière conséquente, régulière. En 1996, je vous le rappelle, le Canada avait lancé une mission militaire et humanitaire pour aller atténuer les crises: la crise humanitaire et la crise de sécurité qu'il y avait dans les camps de réfugiés hutus rwandais à l'est du Congo. C'était une initiative canadienne. On ne reviendra pas sur cette mission, qui s'est avérée un demi-échec et on pourrait voir pourquoi. Aujourd'hui, quand on évalue l'intervention canadienne au sein de la MONUC, en tant qu'intervention militaire, on remarque qu'il y a entre huit ou neuf officiers qui y sont. De ce côté, on peut dire qu'il y a quelque chose qui manque.
Depuis la signature de l'accord de paix à Lusaka en 1999, le Canada s'est empressé de soutenir politiquement et financièrement tout le travail du facilitateur pour l'organisation du dialogue intercongolais, l'ex-président du Botswana Ketumile Masire. Le Canada l'a soutenu jusqu'à la terminaison de ce dialogue intercongolais, qui a abouti à l'organisation d'un gouvernement de transition. Cela s'est fait jusqu'en 2003. De 2003 à 2007, le Canada a fait partie, et cela à l'invitation des autres pays étrangers influents au Congo, du Comité international d'accompagnement de la transition, qui était en quelque sorte le parrain ou la marraine proche du gouvernement. Parallèlement à cette intervention, le Canada s'est engagé massivement en tant que coordonnateur, avec les Pays-Bas, du Groupe des Amis de la région des Grands Lacs, de 2003 à 2006. À ce poste, le Canada a nommé, en 1998, un envoyé spécial qui a eu le statut d'ambassadeur.
En juillet 2008, ce poste a été aboli, et depuis, on ne voit pas où le Canada se situe diplomatiquement au Congo et dans la région. Ce qu'il reste à présent de ce poste d'ambassadeur itinérant, comme on l'appelait, c'est un poste de conseiller qui est maintenant lié à l'Afrique centrale, avec beaucoup moins de pouvoirs, évidemment. Cela a abouti à une perte importante de compréhension des enjeux politiques d'envergure de toute la région, de ce qui se passe, de la connaissance des acteurs politiques, ce qu'on possédait pendant toute cette période.
Je vais terminer en disant qu'un des facteurs de notre incompréhension de la perte d'intérêt, c'est que le Canada est devenu — vous le savez sans doute — la superpuissance minière sur le continent africain. C'est ainsi que les statistiques de Ressources naturelles Canada le présentent. De 33 p. 100 à 34 p. 100 de tous les investissements miniers sur le continent africain viennent de Toronto, du Canada. Le seul autre pays qui investit autant — un petit peu plus —, c'est l'Afrique du Sud, mais il investit dans son propre pays. Je vous donne un exemple, et là je parle de la République démocratique du Congo. En 2001, les avoirs canadiens étaient de 340 millions de dollars. En 2007, les avoirs canadiens en République démocratique du Congo étaient de 2,6 milliards de dollars, huit fois plus. Au Congo, la puissance minière, c'est le Canada. Quand on se présente, quand on circule maintenant, les gens qui ne nous connaissent pas et qui apprennent qu'on est des Canadiens nous demandent si nous travaillons pour le mining.
Ces investissements proviennent évidemment d'accords conclus pendant une période assez trouble. Les contrats signés par les entreprises canadiennes — il y en a maintenant une douzaine — l'ont été pendant la période de transition, durant une période où le vis-à-vis du gouvernement ou des autorités était soit des gens de Kinshasa, soit des groupes rebelles. Pour cette raison, la légitimité de ces contrats laisse à désirer et fait en sorte que maintenant, les Congolais mettent en doute, mettent dans un grand panier, l'ensemble de ces contrats en disant que ce sont des contrats léonais qui perdent évidemment, comme je le disais, une certaine légitimité.
Il y a eu plusieurs rapports, il y en a eu trois dont un rapport des Nations Unies, du Groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République démocratique du Congo, qui ont désigné neuf compagnies canadiennes, parmi les 90 compagnies étrangères qui étaient là, comme étant en violation des principes directeurs de l'OCDE. Le Conseil de sécurité des Nations Unies n'a pas voulu aller plus loin à ce sujet. C'est le gouvernement congolais qui l'a fait. Le gouvernement congolais a mis sur pied deux commissions d'enquête. Il y a eu la commission Lutundula, pendant la période de transition, qui a soulevé des éléments tout à fait douteux dans la majorité de ces contrats. Ce rapport n'a jamais été discuté au Parlement congolais. Cependant, le nouveau gouvernement de M. Kabila, formellement élu, a mis sur pied une commission de négociation, une commission d'enquête, sur 60 contrats miniers parmi lesquels huit ou neuf contrats canadiens. De ces 60 contrats, aucun n'était à l'abri de critiques, mais dans la liste des contrats à rejeter complètement, quatre provenaient de compagnies canadiennes. Le processus de renégociation est en cours, dans le moment, et il semble y avoir un certain problème. En ce qui concerne la majorité des contrats, on a fait des aménagements. Dans le cas des six derniers contrats où les compagnies tardent à s'entendre, on retrouve quatre compagnies canadiennes.
Je termine en vous disant ceci. L'an dernier a été une année en bourse extraordinaire. Les valeurs minières ont atteint des sommets inégalés. Le résultat au Congo pour les Congolais, pour la population congolaise, c'est zéro. Le résultat pour le gouvernement congolais, c'est presque rien.
Alors, pour les Congolais que nous rencontrons régulièrement, la vie dans les zones minières dépend des marchés étrangers, de la Bourse de Toronto ou de celle de Londres. Ceci fait que, durant la période que j'ai évoquée un peu plus tôt, le Canada apparaissait comme une puissance moyenne, mais efficace. À présent, le Canada fait partie du problème.
Merci.
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Comme organisation de la société civile canadienne en discussion avec les organisations de la société civile africaine, particulièrement celle de l'Afrique centrale, on se pose des questions sur la politique étrangère canadienne qui, comme le font plusieurs pays riches, préconise, il nous semble, des solutions à rabais pour régler des problèmes qui sont plus profonds. Si on considère l'Afrique centrale, on devrait se rendre compte que cette suite de décisions à rabais qu'on a soutenues depuis 1994 n'a strictement rien réglé. Il y a présentement des massacres et des viols, on brûle des maisons et on vide des villages, après avoir cru que le soutien d'une initiative conjointe de l'armée rwandaise et de l'armée congolaise pouvait apporter une solution.
On sait que des belligérants sont responsables de massacres, et le Canada, comme l'ensemble de la diplomatie internationale, appuie les initiatives qui visent à intégrer des rebelles qui ont tué et violé au sein de l'armée congolaise. On se rend compte ensuite que l'armée congolaise est incapable de régler les problèmes provoqués par les rebelles.
On a soutenu une initiative conjointe avec une armée qui, par ailleurs, soutenait d'autres groupes rebelles. Alors, chaque fois qu'on fait des appels à la communauté internationale, par exemple pour le renforcement de la mission de paix des Nations Unies au Congo et pour une participation accrue des pays riches, on trouve une solution à court terme qui est présentée comme une solution locale.
Denis a parlé d'initiatives du Canada de 1996. Après le désastre du Rwanda, plus d'un million de réfugiés étaient dans les Kivu. À l'époque, le gouvernement canadien avait pris l'initiative d'une mission de paix. On a prétendu qu'il y avait une solution locale qui pouvait permettre de régler le problème. Cette solution locale a consisté à appuyer l'armée du Rwanda quand elle a bombardé les camps de réfugiés pour forcer le retour d'une partie des réfugiés chez eux et quand elle a pourchassé ces réfugiés dans tout le Congo. En fait, la déstabilisation continue qui s'ensuivit au Congo a entraîné 5 millions de morts et un pays complètement en ruines.
Avec ce qui était présenté comme une solution africaine locale — en fait, une solution moins coûteuse pour les pays riches —, on ne pouvait imaginer pire conséquence que ce qui s'est passé. Par exemple, quand on fait le dialogue intercongolais, on soutient l'inclusion des différents belligérants dans un gouvernement d'unité nationale. Alors, des gens qui sont des criminels deviennent ministres, partagent le pouvoir et ne mettent pas en place des politiques de bonne gouvernance ni des politiques pour combattre l'impunité, de sorte qu'on n'avance pas.
Maintenant, on préconise l'intégration de rebelles au sein d'une armée, pour constater ensuite l'incapacité de cette armée à régler le problème. On dit alors que c'est un État déficient. Il nous semble qu'il devrait y avoir une réflexion sur ces politiques et sur le refus des pays riches de s'engager de façon claire et efficace dans des missions de paix en Afrique.
Après le Rwanda, on avait dit que les missions de paix en Afrique étaient sous-équipées, sous-calibrées et sous-financées. Denis a dit que pas plus de cinq ou six militaires canadiens participent à la plus grande mission de paix sur la terre. En fait, c'est l'ensemble des pays occidentaux qui, sur 18 000 militaires, n'en fournissent pas plus d'une centaine, au fil des ans.
Généralement, quand la situation sur le terrain devient vraiment troublée, quand il y a des problèmes, les contingents sur place vont se terrer dans leurs casernes. Le Canada et les pays riches paient, mais refusent de s'impliquer. On se retrouve alors avec des missions de paix sur ce continent qui sont d'une grande inefficacité. Après, on blâme les gouvernements locaux.
J'aimerais réitérer la demande qui a été faite par des représentants d'organisations de la société civile et d'églises d'Ottawa à des députés et au ministre des Affaires étrangères du Canada, soit une participation plus active du gouvernement canadien dans une mission de paix qui concerne une grande partie de l'Afrique. La République démocratique du Congo a des frontières avec neuf pays et a d'immenses richesses. Un Congo déstabilisé et faible entraîne des conséquences négatives sur une grande partie de l'Afrique.
Je voudrais aussi qu'on pose des questions sur la politique de coopération du Canada dans cette région. La République démocratique du Congo est un pays qui partage une de nos langues et est le plus grand pays de la Francophonie. Il possède des richesses fabuleuses pour lesquelles le Canada a des intérêts ou, du moins, une expertise, et pourrait contribuer à un développement sur place et ici. Je veux parler des mines, des forêts, de l'énergie, de l'électricité et des transports. Je rappelle que c'est dans cette région que se vit la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, depuis le milieu des années 1980, pas un ministre canadien n'a mis les pieds dans ce pays.
En ce qui concerne l'enveloppe de la coopération, on salue le fait qu'après une dizaine d'années de tâtonnements, on a réussi à élaborer et à faire adopter un cadre de programme pour la coopération canadienne. On pense que c'est important. L'an dernier, l'enveloppe du programme régulier, hors aide humanitaire, pour la République démocratique du Congo était moins élevée que ce qu'elle était pendant les bonnes années de M. Mobutu. Malgré qu'il s'agisse d'un pays jouant un rôle clé et qu'on dise qu'on doit doubler l'aide du Canada en Afrique, l'enveloppe était moins élevée en 2008 que pendant les années 1980.
Il y a un avantage et un désavantage à passer le dernier. Beaucoup de gens ont déjà dit des choses sur lesquelles je pensais miser, mais sur lesquelles je suis très d'accord. Si vous me le permettez, puisque je suis d'accord sur ce que mes collègues ont dit, je poursuivrai là où Serge était rendu. Il aurait peut-être continué, s'il avait eu un peu plus de temps.
Le cadre de coopération actuel de l'ACDI a été effectivement mis en place, et on en est très heureux. On espère qu'il aura des impacts significatifs dans les domaines de la santé, de la gouvernance et des droits des femmes, dont on a beaucoup parlé au cours de la séance précédente où on est arrivés un peu tard.
Il ne s'agit pas simplement du Congo; c'est une question plus large. Mais comme j'ai peu d'occasions d'être devant vous, c'est le moment de le mentionner. D'une certaine façon, ce code de coopération exclut des acteurs qui ont des connaissances politiques importantes sur la République démocratique du Congo. On peut parler de la société civile congolaise elle-même, qui est très peu engagée dans la mise en oeuvre des actions canadiennes et, bien sûr, de la société civile canadienne.
Je tiens vraiment à le mentionner puisque dans les choix que la coopération canadienne a faits dernièrement pour mettre en oeuvre ses programmes, par exemple Alesse pour la question des droits des femmes, les organisations de la société civile canadienne — la mienne, celle de mes collègues et beaucoup d'autres — n'ont pas été impliquées dans la mise en oeuvre de ces actions. On a choisi de faire appel à des organisations multilatérales de l'ONU, qui sont évidemment très efficaces d'une certaine façon, mais qui ont au moins deux petits défauts. Premièrement, elles coûtent très cher. On oublie souvent ce petit détail. Deuxièmement, elles n'ont pas de comptes à rendre au gouvernement canadien. Il n'y a pas ou il y a peu d'organisations canadiennes qui bénéficient aussi de cet apport, de ce travail. Il est important de le mentionner parce que les organisations de la société civile canadienne, dont la mienne, travaillent en République démocratique du Congo depuis de nombreuse années.
Il y a peut-être quelques centaines de partenaires locaux congolais qui travaillent sur la question des femmes et qui peuvent mettre en oeuvre des projets. Dernièrement, on a mené un projet qui avait été appuyé par un autre pays, malheureusement ou heureusement. Il portait sur les droits des femmes à Kinshasa et nous a permis de donner de l'information dans toutes les langues nationales. Dans le cadre de ce projet, on a pu en parler de façon significative, mais malheureusement, le Canada n'a pas pris le même genre d'initiative. À mon avis, c'est une perte importante.
C'est essentiellement ce que j'avais à dire.
Merci beaucoup, messieurs Blais, Lambert et Tougas.
Le Congo est un immense pays, en termes de superficie, et la région des Kivu est quand même très éloignée de Kinshasa. Je n'y suis jamais allé, mais mon confrère M. Dewar en revient.
Monsieur Tougas, vous nous avez parlé de l'importance des compagnies minières canadiennes dans toute cette région et des difficultés qu'elles ont à négocier actuellement avec le gouvernement, d'autant plus qu'il y a très peu de bénéfices pour la population et même pour le gouvernement. C'est ce que j'ai compris.
En RDC, les conflits se limitent-ils à la région des Kivu ou y a-t-il d'autres conflits à l'intérieur du pays?
Vous avez dit également que depuis 2008, il n'y avait plus d'envoyé spécial du Canada en RDC et qu'il n'y avait qu'un conseiller spécial pour l'Afrique centrale. L'Afrique centrale est une très grande région, ce qui revient à dire qu'il n'y a pas d'envoyé spécial pour la RDC comme telle. C'est aussi simple que ça.
Est-ce que la nomination d'un conseiller spécial pourrait aider à la compréhension et, par la suite, à trouver certaines solutions avec d'autres partenaires européens?
Pensez-vous que l'Union africaine met des bâtons dans les roues, lorsqu'il s'agit de trouver des solutions en Afrique qui viendraient des pays du Nord? J'entends par Union africaine surtout la Libye, dirigée par M. Khadafi dont j'ai parlé plus tôt.
Sur place, selon ce que je connais, je vous le répète, il y a maintenant entre huit et neuf entreprises canadiennes qui sont parmi les plus importantes. On reste toujours sur place avec l'engagement volontaire des entreprises d'appliquer leurs propres politiques internes, autant en matière d'environnement qu'à d'autres niveaux.
Pour ceux et celles qui sont allés au Congo, l'État n'a pas été capable — et n'est pas encore capable — d'assumer ses responsabilités. Je vous donne un exemple. Une section du ministère des Mines est passée au feu. Ce sont les compagnies minières qui ont construit le nouveau bâtiment. Juste pour vous donner une idée, il n'y a que deux fonctionnaires pour faire les études de faisabilité d'une centaine d'entreprises. Vous voyez la situation?
Actuellement, les entreprises appliquent elles-mêmes ce qu'elles entendent par normes dans les domaines de l'environnement, de l'embauche, du développement local. Dans certaines provinces, comme celle du Katanga, il y a une société civile et des gens de l'administration provinciale qui vérifient les choses, mais dans l'état actuel.
Ce qu'on a entendu de la situation actuelle, c'est que les effets de la crise financière font en sorte que l'ensemble des entreprises, à l'exception de trois, ont vraiment arrêté leur exploitation en mettant à la porte — en chômage technique — une grande quantité de personnes. C'est tout. La seule réponse que je peux vous donner, c'est qu'à la suite de cela, on laisse aux entreprises le soin d'appliquer ce qui doit se faire selon leur entendement.
Concernant l'ambassade du Canada, selon mon expérience, elle fait la promotion de manière très vigoureuse des intérêts canadiens, comme c'est son mandat, je crois. Cela pose problème dans un pays qui se trouve parmi les plus pauvres sur le plan économique, mais parmi les plus riches en matière de ressources. Le problème consiste à savoir quels sont les intérêts canadiens. Sont-il supérieurs aux intérêts de la population? Puisque la révision et la renégociation des contrats miniers n'est pas terminée, il semble que, pour l'ambassade, les intérêts canadiens priment sur le développement du pays.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités.
Il est remarquable que ces derniers jours, entre 60 et 90 personnes ont été tuées. Comme je l'ai dit, cela se poursuit de façon régulière. Ce qui est triste, c'est que c'est maintenant la norme parce qu'on entend les chiffres et ça disparaît.
Nous avons parlé un peu avec les fonctionnaires du ministère de certains des programmes que nous finançons, et peut-être de certaines des initiatives que nous devrions continuer de financer, mais s'il est une question qui n'a pas été posée, et que vous, vous avez abordée, c'est celle de la MONUC. Nous savons qu'elle réclame désespérément des moyens. Il s'agit d'une mission de maintien de la paix sanctionnée par le Conseil de sécurité; il ne s'agit donc pas d'attendre un plan venant de l'ONU, ce qui est souvent le cas, parce qu'il en existe déjà un.
Premièrement, pensez-vous comme moi que nous devrions fournir des soldats? Quand j'y suis allé et que j'ai parlé à certains Casques bleus, dont des Casques bleus du Ghana et de l'Afrique, j'ai d'abord demandé s'ils avaient vu des Canadiens: « non ». Deuxièmement, j'ai demandé s'ils leur feraient bon accueil: « oui ». Nous sommes perçus comme des leaders, encore aujourd'hui.
Évidemment, si l'on remonte à 2004, il y a eu des problèmes avec les Casques bleus. Ils maltraitaient entre autres des civils.
Ils nous voient donc comme étant capables d'introduire un certain professionnalisme, une certaine capacité de gestion qui est nécessaire. Estimez-vous que nous devrions le faire?
Deuxièmement, en ce qui concerne la responsabilité sociale des entreprises et le rôle de certaines compagnies canadiennes, à votre avis, comment le gouvernement va-t-il réagir à la table ronde qu'il vient de créer?
Je n'ai pas de préférence, l'un ou l'autre d'entre vous peut répondre.
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Certainement, monsieur.
En ce qui concerne la participation de la MONUC, vous avez raison, il y a des problèmes au sein des règles d'engagement. C'est la raison pour laquelle, quand on a nommé un général en chef espagnol, il a démissionné. Voyant qu'il avait les mains liées et voyant les règles d'engagement, il s'est désisté. À ce sujet, vous avez raison. Cependant, le montant que vous avez mentionné est énorme, et cela dure depuis des années. Il faut comprendre que cela peut encore durer de très nombreuses années. Toutes les dépenses qui ont été faites avec ce type d'organisation, avec ce type de règles d'engagement, avec les troupes disponibles donnent ce résultat, qui fait que cela dure et dure encore et coûte vraiment beaucoup d'argent.
Le Canada peut toujours trouver une niche à l'intérieur de la MONUC où il serait efficace. Que ce soit au niveau de la formation des policiers, comme on l'a mentionné tout à l'heure, je pense que c'est important. Le Canada le fait en Haïti et pourrait très bien le faire, compte tenu de sa compétence, sur place. La problématique de la mission des Nations Unies est qu'aucun pays fournissant des troupes n'est francophone. Cela pose un problème majeur, car il faut toujours passer par des interprètes ou, plutôt que de parler, on commande manuellement. Cela entraîne toujours des frictions. C'est un avantage que le Canada pourrait avoir.
En ce qui a trait aux compagnies, je vous suggère, si je peux me le permettre, de tenir une session spécifique là-dessus. Pour savoir ce que l'on reproche à ces compagnies, on n'a qu'à regarder le rapport de la commission d'enquête — si on peut dire — congolais. Ils vous diront — c'est écrit là — ce que l'on reproche à chacun de ces contrats, et je pourrais facilement vous les rapporter.