:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, merci beaucoup de m'avoir invité. J'espère pouvoir venir vous voir aussi souvent pendant la présente législature que dans le passé.
[Français]
Dans mon premier discours d'envergure en matière de politique étrangère, j'ai fait remarquer que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international entamait son deuxième siècle d'existence à une époque où le monde autour de nous traversait une période de changements rapides et profonds.
L'économie mondiale est toujours en pleine crise, comme vous le savez.
Et les grands enjeux auxquels nous sommes confrontés, tels que la paix, la sécurité, les droits de la personne, les libertés politiques, le développement économique et les changements climatiques, ne peuvent être surmontés par un pays à lui seul.
Nous avons donc l'obligation de nous fixer des priorités claires, des priorités qui seront défendues avec application, détermination et persévérance.
La préoccupation première du gouvernement est naturellement de confronter la situation économique au Canada et dans le reste du monde. Le budget 2009 prévoit un plan de relance destiné à nous mettre sur la bonne voie, celle de la création de nouveaux emplois, de la reprise de l'investissement, de la restauration de la confiance des consommateurs et de la réalisation de projets d'infrastructure ciblés.
La politique étrangère du gouvernement est aussi axée sur les problèmes financiers et économiques internationaux auxquels nous faisons face comme pays et comme membre de la communauté internationale.
Nous sommes déjà solidement engagés dans la préparation du Sommet du G8 qui se tiendra à Huntsville, en Ontario. Cet événement sera bien sûr une occasion importante pour le Canada d'imprimer de son leadership l'élaboration de la réponse de la communauté internationale à la crise économique.
Nous accueillerons aussi le Sommet des leaders nord-américains en 2010.
Nous savons tous que la prospérité et la sécurité du Canada sont indissociables de celles des États-Unis. Je suis convaincu que l'arrivée d'un nouveau gouvernement à Washington permettra de redynamiser le dialogue et le partenariat entre le Canada et les États-Unis pour un grand nombre d'enjeux d'intérêt commun.
[Traduction]
Comme l'a déjà mentionné le premier ministre Harper, le président Obama ne trouvera pas de meilleur ami que le Canada. Nos deux pays ont tant en commun et ils peuvent accomplir beaucoup en joignant leurs efforts. J'aborderai cette question en détail un peu plus tard.
Si nous prenons le monde dans son ensemble, la violence en Afghanistan ainsi que l'instabilité politique et économique au Pakistan minent les efforts internationaux déployés en vue de rétablir la paix et la stabilité tant dans ces pays que dans cette région. L'Iran, la Corée du Nord et le Pakistan constituent de graves menaces qui peuvent se révéler déstabilisantes sur le plan de la prolifération des armes de destruction massive. La mauvaise gouvernance et la marginalisation croissante sont un terrain propice à l'instabilité, aux conflits et au terrorisme.
[Français]
De surcroît, les dynamiques géopolitiques évoluent. La Russie s'affirme de plus en plus, et la Chine, l'Inde et le Brésil demandent avec une plus grande insistance d'être invités à la table des grandes puissances mondiales.
Les institutions mondiales créées à la suite de la Seconde Guerre mondiale ne correspondent plus à l'équilibre des forces à l'échelle internationale. Aussi continuerons-nous à dialoguer avec nos alliés dans le but de réévaluer celles-ci.
Pour le Canada, puissance moyenne et défenseur de longue date d'un multilatéralisme efficace, l'enjeu est considérable dans le cadre du renouvellement du système mondial, plus particulièrement des institutions qui s'attaquent aux principales menaces à sa sécurité et à ses intérêts économiques.
Malgré toutes ces difficultés, des possibilités s'offriront à nous, des domaines où le Canada pourra mettre à profit son initiative, ses idées et particulièrement son leadership.
[Traduction]
Les principaux objectifs du Canada à cet égard consistent à faire progresser et à protéger la sécurité et la prospérité du Canada et des Canadiens, de même qu'à défendre les valeurs canadiennes. Notre gouvernement a adopté une approche plus robuste quant à la promotion de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit, des valeurs qui sont chères aux Canadiens.
En outre, notre gouvernement oriente la politique étrangère du Canada vers plusieurs priorités de premier plan, soit les États-Unis et les Amériques, l'Afghanistan, les marchés émergents, plus particulièrement ceux de l'Asie, ainsi que l'Arctique et le processus de paix au Moyen-Orient.
La libéralisation continue du commerce ainsi que l'augmentation de l'accès aux nouveaux marchés et aux marchés traditionnels seront essentielles à l'avancement et à la protection de la prospérité canadienne. Nous nous efforçons actuellement d'établir un partenariat économique exhaustif avec l'Union européenne. Nous cherchons également à renouveler nos rapports avec l'Inde, la Chine, la Corée et le Japon en vue d'exploiter au maximum les débouchés économiques.
Comme je l'ai mentionné, nous tenterons de réinventer notre relation bilatérale avec notre plus important partenaire, les États-Unis. La gestion de notre frontière commune constitue un élément essentiel de notre étroit partenariat sur le plan économique et de la sécurité avec les États-Unis. Nous sommes également résolus à collaborer avec le gouvernement Obama en vue d'améliorer la compétitivité nord-américaine ainsi qu'à engager un dialogue sur un système de plafonnement et d'échange de gaz à effet de serre pour toute l'Amérique du Nord.
En outre, notre gouvernement tentera de collaborer avec Washington dans le dossier de la paix et de la sécurité, de l'Afghanistan et de l'Arctique, en particulier en ce qui concerne les vues contradictoires quant au statut des voies navigables internes canadiennes dans l'Arctique et les préoccupations environnementales communes dans cette région.
Nous nous efforcerons également de camper le Canada comme une superpuissance de l'énergie propre.
[Français]
Le Canada a renouvelé son engagement dans les Amériques. Notre stratégie pour les Amériques vise à favoriser la prospérité économique, la sécurité et la gouvernance démocratique au moyen d'un dialogue bilatéral et multilatéral.
Outre la promotion de filets de sécurité sociale et d'un modèle démocratique canadien, nous concentrons notamment nos efforts sur l'exécution d'un programme énergique de libéralisation du commerce visant à garantir au Canada un accès aux marchés en expansion.
Par ailleurs, en Haïti, le Canada maintiendra son engagement et mettra l'accent sur un dialogue de haut niveau, de même que sur la stabilisation, la reconstruction et le développement à long terme. Le Canada, comme vous le savez, est le deuxième donateur bilatéral en importance en Haïti.
Le cinquième Sommet des Amériques qui sera tenu à Trinidad-et-Tobago en avril prochain constituera une occasion pour le Canada de renforcer sa sécurité et ses intérêts économiques dans la région.
Le Canada accueillera également cette année l'Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque de développement des Caraïbes, à Halifax.
[Traduction]
Je veux maintenant appeler votre attention sur l'Afghanistan.
Nous continuerons d'y appuyer la sécurité, la stabilité et la gouvernance démocratique afin qu'un jour ce pays ne constitue plus une menace à la sécurité régionale et mondiale. Dans le cadre de son engagement, le Canada canalise ses efforts vers la reconstruction et le développement, ainsi que vers la prise des dispositions nécessaires pour le retrait de ses troupes en 2011.
Pour ce qui est de la fin de la mission, nous avons établi six objectifs clairs en vue d'orienter notre engagement au cours des trois prochaines années. Le Canada aidera le gouvernement de l'Afghanistan à former l'Armée nationale afghane et les policiers de la province de Kandahar. Le Canada s'efforcera de renforcer les institutions démocratiques afghanes et la structure démocratique locale afin de pouvoir offrir des services de base et promouvoir la croissance économique. Le Canada apportera de l'aide humanitaire aux populations vulnérables. Le Canada contribuera à l'amélioration du dialogue bilatéral entre le Pakistan et l'Afghanistan ainsi que de la sécurité transfrontalière. Le Canada participera au renforcement des capacités des institutions démocratiques nationales. Enfin, le Canada appuiera la réconciliation politique.
[Français]
Un mot maintenant sur l'avenir de l'Arctique.
L'Arctique fait non seulement partie intégrante du territoire canadien, mais il est également au coeur de notre identité à titre de pays nordique. Le Canada est une des puissances de l'Arctique. Nous continuerons d'affirmer la souveraineté canadienne sur le territoire de l'Arctique.
Nous ferons la promotion de notre gérance environnementale auprès de nos voisins arctiques qui partagent nos intérêts quant à la santé de cette précieuse région.
De plus, nous participerons activement au Conseil de l'Arctique, un forum multilatéral qui rassemble tous les acteurs compétents dans le dossier de l'Arctique, y compris les gouvernements territoriaux et les communautés autochtones.
Je visiterai d'ailleurs les pays faisant partie du Conseil de l'Arctique au cours des prochains mois, en vue, notamment, de faire progresser le programme de l'Arctique.
[Traduction]
Outre la réalisation de ces priorités, le Canada participera aux efforts visant à relever les principaux défis sur la scène internationale. En voici quelques exemples.
En réaction à la crise économique mondiale, le gouvernement collabore avec les pays du G20 en vue de réformer l'architecture financière mondiale. Compte tenu de la diminution de l'efficacité des institutions mondiales, le gouvernement mène de vastes consultations avec la communauté internationale au sujet de la réforme de l'architecture de gouvernance mondiale.
Conformément à la position du Canada quant aux droits d'Israël d'exister et de se défendre et à son appui relatif à une solution à deux États, le Canada versera 300 millions de dollars sur cinq ans pour la réforme institutionnelle palestinienne et le processus de paix.
En Afrique, le Canada se montre à la hauteur de ses engagements. Cette année, nous y doublerons notre aide annuelle comparativement au montant de 2003-2004, en portant celle-ci à 2,1 milliards de dollars. Nous collaborons avec les pays d'Afrique et d'autres partenaires en vue de résoudre les crises importantes qui mettent en jeu la sécurité régionale et la gouvernance, comme c'est le cas notamment au Congo et au Zimbabwe. Au Soudan, le Canada versera 191 millions de dollars cette année, pour renforcer la sécurité, la diplomatie et l'aide.
Le Canada continue d'imposer les sanctions les plus rigoureuses du monde entier contre le régime birman.
Le Canada maintient sa participation dans la lutte contre les menaces actuelles à la sécurité découlant du terrorisme, de la criminalité internationale, de la prolifération des armes nucléaires et des États fragiles.
Enfin, le Canada intensifie ses efforts en vue de gagner un appui à l'échelle internationale pour l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies en 2011-2012.
Sur ce, monsieur le président, je serai ravi de répondre aux questions du Comité. Merci.
Bien entendu, je pense qu'il est très clair que le Canada s'est engagé à long terme à l'égard de Haïti et on peut dire que cette démarche est au coeur même de la vocation du Canada dans les Amériques. Pour garantir le succès de nos efforts internationaux en Haïti, nous injectons des ressources politiques et financières sans précédent, à hauteur de 555 millions de dollars versés entre 2006 et 2011 au pays le plus pauvre des Amériques.
En fait, et je l'ai dit tout à l'heure, c'est notre investissement le plus considérable dans un pays des Amériques et, à l'échelle du monde, c'est le deuxième en importance. Outre les États-Unis, aucun autre pays que le Canada ne donne davantage à Haïti.
Notre engagement participe d'intérêts nationaux importants, d'un souci de sécurité et du respect de nos valeurs. Il reflète essentiellement les liens culturels et démographiques étroits qui existent entre le Canada et ce pays.
Bien entendu, nous avons participé et nous continuons de le faire à la mission de stabilisation onusienne en Haïti où sont déployés actuellement quatre militaires canadiens, 96 agents de police civile et huit experts en services correctionnels. Nous sommes un chef de file au niveau de la réforme du système de sécurité en Haïti.
Comme vous le savez, et cela donne probablement une perspective plus vaste, le premier ministre a nommé un secrétaire d'État pour les Amériques. Le gouvernement a réitéré son intention de travailler avec les Amériques. Le ministre Kent a été extrêmement actif à cet égard.
Lors de discussions précédentes, on a fait allusion à des accords de libre-échange avec la Colombie et le Pérou. Le ministre Day est également très actif dans ces dossiers-là.
Compte tenu des efforts que le Canada consent dans les pays d'Amérique, nous pouvons certainement nous attendre à des avantages à court, à moyen et à long termes.
Permettez moi de répondre à la question concernant l'organisme destiné à la promotion de la démocratie.
[Traduction]
C'est le ministre Fletcher qui est responsable de ce dossier. Il y travaille très activement. C'est un dossier dont nous aurons probablement l'occasion de discuter plus tard autour de cette table. Je tiens à vous rassurer: on y travaille. On peut espérer que les choses se feront à la manière du CRDI, organisme qui non seulement jouit d'une renommée mondiale, mais dont le travail fait l'extrême fierté des Canadiens. L'organisme existe depuis près de 40 ans, 38 ans.
Voilà donc une chose encourageante. La création d'une telle agence — pour faire avancer la démocratie, la liberté, l'affranchissement, en même temps que les droits de la personne et la voix des citoyens — est tout ce qu'il y a de plus canadien et assurément, nous souhaitons en faire la promotion. Nous sommes impatients de le réaliser et je vous invite à suivre notre cheminement à cet égard.
Pour ce qui est de la définition d'une approche vigoureuse éclairée, tout comme vous, j'ai été interpellé quand le sénateur — sénateur à l'époque et désormais secrétaire aux Affaires étrangères — Clinton a présenté cette notion. Elle est intéressante. J'aurais tendance à croire qu'elle a pour fondement l'idée que les États-Unis d'Amérique ne peuvent pas régler tous les problèmes de tout le monde en même temps.
Dans cette optique, nous allons rechercher davantage d'occasions bilatérales, et dans certains cas, multilatérales pour travailler avec des pays de même mentalité dans la poursuite d'objectifs qui sont communs à tous les pays. À cet égard, je suis impatient de travailler avec Mme Clinton ainsi qu'avec la nouvelle administration.
Votre question finissait par une allusion à l'Afghanistan. Comme vous le savez, nous y sommes très impliqués. Nous sommes en contact constant avec nos partenaires et alliés. Que l'on songe aux contacts par l'intermédiaire de mon collègue le ministre de la Défense nationale et de ses homologues à l'OTAN ou que l'on songe aux voies diplomatiques, le Canada peut être considéré comme un allié solide, qui fait exactement ce qu'il a dit qu'il ferait.
Nous sommes plutôt satisfaits de l'orientation actuelle de la politique. Si des redressements ou des modifications s'imposaient, bien entendu, le Parlement serait consulté.
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Monsieur le président, je sais que les membres du Comité précédent ont énormément travaillé sur l'étude. De nombreux témoins ont été entendus et un rapport a été rédigé puis déposé à la Chambre des communes, pendant l'intersession, je le précise. Enfin, les députés siégeant au Comité précédent voulaient qu'un rapport soit déposé. C'est ainsi, que faute d'avoir un rapport final, un rapport intérimaire a été présenté en Chambre, conformément aux souhaits des députés, et plus précisément du Parti néo-démocrate à l'époque.
Il y a donc d'une part le rapport intérimaire qui a été présenté et, d'autre part, le rapport final que vous avez déposé vous-même en juillet l'année dernière. Deux rapports semblables traitant de la même question et soulevant les mêmes idées ont ainsi été déposés en Chambre. Mais ce n'est pas tout, le rapport a déjà un an et toutes les transcriptions et autres documents pertinents sont publics.
Avec tout le respect que je dois à l'ancien porte-parole du Parti libéral, je dois dire que je ne suis pas d'accord avec lui quand il dit que le rapport n'a pas suscité beaucoup d'intérêt. La raison en est simple: le rapport Manley. Ce rapport et la motion subséquente proposée par le Parti libéral et adoptée en Chambre, soit dit en passant, le NPD s'y est opposé officiellement... Tout cela a fait partie du débat qui a suivi. C'est suite au dépôt de la motion et au débat ainsi provoqué que l'on a décidé de créer un comité spécial sur l'Afghanistan, auquel M. Dewar ne siège pas. C'est l'une des décisions prises.
Le fait est que ce comité poursuit son travail. Donc, maintenant, nous avons... et je précise que je ne suis pas du tout convaincu qu'on puisse qualifier le rapport de récent, puisqu'il ne l'est pas. Le rapport n'a pas été déposé devant le Parlement. Mais tout le monde en a pris connaissance; il suffirait donc de le déposer.
Entre-temps, nous semblons oublier qu'il y a de nouveaux développements, le plus important étant bien évidemment l'envoi de troupes supplémentaires décidé par le président Obama, ce qui change tout et rend le rapport redondant.
Les membres du Comité, qui sont maîtres de leur destinée, se plaisent à dire qu'il faut se pencher sur l'étude pour la mettre à jour. Ils peuvent bien continuer la mise à jour mais moi je suis convaincu qu'il n'y en a plus rien à tirer, qu'on revient toujours sur la même chose et qu'on ne cesse de répéter les mêmes arguments faits à une autre époque lorsque les choses étaient bien différentes.
D'autre part, des rapports sont faits en permanence par le comité spécial sur l'Afghanistan. Comme je siège à ce comité, permettez-moi d'en parler pendant une minute. Je ne m'étonne pas de voir mes collègues de l'autre côté dire...
Désolé, j'ai le droit de prendre le temps pour m'exprimer. Vous ne pouvez pas me dire d'accélérer puisqu'on doit me consacrer le temps dont j'ai besoin. Je vais maintenant vous présenter mes arguments.