:
Merci, monsieur le président. J'ai bien hâte de subir mon interrogatoire.
Merci, chers collègues, de m'avoir invité à vous parler de cette importante initiative qui, comme vous le savez, a récemment suscité une grande controverse. J'espère qu'au cours de la prochaine heure, nous pourrons nous pencher sur certaines des questions soulevées par le projet de loi . Votre comité, sous la présidence de Bernard Patry, a déposé en 2005 un rapport sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises canadiennes, et plus particulièrement sur les activités aux Philippines d'une société minière canadienne, la TVI Pacific.
C'est un rapport exhaustif qui reconnaissait que le Canada, à titre de chef de file du secteur extractif, a la responsabilité morale et juridique de donner l'exemple. Ce rapport était aussi unanime. On y disait notamment que « Le Canada n'a pas encore adopté de loi pour garantir que les activités des entreprises minières canadiennes dans les pays en développement respectent les normes sur les droits de la personne, notamment sur les droits des travailleurs et des populations autochtones ».
Ce rapport a mené à la tenue de tables rondes en 2007. J'ai ici un exemplaire du rapport de ces tables rondes. Celles-ci regroupaient des représentants du secteur, des ONG et d'autres intervenants, qui ont colligé et déposé leurs rapports. Six recommandations ont été formulées; les recommandations trois et quatre sont les plus pertinentes pour votre comité. La recommandation trois propose « La mise sur pied d'un bureau de l'ombudsman indépendant pour fournir des services consultatifs, rechercher des faits et établir des rapports concernant des plaintes portant sur les activités de sociétés extractives canadiennes dans les pays en développement. »
À la quatrième recommandation, on suggère « L'établissement d'un comité de contrôle de la conformité tripartite pour déterminer la nature et le degré de non-conformité d'une société aux normes canadiennes de RSE, à partir des constatations de l'ombudsman au regard des plaintes, et pour proposer des recommandations sur les mesures appropriées à prendre en pareils cas.
On estimait pouvoir ainsi améliorer la compétitivité du Canada. On espérait que le gouvernement répondrait rapidement, mais cela n'a pas été le cas. En 2009, on a déposé le rapport de nouveau. Il n'a fait l'objet d'aucune réponse. Donc, présenter le projet de loi , un modeste petit projet de loi, aux dires des critiques, entraînera la fin de la civilisation occidentale telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Le gouvernement a conclu qu'il ne pouvait rien faire et a choisi de donner l'impression d'agir tout en faisant très peu. À vrai dire, ce qu'a fait le gouvernement le 26 mars — la publication d'un communiqué de presse et la nomination par décret d'un conseiller — est pire que rien.
Je présume que vous connaissez tous assez bien le concept de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Dans le temps qui m'a été alloué, je ne compte pas dire ce que vous savez déjà — de toute façon, parmi tous les témoins qui figurent sur votre liste, il y en aura certainement qui porteront à votre attention des questions très sérieuses concernant la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Il est ironique de voir qu'en publiant ce communiqué de presse et en créant le poste de conseiller, le gouvernement a mis fin au débat sur la RSE. Il a ainsi confirmé que le Canada a un problème en matière de RSE en proposant de telles solutions. Le débat sur la question de savoir si nous devrions agir en matière de RSE est clos. Il s'agit maintenant de déterminer quelles sont les mesures appropriées à prendre.
Il y a essentiellement trois approches possibles. Il y a tout d'abord l'approche proposée dans le rapport des tables rondes. La deuxième approche est celle proposée par le gouvernement dans son communiqué de presse et par la création du poste de conseiller. Et la troisième approche est celle du projet de loi .
Aux fins de notre discussion, cette approche-ci n'est pas envisageable. Il est clair que le gouvernement n'a pas l'intention de faire plus au chapitre de la responsabilité sociale des entreprises. Il est raisonnable de conclure que le premier ministre a pris toutes les mesures qu'il comptait prendre pour garantir la RSE pendant son mandat actuel.
Il a proposé la nomination par décret d'un conseiller à la responsabilité sociale des entreprises dont le mandat est de faire de la sensibilisation et des enquêtes. Je ne vois pas d'objection à ce que le gouvernement du Canada sensibilise les entreprises canadiennes et les encourage à devenir des chefs de file mondiaux en adoptant des pratiques exemplaires de RSE. C'est fort louable. Je trouve toutefois lacunaire la partie du mandat portant sur les enquêtes qui, selon moi, ne sert qu'à donner l'impression que le gouvernement agit, alors qu'il fait très peu ou qu'il ne fait rien.
Le conseiller est nommé par décret. Cela peut passer pour un cliché, mais il est vrai que le premier ministre peut défaire tout ce qu'il fait. Le conseiller nommé par décret n'occupera le poste que tant que le premier ministre le souhaitera, et si le conseiller fait preuve d'un peu trop d'indépendance au goût du premier ministre, celui-ci pourra révoquer sa nomination ou lui imposer une mort lente, comme il tente de le faire avec M. Page, de la Bibliothèque du Parlement. Rien ne refroidit les ardeurs d'un enquêteur enthousiaste comme une réduction radicale de son budget.
En revanche, le projet de loi propose un mandat prévu par la loi qui ne sera pas à la merci des caprices d'un premier ministre. Tout ce qu'il faut pour révoquer un décret, ce sont un bout de papier et un stylo dans les mains du premier ministre, alors que pour abroger une loi, il faut une loi du Parlement, ce qui est bien différent.
Le pouvoir d'enquêter du conseiller est limité par la vulnérabilité du processus de nomination et les caprices du premier ministre. En outre, ces pouvoirs sont limités par son mandat. Le conseiller ne peut entreprendre aucune enquête sur les activités d'une entreprise minière canadienne sans l'autorisation de l'entreprise intéressée et le consentement écrit de toutes les parties en cause.
Que se passera-t-il selon vous? Est-il raisonnable de présumer que les sociétés qui consentiront à faire l'objet d'une enquête respecteront déjà toutes les normes en matière de RSE? Si tel est le cas et qu'elles consentent à la tenue d'une enquête, quel genre de rapport produira le conseiller? Nous aurons un tas de petits rapports très positifs qui seront parfaitement inutiles.
En comparaison, le projet de loi n'impose aucune restriction semblable au ministre. Aux termes du projet de loi C-300, le ministre pourra entamer une enquête sans le consentement de l'entreprise. C'est un peu comme si la police demandait à l'accusé la permission d'enquêter sur les allégations dont il fait l'objet. En le disant, on comprend qu'il est douteux que ces enquêtes soient utiles.
Nous avons donc un conseiller nommé — ou démis de ses fonctions, selon le cas — au gré du premier ministre, dont le budget peut être sabré sans préavis et qui ne produira que des petits rapports très positifs à l'utilité douteuse. Mais il y a pire.
Avant d'entreprendre une enquête, le conseiller devra consulter le point de contact national. Les autres témoins vous feront part de ce qu'ils pensent du point de contact national, mais il est fort probable qu'on vous dira qu'il est dysfonctionnel et réputé pour son inaction. Les acteurs de la société civile et du secteur privé qui ont participé aux tables rondes ont convenu que le point de contact national n'est pas le mécanisme qui permettra l'établissement et le respect de normes en matière de droits de la personne et de rendement dans le secteur minier, du pétrole et du gaz.
Mais il y a pire. En outre, le conseiller ne formulera pas de recommandations contraignantes. Si ces recommandations ne sont pas contraignantes, à quoi serviront-elles?
Le conseiller mène une enquête qu'à la demande d'une personne, d'un groupe ou d'une collectivité qui pourrait subir les effets indésirables des activités d'une entreprise minière. Si une ONG telle que le Comité central mennonite ou toute autre ONG est témoin d'une violation des normes de RSE, comme elle ne subit pas elle-même les effets indésirables des activités de l'entreprise minière, elle ne peut pas demander au conseiller d'enquêter.
En outre, l'article 6.2 précise que le conseiller ne peut pas faire enquête de sa propre initiative. Si une ONG voit des agissements qui devraient faire l'objet d'une enquête, le conseiller ne peut rien faire. Il n'a pas le pouvoir de mener une enquête indépendante.
Je résume. Le conseiller est nommé par décret, ce qui est une prérogative du premier ministre. Il doit au préalable consulter le point de contact national. En l'absence du consentement de l'entreprise intéressée, il n'y a pas d'enquête. Seuls ceux qui subissent les effets indésirables des activités des entreprises peuvent se plaindre. Le conseiller n'a aucune indépendance ni le pouvoir de mener une enquête de sa propre initiative. Par-dessus le marché, ses recommandations ne sont pas contraignantes.
Si le conseiller réussit à respecter toutes ces conditions, il devra suivre un long processus décrit aux alinéas 6(5)a) à 6(5)f) pour mener son enquête, dont le rapport fera l'objet d'ajouts, officiels ou non, de la part des avocats de la société en cause. Je souhaite bonne chance à ce conseiller.
Si le conseiller franchit toutes ces étapes, avant qu'il puisse faire une déclaration, il doit informer les parties des résultats de son enquête. Si le rapport est négatif, le conseiller doit donner aux parties la possibilité de faire leurs observations. Si le conseiller tient à rendre publiques ces constatations après tout cela, la société peut s'adresser au tribunal pour obtenir une ordonnance de mandamus interdisant la publication du rapport. Combien de constatations défavorables croyez-vous que le conseiller publiera?
Le Canada est à la croisée des chemins. C'est un joueur important sur la scène internationale dans ce domaine, et les plaintes se multiplient. Vous avez la trousse du projet de loi. Vous y verrez des documents sur trois plaintes très sérieuses: la première à l'endroit de Barrick en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la deuxième contre Goldcorp au Honduras et la troisième envers Banro, au Congo. Vous lirez des remarques plutôt négatives de la part de personnes très respectables.
Dans le dossier Barrick Gold, de nombreuses plaintes ont été portées au sujet de sa mine en Papouasie-Nouvelle-Guinée; les plus récentes allégations ont convaincu le ministre des Finances de la Norvège de céder ses parts dans cette entreprise en raison de ses pratiques répréhensibles d'élimination des déchets. Après avoir évalué attentivement les activités de Barrick à Porgera, le conseil de déontologie du fonds de pension a conclu qu'investir dans Barrick pourrait l'amener à contribuer à des atteintes graves à l'environnement, ce qui était un risque inacceptable. Le conseil a ajouté que les déclarations de la société selon lesquelles ces activités n'entraînent pas de dommages environnementaux irréversibles et à long terme étaient peu crédibles.
Vous pourrez lire le reste. Goldcorp, au Honduras, a écopé de la plus importante amende jamais infligée par le gouvernement du Honduras à une société. Et il y a aussi tout ce qui se passe au Congo.
Voilà. D'autres témoins pourront vous parler plus éloquemment de ces plaintes et, je présume, d'autres dossiers. Je reconnais que ces plaintes pourraient être futiles et vexatoires, et que certains tenteront peut-être d'utiliser le processus à d'autres fins, mais le projet de loi prévoit un mécanisme pour les cas de plaintes futiles et vexatoires.
Nous présenterons des amendements qui ajouteront au projet de loi les mesures annoncées dans le communiqué de presse du gouvernement du Canada et le poste de conseiller. Nous croyons qu'en incluant le poste de conseiller dans le projet de loi C-300, nous répondrons aux critiques que je viens de décrire, puisque le consentement préalable des parties en cause ne sera plus exigé et que le conseiller pourra mener des enquêtes de sa propre initiative. Une recommandation royale ne sera pas nécessaire puisque le gouvernement du Canada, dans son communiqué de presse, a déjà annoncé l'allocation de fonds pour un régime. J'invite l'un de mes collègues conservateurs à présenter cet amendement. Je serais heureux que l'un d'entre eux le fasse.
Comme députés, vous devrez faire face à certaines des personnes et des entreprises les plus puissantes au Canada, qui s'opposeront vivement à toute solution législative au problème croissant de la RSE. Elles préféreraient qu'on ne fasse rien, à défaut de quoi elles accepteront les mesures annoncées par le gouvernement dans son communiqué de presse pour ensuite aller se battre en privé avec le conseiller.
Je serai clair. Le Canada doit faire un choix: adopter une mesure législative qui fera du Canada le chef de file ou maintenir le statu quo — ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre. Les lignes directrices volontaires ne nous en donneront pas plus. La question est maintenant de savoir si vous, les députés, voulez véritablement que le Canada fasse le choix qui s'impose logiquement, à savoir instaurer une loi sur la responsabilité sociale des entreprises. La société minière préférerait tuer le projet de loi , puis s'en remettre aux avocats. Si vous ne donnez pas aux conseillers un véritable pouvoir d'enquête, rien ne changera.
Vous avez rédigé votre rapport et, quatre ans plus tard, vous avez eu une réponse. Je vous souhaite bonne chance dans vos délibérations et je vous remercie de votre temps et de votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
Merci d'être des nôtres aujourd'hui, monsieur McKay.
Je ne suis pas de celles qui pensent que le sarcasme est un moyen de communiquer sa bonne volonté, et je crains que les propos acerbes ne soient pas utiles ici.
J'aimerais revenir sur une question que M. Rae vous a posée au sujet du lien entre votre initiative et les investissements du gouvernement canadien. J'ai déjà reçu une lettre des représentants du RPC qui disait ce qui suit: « Nous avons pour mandat d'investir dans l'intérêt des 17 millions de cotisants et de bénéficiaires canadiens du Régime de pensions du Canada, en vue d'un rendement maximal, tout en évitant des risques de perte indue ».
Ils ont précisé dans leurs lettres le genre de sociétés dans lesquelles ils investissent: Dover Corporation, Exxon Mobil, Massey Energy Corp, Ultra Petroleum Corp, Barrick Gold, Chevron.... Plusieurs d'entre elles sont citées dans votre initiative. Or, elles font déjà preuve de diligence raisonnable.
J'aimerais simplement citer mon magazine préféré, The Economist: « L'investissement étranger aide les pays, non seulement en utilisant des nouvelles technologies, mais aussi en réorganisant la façon de travailler des gens, tout en surveillant les coûts ».
Nous voyons donc que les investissements fournissent des emplois, des débouchés, et permettent aux gouvernements de progresser. Qu'avez-vous à répondre à l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, qui demande ardemment à être exclu du projet de loi, et aux Canadiens, qui veulent un rendement sur leur investissement pour garantir leur RPC dans l'avenir?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur McKay, merci d'être avec nous et merci pour votre initiative.
Vous connaissez la LMES, la Loi sur les mesures économiques spéciales. Il est intéressant de remarquer que lorsque certains disent qu'ils n'interviennent généralement pas dans les investissements économiques des entreprises à l'étranger, le gouvernement actuel invoque cette loi. En fait, il a présenté la LMES, qui permet de limiter l'investissement. Évidemment, cela relève du domaine public.
J'aimerais dire aux fins du compte rendu que la notion selon laquelle les gouvernements agissent dans l'intérêt des populations à l'étranger lorsqu'il s'agit d'investissements canadiens, c'est une chose qui se fait, et le gouvernement l'a fait. J'étais de ceux qui ont fait pression pour qu'on le fasse au Myanmar.
Je ne sais pas, mais est-ce que le gouvernement nous dit que si une entreprise affirme que tout va bien au Myanmar, nous allons fermer les yeux? Aux dernières nouvelles, les choses n'allaient pas très bien au Myanmar — ni au Congo, d'ailleurs.
J'aimerais parler de ce qui se passe aux États-Unis, parce qu'il y a en ce moment un projet de loi à l'étude qui, selon certains, est beaucoup plus solide que votre modeste projet de loi d'initiative parlementaire — que je soutiens entièrement et pour lequel je vous remercie. Une initiative américaine permettra de retracer l'origine des minéraux. Ils envisagent un système semblable à ce que nous avons créé au Canada avec le processus Kimberley pour les diamants de la guerre. Ils envisagent un système pour le coltan de la guerre et d'autres minéraux.
Je dois dire que je suis très surpris de la réaction que vous suscitez. C'est un projet de loi modeste. Comme vous l'avez dit, le rapport de la table ronde représente un consensus parmi les intervenants du monde des affaires, et devrait le savoir. Il devrait le lire, d'ailleurs. C'est une lecture qui en vaut la peine. Regardez qui y a participé. Les entreprises y étaient. La société civile y était. Il a fallu deux ans à ce gouvernement pour faire ses recommandations, et vous avez tout à fait raison quand vous dites qu'elles sont beaucoup trop faibles.
Monsieur McKay, si M. Abbott, par exemple, estime que tout va bien, alors il ne devrait pas s'opposer à votre initiative. S'il n'y a aucun problème, alors les entreprises seront favorables à votre projet.
J'aimerais avoir votre avis, monsieur McKay. Si l'opposition à votre modeste projet de loi l'emporte, est-ce que vous pensez que c'est parce que les décisionnaires n'y comprennent rien, que nous ne savons tout simplement pas ce qui se passe sur la planète? Je vous pose la question parce que je pourrais, par exemple, passer beaucoup trop de temps à vous parler de ce que j'ai entendu au Congo. Ce que l'on m'a dit là-bas, monsieur McKay, c'est qu'il faut agir. On m'a demandé: « Pourquoi vos entreprises viennent-elles ici pour faire de l'argent et pour ensuite financer les milices meurtrières »? Certains des pires actes de violence contre les femmes sont liés à nos exploitations minières — et vous ne pouvez pas fermer les yeux.
Alors je vous demande, monsieur McKay, si vous pensez que les gens s'opposent à votre initiative par ignorance, ou parce qu'ils estiment que les gouvernements ne devraient pas intervenir? S'ils pensent que les gouvernements ne devraient pas intervenir, alors je leur dirais de regarder la Loi sur les mesures économiques spéciales et de me dire pourquoi on invoque cette loi dans des pays comme le Myanmar.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et chers collègues.
Lors de ma dernière comparution devant votre comité, en février dernier, j'ai souligné que mon ministère entamait son deuxième siècle d'existence à une époque où le monde qui nous entoure connaît une période de changement profond et rapide. L'économie mondiale demeure dans la tourmente. Le contexte politique est caractérisé par l'imprévisibilité et le danger. Or, qu'il s'agisse d'établir la paix et la sécurité, de lutter en faveur de la démocratie, de s'attaquer à des problèmes qui transcendent les frontières, comme des pandémies ou des changements climatiques, aucun pays ne peut agir seul.
[Français]
C'est pour cette raison que notre gouvernement continue de promouvoir le rôle du Canada sur la scène internationale et qu'il est déterminé à faire montre du leadership solide que les Canadiens attendent de lui et qu'ils méritent.
Le but premier de la politique étrangère de notre gouvernement est de protéger et de renforcer la prospérité et la sécurité des Canadiens tout en défendant les valeurs canadiennes que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.
Pour relever les défis actuels à l'échelle internationale, notre gouvernement a centré la politique étrangère du Canada sur des priorités claires: créer de nouveaux débouchés économiques pour les Canadiens en ciblant les marchés émergents, et plus particulièrement les marchés de nos précieux partenaires en Asie; renouveler sa relation avec les États-Unis et renforcer son engagement envers les Amériques; oeuvrer à l'instauration de la paix et de la stabilité en Afghanistan en prenant notamment en compte le contexte qui prévaut dans les pays avoisinants; exercer et renforcer notre souveraineté dans l'Arctique.
[Traduction]
Compte tenu de notre première priorité — c'est-à-dire la création de nouveaux débouchés économiques en ciblant les marchés émergents, il n'est pas surprenant que nous ayons largement axé notre récente politique étrangère sur les difficultés économiques auxquelles nous sommes confrontés en tant qu'acteur de l'économie mondiale. Notre gouvernement, en collaboration avec ses partenaires de l'étranger, s'efforce de trouver rapidement des solutions à ce ralentissement économique mondial, tout en se penchant sur les règles et les institutions qui sont à la base du système financier mondial.
Nous sommes déjà plongés dans la préparation du sommet du G8 de 2010 qui aura lieu en Ontario et nous avons pris une part active aux réunions tenues par le G20 jusqu'à ce jour. Le système du Canada, qui s'est montré tout particulièrement résilient, a été largement reconnu, notamment par le Forum économique mondial, comme un modèle à suivre à l'échelle internationale. Le G8 et G20 ont chacun offert au Canada une occasion précieuse de définir la réaction de la communauté internationale à la crise économique. De plus, notre gouvernement s'est prononcé fermement contre le protectionnisme, une approche tentante à court terme mais dont l'expérience nous a appris qu'elle occasionne des dommages à long terme.
[Français]
La poursuite de la libéralisation du commerce ainsi que l'élargissement de l'accès aux nouveaux marchés et aux marchés traditionnels seront essentiels à la promotion et à la protection de la prospérité canadienne. C'est en vertu de ce principe fondamental que le gouvernement a orienté sa stratégie commerciale mondiale. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes efforcés de resserrer nos liens économiques avec des pays tels que le Japon, la Chine et l'Inde.
Au cours de la dernière année, nous avons annoncé six nouveaux bureaux commerciaux en Chine et trois en Inde. Depuis 2006, notre gouvernement a effectué 16 visites ministérielles en Chine, la plus récente étant celle que j'ai effectuée avec quelques collègues d'ici.
[Traduction]
Nous cultivons nos relations bilatérales avec le pays qui est notre principal partenaire commercial et l'un de nos plus proches alliés: les États-Unis. Nous avons entamé un dialogue approfondi avec l'administration Obama — un dialogue que mène le premier ministre avec le soutien actif de près de 20 ministres, dont moi-même, et dans le cadre duquel nous abordons une vaste gamme de sujets. Je discute régulièrement avec la secrétaire d'État, Mme Hillary Clinton, d'enjeux importants pour les Canadiens, tels que les dossiers pressants que sont l'économie et l'Afghanistan, mais aussi d'autres enjeux s'inscrivant davantage dans le long terme, comme les changements climatiques, la sécurité énergétique et l'Arctique.
Parallèlement, notre gouvernement a relancé son dialogue avec les autres pays des Amériques au moyen d'une approche visant à favoriser la prospérité économique, la sécurité et la gouvernance démocratique, et ce, de façon bilatérale et multilatérale.
Sur ce point, le cinquième Sommet des Amériques a été une occasion unique de réaliser des avancées sur chacun de ces fronts. Cette tribune nous a permis d'annoncer le renforcement, à titre temporaire, à hauteur de 4 milliards de dollars américains de notre capital exigible pour la Banque interaméricaine de développement — une approche novatrice qui nous permet de multiplier par deux la capacité de prêt de la BID, et ce, sans coût direct pour le contribuable canadien.
Un nouveau programme de bourse d'études a été mis en oeuvre pour les leaders de la relève en Amérique grâce auquel 1 600 étudiants des Amériques pourront étudier au Canada chaque année.
Un programme d'assistance technique en matière de commerce permettra aux pays signataires d'accords de libre-échange avec le Canada de maximiser les débouchés et les avantages générés par la hausse des échanges commerciaux et de l'investissement.
Une contribution de 5 millions de dollars a été accordée au profit de l'initiative d'assistance électorale menée par l'Organisation des États américains dans l'hémisphère, afin d'aider les pays dans la région à rendre leurs processus électoraux plus efficaces et plus transparents.
Nous avons également continué de poursuivre nos objectifs sur le plan bilatéral, en menant une campagne ponctuée par quelque 25 visites de ministres et de hauts fonctionnaires dans la région.
[Français]
De plus, le Canada a respecté son engagement à l'égard de la sécurité et du développement en Haïti, un pays où on demeure le deuxième bailleur d'aide bilatérale et où on a déployé 100 agents de police qui se consacrent à la création de forces de police haïtiennes professionnelles. Concernant Haïti, nous continuerons de mettre l'accent sur un dialogue politique de haut niveau, de même que sur des activités ciblées visant à favoriser la stabilisation, la reconstruction et le développement à long terme.
Je suis heureux d'annoncer à ce comité que dans le cadre de ce dialogue avec Haïti et de notre engagement pour soutenir les efforts du peuple haïtien en vue de renforcer la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit, je me rendrai en Haïti prochainement. En fait, je devais y aller dès demain, mais aucun des partis de l'opposition n'ayant accepté de m'accompagner, j'ai dû annuler le voyage.
[Traduction]
Je souhaite maintenant passer à l'Afghanistan, un dossier dans lequel nous avons poursuivi notre action pangouvernementale en appui à l'instauration de la sécurité, de la stabilité et de la gouvernance démocratique.
Afin d'apporter des améliorations mesurables aux conditions de vie des Afghans d'ici 2011, nous avons établi six priorités claires et lancé trois projets de premier plan. Plus précisément, nous nous sommes efforcés de donner à l'armée nationale afghane et aux forces de police dans la province de Kandahar les moyens de maintenir un environnement plus sécuritaire et de préserver l'ordre public; de renforcer les institutions publiques afghanes et les structures démocratiques locales afin de dispenser les services essentiels et de favoriser la croissance économique; de fournir une aide humanitaire aux populations vulnérables; d'améliorer la sécurité à la frontière en facilitant le dialogue bilatéral entre les autorités afghanes et pakistanaises; de contribuer à améliorer la capacité des Afghans de gouverner selon des principes démocratiques en mettant en place des institutions publiques responsables et des processus électoraux efficaces; et d'appuyer les initiatives afghanes visant à faciliter la réconciliation politique.
Notre objectif ultime n'a pas changé: nous voulons laisser aux Afghans un pays mieux gouverné et plus sûr, où la paix est mieux établie.
[Français]
En ce qui concerne l'Arctique, notre gouvernement continue d'exercer la souveraineté du Canada sur les terres et les eaux de l'Arctique canadien. L'Arctique fait non seulement partie intégrante du Canada sur un strict plan territorial, mais il est également un élément central de notre identité en tant que pays nordique. Nous avons lancé une série d'initiatives qui, prises ensemble, forment la Stratégie pour le Nord de notre gouvernement, stratégie par laquelle nous affirmons la souveraineté du Canada dans l'Arctique.
Parmi ces mesures, permettez-moi de citer les suivantes: la cartographie complète du plateau continental du Canada; des investissements dans nos centres technologiques et scientifiques essentiels basés dans l'Arctique; le renforcement de notre présence militaire; l'adoption de la Déclaration d'Ilulissat sur l'océan Arctique et l'extension à 200 milles marins de la portée de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques.
Nous continuons de jouer un rôle énergique au sein du Conseil de l'Arctique, comme ce fut le cas lors de la récente réunion ministérielle à laquelle j'ai pris part. En outre, nous mettons nos relations bilatérales à profit pour mettre en oeuvre notre programme politique pour l'Arctique. J'ai d'ailleurs eu l'occasion, collègues, de mener des entretiens bilatéraux avec les États-unis, la Russie, le Danemark et la Norvège.
[Traduction]
Outre les secteurs stratégiques prioritaires pour notre gouvernement, nous avons été présents sur de nombreux autres fronts. En Afrique, nous avons travaillé de concert avec nos partenaires de la région et de l'extérieur afin de gérer les principales crises de sécurité et de gouvernance, par exemple, au Congo, au Zimbabwe et au Soudan.
La politique étrangère du Canada met également l'accent sur les gens et les valeurs. Les valeurs qui unissent les Canadiens nous ont menés aux quatre coins de la planète, dans les régions où nous continuons de contribuer à la lutte contre les menaces actuelles, qu'il s'agisse du terrorisme, du crime international, de la prolifération des armes nucléaires et des États fragiles.
Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour promouvoir la démocratie, notamment en parrainant la résolution des Nations Unies qui condamne les violations des droits de la personne en Iran et en plaidant pour une plus grande efficacité du Conseil des droits de la personne des Nations Unies.
Nous avons contribué efficacement à l'intervention de la communauté internationale pour aider Haïti, la Chine et la Birmanie à se remettre des catastrophes naturelles qui les ont frappés.
Pour terminer, je souhaite souligner que nous avons mené une campagne énergique pour rallier d'autres pays à la cause du Canada en vue d'obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies entre 2011 et 2012.
[Français]
L'année qui vient de s'écouler aura été une année pleine pour la diplomatie canadienne. Elle nous aura amenés à traiter de questions difficiles en matière politique, économique ou de sécurité, aussi bien en Amérique du Nord, dans l'hémisphère que sur d'autres continents. Il n'en demeure pas moins que j'ai pleinement confiance que nous saurons relever les défis qui nous attendent.
Sur ce, je serai heureux de répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci de cette question.
Au cours de mon exposé un peu plus tôt, j'ai affirmé que le Canada dispose d'une politique pour l'Arctique fondée sur notre stratégie pour le Nord. Comme vous le savez, celle-ci appuie la gouvernance et la démocratie. Elle favorise le développement économique, la protection de l'environnement et, bien sûr, la souveraineté.
J'ai eu l'occasion de rencontrer nombre de mes homologues, les ministres responsables du Conseil de l'Arctique, lorsque je me suis rendu à Tromsø, en Norvège, il n'y a pas très longtemps. C'est dans cette ville qu'a eu lieu notre réunion. Nous y avons traité d'un certain nombre de questions, certaines d'une importance capitale, comme vous le savez, dont la cartographie de la région de l'Arctique et du plateau continental. Ces travaux sont en cours en ce moment même.
Parfois, le Canada fait de l'excellent travail en collaboration avec les Américains et les Danois. Nous voulons nous assurer que d'ici 2013, nous aurons effectué le levé et la cartographie de la région afin que la conformité à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer des décisions prises à Ilulissat il y a deux ans soit étayée par des faits et que nous disposions de toutes les données nécessaires pour arriver à une décision.
Donc, comme vous le savez, le Canada a une frontière; au-delà de celle-ci, on trouve sa zone économique de 200 milles; c'est à la limite de cette zone que nous effectuons à l'heure actuelle la cartographie du plateau continental. J'ai eu l'occasion de discuter avec des gens de notre ministère et avec des gens de RNCan pour déterminer où nous en étions. Les travaux avancent bien. Tous les États côtiers, de même que les membres du Conseil de l'Arctique, sont prêts et même déterminés à respecter les décisions qui découleront du processus en place.
Par ailleurs, j'aimerais souligner que l'Union européenne a bien sûr demandé le statut d'observateur permanent au Conseil de l'Arctique. Nous avons rejeté cette demande parce que nous estimions que les questions délicates touchant certains États ou certains pays de l'Union européenne, surtout en ce qui a trait au bien-être des Inuits et des premières nations qui habitent la région, comme la chasse au phoque et la satisfaction des besoins fondamentaux de ces collectivités, n'avaient pas été suffisamment prises en compte par l'UE. Au cours de l'année à venir, nous allons être à même d'évaluer, en fonction de certains critères qui seront énoncés, la possibilité d'accorder le statut d'observateur à différents pays et à l'Union européenne.