:
Bonjour, chers collègues et bienvenue à la 15
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international en ce mercredi 29 avril 2009. Aujourd'hui, nous poursuivons notre examen des principaux éléments de la politique étrangère canadienne. Nous entendons le ministère des Affaires étrangères et l'Agence canadienne de développement international afin de connaître les dernières nouvelles sur la situation au Sri Lanka.
Pendant la première heure, nous recevons les représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, soit Ken Sunquist, sous-ministre adjoint et délégué commercial en chef, Greg Giokas, directeur général par intérim du Bureau du Sud-Est asiatique et de l'Océanie, et Leslie E. Norton, directrice du Groupe des affaires humanitaires et interventions lors de catastrophes.
Nous entendrons également les représentants de l'Agence canadienne de développement international, soit Syed Sajjadur Rahman, directeur général de l'Asie, et Stephen Salewicz, directeur par intérim de la Division de l'assistance humanitaire internationale.
Nous recevons également Melanie Alton, directrice adjointe de la planification pour la Division de l'Inde, du Népal et du Sri Lanka.
Notre ordre du jour ne mentionne pas précisément la question du Sri Lanka, mais c'est certainement la raison pour laquelle nous avons demandé au ministère et à l'agence de comparaître aujourd'hui devant notre comité.
Nous avons l'intention de poursuivre les travaux du comité, si nous en avons le temps. Je dis cela pour plaisanter; nous en aurons le temps et nous poursuivrons les travaux du comité à environ 17 h 15 ou 17 h 20.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux deux groupes. Je vous remercie d'avoir accepté d'être regroupés. Je pense que nous sommes tous prêts à rester un peu plus longtemps cet après-midi, plutôt que d'interrompre un des groupes à 16 h 30. Nous vous sommes reconnaissants de votre bonne volonté. Nous avons également hâte d'entendre vos observations à ce sujet. Nous nous excusons de notre retard, mais il nous a fallu voter à la Chambre des communes.
J'accueille maintenant le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le premier point à l'ordre du jour.
:
Merci, monsieur le président. C'est vraiment un plaisir d'être ici aujourdhui avec mes collègues, qui sont des amis de longue date.
[Traduction]
Monsieur le président, je suis venu pour faire le point sur la situation actuelle au Sri Lanka et sur le conflit entre le gouvernement de ce pays et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul. J'utiliserai l'acronyme TLET tout au long de mon exposé.
Le Canada s'inquiète vivement des opérations militaires qui se poursuivent dans le Nord-Est du pays et de la grave situation humanitaire dans laquelle se trouvent non seulement les personnes déplacées par le conflit, mais également celles qui sont prises au piège dans la zone de conflit. Le Canada est également préoccupé par l'augmentation signalée du nombre de victimes.
Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est offerte de parler du Sri Lanka parce que, comme vous le savez, j'étais censé comparaître devant vous pour vous entretenir de l'Afrique. En fait, je peux dire à M. Dewar, avec un sourire aux lèvres, qu'après avoir lu le commentaire d'un journaliste qui se demandait si qui que ce soit était à l'écoute des appels du Congo, j'allais commencer mon exposé en disant: « Nous sommes là et nous sommes prêts à vous écouter. » Nous reviendrons là-dessus plus tard.
Étant donné que le président a déjà présenté les membres de notre équipe, permettez-moi simplement de dire que les exposés de nos deux groupes sont intégrés et que nous avons probablement invité plus de représentants qu'à l'habitude, pour la bonne et simple raison que nous voulons être prêts à répondre à toutes les questions que vous pourriez soulever. C'est pourquoi nous sommes nombreux. À la fin de mon exposé, mon collègue vous donnera un aperçu des programmes d'aide humanitaire et d'aide au développement.
Par où peut-on débuter lorsqu'on parle d'une guerre qui se prolonge depuis 26 ans? Permettez-moi de commencer par le mois dernier. Le 11 avril, le ministre Cannon a publié une déclaration exprimant l'inquiétude du gouvernement au sujet de la sécurité des civils coincés dans la zone de conflit. Il a exhorté les deux adversaires à interrompre leur lutte pour garantir aux travailleurs humanitaires un accès complet, sûr et sans entraves aux personnes dans le besoin. Le gouvernement du Sri Lanka a unilatéralement fait une pause en ce sens les 13 et 14 avril, mais les TLET ont empêché de nombreux civils de quitter la zone de conflit.
Le 19 avril, le ministre Cannon a fait une déclaration pour exhorter les deux parties à rechercher une solution politique rapide et à respecter leurs obligations en droit international humanitaire. Le même jour, il a parlé au Secrétaire général de l'ONU et lui a exprimé nos craintes sur le plan humanitaire, en mentionnant notamment l'accès à la nourriture, à l'eau, à des installations sanitaires et au soutien médical. Il lui a dit que le Canada était tout disposé à faire sa part pour faire face à la crise humanitaire. Nous en parlerons un peu plus tard.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé de vives craintes au sujet du Sri Lanka et, le 22 avril, l'ONU a exigé que les TLET déposent les armes.
Les rapports selon lesquels les TLET recouraient à des kamikazes préoccupent beaucoup le Canada, qui demande aux TLET de permettre aux civils de quitter le territoire qu'ils occupent et d'autoriser la circulation libre et sûre des civils sous leur contrôle. Le gouvernement du Canada continue d'exiger que les TLET déposent les armes. Il les a inscrits sur sa liste d'organismes terroristes en 2006, en vertu du Code criminel.
Depuis que les forces armées sri-lankaises auraient percé les remblais défensifs des TLET, on dit que de nombreux civils auraient réussi à fuir la zone de conflit. Cependant, selon des rapports dignes de foi, les combats qui se poursuivent ont fait des milliers de morts ou de blessés parmi la population civile qui n'a qu'un accès minime à des soins médicaux. Le département d'État américain annonce que les combats font toujours rage dans la zone de conflit.
Le ministre Cannon s'est entretenu avec le secrétaire général de l'ONU, avec le secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, avec le ministre des Affaires étrangères d'Australie, avec la secrétaire d'État des États-Unis, Mme Hillary Clinton, et avec le ministre des Affaires extérieures de l'Inde pour exprimer la profonde inquiétude du Canada au sujet de la reprise de l'offensive terrestre dans la zone de conflit par les forces armées sri-lankaises, le 20 avril, et pour réunir des appuis en faveur de l'adoption d'un cessez-le-feu humanitaire.
Le 22 avril, M. Cannon a parlé au ministre des Affaires étrangères du Sri Lanka, pour réclamer un arrêt de l'offensive actuelle, de manière à permettre aux civils pris dans la zone de combat d'en sortir en toute sécurité et volontairement et à garantir aux travailleurs humanitaires un accès complet, sûr et sans entraves aux populations dans le besoin. Il a exprimé nos inquiétudes au sujet des victimes civiles et souligné la nécessité que l'ONU surveille l'évacuation des civils et les camps mis sur pied pour les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, les PDIP. Il a également offert l'aide humanitaire du Canada pour ces personnes, une fois qu'on aura évalué leurs besoins.
Désormais, c'est la sécurité des civils coincés dans la zone de conflit qui préoccupe le plus le Canada; toutefois, on a encore beaucoup de mal à savoir combien de civils s'y trouvent encore. L'ONU estime que quelque 50 000 à 100 000 personnes sont encore captives dans la zone de conflit. Nous avons exhorté les deux adversaires à respecter l'obligation de garantir la sécurité des civils, en vertu du droit humanitaire international; cela signifie notamment qu'ils doivent clairement faire la distinction entre les civils et les combattants et veiller à ne pas attaquer les civils.
Le Canada applique au gouvernement du Sri Lanka une norme plus élevée, quant à ses actions et à ses obligations, qu'au groupe terroriste qu'il combat.
Notre haute-commissaire à Colombo, Angela Bogdan, continue de s'entretenir avec les plus hautes autorités du gouvernement sri-lankais et de souligner la nécessité de porter secours aux PDIP. Le Canada et sa haute-commissaire jouent un rôle de premier plan. Mme Bogdan préside des rencontres où des ambassadeurs de pays de même mentalité et des représentants des Nations Unies coordonnent leur action humanitaire et elle communique des renseignements et des conseils sur les politiques par la voie de ses réseaux. Le Canada dirige le groupe des pays donateurs qui ont un programme d'aide bilatérale au Sri Lanka. En fait, les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni et de la France se trouvent actuellement au Sri Lanka et notre haute-commissaire vient juste de les rencontrer. Le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni s'entretiendra avec le ministre Cannon aussitôt que possible, peut-être même ce soir.
Le Canada appuie les coprésidents de la conférence des pays donateurs tenue à Tokyo qui porte sur la reconstruction et le développement du Sri Lanka. Les coprésidents comprennent, pour l'instant, la Norvège, le Japon, les États-Unis et l'Union européenne, bien que le rôle de la Norvège soit quelque peu ambigu à ce stade. Le 26 avril, les coprésidents ont fait une déclaration exhortant le gouvernement du Sri Lanka et les TLET à mettre fin aux hostilités et à autoriser l'entrée du personnel de l'ONU dans la zone de conflit pour faciliter les opérations de secours et l'évacuation des civils. Le Canada exhorte le gouvernement à faire preuve de leadership pour renforcer la confiance du peuple sri-lankais, ce qui est nécessaire pour instaurer une paix durable.
Le 25 avril, le ministre Cannon s'est joint à ses collègues du G8 pour publier une déclaration et exprimer les profondes inquiétudes de notre gouvernement face aux pertes civiles massives et à la détérioration de la situation humanitaire dans le Nord du Sri Lanka. Les circonstances désespérées qui sont celles des civils encore coincés dans les zones de combat et grandement menacés par la poursuite des hostilités nous préoccupent au plus haut point. Les ministres ont fortement condamné les TLET qui se servent des civils comme de boucliers humains, le meurtre de civils et le terrorisme sous toutes ses formes, et ils ont incité toutes les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter d'autres pertes civiles. Ils appuient la décision du Secrétaire général de l'ONU d'envoyer une équipe humanitaire de l'ONU dans la zone d'interdiction de tir. Il faut que le conflit cesse maintenant. Les ministres des Affaires étrangères du G8 soutiennent tous les efforts internationaux pertinents déployés pour favoriser la cessation des hostilités et ils continueront de suivre de près l'évolution des choses au Sri Lanka.
Le conflit a déjà engendré d'énormes souffrances au cours des 26 dernières années et nous voulons qu'il cesse sur-le-champ. Notre gouvernement a répété que ce conflit ne se réglerait pas par la force des armes et continue de réclamer une nouvelle solution politique significative et durable qui répondra aux aspirations légitimes de toute la population du Sri Lanka. Notre gouvernement continuera de collaborer avec les plus hauts échelons de la hiérarchie des pays partageant ses vues afin de susciter des progrès rapides de manière à garantir la sécurité de tous les Sri-lankais.
Le Canada coopère avec les coprésidents, le G8, le Commonwealth, l'Union européenne et l'ONU pour instaurer une paix durable et favoriser la reconstruction du pays.
La situation au Sri Lanka demeure fluide, et les événements sur le terrain évoluent rapidement et de façon souvent chaotique. Les travailleurs humanitaires font mention de problèmes grandissants chez les personnes déplacées: le surpeuplement des camps, la malnutrition, le manque de moyens de transport pour amener les malades à l'hôpital et la pénurie de personnel médical.
M. John Holmes, coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, s'est rendu au Sri Lanka, les 26 et 27 avril, pour rencontrer des représentants du gouvernement sri-lankais, l'équipe de l'ONU dans le pays et des représentants de la société civile et de la communauté des donateurs. Il a aussi tenté de négocier pour l'équipe onusienne d'évaluation de la situation humanitaire l'accès au Nord du Sri Lanka et à la zone de conflit. Malgré les assurances données précédemment par le président du Sri Lanka au chef de cabinet du Secrétaire général qu'un accès serait donné à la zone de conflit, M. Holmes n'a pu obtenir cet accord. Selon l'ONU, le gouvernement invoque la sécurité de l'équipe d'évaluation pour lui refuser l'accès à la zone de conflit. L'ONU a aussi fait savoir que le gouvernement du Sri Lanka lui avait signalé clairement qu'elle devait cesser de présenter cette demande, parce qu'elle ne serait pas acceptée.
Selon les Nations Unies, au cours des derniers jours, le nombre de PDIP a augmenté d'environ 40 000, ce qui a fait passer à plus de 160 000 personnes la population des camps du Nord du pays. Quelque 10 000 enfants souffrent actuellement de malnutrition et plus de 1 500 nourrissons ont besoin de soins médicaux d'urgence.
L'accès des organismes humanitaires aux populations touchées continue de constituer un défi de taille. Malgré les appels à l'aide humanitaire, le gouvernement du pays ne répond toujours pas aux demandes de visa présentées par les organisations humanitaires internationales souhaitant remplacer leur personnel là-bas.
Monsieur le président, le Canada intervient activement en faveur des populations éprouvées, par l'entremise de ses partenaires humanitaires de confiance, dont la Croix-Rouge, les organismes de l'ONU et les ONG canadiennes. Mon collègue de l'ACDI vous donnera plus de détails à ce sujet.
Par ailleurs, nous arrivons aux étapes finales de notre campagne de 85 millions de dollars d'aide aux victimes du tsunami, surtout dans le Nord-Est. Nos efforts visent à — et je mets ce qui suit entre guillemets — « reconstruire en mieux ». Donc, on reconstruit ce qu'il y avait là avant, mais en mieux.
Il est impossible de prédire l'avenir de ce beau pays dans les décombres de la situation actuelle, mais il faudra à long terme céder des pouvoirs aux régions. Nous nous efforcerons d'aider les Sri-Lankais à refaire leur vie et à réoccuper leurs terres grâce à un développement durable.
Monsieur le président, nous serons heureux de répondre aux questions du comité sur la situation au Sri Lanka, mais j'aimerais d'abord donner la parole à mon collègue de l'ACDI.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, je suis heureux de vous fournir aujourd'hui des renseignements sur les programmes d'aide humanitaire et d'aide au développement du Canada au Sri Lanka. Permettez-moi de commencer par l'aide humanitaire fournie par l'ACDI pour améliorer le sort des personnes les plus touchées par le conflit récent.
L'appui humanitaire a été considérable cette année. En février 2009, la ministre Oda a annoncé que le Canada fournirait une aide humanitaire totale de 4,5 millions de dollars pour les personnes touchées par le conflit au Sri Lanka. Cette somme inclut 1,75 million de dollars destinés au Comité international de la Croix-Rouge, 750 000 $ pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, de même que 500 000 $ qui seront remis à chacun des organismes suivants: Oxfam Canada, Vision mondiale, CARE et Médecins Sans Frontières. De plus, des projets réalisés en collaboration avec Médecins Sans Frontières et financés par l'ACDI à raison de 350 000 $ sont également mis en oeuvre dans le Nord. Ces fonds permettent à des partenaires de confiance en matière d'aide humanitaire de fournir une aide médicale, des abris d'urgence, une protection, de l'eau potable et des services d'assainissement à quelque 250 000 personnes qui en ont vraiment besoin.
Entre octobre 2008 et janvier 2009, le financement accordé par le Canada aux opérations du Programme alimentaire mondial a contribué à l'envoi de 11 convois dans la région de Vanni et à la distribution de 10 619 tonnes métriques d'aide alimentaire par voies terrestre et maritime. Afin de suivre les progrès des partenaires en matière d'aide humanitaire que nous finançons et de constater la situation par nous-mêmes, une équipe de l'ACDI est maintenant sur le terrain à Vavuniya, dans le Nord.
Laissez-moi maintenant vous parler de l'aide bilatérale à plus long terme que l'ACDI offre au Sri Lanka. Le Canada et le Sri Lanka entretiennent une relation de développement de longue date, soit depuis les années 1950 et le lancement du Plan Colombo. D'ailleurs, l'aide accordée par le Canada jusqu'à maintenant dépasse les 800 millions de dollars. Au cours des 15 dernières années, l'aide bilatérale de l'ACDI a permis de s'attaquer aux causes profondes du conflit et d'atténuer son incidence sur les collectivités touchées. Les niveaux de financement annuel sont de cinq à six millions de dollars. Dernièrement, le programme se concentre sur l'appui au bien-être économique. La majorité des projets de l'ACDI contribuent à des activités productives afin d'améliorer les moyens de subsistance des jeunes, des femmes et des groupes sri-lankais vulnérables. D'autres projets visent à intégrer de nouveau dans la vie économique les groupes touchés par le conflit. Le Canada est aussi actif dans le domaine de la gouvernance; il se concentre sur les droits de la personne, particulièrement sur les droits des enfants et les droits linguistiques.
L'approche explicite de l'ACDI consiste à oeuvrer au Sri Lanka par l'intermédiaire d'organisations non gouvernementales et d'organisations de la société civile canadiennes et à maintenir un équilibre géographique et ethnique en soutenant des projets dans les régions cinghalaise, tamoule et musulmane du pays. En plus du programme d'aide bilatérale, l'ACDI remet près de trois millions de dollars par année aux organisations canadiennes qui travaillent au Sri Lanka. Leurs programmes, réalisés en collaboration avec des partenaires sri-lankais locaux, sont surtout axés sur la formation technique et la croissance économique en vue de réduire la pauvreté. Enfin, au cours des cinq dernières années, l'ACDI a versé une aide supplémentaire de 118,7 millions de dollars à la suite du tsunami de décembre 2004 pour financer les activités de secours et de reconstruction.
Monsieur le président, nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions du comité sur le Sri Lanka.
Merci.
Je ne suis pas membre du comité, alors je ne connais pas cette question aussi bien que certains d'entre vous, peut-être, mais je suis ici aujourd'hui pour rendre compte de ce qui s'est passé hier et pour poser des questions, parce qu'hier, sur l'initiative de Mme Minna, Mme Minna, Rob Oliphant et moi avons rencontré le haut-commissaire du Sri Lanka.
Nous avons discuté avec lui de la possibilité... Je lui ai donné une idée et il a dit qu'elle lui plaisait et qu'il en parlerait à son gouvernement. Je veux vous en parler et voir ce que nous pourrions faire pour contribuer à sa réalisation et atteindre notre principal objectif à ce stade, qui est de sauver des vies. Il y a évidemment d'autres questions à régler, dont la reconstruction du pays et l'instauration d'une paix durable. Nous nous entendons tous là-dessus et nous savons tous que cela doit être fait, mais, en ce moment, nous parlons seulement de sauver des vies. Je me rends bien compte que certains d'entre vous pensent peut-être que ce projet n'est pas très réaliste, mais je pense que nous devrions essayer tout de même.
Mon idée est structurée comme suit. Un cessez-le-feu est décrété des deux côtés. Le gouvernement affirme que les Tigres tamouls empêchent les civils de partir. J'ai dit au haut-commissaire: « D'accord. Supposons que vous ayez raison. Prenons donc des mesures pour briser cette impasse. » Envoyons des représentants internationaux. L'égide sous laquelle ils interviennent importe peu, mais, à mon avis, le Canada devrait assumer un rôle de chef de file. Rien ne nous empêche de faire comme à l'époque de Lester Pearson et d'essayer de nous rendre sur place, de transiger avec les Tigres tamouls, de libérer autant de gens que possible et de leur permettre de quitter la région.
Nous saurons alors, grâce à l'intervention sur place des représentants internationaux, si les Tigres tamouls retiennent vraiment des gens contre leur gré. Si ce n'est pas le cas, les gens pourront partir. Si c'est le cas, nous évacuerons autant de gens que nous le pourrons. D'une manière ou d'une autre, nous saurons ce qui se passe.
Les gens sortiront du territoire à la queue leu leu de sorte que le gouvernement puisse les fouiller pour s'assurer qu'ils ne transportent pas d'armes, les soigner, les nourrir, les abriter et veiller à ce qu'ils soient en sécurité à court terme. En supposant que cela se produise, soit nous constaterons que les gens sont retenus contre leur gré, soit ils seront libérés et quitteront la région, et il ne restera plus que les combattants. Évidemment, les gens qui choisiront de rester seront principalement des combattants. Du moins, c'est ce que l'on suppose.
Le haut-commissaire a dit que l'idée lui plaisait et qu'il en parlerait à son gouvernement. Supposons pour l'instant que cela soit possible. Il n'y a pas de mal à essayer lorsqu'il s'agit de sauver des vies.
Ce que j'aimerais savoir, c'est ce que le Canada peut faire et qui vous recommanderiez — le ministre des Affaires étrangères ou quelqu'un d'autre — pour prendre l'initiative de s'adresser aux Nations Unies, se rendre là-bas de toute urgence et dresser un plan international indiquant combien de temps il faudrait aujourd'hui, de sorte que s'ils acceptent notre proposition dans deux jours, le Canada, en tant que chef de file, aura déjà élaboré quelque chose pour la mettre en oeuvre.
:
Merci de la question, mais peut-être y a-t-il autre chose ici.
[Traduction]
Vous avez employé le terme « autodétermination »; nous croyons que la situation dépasse maintenant l'échelle interne. Les nations du monde, la diaspora... beaucoup de gens s'intéressent à l'avenir de ce pays. Cela dit, nous pensons qu'il devra y avoir un changement vers une forme de gouvernement décentralisée.
Je sais que certains membres du comité ont déjà fait des suggestions basées sur le fédéralisme, sur la façon de créer des liens entre différents peuples. J'espère que dans la poursuite de ses travaux, le comité pourra étudier la question politique en jeu ici afin de trouver une façon pour les peuples de cohabiter à l'avenir.
De nombreux facteurs, tant ethniques que religieux, divisent actuellement le pays. Les enjeux sont si nombreux. On compare les taux de natalité d'une partie du pays à ceux d'une autre, et certaines personnes craignent d'être submergées. On affronte la campagne à la ville. On parle de la richesse dont jouissent certaines régions et non d'autres. Tous ces enjeux devront être abordés si l'on veut trouver une solution durable, sinon, n'importe lequel pourrait tout ruiner.
Sur le plan de la solution politique, c'est peut-être une question de trouver comment changer la mentalité des gens pour les faire passer d'une guerre de 26 ans à la recherche d'une façon de collaborer pour améliorer le pays. C'est pour cette raison que j'ai dit que la solution pour l'avenir se trouve probablement dans des groupes modérés issus des deux côtés du combat.
Ce n'est pas à moi de dire de quelle forme de gouvernement il devrait s'agir. J'étais ambassadeur en Indonésie au moment de la situation du Timor oriental, du Timor-Leste. On voyait un pays se créer en choisissant une voie différente de celle prise par les autres pays de la région. Il se peut très bien que le Sri Lanka opte pour une voie qui ne ressemble pas nécessairement à celle que nous choisirions ou à celle que d'autres dans la région pourraient souhaiter leur imposer.
Vous posez une question fondamentale, à laquelle les gens du Sri Lanka devront répondre avant de pouvoir avancer.
Un examen de la situation montre qu'au moins deux questions entrent en jeu. La première est celle que mon collègue vient d'annoncer, l'action immédiate accomplie sur le terrain. La deuxième est le problème humanitaire immédiat, dans l'optique de l'aide apportée. Un des choix que nous pourrions faire, naturellement et à juste titre, serait d'augmenter notre aide. J'aimerais que les représentants de l'ACDI fassent le point sur ce plan, et nous disent où nous en sommes.
J'ai sous les yeux des données qui m'ont été fournies par le ministère. Dans la catégorie du tsunami, qui bien sûr n'a rien à voir avec notre sujet, en 2006-2007, les fonds étaient de 13,4 millions de dollars; l'année suivante, ils étaient de 31,7 millions de dollars; l'année suivante, de 31,3 millions de dollars. Ce sont des sommes très importantes, mais, évidemment, elles faussent le côté humanitaire.
Un programme d'un pays que j'ai pour les mêmes années: 6,8 millions de dollars; 5,9 millions de dollars; 4,7 millions de dollars — on voit que les sommes diminuent. Des programmes multilatéraux pour certains pays: 5,8 millions de dollars; 2,3 millions de dollars; et puis on monte à 6,9 millions de dollars. Les totaux pour ces années, en passant, y compris les 30 millions de dollars en 2007-2008 et 2008-2009, étaient de 42,3 et 45 millions de dollars.
L'argent ne peut pas tout régler, et nous devons être certains que peu importe ce que nous faisons, les ressources servent aux fins prévues. Maintenant que je vous ai dressé ce tableau, il y a deux choses que nous aimerions beaucoup savoir, si possible: d'abord, savons-nous, ou avec quel niveau de certitude savons-nous, si les fonds ont donné les résultats escomptés; ensuite, si nous augmentions les fonds, serions-nous certains, ou quelles mesures sont en place pour que nous soyons certains, qu'ils pourraient être utilisés correctement et intelligemment?
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos invités. Je suis impatient de vous revoir la semaine prochaine ou lorsque vous reviendrez. Je vous en suis reconnaissant.
En fait, je suis très heureux d'apprendre que le ministre des Affaires étrangères, M. Cannon, se rendra là-bas, action que je recommandais certainement. Nous savons que le ministre des Affaires étrangères de la France et que M. Miliband d'Angleterre y étaient. J'allais demander si nous planifions faire de même, et la réponse a été obtenue par l'entremise du secrétaire parlementaire.
La question porte donc sur le message que nous transmettons. Une des inquiétudes que M. Miliband, son collègue et l'ONU ont soulignée est que lorsqu'ils essaient de convaincre le gouvernement du Sri Lanka de collaborer sur le terrain, leurs propos tombent dans l'oreille d'un sourd. Nous nous retrouvons donc dans une situation où nous augmentons la pression et nous augmentons le volume. Nous avons affaire à un gouvernement qui semble faire fi de la pression internationale. C'est la raison pour laquelle je trouve qu'il est très important que notre ministre des Affaires étrangères se présente là-bas. Nous avons la plus grande partie de leur diaspora au monde; nous entretenons donc avec eux une relation spéciale, et nous avons une obligation spéciale d'agir. J'ai espoir que M. Cannon réussira ce que les autres ont essayé de faire: obtenir un cessez-le-feu qui permettra l'ouverture d'un couloir humanitaire.
Non seulement c'est important d'obtenir l'accès pour l'aide humanitaire... Évidemment, si nous nous engageons à envoyer de l'aide, mais que nous ne pouvons pas la faire entrer, ça ne donne rien. Je crois que c'est le point critique: obtenir l'accès. Je pense que tout le monde s'entend sur l'ouverture d'un couloir humanitaire.
L'autre point est politique; je l'adresse donc peut-être à vous, monsieur Sunquist — et je ne suis pas certain que vous puissiez répondre, mais c'est à vous de le déterminer. C'est au sujet de pouvoir dire au gouvernement sri lankais que s'il ne cesse pas d'agir comme il le fait et s'il n'accorde pas l'accès aux médias et aux observateurs de l'ONU, alors il se rend passible d'être accusé de crimes de guerre. Je mesure mes mots en disant cela, parce qu'en ce moment, nous avons affaire à un gouvernement qui ne permet pas l'ouverture d'un couloir humanitaire et l'entrée des médias. La question qui se pose, c'est que cache-t-il? Je me demande si le gouvernement canadien travaille avec ses partenaires pour dire que si le gouvernement sri lankais veut être un membre responsable de la communauté mondiale, alors il doit accorder l'accès à la communauté internationale pour qu'elle puisse voir ce qui se passe. Sinon, il se rend passible d'accusations en vertu de la Convention de Genève.
Il y avait là sept questions dans une. Pour commencer, j'ai exprimé les priorités du ministre Cannon, parmi lesquelles une trêve humanitaire arrive en première place, comme vous l'avez dit. On peut axer nos efforts sur les personnes déplacées — c'est faisable — mais là où les gens sont en danger actuellement, c'est là où se situe ce que vous qualifiez de corridor, ou de zone de conflit, ou peu importe le nom que vous lui donnez. La première priorité est donc un cessez-le-feu humanitaire; la seconde consiste à s'occuper des gens qui se trouvent dans ce secteur; et la troisième, à venir en aide aux personnes déplacées. Ensuite, nous passerons à... Comme M. Dorion l'a souligné, que ferons-nous à partir de là? À quoi ressemble l'avenir? Voilà les enjeux.
À différentes tribunes — que ce soit à l'ONU ou, par exemple, aux réunions de la Banque de développement asiatique, où je me rendrai la semaine prochaine — nous parlerons de la situation économique du Pakistan, du Sri Lanka et de quelques autres pays. Sans être le principal objet de la réunion, ce sujet fera partie de la discussion. Il y a donc un certain nombre de forums internationaux où l'on traitera de la manière de réagir face au Sri Lanka et des moyens de nous assurer qu'on saisisse bien la gravité de la situation. Voilà donc un aspect de la question.
Le second aspect concerne en quelque sorte les crimes de guerre et la question de génocide. Le droit international prévoit une définition très claire et précise de ces termes. En ce moment, nous n'avons pas suffisamment d'information pour pouvoir déterminer si le conflit actuel correspond à une telle définition. Néanmoins, d'après les récits de personnes ayant fui les lieux de combat, les deux parties semblent avoir franchi les limites de la zone de sécurité gouvernementale. Le gouvernement du Sri Lanka n'a pas respecté sa propre zone de cessez-le-feu et, pire encore, il continue ses bombardements dans le secteur. On lui a demandé d'arrêter mais, même après l'établissement de cette zone d'interdiction de tir, il y a eu des bombardements. De leur côté, les TLET ont pris en otage des civils pour s'en servir comme boucliers humains, ce qui est interdit. Ils ont également commis des attentats suicides. On ne peut se contenter de dire: « Eh bien, on est en guerre ». C'est une situation pour laquelle les deux parties au conflit auront beaucoup de comptes à rendre dans l'avenir.
:
J'aimerais bien que mes collègues puissent ajouter leur grain de sel, car vous demandez une réflexion personnelle sur ce que nous pourrions faire.
J'avais un très bon collègue qui était l'ambassadeur du Sri Lanka en Norvège et qui m'a guidé dans ce processus. Mais les choses étaient différentes à l'époque, en ce sens que le combat était dans une impasse — aucun des deux belligérants n'avait l'avantage, et aucun n'était menacé d'une disparition imminente — alors il était possible de les inviter à discuter dans des pays tiers. Ils n'auraient pas fait ces pourparlers à Colombo ou au Sri Lanka; une grande partie de cette discussion a donc eu lieu en Norvège, au début. La Norvège et les agents du service extérieur norvégiens qui sont parvenus à cette entente doivent être félicités. Donc, pendant un certain nombre d'années, la Norvège a en quelque sorte axé son aide humanitaire, son aide au développement et ses efforts politiques sur le conflit sri-lankais en maintenant les pourparlers entre les deux belligérants.
La longévité de cette entente s'explique par l'impasse dans laquelle on se trouvait. Il y avait des attentats-suicide et une présence militaire, mais personne n'avait le dessus. Tout cela s'est écroulé, bien sûr, lorsque l'armée sri lankaise a découvert que les Tigres étaient maintenant affaiblis, et qu'elle était en mesure de les écraser très rapidement.
Voilà pour l'aspect historique.
Quant à la marche à suivre dans l'avenir, il s'agit clairement de savoir comment trouver des représentants... Et c'est un bon exemple. Je sais qu'il y a bien des gens autour de cette table qui, ces dernières semaines, ont rencontré différents groupes sri-lankais, qu'il s'agisse de Tamouls ou de Cinghalais. Il y a eu des discussions. Nos efforts sur le terrain au Sri Lanka, et nos efforts ici... Quelqu'un a souligné qu'au Canada, nous avions la plus importante diaspora sri-lankaise au monde. Si on arrive à faire en sorte que les modérés discutent ensemble de l'amélioration de la situation dans leur pays, que ce soit ici ou là-bas... Le Canada pourrait-il le faire? Je crois qu'il doit y avoir une certaine réceptivité de la part de nos interlocuteurs — comme cela a été le cas la première fois —, réceptivité qui fait défaut en ce moment. Espérons qu'on se montrera plus ouvert dans deux semaines.
:
Merci beaucoup, messieurs.
Je vais passer directement aux questions. J'en ai deux.
Nous savons tous que le gouvernement sri-lankais refuse d'envisager tout cessez-le-feu avant que les Tigres tamouls ne déposent leurs armes ou soient vaincus. Je pense vraiment qu'il veut finir le travail; mais ensuite, que va-t-il arriver? C'est ma question.
Il y a beaucoup de camps de personnes déplacées, et bien sûr, on enverra de l'aide internationale, et tout ira « bien », pour peu qu'il soit possible que tout aille bien dans un camp de personnes déplacées. J'en ai déjà visités en Azerbaïdjan. Ces camps seront-ils permanents? C'est ma question.
Dans un rapport publié en mars dernier, l'Institut international d'études stratégiques indique:
On craint une « cinghalisation » insidieuse à la faveur de la réinstallation des personnes déplacées, ce qui risque de retarder encore les opérations internationales de secours et de reconstruction.
Cela me préoccupe.
Il y a une autre chose qui me préoccupe. Vous avez dit dans votre déclaration que l'ACDI a cherché à trouver les causes profondes du problème, qui vont aussi loin que l'indépendance, la majorité par rapport à la minorité, et vice versa, l'éducation, les emplois pour les Tamouls, et ce genre de choses. C'est la source du problème. Mais y a-t-il de l'espoir? A-t-on engagé des discussions? L'aide internationale devrait être assujettie, en un sens, à un certain partage pour aider la population tamoule.
C'est ma question. Merci.
:
Il n'y a pas de sellette.
Je vous remercie de la question.
Permettez-moi de vous parler de la réunion d'un comité permanent à laquelle j'ai assisté récemment et au cours de laquelle nous avons parlé de la responsabilité sociale des entreprises au Soudan. Quelqu'un a posé une question très précise et a dit que nous étions tous inquiets au sujet d'une certaine entreprise canadienne qui exerce ses activités au Soudan. Selon les valeurs et l'éthique canadiennes, cette entreprise aurait dû quitter le pays, et c'est ce qu'elle a fini par faire. Le départ de l'entreprise canadienne a-t-elle avantagé les gens du Soudan? Si l'on regarde qui a racheté l'entreprise, on peut dire que les Soudanais s'en tiraient mieux avec l'entreprise canadienne.
Je ne vais pas faire valoir cet argument maintenant. Je dis simplement qu'il est très difficile de répondre à votre question concernant la méthode de la carotte et du bâton.
Nous faisons face à des problèmes humanitaires à court terme. Le gouvernement du Sri Lanka ne peut répondre aux besoins de 160 000 personnes installées dans des camps de personnes déplacées. La situation va devenir catastrophique, à moins que la communauté internationale n'intervienne.
Je suppose que l'on pourrait, en guise de menace, dire que nous nous en lavons les mains et nous en aller. Mais comme vous l'avez dit, nous n'aurions plus la possibilité d'influencer tout comportement futur, au détriment des gens qui sont là-bas.
Il faut vraiment que nous soyons présents à court terme pour aider les gens qui en ont besoin. À plus long terme, il y a notamment le FMI qui peut les aider à surmonter la crise économique mondiale. Comment pouvons-nous remettre l'économie mondiale sur les rails afin d'offrir une prospérité à long terme à la population du Sri Lanka? Nous avons des mesures d'incitation à court terme destinées à nous assurer qu'à long terme, le Sri Lanka sera de nouveau notre partenaire, plutôt qu'un pays avec lequel nous avons des problèmes persistants en ce qui concerne la population.
Cela ne répond pas à votre question, monsieur Obhrai, mais cela montre que la politique publique que nous utilisons actuellement doit refléter les valeurs et l'éthique canadiennes même si parfois, cela va à l'encontre de ce que nous voulons faire maintenant, c'est-à-dire faire cesser les combats. Comment nous y prendre? Là est la question.