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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, vous et vos collègues, de votre accueil chaleureux. Nous sommes très heureux de comparaître devant le comité et sommes tout à fait prêts à participer à un échange de vues avec vous.
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Perrin Beatty et je suis président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada. Je suis accompagné ce matin de Susanna Cluff-Clyburne, notre directrice des relations parlementaires.
[Français]
La Chambre de commerce du Canada est l'organisme de gens d'affaires le plus représentatif du Canada. Grâce à notre réseau de plus de 325 chambres de commerce locales, nous parlons au nom de 175 000 entreprises de toutes tailles actives partout au pays.
La Chambre de commerce du Canada compte de nombreuses sociétés pétrolières, gazières et minières parmi ses membres.
Nos membres sont conscients de la responsabilité et de la valeur commerciale inhérentes à des opérations commerciales durables. Cela inclut, notamment, tenir compte de l'impact économique, social et environnemental dans l'exercice de leurs activités. Ils reconnaissent également qu'un seul mauvais joueur peut entacher la réputation de toutes les sociétés canadiennes actives dans un lieu ou un secteur particulier.
[Traduction]
Monsieur le président, des entreprises et des gouvernements du monde entier s'efforcent de satisfaire aux attentes sociales et environnementales croissantes dans leurs activités domestiques et étrangères, ce qui se traduit par l'adoption de normes acceptées internationalement, que vous connaissez fort bien.
Pour appuyer ses membres, la Chambre de commerce du Canada a participé à la contribution du Business and Industry Advisory Committee aux Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales, au travail de la Chambre de commerce internationale concernant le Pacte mondial des Nations Unies, et à l'enquête du représentant spécial des Nations unies, John Ruggie, sur les droits de l'homme et les sociétés transnationales. La Chambre de commerce a également participé activement à la contribution du Canada à l'élaboration de la norme de responsabilité sociale ISO 26000.
La Chambre de commerce du Canada applique depuis longtemps en matière de responsabilité sociale des entreprises une politique voulant que le comportement socialement responsable doit continuer d'être défendu et appuyé par le gouvernement. En oeuvrant avec les entreprises avant qu'elles connaissent des problèmes, puis en continuant d'oeuvrer avec elles lorsqu'elles en connaissent, le Canada et les entreprises canadiennes sont considérés comme des chefs de file mondiaux. Les chefs d'entreprise du Canada sont parfaitement conscients qu'il est dans leur intérêt commercial d'être perçus comme des agents respectant les normes les plus élevées possible.
La Chambre de commerce du Canada a communiqué aux députés, par écrit et en personne, les préoccupations de ses membres concernant le projet de loi depuis son dépôt en février. Je suis donc certain que les membres du comité connaissent bien notre position.
Renforcer l'avantage canadien concorde avec l'opinion de la Chambre de commerce et de ses membres des industries extractives selon laquelle le Canada contribue le mieux au travail des entreprises en leur donnant les outils nécessaires pour éviter de connaître des difficultés dans les pays en développement. En outre, si elles connaissent de telles difficultés, il est encore plus important de continuer à travailler avec elles pour les aider à les résoudre, afin de préserver la réputation du Canada. Renoncer et s'enfuir n'est tout simplement pas la bonne solution.
La stratégie du gouvernement entérine le rôle crucial des régimes d'accueil des pays en développement et s'engage à leur fournir des ressources supplémentaires par le truchement de l'ACDI, de Ressources naturelles Canada, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, ainsi que des organismes internationaux tels que l'initiative de transparence des industries extractives.
En qualité d'ex-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, monsieur le président, je pense que c'est la bonne méthode. Tout comme nous résisterions à une ingérence étrangère quelconque dans nos affaires, les pays étrangers souverains n'apprécieraient pas que des agents du gouvernement canadien viennent faire enquête sur des projets réalisés sur leur territoire ou que nos lois déterminent quelles entreprises peuvent agir chez eux ou non. S'il est adopté, le projet de loi sera préjudiciable à la politique étrangère du Canada.
La conseillère en RSE récemment nommée assure un juste équilibre entre les parties concernées tout en préservant la primauté du point de contact national du MAECI en ce qui concerne la promotion des Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales. D'aucuns prétendent que la conseillère ne pourra mener d'enquêtes qu'avec l'accord de toutes les parties mais nous savons bien que des enquêtes crédibles seraient impossibles sans la coopération non seulement des entreprises concernées mais aussi, et c'est tout aussi important, des gouvernements d'accueil. Selon nos informations, le refus de coopérer d'une partie quelconque serait mentionné dans le rapport annuel de la conseillère destiné au Parlement et ferait légitimement l'objet de critiques. Toute partie refusant de coopérer s'exposerait à l'opprobre du public. Cette disposition est un puissant aiguillon pour la bonne exécution des enquêtes.
Le rôle de la conseillère en RSE ne diffère notablement de celui de l'ombudsman indépendant recommandé dans le rapport des tables rondes et de ce qui est proposé dans le projet de loi que dans la mesure où celle-ci n'aura pas le pouvoir de recommander que le gouvernement retire ses ressources des entreprises qui se sont mal comportées. Encore une fois, c'est la bonne méthode. Notre but ne doit pas être de punir mais de faire en sorte que toutes les sociétés respectent les normes les plus élevées possible. Notre but est de formuler des normes de pointe au niveau mondial, d'encourager les gens à les respecter et d'oeuvrer avec les entreprises pour s'en assurer. C'est de cette manière que nous pouvons être le plus utiles à tout le monde.
[Français]
Un des aspects malencontreux du projet de loi — qui pourrait hanter tout gouvernement forcé de l'administrer — consiste en ce qu'il pose un risque déraisonnable pour les finances et la réputation des sociétés du secteur extractif. Ce dernier est très exigeant en investissements, axé sur le long terme et généralement actif dans des régions très éloignées des pays développés et en voie de développement. Chaque projet, ou presque, aurait ses adversaires, peu importe le sens des responsabilités dont fait preuve la société qui le dirige. Des gens qui croient que le processus d'extraction des ressources est inacceptable s'opposeront pratiquement à tous les projets. C'est le cas ici, au Canada, et l'expérience est la même ailleurs dans le monde. Notons que les perspectives de ces détracteurs vont souvent à l'encontre de celles des collectivités qui profitent de ces projets.
Le projet de loi fournirait une voie unilatérale, entérinée par la loi, aux organismes dont la survie dépend de leur capacité à faire des allégations contre les sociétés du secteur extractif. Les plaintes fondées sur une idéologie plutôt que sur le rendement occasionneraient d'énormes coûts aux contribuables et aux entreprises.
[Traduction]
Monsieur le président, la fonction de vérification proposée pour le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international dans le projet de loi mobiliserait des dollars et du personnel dont le ministère a désespérément besoin pour d'autres choses. Il est facile d'imaginer quelles serait les conséquences si l'un des associés d'un projet en participation perdait son crédit d'Exportation et Développement Canada. Seuls les avocats s'enrichiraient dans une telle situation.
Les entreprises canadiennes réussiront-elles jamais à satisfaire ceux et celles qui s'opposent par principe à leurs activités? Probablement pas. On voit mal comment elles le pourraient. Malgré cela, elles seront confrontées au spectre de devoir constamment surveiller leur environnement pour voir qui lance ou risque de lancer une attaque contre elles par le truchement du mécanisme qu'institutionnaliserait le projet de loi . Cela constituera-t-il un handicap pour les entreprises canadiennes? Absolument. La partie ayant déposé une plainte pourra-t-elle se satisfaire d'une investigation ministérielle? Probablement pas. En qualité d'ex-ministre, je dois dire que le processus d'investigation mal défini dans le projet de loi me préoccupe. En revanche, la stratégie du gouvernement comporte un processus bien défini en cinq étapes comprenant une analyse initiale, une médiation informelle, une enquête factuelle, l'accès à une médiation officielle et le dépôt d'un rapport.
En droit pénal, monsieur le président, nous veillons scrupuleusement à respecter le principe voulant que toute personne est considérée innocente tant qu'elle n'a pas été trouvée coupable, et nous veillons attentivement à ce que sa réputation ne soit pas entachée par inadvertance. Avec le projet de loi , par contre, le dommage sera causé à l'entreprise dès qu'une plainte aura été formulée et publiée. Ceux qui veulent empêcher les entreprises canadiennes de faire des affaires à l'étranger — catégorie qui comprend, c'est très important, nos concurrents étrangers — pourraient être fortement incités à faire des allégations. La publication dans la Gazette du Canada, plusieurs mois après le dépôt de la plainte, d'un rapport concluant que la plainte était frivole ou vexatoire arrivera bien trop tard pour rétablir la réputation de l'entreprise, voire la viabilité financière du projet concerné.
Un tel rapport ne fera évidemment pas l'objet d'autant de publicité au Canada, et encore moins dans un pays en développement, que l'accusation d'origine, et il faudra peut-être des années à l'entreprise pour rétablir sa réputation. Entre-temps, ses concurrentes étrangères continueront leurs activités. Talisman Energy est un bon exemple de l'effet qu'aurait le projet de loi . Le nom de cette entreprise est encore aujourd'hui associé à des allégations infondées de transgression effarante des droits humains au Soudan, plusieurs années après qu'elle ait été exonérée par les tribunaux et qu'elle ait dû dépenser des dizaines de millions de dollars en justice. En outre, et c'est peut-être ce qui est le plus tragique pour les citoyens soudanais, tout le monde convient que leur situation ne s'est pas améliorée quand cette entreprise canadienne à la réputation exemplaire a cédé sa participation au projet.
Le fait est que la grande majorité des sociétés d'extraction canadiennes agissent de manière responsable et sont considérées comme des chefs de file mondiaux dans ce domaine. Plus tôt que cette année, Talisman Energy a été nommée par l'hebdomadaire Maclean's et par Jantzi Research comme l'une des 50 entreprises les plus socialement responsables du Canada. Une autre société canadienne d'extraction, Barrick Gold, a été nommée en 2009 pour la deuxième année de suite à l'indice mondial Dow Jones de durabilité. Cet indice, qui est l'un des premiers au monde en ce qui concerne les pratiques durables des entreprises, évalue la performance économique, environnementale et sociale à long terme de 2 500 entreprises de pointe du monde en utilisant des critères objectifs pour trouver les 10 p. 100 les meilleures. C'est une référence très importante.
Il faut comprendre les bienfaits durables que les sociétés extractives apportent aux collectivités. Comme au Canada, elles créent pour les citoyens des pays où elles sont présentes des possibilités économiques et sociales. Elles contribuent de manière importante au produit intérieur brut des pays d’accueil, à l’infrastructure, aux recettes fiscales, à la formation professionnelle et à la qualification de la main-d’œuvre, ainsi qu’à un développement économique durable. Or, il arrive souvent qu’on ne tienne pas compte de l’incidence économique positive de ces activités et investissements.
Exportation et Développement Canada vous a expliqué l'effet qu'aura le projet de loi sur son aptitude à passer des accords financiers avec les sociétés extractives canadiennes. On vous a aussi expliqué comment l'ingérence du gouvernement dans les décisions d'investissement de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada entravera son mandat consistant à maximiser les gains des employeurs et employés canadiens qui cotisent, en toute indépendance du gouvernement. Cela exigera aussi des modifications à la législation régissant l'Office d'investissement du RPC.
Certains se demandent s'il serait vraiment grave que les entreprises soient privées du financement ou des investissements du Régime de pensions du Canada. Après tout, les sociétés d'extraction sont grandes et ont de vastes ressources financières. Toutefois, le crédit d'EDC et les investissements institutionnels comme ceux du Régime de pensions du Canada sont des ressources financières essentielles pour les entreprises canadiennes, extractives ou autres. Les sanctions proposées dans ce projet de loi pourraient être très sévères et avoir un effet dévastateur sur les entreprises et sur leurs employés canadiens et étrangers, ainsi que sur les projets de pays en développement faisant l'objet d'allégations. Être privé du crédit d'EDC et de son assurance contre les risques politiques, et se retrouver sur la liste noire du Régime de pensions du Canada, entraînerait l'annulation de projets et la disparition d'emplois. Confrontées à l'incertitude d'une évaluation à l'aune de lignes directrices mal définies, bon nombre d'entreprises canadiennes décideront tout simplement de ne pas prendre le risque de lancer de nouveaux projets dans les pays en développement.
Le projet de loi aura des conséquences non seulement sur les grandes sociétés extractives mais aussi sur les douzaines de petites entreprises qui les desservent.
L'un des grands paradoxes est que nous exprimons tous des réserves au sujet du rachat d'entreprises canadiennes, en disant que nous voudrions que ce soient plutôt nos entreprises qui rachètent des entreprises étrangères, mais ce projet de loi , qui aura un effet discriminatoire sur les entreprises canadiennes, ira totalement à l'encontre de cet objectif. Il dissuadera les entreprises canadiennes d'acheter des entreprises agissant de manière inappropriée dans les pays en développement, dans le but de rendre leurs activités conformes aux normes internationales. Pourquoi le feraient-elles si cela devait les exposer à des sanctions et à une perte de réputation? Les grands perdants, dans ce cas, seront les citoyens des pays en développement, réduits à accepter les entreprises de pays ayant des normes moins élevées.
Les sociétés extractives du Canada sont touchées de plein fouet par la récession. Leurs problèmes sont exacerbés par l'incertitude issue de la publication du rapport des tables rondes, il y a quelques années, et par l'attente de la réponse du gouvernement. Le projet de loi rehaussera cette incertitude interminable. Même après son adoption, l'incertitude subsistera en attendant l'élaboration des lignes directrices. Or, il s'agit ici d'un secteur qui dresse ses plans des dizaines d'années à l'avance et qui a besoin du maximum possible de certitude, de cohérence et de clarté dans les politiques et règlements.
La Chambre de commerce du Canada estime que toute entreprise canadienne oeuvrant à l'étranger se doit de respecter des normes élevées de responsabilité sociale. Le message que nous vous adressons est que le gouvernement devrait oeuvrer avec les entreprises et avec les gouvernements des pays en développement avant que des problèmes n'apparaissent pour s'assurer que le Canada et les sociétés canadiennes soient perçus comme des chefs de file mondiaux. Il est dans notre intérêt à tous que cela fasse partie de la marque Canada.
Le projet de loi pourrait engendrer un environnement de conformité minimale au lieu d'un environnement dans lequel la concurrence pousse les entreprises à adopter les meilleures pratiques possible. Si une entreprise connaît des difficultés parce qu'elle manque d'expérience ou pour des raisons qu'elle ne contrôle pas, être privée des ressources du gouvernement parce qu'elle fait l'objet d'allégations de comportement répréhensible ne règle rien, les parties affectées restant dans une situation identique, si ce n'est pire, et l'entreprise n'étant pas en meilleure position pour apporter les correctifs éventuellement requis. Cela laisse en outre en lambeaux la réputation du Canada, la réputation du gouvernement du Canada et la réputation d'un des secteurs les plus importants pour notre économie.
Je ne conteste aucunement la bonne foi des auteurs ou partisans du projet de loi. Comme nous tous, l'auteur du projet de loi souhaite que le Canada et les entreprises canadiennes aient la réputation de se conformer aux normes d'éthique les plus élevés au monde et, comme nous tous, il voudrait que les entreprises canadiennes connaissent du succès sur la scène mondiale. Paradoxalement, cependant, le projet de loi nous poussera exactement dans la direction opposée en encourageant des allégations désinvoltes et fausses et en donnant à nos concurrents appliquant des normes moins élevées une arme à utiliser contre les entreprises canadiennes.
Les entreprises canadiennes ont besoin de l'appui du gouvernement par beau temps et mauvais temps. Elles n'ont pas besoin de fardeau bureaucratique supplémentaire, d'obstacles à l'investissement et d'encouragement à transférer leurs activités ailleurs.
La stratégie de RSE du gouvernement est vieille de sept mois à peine et il convient de lui donner le temps d'être complètement mise en oeuvre avant d'en déclarer l'échec. Une fois qu'elle aura eu la chance de faire ses preuves, nous pourrons bien évidemment l'examiner et voir si des changements s'imposent. Si tel est le cas, nous devrons veiller à ce que ces changements reposent sur l'expérience acquise. En attendant, donnons-lui au moins la chance de faire ses preuves.
À première vue, le projet de loi procède d'une bonne politique mais un examen plus attentif montre qu'il ne permettra pas d'atteindre ses objectifs car il lui manque un contexte important et il risque de causer au secteur extractif plus de dégâts qu'on ne peut l'imaginer. Voilà pourquoi, monsieur le président, nous implorons les membres du comité de rejeter ce projet de loi.
Je vous remercie sincèrement de nous avoir invités à témoigner et je serais ravi de répondre aux questions.
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L'argument présenté au comité par les représentants de l'industrie — je ne parle pas ici de représentants d'associations mais de gens qui travaillent réellement dans ce secteur — est qu'ils craignent qu'il y ait une sorte de préjugé tendancieux s'il était établi à l'intérieur, c'est-à-dire s'il relevait du gouvernement ou était relié au gouvernement.
Je m'étonne que la Chambre ait un problème avec ça. Comme on l'a dit, un conseiller est un conseiller, n'est-ce pas? Cela dit sans vouloir offenser qui que ce soit. Ils voulaient que le poste soit libre de toute influence de façon à ce que les problèmes qui lui seront présentés puissent être arbitrés de manière équitable. Je trouve donc ça surprenant.
Je voudrais revenir sur plusieurs remarques antérieures.
Monsieur Beatty, vous avez dit que cela pourrait... Je laisse de côté la thèse de fin du monde évoquée par l'un de mes collègues. Je regrette, ce n'est pas mon avis. EDC ou le RPC ne nous ont certainement pas dit qu'ils retireraient tous leurs investissements de la bourse.
Ce que nous souhaitons tous, je pense, c'est que les règles soient équitables. Quand on voit les poursuites actuellement intentées contre des entreprises canadiennes — et il y en a de plus en plus —, je ne comprends pas comment on peut dire que ce projet de loi puisse faire autre chose que rehausser la réputation du Canada et la marque Canada.
Vous savez, Talisman a changé ses méthodes. Je parlais l'autre jour de la LCEE. Vous connaissez bien la LCEE. On l'a utilisée pour s'assurer que les entreprises canadiennes ne continueraient pas d'investir en Birmanie. Et cela ne s'est pas produit avant qu'on invoque la LCEE. Lorsque nous nous occupions de l'Afrique du Sud et de l'apartheid, il y avait un dilemme. En fait, c'est un gouvernement conservateur qui a créé la LCEE.
Certains d'entre nous diront peut-être que ce projet de loi n'est qu'une évolution de ce que nous avons vu. Je me souviens très bien des débats sur l'Afrique du Sud : nous ne devions pas en partir, nous ne devions rien faire, nous devions simplement laisser les entreprises se débrouiller. Nous avons finalement eu un débat à ce sujet et les choses ont changé. Je pense qu'on a agi intelligemment en créant la LCEE comme outil que le Cabinet peut utiliser.
Cela dit, les choses continuent d'évoluer. Nous ne sommes pas figés.
Je n'ai rien vu dans votre exposé, quand je regarde le projet de loi, qui corresponde à votre... Je vois beaucoup de qualificatifs — des pourraient, des si, des peut-être — mais ce projet de loi donnera la possibilité de consulter les entreprises et d'analyser les règlements, et aussi un certain temps pour se pencher sur les problèmes.
Ce que j'essaie de dire, M. Beatty, je suppose, c'est que bien des gens pourraient contester votre prémisse que cela provoquera du désinvestissement ou ternira la marque. Au contraire, diront certains, cela rehaussera la marque Canada car nous aurons un processus. Quand nous ferons l'objet d'une action en justice, nous pourrons montrer que nous avons fait preuve de toute la diligence voulue.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité pour vous entretenir de ce très important projet de loi d'initiative parlementaire.
Je m'appelle Stephen Hunt. Je suis un dirigeant élu du district no 3 du Syndicat des métallurgistes unis d'Amérique. Le district no 3 englobe tout l'ouest du Canada, de la frontière du Manitoba jusqu'à l'océan Pacifique, et concerne essentiellement les industries extractives.
Nous représentons un très grand nombre de mineurs, de travailleurs forestiers et de travailleurs du secteur du pétrole et du gaz naturel. Beaucoup de ces personnes seront directement touchées par le projet de loi .
Avant de commencer, j'aimerais faire connaître mon parcours. Je me suis joint aux Métallurgistes unis d'Amérique alors que j'étais tout jeune et que je travaillais à la mine Utah, une mine de cuivre à ciel ouvert à l'extrémité nord de l'île de Vancouver. J'ai aussi travaillé à la mine Afton, une mine de la société Teck située à l'extérieur de Kamloops, en Colombie-Britannique.
J'ai été étroitement lié au secteur minier pendant une trentaine d'années, plus particulièrement au domaine des pratiques en matière de santé et de sécurité dans l'industrie minière. J'ai beaucoup voyagé à l'étranger pour visiter des exploitations minières canadiennes. J'ai travaillé au Pérou pour aider des mineurs luttant contre la silicose, qui était alors une nouvelle maladie. C'est une chose que nous avons éradiquée au Canada il y a des années mais qui se répand aujourd'hui dans des mines d'entreprises canadiennes au Pérou. Je suis également allé au Chili pour travailler avec des mineurs d'entreprises canadiennes qui sont exposés aux problèmes de l'altitude et qui souffrent terriblement de maladies de haute altitude.
Je suis également relié à des sociétés minières canadiennes dans ce contexte puisque j'ai témoigné comme expert lors de l'enquête Westray. À cette occasion, j'ai témoigné sur les raisons de l'explosion qui s'était produite à la mine de charbon de Westray à Stellarton, en Nouvelle-Écosse, provoquant la mort immédiate de 26 mineurs dont 11 sont encore ensevelis dans la mine. Leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Une société minière canadienne...
Comme vous le savez, l'enquête Westray a débouché sur des pressions exercées par les métallurgistes pour obtenir des modifications au Code criminel du Canada afin de le renforcer et d'y inclure la responsabilité des entreprises en matière de santé et de sécurité au travail.
Maintenant que vous savez qui je suis, vous ne serez pas surpris d'apprendre que j'appuie le projet de loi et l'activité minière, puisque nous représentons les travailleurs de l'industrie minière. Par définition, c'est elle qui paie mes factures.
Nous nous sommes souvent surnommés « le syndicat des mineurs du Canada ». Nous avons à coeur cette industrie et la façon dont nos employeurs respectent nos droits. C'est pour cette raison qu'il y a des négociations collectives et c'est aussi pour cette raison que nous nous préoccupons de la façon dont ces employeurs respectent les droits des travailleurs et des collectivités dans les pays en développement.
Tout comme nous pensons que les entreprises ne devraient pas pouvoir fonctionner ici sans avoir à respecter les conventions collectives qui protègent nos droits, nous pensons qu'elles ne devraient pas pouvoir fonctionner à l'étranger sans des mécanismes formels pour protéger les travailleurs, les collectivités et l'environnement. Nous estimons que les droits des travailleurs sont des droits humains et c'est dans ce contexte que nous appuyons le projet de loi .
Une dernière chose à mon propos. J'ai été accrédité par la DeGroote School of Business à titre d'administrateur agréé, ce qui signifie que j'ai les qualifications requises pour siéger à des conseils d'administration aux États-Unis et au Canada. Au 21e siècle, le rôle de ces conseils s'est élargi pour porter non seulement sur les intérêts des actionnaires mais aussi sur ceux des parties intéressées. Cela veut dire que les travailleurs, les collectivités et les défenseurs de l'environnement doivent être inclus dans le processus décisionnel des entreprises.
Le syndicat des métallurgistes n'a pas découvert par hasard l'existence du projet de loi . Il a participé activement aux tables rondes nationales de 2006 sur la responsabilité sociale d'entreprise. Nous avions prévu que le gouvernement tiendrait compte des 27 recommandations du rapport de consensus et qu'il mettrait en place un cadre réglementaire plus solide pour que les entreprises canadiennes soient tenues responsables de l'application des droits de la personne, des droits des travailleurs et de la protection de l'environnement lorsqu'elles exercent leurs activités dans les pays en développement.
Ce n'est pas ce qui est arrivé. Il a fallu près de deux ans pour que le gouvernement réagisse et il l'a fait comme si les tables rondes n'avaient jamais eu lieu.
La stratégie dite de responsabilité sociale d'entreprise, ou RSE, a constitué un recul car elle privilégiait l'autoréglementation volontaire des entreprises et supposait que l'inertie des gouvernements des pays en développement, et non le comportement des entreprises, était la cause des problèmes de l'industrie extractive dans ces pays.
Les entreprises minières, pétrolières et gazières représentent le Canada à l'étranger. Composantes de la politique officielle du Canada, elles sont d'autant plus crédibles qu'elles sont cofinancées par Exportation et Développement Canada et sont appuyées par les missions d'Équipe Canada et les ambassades canadiennes.
Toutefois, quand les membres de notre syndicat travaillant dans les entreprises minières et de minéralurgie participent à des échanges de personnel avec d'autres pays comme l'Argentine, le Chili, le Pérou, l'Afrique du Sud et le Guatemala, ils constatent d'énormes différences de comportement chez ces entreprises selon qu'elles oeuvrent au Canada ou à l'étranger.
Après de longues et difficiles négociations, notre syndicat a pu obtenir des pensions et des salaires décents pour les employés, des lieux de travail sûrs, grâce à des initiatives conjointes en matière de santé et de sécurité, et des mesures environnementales pour protéger les collectivités environnantes. Les entreprises prétendent qu'elles appliquent ces « pratiques exemplaires » dans les pays en développement où elles s'installent mais nous avons constaté le contraire sur place.
Nos membres travaillant chez Teck, par exemple, ont oeuvré pendant plusieurs années auprès des syndicats représentant les travailleurs des mines que possède Teck au Chili et au Pérou. Ces mineurs travaillent à 4 000 m au-dessus du niveau de la mer. Malgré les nombreux rapports portant sur les effets à long terme du travail en altitude, et les pressions constantes exercées par les représentants des travailleurs au Chili et au Pérou, Teck refuse de reconnaître l'exposition à long terme à de hautes altitudes comme une maladie professionnelle. Cette entreprise ne tient pas compte des solutions pratiques ou les considère comme « trop coûteuses ». Ces conditions de travail causent des maux de tête, la perte d'appétit et l'insomnie. L'exposition à l'altitude augmente considérablement le risque de crise cardiaque ainsi que d'oedème pulmonaire et cérébral. Les travailleurs incapables de travailler jusqu'à leur retraite ne reçoivent aucune compensation, si bien qu'ils ne peuvent soutenir leur famille. Nous appelons souvent cela « du chantage économique » ou « de l'héroïne économique » lorsque les travailleurs travaillent parce qu'ils le doivent et qu'ils n'ont pas le choix.
Pendant que les entreprises canadiennes continuent de résister aux pressions visant à protéger les travailleurs en haute altitude, Exportation et Développement Canada appuie la mine Antamina au Pérou avec 650 millions de dollars d'assurance contre les risques politiques.
Plus tôt cette année, en Argentine, on a demandé à notre syndicat de faire un geste de solidarité en réaction au congédiement injuste par Barrick Gold Corporation de Jose Vicente Leiva, dirigeant syndical de la mine de Veladero. En 2004, la société avait reçu 75 millions de dollars d'Exportation et Développement Canada pour financer son projet et 125 millions de dollars d'assurance contre les risques politiques. Veladero est une autre mine de haute altitude où les travailleurs vivent sous la tente sans équipements d'hiver alors que la température peut descendre jusqu'à -20°C. Des glissements rocheux se produisent régulièrement et deux travailleurs ont été tués en 2006.
M. Leiva a parcouru 4 600 m pour rencontrer les gestionnaires de Barrick au bas de la montagne et il leur a présenté une liste de propositions en vue d'améliorer les pratiques de sécurité. Les gestionnaires lui ont demandé de revenir une semaine plus tard afin de lui transmettre leur réponse. Lorsqu'il est redescendu pour rencontrer les gestionnaires, ceux-ci se trouvaient en compagnie de fonctionnaires argentins et n'ont démontré aucune volonté de régler les problèmes.
Comme la loi argentine protège la liberté d'association, M. Leiva et d'autres travailleurs de Barrick ont pris des mesures pour former un nouveau syndicat indépendant et ont fait des démarches pour s'affilier avec la centrale des travailleurs argentins (CTA). Avant même que leur demande ait été approuvée, M. Leiva a reçu un avis de congédiement de Barrick sans motivation. La raison en est que M. Leiva et ses collègues avaient exercé leurs droits et avaient contesté les pratiques injustes ayant cours à la mine de Barrick. M. Leiva a récemment récupéré son emploi, non pas parce que Barrick à soudainement eu une révélation mais en raison des pressions nationales et internationales.
L'histoire de Jose Leiva et de ses collègues prouve encore une fois la véracité de l'adage que nous avons sans cesse répété au cours de notre lutte pour la dignité et la sécurité dans les mines canadiennes : une entreprise minière est aussi bonne que dans la mesure où elle doit faire face à une forte opposition. Sans un outil comme le projet de loi , il n'y a aucun contrôle, aucune surveillance, seulement un mandat fiduciaire.
Le fait que nos entreprises minières se soient installées à l'étranger nous a poussé à étendre nos tentacules partout dans le monde. Nous avons suivi nos gestionnaires dans des pays comme l'Afrique du Sud, le Chili et le Nicaragua. Nous construisons des réseaux mondiaux avec des travailleurs qui ont le même employeur transnational.
Nous avons acquis des connaissances sur les pratiques des entreprises et les conditions de travail dans les autres pays qui nous aident à relever les nouveaux défis liés à la venue au Canada de propriétaires de mines étrangers. Les géants miniers d'hier comme Inco, Falconbridge et Noranda ont été remplacés par des entreprises comme Vale Inco et Xstrata. Les employés de trois des quatre exploitations de nickel de Vale au Canada sont en grève depuis plus de trois mois pour s'opposer aux concessions demandées par l'employeur sur le plan des salaires et du régime de pensions.
Le projet de loi n'est ni punitif ni contraignant pour les entreprises extractives. Il prévoit simplement un cadre transparent pour la reddition de comptes et qui ne peut être invoqué qu'en cas de violation manifeste des règles. Il correspond aux normes reconnues à l'échelle internationale et prévoit que l'assistance financière et diplomatique est conditionnelle à la bonne tenue des entreprises. C'est un contrat social qui permet aux entreprises de prospérer sans sacrifier le pouvoir d'examen des contribuables canadiens qui facilite leurs activités à l'étranger.
Je vous remercie de votre attention et je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, membres du comité. Bonjour.
KAIROS: Initiatives oecuméniques canadiennes pour la justice, réunit 11 organisations religieuses de 7 confessions. Elle oeuvre en faveur de la justice sociale au Canada et à l'étranger.
L'une de nos principales activités consiste à appuyer nos partenaires de l'hémisphère sud pour les aider à défendre et à promouvoir les droits humains. En qualité de coordonnatrice du programme Asie-Pacifique de partenariats mondiaux, je me suis rendue dans divers pays d'Asie pour contacter nos partenaires et consulter des collectivités. Le message que j'en ai retenu est leur appui absolu au projet de loi .
Je sais que certains de nos partenaires ont écrit au comité pour appuyer le projet de loi. Je peux ainsi mentionner JATAM, le réseau de défense des droits des mineurs en Indonésie, qui a envoyé une lettre signée par 50 organisations représentant des défenseurs des droits humains, des groupes de la société civile à caractère religieux et des écologistes. Aux Philippines, la Cordillera Peoples Alliance a aussi écrit pour appuyer le projet de loi. Sa lettre avait été signée par 198 organisations touchées de près ou de loin par des activités minières.
Je mentionne aussi l'appui du Center for Environmental Concerns, des Philippines, ainsi que la présence de nos partenaires du Sud, de Marinduque, aux Philippines, collectivité touchée par Placer Dome, et aussi de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
J'aimerais exprimer les préoccupations de nos partenaires qui sont touchés par les activités d'entreprises minières canadiennes dans leur région. Bon nombre de ces collectivités ont souffert de la transgression de leurs droits humains par des militaires qui protègent les intérêts des entreprises minières. Beaucoup de ces collectivités ont été chassées de leur région et ont perdu leur gagne-pain à cause des activités minières.
Aux Philippines, par exemple, les Cordilleras ont récemment été frappées par une calamité dévastatrice, le typhon Pepeng, mais ce n'est pas le typhon lui-même qui a provoqué cette calamité. C'est plutôt la détérioration des sols causée par les mines. J'ai avec moi une note d'information de la Cordillera Peoples Alliance qui mentionne les différentes sociétés minières canadiennes oeuvrant dans la région et causant plus ou moins cette destruction.
Les partenaires que KAIROS appuie dans l'hémisphère sud ne rejettent pas d'office l'activité minière. Ce sont des organisations de droits humains qui souhaitent simplement protéger des gens qui veulent continuer à mener une vie simple, rester dans leur collectivité et bâtir des collectivités durables. Toutefois, à cause des sociétés minières qui viennent sur place se comporter de manière irresponsable, ces organisations veulent maintenant se faire entendre. Elles veulent exprimer leurs préoccupations.
Si vous me permettez ce rappel, c'est précisément votre comité qui a recommandé au gouvernement en 2005 — après avoir entendu la cause des Subanons de Mindanao et la cause de TVI — qu'une enquête parlementaire soit effectuée au sujet des allégations de transgression des droits humains par les forces militaires avec la complicité de sociétés minières. Des tables rondes de consultation sur la responsabilité d'entreprise ont été organisées en 2006 et beaucoup de partenaires de l'hémisphère sud sont venus y participer pour exprimer leurs préoccupations et faire connaître leur situation. Jusqu'à ce moment-là, elles attendaient que le comité et le gouvernement fassent preuve leadership en veillant à ce que les sociétés minières canadiennes agissent de manière responsable et respectent les collectivités locales ainsi que le droit de ces dernières d'accepter ou de rejeter des projets miniers.
Mon collègue va maintenant parler de la recommandation globale de KAIROS. Comme je viens tout juste de rendre visite à nos partenaires et de parler aux collectivités, c'était ce que j'avais à vous dire. Les collectivités de l'étranger appuient le projet de loi .
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Merci, monsieur le président. Je m'appelle Ian Thomson et je coordonne notre travail sur la justice écologique et la responsabilité sociale des entreprises.
Je pense que Connie vous a exposé les raisons pour lesquelles les Églises canadiennes s'intéressent à ce sujet. Il s'agit pour elles de répondre aux appels qu'elles reçoivent quotidiennement de l'hémisphère sud, non seulement d'organisations de droits humains et communautaires mais aussi de nos homologues confessionnels du Sud — d'évêques des Philippines, d'une commission oecuménique de Tanzanie. Tous ces appels nous sont envoyés de l'étranger pour réclamer un comportement responsable des entreprises canadiennes. Ces organisations étrangères font ce qu'elles peuvent pour améliorer la situation sur place, dans leurs propres pays.
Mais c'est à nous qu'il incombe d'agir et c'est pourquoi je pense que ce projet de loi offre au Canada la chance de relever le défi. De nombreux dirigeants religieux s'expriment à ce sujet. Des Églises ont participé aux tables rondes nationales sur la responsabilité sociale des entreprises et cette question est l'une des questions d'éthique les plus pressantes pour le Canada en matière de politique étrangère, et c'est une question de cohérence.
Allons-nous d'une part promouvoir les droits humains, essayer d'établir la paix et régler les problèmes des zones de conflit alors que, d'autre part, certains acteurs canadiens agissent en sens contraire et reçoivent peut-être l'aide de notre gouvernement pour ce faire? Cela ne veut pas dire que tous les membres de cette industrie soient problématiques, loin de là, et nous avons entendu un témoignage à ce sujet tout à l'heure.
KAIROS et tous ses membres de huit confessions chrétiennes appuient sans réserve le projet de loi , comme l'a dit Connie. Ce projet corrige certaines des carences de la stratégie de RSE annoncée plus tôt cette année. Je vous rappelle d'ailleurs qu'elle a été annoncée après le dépôt du projet de loi C-300.
Je crois cependant que nous pouvons collaborer. Dans son rapport de 2005, le comité permanent avait lancé un appel explicite pour l'utilisation de l'aide financière et diplomatique du gouvernement canadien comme incitatif, comme outil de stimulation de la responsabilité sociale des entreprises. Le projet de loi rend cela possible en établissant un lien entre la performance et l'aide gouvernementale.
Vous constaterez que le projet de loi a également reçu l'appui du professeur John Ruggie, le représentant spécial de l'ONU sur les droits de l'homme. C'est un diplomate de l'ONU et il a été très diplomatique dans le rapport qu'il a adressé au Conseil des droits de l'homme l'an dernier. Il fallait beaucoup chercher pour y trouver une recommandation concrète adressée aux États.
Il avait indiqué que les agences de crédit à l'exportation peuvent être un outil puisque ce sont des organismes d'État susceptibles d'aider les gouvernements à s'acquitter de leur devoir de protéger et de promouvoir les droits humains. Il avait dit aussi que ces agences devraient exiger que leurs clients fassent preuve de la diligence voulue en ce qui concerne les droits humains, et il avait ajouté que bon nombre des agences de crédit à l'exportation avec lesquelles il avait discuté officieusement lui avaient dit attendre que leurs instances gouvernementales leur donnent le pouvoir explicite d'agir dans ce domaine. Avec le projet de loi , EDC aura ce pouvoir.
Ce sujet n'est pas sans précédent pour les parlementaires. Quand une directive de révision environnementale a été ajoutée à la Loi sur l'expansion des exportations, EDC l'a respectée en formulant un processus d'évaluation environnementale qui est en vigueur aujourd'hui. Si les Canadiens examinent le rapport de 2005 du comité permanent et les délibérations du comité depuis quelques mois, ils y trouveront un parallèle avec l'adoption de normes environnementales et l'établissement d'un processus d'évaluation qui est devenu une pratique courante des entreprises.
Nous entrons ici dans un nouveau domaine en donnant à EDC, au Régime de pensions du Canada et à nos missions à l'étranger le mandat explicite d'étoffer leur capacité et leurs politiques en matière de droits humains et de responsabilité sociale. Voilà ce que ce projet de loi rendra possible et c'est pourquoi je prie instamment tous les membres du comité de l'approuver de façon à instaurer ces changements, à atteindre la cible identifiée par le consensus des tables rondes, comme le disait un membre du comité tout à l'heure, cible que n'a pas atteinte la stratégie actuelle de RSE annoncée par le gouvernement plus tôt cette année. Je sais que c'est nouveau mais je pense que nous savons bien qu'elle ne règle pas les problèmes qui avaient été soulevés lors des tables rondes. Ces problèmes persisteront avec la stratégie actuelle.
En ce qui concerne le point de contact national, s'il y a eu un consensus lors des tables rondes, c'est bien sur le fait que les mécanismes actuels ne fonctionnent pas et qu'il en faut de nouveaux. Il y a eu un consensus à ce sujet.
Je vous implore donc d'appuyer le projet de loi qui permettra de créer les nouveaux mécanismes qui nous mèneront dans la voie vers laquelle le Canada s'est inévitablement engagé et qui rendra les Canadiens fiers de constater que notre agence de crédit à l'exportation, notre régime de pensions et nos ambassades contribuent à des pratiques socialement responsables partout dans le monde.
Merci de votre attention.