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Merci, monsieur le président.
Je suis un étudiant au doctorat de Toronto. Je suis ici parce que je crois que nous avons un problème très grave et systémique. Je crois également que le projet de loi C-300 est un pas en avant en ce qui concerne ce problème.
Depuis cinq ans, j'effectue des recherches sur les activités des sociétés minières canadiennes à l'étranger et je porte un intérêt particulier à l'Amérique centrale. Je suis allé au Guatemala et au Honduras plusieurs fois au fil des ans, et j'ai constaté que les sociétés minières canadiennes qui exploitent ces régions causent véritablement du tort aux populations locales. Ces dernières sont en colère contre le Canada et les Canadiens.
J'ai également produit des documentaires pour sensibiliser les gens à ce problème et pour présenter les points de vue des communautés marginalisées qui ne sont pas souvent entendues, dont un grand nombre sont très mécontentes des impacts négatifs qu'elles affirment avoir subis par suite des activités des sociétés minières canadiennes qui exercent leurs activités près de chez elles.
Cette question a retenu mon attention il y a un peu plus de cinq ans, quand une population locale a déversé sa rage sur moi. Je faisais du bénévolat au Guatemala avec une petite ONG environnementale canadienne qui met en oeuvre des projets visant la salubrité de l'eau dans des pays en développement
Pendant mon séjour, trois autres Canadiens et moi avons été pris pour des employés clandestins d'une société minière canadienne. Les gens de la région ont cru que nous faisions semblant de travailler pour des ONG afin d'accéder à leurs terres et de les prospecter pour trouver des gisements minéraux. Ils étaient véritablement enragés.
Ce jour-là, un agriculteur local avait été tué dans une manifestation contre la mine de Marlin qui appartient à des intérêts canadiens. À leurs yeux, nous représentions une société minière canadienne. Nous avons été blâmés pour la mort de cet agriculteur et accusés de leur avoir fait subir les effets néfastes de l'exploitation minière. Nous sommes presque devenus la cible d'une foule enragée dans un pays où il y a malheureusement encore beaucoup de justiciers. Notre vie était menacée, et nous sommes très chanceux de nous en être sortis indemnes. Je serai heureux de vous fournir plus de détails à cet égard si ça vous intéresse.
Le lendemain, j'ai communiqué avec l'ambassade du Canada à Guatemala pour rendre compte du fait que mes collègues et moi avions presque été tués parce qu'on nous avait pris pour des représentants d'une société minière canadienne. Je voulais savoir ce que les sociétés minières canadiennes faisaient dans la région pour causer autant d'indignation.
On m'a dit, de manière très directe, que les sociétés minières canadiennes n'avaient fait, dans les faits, rien de mal; plutôt, elles étaient la cible de campagnes de désinformation lancées par des ONG environnementales extrémistes de gauche qui endoctrinaient les campesinos pauvres, ignorants et illettrés pour leur faire croire que les sociétés minières canadiennes allaient leur donner le sida et lancer un monstre à leur poursuite.
Cela m'a surpris. J'ai affirmé n'avoir rien entendu au sujet du sida des Guatémaltèques à qui j'avais parlé et qu'on ne m'avait certainement rien dit au sujet d'un monstre. Ce que les Guatémaltèques locaux m'avaient dit, c'était qu'on creusait une mine d'or canadienne à ciel ouvert dans les hautes terres dans l'ouest du pays. Il s'agit de la mine de Marlin, dont Goldcorp est maintenant propriétaire. Les gens étaient indignés parce qu'ils n'avaient pas été antérieurement consultés, comme la loi l'exigeait.
J'avais également entendu dire que la société canadienne qui creusait cette mine — il s'agissait de Glamis Gold, qui est maintenant Goldcorp — exploitait le même type de mines au Honduras, à savoir la mine de SanMartin, dans la vallée Siria. On m'avait dit que, depuis l'ouverture de la mine, les gens avaient signalé des changements radicaux dans la région où elle était exploitée. En raison du processus minier qui exige une immense quantité d'eau, les rivières et les puits s'étaient complètement desséchés. Cela a complètement détruit l'économie primaire de la région de 40 000 habitants, c'est-à-dire l'agriculture, et a poussé d'innombrables jeunes à quitter la région et à trouver du travail aux États-Unis.
Les gens m'ont également dit que l'eau qui leur restait était extrêmement polluée et contenait du cyanure et des métaux lourds. Selon eux, cela avait causé un large éventail de problèmes de santé, qu'ils attribuaient à la pollution qui était apparue depuis la création de la mine. Ces problèmes comprenaient, entre autres, une augmentation du taux de fausses couches aussi bien chez les humains que parmi le bétail.
Les gens craignaient également les graves conséquences à long terme de la consommation d'eau contaminée par des métaux lourds pendant une période prolongée, dont le cancer et les maladies du foie. Je dois souligner qu'un grand nombre de ces personnes n'avaient pas accès à des services de santé adéquats et n'avaient pas les moyens d'acheter de l'eau purifiée.
Quand j'ai parlé de ces préoccupations à la dame de l'ambassade, elle m'a dit que rien de cela n'était vrai. Elle a affirmé être tout juste revenue de la région et avoir vu la mine de ses propres yeux. Elle pouvait confirmer que tout allait bien. Je l'ai questionnée au sujet des préoccupations relatives au cyanure, dont elle a fait peu de cas. Elle m'a assuré que le cyanure n'était pas très dangereux, en réalité. Elle m'a même dit que les amandes en contiennent naturellement.
Après avoir raccroché, je me sentais encore plus troublé qu'auparavant. Je réalisais que le problème allait au-delà des allégations très graves faites contre une société minière canadienne. Le problème semblait comprendre une position du gouvernement canadien qui appuyait entièrement l'industrie canadienne tout en délégitimisant les préoccupations des communautés touchées.
L'année suivante, je suis retourné dans la région avec du matériel vidé pour attester de ce qui allait se passer et des conditions dans la vallée Siria, au Honduras. Ce que j'ai vu n'avait rien à voir avec les propos de l'ambassade canadienne. Rien n'allait. Presque toutes les préoccupations qu'avaient soulevées les Guatémaltèques locaux m'ont été confirmées. En fait, un grand nombre de ces préoccupations ont ultérieurement été relevées par des scientifiques de renommée mondiale, dont l'ingénieur en environnement Paul Younger de la Newcastle University, au Royaume-Uni.
En tant que citoyen canadien, je dois vous dire que je suis profondément troublé par le fait que l'ambassade canadienne aurait presque pu se faire passer pour le service des relations publiques d'une société minière. J'ai commencé à comprendre pourquoi les gens de la région, que j'avais rencontrés, parlaient souvent avec amertume du gouvernement canadien et le considéraient plus ou moins comme un représentant des sociétés minières canadiennes dans la région qui semblait faire très peu de cas du bien-être et des préoccupations légitimes des communautés touchées. « S'il ne se moque pas de nous, » m'a-t-on demandé à plus d'une reprise « pourquoi ne fait-il rien pour régler ces graves problèmes? »
L'un de mes documentaires qui était très critique à l'égard de l'industrie minière canadienne a ultérieurement été la cible d'un campagne de désinformation menée par l'ambassade elle-même. En janvier 2007, j'ai filmé l'expulsion forcée de cinq communautés de Mayas Q'eqchi indigènes de leurs terres ancestrales à El Estor, dans l'est du Guatemala.
Des centaines d'agents de la police d'État et de militaires ont exécuté ces expulsions forcées sur l'ordre de la société minière canadienne Skye Resources, qui, depuis, a été achetée par la société minière canadienne HudBayMinerals. Les employés de la société minière ont utilisé des scies à chaîne et des torches pour détruire les demeures sous les yeux des femmes et des enfants. Il y a plus de détails sur ces expulsions dans mon mémoire.
Skye Resources a allégué avoir maintenu une ambiance paisible durant cette mesure. Elle nie toute responsabilité pour la violence que les deux jours d'expulsion ont entraînée.
Ma vidéo montre bien que les expulsions n'avaient rien de paisible. Elle est montrée dans des festivals du film partout dans le monde, et, jusqu'à ce jour, 150 000 personnes l'ont vue en ligne.
Peu après la diffusion de la vidéo en ligne, l'ambassadeur canadien au Guatemala à l'époque, Kenneth Cook, a commencé à répandre de faux renseignements à son sujet. M. Cook a déclaré que la vidéo manquait de crédibilité parce que la pauvre femme maya Q'eqchi qui se plaignait des expulsions forcées dans la vidéo était, en fait, une actrice que j'avais rémunérée pour jouer ce rôle. Par ailleurs, les photographies que je montre dans la vidéo — dont certaines montrent des maisons incendiées et les témoins de cette destruction en état de profond désespoir — étaient non pas des photos des expulsions comme je l'alléguais, mais plutôt de vieilles photos du conflit interne, qui a pris fin en 1996. Il a allégué les avoir vues à de nombreuses reprises au fil des ans, dans une multitude de contextes différents.
Ces allégations sont très graves, et elles sont entièrement et catégoriquement fausses. Elles me font passer pour un propagandiste manipulateur. Elles défendent la position de la société minière et mettent en doute les revendications territoriales de longue date, ainsi que les besoins en matière de développement et de droits de la personne de la population locale maya Q'eqchi, qui est appauvrie. Je suis profondément préoccupé par le fait que ces actes reflètent peut-être un gouvernement qui privilégie les industries extractives canadiennes qui exercent leurs activités à l'étranger au détriment des préoccupations et du bien-être des communautés locales.
Je dois vous dire que je poursuis actuellement l'ancien ambassadeur pour diffamation. Je dois également vous dire que je n'avais pas l'intention de le faire, initialement. C'est seulement après que l'ambassade et le gouvernement n'ont...
Comme je vous le disais, je n'avais pas l'intention de poursuivre, initialement. Ce n'est qu'après avoir constaté que l'ambassade et le gouvernement ne répondaient pas à mes préoccupations que j'ai décidé qu'une action en diffamation était peut-être le meilleur moyen de rétablir la vérité, et de défendre ma vidéo et ma réputation, mais je n'en dirai pas plus à cet égard.
Maintenant, le projet de loi C-300 pourrait aider à régler ce type de problème puisqu'il permettrait au gouvernement canadien de refuser l'appui de l'ambassade aux sociétés qui ont été reconnues coupables de violer les droits de la personne et d'autres normes. Il pourrait également garantir que l'ambassade canadienne ne se retrouve pas dans la position incommode de défendre les intérêts des sociétés minières qui violent peut-être les normes en matière de droits de la personne.
En tant que citoyen canadien, je suis également profondément troublé par le fait que les pratiques des sociétés minières canadiennes qui exercent leurs activités à l'étranger ont nui gravement à la réputation de notre nation. En fait, j'ai une petite anecdote pour vous.
Il y a quelques années pendant que je travaillais au Guatemala, j'ai perdu mon chapeau. L'un de mes compagnons de voyage m'a donné le sien, mais il y avait un drapeau canadien brodé à l'arrière. Cela m'a posé problème. Je ne me sentais pas en sécurité quand je portais la feuille d'érable canadienne, et je peux vous dire que je suis allé acheter un crayon feutre noir pour dissimuler mon propre drapeau. Je l'ai fait pour ma propre sécurité.
L'approche actuelle que l'industrie et le gouvernement canadien ont proposée, au lieu des mesures comme le projet de loi C-300, me semble entièrement inadéquate: les politiques en matière de RSE sont fondées sur les mécanismes volontaires, et il n'y a aucune mesure pour garantir le respect de ces politiques. De tels mécanismes volontaires ne constituent qu'un stratagème pour détourner l'attention de meilleurs mécanismes qui garantiraient une véritable responsabilisation.
J'aimerais souligner que je ne suis pas contre les mines. Je ne suis pas du tout contre le développement, mais je suis contre l'exploitation et je suis contre l'exploitation qui veut se faire passer pour du développement, cela va de soi. Je suis pour la responsabilisation. Le comportement des sociétés minières et des ambassades canadiennes à l'étranger nuit aux gens, ainsi qu'à notre réputation, et c'est inacceptable.
Je crois également que les Canadiens prennent de plus en plus conscience de ce problème. Certains des actes commis à l'étranger sont si scandaleux et inacceptables pour les Canadiens moyens que je crois fermement qu'ils seraient contrariés s'ils apprenaient que nos représentants élus s'opposent à des mécanismes de responsabilisation comme le projet de loi C-300, sur l'ordre évident du puissant lobby minier.
Le projet loi C-300 ne détruira pas notre économie. Il ne détruira pas notre industrie minière. Le projet de loi C-300 ne poussera pas toutes les sociétés minières à plier bagages et à quitter le pays. Je crois qu'il faut respecter l'intelligence du Canadien moyen, arrêter d'entonner cette rengaine et faire ce qui convient.
Pour conclure, je doute qu'il y ait qui que ce soit dans cette salle qui se sente à l'aise avec les conditions que nous exportons à l'étranger, que nous imposons à des gens qui vivent généralement dans des pays pauvres à gouvernance très faible. Ces États sont souvent corrompus. Ils n'ont aucunement la volonté de protéger les intérêts de ceux parmi leurs habitants qui sont les plus vulnérables et dont les droits sont les plus souvent violés. Les Canadiens veulent des normes contraignantes et des mécanismes de responsabilisation pour les sociétés qui exercent leurs activités au Canada. Nous devrions nous attendre à rien de moins pour les gens qui vivent à l'étranger.
Avant de céder la parole au prochain témoin, j'aimerais vous fournir une dernière raison pour laquelle je crois que nous devons mettre en place des mécanismes de responsabilisation pour tenir les sociétés canadiennes responsables de leurs actes commis à l'étranger.
Le 27 septembre 2009, près d'El Estor, au Guatemala, Adolfo Ich Chamán, un enseignant et un leader communautaire qui s'est souvent prononcé contre la mine Fenix de HudBay, a été battu, coupé à la machette et tué par balles, censément par le service de sécurité de HudBay Minerals, tout près du lieu où j'ai tourné mon documentaire. Des témoins ont attesté le fait que Mynor Padilla, chef de la sécurité à HudBay, était parmi les hommes qui l'ont tué.
Jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu d'enquête. Il n'y a pas eu d'arrestation ni d'accusations, et personne n'a été tenu responsable. Ce n'est pas surprenant. Les NU ont récemment déclaré que le taux d'impunité des meurtres au Guatemala est de 98 p. 100. Si le Canada ne fait rien, personne ne sera jamais tenu responsable de tels meurtres. Il est possible que nous ne sachions jamais ce qui est arrivé.
Des mécanismes de responsabilisation canadiens sont réellement nécessaires. Le projet de loi C-300 est un pas dans la bonne direction.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis Richard Steiner. Je suis professeur à l'Université de l'Alaska depuis environ 30 ans. Je suis biologiste de conservation et membre du groupe de travail du secteur privé sur la responsabilité sociale et environnementale de l'Union internationale pour la conservation de la nature — je suis à bout de souffle.
J'ai travaillé partout dans le monde sur les problèmes liés à l'industrie extractive et à divers enjeux environnementaux et sociaux. Depuis quelques années, je travaille dans le nord de la Colombie-Britannique avec la population locale. J'admire beaucoup le Canada: ses habitants, sa nature et son gouvernement.
Hier, je suis revenu en Alaska après un voyage d'une semaine et demie dans le golfe du Mexique, où j'ai réalisé une évaluation rapide du déversement de pétrole causé par la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon. Je considère cet événement comme un exemple tragique et poignant de ce qui peut se produire quand une société de l'industrie extractive ne fait pas l'objet d'une surveillance adéquate de la part du gouvernement et assure essentiellement son autosurveillance. Selon moi, il s'agit d'un exemple très récent de ce qui peut survenir.
J'appuie fortement le projet de loi C-300. Je crois que vous devriez tous tirer une grande fierté de sa création et de sa présentation. Je recommande respectueusement qu'il soit renvoyé à la Chambre et adopté.
Il a la visée très noble et simple de garantir que les sociétés minières, pétrolières et gazières du Canada agissent d'une manière qui est conforme aux pratiques environnementales internationales et aux engagements du Canada relatifs aux normes internationales en matière de droits de la personne. La plupart des sociétés affirment qu'elles le font déjà. Je ne comprends donc pas pourquoi elles s'opposent à un projet de loi qui permettrait simplement de garantir que c'est effectivement le cas.
En réalité, un grand nombre de ces sociétés ne respectent pas les normes en question, et je crois que vous aurez entendu le témoignage éloquent de M. Schnoor. Malheureusement, ce qu'il a dit est vrai. C'est vrai pour les sociétés américaines et pour les sociétés de toute la planète — pas seulement pour les sociétés canadiennes.
Plusieurs des centaines de milliers de projets miniers canadiens qui sont mis en oeuvre partout dans le monde sont extrêmement problématiques. M. Schnoor a parlé de quelques-uns de ces projets, qui sont mis en oeuvre au Guatemala. Il y en a d'autres au Mexique, au Pérou, au Panama, dans les Philippines, en Inde, au Tibet, en Afrique du Sud, en Tanzanie, et dans la République démocratique du Congo. Nous pourrions tous les énumérer ainsi que le problème qu'ils posent.
Les trois que je connais le mieux, grâce au travail que j'ai fait dans divers pays, sont: la mine Porgera, dans les hautes terres dans l'ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; le nouveau projet Nautilus lancé par un conglomérat canadien au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la mer de Bismarck et dans la mer des Salomon, le projet El Dorado de Pacific Rim, en El Salvador.
Le projet Porgera, mis en oeuvre par Barrick Gold, la plus importante société d'exploitation aurifère du monde, qui a son siège à Toronto, est simplement l'une des pires atrocités environnementales et en matière des droits de la personne que j'ai vues de toute ma vie. C'est la Porgera Alliance qui m'a amené là-bas il y a deux ans pour que je voie ce qui se passait, pour que je rencontre les gens et pour que je formule des recommandations.
Il y a eu un grand nombre d'exécutions sommaires, qui, selon la population locale, ont un lien direct avec le service de sécurité embauché par la mine. Tout a commencé quand de nombreux habitants locaux ont été déplacés pour que la mine soit creusée.
La société a détruit les rivières Porgera, Lagaip et Strickland sur des centaines de kilomètres, et des millions de tonnes de déchets sont rejetés chaque année dans ce qu'on appelle par euphémisme la « décharge fluviale des résidus miniers » — les déchets de la mine sont tout simplement déchargés dans la rivière locale. Il y a plusieurs mètres de sédiments et de résidus miniers toxiques au fond d'un grand nombre de ces rivières.
Cette entreprise est censée appuyer des pratiques environnementales et sociales exemplaires, ainsi que des pratiques exemplaires en matière d'emploi. Ce n'est évidemment pas le cas.
Le projet Nautilus est le tout premier projet d'exploitation minière en mer de l'histoire de l'humanité. Ce projet n'a pas été élaboré avec le consentement libre, préalable et éclairé de la population locale. Son énoncé des incidences environnementales, que la population locale m'a demandé d'étudier en son nom, est inadéquat. Il s'agit encore une fois d'un projet mis en oeuvre en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Je suis d'avis que les responsables de Nautilus ont engagé un processus qui co-optait véritablement le gouvernement en place; elle a résisté à la notion d'un comité consultatif de citoyens légitime pour que les citoyens soient sur un pied d'égalité en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Enfin, le dernier projet que je connais très bien et qui est mené par une société canadienne est le projet El Dorado de Pacific Rim. L'Union internationale pour la conservation de la nature m'a envoyé en El Salvador en janvier dernier pour une mission d'enquête. Il y avait eu plusieurs exécutions sommaires, qui, selon la population locale, étaient directement liées à l'influence de Pacific Rim, une société canado-américaine.
Plusieurs habitants locaux qui s'opposaient à l'exploitation de la mine ont été tués l'an dernier. Les habitants locaux croient que Pacific Rim a joué un rôle dans ces exécutions et que la société verse des fonds aux représentants locaux pour qu'ils mènent une campagne d'intimidation et de violence contre les opposants à la mine. Je suis d'avis que Pacific Rim a probablement violé les lignes directrices de l'OCDE pour les multinationales relativement aux pots-de-vin et à beaucoup d'autres choses.
Il est important de souligner que ni le gouvernement américain ni le gouvernement canadien n'a fait preuve de diligence raisonnable pour fournir des examens de conformité avec les lignes directrices de l'OCDE qu'ils se sont engagés à respecter. Ces lignes directrices sont excellentes, mais elles ne servent à rien si les gouvernements et les industries ne les respectent pas.
Enfin, le public s'oppose tellement au projet de Pacific Rim en El Salvador, que le nouveau président du pays, Mauricio Funes, a réclamé l'interdiction de toute extraction de métaux dans le pays. C'est ce qui risque d'arriver quand une entreprise, de quelque pays que ce soit, ne fait pas preuve de sincérité et d'honnêteté et ne respecte pas les normes internationales en matière de pratiques exemplaires auxquelles elle prétend se conformer.
Cela peut nuire à toutes les autres entreprises, y compris les entreprises canadiennes, qui souhaitent exercer des activités dans ce pays. Le projet de loi C-300 pourrait donc avoir des effets très positifs.
Tous ces projets miniers canadiens que j'ai mentionnés comportent des éléments très négatifs: violation des droits de la personne; pratiques de travail douteuses; déplacement forcé d'habitants locaux; violence et assassinats dirigés contre la population locale, qu'il s'agisse d'actes dont l'entreprise est directement ou indirectement responsable; corruption des représentants locaux et pots-de-vin; dommages graves et durables à l'environnement, et trahison en ce qui concerne les promesses de développement durable et d'amélioration du bien-être local.
En toute franchise, un grand nombre de ces projets ont perdu leur permis social d'exploitation et, comme M. Schnoor l'a mentionné, ils nuisent beaucoup à l'image du Canada dans beaucoup de ces endroits. Le fait est que les gouvernements hôtes dans les pays en développement n'ont tout simplement pas la capacité technique et financière voulue pour assurer une surveillance adéquate de ces projets; par conséquent, ils permettent aux entreprises de jouer tous les rôles. Ce n'est pas une manière efficace de faire des affaires.
Le Canada vaut mieux que ça. Nous valons tous mieux que cela. Il y a un grand nombre de normes en matière de RSE dans le monde. Il y a les politiques de la Banque mondiale et les politiques de l'OCDE, que tous les pays membres se sont engagés à respecter. La Banque d'import-export des États-Unis utilise actuellement les lignes directrices de la SFI. La JBIC, l'organisation Nippon Export Investment Insurance, a ses propres lignes directrices. Toutes les banques de développement multilatérales en ont... Les Principes de l'Équateur. Même les sociétés de l'industrie extractive ont des lignes directrices en matière de RSE.
Malheureusement, elles ne fonctionnent pas. Sans cette étape additionnelle que le projet de loi C-300 fournirait au gouvernement pour qu'il assure indépendamment l'examen et la reconnaissance de la conformité, nous n'y arriverons pas. Les actes sont plus éloquents que les mots. Les gens voient les sites Web habiles et enchanteurs des entreprises qui disent à quel point elles sont formidables, mais, au fond, ils voient que ça ne fonctionne pas. On peut faire un certain nombre de comparaisons entre des sociétés de placement privées américaines à l'étranger et les sociétés visées par le projet de loi C-300... Je pourrai les passer en revue plus tard, si vous le souhaitez.
Au bout du compte, le Canada peut indiquer la voie à suivre en ce qui concerne l'amélioration de la responsabilisation sociale des sociétés avec ce projet de loi. C'est tout à fait excitant. Un certain nombre de personnes dans la communauté internationale suivent ce débat de près. Elles attendent avec impatience de voir le Canada assumer ce rôle de chef de file.
Il s'agit d'une avancée considérable qui donne à toutes les sociétés canadiennes l'égalité des chances. Les entreprises qui respectent déjà ces normes auront un avantage concurrentiel, et c'est très bien puisque celles qui ne les respectent pas réduisent leurs coûts. Elles ont donc actuellement un avantage. Le projet de loi rétablira l'égalité des chances. Il mettra la barre plus haut pour les entreprises américaines qui travaillent dans ces endroits. Je pense qu'il s'agit d'une bonne chose.
La barre sera également placée plus haut pour les gouvernements hôtes. Le projet de loi leur donnera une meilleure idée de ce que constituent les pratiques exemplaires internationales et les aidera dans leur examen de la conformité.
Le projet de loi est clair et précis. Il fait preuve de prudence et de modestie. Il ne vise pas du tout trop haut. Si ce projet de loi avait été adopté et qu'une loi avait été appliquée, l'atrocité qui a eu lieu à la mine de Porgera, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ne serait tout simplement jamais arrivée. Dans le cas de Pacific Rim, le gouvernement d'El Salvador n'aurait peut-être pas tenté d'interdire toutes les activités d'extraction des métaux dans le pays si cette loi avait été en vigueur et si Pacific Rim avait pris des mesures efficaces pour atténuer les problèmes qu'on a vus là-bas.
Vous pourriez envisager plusieurs amendements, mais je crois que, en fait, le projet de loi C-300 est très explicite, et je vous recommande respectueusement de l'adopter. C'est tout ce que j'ai à dire pour l'instant. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci à M. Steiner et à Steven Schnoor.
Ma question est d'ordre général et elle porte sur le fait que les représentants du gouvernement et des sociétés minières refusent de croire les témoignages que vous avez présentés ici aujourd'hui.
Vous avez tous deux été des témoins directs de certaines choses, vous avez parlé à des gens et vous avez fait des essais. Néanmoins, on ne croira pas vos rapports. Mes amis de l'autre côté de la salle auront de la difficulté à les croire, et, en fait, ils attaqueront votre crédibilité personnelle.
Le fait que nous recevions rapport après rapport mentionnant ces problèmes ne semble pas important. On les passe sous silence ou on en fait abstraction. Vous, vous produisez des documentaires, et, au lieu de traiter des faits présentés dans le documentaire en tant que documentaire, on attaque votre réputation personnelle, tout comme la vôtre, monsieur Steiner.
La liste des allégations de violations des droits de la personne et de dégâts causés à l'environnement est très longue. Nous savons très bien que beaucoup de ces pays ont des systèmes de gouvernance très faibles, et, malgré tout, nous ne voulons tout simplement pas confronter ces faits, qui heurtent notre psychique canadienne. En fait, si l'un d'entre vous aviez dit ce que vous venez de dire à l'extérieur de la salle, sans immunité parlementaire, on vous poursuivrait demain, à coup sûr.
Ces gens n'ont absolument aucun recours. S'ils se plaignent dans leur propre pays, on en fait peu de cas. S'ils viennent ici, les tribunaux disent que ce qui se passe à l'extérieur du pays ne les regarde pas.
Il n'y a aucune loi qui force qui que ce soit à donner suite à ces plaintes. J'aimerais donc que vous abordiez la question du déni, et du refus de reconnaître les faits sur lesquels vos témoignages ont porté.
Peut-être allons-nous commencer par M. Schnoor.
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Premièrement, les actes ont plus de poids que les paroles, comme vous l'avez laissé entendre. Il y a toute une série de lignes directrices en matière de RSE, et toutes les entreprises soutiennent qu'elles se soumettent aux pratiques exemplaires internationales et ainsi de suite.
Si c'est vrai, pourquoi alors s'opposer au projet de loi indépendant C-300 dans le seul but d'affirmer que c'est vrai? Manifestement, le fait qu'une entreprise ou un représentant du gouvernement s'oppose à ce projet de loi très prudent, raisonnable et modeste indique tout bonnement le fait qu'il n'est pas certain que les entreprises sont effectivement honnêtes et franches quant à leur conformité avec les normes en matière de RSE. Si les entreprises et les représentants du gouvernement étaient convaincus qu'il n'y avait pas de problème, alors le projet de loi C-300 ne leur serait presque d'aucun intérêt.
Ces entreprises sont nombreuses, et elles seront jugées à leurs actes, comme on dit dans le sud des États-Unis. C'est le reflet de la surveillance qu'exerce le gouvernement. Comme je l'ai dit, le Canada et les États-Unis sont tous deux membres de l'OCDE; ils sont tous deux signataires des lignes directrices de l'OCDE, et pourtant les atrocités se poursuivent. Si les gouvernements avaient réellement fait leur travail et exercé une surveillance, Porgera, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Pacific Rim ne se seraient jamais produits.
À mon avis, le projet de loi C-300 est excellent. Il est de loin supérieur aux lignes directrices de l'OPIC en cours d'élaboration aux États-Unis, et ce, pour trois raisons précises: la première, c'est que le projet de loi C-300 s'applique de manière universelle, comme nous l'avons mentionné plus tôt, à toutes les entreprises de l'industrie extractive, sans égard au fait qu'elles reçoivent un soutien gouvernemental, et pas seulement en fonction d'un projet donné. Voilà un aspect positif. C'est une bonne idée.
Deuxièmement, le projet de loi C-300 impose une enquête et des sanctions obligatoires en cas de non-conformité; parmi les sanctions, mentionnons la perte de l'admissibilité au financement ou à l'assurance fournie par le gouvernement, ou à tout autre soutien offert par le gouvernement, au soutien fourni par l'ambassade, comme nous l'avons entendu dire plus tôt, et au soutien fourni par Exportation et Développement Canada. C'est une très bonne idée.
Troisièmement, le projet de loi C-300 exige des ministres des Affaires étrangères et du Commerce international qu'ils élaborent et appliquent de manière indépendante ces normes; le projet de loi exige également qu'ils mènent une enquête sur les plaintes non vexatoires. C'est un mécanisme très simple et direct de gouvernance et de jurisprudence, à mon avis.
Cela changerait véritablement la dynamique, et les entreprises qui se comportent bien à l'étranger apprécieront le fait que les entreprises qui se comportent mal, et qui tirent un « avantage » présentement en sabrant dans les coûts perdront cet avantage. Ainsi, le projet de loi donne un avantage concurrentiel aux entreprises qui se comportent bien.
Tout d'abord, en réponse aux commentaires du précédent intervenant selon lequel les entreprises dont nous avons parlé aujourd'hui, incluant Barrick, Pacific Rim, etc., devraient avoir la chance de comparaître devant le comité, je pense que nous pouvons avoir une très bonne idée du scénario... Nous pouvons savoir exactement ce qu'elles diront. Elles nieront avoir fait quoi que ce soit de mal et affirmeront mettre en oeuvre les meilleures pratiques exemplaires élaborées au niveau international.
Nous savons que c'est ce qu'elles vont dire, et c'est bien parfait. Mais, monsieur, si vous avez l'intention de les inviter à comparaître devant le comité, je vous suggérerais alors d'inviter également certaines des personnes qui vivent dans les environs des mines, celles qui subissent ces problèmes, afin de leur permettre de vous faire connaître leur point de vue sur cette question.
En ce qui a trait au second point, la question du deuxième intervenant au sujet de l'initiative américaine visant à accroître la responsabilité sociale des entreprises à l'étranger, je suis d'avis que le gouvernement américain a réagi plus lentement que le gouvernement canadien. Je pense que le projet de loi C-300 serait un pas de plus que là où nous sommes présentement, mais, comme je le mentionnais plus tôt, la Overseas Private Investment Corporation, OPIC, quelque peu semblable à EDC, possède effectivement ses propres lignes directrices en matière de RSE. Elle est en train de les revoir.
D'ailleurs, je pense que leurs nouvelles lignes directrices doivent être publiées le 20 mai, dans environ une semaine. Voilà une perspective palpitante. J'ai essayé de m'imaginer à quoi cela allait ressembler, mais j'ignore quelles seront ces nouvelles lignes directrices.
Mais, une fois de plus, selon moi, le seul avantage que confèrent les lignes directrice de l'OPIC, c'est qu'elles s'appliquent à toutes les industries, pas seulement les industries extractives — les pêches, la foresterie, les produits pharmaceutiques, les investissements financiers, le transport et l'agriculture —; toutes ces autres activités étrangères qu'exercent les entreprises américaines. Je pense que c'est un avantage. Encore une fois, l'inconvénient, c'est qu'il n'y a pas de véritables mécanismes de conformité; à l'heure actuelle, les lignes directrices de l'OPIC ne contiennent aucune sanction obligatoire. Elles ne s'appliquent qu'à la pièce, à un projet particulier... De sorte que si, par exemple, une entreprise a un problème dans un projet donné, les lignes directrices de l'OPIC se concentreront sur ce projet en particulier, plutôt que sur l'ensemble des activités de l'entreprise.
Il y a donc des inconvénients en ce qui a trait...
Bien sûr, c'est un plaisir que de rencontrer de nouveau les membres du comité. Le dernière fois, je pense que nous avions discuté de Haïti. Depuis, nous avons bougé un peu.
[Traduction]
C'est réellement un plaisir pour moi d'être ici. Je remercie le comité de m'avoir invité.
C'est également un peu déconcertant d'être le seul témoin. J'ai déjà entendu dire que seuls des ministres ou des gens qui avaient de graves problèmes pouvaient se présenter devant un comité à titre de seuls témoins. Je sais que je ne suis pas un ministre, et j'espère bien que je ne suis pas non plus dans l'autre cas.
Encore une fois, merci. C'est un plaisir d'être ici ce matin pour discuter du projet de loi C-300.
J'aimerais parler du contexte dans lequel j'ai préparé mon exposé. On apprend beaucoup de ses professeurs du collège, mais ce qu'on apprend, ce n'est pas toujours lié à ce qui nous est enseigné. Un de mes anciens professeurs du collège disait que l'on se fait une idée d'une situation à partir de sa propre situation. C'est pourquoi avant de passer à mon exposé, je vous expliquerai les perspectives selon lesquelles nous avons analysé le projet de loi C-300.
Premièrement, il y a la perspective de la Fondation canadienne pour les Amériques. C'est le seul groupe de réflexion canadien indépendant et non relié au milieu universitaire qui s'occupe de l'engagement des Canadiens dans cette partie du monde. Il se trouve donc à la croisée des chemins entre le milieu universitaire, la société civile, le secteur privé et le gouvernement. Nous avons noué des liens dans chaque secteur; nous le comprenons et nous sommes en mesure de collaborer avec chacun. Nous connaissons l'opinion des intervenants de chacun de ces secteurs, et nous pouvons discuter avec eux.
Nous avons noué des relations du même type avec les institutions de politiques publiques du monde entier; ces institutions sont un peu nos soeurs, et nous pouvons échanger avec elles. Nous connaissons dans chaque pays de cette partie du monde une institution avec laquelle nous travaillons en étroite collaboration et dont la structure est semblable à celle de FOCAL, qui est je le répète un organisme indépendant de recherche sur les politiques.
En lien justement avec le sujet qui nous occupe, nous avons déjà, également, travaillé dans le domaine du commerce et du développement ainsi que dans le domaine de la gouvernance indigène et de la responsabilité sociale des entreprises des industries extractives. C'était un projet hérité de l'Institut Nord-Sud; il était mené par une femme de la Colombie qui avait des opinions très bien définies au sujet de l'industrie minière, mais qui était également capable de faire des choses très intéressantes pour tenter d'amener les trois secteurs en question — le gouvernement, les groupes indigènes et le secteur privé — à discuter des enjeux et à essayer de concevoir de nouveaux cadres pour améliorer la discussion.
Nous avons également effectué des enquêtes sur la pratique touchant la responsabilité sociale des entreprises et sur les investissements — en temps, en argent et en ressources — des entreprises canadiennes dans les projets de développement social, économique et communautaire.
Voilà la perspective que nous donne la Fondation canadienne pour les Amériques.
L'autre perspective est ma perspective personnelle. J'ai travaillé pendant 10 ans sur l'enjeu de la responsabilité sociale des entreprises dans les Amériques. Avant d'arriver au Canada et d'être recruté par la Fondation, j'occupais une position réellement unique qui m'a amené à travailler dans trois secteurs. J'ai travaillé sur le terrain, dans des collectivités pauvres et marginalisées d'Haïti, de la République dominicaine et d'ailleurs, afin de les aider à mettre en oeuvre leurs propres projets de développement social, ce qui se faisait souvent avec des sociétés minières et des entreprises du secteur privé et avec des banques. Les projets étaient réalisés non seulement avec des multinationales, mais avec de petites et moyennes entreprises de ces pays, également, et la gamme des activités liées à la responsabilité sociale des entreprises était complète.
J'ai aussi travaillé avec les décideurs du gouvernement des États-Unis à l'élaboration d'une politique sur la responsabilité sociale des entreprises, tant dans les missions des pays où j'avais déjà travaillé qu'à Washington, en collaboration avec d'autres organismes du gouvernement américain.
C'était donc, à mon avis, une position plutôt unique, qui m'a permis de comprendre la situation dans son ensemble, du point de vue général comme du point de vue particulier.
Cette analyse nous permet donc très rapidement de voir le projet de loi C-300 comme une tentative de votre comité et du Parlement pour faire en sorte que les retombées de l'exploitation minière par des entreprises canadiennes soient plus positives pour les collectivités touchées. Nous avons analysé le projet de loi, ce qu'il propose et ce qu'il offre.
Selon notre analyse, le projet de loi n'offre rien de plus que ce qui existe déjà et que ce qu'on peut réaliser avec l'aide des agents chargés de la conformité et des mécanismes internationaux déjà en place, comme les Principes de l'Équateur. En fait, ce projet de loi semble à certains égards avoir beaucoup moins de mordant que les Principes de l'Équateur et que d'autres mécanismes déjà accessibles.
En même temps, il pourrait entraîner des coûts importants pour les entreprises minières du Canada, et pour les entreprises canadiennes seulement, et c'est un point important. Quand je travaillais sur le terrain, j'ai très souvent pu observer les répercussions des investissements privés et du comportement des entreprises, y compris leurs répercussions et leurs contributions positives.
Nous savons que des dommages sont causés. Nous savons que les sociétés minières en causent. Et cela se produit dans des collectivités pauvres, chez qui la culture sur brûlis est la norme, un type de culture qui détruit les forêts et les terres.
La situation sur le terrain est très complexe, mais pour chaque exemple que nous connaissons d'une société minière canadienne qui a fait quelque chose de dommageable, je suis convaincu que je peux trouver trois exemples d'investissements faits dans les collectivités: amélioration des résultats en éducation et en santé et hausse de la qualité de vie des collectivités.
Tout cela est complexe, mais si vous voulez mettre une politique en oeuvre, sachez qu'une politique efficace ne doit pas être fondée sur des cas sensationnels, qu'ils soient déplorables ou remarquables. Une politique doit être fondée sur une analyse rigoureuse et rationnelle de la situation réelle.
Malheureusement, le projet de loi met en relief les aspects punitifs et, je le répète encore une fois, des aspects punitifs inefficaces. En visant l'amélioration des conditions sur le terrain, il laisse de côté les possibilités gigantesques et les énormes investissements que l'on pourrait entraîner en mettant l'accent sur le bon travail et les bonnes pratiques des sociétés bancaires du Canada et aussi des entreprises de l'industrie extractive, de l'ensemble des entreprises canadiennes.
Je vais vous donner à titre d'exemple de cas où les choses peuvent mal tourner un compte rendu de l'expérience de Talisman, au Soudan. Plusieurs facteurs entrent en jeu, encore une fois. Talisman se trouvait au Soudan. Il y a eu des problèmes. L'entreprise a décidé d'y réagir en adoptant un programme de RSE très rigoureux et sérieux. Les activistes et les ONG activistes canadiens ont exercé des pressions, et l'entreprise a dû quitter le pays.
Le projet a été repris par des Chinois et des Indiens. La première chose qu'ils ont faite — la première chose —, avant même de changer les noms sur la porte, a été de mettre la hache dans les initiatives de RSE car ils n'en comprenaient pas l'importance et ignoraient qu'ils pouvaient en tirer des avantages. Le pétrole du Soudan est toujours vendu à l'extérieur du pays. Ce sont les Chinois qui contrôlent les investissements. Pour la collectivité, la situation est encore pire qu'avant. Ce scénario peut se répéter partout dans l'hémisphère.
Les entreprises canadiennes sont engagées, et elles mènent des projets positifs sur le terrain. Encore une fois, je peux vous donner autant de bons que de mauvais exemples de ce qui se fait. Pourtant, si on affaiblit les entreprises canadiennes en leur imposant des coûts et en nuisant à leur réputation et en demandant aux ministres d'y voir, nous pouvons provoquer de graves dommages.
Ces dommages seraient acceptables si les résultats sur le terrain le justifiaient, si, par différents projets, on améliorait de façon visible et quantifiable les conditions de vie des collectivités touchées. Mais le projet de loi ne prévoit rien à cet égard, et ce danger est bien réel. Je peux en parler, j'en ai fait directement l'expérience pendant le projet de Falconbridge en République dominicaine, mon emploi précédent, et je peux vous dire ce que nous avons fait.
Le véritable problème, à mon avis, c'est que le Canada a un bon modèle, et c'est un modèle que, partout dans l'hémisphère, on cherche à copier et que l'on envie, en ce qui concerne les pratiques relatives à la responsabilité sociale des entreprises. Je peux vous raconter des anecdotes, mais je peux aussi vous donner des chiffres à ce sujet.
Laissez-moi rapidement vous raconter quelque chose. Je me trouvais à Madrid, il y a environ deux ans, et je m'entretenais avec des homologues de deux des principaux groupes de réflexion de l'Amérique latine, le Real Instituto Elcano et la Fundacion Carolina. Ces deux groupes viennent tout juste de commencer à travailler sur la responsabilité sociale des entreprises.
Le gouvernement et le secteur privé espagnols ont estimé que leur réputation était ternie et qu'ils faisaient face à un désavantage concurrentiel en raison de leurs mauvaises notes au chapitre de la RSE, et ont pris des mesures énergiques pour régler ce problème. Mes homologues des groupes de réflexion espagnols m'ont demandé si je pouvais les faire profiter de l'expérience du Canada; ils m'ont dit que le Canada jouissait dans la région d'une bonne réputation et qu'ils considéraient que les entreprises canadiennes étaient avisées. Ils m'ont demandé de les faire profiter de cette expérience.
Sur le moment, je me suis dit qu'ils étaient devenus fous. Ils ont un avantage concurrentiel sur nous en raison de la langue, de la culture et de l'immigration. Le seul avantage que nous possédons, par rapport à nos concurrents espagnols, réside dans la réputation des entreprises canadiennes. Nous sommes peut-être jeunes, mais nous ne sommes plus des enfants et nous n'allons pas leur abandonner tout cela. Nous pouvons cependant collaborer, de manière plus générale, dans le grand domaine des pratiques en matière de responsabilité sociale des entreprises. Je serais heureux d'en discuter.
Pour finir, il existe des options et des solutions. On peut faire plusieurs choses. Au lieu de créer un autre niveau hiérarchique, de demander davantage de rapports, d'imposer d'autres coûts au gouvernement, on peut recourir à d'autres mécanismes.
Il y a à EDC un agent chargé de la conformité. La plupart des sommes dont nous parlons sont versées par le truchement d'EDC. Pourquoi ne pas tout simplement renforcer cette fonction? Créer un programme équivalent à celui de la Société financière internationale ou de la Banque interaméricaine de développement, qui serait doté du personnel et des ressources nécessaires pour mener plus rapidement ses enquêtes.
C'est insensé de demander un examen à EDC, un second à l'échelon ministériel et encore un autre au Régime de pensions du Canada... On serait mieux avisé de procéder à un examen rigoureux là où c'est important, là où tout a débuté.
On peut également travailler en se conformant aux Principes de l'Équateur. On donnerait ainsi à toutes les entreprises du monde, peu importe à quel pays elles appartiennent, des chances égales.
Encore une fois, en ce qui concerne l'efficacité, si je dirige une société minière et que je n'arrive pas à trouver moi-même de l'argent et si je dois me tourner vers le secteur privé, est-ce que je craindrais de perdre l'argent que pourrait me donner EDC? Jusqu'à un certain point, oui, je le craindrais. Mais est-ce que je craindrais autant de perdre l'argent d'EDC que l'argent de l'Australian Export Finance and Insurance Corporation et des grandes banques commerciales comme l'Arab African International Bank, la Banco do Brasil, la Bank of America, la City Bank, CIBC, la Banque de Montréal, la Banque Royale et la Scotia Bank et ainsi de suite jusqu'à Wells Fargo?
Les Principes de l'Équateur ont tout cet appui. Voilà les mécanismes efficaces que nous devons examiner; ils ont été mis à l'essai et ils s'appuient sur davantage de ressources. C'est pourquoi je crois qu'il existe des solutions de rechange. Je serais heureux de discuter avec ces représentants.
La SFI et le Prince of Wales Business Leaders Forum ont établi une nouvelle carte routière pour l'intégration des droits de la personne. À mon avis, on ne pourrait pas mieux investir notre temps et notre argent; on devrait non pas créer une nouvelle bureaucratie qui n'améliore aucunement la situation sur le terrain, mais plutôt travailler de concert avec des mécanismes efficaces et éprouvés, qui ont réellement un caractère multilatéral et qui peuvent améliorer la situation sur le terrain.
J'ai terminé. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le président, j'estime que les accusations portées contre tous les membres découlent de l'irresponsabilité et j'en prends personnellement ombrage. Cela nie tout le bon travail que les entreprises font, comme l'ont souligné nos témoins, dans bien des cas, et je crois que vous pouvez tirer exemple du bon travail qui est réalisé.
De plus, vous rejetez ce que notre gouvernement a accompli, depuis les travaux de notre comité, en 2006, qui ont abouti à un rapport, les longues consultations menées partout au pays, la création d'un poste de conseiller en matière de RSE, et tout ce qui a été mis en place pour régler le problème dont il est question.
Aujourd'hui, comme notre témoin l'a souligné, il existe des options, et nous devons en choisir une pour prendre nos responsabilités dans ce dossier compliqué; il y a entre autres les Principes de l'Équateur, qui sont déjà en vigueur, les lignes directrices des Nations Unies sur la RSE, le nouveau poste de conseiller en matière de RSE, et nous espérons que tout cela permettra à la situation d'évoluer dans le bon sens.
Vous avez déclaré, monsieur, qu'il y avait des options. Vous avez dit que les allégations pouvaient faire beaucoup de dommages. Des accusations pourraient être portées, en vertu de ce projet de loi, par des personnes qui ne sont même pas directement concernées. Des gens qui n'habitent même pas dans le pays touché pourraient porter des accusations.
Pendant que les enquêtes sont en cours... J'ai constaté que les témoins qui ont comparu devant nous plus tôt n'étaient pas des experts des questions juridiques, même s'ils sont des experts dans d'autres domaines. Le témoin qui se trouve au fond de la salle possède une grande expertise en hydrologie, et il a travaillé pour un ONG dans des dossiers liés à l'eau et sur un dossier connexe à notre question, mais je ne crois pas qu'il se soit présenté comme un expert des questions juridiques.
Nous avons reçu des experts juridiques qui ont affirmé que des allégations pouvaient sérieusement ternir l'image du Canada et empêcher nos entreprises d'exercer leurs activités ailleurs dans le monde — de simples allégations. Nous sommes très préoccupés — du moins, je le suis — par la possibilité d'une guérilla industrielle, de la possibilité qu'un compétiteur porte des accusations fallacieuses pour se débarrasser d'une entreprise sur laquelle nous menons une enquête.
Pourriez-vous nous éclairer un peu ou nous en dire plus à propos de ces préoccupations?
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C'est un point très intéressant. Vous soulevez-là une question importante dont les répercussions pourraient aussi être importantes.
Les allégations reçues sur place par le bailleur de fonds ou par un collaborateur direct, par exemple la Société financière internationale ou Exportation et développement Canada, sont envisagées d'une certaine façon dans le pays où le projet est réalisé. C'est lié au projet. C'est lié aux détails particuliers du contrat, ou de l'investissement, ou des actes de l'entreprise.
Quand les allégations sont portées à l'attention d'un ministre, en particulier si c'est un ministre canadien ou d'un gouvernement qui a une aussi bonne réputation que le Canada, les accusations prennent une tout autre dimension: on croit qu'elles sont fondées, puisque le gouvernement mène une enquête.
Nous avons parlé de la faiblesse du gouvernement dans nombre de ces pays. Il y a là un problème. Si le gouvernement local porte des accusations, on présume toujours que c'est une bataille politique, que l'oncle de quelqu'un prend sa vengence sur l'oncle de quelqu'un d'autre, ou quelque chose du genre. Ce n'est pas ainsi qu'on réagit lorsqu'il s'agit du Canada. Lorsqu'il s'agit du Canada, on se dit: « Mon Dieu, ce pays exerce une bonne gouvernance, c'est l'emblème même de la bonne gouvernance, et si le gouvernement mène une enquête, c'est qu'il se passe quelque chose de grave et il s'est sûrement passé quelque chose qui justifie ces accusations ». Et cela est préjudiciable, surtout si d'autres pays, nos concurrents des États-Unis et de l'Australie s'appuient sur les pratiques exemplaires et les mécanismes actuels, et, soudainement, nous arrivons avec cela.
L'autre problème que j'associe à ce projet de loi est le fait que la SFI est dotée d'une unité de contrôle de la conformité comptant 15 employés qui mènent les enquêtes. La SFI traite de 450 à 500 contrats environ par année. Bien sûr, je ne sais pas quel pourcentage de ces contrats concernent l'industrie extractive. Mais la SFI peut compter sur 15 professionnels dévoués qui s'occupent de tous les projets qui pourraient faire l'objet d'une enquête ou d'autres mesures. Le projet de loi C-300 prévoit une seule conseillère qui devrait partager son temps entre l'examen des pratiques exemplaires et tout le reste, et qui n'aurait que l'aide d'un employé des services à l'étranger.
Il est donc possible que les choses traînent en longueur. Et plus elles traînent, plus les préjudices sont importants. Pour les activistes et les ONG, qui aiment diffuser ce type d'histoires, c'est un cadeau des dieux: des accusations portées contre un ministre, une entreprise fait face à 16 chefs d'accusation; le ministre mène une enquête sur ces 16 chefs d'accusation; ou ce sont des accusations portées il y a des années.
Vous disposez de mécanismes plus efficients et plus efficaces qui permettent aux gens de se faire entendre et de déposer des plaintes qui seront prises au sérieux par les organismes, et vous avez les ressources nécessaires pour intervenir efficacement.
Encore une fois, cela nous place dans une situation peu enviable, et cela n'améliore en rien la situation sur le terrain.
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Je suppose que toute la question est là. Là où nous en sommes maintenant rendus, il y a ce projet de loi, et je m'inquiète des critiques qui affirment que, si on allait de l'avant avec ce projet de loi, ce serait, en quelque sorte, un recul. Je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas ce que je comprends de vos exposés. Je ne comprends pas comment vous pouvez fournir des données sur une chose qui n'a même pas encore été adaptée.
Vous avez examiné le projet de loi. C'est vrai, il y a des gens qui nous ont dit qu'il n'était pas juste et qu'il nuirait... Mais en même temps il y a ces gens qui viennent nous voir et qui nous disent qu'il y aurait un problème, il y a aussi d'autres gens qui disent, que, à leur avis, il n'y en aurait pas. Ce qu'on peut dire, c'est que nous devons examiner le projet de loi maintenant et que pour bon nombre d'entre nous — et, je pense, pour les Canadiens et pour les sociétés canadiennes —, c'est maintenant qu'il faut agir.
Quand je vois que nous avons laissé passer cette occasion, je m'inquiète parce que j'ai peur qu'il ne se passe rien, bien honnêtement, parce que le gouvernement a fait venir une conseillère... J'ai quelques petites choses à dire à ce sujet. La conseillère n'est même pas encore prête, pour l'instant, à s'occuper de quelque préoccupation que ce soit. Vous connaissez le processus, n'est-ce pas? Elle peut faire part de ses préoccupations, mais il faut être deux pour danser. Si l'entreprise refuse de participer, on ne peut pas l'obliger à le faire. Vous le savez. Je trouve donc que ce n'est pas très utile, et je pense que vous êtes probablement du même avis. S'il faut que le processus ait lieu, celui-ci doit avoir lieu.
Enfin, à propos d'EDC, quand nous avons demandé... J'ai posé la question au comité et j'ai demandé, pendant des réunions, s'il y avait eu un cas, juste un cas, où on avait enquêté et découvert que les partenaires étaient préoccupés et avaient dit: « il faut que vous fassiez quelque chose sinon nous nous retirons » ou s'il était arrivé que les partenaires avaient retiré leur financement, et il n'y en avait pas. Il semble donc qu'il n'y a aucun problème et que tout cela ressemble à une étrange conspiration. Je suppose que ce n'est pas ce que vous pensez, parce que vous avez laissé entendre qu'il y avait certaines préoccupations et que nous devions nous en occuper.
Monsieur Dade, si ce n'est pas le cas — et vous avez exprimé ce que cela devrait être, à votre avis —, ne serait-il pas possible d'organiser un processus qui respecterait l'architecture générale dont nous parlons? Vous avez des préoccupations au sujet du projet de loi C-300. D'accord. Mais pourquoi ne pas profiter de l'occasion et utiliser cette infrastructure pour, de fait, la modifier et adopter les principes que vous avez mentionnés, c'est-à-dire faire participer EDC et nous assurer que, quand des sociétés canadiennes se rendent à l'étranger, il n'y a pas de controverse?
Bien honnêtement, je crois que nous entrons dans une époque où des litiges se produisent n'importe quand. Si nous n'agissons pas, nous allons nous retrouver dans la situation où se trouvaient les grandes sociétés de tabac, vraiment. Ça se produit. C'est déjà en cours. Vous pouvez voir. Ne voyez-vous pas la situation comme une occasion d'adopter le projet de loi C-300 et d'organiser l'architecture de façon à ce qu'elle soit utile?
Monsieur Dade, encore une fois, c'était un plaisir de vous accueillir. Merci d'être venu.
Je vais tous vous donner congé et je demanderais à tous les membres de rester avec moi pour que nous puissions discuter, très rapidement, de ce que nous ferons au sujet de certains enjeux.
Nous recevons actuellement des calendriers et des ordres du jour. Il faut discuter de la façon dont les choses se dérouleront dans les semaines à venir.
Ce que je vais vous proposer, pendant que vous sortirez vos calendriers, c'est que nous envisagions de prolonger d'une heure notre réunion du 25 mai, selon le nombre de témoins que nous accueillerons, afin de consacrer au moins une heure aux affaires du comité. Il semble que le président mexicain viendra s'adresser à la Chambre le 27 mai. Le comité ne se réunira donc pas ce jour-là.
Je propose donc que nous prenions du temps, le 25 mai, au comité, pour discuter de l'ordre du jour qui nous attend en juin. Ce que j'ai pensé, c'est que, si nous rencontrons, au bout du compte, trois ou quatre témoins, je proposerais à la greffière de prolonger notre réunion d'une heure. Ainsi, nous pourrions commencer à 10 h 30 et poursuivre jusqu'à 13 h 30, ou encore, si nous n'accueillons que trois témoins, nous pourrions les entendre de 11 heures à 12 h 30, puis, de 12 h 30 à 13 h 30, discuter des affaires du comité et élaborer le calendrier pour le mois de juin.
J'ai d'autres suggestions à ce sujet. Nous pourrions envisager, peut-être de faire quelque chose sur le G8 le 1er juin et, peut-être, d'annuler la réunion du 3 juin parce que certaines personnes seraient en déplacement, mais ce n'est pas obligatoire. Nous pourrons en parler le 25 mai.
Madame Deschamps, vous vouliez discuter de l'horaire. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.