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Merci, monsieur le président. Mesdames et messieurs les députés, bonjour.
Comme vous le savez, Droits et Démocratie existe depuis 20 ans. Durant cette période, on est venus souvent, mes collègues et moi, témoigner devant vous ou devant le sous-comité. On est venus défendre les violations des droits humains dans le monde, dénoncer la répression abusive de différents régimes et jamais, vraiment jamais, on n'aurait pensé qu'un jour, on occuperait ces mêmes chaises pour défendre notre propre institution.
D'une certaine façon, ça démontre la pertinence de notre organisation parce que si, dans un pays comme le Canada, une organisation comme la nôtre vient se défendre, ça démontre que les droits et la démocratie ne sont jamais acquis. Il faut toujours être aux aguets et lutter pour les protéger. Alors, on vous remercie de nous avoir invités à témoigner, aujourd'hui.
Comme le président l'a dit, je suis ici en tant que vice-présidente du Syndicat des employées et employés de Droits et Démocratie. Je suis accompagnée de Maxime Longangué, président de la section locale du syndicat, et de M. John Gordon, président national de l'Alliance de la Fonction publique du Canada, l'AFPC. Étant donné que l'Alliance de la Fonction publique donne une très haute importance à notre dossier, M. Gordon a voulu nous accompagner aujourd'hui. On le remercie.
Comme je disais, on est contents de comparaître devant vous, mais on doit vous avouer qu'on a aussi un peu peur. On a des craintes de subir des représailles. On doit être très prudents dans nos échanges avec vous. Depuis quelques mois, surtout depuis le décès de M. Beauregard, le climat de travail se détériore à notre bureau et parfois même mine notre capacité d'exécuter notre travail. On est dans un environnement extrêmement tendu, menaçant et malsain. Comme vous le savez, certains de nos collègues ont été suspendus, congédiés. Vous allez en entendre trois, aujourd'hui; d'autres sont en état d'épuisement professionnel.
On fait l'objet d'enquêtes qu'on juge abusives. On a reçu l'interdiction formelle d'intervenir publiquement au sujet de la situation qu'on vit. Par professionnalisme, on obéit à cette consigne du silence, mais on a décidé de parler devant vous aujourd'hui à cause du respect qu'on a pour l'institution que vous représentez. Par souci de transparence et d'imputabilité, on a décidé de prendre la parole. C'est la première fois, aujourd'hui, que la section locale du syndicat des employés prend la parole publiquement.
Je suis au sein de Droits et Démocratie depuis 15 ans. J'ai travaillé avec tous les présidents, en commençant par Ed Broadbent, et je considère vraiment que c'est un privilège de travailler dans cette institution. Notre équipe professionnelle a réussi à se bâtir une réputation enviée internationalement, laquelle contribue à rehausser l'image internationale du Canada. En collaboration avec nos partenaires sur le terrain — des gens qu'on admire parce qu'ils sont sur la ligne de front pour défendre les droits humains et les espaces démocratiques dans leur pays —, on a été chef de file dans plusieurs dossiers comme ceux de la Colombie, de la République démocratique du Congo et de la Birmanie, pour en nommer certains.
Ce qui est aussi extraordinaire et pourquoi on est si attachés à cette institution, c'est parce que c'est la seule de ce genre au Canada. Il y a trois caractéristiques qui la démarque des autres. La première est son statut, parce que l'institution a été créée par le Parlement canadien. Il n'y a pas d'autres organisations des droits humains du genre. La deuxième, c'est son mandat. Ce mandat relève de la Charte internationale des droits de l'homme, et non de la politique étrangère du Canada, ce qui nous donne une stabilité, parce que peu importe le changement de gouvernement, notre mandat relève de la Charte internationale des droits de l'homme. La troisième raison pour laquelle on est si fiers, et que vous devez aussi être si fiers — parce que ça a été créé par vous —, c'est à cause de la double mission de l'organisation. Il y a très peu d'organisations qui travaillent à la fois sur le plan des droits humains et du développement démocratique. Je dirais que c'est une mine d'or: il faut conserver cela.
Alors, toutes ces caractéristiques — notre indépendance, le caractère unique de notre mandat, l'expertise du personnel de Droits et Démocratie — sont des caractéristiques que tous les ex-présidents de Droits et Démocratie ont compris et ont voulu sauvegarder.
Naturellement, cela comprend M. Beauregard, qui a vraiment défendu corps et âme ces caractéristiques. Pour chacun d'entre nous, je vous le jure, ce n'est vraiment pas facile. Depuis janvier, lorsqu'on me demande comment ça va, je réponds toujours d'une façon différente. Ce qu'on vit est très difficile, sur les plans personnel et professionnel, mais on continue tous à travailler d'une façon professionnelle et on s'est engagés de deux manières.
On s'est engagés à ne pas laisser tomber nos partenaires sur le terrain, parce que c'est ce qui risque d'arriver. On a une programmation solide, notre travail est important; on ne veut pas laisser tomber cela. Le deuxième engagement est de sauvegarder le mandat et la crédibilité de cette institution. Pour nous, ce sont les enjeux.
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Merci, monsieur le président.
Comme ma collègue le disait, je suis Maxime Longangué, le président du Syndicat des employées et employés de Droits et Démocratie. Depuis quelques mois, à Droits et Démocratie, nous subissons les conséquences d'une crise provoquée par la présence, au sein de notre conseil d'administration, de membres qui ne semblent pas croire au mandat de notre institution, ainsi qu'en attestent certains de leurs propos publics, gestes et décisions.
Je voudrais rappeler au comité que l'évaluation quinquennale 2003-2008 de Droits et Démocratie, révisée par le ministère des Affaires étrangères, déposée devant ce même comité le 21 avril 2009, confirme la pertinence des orientations stratégiques et l'efficacité des actions menées par Droits et Démocratie.
En effet, il est écrit que la programmation de Droits et Démocratie est gérée selon des principes d'imputabilité et s'inspire des meilleures pratiques de gestion de ces secteurs. On y dit aussi que les données recueillies et les entretiens menés auprès des répondants divers ont permis de dégager le sérieux des activités de Droits et Démocratie sur le terrain, la qualité de l'exécution de sa mission et sa pertinence.
Ainsi, il y a moins d'un an, les évaluateurs externes, le ministère des Affaires étrangères et le Parlement convenaient du fait que Droits et Démocratie est un organisme pertinent et performant. Dans ce cas, depuis cette évaluation, pourquoi certains membres du conseil ont-ils effectué une évaluation parallèle et secrète — que certains ont perçue comme diffamatoire — de M. Rémi Beauregard, et du même fait, de l'institution? Pourquoi la représentante du ministère des Affaires étrangères au conseil a-t-elle démissionné durant cette controverse, alors qu'elle faisait partie du comité officiel d'évaluation de performance du président?
Pourquoi certains membres du conseil ont-ils annulé, à deux jours d'avis, la réunion du conseil d'octobre 2009, au cours de laquelle devait être discutée cette fameuse évaluation secrète de M. Beauregard? Pourquoi l'appartenance religieuse et ethnique du personnel a-t-elle été soulevée par un membre du conseil d'administration, dans le cadre de l'évaluation de rendement du président? Pourquoi certains membres du conseil ont-ils remis en question, de façon disproportionnée, des partenariats avec des organisations de droits humains israéliennes et palestiniennes respectées et reconnues internationalement? Pourquoi le conseil d'administration a-t-il décidé de fermer le bureau de Droits et Démocratie établi près du Conseil des droits de l'homme et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, à Genève, en dépit d'une évaluation externe positive et de recommandations visant son maintien? Pourquoi le nouveau plan stratégique quinquennal développé par M. Beauregard n'a-t-il pas été étudié par le conseil d'administration pendant plusieurs mois, alors qu'il était prêt pour adoption dès le mois d'octobre 2009? Enfin, pourquoi un membre international, Guido Riveros Franck, n'a-t-il pas vu son mandat renouvelé par les autres membres du conseil, lors de la réunion de janvier 2010, et pourquoi deux membres du conseil — dont une récipiendaire de l'Ordre du Canada, Mme Sima Samar — ont-ils démissionné en guise de protestation?
À la suite de ces questions, peut-on réellement croire que cette crise est vraiment le fait du personnel, comme certains l'affirment? La suite de la crise vous est largement connue: décès de M. Beauregard, suspension et congédiement d'employés, embauche d'une firme d'enquête spécialisée — notamment dans les actions antisyndicales —, embauche d'une firme de communication externe, embauche d'une firme juricomptable, publications de lettres ouvertes au CA qui attaquent le personnel, intimidation de représentants syndicaux, nomination dans la controverse d'un nouveau président.
Veuillez noter, qui plus est, que l'absence dans l'organisation, au quotidien, de communication entre la haute direction et le personnel durant l'intérim de M. Gauthier a provoqué l'effondrement des mécanismes internes des règlements de conflits, lesquels conflits sont pourtant nombreux et requièrent des réponses de la part de l'employeur pour établir un climat de travail harmonieux. Cela a provoqué également une crainte que les critères qui guident les choix des projets et des pays où nous travaillons ne soient dorénavant politisés.
Voilà en bref notre perception de la situation telle que nous la vivons. Nous souhaitons pouvoir poursuivre efficacement la réalisation du mandat que vous, parlementaires, nous avez confié, année après année, depuis 1988. Pour être en mesure de le faire, nous demandons au comité de prendre tous les moyens à sa disposition pour garantir l'indépendance politique de Droits et Démocratie par rapport au gouvernement. En effet, nous espérons qu'à l'issue de ces audiences, le Parlement récupère ses responsabilités à l'égard de Droits et Démocratie et s'assure du plein respect de la loi — en particulier de l'article 24 faisant référence à l'obligation des membres du conseil d'agir dans le meilleur intérêt de l'institution.
Nous demandons plus particulièrement au comité que soit menée une enquête publique indépendante sur la manière dont le conseil d'administration s'est acquitté de ses obligations en vertu de l'article 24 de la loi constitutive. Nous demandons également que le comité se donne les moyens d'encadrer le processus des nominations à Droits et Démocratie en étudiant celles-ci avant leur confirmation — ce qui va dans le sens de la loi sur l'imputabilité — et que le comité se penche sur les modalités de financement de Droits et Démocratie afin d'en assurer la pérennité. Les gestes de certains membres du conseil d'administration semblent trahir les principes qui justifient l'existence de cette institution. La controverse publique qui en découle ternit l'image du Canada à l'étranger. Néanmoins, la sauvegarde du mandat de l'institution bénéficie d'appuis qui sont toujours plus importants chaque jour, et nous nous en réjouissons.
Merci, monsieur le président.
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Permettez-moi d'abord de remercier les membres du comité de l'invitation qu'ils nous ont adressée. J'ai déjà comparu plusieurs fois devant le comité pour parler des programmes de Droits et Démocratie.
Hélas, cette fois-ci, je comparais à titre d'ex-employé, puisque j'ai été remercié le 1er mars après avoir été pendant environ six ans directeur des Politiques, des programmes et de la planification. Plus regrettable encore je ne vais pas parler cette fois de notre excellent travail, que le comité a toujours su apprécier, mais d'une crise majeure qui a frappé l'institution et l'a déchirée.
Comme le temps est compté, j'entre dans le vif du sujet. La crise chez Droits et Démocratie couve depuis un an. Elle a éclaté au grand jour à cause de la mort de M. Beauregard, président, et de la demande ultérieure faite par tous les membres du personnel de la démission du président du conseil, M. Aurel Braun, et de deux de ses collègues, Jacques Gauthier et Elliott Tepper.
Cette démarche extraordinaire de 46 personnes n'était pas une rébellion contre l'autorité du conseil ni un refus du droit du gouvernement de nommer les membres du conseil. Tous, à Droits et Démocratie, savent qu'il s'agit d'une institution publique qui rend des comptes au Parlement et aux Canadiens par l'entremise du conseil d'administration. Nous n'avons jamais nié ce principe. Toutefois, comme cadres et employés, nous avons perdu confiance envers la capacité et la bonne foi de trois hommes qui contrevenaient à l'article 24 de notre loi constitutive, disant que les membres du conseil « doivent [...] agir avec intégrité et de bonne foi au mieux des intérêts du Centre ». Notre loyauté était et demeure acquise à l'institution et à l'intérêt public qu'elle incarne, au mandat qu'elle a reçu du Parlement et au regretté président, notre supérieur immédiat, et non à ceux qui ont causé tant de mal, agit de mauvaise foi et enfreint les règlements de Droits et Démocratie.
Permettez-moi de donner quelques exemples précis. On a répandu un mythe selon lequel Droits et Démocratie n'était pas une institution responsable et transparente. Rien n'est plus loin de la vérité. Droits et Démocratie n'a jamais eu de problèmes de responsabilisation ni de transparence. Mon collègue parlera sous peu des rapports de la vérificatrice générale. Sur le plan des programmes, nous avons toujours fourni au conseil toute l'information demandée. M. Braun a dit aux médias que, grâce à sa diligence, il avait découvert que nous avions financé trois organisations du Moyen-Orient qu'il a qualifiées de toxiques.
En réalité, mesdames et messieurs, j'ai informé M. Braun de mon plein gré de ces subventions dans l'heure qui a suivi notre première rencontre avec lui, en mars 2009, lorsque nous l'avons mis au courant de nos programmes. M. Braun a manifesté très clairement son déplaisir, et je lui ai donné l'assurance qu'il s'agissait de subventions ponctuelles qui ne seraient pas renouvelées. Les choses auraient dû en rester là. C'est ce qui aurait été raisonnable. Mais ces subventions ont servi de prétexte tout au long de l'année à un travail de sape contre M. Beauregard et même contre Droits et Démocratie tout au long de 2009. À signaler que ces 30 000 $, le montant total de ces subventions, représentaient 0,27 p. 100 du budget annuel de Droits et Démocratie, 11 millions de dollars. Je vous laisse imaginez le nombre d'heures que le conseil d'administration et le personnel ont dû consacrer à ces subventions qui préoccupaient tant M. Braun, jusqu'à ce qu'elles soient rejetées par le conseil, en janvier 2010.
Les deux autres questions qui semblaient obséder certains membres du conseil étaient le bureau européen de Droits et Démocratie à Genève et la Conférence d'examen de Durban sur le racisme, également appelée Durban II. Dans leur esprit, les deux sont liées. Nous avons donné au conseil toute l'information possible à ce sujet. À propos de Durban, il n'y a pas grand-chose à dire.
En mars 2009, nous avons déjà décidé de ne pas participer à Durban II. Le 16 mars, j'ai donné à mon personnel instruction de ne pas s'inscrire à la conférence et de ne même pas être sur place. Fin de l'histoire. Mais, tout au long de 2009, nous avons été harcelés, et je n'emploie pas le mot à la légère, au sujet de Durban, surtout par MM. Braun et Gauthier. Ils ont insisté pour parler seuls avec la directrice du bureau de Genève, qui ne faisait pas partie de l'équipe de gestion de Droits et Démocratie et relevait plutôt de mon directeur adjoint. Sous des pressions intenses, nous avons fini par céder, et ils se sont entretenus avec ce membre du personnel à Genève. Les deux conservations n'ont guère été agréables pour l'employée en cause, à qui on a posé des questions déplacées.
Le mois dernier, comme mes anciens collègues l'ont dit, le bureau de Genève a été fermé par décision du conseil, malgré une évaluation indépendante très favorable de ses activités.
MM. Braun, Gauthier et Tepper ne semblaient jamais satisfaits de toute l'information fournie. Ils étaient convaincus, a priori, que nous cachions quelque chose. Lorsque M. Beauregard et l'équipe de direction ont décidé que, désormais, les membres du conseil n'interrogeraient plus le personnel directement, nous avons été accusés de refus de collaboration. À l'automne 2009, nous étions plongés dans un monde vraiment kafkaïen: moins il y avait de preuves de conspiration, plus ils étaient convaincus qu'il y en avait une.
Je termine par un exemple qui me concerne personnellement. Au dîner du conseil, en mars 2009, j'ai été interrogé, et là encore, je choisis le terme avec soin, sur mes antécédents par M. Gauthier. Il m'a demandé où j'étais né et quelle était ma religion, il m'a demandé si je séjournais souvent dans mon pays de naissance, si j'avais des membres de ma famille là-bas et il a voulu savoir quels liens j'entretenais avec elle. J'ai répondu à toutes ces questions de bonne foi dans une conversation familière. Les dîners du conseil sont des occasions pour les cadres et les membres du conseil d'avoir des contacts informels. À la fin de cet interrogatoire de 15 minutes, j'ai demandé à M. Gauthier s'il connaissait le terme français désignant un certain plat des juifs de l'Europe de l'Est. Il a dit non et m'a demandé pourquoi j'avais posé la question. J'ai dit: « Je croyais que vous étiez juif. » Il dit qu'il ne l'était pas et que sa femme ne l'était pas non plus et, au bout de 30 secondes, la conversation est passée à autre chose.
Imaginez ma stupeur lorsque j'ai lu le compte rendu de cet échange, complètement transformé, où il n'était pas question des 15 minutes d'interrogation initiale, dans les documents de l'évaluation de M. Beauregard envoyés au Bureau du Conseil privé, avec des insinuations voulant que moi, et peut-être même la direction, soyons antisémites parce que j'avais demandé à M. Gauthier s'il était juif. Il a ajouté, toujours dans les documents de l'évaluation, qu'il avait constaté ensuite qu'il n'y avait aucun employé juif à Droits et Démocratie.
Qu'est-ce que cette conversation avait à voir avec l'évaluation de M. Beauregard ou quoi que ce soit d'autre, du reste? Toutefois, cet épisode montre bien comment certains membres du conseil ne dédaignent pas de recourir au mensonge.
Je réaffirme que le conseil d'administration a parfaitement le droit de donner des politiques et orientations à l'institution et d'exercer une surveillance. Mais des membres du conseil soucieux d'une seule question et déterminés à arracher le contrôle de la gestion à un PDG nommé par le Cabinet n'agissent pas dans l'intérêt bien compris du centre. Alors que M. Beauregard voulait protéger l'indépendance et le caractère impartial de l'organisation, comme tous ses prédécesseurs, M. Braun et ses alliés ont estimé qu'on remettait en cause l'autorité du conseil et ses opinions politiques.
Ce qu'il y a de dramatique, dans toute cette débâcle, c'est qu'elle était parfaitement prévisible. Nous étions parfaitement disposés à recevoir des orientations du conseil, s'il en avait donné. La crise a détruit l'institution, juste au moment où elle arrivait à de nouveaux sommets dans ses programmes, dans l'élaboration d'un nouveau plan stratégique auquel nous avons travaillé pendant un an, et dans le renforcement de la cohésion et du moral du personnel.
Je souhaite bonne chance au nouveau président, M. Latulippe, dans la reconstruction de ce qui a été une belle institution publique.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Lors de mon congédiement au début du mois de mars, j'étais à l'emploi de Droits et Démocratie depuis presque 20 ans. J'occupais le poste de directrice de l'administration et des ressources, et à ce titre, j'assumais la fonction de secrétaire du conseil. Jusqu'en janvier dernier, j'ai loyalement travaillé pour tous les présidents, qu'ils aient été nommés officiellement ou aient agi par intérim. J'ai côtoyé tous les membres du conseil depuis l'ouverture du centre. Ils étaient souvent de différentes allégeances partisanes, mais ils ont tous, jusqu'à récemment, mis leur expertise au service du mandat de l'institution, sans égard à leurs préoccupations politiques personnelles.
J'ai préparé et collaboré à chacune des vérifications annuelles effectuées par le Bureau du vérificateur général du Canada, qui, chose extrêmement rare, n'a émis en 19 ans qu'une seule lettre de recommandation à la gestion, et ce, il y a plusieurs années. J'ai aussi collaboré à quatre examens quinquennaux qui ont tous conclu que cette institution effectuait un excellent travail, compte tenu des ressources qui lui étaient allouées.
En 2007, des allégations de mauvaise gestion ont été soumises au ministère par une personne dont l'identité n'a pas été dévoilée. Le ministre a alors décidé d'envoyer une équipe d'inspecteurs, et ces derniers ont produit un rapport recommandant certaines améliorations administratives, mais déclarant aussi qu'aucune preuve de fraude ou de malversation n'avait été trouvée. J'ai travaillé de concert avec le reste de la gestion pour instaurer des contrôles supplémentaires et répondre à toutes les recommandations formulées. Toutes ces mesures sont en vigueur depuis l'hiver 2008 et ont été renforcées par Rémy Beauregard lorsqu'il est entré en fonction.
Au cours de la dernière année, j'ai été témoin du changement de climat au sein du conseil d'administration. Un nuage de soupçons s'est insinué dans les relations entre certains membres du conseil, d'une part, de même qu'entre le président Rémy Beauregard et le personnel, d'autre part. Au fil des ans, nous avons toujours essayé de donner le plus d'information pertinente possible au conseil pour qu'il soit en mesure de prendre des décisions éclairées. Lorsque des questions additionnelles étaient soulevées, nous tentions d'y répondre promptement et avec exactitude. Des sommes considérables ont été dépensées pendant l'année en cours pour la traduction de documents d'information.
Présentement, en partie à cause de cela, un dépassement de 140 p. 100 du budget alloué au fonctionnement du conseil d'administration est prévu. Soudainement, cette ouverture confiante ne semblait plus suffisante. Les questions devenaient de plus en plus empreintes de sous-entendus et d'insinuations. On insistait pour parler directement à des employés, en l'absence de leur superviseur. On tentait de savoir combien exactement certains cadres étaient payés. Lorsqu'il s'agissait, entre autres, du bureau européen, dont l'ouverture avait été approuvée par le conseil, ou encore des fonds spéciaux votés par le conseil, qui était sous l'autorité du président, les réponses que nous donnions étaient automatiquement considérées comme incomplètes, voire fausses.
Maintenant, on peut lire dans les journaux toutes sortes d'allégations touchant la légitimité de certains paiements. Je puis vous assurer, et je le répète, que toutes les transactions financières ont été faites en respectant les normes établies, de manière tout à fait légale et selon un processus ouvert et transparent. C'est principalement la question de l'évaluation du rendement de M. Beauregard qui a mis le feu aux poudres. Le comité chargé de l'évaluation du rendement, composé de MM. Tepper et Gauthier, a rencontré le président en mars 2009 pour discuter de son rendement. Selon ce dernier, aucun reproche quel qu'il soit ne lui a été adressé lors de cette rencontre. Par la suite, le conseil s'est réuni à huis clos pour discuter du rendement du président. Le président du conseil n'a pas voulu que je résume les conclusions de cette rencontre aux fins du procès-verbal, mais selon certains membres du conseil qui ont démissionné depuis, le conseil s'est dit entièrement satisfait du travail accompli par M. Beauregard depuis sa nomination en juillet 2008.
Lorsque nous avons appris qu'une évaluation largement négative avait été envoyée au Conseil privé sans même qu'on en ait fait part au principal intéressé, nous avons tous été surpris et choqués. J'ai été estomaquée de prendre connaissance de la lettre de couverture du nouveau président du conseil, qui était en fonction depuis moins d'un mois lors de la fin de la période sous évaluation et de la note de service de M. Gauthier dans laquelle il se disait surpris qu'aucun membre du personnel ne soit de confession juive.
Je laisserai le soin à Mme Suzanne Trépanier de vous faire part de l'impact que toute cette situation a eu sur le moral de son mari.
Le mandat de M. Guido Riveros Franck, éminent spécialiste de la démocratie multipartite en Bolivie, n'a pas été renouvelé, et ce, sans qu'une raison soit donnée. À cause de cette situation, la récipiendaire de l'Ordre du Canada et défenderesse des droits de la personne en Afghanistan, Dre Sima Samar, a démissionné. Pour moi, il s'agit de pertes importantes et inutiles.
Je pense qu'il est de mon devoir d'alerter le comité du caractère exceptionnel de la controverse que certains membres du conseil ont consciemment orchestrée et qui est en train de détruire cette institution reconnue partout dans le monde pour le travail qu'elle accomplit. Je souhaite sincèrement que ce comité fasse la lumière sur la crise que vit Droits et Démocratie et émette des recommandations qui pourront dénouer l'impasse dans laquelle se trouve l'institution. Je vous remercie.
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Membres du comité, bonjour.
D'abord, je veux vous remercier et vous dire combien nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui. Merci à ceux qui ont pu faire accepter l'idée qu'on puisse comparaître. Je pense que c'est une très bonne nouvelle.
En fait, on attendait cette occasion pour enfin partager, avec vous et avec ceux qui sont présents aujourd'hui, certains faits et éléments que nous avons préféré taire durant ces dernières semaines malgré la controverse qui faisait rage dans les médias. Il aurait été tentant de pouvoir étaler sur la place publique des incidents répétés que nous avons observés et documentés durant la dernière année et qui faisaient, selon nous, la démonstration qu'il y avait effectivement eu harcèlement et manquement aux obligations des administrateurs quant à la loi sur le centre.
Nous avons attendu et, en fait, je pense que nous avons bien fait d'attendre avant de comparaître devant vous aujourd'hui puisqu'en fait, les incidents se sont multipliés. Il y a eu de nombreux incidents. Je vous ai fait distribuer un tableau qui documente ce qui s'est passé entre le début de l'année 2009 jusqu'au décès de M. Beauregard. Cependant, il manque un deuxième tableau — et j'espère qu'il sera compilé — de tous les incidents qui se sont produits après le décès de M. Beauregard. Je pense qu'on y a fait allusion tout à l'heure dans les commentaires de mes collègues qui sont toujours à l'emploi de Droits et Démocratie.
Évidemment, ces comportements ont été relevés dans les médias avec beaucoup d'intérêt puisqu'ils sont frappants, choquants et presque étonnants dans une organisation qui se veut un exemple pour le Canada et un modèle pour des pays qui aspirent à la démocratie et au respect des droits de la personne. Ce qui a particulièrement choqué l'ensemble des employés, cadres et syndiqués, ce n'était pas tellement le choix de certaines décisions que la manière par laquelle on s'est comporté à l'égard de notre président et avec le personnel. Ce sont des manières qui sont totalement inadaptées à la culture et aux façons de travailler d'une organisation comme la nôtre.
Je voudrais revenir rapidement sur ce que j'appelle « des petits gestes », qui sont documentés dans le tableau. En fait, le harcèlement n'est pas facile à établir. Un comportement de harcèlement n'est pas un coup d'éclat ni une crise. Ce sont des petits gestes qui finissent les uns après les autres par user, miner, affaiblir, déstabiliser. Je pense que c'est de cela qu'il s'agit, c'est-à-dire qu'on a pu observer, de façon répétée et systématique, ces petits gestes qui ont eu un effet sur M. Beauregard et qui font qu'aujourd'hui l'autorité du président du centre a été sérieusement compromise.
C'est d'ailleurs pour cette raison — si vous relisez la lettre signée par des employés, que je vous ai également fait transmettre — que les mots de cette lettre ont été soigneusement pesés. Chaque mot a été a discuté avec des gens qui sont chez nous à Droits et Démocratie, dont des avocats de droits de la personne. Il fallait trouver les bons mots pour ne pas faire d'accusations gratuites et pouvoir expliquer et vous amener à comprendre ce que nous avons espéré comprendre à propos de ce qui s'est passé.
Donc, je reviens sur trois incidents. Le communiqué de presse sur l'opération « Plomb durci » est en page 2 du tableau que je vous ai distribué. C'est un petit incident, mais il est révélateur. L'opération « Plomb durci », ce sont les forces israéliennes qui entrent dans les territoires occupés. C'était en février 2009. À ce moment-là, Droits et Démocratie se pose la question sur la possibilité d'émettre un communiqué de presse pour exprimer une prise de position à cet égard. Nos partenaires le souhaitent parce que c'est un peu notre rôle dans la vie. On est allés retrouver des prises de position déjà communiquées publiquement sur des situations semblables. On a donc publié un communiqué très court, très équilibré, très mesuré, où on rappelle aux deux parties en présence leur obligation de respecter les droits humains, les non-combattants, en particulier les femmes et les enfants. C'est notre devoir, notre mandat.
M. Beauregard a eu le réflexe, l'intuition, ou a senti le besoin de consulter le président par intérim du conseil à l'époque, M. Gauthier. Il n'y a pas eu de communiqué de presse. M. Gauthier aurait souhaité un communiqué de presse condamnant les Palestiniens pour leur responsabilité dans cette crise. Ce n'est pas à nous de faire cela. Le ministère des Affaires étrangères peut le faire. Le Bureau du premier ministre peut le faire, mais nous, Droits et Démocratie, sommes là pour les droits et le respect de ces droits.
Parlons d'un autre incident, encore là anodin mais révélateur, au moment de l'adoption de la loi familiale chiite, au mois de mai. Ce fut une crise internationale. L'opinion publique est mobilisée et elle l'est également au Canada. Qui savait quoi, et depuis quand le ministre le savait?
Pour Droits et Démocratie, ce fut un moment de gloire, c'était un de nos projets, on était sur la ligne de front, le président était sur place, c'était une conférence internationale. On a eu une couverture incroyable dans les médias nationaux et internationaux. Au fil des conversations, le journal Embassy Magazine parle à certains d'entre nous et, à la suite de contradictions apparentes ou de versions différentes, tire une conclusion: Droits et Démocratie avait informé le ministre, le ministre savait, et un article est écrit à ce sujet. M. Beauregard est retourné voir Embassy Magazine pour rectifier les propos rapportés et indiquer que nous faisions rapport dans le cadre de nos activités à l'ACDI, comme on le fait pour chacun de nos projets. Nous étions à ce moment-là en relation et en coordination avec le bureau de M. Cannon, avec l'ACDI. Les gens du magazine ont très bien compris, ils ont accepté notre position. Embassy Magazine a publié une correction, et M. Beauregard est venu devant ce comité expliquer ce qui s'était passé. Évidemment, M. Braun aurait souhaité qu'on s'excuse auprès du ministre. Il disait qu'on avait défié le ministre, qu'on l'avait insulté, qu'il fallait faire quelque chose. Encore là, il n'y avait pas de crise, on en a créé une.
Je vous parle d'un dernier incident, et je poursuis ensuite. Le journaliste Graham Hamilton, en 2007, avait fait une série d'articles révélateurs sur les soi-disant malversations à Droits et Démocratie. Il revient nous voir en 2009 et dit qu'il aimerait faire un suivi et compléter son dossier. On se prépare, en consultation avec M. Braun. On lui dit que c'est une bonne occasion de dire que les renforcements administratifs sont en place, qu'il est là, que M. Beauregard est là, qu'on a relancé la programmation et qu'on tourne la page. M. Braun répond que non, que les journalistes n'aiment pas beaucoup cela quand on leur cache des choses, qu'il faut parler de nos difficultés au conseil d'administration, qu'il faut tout raconter cela aux journalistes. Il ajoute que si on ne le fait pas, il en fera état publiquement. On peut se poser la question de savoir si c'était bien dans l'intérêt du centre que cette histoire soit dévoilée, à ce moment-là, face aux incidents du passé concernant les possibles malversations rapportées par Graham Hamilton.
Évidemment, M. Beauregard, comme vous l'avez vu dans les journaux, a essayé de trouver une solution. Il a essayé plusieurs choses. Il a écrit, avec d'autres membres du conseil, au ministre. Il a demandé des rencontres, il a eu plusieurs entretiens avec des fonctionnaires. On a cherché et on a organisé une formation sur la gouvernance à Droits et Démocratie. Cela a été toute une histoire pour faire en sorte que tout le monde suive la formation. Il a essayé aussi d'organiser des rencontres entre M. Braun et le Conseil privé pour qu'on lui explique quels étaient ses devoirs, ses obligations comme président du conseil. Il attendait les nouvelles nominations au conseil d'administration avec beaucoup d'espoir. Il se disait que si la dynamique n'était pas bonne, il espérait que les prochains membres comprendraient notre travail et qu'on pourrait travailler ensemble. Jusqu'à la dernière minute, même après les dernières nominations au mois de novembre dernier, il espérait cela, il espérait un changement de dynamique et un revirement de situation. Cela ne s'est pas produit.
La solution de M. Beauregard n'a pas fonctionné. Et en ce qui nous concerne, à Droits et Démocratie, la petite lettre qu'on a écrite, qui était d'abord une lettre qu'on envoyait aux administrateurs, était notre façon à nous de trouver une solution. C'était une façon maladroite peut-être, mais c'était dans l'espoir que quelqu'un porte attention à ce qui se passait et qu'un jour, heureusement, on puisse faire la lumière sur ce qui était arrivé. C'est pour cela qu'on est là aujourd'hui.
Je remercie, d'une certaine façon, les journalistes qui sont dans la salle parce que, grâce à eux, il y a eu du bruit, il y a eu beaucoup, beaucoup d'intérêt. Malheureusement, la solution que le ministre a choisi d'adopter a eu des effets assez dramatiques: on n'a plus d'emploi. Quand on a une famille et qu'on perd son gagne-pain, c'est assez dramatique. C'est curieux, cette nouvelle de notre démission ou de notre renvoi est tombée le jour même où M. Latulippe était confirmé dans ses fonctions, quelques jours à peine avant la reprise des travaux parlementaires. C'était peut-être une question de circonstances.
Je vous ai aussi distribué des comptes rendus de réunions. Ce sont plutôt des documents internes, mais je voulais vous montrer de cette manière que, à Droits et Démocratie, à partir du moment où M. Gauthier a été nommé président par intérim, on rentrait au travail. On a fait le point. Droits et Démocratie est un environnement syndiqué, constitué de militants et de gens qui comprennent les droits, qui défendent les principes démocratiques. On a travaillé avec tous nos collègues pour dire qu'on avait fait valoir notre point de vue, qu'il avait été nommé de façon légitime, que cela se terminait à ce moment-là et que le lundi suivant, à partir du moment où il serait avec nous, on allait travailler avec M. Gauthier comme président par intérim. Vous avez même le procès-verbal d'une rencontre qui voulait mettre la table en vue de cette collaboration froide, dans le respect de chacun, mais on était prêts à travailler avec lui.
C'est notre suspension administrative qui a relancé tout ça. Ils ont créé la crise. Ils l'ont alimentée eux-mêmes. Si on était encore à l'emploi, s'il n'y avait pas eu ces suspensions administratives... Les médias n'en parlaient plus, Paul Wells l'a écrit. Il a dit qu'un des deux camps allait perdre et que les employés allaient rentrer au travail.
Cette crise, qu'on a appelée la crise de Droits et Démocratie, est en train de devenir un scandale. Vous aurez sans doute l'occasion de poser des questions sur les dépenses de firmes d'avocats, d'experts-comptables, d'enquêteurs privés, de directeur général qui est nommé et qui démissionne, de firmes de relations publiques, et bientôt sur celles reliées à une poursuite pour congédiement abusif. C'est de l'argent qui, normalement, est affecté à l'aide publique pour le développement, et qui devrait servir à ça.
Alors, quelle est la conclusion? Ce sera à vous de conclure. Vous aurez à déterminer qui a raison, qui a tort, et les recommandations à faire. D'un autre point de vue, il est certain que ces gens ont agi avec beaucoup de zèle. Je pense que le premier mandat du président de conseil est d'essayer de concilier les différents points de vue, de trouver des terrains d'entente et, dans un organisme comme le nôtre, de trouver des consensus. Ce n'est pas de sonner la charge, d'arriver, à la première réunion, d'attaquer et d'enfoncer le clou jusqu'à ce que ça fasse mal.
Les administrateurs ont beau prétendre qu'ils parlent d'une même voix, Ils envoient des lettres à l'éditeur dans les journaux, mais on n'y voit que sept signatures. Il en manque deux. Le conseil est encore profondément divisé. M. Guilbeault et Mme Maïga ne signent jamais ces lettres. Ce n'est pas vrai qu'il y a un conseil d'administration unanime sur les problèmes, les malversations et les fraudes.
Je pense que le président du conseil a aussi fait preuve de zèle en manquant peut-être une occasion de faire preuve d'humilité pour s'intéresser vraiment à notre travail. M. Beauregard était tout à fait ouvert à l'idée que les membres du conseil puissent participer, voyager, comprendre nos programmes, venir sur le terrain, etc. Au lieu de cela, il s'est mêlé très rapidement de choses qui étaient passées. L'évaluation de rendement était avant son début de mandat. Le rapport annuel de Droits et Démocratie était avant son début de mandat, mais il voulait le relire, l'approuver. Ils ont poursuivi de façon insistante, répétée — et cela a été dit clairement — les mêmes questions, comme si on cachait des choses. Encore aujourd'hui, Samson Bélair cherche toujours à trouver des réponses à ces questions alors qu'on les a toutes données.
À notre avis, ils ont tellement eu à coeur le rôle de mandataire du gouvernement qu'ils ont perdu de vue le statut indépendant, non partisan, la relation à développer et à entretenir avec tous les partis représentés au Parlement, et, surtout — c'est dramatique —, le rôle central du premier dirigeant: microgestion, intervention, tout savoir.
En somme, ils ont politisé Droits et Démocratie. Ils ont apporté un programme qui n'est pas celui des droits de l'homme et de la démocratie, et ils ont enfreint la loi du centre.
Nous, les trois directeurs, sommes sans travail. Avis aux intéressés. Nous avons pleinement confiance en l'audit financier de Samson Bélair. Nous croyons que ça va enfin permettre de rétablir les faits, espérons-le, une bonne fois pour toutes — et non pas une version ou l'autre version, etc. Dans ce sens, nous souhaitons et nous demandons, puisque notre gestion va être mise en cause évidemment, que ce document soit rendu public dès sa publication et qu'on puisse tous y avoir accès.
Merci de votre attention.
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Je veux compléter la réponse. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt ce qui a été écrit et dit au Canada anglais, notamment, durant ces événements des dernières semaines. À mon avis, il y a là matière à réflexion pour le comité.
En fait, la crise à Droits et Démocratie est l'accumulation de plusieurs erreurs de parcours, comme l'obligation de consulter les partis de l'opposition sur les nominations qui sont faites. Soudainement, on se rend compte que c'est fait mais trop rapidement, sans qu'on étudie ça sérieusement. Le résultat, c'est qu'il arrive ce qui arrive.
Y a-t-il des gestes qui sont posés par en dessous? Le consensus pancanadien sur la question du Moyen-Orient... M. Braun était M. Braun avant qu'il ne soit nommé président du conseil d'administration; il ne s'est pas transformé soudainement pour apparaître après coup. Les gens qui l'ont désigné savaient sans doute quels étaient ses intérêts.
Je pense que c'est l'addition de ces facteurs qui ont fait de la situation ce qu'elle est, et qu'aujourd'hui... À la question de savoir si c'est politique, je réponds: oui, dans la mesure où cette institution se rapporte au Parlement et, donc, à tous les partis. C'est un examen de conscience qu'on fait aujourd'hui. C'est l'occasion pour certains de dire que Droits et Démocratie, sous prétexte que c'est un organisme indépendant et non partisan, est allé trop loin. Il est allé faire des choses que les contribuables canadiens n'accepteraient pas, et ça, il faut que ça cesse — il faut le ramener. Je pense que c'est la question que vous aurez à débattre, et sans doute que d'autres vont venir partager ce point de vue.
Dès lors, la question est de savoir si les mécanismes de contrôle, d'imputabilité, de rapport au Parlement et de transparence sont suffisants. Est-ce que la désignation et le choix des administrateurs et du premier dirigeant qui est évidemment, en apparence... En ce qui concerne la personne de M. Beauregard, il y avait eu un appel de candidatures, il était en Ouganda, il a fait l'entrevue en culottes courtes devant le ministre, en téléconférence, et il est rentré pour occuper cette position, alors qu'il était à la retraite. Il avait les compétences et on a jugé qu'il était l'homme de la situation. Je peux vous dire — et on en a témoigné — qu'une organisation comme la nôtre, qui se sortait de 2007 et de possibles malversations, et qui avait vécu son moment difficile, vivait une renaissance. Comme l'a dit Razmik, on était très mobilisés.
À mon avis, la question de la gestion est centrale. Car c'est évident que c'est à partir du moment où on arrive avec une conception différente du mandat, de la mission, que les choses se mettent à « grinder ».
[Traduction]
Qui est le patron? Qui décide quoi?
[Français]
Au lieu de faire une discussion générale sur les politiques d'orientation, on peut le faire par les gestes, et on le fait par..., et sans avoir une idée claire. Razmik l'a dit, on n'avait jamais une idée claire de l'agenda. Discutons ouvertement de policy oversight, general directions. À ce moment-là, nous ferons les communiqués de presse. Laissez-nous faire les communiqués de presse, mais faites ce qui est le mandat d'un conseil d'administration.
Il y a donc eu cette combinaison de facteurs politiques qui sont devenus, progressivement, des facteurs administratifs.