:
Je vous remercie beaucoup.
Cela me fait plaisir de témoigner devant le comité aujourd'hui.
[Traduction]
Monsieur le président, je vous remercie de l'occasion de me présenter devant vous pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses (B) en lien avec l'Agence canadienne de développement international.
Je suis accompagnée de Margaret Biggs, présidente et administratrice des comptes de l'ACDI, de Sue Stimpsom, dirigeante principale des finances, et de David Moloney, premier vice-président.
Au cours des trois dernières années, depuis que le gouvernement canadien a présenté son Plan d'action pour accroître l'efficacité de l'aide, nous avons accompli beaucoup pour concentrer notre aide internationale, en augmenter l'efficacité et la rendre plus transparente. Tout d'abord, en 2008, nous avons délié l'aide alimentaire du Canada, et nous sommes en bonne voie de délier toute l'aide canadienne d'ici 2012-2013. Ainsi, nous pouvons faire plus avec les fonds consacrés à l'aide, comme acheter les vivres et les fournitures de secours nécessaires plus près des personnes dans le besoin en vue de soutenir les économies locales et régionales, tout en réduisant les frais de transport élevés.
En second lieu, l'ACDI a renforcé la concentration de son aide, tant géographique que thématique, pour donner à ses ressources et à ses efforts la masse critique nécessaire pour produire le plus grand effet et améliorer le sort des personnes qui vivent dans la pauvreté.
J'ai également souligné comment l'ACDI fera porter ses efforts sur trois secteurs thématiques. Nous nous consacrerons à trois domaines d'intervention dans le secteur de la sécurité alimentaire: l'aide alimentaire et la nutrition, le développement agricole durable et la recherche et le développement.
Dans le deuxième secteur thématique, les enfants et les jeunes, les trois domaines d'intervention sont: la survie des enfants, qui comprend la santé maternelle, l'accès à une éducation de qualité, et un avenir sûr pour les enfants et les jeunes.
Et pour le troisième secteur, j'ai exposé récemment la Stratégie de l'ACDI sur la croissance économique durable et ses trois domaines d'intervention: établir des assises économiques, favoriser la croissance des entreprises, et investir dans le capital humain.
Nous avons entièrement révisé les stratégies-pays de l'ACDI, et nous les avons alignées avec les plans nationaux de réduction de la pauvreté de nos pays partenaires ainsi qu'avec les priorités thématiques de l'ACDI. À chaque étape, nous avons conservé l'engagement du gouvernement du Canada à l'égard de la responsabilisation. Nous prenons au sérieux nos engagements internationaux et nous y donnons suite.
Le Canada, dans son Budget 2010, faisait en sorte de doubler son aide d'ici mars 2011, en augmentant l'enveloppe d'aide internationale de 8 p. 100, et en faisant passer le budget annuel d'aide à cinq milliards de dollars, le plus haut niveau jamais atteint. En 2008, nous avons doublé l'aide canadienne à l'Afrique, un an avant l'échéance de l'engagement que le Canada avait pris à cet effet, et nous avons maintenu ce niveau d'engagement par la suite.
Notre gouvernement a également pris depuis de nouveaux engagements internationaux de taille. En effet, pour répondre à la crise alimentaire en 2008, dans le cadre du Sommet du G8 à L'Aquila, le Canada a promis de doubler son appui à l'aide alimentaire, en consacrant la moitié de son appui à l'Afrique.
L'ACDI est responsable d'administrer 93,5 millions de dollars dans le cadre du financement accéléré par le Canada en 2010 pour lutter contre les changements climatiques. Avec ce financement, nous aidons les petits pays vulnérables en développement à surmonter les défis que posent les changements climatiques, dans les pays comme Haïti et le Vietnam, en contribuant financièrement au Fonds pour les pays les moins avancés, au Programme alimentaire mondial, aux projets liés aux changements climatiques en Éthiopie, au Fonds de partenariat pour le carbone forestier de la Banque mondiale et au Fonds fiduciaire du Fonds pour l'environnement mondial.
Au Sommet du G8 de cette année à Muskoka, le premier ministre Harper a annoncé 1,1 milliard de dollars en nouveaux fonds répartis sur les cinq prochaines années pour améliorer la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. De ce montant, 80 p. 100 seront dirigés vers l'Afrique subsaharienne, plus particulièrement vers le Mozambique, le Mali, le Malawi, le Nigeria, le Sud-Soudan, l'Éthiopie et la Tanzanie parce que cette région est celle qui doit affronter les plus grands défis pour réduire la mortalité maternelle et infantile.
Les efforts du Canada viseront à renforcer les systèmes de santé grâce à l'accroissement de l'accès de la population à des centres de santé locaux pourvus d'équipements adéquats et de travailleurs de la santé formés, à l'amélioration de la nutrition des mères et des enfants, et à la réduction du fardeau des maladies, la principale cause de mortalité maternelle et infantile. Le Canada remédiera également aux lacunes urgentes qui ont été signalées en matière de soins de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants en Afghanistan, à Haïti et au Bangladesh.
Le Canada a respecté ses engagements pris dans le cadre du G20 de reconstituer le Fonds de développement africain, comme l'avait annoncé le premier ministre Harper à Séoul, en novembre. Notre gouvernement est résolu à appuyer l'Afrique.
Comme je l'ai dit précédemment, le Canada a doublé son aide à l'Afrique pour atteindre 2,1 milliards de dollars par année. En fait, l'an dernier, 45 p. 100 du budget total d'aide de l'ACDI a été consacré à l'Afrique. Ce continent a reçu 62 p. 100 de toute l'aide alimentaire canadienne, 55 p. 100 de tout notre soutien à l'agriculture et 51 p. 100 de notre aide multilatérale. Par ailleurs, cette année, nous avons été témoins des grandes catastrophes naturelles et de leur effet destructeur, qui ont dépassé les capacités d'intervenir des gouvernements des pays touchés et qui ont frappé les pays les moins préparés. Les deux cas les plus graves sont Haïti et le Pakistan.
Parce qu'Haïti est depuis longtemps le pays le plus pauvre des Amériques, en 2009, la communauté internationale est venue aider le gouvernement haïtien à mettre au point un plan national de réduction de la pauvreté. Puis, en janvier dernier, un séisme dévastateur a frappé le pays, détruisant sa capitale, faisant des milliers de morts et des milliers de sans-abri, et causant des difficultés encore plus grandes pour les Haïtiens.
En réponse au séisme, l'ACDI a immédiatement alloué 150 millions de dollars en aide humanitaire, puis, à la Conférence internationale des donateurs sur Haïti qui a eu lieu en mars à New York, le Canada a promis 400 millions de dollars sur deux ans pour soutenir les efforts de reconstruction, en plus de l'engagement en cours de l'ACDI de 555 millions de dollars sur cinq ans pour le développement.
En raison des besoins extraordinaires à Haïti, l'ACDI demande 40 millions de dollars en crédits supplémentaires. Cet été, quand des inondations dévastatrices ont touché plus de 20 millions de Pakistanais et endommagé plus de deux millions d'hectares de terres agricoles, l'une des crises humanitaires les plus vastes qu'ait eu à affronter la communauté internationale, les Canadiens ont de nouveau répondu avec grande générosité et ont fait don de 46,8 millions de dollars au Fonds d'aide aux victimes des inondations au Pakistan.
À ce jour, notre gouvernement a annoncé 52 millions de dollars en appui à l'aide humanitaire requise et aux initiatives de redressement précoce au Pakistan. Le soutien de l'ACDI permet de fournir des vivres à sept millions de personnes tous les mois, de l'eau potable à plus de 4,6 millions de personnes et des soins de santé de base à plus de 716 000 victimes des inondations.
En août, l'ACDI a demandé l'autorisation d'avoir accès au Fonds du gouvernement pour les crises et d'y puiser 16,5 millions de dollars, à cause de l'ampleur de cette crise. Cette somme est tirée du Budget supplémentaire des dépenses (B). Ces fonds ont servi, par exemple, dans la province du Kandahar, à construire 26 écoles et à entreprendre la construction de 24 autres écoles, à donner de la formation en alphabétisation à 23 500 habitants du Kandahar et à donner de la formation professionnelle à 5 900 personnes.
La remise en état du barrage de Dahla progresse bien. Les agriculteurs profitent de 5 300 hectares supplémentaires de terres agricoles irriguées après l'enlèvement de 137 500 mètres cubes de sédimentation. Plus de 7,2 millions d'enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite; plus de 275 000 tonnes de vivres ont été fournies à neuf millions d'Afghans dans le besoin; 3 880 Kandaharis ont reçu des microprêts; et 66 p. 100 de tous les Afghans ont accès à des soins de santé de base à moins de deux heures de marche de leur domicile, comparativement à 9 p. 100 avant le début de l'intervention.
En vertu du Budget supplémentaire des dépenses (B), nous demandons les fonds requis pour soutenir les efforts continus du Canada en Afghanistan.
En dernier lieu, il y a un nombre de petits transferts pour couvrir diverses questions opérationnelles.
En conclusion, monsieur le président, l'argent de ces crédits servira à maximiser l'effet et l'efficacité de l'aide au développement qu'accorde le Canada. Il me fera plaisir de discuter avec vous en détail des éléments énumérés.
Merci.
:
Je vous remercie infiniment de vos observations sur le travail de l'ACDI et les difficultés auxquelles elle est confrontée.
Comme je l'ai indiqué dans ma déclaration, l'Afrique reçoit des sommes importantes en aide internationale dans beaucoup, beaucoup de secteurs.
C'est une problématique très importante qui mérite toute notre attention. Si l'on analyse un peu la réalité démographique de beaucoup de pays africains, on voit que la majorité de la population a souvent moins de 25 ou de 30 ans, et cette tendance est à la hausse. Il est donc essentiel de nous attaquer aux difficultés que les jeunes de ces pays vont vivre.
C'est pour cette raison que nous travaillons avec l'Association des collèges communautaires du Canada, une institution de grande qualité, nous le savons tous, qui fait de l'excellent travail pour les jeunes Canadiens. Nous pouvons partager cette compétence avec d'autres pays. Cette association nous a donc proposé des projets afin d'offrir de la formation professionnelle en Afrique.
Si nous voulons réduire la pauvreté, nous devons offrir la chance à chaque personne d'augmenter ses revenus. S'ils ne savent pas lire et écrire et qu'ils n'ont pas de compétences professionnelles, les gens ne réussiront jamais à se sortir de la pauvreté. Par conséquent, nous appuyons ce projet intitulé l'Éducation pour l'emploi. Il y a 25 collèges et institutions canadiennes qui vont travailler avec leurs homologues africains. C'est emballant parce qu'ils vont travailler avec des institutions d'ici. Nous allons créer des compétences dans ces pays, afin qu'ils puissent eux-mêmes former leurs jeunes et améliorer la qualité de la formation professionnelle qu'ils offrent.
L'éventail des disciplines est assez vaste. Il y en a dans les domaines de la construction, des activités maritimes et portuaires, de l'agriculture, du tourisme, des mines, des pêches et de l'agroalimentaire. Comme je l'ai dit, ce programme s'intitule l'Éducation pour l'emploi. Ainsi, nous évaluons quels seront les besoins professionnels dans tel ou tel pays, les besoins des entreprises, les compétences recherchées là-bas et le type de formation qui devrait être offert, puis un programme est conçu en conséquence.
En bâtissant une économie qui offre une sécurité financière aux gens, nous offrons, comme au Canada, plus d'emplois, des emplois stables et sûrs. Donc si nous pouvons leur donner les outils et les compétences dont ils ont besoin pour l'avenir, nous croyons que les collèges canadiens sont probablement parmi les meilleurs au monde pour faire ce genre de travail en Afrique.
:
Certainement. Comme vous le savez, les Canadiens ont été très généreux pour répondre aux besoins en Haïti. Le gouvernement lui-même a été très généreux aussi. Nous avons donc versé une contribution importante à ce pays.
Nous avons déboursé plus de 150 millions de dollars en secours humanitaires seulement. C'est un besoin constant, comme vous le savez. En aide alimentaire, nous avons porté secours à 4,3 millions de personnes. Nous avons offert des refuges d'urgence à 370 000 familles; de l'eau potable à 1,2 million de personnes; des services protection à 63 000 enfants; des vaccins à un million d'enfants et de jeunes, ainsi que 11 000 latrines, installations sanitaires, filets anti-moustiques, trousses d'hygiène et instruments de cuisine.
Il y a différentes étapes, comme vous le savez. Il y a les besoins immédiats d'aide humanitaire, de médicaments, de refuges, etc. Il y a ensuite le stade du « redressement rapide », comme on l'appelle. Je dirais que c'est là où nous en étions, que le redressement rapide s'amorçait et que nous voulions que les promesses de dons à Haïti se concrétisent dans l'ordre, de manière cohérente et logique. C'est pourquoi le Canada a appuyé la stratégie internationale de reconstruction, qui consistait à établir une commission provisoire pour la reconstruction d'Haïti et à travailler avec la communauté internationale au moyen d'un fonds en fiducie à la Banque mondiale.
C'est ce que nous faisons actuellement avec l'argent promis: 30 millions de dollars est investi dans le fonds en fiducie afin que les ressources nécessaires pour répondre aux exigences du gouvernement haïtien soient en place. Nous nous sommes engagés à reconstruire l'hôpital des Gonaïves. Nous nous sommes engagés à construire une nouvelle académie de police et des installations de formation pour les policiers. Nous avons promis, par la Croix-Rouge, d'établir des abris plus permanents.
Je vous assure qu'Haïti a eu sa part de difficultés et que ces difficultés ne font qu'augmenter avec l'épidémie de choléra. Comme vous pouvez l'imaginer, nous suivons la situation de très près, d'heure en heure, rien de moins, afin de connaître le résultat des élections.
Ce sont autant de difficultés auxquelles le pays est confronté. Les donateurs internationaux ont également la responsabilité de suivre la situation de près et de tout mettre en oeuvre pour être prêts à répondre aux besoins au fur et à mesure. La reconstruction elle-même constitue tout un défi. Il y a des millions de tonnes de débris à ramasser. Il faut régler des conflits sur la propriété des titres. Il y aussi des problèmes d'accès pour faire entrer des matériaux au pays. L'infrastructure n'est pas là pour les routes, l'équipement lourd et le reste.
Les difficultés sont nombreuses, mais il faut procéder selon un ordre logique et de manière coordonnée avec nos partenaires pour appuyer le gouvernement en place.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre, d'avoir bien voulu comparaître aujourd'hui.
Je tiens d'abord à vous féliciter pour le travail extraordinaire que vous avez accompli pendant la crise survenue à Haïti, au lendemain du séisme, et pour la réaction de votre personnel et de vos collaborateurs qui s'y sont rendus au plus vite. Vu les circonstances, cela a dû être un moment extrêmement éprouvant et difficile à passer, compte tenu, particulièrement, de la mort malheureuse de certains de vos gens et de gens sur place aussi, qu'ils doivent avoir rencontrés et connus également.
Félicitations. L'effort était énorme.
Bien sûr, vous savez que j'étais à Haïti, en 2006, pour les élections, et j'y ai vu, de mes yeux, les besoins de ce pays, qui étaient énormes, même à ce moment-là. Nous sommes passés par Jacmel, qui, malheureusement, a terriblement souffert, elle aussi, du séisme.
À ce moment-là, 555 millions de dollars de financement avaient été engagés. Le fait de traverser la zone dévastée par le séisme, avec, d'après ce que j'ai compris, un engagement supplémentaire de 150 millions plus 400 millions pour la reconstruction... Je peux seulement imaginer certaines des décisions que vous devez prendre concernant l'ordre de vos priorités. Bien sûr, je reconnais qu'il fallait une décision extrêmement prioritaire pour allouer cet argent là-bas et que cet argent devait venir de quelque part, également.
Peut-être pourriez-vous nous en dire davantage sur certaines des difficultés qui entravent l'arrivée des fonds là-bas, parce que je pense qu'il serait intéressant que tous sachent que des conditions et des circonstances échappent à la volonté de chacun. Vous avez un peu parlé des gros amas de décombres, mais il y a d'autres circonstances également.
:
Merci, monsieur Goldring.
Beaucoup savent également que le sort d'Haïti me préoccupait beaucoup et que je tenais à m'assurer que le Canada s'acquitterait de sa tâche et ferait du mieux qu'il pourrait. Comme vous l'avez dit, immédiatement après le séisme, non seulement votre serviteur mais le premier ministre lui-même et les ministres ont réagi très rapidement. Nous nous sommes démenés, je dirais, pour faire aboutir l'effort international destiné à Haïti.
Certains des défis, je vous dirais, sont très semblables; vous pouvez l'imaginer. La Banque mondiale estime à plus de 10 000 le nombre d'organisations non gouvernementales qui travaillent actuellement à Haïti. Pour coordonner ces efforts et assurer leur cohérence, nous comptons sur la commission internationale de la reconstruction. Elle est présidée par le premier ministre d'Haïti ainsi que par l'ex-président Clinton, qui était le représentant de l'ONU pour Haïti, immédiatement avant le séisme.
La commission a elle-même évalué, avec la communauté internationale, les besoins d'Haïti. David Moloney est notre représentant à la commission. Elle a présenté une liste des projets qu'elle a approuvés et qu'elle aimerait voir réaliser. Il y a deux semaines à peine, l'ACDI a lancé un appel aux organismes canadiens intéressés pour qu'ils contribuent à ce processus... Nous avons mis de côté les ressources à cette fin et avons lancé l'appel. Nous avons un délai à respecter. Nous examinerons les propositions qui arriveront; puis nous les soumettrons, en amont, à un examen pour nous assurer qu'elles satisfont aux critères de la commission intérimaire, pour ensuite passer à leur financement.
Je suis aussi déçue que tous les autres devant la lenteur de la reconstruction. Bien sûr, le choléra a compliqué les choses. Nous espérons que la situation sera stable et tranquille après les élections, ce pour quoi nous prions, pour que se poursuivent la reconstruction, notre combat contre le choléra et nos efforts pour continuer de répondre aux besoins humanitaires.
M. Moloney a peut-être quelque chose à ajouter.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de comparaître devant nous. Sachez que ce côté-ci de la Chambre est très heureux de votre travail et des excellents résultats que vous obtenez.
Parlons un peu de l'Afghanistan, mais, avant, il faut, je pense, une mise au point. Il doit y avoir littéralement des centaines de demandes que, malheureusement, vous devez éliminer. Même les propositions dont vous conseillez l'approbation seront rejetées.
M. Goldring et moi-même partons pour l'Afrique en janvier. Nous y visiterons certains chantiers d'Ingénieurs sans frontières. J'ignore si ce groupe a fait des demandes, mais il y en a tant. Je me suis également libéré pour un autre organisme, que je tiens à visiter en Afrique. C'est un excellent organisme, également, et je suis sûr que je leur proposerai de faire une demande, mais qui risque d'être refusé, comme d'autres.
Je suis cependant heureux de l'orientation que prend le gouvernement, et je vous donnerai peut-être l'occasion, rapidement, de faire des observations à ce sujet. Je crois — et je pense pouvoir m'exprimer au nom des membres de ce côté-ci de la Chambre également — que les Canadiens veulent des résultats. Lorsqu'ils entendent parler d'un don de sept milliards pour l'aide, ils veulent savoir où cette aide va. Peut-être pouvez-vous livrer un commentaire rapide sur ce sujet.
Ma prochaine question, je vous laisserai les coudées franches après l'avoir posée, porte sur l'Afghanistan. Personne n'a parlé de ce pays. Nous connaissons les conditions déplorables dans lesquelles il se trouvait à notre arrivée. Je veux limiter ma question aux écoles — et je suis sûr que certains de mes collègues voudront fouiller davantage la question, parce que nous disposons d'encore 40 minutes.
Quand vous êtes arrivé pour la première fois en Afghanistan, dans quel état avez-vous trouvé les écoles? Quelle était leur fréquentation selon le sexe des élèves? Qu'est-il arrivé aujourd'hui et comment avez-vous réussi à changer la vie des Afghans, plus particulièrement des enfants?
Madame Biggs, prenez votre temps pour répondre.
J'ai entendu trois questions. La première portait sur le nombre de demandes que nous recevons.
En ce qui concerne particulièrement notre programme de partenariat avec les organismes canadiens, nous finançons plus de 500 ou 600 organismes chaque année, mais nous recevons des demandes d'un plus grand nombre encore. En outre, nous recevons souvent des demandes que nous ne sommes pas capables de financer intégralement. Je ne peux pas vous donner la proportion exacte, mais, dans ce processus, la concurrence est assez vive. Nous devons choisir les organismes qui, d'après nous, ont les reins les plus solides, qui nous donneront les résultats les plus probants.
Tous les participants à notre programme de partenariat sont censés s'engager à fournir des ressources dans leur projet. En contrepartie, notre contribution serait dans le rapport de trois à un. Ainsi, nous nous trouvons à démultiplier leur argent et eux le nôtre, pour finalement aboutir à plus de puissance. L'offre de projets dépasse de beaucoup notre capacité de financement.
En ce qui concerne la deuxième question, sur les résultats, vous avez absolument raison, les Canadiens veulent que les dollars que nous consacrons à l'aide internationale aient les résultats les plus probants possible et ils s'y attendent. Mais aussi, dans la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement, notamment, il est extrêmement important d'optimiser le rendement de chacun des dollars que nous y consacrons.
En ce qui concerne nos réalisations dans ce domaine, nous sommes vraiment convaincus qu'en concentrant notre action dans moins de régions, en privilégiant certains thèmes, nos résultats seront plus probants. L'ACDI a une très bonne réputation en gestion des résultats. Nous avons également amélioré notre façon de faire rapport à ce sujet. C'est pourquoi je pense que nous avons été très efficaces et avons exécuté des programmes beaucoup mieux axés sur les résultats au cours des deux dernières années.
En ce qui concerne la troisième question, sur l'Afghanistan, vous avez raison. Il y avait beaucoup à faire, depuis 2001-2002, après de nombreuses décennies de conflits. Il y avait beaucoup de destruction. Pour commencer, il y avait le sous-développement, mais également beaucoup de besoins.
En 2001, l'Afghanistan était le deuxième pays le plus pauvre du monde. On y compte probablement sept millions d'enfants, actuellement, mais 700 000, seulement, fréquentaient l'école. Bien sûr, très peu d'entre eux, le cas échéant...
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi les fonctionnaires de leur présence parmi nous.
J'aimerais poser une autre question qui a été complètement éludée, selon moi, et qui concerne le programme d'aide alimentaire.
Il y a près d'un milliard de personnes sur cette planète qui souffrent de la faim. D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 925 millions de personnes dans le monde sont affamées et malnutries, particulièrement en Afrique subsaharienne. La malnutrition est la première cause à l'origine des 3,5 millions de décès de mères et d'enfants chaque année.
Je trouve que le fait que le Canada soit le deuxième donateur en importance au Programme alimentaire mondial n'est pas apprécié à sa juste valeur. Actuellement, le Canada préside la Convention relative à l'aide alimentaire, et je sais qu'en 2008, le gouvernement du Canada a levé toutes les restrictions concernant son budget d'aide alimentaire, permettant ainsi à ses partenaires de bénéficier d'une plus grande souplesse pour acheter des denrées alimentaires appropriées localement, à des prix raisonnables, et de réduire les coûts de transport élevés.
Pourriez-vous nous expliquer un peu ce que le Canada fait à l'appui du Programme alimentaire mondial, au chapitre de la sécurité alimentaire, et en quoi l'aide non liée est importante? Je sais que beaucoup de pays s'en servent comme programme de subvention alimentaire pour leur propre production agricole. Pourquoi est-il important de ne pas soumettre l'aide à certaines conditions?
Ma question en contient en fait trois qui sont toutes reliées.
Je vous remercie beaucoup.
Pour ce qui est de la levée des restrictions, le gouvernement a effectivement décidé de délier toute son aide alimentaire, et il s'apprête également à supprimer toutes les conditions concernant l'aide canadienne d'ici 2012-2013. On est maintenant à 93 p. 100.
Quant à savoir pourquoi il est important de lever les restrictions sur l'aide alimentaire, je dirais que c'est parce que le Programme alimentaire mondial ou l'organisation avec laquelle nous travaillons peuvent acheter des denrées alimentaires meilleur marché, plus près ou plus rapidement disponibles, ou encore de meilleure qualité, sans avoir à faire affaire avec un fournisseur en particulier, et cela peut permettre de réaliser des économies de l'ordre de 25 à 30 p. 100. On l'a vérifié à plusieurs reprises. Cela signifie que pour chaque dollar, on obtient 1,30 $ en aide alimentaire, et cela sauve des vies. Voilà le sens de cette initiative.
Par ailleurs, pour ce qui est du Programme alimentaire mondial, les gens peuvent également s'approvisionner localement, c'est-à-dire qu'ils peuvent... Parfois, il peut y avoir de la famine, de la sécheresse et de l'insécurité alimentaire dans une région — comme c'est le cas en Tanzanie ou en Éthiopie —, mais de la nourriture partout ailleurs sur le territoire. Ces pays peuvent donc s'approvisionner localement et contribuer à encourager la production locale et favoriser grandement le développement.
Pour ce qui est du Programme alimentaire mondial, vous avez tout à fait raison, le Canada est le second donateur bilatéral en importance, et pas seulement en volume, mais aussi parce qu'il est un fournisseur à long terme. Ceux qui gèrent ce programme l'apprécient parce que cela leur permet d'avoir de la stabilité dans leur financement. De plus, nous les aidons dans quelques-unes de leurs nouvelles initiatives, comme le programme de cantines scolaires ou d'achat de nourriture, qui permet aux gens de travailler et donc de pouvoir s'acheter à manger. Tout cela contribue à stimuler le développement local. Nous nous sommes donc également lancés dans ces initiatives novatrices.
Comme je l'ai dit, la sécurité alimentaire était la priorité du G8 en 2009. Peut-être puis-je vous rappeler quelques-unes de nos réalisations en la matière. Je veux parler de ce que nous faisons dans le cadre de notre stratégie en matière de sécurité alimentaire.
La première concerne l'aide alimentaire. La deuxième porte sur le développement agricole que nous menons, comme je l'ai indiqué, dans beaucoup de pays que nous aidons, mais aussi auprès de l'organisation internationale chargée de l'alimentation et du développement de l'agriculture, qui se concentre véritablement sur les petits propriétaires terriens, qui sont principalement des femmes, surtout dans les pays d'Afrique, lesquels sont parmi les plus pauvres au monde. Si vous pouvez réussir à les aider à produire, non seulement vous parviendrez à créer de la richesse économique, mais aussi à donner un gagne-pain à ces familles et à leur communauté — l'un des principaux moteurs de réduction de la pauvreté et de croissance économique dans ces pays. Par conséquent, le FIDA est particulièrement important, et c'est l'un des fonds que nous finançons. Nous avons augmenté notre part de financement suite à l'engagement que nous avons pris à L'Aquila.
L'ACDI, conjointement au CRDI, a un fonds de recherche international en matière de sécurité alimentaire, que nous avons créé pour trouver, avec des institutions canadiennes et des institutions établies dans des pays en développement, des façons vraiment pratiques et pragmatiques d'accroître la productivité et de favoriser l'innovation dans la production alimentaire. Nous obtenons d'excellents résultats.
Je ne sais pas si vous voulez que je m'arrête ici ou si je peux continuer. Comme je l'ai dit...