Je m'appelle Jane Stinson. Je vous remercie de nous avoir demandé de venir témoigner devant vous dans le cadre de votre enquête sur la question de savoir pourquoi un si grand nombre d'organisations de femmes et d'organisations féministes existant depuis belle lurette, y compris celle que je représente, se sont vu refuser un financement cette année par Condition féminine Canada.
L'acronyme ICREF signifie « Institut canadien de recherches sur les femmes », et, en anglais l'acronyme CRIAW signifie « Canadian Research Institute for the Advancement of Women ». Cette organisation a été créée en 1977 pour servir de cadre aux recherches féministes axées sur la promotion de l'égalité entre les sexes. L'ICREF visait à présenter des éléments probants relativement aux modifications devant être apportées et à la manière de s'y prendre pour apporter ces modifications. On peut appeler cela de l'action militante, mais cela fait également partie de notre mission d'origine. En outre, l'ICREF cherchait à combler l'écart entre les universitaires et les militants travaillant directement dans la collectivité — ou à permettre à ces derniers de profiter des capacités des universités en matière de recherche — de manière à provoquer des changements durables.
Condition féminine Canada a été un élément essentiel indispensable à la création de l'ICREF et d'une kyrielle d'autres organisations féministes existant depuis maintenant plus de 30 ans. Au moment de son 20e anniversaire, l'ICREF a publié un document spécial où notre présidente de l'époque soulignait que l'ICREF n'aurait sans aucun doute jamais pu voir le jour n'eût été du soutien financier fourni par Condition féminine Canada au fil des ans.
Ainsi, l'une des questions que nous nous posons est la suivante: pourquoi Condition féminine Canada veut-il à présent nous voir disparaître après qu'il a joué un rôle si important dans la création et l'établissement d'une organisation féministe nationale, bilingue et unique en son genre? Pourquoi la ministre de la Condition féminine a-t-elle décidé, pour la première fois cette année, de refuser d'allouer du financement de projets à un si grand nombre d'organisations féministes de longue date? Comme vous le savez, cette décision a signé l'arrêt de mort de quelques organisations. Cette décision a porté un coup fatal à un certain nombre d'organisations parce que, depuis quatre ans déjà, les organisations de femmes éprouvent des difficultés financières découlant des modifications apportées au mandat de Condition féminine Canada et des critères de financement. En fait, j'avancerais même que la disette a débuté plus tôt que cela. Si je ne m'abuse, c'est au milieu des années 1990 que le gouvernement a cessé de verser du financement de base aux organisations de femmes et aux organisations féministes.
Les décisions prises récemment constituent incontestablement un problème. Elles ont porté le coup de grâce à quelques organisations. Mais les problèmes ont une cause beaucoup plus profonde. Il y a peu de temps, la ministre Ambrose a dit, durant une entrevue à la télévision, que Condition féminine Canada avait choisi de financer de nouvelles organisations de femmes plutôt que des organisations plus anciennes. Toutefois, ces décisions ont une cause beaucoup plus profonde qu'un simple choix entre nouvelles et anciennes organisations. De fait, il est de plus en plus manifeste que le gouvernement actuel ne semble pas intéressé à financer des programmes faisant la promotion de l'égalité entre les sexes ou des organisations féministes ayant mené des actions militantes par le passé.
Si le problème tient à la nécessité de choisir entre diverses organisations présentant chacune des projets louables, alors il faut en conclure que le programme ne se voit pas allouer suffisamment de crédits. Plus d'argent devrait être versé dans le programme si le problème ne tient qu'au simple fait que le nombre d'organisations qui demandent du financement est bien trop important au regard des fonds disponibles.
Selon nous, les décisions qui ont été prises dépassent le simple choix entre nouvelles et anciennes organisations. Ces décisions s'inscrivent dans la suite logique des politiques et des mesures du gouvernement Harper, lesquelles consistent à anéantir de façon systématique le mouvement des femmes et le mouvement féministe au Canada, et à réduire au silence certaines voix importantes, particulièrement celles qui s'expriment au nom des femmes pauvres et marginalisées du Canada. Il s'agit là du résultat de ces décisions. J'ignore si cela était voulu ou non, mais toujours est-il que cela est le résultat.
J'aimerais prendre quelques instants pour dire pourquoi il est important de modifier les critères de financement, de véritablement les réexaminer. Il ne s'agit pas simplement de verser de l'argent à certaines organisations dont la demande de financement a été rejetée. Cela est important, mais il faut aller beaucoup plus loin. Il est important que les gouvernements financent les groupes de recherche et les groupes de défense des intérêts. Qui dit recherche dit découverte de nouvelles connaissances, de nouvelles idées et de nouvelles perspectives. Les recherches féministes ont démontré que la réalité des femmes était souvent différente de celle des hommes. Au fil des ans, les recherches féministes se sont approfondies et ont pris une ampleur accrue, ce qui rappelle également que la réalité des diverses organisations de femmes peut être très différente. Ainsi, il est essentiel de mener ce type de recherches nuancées si nous voulons disposer des nouvelles connaissances et des nouvelles perspectives nécessaires pour faire bouger les choses.
Par ailleurs, la défense des intérêts consiste souvent, dans les faits, à provoquer des changements durables et systémiques. À l'heure actuelle, une partie du problème lié au fait que Condition féminine Canada ne finance que des projets qui offrent des services directs à de nombreuses femmes tient à ce qu'une telle philosophie a pour effet de ne financer que des solutions à court terme, au détriment de projets qui permettraient d'apporter des changements profonds, fondamentaux et systémiques.
D'aucuns feront valoir que les gouvernements n'ont pas à financer les groupes de défense des intérêts, et que cela reviendrait à financer des organisations qui critiquent le gouvernement. Toutefois, ces gens ne saisissent pas la nature véritable des groupes de défense des intérêts, lesquels exigent que l'on trouve des solutions pour régler les problèmes et apporter des changements. Il se trouve que, à cet égard, les gouvernements jouent un rôle de premier plan, et il est donc naturel qu'ils soient souvent la cible des attaques des groupes de défense des intérêts, vu l'importance du rôle qu'ils ont à jouer en ce qui a trait au changement.
Je vais conclure mon exposé par quelques observations.
À l'ICREF, nous avons été très choqués que le projet particulier que nous avions présenté ait été rejeté. Il s'agissait d'une première. Jamais auparavant Condition féminine Canada n'avait rejeté un projet soumis par l'ICREF. Nous avons assurément modifié la nature de nos projets de manière à ce qu'ils correspondent aux nouveaux critères de financement. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec notre agent de projet pour tenter de nous assurer que le projet que nous soumettions était approprié et adéquat aux fins du financement. On ne nous a jamais laissé entendre de quelque façon que ce soit que ce que nous faisions posait des problèmes. Lorsque nous avons appris que d'autres organisations féministes de longue date avaient vu leurs demandes de financement rejetées, nous avons commencé à craindre qu'il s'agissait d'une tendance, et nous avons cru que cela exigeait une enquête plus poussée.
Ainsi, nous enjoignons au comité de mener véritablement cette enquête. J'espère que vous irez au-delà de notre discussion d'aujourd'hui, que vous creuserez la question et parviendrez à faire la lumière sur la raison pour laquelle les organisations féministes existant depuis belle lurette se sont vu refuser du financement pour la toute première fois cette année. Quelles organisations étaient financées par Condition féminine Canada? Je constate que le ministère a publié la liste des organisations qu'il finance, mais il serait tout aussi important de savoir quelles organisations se sont vu refuser du financement. Quels types de projets sont financés par Condition féminine Canada? Il s'agit peut-être là de la question la plus importante à examiner si l'on veut véritablement et fondamentalement examiner le mandat de Condition féminine Canada et déterminer en quoi celui-ci devrait consister, car le ministère a joué un rôle d'une importance cruciale pour les organisations féministes canadiennes. Il semble que, à présent, Condition féminine Canada souhaite notre mort, et certainement pas nous fournir un quelconque financement stable qui nous aiderait à croître et à nous renforcer.
Nous vous demandons instamment de vous adresser au gouvernement et de faire pression sur lui pour qu'il modifie les critères de financement de Condition féminine Canada de manière à ce que du financement soit offert pour la recherche et la défense des intérêts, comme cela était le cas auparavant, et, même avant cela, pour que du financement de base soit de nouveau offert aux organisations de femmes et aux organisations féministes faisant la promotion de l'égalité entre les sexes et s'adressant plus particulièrement aux femmes les plus marginalisées. En outre, nous souhaitons vivement que vous insisterez auprès du gouvernement pour qu'il renforce le mandat de Condition féminine Canada de façon à ce qu'il crée des programmes favorisant la vitalité et la diversité du mouvement féministe partout au pays. À cette fin, il faudrait notamment rouvrir les bureaux régionaux du comité de Condition féminine Canada et que du personnel soit de nouveau embauché afin d'oeuvrer à la mise en oeuvre d'un mandat renouvelé et renforcé.
Cela met fin à mon exposé.
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Merci, madame la présidente, et merci aux membres du Comité permanent de la condition féminine.
Je vous remercie de nous offrir l'occasion de discuter avec vous des décisions de Condition féminine Canada concernant le financement des programmes s'intéressant aux femmes.
Les décisions relatives aux organismes que le gouvernement fédéral choisit de financer ou de ne pas financer sont extrêmement lourdes de conséquences. Une décision favorable permet à des organismes mis sur pied grâce au travail bénévole et au dévouement de leurs membres de mener des activités considérées comme essentielles par une communauté de personnes. Inversement, une décision défavorable peut empêcher une communauté mobilisée de faire un travail essentiel. Ces décisions reflètent les priorités du gouvernement, mais, qui plus est, elles mettent en application les priorités du gouvernement.
En matière de financement, il n'y a pas de décisions complètement objectives. Le gouvernement peut soutenir ou entraver le travail des organisations de femmes du Canada. Le gouvernement dispose d'une pléthore de moyens d'aider ces organisations ou de leur nuire.
Les modifications qui ont été apportées aux programmes s'adressant aux femmes depuis 2006 nuisent toutes à la capacité des groupes de femmes du Canada d'améliorer la condition des femmes canadiennes. Ces modifications sont bien connues: le refus de financer la défense des droits des femmes; l'exigence d'offrir aux femmes de la collectivité des services directs définis de façon très restrictive et se traduisant par des résultats mesurables; l'exigence d'obtenir du financement d'appoint d'autres partenaires; l'absence de dates fixes pour le dépôt des demandes de financement, ce qui fait en sorte que nous ne pouvons pas planifier et préparer à l'avance ces demandes; l'absence de dates fixes pour l'annonce des décisions relatives au financement, de sorte que, en dépit du fait qu'une organisation donnée a dû s'efforcer d'obtenir l'appui de partenaires dévoués, elle ne peut pas planifier et est entravée dans sa capacité d'aller de l'avant; le fait que les formulaires de demande sont rédigés dans le jargon technocratique le plus abscons qui soit — j'évolue depuis longtemps dans le secteur de la recherche et j'ai vu des tonnes de formulaires de financement; le fait que le financement soit accessible à toutes les organisations, qu'il s'agisse d'organisations mixtes ou composées exclusivement de femmes ou d'organisations privées ou publiques, de sorte que le ministère croule sous les demandes; et, enfin, la fermeture de bureaux, qui fait en sorte que les agents sont de nouveau débordés.
Personne ne peut être contre la prestation de services aux femmes. Il y a d'énormes besoins en matière de services de toutes sortes s'adressant aux nombreuses populations défavorisées de toutes les régions du Canada; cependant, on ne peut se limiter à offrir des services: il faut également financer le travail essentiel de certaines organisations qui consiste à apporter des modifications structurelles qui améliorent concrètement la condition des femmes.
Parmi les activités concrètes de défense des droits des femmes ayant débouché sur des modifications structurelles, mentionnons, par exemple, les procès intentés par Action travail des femmes, une organisation montréalaise qui s'est vu refuser du financement et qui va devoir fermer ses portes. Cette organisation a fait oeuvre de pionnier en intentant des procès contre le CN qui ont permis d'établir que cet employeur exerçait une discrimination systémique contre les femmes. Le CN a dû, sur ordonnance du tribunal, embaucher du personnel, et 25 p. 100 des nouveaux cols bleus embauchés devaient être des femmes. Il s'agit d'une décision qui a fait date.
Action travail des femmes a également intenté un procès contre la STCUM, la Société de transports de la communauté urbaine de Montréal, laquelle a été déclarée coupable de discrimination fondée sur le sexe. À présent, si vous prenez le métro ou l'autobus à Montréal, vous constaterez que les femmes et les membres des minorités visibles occupent des postes à tous les niveaux. S'il en est ainsi, c'est grâce à la détermination d'organisations de femmes et des combats qu'elles mènent pour provoquer des changements structurels. La diversité que l'on retrouve au sein du personnel de la STM devrait être la norme dans l'ensemble de la société, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Les organisations de femmes doivent continuer de se battre pour que les femmes puissent accéder à de bons emplois traditionnellement occupés par des hommes.
Je pourrais aussi mentionner les lois sur l'équité salariale adoptées en Ontario et au Québec et qui constituent des modifications structurelles se répercutant sur les salaires liés aux emplois occupés principalement par des femmes.
Au Québec, les statistiques sur les salaires des femmes rendent compte de ces améliorations. Le système de garderies a progressé de façon spectaculaire. Cela est attribuable au combat mené par les organisations de femmes et les syndicats, qui s'est traduit par un accroissement extraordinaire de la participation des femmes âgées de 25 à 45 ans au marché du travail. À présent, le taux de participation au marché du travail chez les femmes de 25 à 45 ans ayant des enfants est l'un des plus élevés au Canada. Cela représente un accroissement majeur de l'autonomie des femmes et de l'égalité hommes-femmes sur le plan économique, de même qu'un profond changement social.
Il y a également des organisations qui évoluent dans d'autres domaines, par exemple la lutte contre la violence faite aux femmes, la lutte contre la pauvreté et l'itinérance des femmes ou la lutte pour accroître la participation des femmes à la politique. Toutes ces organisations militent pour provoquer des changements structurels, en plus de lutter pour accroître l'autonomie individuelle des femmes.
Parlons maintenant de notre proposition en matière de financement des programmes s'adressant aux femmes. Depuis longtemps, l'ICREF recevait du financement, mais, en 2003, nous avons obtenu des fonds afin d'élaborer une séance de formation à l'intention des travailleurs non syndiqués et concernant leur droit à l'équité salariale. Cette séance de formation a remporté un franc succès, à telle enseigne que la Commission de l'équité salariale du Québec a conclu un marché avec l'ICREF pour que celle-ci continue de dispenser cette séance de formation aux travailleurs non syndiqués. Nous offrons cette formation depuis cinq ans.
En 2006, l'ICREF a reçu du financement de Condition féminine Canada afin d'élaborer des outils touchant la conciliation travail-famille. À ce jour, nous continuons d'utiliser ces outils.
Comme nous faisons du travail à long terme, l'argent investi dans nos organisations est de l'argent bien investi, et il continue de provoquer des changements dont profitent les femmes.
En 2009, nous avons soumis une proposition pour l'un des plus importants projets que nous ayons élaborés à ce jour. Nous avons travaillé dans le cadre d'une stratégie à l'échelle de la province afin d'accroître l'accès de femmes aux emplois et aux secteurs à prédominance masculine et le maintien de ces emplois. Nous avons soumis une proposition très détaillée en vue de l'élaboration d'une séance de formation destinée aux femmes s'apprêtant à occuper des emplois habituellement occupés par des hommes et les informant de leurs droits, des meilleurs moyens de défendre leurs intérêts et des stratégies à utiliser en cas de problème. Nous proposons aussi de suivre une cohorte de femmes s'intégrant dans des milieux de travail à prédominance masculine dans le but d'analyser les façons de faciliter leur intégration et d'élaborer des stratégies permettant aux employeurs de mieux intégrer les femmes en milieu de travail.
Cette proposition est cruciale, car même si la situation d'emploi des femmes diplômées s'est grandement améliorée, les femmes ne détenant pas de diplôme universitaire touchent des salaires beaucoup moins élevés que les hommes ayant le même niveau de scolarité; en outre, leur taux de syndicalisation est moins élevé, et elles sont souvent condamnées à occuper des emplois précaires et peu rémunérés. L'accès des femmes aux emplois de col bleu pourrait modifier considérablement leur situation économique et professionnelle.
Ironie du sort, le comité nous a invités à présenter le projet que nous entreprenons et que Condition féminine Canada a refusé de financer — heureusement, nous avons reçu du financement d'Emploi-Québec. Ainsi, vous nous avez invités à vous parler d'un projet que Condition féminine Canada a considéré comme étant sans intérêt.
Nous devons donner aux femmes les moyens de pénétrer ces secteurs d'emploi, mais notre travail va bien au-delà de ça. Nous oeuvrons à tous les échelons — auprès des femmes, des employeurs et de tous les intervenants du marché du travail —, et cela comprend les questions de politique.
La question des choix que fait Condition féminine Canada en matière de financement est cruciale. Ces choix témoignent des priorités du gouvernement, et d'après les modifications apportées aux programmes destinés aux femmes, il semble que la question des droits des femmes ne revêt aucune importance pour lui.
Merci.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la condition féminine, bonsoir. Je vous remercie de nous donner l'occasion de parler de la situation de la Coalition pour l'équité salariale du Nouveau-Brunswick.
La coalition est un organisme sans but lucratif bilingue qui fait la promotion d'une loi sur l'équité salariale dans les secteurs public et privé. Elle intervient principalement au niveau provincial, mais parfois aussi au niveau fédéral. Nous comptons maintenant 81 organismes membres et environ 700 membres individuels. Notre organisme a été fondé en 1998. Son histoire est donc un peu plus courte que celle de nos organisations soeurs. Quoi qu'il en soit, il existe depuis 12 ans. Nous ne recevons aucun financement de base de quelque gouvernement que ce soit. Condition féminine Canada est notre principal bailleur de fonds et, selon nos dossiers, nous avons réalisé sept projets dans le cadre de cet organisme depuis notre fondation.
Nous avons fait notre dernière demande de financement en septembre 2009. Notre projet visait à favoriser la participation à la vie démocratique et économique de 4 000 femmes, au total, notamment les jeunes femmes de 16 ans et plus, les femmes immigrantes, les femmes autochtones ainsi que les femmes qui travaillent dans différentes sphères. Par l'entremise de la production et de la distribution d'informations, de séances de travail, de présentations théâtrales et d'Internet, entre autres, et dans les deux langues officielles, nous devions aborder les questions suivantes: la structure du marché du travail, la discrimination au travail et les outils disponibles pour améliorer les conditions salariales des femmes.
Ce projet allait aussi consolider un réseau de 80 femmes représentant huit groupes de diverses régions de la province à qui on allait offrir des ateliers et des outils de leadership: sensibilisation, travail avec les médias, réseautage. On allait aussi faciliter l'échange sur les meilleures pratiques, en français et en anglais, entre ces groupes. Nous avons appris, le 9 avril 2010, que nous n'aurions pas de financement pour ce travail. La raison donnée était que plusieurs projets avaient été soumis et qu'il n'y avait pas assez d'argent pour les financer tous. Nous comprenons que les ressources sont limitées, mais nous ne pouvons pas nous expliquer pourquoi notre projet a été refusé. D'après nous, il répondait aux critères de financement. De plus, pour ce qui est du partenariat avec Condition féminine Canada, notre historique est excellent.
D'ailleurs, cette année, l'un de nos projets a été choisi comme l'un des meilleurs au niveau national, afin qu'on en étudie les impacts à moyen et long terme. De plus, le leadership de notre organisme est entièrement féminin. C'est important, dans le cas d'un programme qui vise à développer le leadership des femmes. Notre expertise est reconnue par divers ordres de gouvernement de même que par la population néo-brunswickoise et de nombreux intervenants sur la scène publique. Nous comptons aussi sur un appui considérable de la population.
[Traduction]
La Coalition prône une loi proactive sur l’équité salariale qui suivrait les recommandations mises de l'avant par le Groupe de travail sur l’équité salariale en 2004 et continue à promouvoir la sécurité économique des femmes.
Nous profitons de notre présence ici pour questionner les effets à moyen et long terme des nouveaux critères de financement du Fonds communautaire pour les femmes, établis il y a environ trois ans. En effet, contrairement au programme précédent, la revendication pour les droits des femmes est totalement exclue de financement. Pourtant, la revendication est à l’origine d'améliorations importantes pour les Canadiennes. Pensons par exemple au droit de vote, aux congés de maternité ou au salaire égal pour un travail égal. Ces droits acquis de haute lutte ont eu un impact réel dans la vie de millions de Canadiennes et n'auraient pu être implantés au cas par cas. Qui donc mieux que les groupes de femmes prendraient la défense de leurs droits tout en préservant les acquis? Malheureusement, le financement de Condition féminine Canada ne s'adresse plus seulement aux groupes de femmes et autres partenaires qui militent pour l’égalité des femmes, mais à tout groupe à but non lucratif ou même à but lucratif, à l’exception des coopératives, des syndicats, des universités et des collèges.
Aussi, bien que les fonds disponibles aient augmenté, ils sont moins accessibles aux groupes de femmes. Ceux-ci ne reçoivent aucune considération spéciale, même s’ils ont été constitués par des femmes pour répondre aux besoins des femmes. Cette année, l’un des objectifs du Fonds communautaire des femmes était de « promouvoir leur accès à des postes de responsabilité et de décision et à la vie démocratique ». Questionnons-nous sur le fait qu'avec les nouveaux critères d'admissibilité, les groupes de femmes ne soient pas au centre même des lieux privilégiés de participation des femmes à la vie démocratique.
En conclusion, nous nous demandons si notre expertise, notre engagement pour l’égalité des femmes, la reconnaissance par la population et le gouvernement pour notre travail et notre historique auprès de Condition féminine Canada ont été pris en compte dans l’évaluation de notre projet. À notre avis, tous ces facteurs confirment notre capacité de continuer avec détermination à promouvoir et consolider les droits des femmes ainsi qu'à faciliter leur participation économique. Nous apprécions l’occasion de faire valoir notre travail. Nous voyons aussi ici l’occasion de proposer des critères de financement qui répondent mieux aux besoins des femmes. II s'agit véritablement d'un moment de réflexion collective sur la façon de promouvoir efficacement l’égalité des femmes au Canada pour les générations futures — je pense ici plus particulièrement à ma fille.
Merci de bien vouloir prendre ce temps de réflexion avec nos organismes du terrain.
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Bonsoir, membres du comité. Je m'appelle Shannon Phillips. Je suis présidente bénévole du conseil d'administration du Womanspace Resource Centre, situé à Lethbridge, en Alberta.
Je vais commencer par vous fournir des renseignements de nature générale à propos de Womanspace. Notre organisation est établie à Lethbridge, mais fournit également des services aux femmes de Fort-Macleod, de Taber et des collectivités des premières nations Kainai et Pikanii.
Womanspace est en activité dans le sud de l'Alberta depuis plus de 25 ans. Nous sommes financées principalement par Condition féminine Canada depuis 1985, et nos demandes de subvention n'ont jamais été refusées. Nous avons également été subventionnées par divers programmes de financement provinciaux. Nous jouissons d'un soutien et d'une cote d'estime considérables dans la collectivité.
Selon la portée des projets sur lesquels nous avons travaillé dans le passé, nous avons engagé de deux à cinq employées. À la suite du refus de notre demande de subvention, nous avons dû mettre à pied notre seule employée de longue date, et nous n'avons gardé que deux femmes à temps partiel pendant que nous rebâtissons l'organisation. L'une d'entre elles m'accompagne aujourd'hui — il s'agit de Tina Shingoose Fancy.
J'aimerais tout d'abord vous parler brièvement de ce que Womanspace fait avec le financement fourni par Condition féminine Canada et des projets que nous avons proposés lorsque notre demande de financement a été rejetée. Le dernier projet que nous avons exécuté en 2008-2009 s'est déroulé dans un contexte où des changements étaient apportés au mandat du ministère.
Notre organisation a relevé ces nouveaux défis avec enthousiasme et créativité. Nous avons aidé les femmes à faible revenu à produire leur déclaration de revenu pendant plus d'une dizaine d'années, et nous avons constaté que ces femmes avaient de graves lacunes en matière d'information financière. Nous nous sommes également aperçues que les femmes à faible revenu faisaient face à des obstacles particuliers empêchant leur pleine participation à la société, et, dans notre communauté, ces femmes sont souvent autochtones.
Notre projet de 2008-2009 comportait des ateliers d'information financière et aplanissait tous les obstacles possibles à la participation des femmes en offrant, entre autres, des repas aux participantes, des billets d'autobus et un service de garde pour les enfants. Les participantes ont suivi des cours dispensés par des professionnels financiers qualifiés sur des sujets tels que l'établissement d'un budget, la retraite et l'endettement. Ces cours leur ont également permis de comprendre les différents instruments d'épargne et de placement, comme les comptes d'épargne libre d'impôt, et les REER. De plus, nous leur avons fourni de l'aide pour ouvrir des comptes bancaires et maintenir les frais bancaires au minimum, et pour obtenir une pièce d'identité appropriée. De nombreuses femmes vulnérables n'avaient pas de comptes bancaires parce qu'elles ne possédaient pas de pièce d'identité, celle-ci ayant été perdue, volée ou détruite, souvent par un conjoint violent.
Le succès du projet d'information financière pour les femmes à faible revenu a dépassé toutes les attentes. En 18 mois, Womanspace a fourni des services à 825 femmes. Les sessions d'information sur la littératie financière, l'aide pour obtenir des comptes bancaires et des pièces d'identité et l'aiguillage vers des professionnels financiers accessibles et non intimidants se sont avérés être des services dont des centaines de femmes dans le sud de l'Alberta avaient désespérément besoin.
Il n'y avait pas d'autres services comme les nôtres dans le sud de l'Alberta. Nous avons offert nos services à de nombreuses femmes arrivées récemment des réserves Kainai et Pikanii. Comme environ les deux tiers de nos clientes sont des femmes autochtones, nous nous sommes également engagées dans un partenariat en règle avec la Opokaa'sin Early Intervention Society, un organisme qui travaille auprès des familles autochtones.
À présent, j'aimerais dire quelques mots à propos de la demande de financement qui a été refusée. Le projet de 2008-2009 constituait un excellent point de départ pour notre demande suivante. Dans le premier projet, aucune subvention n'était réservée aux services directs à la clientèle, mais la plupart des femmes avaient besoin de rencontres individuelles et de recevoir des conseils en matière de finances sans se sentir jugées. Par conséquent, les services à la clientèle directs et personnalisés faisaient partie de la demande de subvention pour la phase II. Les services directs à la clientèle signifiaient que les femmes pouvaient obtenir les conseils dont elles avaient besoin pour constituer un patrimoine et accroître leurs capacités personnelles.
La phase II proposait également des moyens innovateurs permettant de mieux atteindre notre clientèle autochtone. Nous avions planifié la présentation d'ateliers sur l'autonomie sociale accessibles à toutes, en gardant présents à l'esprit les aspects spécifiques de la culture autochtone et en reconnaissant que les terres traditionnelles des Pieds-Noirs couvrent le sud de l'Alberta.
Au cours de la phase I, nous avions remarqué à de multiples reprises que notre clientèle avait de la difficulté à acquérir une indépendance financière à cause de questions liées au manque d'autonomie sociale. Nous avions planifié d'engager un coordonnateur autochtone à l'aide des fonds recueillis pour la phase II. Nous avions également prévu d'aider des femmes à mettre sur pied des cuisines communautaires de manière à régler des problèmes liés à l'insécurité alimentaire.
Enfin, nous souhaitions élaborer un manuel sur les services de garde destiné spécifiquement à la collectivité de Lethbridge. Tous ces services étaient proposés dans l'optique de favoriser la participation à long terme au marché du travail et l'indépendance financière. Aucun de ces projets prévus ne sera mis en oeuvre.
Notre collaboration avec Condition féminine Canada ne date pas d'hier. Nous avons reçu des commentaires très positifs à propos de notre demande; on nous a dit que nous répondions aux critères, que notre projet était judicieux, novateur et axé sur les résultats, et que le budget que nous proposions était réaliste. Rien ne nous laissait croire que notre demande serait refusée.
Chaque décision que nous prenons dans la vie a des conséquences, et cela vaut également pour les décisions politiques. J'aimerais vous faire part des conséquences de la décision de rejeter notre demande. Tout d'abord, il n'est pas exagéré d'affirmer que cette décision aura des répercussions sur des centaines de femmes du sud-ouest de l'Alberta. Si nous sommes venues en aide à 825 femmes en 18 mois, il est raisonnable de présumer qu'en trois ans, avec une gamme plus vaste de services, nous aurions directement influencé la vie d'au moins 2 000 femmes.
La décision de refuser notre demande de financement a un prix. Cette décision ne fait pas faire d'économies aux contribuables, bien au contraire. Un investissement d'un peu plus de 100 000 $ par année dans Womanspace aide des femmes à prendre leur vie en main, à rester en santé, à se tenir loin des relations violentes et à créer, à long terme, un avenir plus brillant pour leur famille et leurs enfants.
La phase I de notre projet nous a démontré, à de multiples reprises, que lorsque les femmes reçoivent un tant soit peu d'information en matière financière, elles prennent des décisions plus éclairées, lesquelles entraînent des conséquences et des économies spécifiques: réduction du nombre de personnes exigeant un soutien du revenu, réduction des coûts des soins de santé et réduction des coûts du système de justice.
Enfin, j'aimerais me pencher brièvement sur les raisons qu'a données Condition féminine Canada pour justifier son refus de financer des organisations de femmes de longue date. Je tiens à souligner que, à ma grande consternation, notre organisation de Lethbridge n'est pas la seule à s'être vu refuser du financement. L'Alberta Network of Immigrant Women, qui recevait du financement de Condition féminine Canada depuis 1986, a également vu sa demande rejetée sans avertissement ce printemps.
Essentiellement, le gouvernement a justifié sa décision par trois raisons. Tout d'abord, le gouvernement semble privilégier le financement de « nouvelles » organisations. À première vue, cela ne pose pas de problème, mais il est évident qu'il s'agit d'un compromis — le gouvernement a décidé de favoriser de « nouvelles » organisations au détriment d'organisations plus anciennes comme la nôtre, c'est-à-dire de privilégier des organisations qui n'ont peut-être pas d'aussi longs antécédents que nous en matière de défense musclée des intérêts des femmes. L'aversion qu'éprouve le gouvernement à l'égard des organisations féministes reconnues pour leur franc-parler représente la seule explication de cette idée fixe consistant à ne vouloir financer que de nouvelles organisations, car si l'objectif est d'obtenir des résultats concrets, il faut admettre que les organisations qui ont plusieurs dizaines d'années d'expérience de travail dans la collectivité sont mieux à même de fournir des résultats spécifiques et d'atteindre les populations cibles, et si l'objectif est la reddition de comptes, le fait que nous ayons utilisé de manière responsable les fonds octroyés par Condition féminine Canada pendant 25 ans devrait être pris en considération.
De toute évidence, il ne s'agit pas là des objectifs qui sont poursuivis. D'autres explications ont été fournies; par exemple, on a dit que les organisations devaient utiliser de manière plus responsable les fonds publics, ou que le gouvernement souhaitait mettre l'accent sur les organisations qui insistent davantage sur l'action que sur les discours. Ces deux explications sont à mille lieues de la réalité des régions rurales du sud de l'Alberta. Il est assez déroutant pour nos bénévoles, nos clientes et nos partenaires d'entendre dire qu'une organisation qui exécute des programmes qui ne sont offerts nulle part ailleurs et qui a servi 825 personnes en 18 mois avec un budget de 150 000 $ n'agit pas ou n'utilise pas ses fonds de manière responsable.
Il s'agit là de la principale chose que vous devrez retenir de ce qui aura été dit ici aujourd'hui. Le gouvernement peut justifier ses décisions de la manière qu'il lui plaît, mais vous devez savoir que ce genre d'explications ne veut rien dire pour les femmes très vulnérables que nous servons. Ce dont ont besoin les femmes qui sont sur le point de sombrer dans l'itinérance, qui sortent d'une relation marquée par la violence, qui cherchent à se sortir d'une débâcle financière attribuable à la toxicomanie ou qui se trouvent dans quelque situation problématique que ce soit, c'est non pas d'entendre des discours, mais d'obtenir — sans à être jugées — de l'information financière et d'autres services qui les aideront à se bâtir une meilleure vie, et c'est ce que se sont vu refuser des centaines de femmes du sud de l'Alberta en raison de la décision de Condition féminine Canada de rejeter la demande de financement du Womanspace Resource Centre de Lethbridge.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie d'être parmi nous, ce soir.
Mesdames, je vais avoir besoin de votre aide. En effet, j'ai sous les yeux un tableau de Comptes publics du Canada. Ce dernier indique qu'il y a présentement à Condition féminine Canada plus d'argent qu'il n'y en avait auparavant. Pour l'année 2005-2006, on parle d'une somme de 10 977 184 $. De ce montant, 10 268 852 $ ont été utilisés. En 2008-2009, le montant est de 17 550 000 $ et il a été utilisé en entier. Pour ce qui est des contributions, 6 600 000 $ ont été autorisés et 3 474 197 $ ont été utilisés.
J'ai l'impression que Condition féminine Canada reçoit beaucoup d'argent, maintenant. C'est un fait. Savez-vous comment il se fait qu'on change soudainement sa vocation? Avez-vous l'impression que les femmes font l'objet de suffisamment d'équité, qu'elles sont suffisamment égales aux hommes et que la défense des droits, la recherche fondamentale et le lobbying ne sont plus nécessaires? Est-ce que ça pourrait être le cas?
Il me semble que vos groupes, qui faisaient très bien leur travail, avaient l'appui des employés de Condition féminine Canada. Est-ce que je me trompe? Est-ce avec des employés de Condition féminine Canada que vous travaillez? Sur les 16 bureaux, 12 ont été fermés. Est-ce que ces employés sont loin ou près de vous? Les gens avec lesquels vous travaillez sont-ils en fait des employés de Service Canada? J'aimerais que vous me donniez des éclaircissements.
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Bonsoir, mesdames. Soyez les bienvenues à notre comité.
Comme vous le savez, ça fait trois ans que je suis secrétaire parlementaire pour la Condition féminine. J'ai énormément voyagé pour faire des annonces dans diverses parties du Québec et même au Nunavut. Personne ne doute, même du côté de la partie gouvernementale, du travail exceptionnel que vous avez fait avec les femmes. Il faut que vous le sachiez.
Oui, nous avons changé les programmes. Oui, nous avons voulu aider beaucoup plus de femmes directement. C'est vrai. Cette année seulement, on a eu 500 demandes de projets. C'est une des rares fois où Condition féminine Canada a reçu autant de demandes en même temps.
Je dois dire qu'en vous écoutant, il y a certaines choses qui m'apparaissent intéressantes. Vos organismes ont tous déjà reçu du financement de Condition féminine Canada, d'après ce que j'ai compris. Il y a 12, 20 ou 25 ans, ils sont partis de rien et Condition féminine Canada les a aidés. Ces organismes ont contribué à ce que sont devenues les femmes au Canada.
Notre gouvernement a financé au-delà de 78 projets. Comme vous le savez, si on avait tout l'argent qu'on voudrait, on pourrait financer tout le monde, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Il y a maintenant des critères en vue de contrer la violence faite aux femmes et de montrer aux femmes un certain leadership. Il y a une foule de choses.
Une question me vient en tête, parce que vous avez parlé beaucoup de cela. Seriez-vous intéressées si le Fonds communautaire pour les femmes finançait beaucoup plus de projets, mais à moindres coûts? On diminuerait le financement un peu pour avoir plus de projets en partenariat avec d'autres instances. Est-ce que cela vous intéresserait? Trouvez-vous que ce serait une idée? Avez-vous des idées à donner à la nouvelle ministre ?
Nous avons tenté de travailler un peu plus avec les gens sur le terrain. Vous avez fait un travail génial et personne ici, autour de cette table, ne peut négliger l'importance de ce que vous avez fait pour les femmes.
On a investi dans certaines provinces. Je suis allée à Montréal, il y a un ou deux ans, faire l'annonce de projets qui, probablement, si on n'avait pas changé les critères, n'auraient jamais vu le jour. Je pense que toutes les femmes du Canada ont le droit d'avoir accès aux programmes de Condition féminine Canada.
Quand vous avez de nouveaux projets, pouvez-vous entrer en contact avec nous? Je vous ai déjà vue, madame, mais les autres n'ont jamais communiqué avec moi. Je suis la porte-parole, la secrétaire parlementaire, et cela me ferait plaisir de travailler avec vous. Mais, il faut qu'on le sache. Il faut que vous nous aidiez aussi. Moi, je veux aider. On veut aider. Oui, on a changé les critères pour pouvoir travailler avec des groupes qui, à mon avis, ont tous leur pertinence, dès qu'ils parlent des femmes.
Si le Fonds communautaire pour les femmes finançait plus de projets, avec de plus petits montants d'argent et des partenaires, est-ce que ce serait une voie à explorer afin de vous aider?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais tout d'abord revenir sur quelque chose de très important que Mme Stinson a dit au sujet de l'importance du logement. Je dois dire que, grâce au Plan d'action économique, certainement, ma circonscription a pu bénéficier, en particulier grâce à notre partenariat avec B.C. Housing, de très nombreuses places dans des maisons de transition, d'une aide aux personnes âgées à faible revenu, et — la semaine dernière, justement —, de nouveaux refuges pour les femmes. La Colombie-Britannique, seule ou en partenariat avec le gouvernement fédéral, a fait, je crois, des progrès très importants. Je crois que vous avez raison; c'est absolument essentiel, puisque le logement est l'un des déterminants sociaux. Je suppose que la situation est la même dans bien des circonscriptions, mais laissez-moi répéter que je suis très heureuse de voir tout ce que nous avons fait.
Voilà pour mes commentaires. Je vais poser une question après un court préambule.
Avant de me lancer en politique, je travaillais dans le domaine de la santé. Je faisais un peu de gestion et j'assumais en partie un rôle qui ressemble au vôtre, peut-être, c'est-à-dire que je devais rédiger de nombreuses demandes. Le financement ne manquait pas. Je recevais beaucoup de financement pour des projets emballants. Au bout du compte, après avoir touché à cela et avoir réfléchi à cette démarche consistant à demander des subventions, à obtenir du financement et à lancer des programmes fructueux, j'ai fini par concevoir une théorie. Ma théorie — et c'est simplement une opinion personnelle — est la suivante: nous devrions accorder des subventions, des subventions ponctuelles pour des projets particuliers. Nous devrions verser des subventions qui nous permettent de passer d'une étape à une autre; nous pourrions aussi verser un financement de base.
Encore une fois, je crois que c'est ce qui se passe partout, tout le temps. C'est pourquoi je me demande s'il ne conviendrait pas d'adopter une autre philosophie quant à nos façons de faire.
C'était pour moi terriblement frustrant, mais je suis convaincue que les subventions sont nécessaires car, comme je viens de l'expliquer, elles permettent de réaliser des projets et de nous faire passer d'une étape à une autre.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je suis un peu abasourdi par tout ce que j'entends. Vous avez dit que les critères avaient été changés. Ici, on indique: éliminer la violence faite aux femmes, améliorer la sécurité et la prospérité économique, encourager les femmes et les filles à occuper des postes de responsabilité et de décision. Chacune d'entre vous a dit que son organisme satisfaisait aux critères quand vous avez présenté votre demande.
Je ne sais pas si quelqu'un du côté du gouvernement peut m'aider à comprendre ce que j'ai de la difficulté à comprendre et à saisir. Normalement, quand on fait un investissement, que ce soit d'ordre gouvernemental ou privé, on recherche la stabilité et il faut rendre des comptes. Or on vous demande ce que vous avez fait et où vous allez. Durant toutes ces années, on vous a dit que vous aviez fait un bon travail, on vous a félicitées. Toutefois, aujourd'hui, malheureusement, personne ne vous donne de réponse relativement au refus de financer vos programmes.
Je veux ajouter que la lutte des femmes est quelque chose de fragile dans notre société. Je pense que tout le monde autour de la table est sensible à cela. Si on considère les principales luttes qui ont été menées, elles ont été importantes. Pensons simplement au droit de vote des femmes, c'est important. Quand j'observe les critères et le travail que vous avez fait, je me demande comment on peut en arriver à complètement ignorer cela, à ignorer tout l'argent investi, les millions de dollars investis dans plusieurs organismes pour aujourd'hui en arriver à cette situation.
J'aimerais vous entendre parler surtout de la stabilité de vos programmes et de ce que cela a rapporté finalement. Y a-t-il eu des contacts avec le ministère au sujet de vos activités, des critiques à votre égard, à part le militantisme? Je crois que les femmes se sont battues et, être militantes, ce n'est pas un pêché mortel, c'est normal, à mon avis. Mais, avez-vous fait quelque chose d'incorrect dans le cadre de votre travail?
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Même si vous faites du bon travail, comme vous l'avez souligné, vous devez être un peu contrariées parce qu'il y aura toujours des organismes qui n'obtiendront pas de financement ou des groupes qui ont de bonnes idées, dans certains cas, pendant toutes ces années où vous obteniez, chacune d'entre vous, du financement. Ce doit être frustrant de voir qu'il y a beaucoup d'autres groupes qui n'obtiennent pas de financement mais qui ont de bonnes idées. Quels conseils leur donneriez-vous pour faire face à cette situation?
L'une des impasses dans lesquelles nous nous trouvons actuellement a été, de fait, mentionnée hier dans l'une des premières questions de la période de questions, et aussi aujourd'hui, si je ne me trompe, par le chef de l'opposition. Il s'agit de l'important déficit qui a été créé par le ralentissement économique. Le chef de l'opposition a affirmé que, selon lui, l'une de nos grandes priorités consiste à nous attaquer dès maintenant à ce déficit.
L'un des problèmes avec lesquels nous sommes aux prises, c'est de trouver comment nous pouvons gérer les ressources dont nous disposons pour nous assurer d'en tirer profit le plus possible. Je pense à certains groupes de l'Alberta. Ils font partie des groupes qui ont reçu du financement: l'Alberta Council of Women's Shelters; l'Association canadienne pour la santé mentale, Changing Together, a centre for immigrant women; l'Edmonton Mennonite Centre for Newcomers, l'Immigrant Services Calgary, l'United Cultures of Canada Association et la Westlock Women's Association. Ce sont toutes, je dirais, de très bonnes organisations qui font du bon travail, comme vous; certaines n'ont peut-être pas autant d'expérience que vous, mais chacune d'entre elles, je dirais, fait probablement un travail très valable. Comment pouvons-nous, dans le contexte actuel, compte tenu de tout ce à quoi le Canada fait face, trouver un équilibre entre prendre les moyens d'agir sur le terrain et lutter contre le déficit, comme l'a proposé le chef de l'opposition, proposition que nous sommes tous prêts à envisager, de toute évidence. À quel organisme d'une liste comme celle-là devrions-nous dire: « Désolé, nous devons vous exclure pour inclure un autre groupe »?
Enfin, ne va-t-il pas sans dire — je me trompe peut-être — que, comme vous avez beaucoup d'expérience, vous avez la capacité d'aller de l'avant et de surmonter certaines des modifications apportées au financement de façon à créer certaines occasions de financement? Vous avez, au fil des ans, établi beaucoup de liens par rapport à d'autres organismes, donc, après tout ce temps...
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Je vais essayer d'être brève.
En ce qui concerne cette idée selon laquelle nous avons la capacité d'aller de l'avant... Eh bien, nous jouissons d'un grand soutien au sein de la collectivité, mais il n'y a pas d'autres voies de financement.
En ce qui concerne les groupes de femmes de l'Alberta et les autres groupes — parce que l'Association pour la santé mentale n'est pas un groupe de femmes, mais reçoit du financement — personne n'est venu représenter la région ici parce qu'il n'y a personne, dans le sud de l'Alberta, au sud de Calgary, qui a reçu du financement.
En ce qui concerne le processus de demande, je serai heureuse de fournir des commentaires à ce sujet.
En ce qui concerne les déficits, les pays de l'OCDE investissent dans des aspects comme la littératie financière et la participation économique des femmes. Un rapport très récent du comité des ministres du travail du G-20 mentionnait que ce sont des choses comme les investissements dans la littératie financière et la formation qui aideront, de fait, les États à se sortir de situations de déficit et qu'on ne doit pas réduire les investissements à ce sujet.
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Mesdames, je m'excuse de ne pas avoir pu assister à vos exposés. J'étais à une réunion d'un autre comité, et nous examinions un projet de loi article par article. Je suis navrée, mais il s'agissait d'une priorité. Je m'en excuse.
Madame Phillips, je veux vous poser une question, mais je veux d'abord vous raconter une histoire.
Il y a deux organisations féminines qui exercent leurs activités dans ma circonscription. L'une d'entre elles dépend entièrement du financement versé par les administrations municipales, régionales et provinciales. Les responsables de cette organisation ont commencé à comprendre qu'elles devaient prendre les devants et trouver d'autres modes de financement parce qu'il n'y a pas assez d'argent dans la tirelire régionale ou provinciale pour lui offrir ce dont elle disposait par le passé. Les responsables de l'organisation s'adressent donc à des organismes sans but lucratif de la région. Elles ont rendu visite au club Lions. Je suis membre exécutive du club Lions de la région. Nous effectuons beaucoup d'activités de financement, et une grande partie de l'argent ainsi recueilli a été versée à l'organisation féminine sous forme de dons. Elles ont certaines contraintes quand vient le temps d'agir puisqu'elles sont limitées, je suppose, par les règles d'éthique de la région, de la municipalité ou de la province.
L'autre organisation féminine située dans ma ville connaît un succès énorme, à tel point que, l'an dernier, la directrice exécutive a fait une collecte de fonds pour une autre organisation féminine située juste à l'extérieur de ma circonscription — dans la circonscription de Paul Calandra, de fait — et lui a remis 35 000 $. Elle a établi un nombre incroyable de liens. Elle a des liens avec des représentants de la Baie et avec des organisations comptables de la région. Ce que je veux dire, c'est qu'elle a tellement de succès qu'elle donne de l'argent. Elle ne reçoit absolument aucun financement de quelque ordre de gouvernement que ce soit. Je regarde ce qu'elle a réussi à accomplir grâce à la structure qu'elle a mise en place... Son organisation a une portée nationale.
Ma question, madame Phillips, si je peux me permettre, madame la présidente, concerne votre commentaire au sujet du processus de demande et du fait qu'il n'est pas mentionné s'il s'agit d'argent frais. Y a-t-il déjà eu, en 25 ans, raison de croire que Condition féminine Canada verserait de l'argent à perpétuité? Ne serait-il pas possible, ou ne serait-il pas juste que de nouveaux organismes puissent présenter une demande puisqu'ils ont de bonnes idées, mais qu'ils ont besoin d'argent pour les mettre en oeuvre?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci d'être venues.
Nous sommes rendus à discuter des raisons pour lesquelles les autres organismes obtiennent du financement; je pense qu'il est vraiment injuste que nous ne puissions pas faire venir ces personnes ici pour nous dire pourquoi, à leur avis, elles ont reçu du financement.
Nous avons aussi discuté du fait que, quand on tient compte du nom des organismes ou des associations qui obtiennent de l'argent, on a l'impression que ce ne sont pas des groupes de femmes; pourtant, ce que nous cherchons, ce sont des projets qui aident les femmes. Par exemple, si un groupe d'aînés offre de l'aide aux femmes aînées, je ne vois pas pourquoi Condition féminine ne devrait pas lui offrir de financement. Il en va de même pour les organismes d'aide aux immigrants; quand ils accomplissent un projet — non pas à l'échelle de la société — qui vise plus particulièrement à aider les femmes immigrantes, il me semble logique que Condition féminine souhaite le financer.
Dans certains cas, vous pouvez vous adresser à d'autres organismes de financement. Par exemple, un groupe de jeunes de mon comté a obtenu du financement du programme Nouveaux Horizons. Au départ, j'étais étonnée, mais ils m'ont expliqué que leur but était de faire sortir les aînés et de demander à des jeunes de les aider. Je trouve tout à fait logique qu'un programme destiné aux aînés leur verse du financement.
Je le répète encore et encore: si ces personnes, qui ont d'excellentes idées, ne viennent pas nous rencontrer pour nous expliquer les raisons pour lesquelles elles méritent le financement, nous n'avons pas une vision d'ensemble de la situation.
J'aimerais poser une question. Avez-vous essayé de nouveau? Êtes-vous prête à essayer de nouveau? Si vous connaissez les critères et que vous êtes en mesure de communiquer avec la ministre... avez-vous essayé de nouveau? Avez-vous présenté de nouveau une demande?
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Je crois que nous avons terminé cette série de questions, et il nous reste encore six minutes. Je ne pose habituellement pas de questions à titre de présidente, mais je pense que j'aimerais profiter de l'occasion pour poser quelques questions. Je pose des questions parce que c'est un enjeu qui m'intéresse beaucoup. J'ai été Secrétaire d'État à la Condition féminine pendant plus de six ans et je comprends très bien les problèmes associés à la distribution d'une petite quantité de fonds à de nombreuses personnes.
Je vous entends dire qu'il doit y avoir des critères clairs. Quand j'étais ministre, je n'intervenais pas dans les décisions de financement. Le ministère faisait des choix en fonction des critères clairs et objectifs. La seule fois où je suis intervenue à titre de ministre, c'est quand on m'a demandé de me pencher sur le cas d'un certain groupe non financé pour déterminer s'il méritait du financement; il s'agissait d'un groupe qui ne respectait pas les critères, mais qui faisait du travail particulièrement utile.
Je pense donc que je comprends bon nombre de vos propos au sujet des critères. Je comprends aussi qu'il faut intégrer les nouveaux groupes qui font leur apparition et j'aimerais connaître votre point de vue à ce sujet. Je comprends qu'il y a là un besoin. Certaines personnes travaillent dans de petits secteurs n'ayant jamais reçu de financement auparavant. J'aimerais que vous me disiez comment, à votre avis, on peut aider ces groupes. Je sais que Mme Beeman ou Mme Stinson a proposé d'utiliser diverses enveloppes de financement et, peut-être, en offrir une aux groupes qui débutent, puis voir comment ils s'en sortent et leur offrir, le cas échéant, un financement de base ou un financement à long terme d'une façon ou d'une autre. J'aimerais savoir comment, à votre avis, nous pouvons aider les nouveaux groupes qui font face à de nouveaux problèmes dans des régions particulières maintenant que l'on sait qu'ils ont ces problèmes.
La dernière question que j'aimerais vous poser concerne un aspect que je sais que vous avez mentionné.
Quand j'étais ministre, je trouvais très important d'avoir le point de vue des bureaux régionaux. Il y avait des bureaux régionaux partout au pays. Les directeurs de ces bureaux connaissaient les groupes et savaient ce qui se passait dans leur région. Ils comprenaient la situation. Ils avaient collaboré avec ces groupes. Ils savaient si les groupes avaient fait ce que l'on attendait d'eux ou non, en plus de savoir dans quels secteurs des problèmes pouvaient survenir subitement. J'ai toujours dit que c'était eux qui pouvaient vraiment nous dire quels étaient les groupes qui avaient besoin de financement.
Que pensez-vous de la possibilité de rouvrir les bureaux régionaux? Pensez-vous que cela serait utile pour le financement?