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Merci beaucoup, monsieur le président, merci aux membres du Comité et au commissaire électoral de la Nouvelle-Zélande. Bien le bonjour de Canberra. Merci de cette invitation à comparaître aujourd'hui.
Comme le savent peut-être les membres du Comité — et comme vous venez tout juste de le dire —, je suis commissaire de la Commission électorale de l'Australie. Je suis responsable des élections fédérales et des référendums en Australie. Nous avons aussi en Australie sept autres commissions électorales à l'échelon des États et des territoires. Je suis en outre responsable de certaines élections industrielles, mais nous n'aborderons pas cet aspect aujourd'hui.
Je crois savoir que votre mandat consiste à examiner différents autres modes de scrutin viables ainsi que les questions du vote obligatoire et du vote en ligne. Dans ma déclaration préliminaire, aujourd'hui, je parlerai de toutes ces choses, d'une certaine façon, mais j'aimerais d'abord explorer un peu plus le système électoral australien.
Comme vous l'avez dit, nous avons à l'échelon fédéral un système à deux chambres, soit une chambre basse, que nous appelons la Chambre des représentants, et une chambre haute que nous appelons le Sénat. Les membres de ces deux chambres sont élus par la population, mais ils sont élus au moyen de deux modes de scrutin différents.
Pour la Chambre des représentants, nous avons un mode de scrutin préférentiel complet. Il faut pour cela que les électeurs attribuent à chacun des candidats un numéro et un rang en fonction de leurs préférences. Un candidat est élu lorsqu'il obtient plus de 50 % des votes valides. Si aucun candidat n'est le premier choix de 50 % des électeurs, le candidat qui a obtenu le moins de votes est éliminé, et les votes préférentiels de ce candidat sont alors répartis entre les candidats restants. Le processus de répartition des préférences se poursuit jusqu'à ce qu'un candidat obtienne plus de 50 % des votes.
Selon ce mode, l'électeur doit remplir toutes les cases du bulletin de vote pour que son bulletin soit valide et que son vote soit inclus dans le décompte. Bien sûr, certains électeurs ne remplissent pas toutes les cases, et nous parlons alors de bulletins nuls. Il y a des dispositions législatives particulières qui permettent de conserver certains bulletins, dans certaines circonstances. Cependant, il y a des bulletins de vote qui restent nuls.
Le taux de non-conformité, relativement faible et constant, tourne autour d'environ 5 % dans le cas des élections fédérales à la Chambre des représentants. Pour les élections de 2016, qui sont en cours, le taux de non-conformité n'a pas encore été déterminé, mais je m'attends à ce qu'il soit à peu près le même, voire peut-être un peu plus bas dans certains cas. Pour certains sièges, le taux de non-conformité reste élevé, et divers facteurs expliquent cela. Je serai heureux de fournir plus d'explications plus tard, si cela vous intéresse.
Pour le Sénat, les candidats sont élus au moyen d'un système de représentation proportionnelle. Essentiellement, ce système permet d'élire un certain nombre de candidats qui représenteront une circonscription lorsqu'ils auront obtenu une proportion donnée des votes. Pendant plus de trois décennies, nous avons utilisé des listes de candidats qu'on appliquait aux préférences des électeurs jusqu'à ce que tous les postes vacants soient comblés. Toutefois, en mars dernier, nous avons adopté de nouvelles dispositions législatives établissant un système préférentiel partiel qui permet aux électeurs de délimiter leurs préférences. À mon avis, c'est l'un des plus importants changements apportés au système électoral de l'Australie depuis 1994, et nous avions quatre mois pour le mettre en place à temps pour les élections du 2 juillet 2016.
Cette réforme comporte divers éléments; entre autres, nous avons utilisé pour la première fois un système de balayage électronique des bulletins de vote pour les élections fédérales australiennes, et nous avons lancé une très vaste campagne d'éducation nationale. Encore une fois, je me ferai un plaisir d'en parler davantage plus tard, si cela intéresse votre comité.
Ces dernières semaines, on a parlé — en Australie, du moins — de la perception selon laquelle le dépouillement du scrutin par la Commission électorale de l'Australie aux élections fédérales ne se faisait pas assez vite. J'aimerais préciser que la vitesse du dépouillement par la Commission tient à la façon dont le suffrage est exprimé, non pas au fait que nous utilisons un système de scrutin préférentiel et proportionnel. Bien sûr, le comptage selon un système préférentiel peut prendre plus de temps qu'un comptage selon un mode uninominal majoritaire à un tour. Toutefois, le temps qu'il nous faut pour déterminer le résultat tient à d'autres aspects de notre loi, en particulier le fait que les électeurs peuvent voter d'à peu près n'importe où en Australie ou dans le monde lorsqu'il y a des élections chez eux. Pour faciliter cela, la Commission doit appliquer un complexe système d'échange de votes après les élections.
Les votes peuvent également être reçus jusqu'à 13 jours après le jour de l'élection, et la Commission est chargée de faire parvenir tous ces votes à la division concernée, qui pourra confirmer le droit de vote de l'électeur. Cela veut dire que vous pouvez voter lorsque vous êtes d'un côté de l'Australie, mais, pour que le bulletin soit physiquement compté, je dois l'envoyer de l'autre côté de l'Australie, dans la division concernée, où il sera compté.
Tout cela doit être fait avant que nous ne puissions même commencer à compter ces votes. De plus, le nombre d'électeurs qui votent par anticipation continue à augmenter, et cela a d'importantes répercussions sur la logistique. Il faut renvoyer toutes ces enveloppes à la division concernée, et cette exigence nous pose quelques problèmes.
Je vais maintenant parler du vote obligatoire.
En Australie, il est obligatoire d'être inscrit sur la liste électorale et de voter aux élections fédérales. L'inscription obligatoire des citoyens australiens, à l'échelon fédéral, a été adoptée en 1918; le vote obligatoire a été adopté ensuite, en 1924.
Aux dernières élections, nous estimons qu'environ 95 % des électeurs admissibles étaient inscrits. Cela représente 15,6 millions de personnes. C'est le nombre d'électeurs le plus élevé que nous ayons jamais vu, et c'est probablement la liste électorale la plus complète que nous ayons jamais eue dans toute l'histoire de l'Australie. Chaque citoyen a la responsabilité de mettre à jour les détails concernant son inscription; toutefois, nous avons également mis en place un système d'inscription et de mise à jour directes de la liste fédérale, ce qui soutient le processus. Nous nous fondons sur des données réunies par des tiers de confiance, par exemple l'information sur le permis de conduire, pour l'inscription ou la mise à jour des renseignements sur les électeurs.
Selon les lois en vigueur, nous ne disposons en réalité d'aucun moyen de poursuivre avec succès des électeurs admissibles qui ne se sont pas inscrits. Si je dis cela, c'est que l'inscription est une défense absolue contre toute accusation de défaut d'inscription, ce qui fait que, si nous décidons d'aller au bout de ce processus et de traîner quelqu'un devant les tribunaux, bien souvent, cette personne va en fait s'inscrire une fois rendue au tribunal, et c'est une défense absolue contre le défaut d'inscription.
L'inscription et le vote obligatoires sont considérés comme un aspect normal de la culture politique de l'Australie. De nombreuses données probantes permettent de croire que les gens soutiennent le vote obligatoire: en 2013, la dernière fois où nous avons fait une enquête, environ 70 % des gens se disaient en faveur du vote obligatoire. Aux toutes dernières élections fédérales, qui viennent tout juste d'avoir lieu, environ 90 % des électeurs sont allés voter, mais nous devrons confirmer ce chiffre dans les semaines à venir, lorsque nous aurons terminé tous les processus liés à cette élection.
Selon notre système de vote obligatoire, les électeurs inscrits qui ne sont pas allés voter reçoivent une lettre le leur signifiant. Les électeurs doivent alors soit répondre en fournissant une excuse valide pour ne pas avoir voté, soit payer une très légère amende de 20 $. Un faible nombre des électeurs qui ne paient pas cette amende font alors l'objet d'une poursuite; je crois qu'aux dernières élections, nous avons poursuivi jusqu'au bout environ 3 000 personnes.
En Australie, notre comité des questions électorales a examiné un certain nombre de fois la question du vote obligatoire; toutefois, notre Parlement fédéral n'est jamais allé plus loin dans cet examen.
Passons maintenant au vote électronique.
La question du vote électronique relève du Parlement australien, et non de la Commission électorale, et cela exigerait une modification de notre loi. À l'échelon fédéral, nous n'utilisons pas le vote électronique, ni le vote sur Internet. En 2014, notre comité des questions électorales a étudié la question du vote électronique, et selon lui, indépendamment de l'opinion philosophique qu'on peut avoir concernant le vote électronique, il est impossible d'adopter de façon généralisée le vote électronique dans un avenir proche, car cela supposerait des coûts énormes et des risques inacceptables pour la sécurité.
Toutefois, au cours des dernières semaines, notre premier ministre et le chef de l'opposition ont tous les deux promis d'appuyer l'étude d'une forme quelconque de vote électronique, et cela, encore une fois, découle des perceptions sur le temps qu'il nous faut pour déterminer les résultats. Je ne veux pas conjecturer sur le modèle que nous adopterions, sur la façon dont il serait introduit, ni sur le moment où ce serait fait, puisque cette question relève du Parlement.
À l'échelon des États et des territoires, certaines commissions ont fait l'essai du vote électronique. Sur le Territoire de la capitale de l'Australie, où se trouve Canberra, le vote électronique est utilisé dans les centres de vote par anticipation depuis 2001. Ces centres utilisent un système d'ordinateurs personnels. Dans l'État de la Nouvelle-Galles du Sud, le vote par Internet a fait l'objet d'essais en 2011 et en 2015 pour certaines catégories d'électeurs, c'est-à-dire les électeurs handicapés et ceux qui se trouvent à plus de 20 km d'un bureau de vote. Si je ne me trompe pas, bien au-delà de 250 000 électeurs ont pu voter par Internet aux dernières élections en Nouvelle-Galles du Sud. Je sais que les médias ont abondamment parlé des aspects de ce système qui concernent la sécurité, mais je ne pourrais pas en dire plus. Je n'ai rien à voir avec ce système.
Nous n'utilisons pas le vote électronique, mais bien notre processus électoral se fait déjà par voie électronique à bien des égards. Nous permettons aux électeurs de s'inscrire en ligne depuis un certain nombre d'années, et les électeurs peuvent aussi présenter en ligne une demande afin de voter par voie postale. L'utilisation accrue des formulaires électroniques en Australie a permis de simplifier le processus lié à ces transactions sans réduire les contrôles en place.
Nous avons également adopté pour la première fois, à l'occasion des élections de 2016, le balayage électronique des bulletins de vote pour le Sénat. En ce moment même, d'immenses centres de balayage électroniques — dans tous les États — sont en train de lire les bulletins de vote pour les élections au Sénat de 2016.
Nous avons aussi, lors des deux dernières élections, utilisé des listes électroniques certifiées. Il s'agit d'une version électronique de la liste électorale où figure le nom des électeurs ayant le droit de vote. Je crois que c'est une excellente initiative. Dans cette liste, nous pouvons chercher le nom d'une personne et le rayer, mettre à jour en temps réel la copie centrale de la liste certifiée et, à certains endroits, imprimer sur demande des bulletins de vote pour les élections à la Chambre des représentants. Aux dernières élections, nous avions quelque 1 500 dispositifs à cette fin. C'est coûteux, mais cela en vaut la peine.
J'aimerais aborder rapidement deux autres aspects de notre système électoral afin de vous donner une bonne idée de la façon dont nous procédons.
Selon notre loi électorale, la Commission électorale a l'entière responsabilité des initiatives de redécoupage de la carte électorale. C'est un processus apolitique, aucun parti politique ni politicien n'y participe. Il me faut souligner que le redécoupage de la carte électorale n'exige aucunement l'approbation du Parlement. Nous lançons des invitations à formuler des observations ou des objections à l'égard du remaniement, mais la décision revient à la Commission électorale, formée de trois personnes et présidée par un juge.
Un autre aspect de notre travail a trait à la gestion du financement et du régime de divulgation, conformément à notre loi électorale. Cela englobe l'inscription des partis et des logos des partis de même que la divulgation des dépenses et des recettes enregistrées pendant une campagne électorale et des dépenses courantes pendant l'année. Ce régime a pour but d'informer le public sur les transactions financières des partis politiques, des candidats et de toutes les autres personnes participant à ce processus. Nous sommes responsables de la gestion de ce processus, lequel doit être apolitique et indépendant. Comme c'est le cas pour d'autres aspects de notre système électoral, tout changement au système de financement et de divulgation est aussi l'affaire du Parlement.
Merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions et de fournir toute autre information que le Comité pourrait trouver utile.
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Veuillez alors, s'il vous plaît, prendre la diapo 5, qui traite du processus de réforme électorale au terme duquel la Nouvelle-Zélande a adopté le système de la représentation proportionnelle mixte en 1993.
Le processus a été lancé en raison de l'insatisfaction croissante du public, dans les années 1970 et au début des années 1980, quant à l'iniquité perçue de notre système uninominal majoritaire à un tour et de sa tendance à produire des assemblées législatives qui ne reflétaient pas le vote à l'échelle du pays.
La Commission royale d'enquête sur le système électoral a été mise sur pied en 1985. Pendant 18 mois, elle a tenu des réunions, consulté largement le public, envisagé une large gamme d'options pour la réforme et déposé son rapport en 1986. Elle a recommandé l'adoption d'un système de représentation proportionnelle mixte et la tenue d'un référendum exécutoire en même temps que les élections générales de 1987 afin d'offrir aux électeurs la possibilité de choisir entre le système uninominal majoritaire à un tour et le système de représentation proportionnelle mixte.
Il n'y a pas eu de référendum au moment des élections de 1987, mais il y a eu une période de débat politique et public continu, au cours de laquelle un comité parlementaire spécial a mené une étude sur la réforme du système électoral, en 1988.
Ensuite, en 1991, on a adopté une loi prévoyant un processus de réforme en deux étapes.
La première étape consistait en un référendum, à des fins indicatives, qui s'est tenu en septembre 1992; les Néo-Zélandais devaient répondre à deux questions: la première consistait à savoir s'ils voulaient changer le système électoral; et la seconde, indépendante des résultats de la première, visait à savoir, s'il devait y avoir un changement, lequel de quatre systèmes — la représentation proportionnelle mixte, le système du député supplémentaire, le système de vote préférentiel, ou le système de vote unique transférable — ils appuieraient.
Le référendum a été précédé d'une vaste campagne d'éducation publique mise en oeuvre par un comité indépendant du référendum électoral, présidé par l'ombudsman en chef.
Le taux de participation à ce référendum a été de 55,2 %; quelque 84,7 % des participants ont voté en faveur du changement à la question 1, et 70,5 % ont favorisé la représentation proportionnelle mixte, en réponse à la question 2.
La seconde étape du processus consistait en un référendum exécutoire, devant se tenir en même temps que les élections générales de 1993. On a demandé aux électeurs de choisir entre le système uninominal à un tour et la représentation proportionnelle mixte. Encore une fois, le référendum a été précédé d'une vaste campagne d'éducation publique.
Le taux de participation a été de 85,2 %, et 54 % des électeurs ont voté en faveur de la RPM. En conséquence, la loi électorale de 1993 a mis en place le système électoral à représentation proportionnelle mixte. Le Parlement de la Nouvelle-Zélande avait adopté cette loi à l'avance, en prévision de ce possible résultat; la loi a donc été adoptée par effet de la loi.
On a donc entrepris les préparatifs afin d'organiser la première élection fondée sur la RPM de la Nouvelle-Zélande, qui devait avoir lieu en 1996. Il y avait beaucoup de travail à faire. La représentation proportionnelle mixte exigeait de revoir de fond en comble les systèmes et processus régissant la tenue des élections, mais en plus, le Parlement a jugé nécessaire de revoir la loi électorale de 1993; après une étude par un comité spécial et des consultations publiques, une loi modifiée est entrée en vigueur en 1995.
Il fallait également redessiner la carte électorale en fonction des exigences de ce nouveau système. Quant à la mécanique de la formation du gouvernement et des processus du Cabinet et du Parlement, il fallait réfléchir aux implications liées aux gouvernements de coalition et à l'augmentation probable du nombre de partis représentés au Parlement dans le cadre du nouveau système.
De plus, les partis politiques avaient besoin de temps pour s'adapter aux différentes exigences du nouveau système, entre autres le nombre réduit de circonscriptions, les nouveaux processus de nomination et l'incidence du vote de parti sur la propagande électorale. Encore une fois, il a fallu mener une vaste campagne d'éducation publique pour préparer les électeurs au nouveau système.
J'aimerais maintenant passer aux diapositives 8 à 12, qui décrivent les caractéristiques du système de RPM de la Nouvelle-Zélande.
Le système de RPM néo-zélandais est une version modérée de la représentation proportionnelle qui cherche à concilier deux objectifs importants. Le premier touche l'application du principe de la proportionnalité, selon lequel le nombre de sièges remportés par un parti devrait refléter la proportion des suffrages qu'il a obtenus à l'échelle nationale. Le deuxième objectif concerne la nécessité de s'assurer que les élections produisent des assemblées législatives efficaces et des gouvernements stables en empêchant la prolifération indue de partis de taille négligeable au Parlement. Un objectif supplémentaire, qui est un des fondements de la représentation mixte, c'est de continuer à élire des députés représentant une circonscription. Donc, les caractéristiques qui définissent le système de représentation proportionnelle mixte font qu'on a à la fois des députés de circonscription et des députés élus à partir de la liste du parti, d'une part, et que les partis qui forment le Parlement ont obtenu un nombre de sièges reflétant en gros la proportion des suffrages exprimés en leur faveur à l'échelle nationale, d'autre part.
Il y a eu jusqu'ici sept élections selon le système de RPM en Nouvelle-Zélande. Dans chaque cas, de six à huit partis ont été représentés au Parlement. Chaque élection a débouché sur une forme quelconque de gouvernement de coalition ou d'arrangement entre des partis politiques, comme il faut s'y attendre quand on utilise un système proportionnel. Chaque gouvernement a conservé la confiance du Parlement tout au long de son mandat.
Passons à la diapositive 9. Nous voyons que, selon le système de RPM, chaque électeur a deux votes. Du côté gauche du bulletin de vote, il doit voter pour le parti qu'il désirerait voir le représenter au Parlement. Seuls les partis politiques enregistrés peuvent briguer un siège pour le parti. Du côté droit du bulletin, l'électeur doit voter pour le candidat qu'il désirerait voir le représenter dans sa circonscription. Les candidats appartenant à un parti non enregistré et les candidats indépendants peuvent briguer une circonscription.
Passons maintenant, s'il vous plaît, à la diapositive 10. À l'heure actuelle, la Nouvelle-Zélande est divisée en 71 circonscriptions. Après chacun des recensements de la population, qui ont lieu tous les cinq ans, une commission indépendante procède à un examen des limites des circonscriptions électorales sous l'angle de la représentation. Les décisions de cette commission de la représentation en ce qui concerne les limites des circonscriptions sont finales. Dans les circonscriptions, les députés sont élus selon le système uninominal majoritaire à un tour.
À la diapositive 11, nous voyons que les votes de parti sont comptés à l'échelle nationale. Pour avoir droit à une part des sièges de liste, un parti doit soit remporter une circonscription, soit obtenir au moins 5 % des votes de parti. C'est ce que l'on appelle des seuils, et ils ont pour but d'éviter la prolifération indue de partis de taille négligeable au Parlement. Si un parti remporte 40 % des votes de parti, par exemple, il pourra occuper 48 des sièges d'un Parlement qui en compte 120. Si les candidats de ce parti ont remporté 30 circonscriptions, le parti pourra ajouter 18 sièges de liste, pour un total de 48 sièges au Parlement. Trente sièges de circonscription et 18 sièges de liste, cela fait 48 sièges, ce qui représente la part des sièges à laquelle le parti a droit. Si un autre parti obtient 10 % des votes de parti, mais aucun siège de circonscription, il a droit à 12 sièges dans un Parlement qui en compte 120. Tous ces sièges sont attribués à partir de la liste du parti.
Les sièges de liste sont attribués aux candidats dans l'ordre dans lequel ils figurent sur la liste du parti, une fois exclus les candidats qui ont obtenu un siège de circonscription. Nous avons intégré, dans les documents d'information qui vous ont été distribués, une copie de la liste de partis fournie à tous les électeurs à l'occasion des élections de 2014.
Passons à la diapositive 12, où nous voyons qu'il existe un certain nombre de formules mathématiques pour l'attribution des sièges dans un système proportionnel. La Nouvelle-Zélande a adopté la formule dite « de Sainte-Laguë ». Nous avons inclus dans les documents d'information que nous vous avons distribués une explication de cette méthode. Nous avons utilisé pour cette explication les résultats des élections de 2014, qui, à mon avis, illustrent de belle façon ce processus.
J'aimerais souligner que le système de la Nouvelle-Zélande ne nous impose pas 120 sièges. Le Parlement actuel de la Nouvelle-Zélande, par exemple, compte 121 députés. C'est une chose qui arrive lorsqu'un parti remporte plus de sièges de circonscription que le nombre auquel il pourrait avoir droit selon le vote de parti. Quand cela arrive, le parti conserve tous ses sièges de circonscription, et le nombre de sièges de liste attribués aux autres partis est augmenté par un certain nombre de sièges que nous appelons des sièges excédentaires. C'est pourquoi le gouvernement actuel compte 121 députés.
Passons à la diapositive 14. Depuis l'adoption du système de RPM en 1996, les Néo-Zélandais ont démontré qu'ils comprennent bien son fonctionnement. En effet, nous avons vu peu de bulletins de vote nuls et observé des niveaux relativement élevés de votes par division ou de votes stratégiques, c'est-à-dire qu'un électeur exprime un vote de parti valide, puis exprime un vote de circonscription valide pour un candidat d'un autre parti. Nous avons également observé qu'une majorité écrasante des électeurs estiment que le bulletin de vote est clair et concis et facile à remplir.
Comme on le voit à la diapositive 16, l'un des avantages d'un système proportionnel comme la RPM, c'est qu'il permet de constituer un Parlement plus diversifié que ce que l'on obtient habituellement dans les systèmes uninominaux majoritaires à un tour ou des systèmes à la majorité absolue. Il est certain, comme ce graphique le montre, qu'en Nouvelle-Zélande, le système de représentation proportionnelle mixte a entraîné l'élection d'un nombre plus élevé de femmes et de Maoris au Parlement, la plupart étant des députés de liste.
Par exemple, sur l'ensemble des députés élus au Parlement à partir de la liste de parti, 43 % étaient des femmes; par comparaison, seulement 24 % des députés de circonscription étaient des femmes. En outre, 21 % des députés de liste se désignent comme étant Maoris, comparativement à 14 % des députés de circonscription.
La représentation au Parlement néo-zélandais des peuples venus du Pacifique et de l'Asie a également augmenté.
Pour finir, j'aimerais dire que les principales leçons à tirer de l'expérience de la Nouvelle-Zélande sont qu'il est possible de réussir la mise en place d'un nouveau système électoral, mais — dans le contexte néo-zélandais, du moins —, que le processus utilisé pour mener cette réforme est très important si on veut s'assurer d'avoir la confiance du public à l'égard du résultat, et que ce processus doit fournir au public de nombreuses occasions de s'exprimer, doit faire l'objet de consultations publiques et de campagnes d'éducation publiques.
Selon notre expérience, la conception et la mise en place d'un système électoral différent soulèvent de nombreuses questions de principe et bien des points de détail. Pour les gens, tous ces points sont importants.
Encore une fois — selon la tradition néo-zélandaise, du moins —, la décision finale est confirmée par les électeurs, dans le cadre d'un référendum où ils ont accès à tous les détails dont ils ont besoin pour prendre une décision éclairée; tout cela prend du temps.
Enfin, selon notre expérience, une fois qu'une décision est prise, il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour planifier et mettre en oeuvre avec soin la transition vers un nouveau système électoral; cela vaut non seulement pour les fonctionnaires responsables des élections, mais également pour tous ceux qui prennent part à l'administration des processus directeurs et parlementaires et à l'administration des partis politiques.
Monsieur le président, cela conclut la déclaration préliminaire que j'avais préparée. Je serai moi aussi très heureux de répondre à vos questions à ce propos ou sur tout autre sujet.
Merci.
J'aimerais préciser, aux fins de compte rendu, qu'une modification législative apportée par le Parlement australien ajoutait cela au mandat de la Commission électorale; ce n'était pas une initiative de notre part. Je ne dis pas que je suis pour ou contre; je précise tout simplement qu'il s'agissait d'une exigence.
Il y a eu en Australie un débat sur le mode de scrutin pour le Sénat, aux dernières élections. Encore une fois, je me contente de le mentionner. Des préoccupations avaient été soulevées à l'égard du fait que certains sénateurs avaient été élus malgré un assez faible nombre de « premiers choix » en leur faveur, et c'est pourquoi on a modifié le mode de scrutin.
Le bulletin de vote, pour le Sénat, est très long. Je crois qu'il fait plus d'un mètre. Il y a une ligne: au-dessus de cette ligne, il y a le nom des partis et des cases; au-dessous, le nom du candidat de chacun des partis. Auparavant, les Australiens pouvaient exprimer un vote valide en inscrivant un « 1 » dans une des cases au-dessus de la ligne, et leur vote était attribué selon une liste de candidats déposée au préalable par le parti. Nous devions appliquer une formule de répartition très complexe des préférences en respectant la volonté des partis.
Tout cela a changé aux dernières élections. Pour qu'un vote soit valide, il faut qu'un citoyen indique au moins six choix dans les cases au-dessus de la ligne, ou 12 au-dessous.
Aux élections de 2013, 97 % des Australiens ont choisi de n'inscrire que le chiffre « 1 » dans la case à côté de leur parti préféré, au-dessus de la ligne, et seulement 3 % des Australiens ont voté au-dessous de la ligne. Pour nous, le dépouillement était beaucoup plus simple. Ce dépouillement est fait par État. Le Sénat est une chambre des États. En Nouvelle-Galles du Sud, notre plus vaste État, 100 000 personnes seulement ont voté au-dessous de la ligne, mais il a fallu transporter ces 100 000 bulletins de vote vers un bureau central d'examen du Sénat — il y en a un dans chaque État —, et il a fallu saisir en double les données de chaque bulletin de vote pour nous assurer qu'il n'y avait aucune erreur. C'était très complexe. Il a fallu beaucoup de temps pour traiter 100 000 bulletins de vote.
Cette fois-ci, pour la Nouvelle-Galles du Sud seulement, il a fallu transporter tous les bulletins de vote pour le Sénat vers le bureau central d'examen du Sénat; il nous a donc fallu dépouiller au même endroit cinq millions de bulletins de vote papier —pour la Nouvelle-Galles du Sud seulement — en tenant compte d'une série très complexe de préférences.
J'avais deux choix. Nous avons réalisé un très grand projet à cette fin. Selon notre évaluation, si je voulais être en mesure d'enregistrer les données à temps pour le retour du bref au gouverneur général, il nous aurait fallu 900 préposés à la saisie des données travaillant 24 heures sur 24 — encore juste pour la Nouvelle-Galles du Sud —, ou nous pouvions mettre en place une solution semi-automatisée supposant un balayage électronique, mais aussi une intervention humaine. Finalement, au moment où je vous parle, il y a — en Nouvelle-Galles du Sud seulement 19 postes de balayage, équipés d'appareils fabriqués sur mesure, et environ 300 préposés à la saisie de données présents 24 heures sur 24 à certains moments, et cela, simplement pour saisir en double les données des bulletins de vote pour le Sénat afin d'en assurer l'intégrité.
Étant donné que nous avions modifié le mode de scrutin, nous avons lancé une vaste campagne d'éducation publique pour expliquer aux gens comment s'assurer que leur vote serait valide. Nous avons mené cette campagne à la télévision, à la radio, sur Internet et sur toutes sortes d'autres médias. Sa portée était très large. Je dois également vous dire qu'elle a coûté très cher. Je n'ai pas encore communiqué officiellement le coût de cette campagne, alors je ne peux pas vous le dire aujourd'hui, mais cela représente des millions et des millions de dollars. Cette campagne visait à éduquer le public pour veiller à ce que le taux de non-conformité des bulletins de vote demeure faible.
Un autre changement — pour nous, du moins —, c'est que, pour la toute première fois, il était obligatoire d'enregistrer le logo du parti et d'afficher ce logo sur le bulletin de vote. Encore une fois, tout cela, tout ce projet devait être réalisé en quatre mois. Les chiffres que je vous ai donnés ne concernent qu'un seul État, la Nouvelle-Galles du Sud. Multipliez ces chiffres pour qu'ils reflètent toute l'Australie; cela veut dire que nous avons dû lire électroniquement quelque 15 millions de bulletins de vote et nous assurer d'en tirer un résultat.