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Bonjour, membres du comité, témoins et invités.
Nous sommes très heureux d'être parmi vous à Iqaluit — dont le nom signifie « beaucoup de poissons », je crois. Pour nous, les membres du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, il s'agit d'une grande occasion. Nous en sommes à la troisième escale d'une série de trois que nous avons faites dans chacune des capitales territoriales, pendant l'étude que nous menons en vue de promouvoir le développement économique du Nord du Canada.
Nous menons une étude exhaustive. Nous ne prévoyons pas avoir terminé nos travaux avant le début de 2010, mais les membres ont tenu, tout comme moi, à faire un arrêt dans chacun des territoires, dès le début de notre étude. Bien entendu, nous n'entendons pas promouvoir le développement économique pour le développement économique, mais plutôt dans le but de générer des retombées positives pour la qualité de vie des gens qui résident dans le Nord du Canada. Comme je l'ai dit, nous sommes très heureux d'être ici.
Vous me permettrez de dire un mot au sujet de la séance de ce matin. Certains parmi vous ont peut-être déjà comparu devant des comités permanents par le passé. Généralement, nous commençons par un exposé de cinq minutes de la part de chacune des quatre organisations présentes. Lorsque vous livrerez votre exposé et que nous parlerons avec vous, je vous demanderais d'y aller à un rythme un peu plus lent qu'à l'habitude, ce qui conviendra parfaitement, vu que nous assurons l'interprétation simultanée des délibérations. Ne vous inquiétez pas trop du délai de cinq minutes. Nous vous laisserons une certaine latitude là-dessus. Après vos exposés, les membres du comité pourront y aller de leurs observations.
Je vous signale aussi — je ne sais pas s'il est ici déjà — que nous avons un interprète qui pourra traduire l'inuktitut. Si vous souhaitez vous exprimer en inuktitut, la traduction en sera faite, comme il se doit, pour nos membres.
Je tiens à vous dire dès maintenant que j'entends faire de mon mieux pour bien prononcer les noms de tous les témoins présents aujourd'hui. Nous ne parlons pas l'inuktitut, mais nous ferons de notre mieux.
Je commencerai donc par accueillir la mairesse de la merveilleuse municipalité d'Iqaluit, Mme Elisapee Sheutiapik.
Madame la mairesse, je suis très heureux d'être là. Je vous demanderais de commencer, et de nous présenter votre déclaration.
Monsieur le président, membres du comité permanent, je vous remercie de donner à l'Association des municipalités du Nunavut, l'AMN, la possibilité de comparaître devant vous.
Je m'appelle Elisapee Sheutiapik, je suis mairesse d'Iqaluit, et je suis également présidente de l'Association des municipalités du Nunavut.
Vous avez invité des représentants d'un peu partout au Nunavut à comparaître devant vous pour qu'ils vous fassent part des moyens qu'il conviendrait de prendre pour renforcer les communautés du Nunavut et, à cette fin, pour identifier les barrières au développement économique et proposer des solutions afin d'abaisser ces barrières.
L'AMN est membre de la Fédération canadienne des municipalités et représente les intérêts de 25 municipalités du Nunavut, parmi lesquelles 24 sont des communautés qui ne perçoivent pas d'impôts.
Le Nunavut compte 34 000 habitants, et environ 85 p. 100 d'entre eux sont des Inuits. Les gens du Nunavut se désignent eux-mêmes comme des Nunavummiut, c'est-à-dire les gens du Nunavut. Le territoire du Nunavut représente un cinquième de la masse continentale du Canada, et son industrie minière se classe au 10e rang parmi les 64 régions du monde les plus riches en ressources.
Aujourd'hui, l'AMN et ses membres sont prêts à participer de façon proactive, avec le reste du Canada, à la réalisation de la vision gouvernementale de la prospérité future. L'AMN a proposé un plan stratégique de développement durable pour les gouvernements communautaires, plan qu'elles ont endossé, et qu'elles nous ont mandatés pour mettre en oeuvre.
Toutefois, pour aller de l'avant, nous avons besoin de voir le gouvernement fédéral prendre des décisions clés, qui tiennent compte des défis tout à fait particuliers auxquels font face les communautés du Nunavut.
Dans le mémoire qu'elle a présenté au Groupe d'experts sur la péréquation et la formule de financement des territoires, l'AMN a souligné que les besoins en dépenses à combler dans la formule de financement des territoires ne se mesurent pas uniquement en chiffres dans les livres comptables; ils se mesurent aussi en termes de logements inadéquats, de santé déficiente, de faible éducation et d'insuffisance des infrastructures.
Dans son rapport, le Groupe d'experts citait de nombreux exemples montrant à quel point le Nunavut est dans une situation encore plus difficile s'expliquant par les problèmes liés à la pauvreté que ce n'est le cas dans les deux autres territoires, et disait qu'un rajustement de la FFT ne saurait suffire à compenser les lacunes aux chapitres des programmes, des services et de l'infrastructure au Nunavut.
Dans son rapport, le groupe concluait:
Sans une action concertée urgente visant à améliorer le logement, la santé, l'éducation et la qualité de vie des gens vivant au Nunavut, il n'y a guère d'espoir que les choses vont s'améliorer. Le Groupe d'experts exhorte le gouvernement du Nunavut, le gouvernement du Canada et le large éventail d'organismes, d'agences et de groupes concernés à unir leurs forces pour régler ces questions avant que la situation n'empire encore davantage.
En dépit de sa richesse en ressources, le Nunavut, sa population et ses communautés ne bénéficieront pas des retombées importantes de la richesse générée par leurs ressources, sous le régime fiscal fédéral actuel. Les revenus tirés des ressources collectives des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut iront directement dans les coffres du gouvernement fédéral.
Les comptes publics du Canada montrent que dans les cinq dernières années, le gouvernement fédéral a empoché 830 millions de dollars, une richesse provenant des ressources du Nord, en plus des autres taxes fédérales. En 2004 et 2005 seulement, le gouvernement a encaissé un demi-milliard de dollars.
Le Groupe d'experts a aussi parlé de cette question, dans ces termes:
Le potentiel qu'offre la mise en valeur des ressources des territoires est vraisemblablement la meilleure possibilité qu'ils ont pour réaliser leur rêve d'autosuffisance et d'autonomie. Les provinces ayant de riches ressources naturelles peuvent tirer profit de ces ressources. Le même principe de l'avantage fiscal net devrait s'appliquer aux territoires.
Le Nunavut ne peut se permettre de laisser ses ressources être prises ainsi, sans une juste contrepartie. En outre, l'AMN estime que les communautés du Nunavut ont besoin d'une part directe et équitable des revenus. Les agences de développement international parlent d'un phénomène courant appelé « la malédiction des ressources ». Il est paradoxal de voir que les ressources naturelles génèrent une richesse considérable, et pourtant que les communautés des régions riches en ressources connaissent une croissance économique médiocre; que l'on investit peu en santé, en éducation et en mesures sanitaires, et que les conditions sociales y sont déplorables.
La malédiction des ressources fait partie intégrante de l'histoire du développement des ressources dans le Nord. Les profits vont à des investisseurs de l'extérieur, l'activité commerciale va à des fournisseurs de services de l'extérieur, les salaires sont versés à une main-d'oeuvre qui provient de l'extérieur, les revenus publics vont aux gouvernements centraux, et la vaste majorité des gens du territoire ne peuvent participer à l'essor économique en raison de leur faible éducation, des infrastructures déficientes et des services inadéquats.
Il est intéressant de voir que l'un des groupes qui reconnaissent cette malédiction et qui proposent un moyen pour l'éliminer se trouve au coeur même de l'industrie minière. Le Conseil international des mines et métaux, dont l'Association minière du Canada fait partie, a lancé une initiative en matière de développement durable des communautés, dans les régions minières. Son président, qui est également le président-directeur-général de Newmont Mining, a récemment déclaré que « les gouvernements centraux n'ont pas utilisé les revenus des taxes prélevées auprès des sociétés minières de manière efficace pour financer des services publics de base et pour habiliter les gouvernements locaux ».
La nécessité de renforcer la gouvernance locale dans le domaine minier ne fait que souligner l'importance d'une approche fondée sur les partenariats. Les organismes locaux sont les mieux placés pour améliorer les services et les installations disponibles dans les communautés visées, mais ils ne peuvent espérer avoir du jour au lendemain la capacité de planifier et de mettre en oeuvre de vastes programmes de développement communautaire. Les gouvernements nationaux responsables doivent prendre l'initiative de soutenir ces organismes, avec le concours de sociétés et d'organisations donatrices internationales. Les sociétés peuvent aussi apporter leur contribution en y allant de leurs propres projets, en planifiant leurs infrastructures et leurs investissements sociaux, dans le cadre du plan de développement régional. C'est ainsi que les chances de prospérité pour l'ensemble de la région s'amélioreront, et qu'il sera possible de sortir du cycle de la dépendance de ces communautés à l'égard des programmes sociaux des sociétés.
Certains diront que le Nunavut reçoit davantage sous forme de paiements de transfert que le gouvernement fédéral ne reçoit de revenus provenant des ressources. Il est vrai que les paiements de transfert sont très importants, mais il est vrai aussi qu'en dépit de 40 années de développement économique dans le Nord sous l'égide du gouvernement fédéral, le Nunavut ne dispose toujours pas d'une économie développée. Les ressources et la richesse que celles-ci génèrent ont toutes deux quitté le Nunavut, et on se retrouve avec des ressources amoindries et sans aucune richesse publique ou privée qui puisse être investie dans une économie diversifiée et durable.
Ce que les transferts du gouvernement fédéral apportent, ce n'est pas une économie durable, mais plutôt un cycle de dépendance et de pauvreté pour un grand nombre de personnes, et des fonds qui servent à confier à d'autres la tâche de fournir aux pauvres ainsi qu'à eux-mêmes des services publics.
En conclusion, l'AMN et ses communautés membres sont disposées à participer de manière proactive, avec le reste du Canada, à l'établissement d'une vision de la prospérité, mais les communautés du Nunavut ont besoin du soutien financier du gouvernement fédéral pour faire un premier pas vers la prospérité. Pour que cela se produise, nous avons besoin de décisions éclairées dans le prochain budget, de décisions qui apporteront aux communautés du Nunavut les services et les installations critiques qu'elles n'ont pas, qui feront en sorte que les revenus des ressources du Nunavut seront partagés équitablement avec le Nunavut, par l'intermédiaire de son gouvernement territorial et de ses administrations locales; qui apporteront un soutien financier à la planification et à la réalisation du développement économique des communautés, pour que les communautés du Nunavut deviennent viables.
Qujannamiik.
Je suis au bout de mon souffle, mais comme je l'ai dit, j'ai essayé de tout condenser en un autre document d'une page. Je vous remercie encore de m'avoir accueillie ici aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président. Bonjour à tous.
Malheureusement, le ministre, l'honorable Peter Taptuna, n'est pas disponible. Il devait revenir de Yellowknife hier, mais les conditions météorologiques l'en ont empêché. Malheureusement, nous ne l'avons appris que vers 16 h 30 hier après-midi; alors, nous n'avons pas eu le temps de modifier le discours, ni de le faire traduire. Avec votre permission, je vais lire son discours.
Au nom du gouvernement du Nunavut, bienvenue dans notre territoire et dans notre capitale. Nous sommes honorés par votre présence parmi nous et parce que vous avez choisi de venir ici, d'écouter et d'apprendre, et pour cela, vous méritez notre respect et notre plus haute considération. Je sais que votre séjour parmi nous, si bref qu'il soit, sera éclairant et vous apportera des perspectives nouvelles non seulement à propos de ce que nous sommes ici au Nunavut, à propos de nos rêves et de nos espoirs d'avenir, mais à propos de vous, nos concitoyens canadiens.
Aujourd'hui, vous vous trouvez dans l'un des territoires les plus dynamiques et les plus intéressants au pays. Vous vous trouvez en un lieu où l'avenir du pays se dessinera. Vous aurez sans doute l'impression d'avoir fait un long périple et de vous trouver loin de chez vous. Mais je tiens à vous dire que vous êtes chez vous, ici au Nunavut. Vous êtes en un lieu où votre avenir sera déterminé, au même titre qu'il sera défini pour ceux d'entre nous pour qui cette terre est la terre de nos ancêtres, mais aussi la terre de nos enfants et des enfants de nos enfants.
Tel est le message fondamental que je vous adresse aujourd'hui. Si les Canadiens doivent réaliser l'avenir qu'ils entrevoient pour le Nord, ils doivent s'assurer qu'il est possible pour les Nunavummiut — ceux d'entre nous qui vivent dans cette partie du Canada — de bénéficier d'une qualité de vie élevée et durable. Si nous n'y parvenons pas, il y a lieu de craindre non seulement pour l'avenir du Nunavut, mais pour l'avenir du pays.
Je suis fier de dire que Kugluktuk, cette communauté longeant l'océan Arctique, dans l'extrême-ouest du Nunavut, où je vis, est l'endroit où vivent mes enfants, ainsi que leurs enfants, mais je crains que cet état de fait sera appelé à changer, parce que le coût de la vie dans notre communauté est trop élevé et que la possibilité pour mes petits-enfants de vivre comme les autres Canadiens devient de plus en plus lointaine. Il se pourrait bien qu'ils aient à choisir entre un niveau de vie moins élevé dans leur communauté au Nunavut et le mode de vie meilleur qu'ils pourraient avoir en allant s'établir dans le sud du Canada. Lorsque nos jeunes s'en vont, nos communautés se retrouvent en péril. Ceci n'a rien de bon pour le Nunavut, en cette période où les changements climatiques, la souveraineté dans le Nord et la sécurité nationale sont devenus des enjeux pour tous les Canadiens. Ça n'a rien de bon pour le Canada.
Nous parlons ici de nos gens, et en particulier de nos jeunes gens dynamiques, qui sont l'argument le plus solide dont le Canada dispose pour affirmer sa souveraineté dans l'Arctique. Ces jeunes ne peuvent pas partir. Ils doivent pouvoir trouver le moyen de gagner leur vie.
Alors que peut faire le Canada? Nous n'avons pas assez de temps, ce matin, pour dresser la liste de tout ce qui doit être fait. Permettez-moi quand même de résumer la situation. Pendant plus de 140 ans, le Canada a construit le Canada, d'est en ouest. Aujourd'hui, Ottawa doit construire le Nord. Tel est le destin de tous les Canadiens, qui doivent prendre pleinement possession de tout ce que ce territoire a à offrir, mais les modèles anciens de développement ne conviennent plus. Ce territoire est vaste, mais il n'est pas vide. Vous avez ici des partenaires, des concitoyens canadiens qui ont partagé ce territoire pendant des milliers d'années. Lorsque nous avons créé le Nunavut il y a 10 ans à peine, les Inuits ont déclaré clairement qu'ils sont prêts à assumer la responsabilité du développement du Nord, au nom de tous les Canadiens. Nous savons que si nous parvenons à instaurer une qualité de vie élevée et durable pour nous-mêmes, nous aurons là l'ingrédient essentiel à l'instauration d'une qualité de vie élevée et durable pour tous les Canadiens, qu'ils vivent dans l'Est, dans l'Ouest ou dans le Nord.
Comment alors le développement devrait-il se faire, et quel est le rôle du gouvernement fédéral à cet égard? Premièrement, cette vieille habitude d'exclure les Inuits des décisions qui influent sur notre bien-être et sur notre mode de vie doit disparaître à jamais. Ottawa doit se présenter à la table de négociation et transférer le contrôle du territoire et de ses ressources aux Canadiens qui y vivent, comme cela s'est fait dans toutes les provinces.
Si vous nous refusez de le faire et persistez à vouloir contrôler le développement du Nord depuis Ottawa, nos gens ne pourront pas remplir leur rôle historique de gardiens du territoire et de ses ressources. Dans l'état actuel des choses, notre objectif est en péril et notre capacité de survivre et d'édifier le Nord canadien sera sérieusement compromise. À terme, mes petits-enfants pourraient perdre patience et partir.
Deuxièmement, nous avons besoin des outils de développement dont disposent tous les Canadiens. Je parlerai de deux d'entre eux.
Un peu plus tôt cette année, je me suis rendu au Labrador et j'y ai vu trois excellentes installations maritimes, dans une province qui compte 370 ports et ports pour petits bateaux. Au Nunavut, comme vous pouvez le voir ici à Iqaluit, il n'y en a aucun.
L'engagement du gouvernement fédéral à construire un port pour petits bateaux à Pangnirtung est un investissement qui est tout à fait bienvenu, mais cela n'est tout de même qu'un port dans un territoire dont les 25 communautés dépendent d'un accès à la mer et à ses ressources et pour lesquelles l'approvisionnement par voie maritime constitue le lien le plus économique avec le reste du Canada. L'absence non seulement d'installations maritimes mais aussi d'investissements fédéraux convenables dans les routes, les aéroports et dans les autres éléments fondamentaux d'infrastructure économique — des investissements qui ont été faits dans toutes les autres régions du Canada — ralentit la croissance de notre économie et fait en sorte que pour certains, le coût de la vie chez nous est extrêmement prohibitif.
L'autre outil de développement que je veux mettre en lumière est l'éducation. Nous devons améliorer les résultats en éducation de nos enfants. Pour y arriver, comme Thomas Berger l'a souligné il y a quatre ans, nous avons besoin d'un solide partenariat à Ottawa.
Je n'ai que 53 ans, mais je suis en mesure de parler de l'éducation que j'ai reçue dans le territoire où ma famille a vécu et chassé à l'année, jusqu'à ce que j'aie neuf ans. Il y a 40 ans, les Inuits ont été déplacés par le gouvernement du Canada dans des établissements permanents, et notre lien vital avec la terre et le mode de vie que nous avons appris sur la terre, a été compromis à jamais. Aujourd'hui, pour aller de l'avant, nos enfants ont besoin d'un système d'éducation équivalent à ce qui existe ailleurs au pays et il doit être offert dans le contexte de la langue et de la culture inuites. Nous pouvons tous voir l'École des Trois-Soleils, ici à Iqaluit. Nous savons que le gouvernement fédéral peut être un partenaire efficace dans le développement de l'éducation.
Le transfert des pouvoirs, le développement de l'infrastructure et l'éducation; tous les Canadiens doivent être des partenaires dans ces trois domaines essentiels pour nous, au Nunavut. L'avenir de ce pays en dépend.
Je vous remercie de m'avoir écouté. J'espère que le temps que vous passez ici vous amènera à mieux saisir l'avenir commun qui nous attend.
Je m'appelle Simeonie Akpalialuk. Je viens de la municipalité de Pangnirtung, que je représente. Je suis mêlé au monde des affaires, à différents titres, depuis plus de 20 ans. J'ai travaillé dans les domaines des pêches, du tourisme et de la petite entreprise, et je suis agent de développement économique depuis huit ans.
J'ai connu beaucoup de gens en cours de route, j'ai assisté à l'élaboration de nombreux programmes et à leur évolution. Les noms changent, mais les barrières demeurent les mêmes. La première d'entre elles est l'absence d'infrastructure pour les entreprises dans les communautés. Nous n'avons tout simplement pas d'édifices, et les programmes de développement économique qui existent ne couvrent pas les coûts en capital pour le lancement d'une entreprise. Presque personne ne dispose des capitaux propres nécessaires pour construire un édifice et mettre sur pied une entreprise, c'est le principal obstacle qui existe dans ma communauté, le fait de ne pas avoir d'immeubles à partir desquels travailler.
Deuxièmement, nous n'avons pas beaucoup d'instruction et de formation. L'une des choses dont toute entreprise a besoin pour survivre et tenir le coup et plus encore pour réussir est la formation, en particulier en comptabilité et en tenue de livres. Voilà ce dont manquent ces communautés. Même lorsque les gens ont les compétences nécessaires, habituellement elles n'ont pas le temps de diriger l'entreprise et d'en tenir les livres elles-mêmes.
Troisièmement, l'un des principaux facteurs dissuasifs réside dans les coûts de l'énergie. En examinant la situation de notre communauté dans son ensemble, nous avons constaté que les coûts d'énergie représentent de 30 à 40 p. 100 du coût total d'exploitation de tout immeuble ou entreprise. C'est nettement trop élevé, compte tenu des programmes que nous avons. Nous espérons voir des programmes énergétiques de remplacement être mis sur pied dans le Nord, en particulier dans ma communauté, où nous avons de fortes marées. Nous avons aussi de forts vents, et beaucoup d'ensoleillement le jour, pour la production d'énergie par panneaux solaires.
Ces domaines doivent être développés, pour le bénéfice du Nord. À l'heure actuelle, nous savons qu'il en coûte beaucoup trop cher pour mener des activités dans ces domaines, où rien n'a encore été fait dans le Nord.
La politique sur le logement public est un autre domaine qui nous préoccupe. La plupart des Inuits vivent dans des logements sociaux, et ils ne sont pas autorisés à exploiter une entreprise à partir d'un logement public. Voilà donc une autre barrière. Et c'est sans parler du fait que les loyers au Nunavut, qui ont de quoi décourager les entreprises. Dès qu'elles commencent à faire de l'argent, leur loyer augmente; que dis-je, il monte en flèche. Vous payez un loyer minimal lorsque vous vivez de l'aide sociale, mais si vous lancez une entreprise ou obtenez un emploi, votre loyer passe aussitôt à plus de 1 000 $ par mois. Voilà bien un facteur réellement dissuasif.
Le manque de reconnaissance à l'égard de l'économie traditionnelle dans les programmes de développement des entreprises constitue un autre problème. L'appui aux pêcheurs locaux est soit très restreint ou carrément inexistant. Nous n'avons pas de programmes pour les chasseurs, si ce n'est une loterie qu'administre la Nunavut Tunngavik Incorporated. N'importe qui peut s'y inscrire, et ce n'est pas nécessairement les chasseurs qui bénéficient du programme de soutien à la chasse. Et nous n'avons pas de soutien non plus pour les cueilleurs ou les récolteurs, et qui cueillent des choses comme des plantes, des baies, ou récoltent des coquillages et des crustacés de mer. Nous n'avons vu aucun programme dans ce domaine parce que ce n'est pas reconnu comme un segment à part entière de l'économie.
Dernièrement, l'une des choses que nous avons constaté, c'est que les politiques, les règlements, et la législation qui entourent les entreprises sont conçus pour le Sud, et pas du tout pour le Nord. Nous importons cette réglementation du Sud, et elle ne correspond en rien à l'économie que nous avons dans le Nord. Par exemple, nous ne pouvons pas récolter de fruits de mer sans agence d'inspection, et ces agences sont très dispendieuses à administrer, ce dont nous n'avons pas la capacité dans notre région. Il n'y a pas de continuité non plus dans les dossiers à l'égard desquels nous traitons avec différentes organisations dans le Nord. Chaque fois qu'il y a un changement de personnel, le dossier se perd. Pour les gens des communautés qui ont à travailler avec différents organismes, et c'est vrai pour tous les organismes, chaque fois qu'il y a un roulement de personnel, nous devons tout reprendre à zéro avec une nouvelle personne parce que ces dossiers ne sont pas partagés, ce qui freine réellement tout progrès, parce que chaque année nous devons refaire les mêmes chose, encore et encore.
À cet égard, la pire organisation est le ministère des Pêches et des Océans, où chaque fois qu'il y a un changement de personnel, il n'est pas possible d'avoir la moindre continuité dans le développement des pêches. Nous avons connu beaucoup de difficultés dans nos rapports avec eux. La plupart des personnes unilingues ne comprennent pas les concepts d'affaires ou la réglementation. Alors bien souvent, nous passons beaucoup de temps avec des clients unilingues, à les familiariser avec l'entreprise et avec la réglementation, alors que nous devrions davantage nous occuper de développer des entreprises nouvelles et l'économie.
Si on examine le cas de Pangnirtung, nous ne sommes dans cette communauté que depuis 40 ans. Le reste du Canada a mis 400 ans pour passer d'une société de chasseurs et de cueilleurs à l'ère de la technologie de l'espace que nous connaissons aujourd'hui tandis que nous, nous n'avons eu que 40 ans pour le faire. Alors nous avons beaucoup à faire pour aider les gens des communautés à apprendre ce qu'est l'entreprise et les concepts qui s'y rattachent.
Beaucoup d'études ont été faites au cours des 30 dernières années, en particulier à Pangnirtung, sur le tourisme et les pêches, mais il y a toujours des études et jamais d'action. À compter de maintenant, nous aimerions que toutes les études faites au cours des 30 dernières années servent enfin à quelque chose, plutôt que d'accumuler la poussière sur une tablette quelque part dans une université ou un organisme gouvernemental. L'information existe; elle est dispersée, plutôt que d'être rassemblée.
Qujannamiik.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais commencer par préciser que notre présidente, Monica Ell, n'a pas pu se présenter devant vous comme elle aurait bien aimé le faire; vous devrez donc vous contenter de moi.
Alors, je me présente. Je m'appelle Mark Morrissey, et je suis vice-président du Nunavut Economic Forum. Ce matin, je commencerai par vous indiquer très brièvement ce qu'est le forum et quel rôle il joue dans le développement économique du Nunavut.
Le Nunavut Economic Forum, aussi appelé NEF et qui réunit un grand nombre d'organisations, a été mis sur pied pour recueillir et partager de l'information sur le développement économique au Nunavut. Le NEF compte dans ses rangs des organisations communautaires, des associations sans but lucratif et non gouvernementales, des membres issus du secteur privé, d'associations inuites et de tous les ordres de gouvernement. Ces personnes et groupes ont en commun de souhaiter voir le Nunavut se donner de solides assises propres à assurer son développement économique et sa croissance.
La principale raison d'être du NEF est de réunir ses membres et de les amener à collaborer à la mise en oeuvre de la stratégie de développement économique du Nunavut, ou SDEN, pour soutenir la recherche et la collecte de données se rapportant à l'économie du Nunavut et pour rendre compte régulièrement des progrès réalisés. En conséquence, le NEF produit un bon nombre de publications et de documents de travail qu'il diffuse parmi ses membres et les intervenants du domaine économique. Parmi ceux-ci, mentionnons le Nunavut Economic Outlook, un rapport biennal qui fournit une analyse éclairée des questions sociales et économiques et renferme des prévisions exhaustives concernant l'ensemble de l'économie.
Malheureusement, nous n'avons pas de version traduite du rapport 2008 Nunavut Economic Outlook, ni de la stratégie à vous remettre, mais vous pourrez les consulter sur notre site Web, à l'adresse www.nunavuteconomicforum.ca. Vous verrez que le site Web indiqué dans les notes d'information qui vous ont été remises est inexact. J'ajouterai cependant une réserve concernant le rapport sur les perspectives pour 2008. Le rapport a été publié en décembre 2008, juste avant la récession mondiale et certaines des prévisions qu'il renferme pourraient être quelque peu périmées. Néanmoins, le document vous sera utile dans la mesure où il donne une idée du potentiel économique qui existe dans le territoire.
Le NEF, par le large éventail de ses membres et par son vaste mandat, est positionné comme ne l'est aucune autre organisation pour prendre la mesure des défis qui existent dans de nombreux secteurs de l'économie du territoire. Un grand nombre de ces défis ont déjà été exposés dans la stratégie, et je compte en aborder quelques-uns ici. Ils incluent ceux dont je vais parler maintenant, mais ne s'y limitent certainement pas.
Le premier défi concerne la croissance rapide de notre population. La population du Nunavut est l'une des plus jeunes au Canada et je vous invite à examiner le tableau démographique, et à comparer la situation du Canada par rapport à celle du Nunavut. Le contraste est frappant. Les jeunes de notre territoire, jeune étant défini comme une personne de 25 ans ou moins, font partie de la société de consommation canadienne et ces jeunes ont des attentes élevées en matière d'emploi et de qualité de vie. Bien des régions du Canada verraient la jeunesse de leur population comme un atout, tandis qu'au Nunavut cette réalité constitue un défi dans la mesure où ces personnes représentent une large part des chômeurs. S'il n'est pas possible d'offrir davantage d'emplois et une meilleure instruction à ce segment de la population, ils représenteront un passif économique considérable.
Le taux de croissance des dépenses du gouvernement constitue également une barrière. La croissance du gouvernement alimente actuellement l'économie du Nunavut. Les activités gouvernementales créent de l'emploi et apportent des possibilités de formation, mais on ne saurait compter indéfiniment sur les dépenses gouvernementales. En période de difficultés économiques et de dépenses déficitaires, comme c'est le cas maintenant, les réductions dans les programmes et les activités sont inévitables. Des efforts doivent être faits pour s'assurer que les activités du secteur privé contribuent davantage à la croissance économique. Toutefois, il est important de noter que tant qu'une économie locale stable n'aura pas été établie au Nunavut, il conviendrait d'éviter que le gouvernement fasse des compressions dans les programmes pour le Nord, car les effets de ces compressions s'en trouveraient amplifiés.
La situation du Nord est mal comprise, comme l'ont déjà dit plusieurs personnes avant moi. Actuellement, au Nunavut, organisations et entreprises peuvent se prévaloir d'un certain nombre de programmes fédéraux offerts par différents ministères, afin de soutenir des activités économiques et, dans de nombreux cas, pour stimuler la croissance au niveau local. Par contre, et bien souvent, ces programmes ne tiennent pas compte des réalités du Nord et les personnes qui sont chargées de gérer ces programmes ne connaissent pas bien le territoire et les difficultés auxquelles il fait face. Par exemple, bien des ministères fédéraux n'offrent pas d'ententes de contribution pluriannuelles, et imposent souvent des exigences irréalistes au chapitre des rapports à produire, ce qui a une incidence sur ce qu'une organisation peut faire avec le financement dont elle dispose. À titre d'exemple, le financement pour un nouvel exercice est souvent retenu, en attendant que soient présentés des rapports d'activités et, dans bien des cas, des états financiers vérifiés.
En réalité, à tout le moins ici au Nunavut, bien des organisations ne sont pas en mesure de fournir des états vérifiés avant le mois de septembre. Dans ces conditions, les organisations qui souhaitent se servir du financement qu'elles obtiennent pour acheter de l'équipement et des fournitures ont déjà dépassé les dates limites pour le ravitaillement par mer, et se voient contraintes de faire expédier les marchandises dont elles auront besoin par voie aérienne, à un coût beaucoup plus élevé.
Certains ministères fédéraux offrent des programmes aux organisations du territoire, mais n'ont pas de personnel en poste pour en faire la promotion ou les administrer. Je préférerais ne pas citer de ministère en particulier, mais un bon exemple du genre est celui d'Industrie Canada. Jusqu'à tout récemment, Industrie Canada n'avait pas de personnel ici même dans le territoire, même s'il offre un certain nombre de programmes. Ces programmes sont, dans une large mesure, pratiquement inconnus des organisations de notre territoire, et donc grandement sous-utilisés.
De plus, le financement est attribué selon les calculs fondés sur la population, et non à la lumière d'une évaluation réaliste des coûts d'affaires. Je prendrai un autre exemple, et je citerai le cas d'un autre ministère, en l'occurrence les Affaires étrangères, qui administre le programme de financement ICIC, c'est-à-dire le programme Investissement Canada-Initiatives des communautés. À l'heure actuelle, ce programme attribue seulement 26 660 $ au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest réunis, en dépit du fait que ces régions affichent le coût de la vie le plus élevé et le coût d'entreprise le plus élevé au pays. Le Sud de l'Ontario, à titre comparatif, bénéficie à lui seul d'une somme de un million de dollars. Je crois qu'il y a là, pour le moins, une disparité.
En ce qui concerne la capacité, tout le monde sait que le Nunavut accuse un sérieux retard sur le reste du Canada, au chapitre de la capacité de la région à développer et à mettre en oeuvre des activités économiques fructueuses. Bien souvent, notre région ne dispose pas des ressources humaines et de l'infrastructure nécessaires pour susciter et soutenir la croissance. Des efforts sont déployés actuellement dans le but de doter les communautés d'infrastructures matérielles ou d'améliorer celles qui existent. Or, ces efforts seront futiles si nous ne disposons pas des connaissances et de la formation nécessaires pour réaliser le plein potentiel qu'apporteraient ces améliorations. En ce moment, c'est probablement l'obstacle le plus sérieux à la croissance économique du Nunavut.
Que pouvons-nous faire pour abaisser ces barrières? Pour commencer, en ce qui concerne le manque de capacité, aussi bien du côté des ressources humaines que de l'infrastructure, des besoins doivent être comblés. Offrir des programmes pour stimuler la croissance dans une région mal préparée est un exercice absolument futile, et ultimement, voué à l'échec. Il faut mettre l'accent sur le développement des capacités au niveau local. En préparant les communautés à se prévaloir des possibilités d'emploi et en veillant à ce qu'une infrastructure convenable soit disponible, on jetterait ainsi les bases solides sur lesquelles on pourrait fonder et soutenir la croissance.
Les priorités doivent aller aux initiatives de développement économique faisant appel à une démarche intégrée. Un exemple éloquent de cette façon de faire est la fondation pour le logement, dans le cadre de laquelle le gouvernement fédéral a versé du financement pour construire des logements dont le territoire avait grandement besoin, tout en fournissant l'occasion à des gens de métier d'accumuler les heures dont ils avaient besoin pour compléter leur apprentissage. De cette façon, on développe à la fois les infrastructures et on forme une main-d'oeuvre qualifiée, qui demeureront dans la communauté, et qui seront en eux-mêmes un facteur de croissance.
Une deuxième solution, qui concerne également la question du développement des capacités, consisterait à mettre l'accent sur le développement économique communautaire, ou le DEC, plutôt que sur le seul développement d'entreprises. Le développement économique communautaire est une démarche ascendante en matière de développement, et elle mise sur la pleine participation et le plein contrôle par les membres des communautés locales. Cette démarche tient compte du fait que la croissance économique ne peut être maintenue que dans la mesure où l'on répond aux besoins fondamentaux des gens. En conséquence, les administrations municipales doivent bénéficier d'un solide soutien régional et fédéral, pour être en mesure de concevoir et de mettre en oeuvre comme il convient un véritable programme de DEC. Cela pourra se réaliser dans la mesure où les organisations fédérales travailleront en collaboration avec les partenaires territoriaux et inuits à élaborer des programmes souples, répondant aux besoins des communautés. La collaboration entre les ministères et les différents paliers de gouvernement est critique.
À ces investissements soutenus doivent correspondre des attentes réalistes au chapitre des résultats, qui doivent être considérés dans une perspective à long terme. Actuellement, la plupart des programmes fédéraux contraignent les communautés à travailler selon des cycles financiers à court terme qui limitent le potentiel de DEC. Le DEC est un processus qui produit des solutions sur un certain nombre d'années, et non sur un horizon trimestriel.
Une troisième solution consiste à rapprocher le personnel clé et les autorités décisionnelles des utilisateurs ultimes des programmes disponibles. De cette façon, on peut s'assurer que l'information chemine librement entre les administrateurs et les communautés et organisations, et on élimine les malentendus, tout en favorisant une meilleure compréhension des réalités opérationnelles du Nunavut. C'est la position qu'a fait valoir le forum économique lorsqu'il a été appelé à donner son avis relativement à la création de la nouvelle agence de développement régional du Nord. Le forum a ardemment plaidé pour que le siège de l'organisation soit établi ici même à Iqaluit, et demandé qu'il soit géré par un sous-ministre capable de prendre des décisions sans avoir à obtenir l'approbation des responsables du ministère à Ottawa. Nous sommes heureux de voir que le gouvernement fédéral s'est dit en accord avec notre position, lorsqu'il a annoncé la création de CanNor.
Le NEF est également heureux de collaborer avec CanNor, à l'examen et à la mise en oeuvre du plan de financement pour la deuxième phase de financement des ISDEN, dont, comme beaucoup d'entre vous s'en souviendront, le NEF avait fortement recommandé le renouvellement. Le forum joue également un rôle clé dans l'établissement d'un lien entre les membres et l'agence, ce qui contribue à rapprocher le processus décisionnel du niveau communautaire. Nous comptons bien poursuivre notre collaboration avec CanNor, alors même que cette organisation continue à s'implanter au Nunavut. Cette approche de collaboration dans la prestation des programmes porte ses fruits, et devrait servir de modèle pour des activités futures.
En conclusion, il n'y a pas de solutions simples pour abaisser les nombreuses barrières à la croissance qui existent au Nunavut. La collaboration entre le gouvernement fédéral et les intervenants de l'industrie est fondamentale, pour faire en sorte que des investissements soutenus dans la croissance économique produisent des résultats à long terme. Afin de faciliter cette coopération et de nous assurer que tous travaillent ensemble à la réalisation d'un objectif commun, je propose que les organisations et agences, fédérales et territoriales, prennent connaissance de la stratégie — je rappelle qu'elle est disponible sur le site Web — et en étudient le contenu. Ce document donne aux lecteurs un aperçu du processus de développement envisagé pour le Nunavut.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Bien le bonjour à chacun de vous, et je vous remercie beaucoup pour les exposés présentés.
M. Taptuna s'est montré très ferme dans quelques-unes de ses déclarations et elles sont fort bien reçues, à tout le moins par moi, et j'en suis convaincu, par certains de mes autres collègues, lorsqu'il dit:
Ottawa doit se présenter à la table de négociation et transférer le contrôle du territoire et de ses ressources aux Canadiens qui y vivent, comme cela a été fait dans toutes les provinces.
Si vous refusez de le faire et persistez à vouloir contrôler le développement dans le Nord depuis Ottawa, nos gens ne pourront pas remplir leur rôle historique de gardiens du territoire et de ses ressources.
Voilà une déclaration très forte, et je constate que les autres personnes qui ont livré leur exposé y ont également fait écho. Mme la mairesse Elisapee a parlé de la nécessité d'un partage des revenus tirés des ressources. Nos parlons de politiques qui n'ont pas de sens, parce qu'elles sont élaborées dans le Sud. L'exposé de M. Morrissey allait passablement dans le même sens.
Alors, voici. Je viens du Labrador, une région semi-nordique, si je puis dire, mais un grand nombre d'entre nous proviennent du Sud. J'ai entendu M. Simeonie dire que vous ne voulez pas d'une autre étude; or, voici que nous en faisons précisément une autre. Je pense que nous devons être prudents, en tant que comité, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs ou de ne pas tomber dans les mêmes pièges que certains de nos prédécesseurs.
Ma première question portera sur le transfert des pouvoirs. À quel point cette question est-elle prioritaire pour chacun de vous? Quelles possibilités entrevoyez-vous dans le fait de transférer des pouvoirs, et quelles sont-elles, selon vous? Nous en entendons parler. Nous croyons savoir qu'il y a eu certaines négociations. Selon les personnes à qui l'on en parle, ces négociations sont tantôt rapides, tantôt lentes, et d'autres disent encore qu'elles sont au point mort.
Nous voulons simplement vous lancer cette question. Qu'est-ce que le transfert des pouvoirs? S'il y a transfert des pouvoirs, cela veut-il dire, comme M. Taptuna et le reste d'entre vous l'avez dit, que vous pourrez ensuite élaborer des politiques qui auront du sens pour les gens qui vivent ici? Obtiendrez-vous une partie des revenus provenant des ressources et serez-vous ainsi en mesure d'investir comme vous l'entendez et peut-être même être mieux en mesure de maintenir les industries traditionnelles que ce n'est le cas actuellement? Ma question s'adresse à chacun de vous.
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Merci, monsieur Russell. C'est une très bonne question.
Pour le moment, les discussions concernant le transfert des pouvoirs viennent tout juste de commencer. Nous aimerions être un territoire « nanti » plutôt qu'un territoire « dépourvu ». Actuellement, notre gouvernement fonctionne grâce à des paiements de transfert de un milliard de dollars par année. Nous sommes au début d'une nouvelle ère dans l'industrie minière. Il y a quelques années, notre dernière mine en opération a fermé et, en ce moment, de nombreux projets de développement minier sont en préparation. Il y a une mine d'or actuellement en construction et qui sera en exploitation d'ici un an environ; il y a aussi un projet de gisement de diamants prometteur. L'industrie est plutôt discrète sur ses activités, mais beaucoup de gens font de l'exploration, et la propriété Pérégrine, qui se trouve entre ici et Pangnirtung, semble très prometteuse.
Du côté des métaux de base, il y a de l'activité du côté de l'Inlet Bathurst, où de nombreuses propriétés sont bien établies... La principale difficulté là-bas, c'est le transport, car il faut acheminer le minerai vers un navire, à destination des marchés mondiaux. Ce travail exigera énormément d'argent. Nous avons aussi beaucoup de minerai de fer dans le nord de l'île de Baffin, où nous espérons entrer en production d'ici les quatre ou cinq prochaines années. Si l'on réunit tous ces projets ensemble, on se met à penser aux taxes et aux redevances que ce niveau de productivité pourrait apporter, en particulier dans l'industrie minière. Ce jour venu, nous contribuerons grandement à l'économie canadienne, et plutôt qu'être « dépourvus », nous aurons un apport positif.
En ce qui concerne le transfert des pouvoirs, c'est l'élément le plus important; nous devons pouvoir contrôler ces ressources pour que les redevances et les taxes nous soient versées, pour que nous puissions mener nos propres affaires, plutôt que de dépendre du financement fédéral.
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C'est une question importante.
Au cours des deux dernières années, notre organisation s'est exprimée avec vigueur. Nous connaissons les besoins de nos communautés, mais il existe des lacunes. Nunavut veut dire « notre terre » et, pendant plusieurs années, à l'occasion de notre AGA, nous avons aussi reconnu le fait que certaines collectivités ne verront jamais l'industrie minière s'établir dans leurs environs.
Parce que nous sommes le Nunavut, nous voulons que nos communautés bénéficient de retombées et c'est pourquoi nous nous sommes employés avec autant d'énergie à demander qu'il y ait partage des revenus, pour que nos communautés bénéficient d'une certaine forme de financement.
Lorsque la Nanisivik existait, il y avait beaucoup d'emplois; mais si vous allez à Arctic Bay aujourd'hui, on ne dirait jamais qu'il y a déjà eu une industrie là-bas. Pour poursuivre avec cet exemple, quel genre d'infrastructure importante existe aujourd'hui à Arctic Bay? Rien, à part le port.
Nous voulons être responsables, et nous avons été passablement proactifs. En tant que communautés, nous devons aussi nous donner des plans intégrés pour la durabilité des collectivités à long terme, des PIDC, et selon nous, voilà bien un secteur visé par ces plans, et nous devons, au niveau municipal, être associés à ce processus.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Greg Rickford, et je suis député fédéral de la grande circonscription de Kenora. Nous partageons quelques similitudes avec vous, ne serait-ce que par les difficultés que connaissent les communautés isolées et éloignées. Notre circonscription fait environ le tiers de la vôtre, mais elle s'étend depuis le sud de la route Transcanadienne jusqu'aux rives de la baie d'Hudson.
Cette étude m'a ouvert les yeux, dans la mesure où j'ai eu la possibilité de travailler comme infirmier à Arviat et auparavant, à Cambridge Bay. J'ai une certaine expérience de ce que sont les communautés locales et je compte un certain nombre d'amis qui ont travaillé dans votre communauté.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que je partage l'avis de ceux qui disent que, pour assurer la stabilité à long terme du Canada — sur le plan social, économique et sous bien d'autres rapports également —, il ne suffit pas de mieux comprendre les rapports nord-sud; cette stabilité pourrait bien dépendre grandement des avancées que nous ferons une fois que nous aurons examiné les considérations liées à la mise en valeur des ressources, et à d'autres aspects de ce genre.
Avant de passer aux questions de fond, j'aimerais exposer certains faits.
Madame la mairesse, il doit sûrement y avoir de la migration interne, à partir des communautés isolées de votre région, vers Iqaluit. Au moment où nous parlons, avez-vous une idée approximative du pourcentage de la population permanente qui provient des communautés situées en périphérie?
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Nous reprenons nos travaux.
Nous accueillons la deuxième table ronde de la journée dans le cadre de notre examen des obstacles au développement économique du Nord du Canada, en particulier des trois territoires, et des solutions à apporter.
Pour l'information des témoins, Iqaluit est le troisième de nos arrêts dans chacune des capitales des territoires. Nous sommes ici pour discuter des différents facteurs qui font obstacle au développement économique du Nord et des solutions qui pourraient être apportées.
Nous sommes ravis d'accueillir M. Glenn Cousin. Glenn représente la Qikiqtani Inuit Association; il est rattaché à la section de l'expansion des entreprises et de la formation.
Nous aimerions également souhaiter la bienvenue à M. Paul Kaludjak, président de Nunavut Tunngavik Inc.
Bienvenue aux membres du comité.
Je pense que vous savez tous que nous disposons de services d'interprétation en Inuktitut. Il y a un interprète avec nous et nous allons suivre les débats.
Nous entendrons d'abord M. Kaludjak. Habituellement, les témoins disposent de cinq minutes, mais vous pourrez prendre un peu plus de temps si vous le voulez.
En fait, nous n'accueillons que deux témoins aujourd'hui, alors, à moins que certains membres du comité ne soient pas d'accord, je pense que nous accorderons 10 minutes à chacun pour présenter son exposé.
Pour les besoins d'interprétation, je demanderais aux témoins de parler à un rythme approprié. Si votre débit est un peu trop rapide, je prendrai la peine d'intervenir pour vous demander de ralentir.
Cela dit, je donne la parole à M. Kaludjak pour 10 minutes.
Comme vous êtes à Iqaluit, vous devez apprendre quelques mots de la langue du pays. « Uplaakut » signifie bonjour. Êtes-vous capables de dire uplaakut? Quand vous retournerez à Ottawa vous pourrez dire au premier ministre uplaakut. Mais il ne faut pas le dire le soir. C'est bonjour.
[Le témoin continue en Inuktitut, traduction de l'interprétation.]
Bonjour. Je m'appelle Paul Kaludjak et je suis président de la Nunavut Tunngavik Incorporated. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous rencontrer de nouveau. Je me rappelle avoir comparu devant vous à Ottawa en mai dernier à titre de coprésident de la Coalition des signataires d'accords sur des revendications territoriales.
La NTI est l'organisation qui représente tous les Inuits du Nunavut. Il nous incombe de faire en sorte que l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut soit intégralement mis en oeuvre.
[Le témoin continue en inuktitut.]
[Le témoin continue en anglais.]
Il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue au Nunavut. Nous avons commandé le merveilleux temps doux qu'il fait aujourd'hui pour vous éviter de vous geler les mains ou autre chose, parce que nous avons toujours besoin de vous à Ottawa.
Comme vous le savez, j'ai écrit au président du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences et du développement social. Si je comprends bien, le comité est en train d'étudier la contribution du gouvernement fédéral à la réduction de la pauvreté au Canada. C'est un sujet important et je suis heureux de voir que le comité est disposé à faire rapport à ce sujet. Mais il ne semble pas avoir l'intention de venir au Nunavut; nous espérons que vous lui transmettrez l'information que vous recueillerez à l'occasion de votre passage ici.
Au Nunavut, nous savons ce que c'est, la pauvreté. La moitié des ménages, environ, est bénéficiaire des programmes de soutien au revenu. Dans quelque 56 p. 100 des ménages inuits, il y a au moins une personne qui n'a pas suffisamment à manger ou qui s'inquiète de ne pas avoir à manger. Nous avons un taux de mortalité infantile qui est trois fois supérieur à la moyenne nationale et un taux de suicide chez les jeunes hommes qui est à peu près 50 fois plus élevé que la moyenne nationale. Je crois comprendre que le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences et du développement s'est déplacé à différents endroits au pays et s'est rendu à Whitehorse et à Yellowknife. Je voudrais vous demander à tous de parler aux membres de ce comité quand vous retournerez à Ottawa et de leur indiquer qu'il est nécessaire qu'ils visitent le Nunavut pour entendre ce que nous avons à dire sur notre propre situation. Je trouve incroyable qu'ils choisissent de ne pas venir au Nunavut à ce moment-ci. Espérons qu'ils se raviseront et qu'ils pourront connaître la réalité du Nunavut telle qu'elle est.
Donc, vous vous penchez sur les obstacles au développement économique dans le Nord et sur les solutions qui pourraient être apportées. Au cours de la dernière année, l'économie mondiale a connu son pire choc depuis les années 30. Malheureusement, les gouvernements n'ont pas appris à ne pas répéter les erreurs de gestion économique du siècle dernier.
De nombreux indicateurs permettent de croire que la reprise est amorcée. Mais elle n'est pas encore achevée. Les taux de chômage au pays sont les plus élevés des 25 dernières années environ.
Les dépenses de relance du gouvernement ont permis de faire face à la récession. Je crains cependant que la nécessité de gérer le déficit donne lieu à des compressions, ce qui pourrait porter un dur coup au Nunavut.
Le surpeuplement pose un important problème au Nunavut. En 2004, la NTI et les Sociétés d'habitation du Nunavut ont élaboré un plan d'action de 10 ans en matière de logement pour les Inuits. Il prescrivait la rénovation et la modernisation de 1 000 unités existantes et la construction de 3 000 nouvelles unités juste pour amener le niveau de surpeuplement à la moyenne nationale, et la construction de 2 730 unités de plus pour faire face à la croissance démographique de l'époque.
La part du budget du gouvernement du Nunavut affectée au logement à l'époque permettait de construire environ 50 unités par année. La crise du logement au Nunavut remonte à loin et elle dépasse la capacité financière du gouvernement du Nunavut. Elle atteignait des proportions alarmantes. Le montant supplémentaire de 200 millions de dollars sur trois ans alloués en 2006 par le gouvernement du Canada au logement au Nunavut est arrivé à point nommé. En 2009, une somme supplémentaire de 100 millions de dollars a été accordée pour deux autres années, c'est-à-dire jusqu'en 2011. Ces dépenses touchent un secteur qui en a grandement besoin et il faut qu'elles continuent même si le gouvernement tente de réduire le déficit.
Le surpeuplement des logements constitue un obstacle au développement économique. Le logement a un impact sur les conditions sociales, la santé et le succès dans les études. C'est en 1993 que la NTI et le gouvernement du Canada ont signé l'Accord sur les revendications territoriales. On jetait ainsi les bases sur lesquelles le développement pourrait se construire. Le titre foncier était clairement établi, supprimant ainsi l'incertitude qu'il régnait jusque-là, et par la même occasion un processus de réglementation clair a également été mis sur pied.
Le processus de réglementation pratiqué dans d'autres territoires a donné lieu à des préoccupations qui ont fait l'objet d'un important rapport de Neil McCrank l'année passée. McCrank n'a relevé aucun problème important dans le système de réglementation du Nunavut. Le NTI a souscrit à toutes les recommandations qu'il a faites au sujet du Nunavut. Notre entente sur les revendications territoriales prévoyait le placement de capitaux dans les Sociétés de fiducie du Nunavut. Les recettes que nous en tirons servent à financer la NTI et les organisations régionales que vous entendrez plus tard. Des questions ont été posées également. Voici comment la Société de fiducie s'est comportée depuis le début de la récession en septembre dernier: au début de 2008, la valeur sur le marché de la Société de fiducie était estimée à 1,2 milliard de dollars; au début d'octobre de cette année, elle se situait légèrement au-dessus de 1,1 milliard de dollars, ce qui représente une baisse de 8 ou 9 p. 100. Une baisse, ce n'est jamais une bonne nouvelle, mais vu l'état du marché mondial, c'aurait pu être bien pire.
Des fonds provenant de la fiducie ont été utilisés pour édifier le secteur des affaires inuites. La société Atuqtuarvik Corporation, par exemple, a été constituée en société de prêts et d'entraide dotée d'un fonds de 70 millions de dollars pour soutenir les entreprises inuites. À ma connaissance, un seul des prêts accordés par la société Atuqtuarvik Corporation n'est pas recouvrable. L'Atuqtuarvik Corporation est également actionnaire de la Banque des Premières Nations, qui ouvrira bientôt sa première succursale au Nunavut.
Les Inuits du Nunavut et les Inuvialuits des Territoires du Nord-Ouest ont procédé à des investissements conjoints. La compagnie d'aviation Canadian North, en particulier, est une entreprise en copropriété. La Canadian North a été créée par ceux qui bénéficient de ses services, mais elle doit maintenant faire face à la concurrence de sociétés aériennes du Sud telles qu'Air Canada.
Notre ligne aérienne a investi dans l'infrastructure et planté des racines dans de petites communautés. Par contraste, il semble que les grandes sociétés aériennes du Sud soient surtout intéressées à se disputer les destinations de premier choix comme Ottawa, Iqaluit, Edmonton, Yellowknife ou le trajet Calgary-Yellowknife. La concurrence est perçue comme une saine pratique économique mais la concurrence subventionnée est une profonde injustice. Nous croyons comprendre qu'Air Canada, compagnie privée, pourrait recevoir jusqu'à 300 millions de dollars du Compte du Canada, qui est géré par Exportation et développement Canada. C'est le gouvernement du Canada qui supporte le risque relié à ce prêt. La vocation d'Air Canada n'est pas l'exportation et les compagnies d'aviation du Nord devront soutenir sa concurrence.
L'un des domaines dans lesquels le gouvernement ne s'est pas acquitté de ses obligations est celui qui relève de l'article 24 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. Cet article porte sur les marchés publics et exige du gouvernement du Canada qu'il se dote de politiques d'approvisionnement pour toutes ses activités de passation de marchés au Nunavut. Les politiques en question doivent être élaborées en étroite consultation avec la Nunavut Tunngavik Inc., la NTI.
Le gouvernement du Nunavut s'est acquitté de son obligation à cet égard et la NTI a élaboré une politique NNI conjointement avec lui. Le sigle NNI signifie Nunavummi Nangminiqaqtunik Ikajuuti, et sa raison d'être est de soutenir le nouveau secteur des affaires du Nunavut. En vertu de cette politique, la préférence est accordée aux entreprises soumissionnaires inuites, à celles du Nunavut et aux entreprises locales. Si une entreprise inuite répond à tous les critères pertinents, elle se verra reconnaître un avantage pouvant atteindre 21 p. 100. La seule entente que nous ayons avec le gouvernement fédéral dans le domaine de la passation des marchés est l'entente d'assainissement des stations du Réseau DEW conclue avec le ministère de la Défense nationale.
Dans l'entente, les exigences minimales à l'égard de l'emploi d'Inuits et la passation de marché avec les Inuits sont d'application obligatoire. Les objectifs ont dans la plupart des cas été atteints dans une proportion d'environ 70 p. 100. Il est regrettable que l'entente avec la Défense nationale ne soit pas considérée comme un modèle à suivre. En ce qui concerne le reste du gouvernement fédéral, la préférence accordée aux soumissionnaires inuits comme dans le NNI est exclue et les exigences d'application obligatoires comme celles que la Défense nationale a établies sont exclues. Cela reste un article non appliqué de l'accord.
J'aimerais toutefois mentionner un aspect de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut sur lequel des progrès ont été accomplis. À l'article 15.3.7 de l'accord, on reconnaît le principe de la contiguïté qui intervient dans l'attribution des permis de pêche dans les eaux contiguës au Nunavut. Si l'article était pleinement appliqué, les pêcheurs du Nunavut récolteraient de 80 à 90 p. 100 des poissons présents dans les eaux contiguës, mais à ce jour, dans le secteur extérieur, 26 p. 100 seulement du flétan noir sont capturés par des pêcheurs du Nunavut.
Pendant des années, nous avons tenté de convaincre le ministre des Pêches de la nécessité de mettre en application le principe de la contiguïté. L'occasion s'est présentée au mois de juin de cette année, quand le Conseil scientifique de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest a recommandé une augmentation des prises de flétans dans le détroit de Davis, augmentation à partager entre le Groenland et le Canada. La NTI, le gouvernement du Nunavut et d'autres intervenants du Nunavut ont rencontré le ministre Shea, lequel a annoncé, le 9 novembre, que 90 p. 100 de la portion canadienne de l'augmentation seraient alloués au Nunavut. Il s'agit d'un volume d'environ 1 500 tonnes de poissons, c'est une mesure importante pour nous que nous sommes heureux de souligner.
Nous avons bon espoir que d'autres mesures seront prises pour donner plus d'ampleur au rôle du Nunavut dans l'industrie de la pêche.
Comme vous l'avez demandé, monsieur le président, j'aimerais conclure sur quelques remarques récapitulatives.
Le gouvernement est un important employeur au Nunavut et les dépenses du gouvernement revêtent une bien plus grande importance dans le territoire que dans le sud du Canada. Les dépenses au titre du logement apportent une importante contribution à l'économie, mais également à la santé, aux conditions sociales et au succès dans les études. L'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut a mis en place le cadre du développement du territoire. Nos institutions économiques sont performantes, mais elles font face à des défis, notamment l'aide financière accordée par le gouvernement fédéral à des entreprises concurrentes. Les dispositions de l'article 24 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, qui portent sur les marchés de l'État, doivent être pleinement mises en oeuvre.
La récente allocation par le gouvernement fédéral des prises de flétans est conforme au principe de contiguïté inscrit à l'article 15 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. Il nous tarde de nous servir de cette importante mesure comme tremplin. Le développement du Nunavut requiert une approche globale. Nous avons besoin d'infrastructure — comme vous avez pu le voir —, de développement institutionnel, d'investissements financiers, de perfectionnement des ressources humaines et de l'application intégrale de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut.
Moyennant une approche globale, le Nunavut se développera et il passera d'un état de dépendance à la réalisation de son plein potentiel.
Merci, monsieur le président, de m'avoir écouté ce matin.
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Bonjour et merci, monsieur le président, et merci également au comité d'avoir pris le temps de visiter le Nunavut et d'écouter ce que nous avons à dire ici aujourd'hui.
Un mot de présentation pour que les choses soient claires. On m'a demandé de participer à ces travaux à titre de représentant de l'association inuite régionale, c'est-à-dire la Qikiqtani Inuit Association, c'est la raison de ma présence, mais j'y suis d'abord à titre de représentant de leurs organisations sans but lucratif vouées au développement économique, notamment l'Association Kakivak, l'association Partenaires pour le développement de Kivalliq, la Kitikmeot Economic Development Commission et l'ODEC du Nunavut.
Je suis rattaché à l'Association Kakivak, où je remplis les fonctions de gestionnaire des services commerciaux ainsi que de gestionnaire de l'ODEC du Nunavut.
Bien qu'il y ait un grand nombre de sujets à aborder sous le thème des obstacles et des solutions — et il existe un volume considérable de documentation sur ces sujets dans le contexte du Nunavut —, je m'en tiendrai aujourd'hui aux programmes de développement économique autochtone, à la réalisation de ces programmes au Nunavut et dans le reste de l'Inuit Nunaat, et au cadre fédéral pour le développement économique autochtone.
Comme vous devez le savoir, le gouvernement fédéral a mis sur pied, en 2008, le cadre fédéral du processus de développement économique autochtone. Le cadre se voulait un moyen d'indiquer une orientation stratégique et une approche pangouvernementale intégrée en matière de développement économique autochtone. Les organisations de développement économique communautaire des Inuits, soit les ODEC inuites, ont été parties intégrantes à ce processus.
On compte quatre ODEC inuites au Nunavut qui se sont jointes aux ODEC des trois autres régions visées par des revendications territoriales inuites pour mettre sur pied le Comité national de développement économique de l'Inuit Nunaat. Ce comité a également été mis sur pied en partenariat avec AINC et d'autres organisations inuites nationales.
Au Nunavut, les ODEC sont intégrées à la structure de l'organisation de revendications territoriales du Nunavut et elles assurent la prestation de services régionaux aux programmes de soutien à la formation en éducation, en soins des enfants, en services auprès de la jeunesse et des personnes handicapées, ainsi que pour le lancement et l'expansion de petites et de micro entreprises. Ces activités sont rendues possibles par la combinaison des ententes de faire-faire pour la réalisation des programmes de RHDCC et d'AINC et grâce aux fonds disponibles à travers la structure des revendications territoriales. En fait, en pratique, les ODEC inuites accomplissent ce pour quoi le cadre a été mis sur pied, à savoir offrir une approche intégrée en matière de développement économique. Alors je suppose que de ce point de vue, nous avons pris de l'avance.
Cette approche assure l'intégration aux structures de revendications territoriales et une utilisation efficace des ressources, et son caractère global permet une planification et une conception de programme qui soient à l'avantage de toutes les communautés desservies, par opposition à une approche en matière de planification qui serait axée sur une communauté individuelle. Elle procure la masse critique ou la capacité organisationnelle qui sont la condition de l'efficacité en matière de planification et de promotion des activités de développement, y compris la constitution d'un effectif qualifié et la prestation de services de soutien professionnel aux clients.
Grâce à leur position stratégique, les ODEC constituent des partenaires efficaces d'autres organismes de développement qui sont actifs au niveau régional; dans le passé, ce processus a été mis en pratique dans le cadre de notre relation avec les responsables du développement économique dans le bureau régional d'AINC ici même au Nunavut. Et nous assistons en ce moment à un transfert de responsabilités à travers la mise sur pied de l'agence CanNor.
Le cadre mis en place nous a amenés à penser que le modèle des IFA, les institutions financières autochtones, est préféré au modèle ODEC, principalement en raison du mode de fonctionnement des organisations dans le contexte des premières nations. C'est là une source de préoccupations pour les ODEC inuites de toutes les régions de revendications territoriales inuites et ce n'est pas conforme aux structures mises en place pour le développement économique dans les régions de revendications territoriales.
Dans le passé, la mise en application du programme de développement économique des communautés, le PDEC, et du programme de services de soutien aux communautés, le PSSC, était assurée au Nunavut par Affaires indiennes et Nord Canada, et guidée par les avis et les recommandations du Nunavut Regional Program Management Advisory Committee, soit le NRPMAC. Ces programmes relèvent dorénavant de CanNor et nous sommes en train d'établir de bonnes relations de travail avec cette organisation; il nous tarde de voir cette dernière atteindre son plein potentiel. Dans leur application au Nunavut, ces programmes assurent un financement de base et un financement de soutien aux activités et au développement des capacités des ODEC inuites et favorisent de ce fait l'instauration de cette approche axée sur l'intégration de la réalisation des programmes.
Ces programmes font actuellement l'objet d'une démarche de modernisation dans le cadre du processus de mise en oeuvre du cadre fédéral. Cette démarche est à la fois source de préoccupations et riche de possibilités, et elle se rattache à la fois aux obstacles et aux solutions.
À court terme, elle constitue un obstacle possible car, jusqu'à nouvel ordre, les programmes sont censés venir à expiration à la fin du présent exercice financier. Le cadre et les activités qui s'y rattachent ne devraient en arriver à leur parachèvement qu'au cours du prochain exercice, si bien que nous prévoyons ou soupçonnons qu'il pourrait y avoir une période de carence. Il est donc clair qu'il faut proroger les programmes existants jusqu'au moment où le processus découlant du cadre et la modernisation des programmes soient achevés, faute de quoi les ODEC seront dépouillées de leur capacité institutionnelle, ce qui compromettra leur capacité de réaliser les divers programmes.
À long terme, il faudra aménager les programmes tels que le PDEC et le PSSC ou les programmes qui les remplaceront de manière à ce qu'ils soutiennent efficacement les ODEC inuites. C'est ce qu'on peut considérer comme une occasion ou une solution. Du point de vue des ODEC inuites, la priorité du cadre fédéral devrait être de prendre appui sur la capacité des organisations inuites régionales existantes pour combler les lacunes là où il y en a, offrir des ententes de programmes cohérentes et examiner des approches novatrices pour répondre aux besoins prioritaires en matière de développement.
L'énoncé de principes préparé par le Comité national de développement économique de l'Inuit Nunaat présente les éléments clés suivants à l'égard du cadre: la nécessité de considérer l'Inuit Nunaat comme une seule région du point de vue de la politique fédérale de développement économique autochtone; la nécessité d'élaborer une vision du développement économique qui soit propre à l'Inuit Nunaat; la nécessité d'une souplesse suffisante à l'intérieur du cadre fédéral pour qu'il soit possible de mettre en oeuvre les arrangements de programme conformément aux dispositions des différents accords de règlement des revendications territoriales des Inuits; la nécessité de la cogestion dans le domaine des politiques et des programmes relevant du programme fédéral DEA afin de traduire fidèlement l'esprit et l'intention des accords de règlement des revendications territoriales et aux fins du respect des obligations particulières qui échoient au gouvernement fédéral; la nécessité de la mise sur pied d'un programme de développement économique des communautés pour soutenir l'aide au développement de la capacité organisationnelle des ODEC inuites; la crainte que le cadre fédéral, quand il sera mis en oeuvre, ne soit pas assorti du mandat clair de faire fond sur la capacité existante des organisations inuites et inuvialuites, par opposition à une orientation axée sur la création de structures de réalisation de programme nouvelles ou concurrentes, telles que les IFA; la volonté maintes fois exprimée par les organisations inuites régionales que la réalisation des programmes de développement économique régional fédéraux soit assurée dans le cadre d'ententes élargies avec des associations inuites régionales plutôt que dans le cadre d'une tentative de reconstitution de la capacité ministérielle du gouvernement fédéral au niveau régional; la nécessité d'un accès équitable aux programmes pour toutes les régions de l'Inuit Nunaat; la nécessité d'un accès équitable aux programmes et aux services des programmes DEA fédéraux pour les bénéficiaires inuits qui vivent à l'extérieur des régions visées par le règlement; la nécessité d'ententes cohérentes et efficaces de financement des programmes de DEA entre le gouvernement fédéral et les organisations inuites régionales responsables de la réalisation des programmes fédéraux de DEA, ce qui comprend la nécessité d'ententes pluriannuelles flexibles; la nécessité de mettre au point conjointement et d'un commun accord des mécanismes de suivi et des indicateurs de résultats améliorés pour les programme de DEA; la nécessité d'arrangements fiscaux avec le gouvernement fédéral et d'allocations fédérales pour le financement des programmes de DEA qui reflètent le coût de la vie et le coût d'être en affaires en Inuit Nunaat; la nécessité de favoriser un resserrement de la coordination entre les grands projets et les programmes de développement économique communautaire et les objectifs; la nécessité d'une approche régionale à l'égard des priorités de projet, des allocations de financement et de la prise de décisions en matière de projets de développement économique communautaire.
Pour résumer, la priorité du cadre fédéral devrait être de faire fond sur ces initiatives et sur la capacité organisationnelle inuite régionale existante pour combler les lacunes là où il y en a, de mettre en place des arrangements de programme cohérents et d'examiner des approches novatrices pour répondre aux besoins prioritaires de développement dans l'ensemble de la région visée par les revendications territoriales inuites. Cela requiert en partie l'élimination des obstacles de politiques et de programmes qui empêchent l'application intégrale de ces principes directeurs.
Merci, monsieur le président. Je répondrai volontiers aux questions du comité.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
J'aimerais parler de la Stratégie pour le Nord, rendue publique par le gouvernement l'été dernier, qui met l'accent sur quatre priorités: la souveraineté dans l'Arctique, le patrimoine environnemental, le développement socio-économique ainsi que la constitution et les responsabilités des gouvernements du Nord. Je vais essentiellement m'en tenir à ce quatrième volet et adresser la plupart de mes questions, je crois, à M. Cousins, car ce volet de gouvernance fait intervenir de nombreuses questions importantes que vous avez soulevées à l'égard du cadre de 2008, qui met en scène RHDSC, AINC et les revendications territoriales. Je soumets respectueusement que ce dossier se rapporte largement à la gestion et à l'aménagement du territoire également, et j'aimerais connaître votre opinion à ce sujet, monsieur Cousins.
À la lumière des nombreuses réussites dont vous avez parlé, rendues possibles grâce aux organismes de développement économique communautaire qui ont pignon sur rue dans la région, pourriez-vous en dire davantage sur la façon dont cette idée de développement économique intégré s'applique ici-même dans les territoires, dans le contexte du cadre et de la Stratégie pour le Nord adoptée par le Canada?
Je pose ces questions pour deux raisons. Tout d'abord, je pense pouvoir dire que certaines frustrations ont été exprimées dans les autres territoires en raison des difficultés à obtenir la collaboration de toutes les parties, c'est-à-dire les différents ordres de gouvernement, certaines chambres de commerce, etc. Ensuite, je comprends et je tiens à souligner l'importance de cette question pour le compte rendu. Vous avez dit croire être sur la bonne voie avec votre modèle de développement économique intégré pour la région. Dans ma circonscription, c'est-à-dire dans le Nord-Ouest de l'Ontario, nous avons saisi l'importance de cette démarche et nous poursuivons nos efforts en vue d'assurer que les plus de 25 premières nations isolées de la région participent aux stratégies de développement économique. Cette participation ne se limite pas qu'aux aspects commerciaux. Elle s'étend notamment à la gestion et à l'aménagement du territoire et s'inspire de traditions importantes issues des collectivités autochtones, qui adhèrent depuis des millénaires à des cadres de référence pour l'utilisation des ressources.
Cette question peut sembler très détaillée, mais essentiellement, j'aimerais connaître les aspects positifs de la situation actuelle, compte tenu de tous ces autres éléments qui ont une incidence sur l'expansion des entreprises et peut-être même sur la formation.
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J'essaierai de détailler ma réponse le plus possible. Vous devrez peut-être vous tourner vers quelqu'un d'autre pour ce qui est de l'aménagement du territoire.
En ce qui concerne l'approche intégrée ou l'approche régionale que nous avons adoptée à l'égard du développement économique, comme je l'ai dit, nous avons pu, par l'entremise des organisations inuites de développement économique communautaire, accéder à des programmes de soutien pour les enfants et les jeunes, à des programmes de soutien aux personnes handicapées, à des programmes de soutien des entreprises ainsi qu'à des programmes de formation et d'emploi de RHDSC. Nous avons un guichet unique. Ainsi, par exemple, lorsqu'un client se présente, nous pouvons lui parler et tenter de trouver des moyens de soutenir ses initiatives ou ses projets de plusieurs angles à la fois. Nous pourrions éventuellement élaborer une formule combinant capitaux propres et financement par emprunt aux fins du démarrage de son entreprise, puis traverser le couloir et obtenir du soutien financier pour assurer la formation du personnel, ce genre de chose. Dès le départ, voilà un peu ce que notre modèle permet de faire; c'est essentiellement à quoi il se résume.
En 2008-2009, l'association Kakivak, qui oeuvre je crois dans le domaine de la formation et de l'emploi, a offert un soutien de l'ordre de 3 millions de dollars à près de 700 participants grâce à la prestation de programmes par de tierces parties. Beaucoup de cet argent a été versé à des particuliers en guise de soutien, notamment dans le cadre de programmes d'aide financière aux études, mais l'organisme est également venu en aide, par exemple, au Collège de l'Arctique pour permettre l'acquisition d'un programme qu'il sera possible de dispenser ici-même à Iqaluit ou encore dans les centres d'éducation communautaires. C'est un peu comme une pieuvre qui étend ses tentacules un peu partout. Les activités sont étroitement intégrées avec le ministère de l'Éducation, avec les services à la formation et à l'emploi. À l'heure actuelle, il y a une collaboration et une intégration étroites avec CanNor, auparavant AINC, pour assurer l'expansion des entreprises, mais aussi avec Entreprise autochtone Canada, car nous assurons également la prestation de certains des programmes de cet organisme par de tierces parties.
Je ne suis pas certain de répondre entièrement à votre question, mais ce sont des exemples.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Il me fait plaisir de vous revoir.
J'aimerais m'en tenir à deux secteurs primaires. Le premier est l'industrie de la pêche. Je viens d'une région côtière, de la côte du Labrador, et je sais que beaucoup de partenariats sont conclus entre les intervenants de l'industrie de la pêche du Nunavut et ceux du Labrador, que ces groupes se parlent et collaborent fréquemment. Bien que certains conflits surviennent à l'occasion, les liens de collaboration sont somme toute assez étroits. Comme vous le savez, chacun cherche à s'approprier les quotas lorsqu'ils sont établis et tous veulent mettre la main sur ce poisson.
J'aimerais me faire une idée de la forme que prend votre structure. Lorsque vous dites que votre industrie de la pêche génère des recettes de plus de 120 millions de dollars mais que vous n'en touchez que 10 p. 100, on ne peut pas dire que ce sont des retombées importantes. Je suis convaincu que vous aimeriez faire mieux. Comment voyez-vous le développement de l'industrie de la pêche? Tout ce que je puis dire, du point de vue des régions côtières du Labrador, c'est que même s'il est parfois question d'exploitation minière ou encore plus rarement des industries forestière et touristique, sans la pêche pratiquée le long des côtes du Labrador, je ne sais pas où en seraient nos collectivités.
Oui, le développement de l'industrie a été possible en partie grâce à la création d'infrastructures comme des ports pour petits bateaux et d'autres installations de soutien, et nous cherchons encore à en faire davantage afin d'appuyer le changement de dynamique qui s'opère dans l'industrie. J'aimerais donc avoir une idée de votre structure.
Paul, pour ce qui est du transfert des responsabilités, lorsque l'accord sur les revendications territoriales a été signé et conclu à l'origine, les signataires prévoyaient-ils que les choses allaient changer, 10 ou 20 ans plus tard, que le statut territorial pouvait changer? Le territoire pourrait se voir conférer des pouvoirs, davantage de pouvoirs; le système pourrait même prendre une forme apparentée à celle des provinces. Comment l'accord sur les revendications territoriales s'inscrit-il dans ce processus global de transfert des responsabilités?
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Merci, monsieur Russell, pour cette excellente question.
Du point de vue de l'industrie de la pêche, vous comprenez que nous souhaitons créer des partenariats avec d'autres régions, comme celles de Makkovik et du Nunatsiavut, compte tenu de la stratégie que nous avons adoptée. Nous avons déjà des partenariats avec elles, mais nous aimerions en étendre la portée et les multiplier. Jeff pourra vous en dire davantage sur la stratégie.
Si vous vous rendez à la plage dans notre coin de pays, que voyez-vous? Des amas de roches sur la grève, un quai avec un treuil, et c'est à peu près tout. Pour mettre nos bateaux à l'eau, nous sommes obligés de reculer dans l'eau salée avec nos camions. Les véhicules ne sont pas blindés contre les effets de l'eau salée, comme vous le savez, et ils se ruinent presque aussitôt. En l'absence d'installations adéquates pour mettre leurs bateaux à l'eau, j'ai vu des hommes devoir aller si profond que même les portes de leurs camions étaient immergées. C'est pire dans les plus petites collectivités. Si les collectivités étaient dotées d'une infrastructure adéquate, l'industrie de la pêche se porterait beaucoup mieux. C'est pourquoi nous empocherions une part un peu plus importante de ces 120 millions de dollars. C'est pourquoi nous crions depuis toujours à l'injustice. Ces revenus potentiels nous échappent principalement en raison du manque d'installations, et Jeff pourra en dire davantage à ce sujet.
Pour passer à la question du transfert des responsabilités, nous avons effectivement signé un protocole d'entente avec Chuck Strahl en septembre 2008, convenant de négocier le transfert des responsabilités au sein de notre territoire. Il s'agit d'un accord tripartite. Les pourparlers seront guidés par l'accord sur les revendications territoriales et mettront en scène le gouvernement du Nunavut, le gouvernement fédéral et nous-mêmes. C'est un protocole d'entente aux fins de la négociation des possibilités de transfert de responsabilités du point de vue des ressources et de la propriété. Je crois que nous qualifions la chose d'autonomie; vous contrôlez directement ces ressources et négociez en conséquence. Nous nous acquittons des responsabilités qui nous incombent du point de vue des terres appartenant et à la Couronne et aux Inuits.
Les négociations au sujet du transfert des responsabilités sont sur le point de commencer. Nos négociateurs sont prêts. Je crois que le gouvernement du Nunavut n'a pas encore nommé ses négociateurs. Le gouvernement fédéral a désigné son négociateur; je crois que c'est Paul Mayer, mais je me trompe peut-être. Le gouvernement fédéral a nommé une personne qui aura pour tâche de parler précisément du transfert des responsabilités ou de négocier les questions connexes. Tout cela est sur le point de commencer.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, de m'avoir invité à témoigner devant le comité.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de l'industrie de l'exploitation et de la prospection minières ainsi que du rôle important qu'elle peut jouer dans le développement économique du Nunavut.
La géologie du Nunavut convient parfaitement aux gîtes minéraux d'importance. Toutefois, le territoire est vaste et éloigné, et les conditions logistiques et météorologiques mettent au défi même le géologue d'exploration le plus déterminé. De ce fait, le Nunavut demeure peu exploré pour ses minéraux si on le compare à des régions plus accessibles du Canada. En conséquence, le Nunavut offre un grand potentiel de découvertes gigantesques et à grande échelle, si on commence par l'exploration hors chantier.
Trois mines d'importance, c'est-à-dire Nanisivik, Lupin et Polaris, ont été aménagées entre 1976 et 1982 dans le territoire aujourd'hui appelé Nunavut. Ces travaux ont donné lieu à des emplois, à de la formation et à d'autres avantages économiques importants pour les communautés locales et le territoire dans l'ensemble. Ces trois mines sont maintenant fermées.
La mine d'or Meadowbank près de Baker Lake, qui devrait commencer sa production au cours du premier trimestre de 2010, est la première mine d'importance à ouvrir au Nunavut depuis 1982. Déjà, les régions de Baker Lake, de Rankin Inlet et de Kivalliq en général voient des avantages importants grâce à cette exploitation.
Selon moi, l'exploitation minière offre les perspectives les plus prometteuses pour créer des possibilités de développement économique importantes pour les habitants du Nunavut dans un proche avenir. L'histoire nous dit qu'il existe peu d'autres solutions de développement économique pour le Nunavut qui pourraient produire les avantages économiques et sociaux que l'exploitation minière responsable peut apporter.
Depuis 2005, ma société, Peregrine, un exploitant subalterne de gisements diamantifères, a réalisé des dépenses de prospection de 30 millions de dollars au Nunavut en raison de l'énorme potentiel géologique du territoire. Ces dépenses ont mené à la découverte de deux districts diamantifères prometteurs: Chidliak, qui est situé à environ 120 kilomètres au nord-est d'ici, et Nanuq, situé à 250 kilomètres au nord de Rankin Inlet. Ma société a dépensé 9,2 millions de dollars à Chidliak cette année, et 1,5 million de dollars à Nanuq. Une partie importante de ces dépenses a été consacrée aux biens et services locaux ainsi qu'aux employés locaux.
À titre de référence, DHP Billiton, la première société minière en importance au monde et l'exploitant de la mine Ekati dans les Territoires du Nord-Ouest, est notre partenaire à Chidliak.
Bien que l'exploitation minière au Nunavut pose de nombreux défis, j'aimerais me concentrer sur quatre d'entre eux cet après-midi: l'aménagement du territoire, le pouvoir réglementaire, la formation des travailleurs et le financement de la géologie.
Un texte de loi préliminaire sur l'aménagement du territoire et l'évaluation des répercussions au Nunavut est censé être présenté à la Chambre des communes bientôt. Il est essentiel que ce texte de loi reconnaisse le rôle irremplaçable que l'exploitation minière peut jouer dans le développement responsable de l'économie du Nunavut. Le texte de loi devrait favoriser l'avancement efficace et opportun de projets à toutes les étapes du cycle d'exploitation et de prospection minières. L'industrie devrait être reconnue en tant que partenaire important pour ce qui est de la rédaction et de la mise au point définitive des plans d'aménagement du territoire qui seront élaborés en vertu de la loi.
Chose très importante, il est essentiel de prendre en considération les commentaires de l'industrie et de tenir compte des ressources minérales potentielles avant d'établir les zones ou les régions où l'exploitation et la prospection minières seront limitées ou même interdites. Autrement, si on n'obtient pas les commentaires de l'industrie, des occasions importantes de développement durable à long terme au Nunavut pourraient alors être perdues.
Si le système de réglementation au Nunavut veut atteindre les objectifs visés, il est essentiel de s'assurer que des personnes qualifiées sont nommées aux nombreux conseils et qu'elles reçoivent la formation et le soutien appropriés. De nombreux progrès ont été réalisés au cours des dix dernières années, mais je crois qu'il en reste encore un peu à faire.
Le gouvernement devrait étudier la possibilité de mettre sur pied un organisme indépendant pour appuyer les conseils et les commissions du Nord. Cette recommandation est clairement énoncée dans le rapport conjoint de l'industrie de l'exploitation et de la prospection minières présenté en 2008 à l'initiative d'amélioration de la réglementation dans le Nord. La mise sur pied d'un organisme indépendant aidera non seulement le Nunavut, mais également les Territoires du Nord-Ouest, où les difficultés initiales relatives à la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie sont largement reconnues.
Le succès de l'industrie de l'exploitation et de la prospection minières au Nunavut créera un grand nombre de postes de travailleurs qualifiés et de niveau d'entrée dans le territoire. Par exemple, même si nos deux projets sont des projets d'exploration à leurs débuts, cette année nous avons employé 18 personnes de Pangnirtung et Iqaluit à Chidliak ainsi qu'une personne de Repulse et une autre de Rankin dans le cadre de notre petit projet à Nanuq.
De grands efforts devraient être déployés pour établir des programmes de formation dans les communautés, idéalement en collaboration avec l'industrie. Cela préparerait les résidants du Nunavut à des carrières dans l'industrie minière. Il existe des initiatives dans ce domaine actuellement, mais je crois qu'on peut faire mieux, et vous en avez beaucoup entendu parler ce matin. Autre élément très important, appuyer et améliorer les établissements d'enseignement postsecondaires et ceux de la maternelle à la 12e année dans les communautés peut donner d'excellents résultats.
Enfin, il est important que l'industrie de la prospection dispose d'une bonne fondation pour ce qui est des renseignements géologiques dans les régions qui sont explorées. Il est donc important que les divers programmes géoscientifiques qui existent dans le Nord continuent d'être financés afin que ces renseignements de base soient fournis à l'industrie.
En résumé, la prospection et l'exploitation minières offrent la possibilité de réaliser un développement durable important et d'accroître la capacité des habitants du Nunavut. Cela est clairement illustré par l'exploitation actuelle de la mine d'or Meadowbank près de Baker Lake et, évidemment, par l'histoire de Polaris, de Nanisivik et de Lupin. Je vous encourage vivement à garder un oeil sur Meadowbank et à surveiller vous-mêmes les répercussions positives que la dernière mine du Nunavut aura sur la région de Kivalliq et le territoire dans l'ensemble. L'aménagement d'une mine est plutôt rare. C'est très difficile. L'exploitation est coûteuse et représente un investissement très risqué.
Je presse les membres du comité de faire tout ce qu'ils peuvent pour encourager et faciliter l'exploitation et la prospection minières responsables partout dans le Nord et particulièrement au Nunavut, où les possibilités significatives d'emploi sont clairement nécessaires.
Merci beaucoup.
[Français]
Merci beaucoup de votre attention.
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Bonjour. Je m'appelle Manasie Mark. Je suis gestionnaire à la desserte maritime ici à Iqaluit pour la Nunavut Sealink and Supply Inc., la NSSI. J'occupe ce poste depuis près d'un an maintenant.
C'est un plaisir pour la NSSI d'être ici et d'avoir la chance de donner son avis au comité et de partager ses réflexions. Je suis encore nouveau dans le domaine, mais j'ai préparé cet exposé avec l'aide de mon collègue.
Mon bref exposé portera sur le rôle clé du transport maritime dans le développement économique de l'Arctique, les efforts déployés par la NSSI pour faciliter et améliorer les services offerts aux utilisateurs de la desserte maritime, les obstacles que nous rencontrons et les idées qui pourraient contribuer à faire tomber ces barrières ou, à tout le moins, à les diminuer.
Je commencerai par parler de l'importance du transport maritime et du rôle de premier plan qu'il joue dans le développement économique du Nord.
En premier lieu, même si le transport n'a pas un rôle de premier plan dans le développement économique, les solutions de transport sont limitées en raison de l'isolement des communautés et des grandes distances. En second lieu, comme le transport maritime est une solution à l'isolement, il devient nécessaire au développement économique de l'Arctique. Il y a une augmentation constante du besoin en transport maritime pour le réapprovisionnement régulier, et nous ne devons pas oublier les demandes de transport provenant de l'industrie minière et des projets spéciaux.
Maintenant, je parlerai des efforts déployés par la NSSI pour améliorer les services et mieux contribuer au développement économique du Nord.
Des investissements majeurs dans l'acquisition de plusieurs nouveaux et gros navires ont accru notre capacité de transport. Ces navires sont tout nouveaux et disposent d'une capacité de levage supérieure. De plus, l'acquisition d'un nouvel équipement d'allège comme des barges et des remorqueurs plus gros ont contribué à la grande qualité de nos services.
Les employés ont suivi des séances de formation adéquate sur les chariots élévateurs et les opérations de chargement, les appareils de levage, la santé et la sécurité, les premiers soins et les techniques de service à la clientèle, ce qui nous a permis d'être plus efficaces et sécuritaires, et de fournir un meilleur service.
Notre association avec l'Arctic Co-op et la FCNQ, la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, qui est le mouvement coopératif au Nunavik, dans le Nord du Québec, permet à ces organismes de progresser en vue de tirer le maximum de leur activité de transport maritime. Tous les clients d'ACL et de la FCNQ en profitent.
La NSSI participe également activement à différentes réunions, études et demandes, comme celle-ci, pour donner son opinion sur les façons d'améliorer l'industrie du transport maritime et les services de transport maritime dans l'Arctique.
Nous arrivons maintenant aux obstacles que nous rencontrons. Je parlerai principalement du manque d'infrastructure maritime dans les communautés du Nord. Tout d'abord, le manque d'infrastructure amène des questions de sécurité et d'efficacité; puis, la saison de navigation commerciale est limitée en raison de la glace, du vent et des vagues. Les besoins en transport maritime augmentent constamment.
Il y a une petite possibilité que le manque d'infrastructure maritime adéquate et d'appui à l'industrie puissent au bout du compte pousser les transporteurs à atteindre leur limite pour ce qui est de la valeur du fret transporté pendant la saison.
Le manque d'infrastructure contribue à accroître le risque d'incidents ou d'accidents, qu'ils soient majeurs ou mineurs. Le manque de logistique pour le transport maritime, le manque de connaissance et de compréhension parmi le personnel des secteurs privé et public, et le roulement important du personnel dans le Nord contribuent également à ce facteur. La connaissance de la logistique est le facteur clé ici dans le Nord, parce que la saison de la navigation commerciale est très courte, et que tous les biens doivent être transportés pendant ces trois à quatre mois.
Enfin, nous avons regroupé certaines idées et solutions pour améliorer le transport maritime et nous avons continué de travailler avec tous les intervenants afin d'arriver à un but commun quant aux meilleurs types d'infrastructure qu'il convient de mettre en place pour faire avancer les projets et arriver à construire une infrastructure maritime, et de donner des cours de logistique structurés, soit par l'entremise d'une école déjà établie ou par conférences ou symposiums pendant la saison de formation. Au besoin, nous mettrons sur pied un comité de consultation permanent afin de mieux planifier les besoins et d'être en mesure de participer activement au développement économique du Nord qui ne cesse d'augmenter.
C'était mon exposé. Je crois que ces éléments vous ont donné une idée générale de la façon dont la NSSI perçoit certains des aspects de notre rôle en matière de développement économique.
Naqurmiik. Merci.
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Bon après-midi, mesdames et messieurs, membres du comité, témoins et invités. C'est un plaisir de vous voir tous ici aujourd'hui.
Nous reprenons la séance en accueillant notre quatrième groupe de témoins. Nous entendrons des témoignages sur les occasions de favoriser le développement économique du Nord du Canada. Plus précisément, nous cherchons à déterminer quels sont les obstacles ou les barrières qui nuisent au développement. De plus, dans la mesure du possible, nous prenons note des solutions éventuelles que proposent nos témoins.
Tout cela, bien sûr, fait partie des travaux préalables à la rédaction d'un rapport exhaustif sur le sujet. Il s'agit de notre troisième arrêt d'une tournée qui nous a menés dans trois villes différentes du Nord du Canada. Malheureusement — je ne devrais pas dire malheureusement — nous n'avions ni le temps, ni les ressources pour nous rendre ailleurs que dans les capitales territoriales. Néanmoins, nous avons pu entendre d'excellents témoignages dans chacun des trois territoires, et nous allons poursuivre notre examen de ce sujet jusqu'au début de la nouvelle année.
Nous recevons des représentants de trois organisations différentes. Nous accueillons Patsy Owlijoot et Lori Kimball de la Société d'habitation du Nunavut. Nous accueillons aussi M. Patrick Doyle, président-directeur général de la Nunavut Broadband Development Corporation, de même que Brian Zawadski, conseiller principal en affaires de la Société de développement du Nunavut.
Nous allons entendre d'abord le témoignage de Patsy Owlijoot. Je crois comprendre, Patsy, que certaines parties de votre exposé seront en inuktitut; je souhaite donc la bienvenue, une fois de plus, à notre interprète. Prenez tout le temps qu'il vous faudra. Je devrais préciser à tous les témoins que vous avez la parole pendant cinq minutes, selon un rythme modéré. Vous n'avez pas à parler trop vite, parce que nous avons aussi l'interprétation simultanée.
Madame Owlijoot, prenez votre temps, et l'interprète pourra traduire en anglais au fur et à mesure, ce qui sera ensuite interprété pour les membres.
Donc, pour cinq minutes environ, la parole est à vous.
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Merci d'avoir invité la Société d'habitation du Nunavut.
[Le témoin continue en anglais.]
Bon après-midi, messieurs les membres du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord. Bienvenue au Nunavut.
[Le témoin continue en inuktitut, traduction de l'interprétation.]
Je m'appelle Patsy Owlijoot, et je suis présidente par intérim de la Société d'habitation du Nunavut. Je suis accompagnée de Lori Kimball, directrice exécutive et chef des services financiers de la Société d'habitation du Nunavut, que je vais désigner par l'abréviation SHN à l'occasion.
[Le témoin continue en anglais.]
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter des activités et des barrières économiques dans le Nord. Avant que nous ne commencions à répondre à vos questions, j'aimerais prendre quelques instants pour vous donner de l'information générale sur l'étendue et la portée des activités et des initiatives de la SHN.
La Société d'habitation du Nunavut a été créée en 2000 par l'assemblée législative du Nunavut en vertu de la Nunavut Housing Corporation Act. La Société d'habitation du Nunavut est une société autonome. Sa capacité de planifier, de mettre en oeuvre et de gérer ses ressources vient du fait qu'elle est indépendante du gouvernement du Nunavut.
La SHN relève directement du ministre responsable du logement par l'entremise de son président. Le ministre relève quant à lui de l'assemblée législative du Nunavut, du conseil exécutif et des Nunavummiut, les résidents du Nunavut.
Le mandat de la SHN est de créer, de coordonner et d'administrer des programmes de logement dans le but d'assurer un accès équitable à toute un éventail de logements abordables pour les familles et chacun des résidents du Nunavut. L'activité principale de la Société d'habitation du Nunavut est de fournir des solutions ciblées en matière de logement.
Notre mission est d'offrir à tous les résidents du Nunavut la possibilité d'avoir un logement qui favorise un style de vie sain, sûr, autonome et digne; à cette fin, nous travaillons avec les collectivités pour les aider à s'acquitter de la responsabilité d'offrir des logements aux Nunavummiut.
La SHN compte cinq bureaux et un effectif de 72 personnes. Tous les jours, nos employés s'efforcent d'inclure les valeurs sociétales inuites dans l'exécution de leurs tâches et d'y intégrer les connaissances locales. La SHN s'est engagée à exécuter ses programmes en collaborant étroitement avec ses partenaires communautaires, les 25 organismes locaux d'habitation, ou les OLH. Ces partenaires communautaires mènent la plupart des activités quotidiennes associées à la prestation des programmes aux personnes et aux familles.
Dans le cadre de ses activités de base, la SHN assume des fonctions opérationnelles comme la planification de gestion, les services à la clientèle, le développement de l'infrastructure, la gestion des biens et la prestation de services administratifs. En 2009, ces fonctions ont été organisées selon les principaux secteurs de responsabilité suivants: les services administratifs consultatifs, les logements subventionnés, les logements du personnel, l'accession à la propriété, la conception et le développement ainsi que l'itinérance.
Pour l'exercice financier actuel de 2009-2010, la SHN dispose d'un budget de fonctionnement et d'entretien de 180 millions de dollars. Par ailleurs, 60 p. 100 de son budget principal des dépenses est attribué aux OLH pour la gestion et la tenue d'environ 4 200 unités de la SHN dans l'ensemble des 25 collectivités du Nunavut. Les fonds destinés aux dépenses de capital varient considérablement. Les sources de financement comprennent le gouvernement du Nunavut, le Northern Housing Trust et la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Comme la réunion d'aujourd'hui porte sur les barrières et les solutions qui touchent le développement économique dans les territoires du Nord, j'aimerais prendre quelques instants pour vous parler des difficultés auxquelles fait face le secteur du logement au Nunavut.
Tout d'abord, il y a les logements abordables. Au Nunavut, chaque unité d'habitation privée reçoit une certaine forme de subvention au logement. Si ces subventions étaient éliminées, tous les Nunavummiut, mis à part les mieux nantis, auraient des problèmes de capacité financière, et le pourcentage des ménages nunavois ayant des besoins criants augmenterait, du taux actuel de 38,7 p. 100 à un taux de beaucoup supérieur à 90 p. 100, ce qui est inacceptable.
Ensuite, nous avons une population en plein croissance.
[Le témoin continue en inuktitut, traduction de l'interprétation.]
En plus du fait que la population est en plein croissance et que la demande est déjà importante, le Nunavut affiche le taux de fécondité le plus élevé au Canada, soit 2,72 enfants par femme en 2005, comparativement à la moyenne nationale qui était de 1,54. La population continue d'augmenter; elle était de 31 762 personnes le 1er avril 2009 selon le Bureau de la statistique du Nunavut, qui prévoit que ce chiffre s'élèvera à près de 44 000 d'ici l'an 2020. La nécessité d'avoir plus de logements augmentera au rythme de la croissance de la population.
[Le témoin continue en anglais.]
Parlons maintenant des types de logement. Le marché privé est extrêmement limité au Nunavut. Pour la plupart des promoteurs immobiliers, il est très difficile de construire en faisant de la spéculation en raison de ce qu'il en coûte pour transporter les matériaux, pour obtenir une terre défrichée et pour construire et exploiter des unités de logement. Par conséquent, contrairement à la plupart des autres régions du Canada, il n'y a presque pas de logements locatifs abordables privés au Nunavut. Compte tenu du coût élevé de l'accession indépendante à la propriété, la plupart des Nunavummiut vivent dans des logements subventionnés. Seuls 19 p. 100 des unités de logement sur le territoire ont été achetés à titre privé, par rapport à 70 p. 100 dans le reste du Canada. Le gouvernement du Nunavut, par l'entremise de la SHL, gère actuellement environ 4 200 unités de logement subventionnées, ce qui représente plus de 65 p. 100 de tout le parc résidentiel du Nunavut.
Pour ce qui est des coûts. Le climat et la géographique du Nunavut présentent aussi des défis uniques pour l'industrie de la construction. Les 25 collectivités du territoire sont éloignées et ne sont desservies par aucun réseau routier ou ferroviaire. Tous les matériaux de construction doivent être transportés par avion, ou bien par navire dans le cadre du ravitaillement annuel qui a lieu pendant l'été. Par conséquent, le coût des marchandises est considérablement plus élevé que n'importe où ailleurs au Canada. La SHL investit environ 10 millions de dollars chaque année pour apporter des améliorations aux unités de logement, et les coûts associés au programme de logements subventionnés dépassent plus de 102 millions de dollars par année — environ 60 p. 100 du budget de fonctionnement. Le manque d'occasions d'emploi et de développement économique contribue au faible revenu des personnes et des ménages; 70 p. 100 des locataires de logements subventionnés sont bénéficiaires du soutien du revenu ou paient uniquement un loyer minimal. Ainsi, les recettes de location provenant du programme de logements subventionnés permettent systématiquement d'éponger moins de 10 p. 100 des dépenses requises pour gérer le portefeuille.
Les coûts de construction entraînent aussi une augmentation rapide des coûts des logements au Nunavut. Tous les coûts liés à l'acquisition de terrains, à la préparation des lots, au matériel, au transport et à la main-d'œuvre ont augmenté. On s'attend à ce que cette hausse rapide des coûts par unité se poursuive pour le Nunavut et le Nord en général.
Je vais maintenant parler de l'accession à la propriété. Chaque nouveau propriétaire libère un logement locatif ou contribue à réduire le taux d'occupation actuel. Malheureusement, l'accession à la propriété demeure irréalisable pour la plupart des Nunavummiut. Le niveau des revenus est faible et le loyer des unités de logement de base est très élevé. En 2009, au Nunavut, il faut payer en moyenne 976 $ par mois pour le carburant, l'eau, les ordures, l'électricité, les assurances, l'entretien et le bail foncier. Dans la capitale territoriale, Iqaluit, ce montant s'élève à près de 1 200 $ par mois. Une augmentation récente des tarifs de l'électricité et du carburant entraînera une augmentation des coûts pour tous les types de logement et d'entreprise. Compte tenu de ces facteurs, qui s'ajoutent au manque de logements locatifs abordables et au coût élevé de l'accession à la propriété privée, le logement subventionné demeurera un besoin permanent au Nunavut.
Il y a ensuite les installations communautaires. La SHL compte sur ses partenaires communautaires, les 25 OLH, pour assurer la gestion et l'administration des unités de logement. À l'heure actuelle, bon nombre des OLH sont établis dans des installations construites à l'origine pour gérer un parc de logements beaucoup plus petit. De plus, un nombre sans précédent de projets de construction sont en cours partout sur le territoire; cependant, peu de fonds ont été consacrés à l'amélioration de l'infrastructure des collectivités au niveau communautaire.
La SHL et le Bureau du vérificateur général considèrent que l'état des installations d'entreposage de certains OLH est critique. Les organismes doivent disposer d'installations adéquates et sécuritaires pour entreposer une réserve de matériaux pour une période de 12 mois. De plus, la première chute de neige survient habituellement à peu près au moment où le navire de transport maritime arrive dans de nombreuses collectivités, ce qui complique ou gêne la construction.
Je vais maintenant parler du commerce et de la dotation.
La fluctuation importante du niveau d'activité dans le secteur de l'habitation nuit au développement de la capacité locale des collectivités, parce que bon nombre des personnes qui se se joingnent à un corps de métier pendant une hausse de la construction se tournent vers d'autres occupations quand il y a un ralentissement. Il est donc difficile pour les collectivités d'établir une base stable de gens de métier formés.
Il y a des obstacles à surmonter pour être admis à des programmes d'apprentis, et le taux de décrochage est élevé — jusqu'à 50 p. 100 au cours des deux premières années. Le ministère de l'Éducation, en collaboration avec la SHL, doit mettre en œuvre des programmes créatifs et novateurs et offrir des occasions qui favoriseront le succès des programmes de métier.
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Cela ne devrait pas être difficile, car notre avion vient tout juste d'atterrir. Étant donné que je ne suis pas passé par le bureau, j'ai réécrit mon exposé sur une serviette de table. Je suis certain que mon exposé prendra cinq minutes, et je pense que nous pourrons aborder tous les sujets.
D'abord, pour ceux qui ne le savent pas déjà, Nunavut Broadband est un organisme sans but lucratif voué à l'amélioration de la qualité de vie de toutes les personnes vivant au Nunavut grâce à l'utilisation de la technologie des communications. Nous ne nous limitons pas uniquement aux larges bandes, mais comme notre nom l'indique, c'est la principale initiative que nous avons mis sur pied jusqu'à maintenant.
Nous sommes présents dans l'ensemble des 25 communautés. Ces communautés profitent d'un accès à Internet haute vitesse. Grâce à un modem QINIQ, l'accès à Internet se fait sans difficulté et il est possible de naviguer d'une communauté à l'autre. C'est un progrès technologique dont vous ne bénéficiez pas dans le Sud. En ce sens, nous sommes plus avancés, ce qui est intéressant. L'idée est de faire en sorte que le réseau QINIQ devienne une plate-forme pour un éventail de services. Par exemple, la première solution qui a été proposée est une plate-forme de services bancaires en ligne.
C'est le groupe de travail sur la large bande du Nunavut qui a créé la société Nunavut Broadband. L'un des principaux problèmes auxquels ce groupe a dû faire face était le manque de services bancaires en ligne dans le territoire. Je pense que cinq ans après l'étude initiale, de 50 p. 100 à 60 p. 100 des gens avaient accès à des services bancaires au moyen d'Internet. Cet exemple illustre bien les solutions qui devront être trouvées aux problèmes de l'éducation à distance, du partenariat avec le Collège de l'Arctique et finalement des services de santé par Internet.
J'exerce mes fonctions depuis relativement peu de temps, mais, à ma connaissance, l'élément clé du succès de cette initiative a été le modèle des fournisseurs de services dans les communautés. Dans chaque communauté, il y a une entreprise ou un particulier qui administre le compte QINIQ, fournit les modems et perçoit les droits. C'est donc un emploi ou un emploi et demi qui est créé dans chaque communauté. Je pense que nous injectons de 500 000 à 600 000 $ annuellement dans les communautés, ce qui est un montant relativement peu élevé. Toutefois, à l'échelle de la communauté, c'est un montant assez important.
De plus, en ce qui concerne les fournisseurs de services communautaires — qui sont de toute évidence présents dans chaque communauté —, nous avons pour objectif de perfectionner leurs compétences tous les deux ans. Nous préparons actuellement la prochaine conférence des fournisseurs de services communautaires. Nous espérons accroître la capacité de ces personnes. Il y a une autre chose intéressante dont j'aimerais vous parler: parmi les 23 employés qui travaillaient sur la plate-forme au départ, je pense qu'il en reste 18 ou 19 après cinq ans. Ce nombre est assez considérable parce que, comme vous le savez, la rotation du personnel est un problème. Ce sont donc sensiblement les mêmes personnes qui travaillent sur la plate-forme.
La nouvelle infrastructure dont bénéficiera Nunavut Broadband à partir de la semaine prochaine arrive à point nommé. Cette infrastructure s'appuiera sur la plate-forme initiale. Actuellement, nous augmentons la capacité afin de répondre aux besoins des utilisateurs qui sont environ deux fois plus nombreux que prévu. Au départ, le réseau était conçu pour 2 000 personnes. Il dessert maintenant environ 4 500 personnes. Il ne fait donc plus l'affaire... En ce sens, il est victime de son succès. La mise à niveau qui arrivera la semaine prochaine permettra donc de répondre à ce problème de capacité.
À l'avenir, il y aura aussi d'autres mises à niveau en vue d'augmenter la vitesse. Le fait que la technologie de large bande change constamment représente un défi en soi. Ce que nous considérions comme une large bande à une certaine vitesse il y a cinq ans ne vaut plus rien aujourd'hui, en raison des progrès du Web et des applications plus sophistiquées. Dans les faits, ce que nous avons créé est maintenant trop lent. Nous devons toujours tenter de demeurer à l'avant-garde, c'est pourquoi nous lançons ces mises à niveau.
Comme c'est le cas pour la large bande actuelle, des applications qui permettent d'économiser la bande passante, comme les applications de transfert de fichiers volumineux, la vidéoconférence et certaines applications conçues pour les salles de classe, seront lancées en mars. Ces applications feront partie de l'infrastructure qui sera créée.
En termes de défis, on dit souvent qu'il en coûte 100 fois plus pour une unité de connectivité dans le Nord par rapport à cette même unité dans le Sud, disons à Ottawa, puisque toutes les communications s'effectuent par réseau satellite. Il n'existe aucune infrastructure au sol. Ce qui coûte 6 000 $ par mois ici, sans subvention, équivaut à 60 $ par mois à Ottawa. Voilà donc un véritable défi.
L'un de nos principaux défis, et probablement ma principale tâche, est d'examiner ce qu'il adviendra du réseau après 2012, parce que notre financement est axé sur des projets — Infrastructure Canada, programme Large bande Canada —, et ce financement tire à sa fin. Contrairement aux autres projets d'infrastructure — si vous construisez un pont, vous obtenez un pont —, le réseau cessera bientôt d'exister. Essentiellement, notre principal défi est d'examiner ce qu'il adviendra du réseau après 2012, lorsque les fonds seront épuisés et que le pont aura disparu.
En plus de veiller au bon déroulement des activités, il faut s'assurer d'obtenir un financement à long terme, parce que, à l'exemple de la plupart des choses dans le Nord, comme la nourriture, ce financement passe obligatoirement par l'obtention de subventions. La population est disséminée sur un trop grand territoire.
La seule possibilité qui s'offre à nous est de nous tourner vers le modèle du Groenland, qui est relié à l'Europe, à l'Islande et à Terre-Neuve par un réseau de fibre optique. La capacité de ce réseau est environ mille fois plus élevée que la nôtre. C'est une solution à très long terme. Je pense que cela représente un investissement de capitaux de 200 millions de dollars au départ, mais il est probable que nous dépensions cette somme d'argent au cours des 10 prochaines années et que nous ne soyons pas plus avancés. Il serait donc prudent que nous examinions cette possibilité. Dans les faits, c'est l'une des choses qui figurent sur notre liste cette année.
Un autre défi que nous devons relever — et je ne veux blesser personne dans cette salle — concerne nos liquidités pour notre financement de base. La bête noire de la majorité des ONG est de gérer leurs activités en fonction des liquidités qu'elles reçoivent et sur lesquelles elles n'ont aucune influence. Ainsi, les activités des ONG consistent, dans une large mesure, à tenter de maintenir le fonctionnement de l'organisation, à s'efforcer de répondre aux exigences en matière d'établissement de rapports et aux autres questions du genre, et à trouver un juste équilibre entre la diligence raisonnable et les exigences trop restrictives en matière de financement. Cela représente aussi un défi dans de petites organisations comme la nôtre. Comme c'est le cas pour bien d'autres, nous partageons l'espace avec les regroupements de cinéphiles et les artisans. C'est donc un sujet de discussion très courant pendant les pauses-café.
Ce que nous aimerions dire, c'est que la bande passante dans l'Arctique est comme l'eau dans le désert. Il faut la gérer comme une ressource précieuse. Il en sera ainsi dans un avenir prévisible à moins que nous adoptions la solution de la fibre optique.
Certains événements récents viennent appuyer, selon moi, notre position. Comme vous le savez sans doute, la Finlande vient d'annoncer qu'elle a confirmé par une loi le droit d'avoir accès aux larges bandes, ce qui est plutôt progressiste. C'est le premier pays au monde qui enchâsse ce droit dans une loi. D'autres pays suivront peut-être cet exemple. Cela a eu lieu il y a environ un mois et demi.
La Banque mondiale a aussi publié un rapport qui établit un lien entre l'accès aux larges bandes et le développement économique.
De plus, tout le monde ici connaît la fiche de rendement du GN, ainsi que la demi-douzaine de questions dont elle traite, notamment les critiques entourant la décentralisation, l'éducation et toutes les autres questions auxquelles pourrait répondre, essentiellement, une infrastructure favorisant de meilleures communications.
Comme je l'ai mentionné, j'ai réécrit mon exposé sur une serviette de table pendant mon voyage en avion, mais je pense avoir dressé un portrait général de la situation et les questions que j'ai présentées représentent nos principaux défis. Il est certain que nous devons toujours relever le défi d'adapter physiquement cette infrastructure aux problèmes de transport et de température, entre autres. La majeure partie de l'infrastructure est en place; nous en sommes à l'étape de la mise à niveau. Nous avons donc relevé presque tous ces défis.
Je pense que mon exposé a pris environ cinq minutes.
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Merci et bienvenue à tous.
Je vous fournirai des renseignements généraux sur la Société de développement du Nunavut, puis j'expliquerai un certain nombre de points en détail. L'un des points qui ne fait pas partie de mon exposé est les larges bandes, et c'est un aspect important. J'appuie entièrement M. Doyle à cet égard.
La Société de développement du Nunavut est une société d'État du gouvernement du Nunavut qui a été créé par la Loi sur la société de développement du Nunavut. Le Cabinet, par l'entremise du ministre du Développement économique et des transports, nomme le président et les membres du conseil d'administration qui sont responsables de la gestion des affaires de la Société. Les objectifs de la Société sont de créer des possibilités d'emploi et de revenu pour les résidents du Nunavut, essentiellement dans les petites communautés; de stimuler la croissance des entreprises; de promouvoir la diversification et la stabilité économiques ainsi que les objectifs économiques du gouvernement du Nunavut.
Le mécanisme que nous avons mis en place pour atteindre ces objectifs consiste à gérer et à constituer en société des entreprises, des sociétés ou des projets par une propriété directe ou par des investissements en capitaux de risque. La Société reçoit annuellement une enveloppe d'environ 3 millions de dollars du gouvernement du Nunavut afin d'appuyer ses initiatives. La Société mesure l'efficacité de ses programmes en se fondant sur une gamme de critères préétablis. Le principal critère dont elle tient compte est le coût de création ou de maintien d'un emploi grâce aux divers investissements de la Société.
La Société a investi principalement dans les secteurs de l'artisanat ainsi que de la viande et du poisson, en détenant une part majoritaire de neuf entreprises établies au Nunavut et en leur octroyant des subventions. Ces entreprises sont situées dans trois régions du Nunavut.
J'aimerais vous parler brièvement des entreprises d'artisanat. Il y a d'abord Ivalu Limited, située à Rankin Inlet, qui est un magasin de détail d'objets artisanaux. Il y a aussi Jessie Oonark Limited, à Baker Lake, qui fabrique des sérigraphies et des broderies personnalisées. L'entreprise achète aussi auprès d'artistes locaux des sculptures qui sont vendues au sud par l'entremise de notre division de vente en gros, située à Mississauga. Mentionnons aussi Kiluk, qui est située à Arviat. Elle fabrique des vêtements en peau de phoque et achète aussi des sculptures. Taluq Designs est une entreprise située à Taloyoak qui produit une ligne unique de lainage feutré fabriqué à la main, que nous appelons « packing animals ». Ce sont des poupées qui portent un amauti. Cette entreprise achète aussi des sculptures — c'est une activité répandue. Enfin il y a l'entreprise Uqqurmiut Arts and Crafts, qui se trouve à Pangnirtung. C'est une entreprise d'artisanat assez populaire. Elle fabrique des tapisseries, et on pourra voir l'une de ces créations dans l'anneau de patinage de vitesse aux Jeux Olympiques de Vancouver. Si vous allez à l'Assemblée législative, vous pourrez y observer une immense tapisserie fabriquée par Uqqurmiut. L'entreprise fait aussi du tissage, et elle possède un atelier d'imprimerie qui lui permet de faire de la gravure, en plus d'acheter des sculptures.
En ce qui concerne les entreprises de traitement de la viande et du poisson, il y a d'abord Kitikmeot Foods, située à Cambridge Bay. Cette entreprise traite l'omble et le boeuf musqué. Kivalliq Arctic Foods, située à Rankin Inlet, traite, quant à elle, le caribou et l'omble. Papiruq Fisheries se trouve à Whale Cove. C'est une petite entreprise saisonnière de traitement de l'omble pour Kivalliq Arctic Foods. Enfin, il y a Pangnirtung Fisheries, à Pangnirtung, qui traite le turbot et l'omble. Nous avons une division de vente en gros à Mississauga qui vend les articles d'artisanat dans l'ensemble du pays, et nous avons un magasin de détail qui se nomme Arctic Nunavut, à l'aérogare 3 de l'aéroport Pearson. Vous l'avez probablement vu lors de vos déplacements.
J'aborderai brièvement deux ou trois défis parce qu'ils sont nombreux, et je fournirai quelques solutions possibles. Le bulletin de rendement du GN a déjà été mentionné. Le gouvernement du Nunavut a entrepris ce projet afin d'évaluer l'efficacité de ses programmes et services, projet qui a été lancé au début d'octobre. Ce projet traite d'un certain nombre d'obstacles et de défis et propose quelques recommandations pour les surmonter. Si vous n'avez pas déjà un exemplaire du document, je pense que vous auriez avantage à le consulter.
Les entreprises ont besoin d'employés et de gestionnaires bien formés et compétents. La Société d'habitation du Nunavut nous l'a rappelé. À l'heure actuelle, il n'y a pas assez de gens au Nunavut qui possèdent des compétences pour occuper les postes actuels. Nous avons de la difficulté à trouver des personnes compétentes au Nunavut pour combler les nombreux postes vacants dans nos entreprises, particulièrement dans la haute direction, les professions et métiers et les services techniques.
La première recommandation du bulletin de rendement du GN porte directement sur cette question, et elle se lit comme suit:
Rouvrir les négociations avec le gouvernement du Canada dans le cadre de la NLCA [Nunavut Land Claims Commission] en vue d'obtenir le soutien financier nécessaire pour mettre en place une stratégie de formation et d'éducation à long terme plus audacieuse.
Dans son préambule sur l'éducation, la fiche de rendement fournit la justification de cette recommandation, et elle indique directement l'objectif du comité, alors ça vaut la peine de s'y attarder.
Les programmes de formation comme ceux qui sont offerts dans le cadre de la Stratégie de développement des ressources humaines autochtones doivent continuer d'être offerts. Ils ont prouvé leur efficacité. Le soutien apporté au Nunavut Fisheries Training Consortium par le biais de ce programme constitue un excellent exemple de la réussite du programme.
Toutes nos entreprises ont besoin d'un accès fiable aux matières premières à des coûts raisonnables. Autrement, l'entreprise ne peut tout simplement pas survivre. Un certain nombre de facteurs peuvent restreindre l'accès aux matières premières, par exemple la disponibilité limitée dans un lieu et à un moment donnés, le coût d'achat, les obstacles à l'infrastructure logistique, les restrictions de quota ou les restrictions aux affectations.
Plus précisément — et j'ai un exemple ici — il arrive souvent que les sculpteurs n'ont pas accès à de la pierre à savon, car soit les sources sont éloignées d'une collectivité, soit les coûts liés à la carrière et au transport sont prohibitifs. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de ça. Vous en entendrez probablement parler ce soir dans un de nos exposés.
Sans ces matières premières de base, les sculpteurs ne sont pas en mesure de travailler pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leurs familles. Le gouvernement du Nunavut a mis en place une stratégie relative à la pierre à savon, et la participation du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien en appui à cela ainsi que d'autres stratégies du gouvernement du Nunavut se rapportant au domaine des arts permettront d'ajouter les ressources cruciales nécessaires pour réaliser ces initiatives.
Ensuite, la part du Nunavut dans le quota hauturier pour le flétan noir dans la division 0B de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest n'atteint actuellement que 41 p. 100. Il a été augmenté récemment — la semaine dernière — car il était auparavant de 27 p. 100, mais ce pourcentage est encore inférieur à l'affectation habituelle de 80 à 90 p. 100 dont profitent les autres gouvernements dans leurs eaux adjacentes.
L'industrie a besoin de quotas pour développer les pêches. Par conséquent, le gouvernement fédéral doit soutenir et continuer de soutenir le Nunavut dans sa volonté d'atteindre la parité avec les autres gouvernement et ce, en affectant toutes les futures augmentations au Nunavut, et en accordant aux pêcheurs du Nunavut le premier droit de refus en ce qui concerne l'achat de tout quota détenu par des intérêts du Sud dans les eaux du Nunavut, au fur et à mesure que ces quotas deviennent disponibles.
La croissance de la pêche d'autres espèces comme l'omble et la palourde est entravée par la recherche insuffisante. Le ministère des Pêches et des Océans a beaucoup investi dans la recherche halieutique dans les autres provinces et territoires, mais le Nunavut n'a pas connu un tel niveau d'investissement. Le MPO doit entreprendre des recherches au Nunavut afin que l'industrie dispose de l'information nécessaire pour évaluer les possibilités économiques.
Comme vous l'avez probablement déjà entendu, les infrastructures ne sont pas suffisamment développées, ce qui entrave la croissance économique. Depuis le début de la Confédération, le développement économique du pays a toujours dépendu des investissements dans les infrastructures. Il existe des centaines d'exemples à cet égard, du chemin de fer aux aéroports.
Les quais et les ports sont nécessaires pour répondre aux besoins annuels du transport maritime, de l'industrie des pêches commerciales et du tourisme de croisière. Les moyens actuels de chargement et de déchargement sont inefficaces et coûteux, et ils peuvent être non sécuritaires. Dans certains cas, il serait plus approprié de qualifier ces moyens de « dangereux ».
Mise à part l'annonce récente de la construction d'un port à Pangnirtung, il n'y a eu aucun investissement fédéral dans ce type d'infrastructure, même s'il existe des programmes comme celui destiné aux ports pour petits bateaux administrés par le MPO, qui a permis des investissements de plusieurs millions de dollars dans les ports du pays depuis plus de 20 ans.
Jusqu'à tout récemment, le Nunavut a été exclu de ce programme. Nous avons besoin de plus d'investissements. Il existe une étude du gouvernement qui a été élaborée avant la division, et il s'agit d'une source de préoccupations depuis le milieu des années 1980, alors que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest voulait que des ports soient construits.
La production d'électricité coûte cher, en raison des coûts directs et des coûts liés à l'environnement, mais il existe des solutions de rechange, comme le rattachement aux réseaux d'électricité du Sud. La possibilité de construire une ligne de transport d'énergie électrique entre le Manitoba, où l'électricité coûte moins de 10 ¢ par kilowatt, et Kivalliq, où l'électricité coûte plus de 40 ¢ par kilowatt, a été étudiée. Nous attendons maintenant la suite. Le gouvernement fédéral doit investir dans cette infrastructure afin de réduire les obstacles économiques que doivent affronter les entreprises et qui sont dus aux coûts élevés des services publics.
Le développement de l'infrastructure routière a été étudié de façon approfondie. Le gouvernement fédéral doit investir dans cette infrastructure, comme il l'a fait par le passé dans les autres régions du pays. Les entreprises bénéficieront d'un nouveau moyen de transport à faible coût disponible pendant toute l'année. La Société canadienne d'hypothèques et de logement a mentionné ce qu'était notre défi actuel. Le transport de matériel se fait vraiment une fois par année. Comme vous le savez, une route permettrait de transporter du matériel 365 jours par année.
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Bien. Nous allons reprendre nos travaux avec notre cinquième groupe de témoins aujourd'hui. Nous poursuivons donc notre examen sur les barrières qui freinent le développement économique dans le Nord canadien, et sur les solutions à cet égard.
Je précise, pour les témoins qui sont avec nous ce soir, et que je vais présenter officiellement dans un instant, que c'est le troisième endroit où nous tenons séance, dans une série de trois escales que nous aurons faites dans chacune des capitales territoriales dans le cadre de l'étude exhaustive que nous menons sur cette question. Cette étude se poursuivra après notre retour à Ottawa cette semaine, et nous la poursuivrons après le congé des Fêtes jusqu'à la mi-mars ou la fin mars. Nous entendrons un certain nombre d'autres témoins pendant cette période. Si je ne me trompe pas, c'est à peu près la première fois que ce comité permanent entreprend une telle étude exhaustive dans la région.
Nous sommes ravis d'avoir cinq témoins avec nous ce soir. En passant, voici comment nous allons procéder : chacun de vous nous présentera son exposé, et nous avons prévu de vous accorder cinq minutes chacun. Quand vous aurez tous eu l'occasion de faire votre présentation, nous passerons aux questions des membres du comité. Je vous donnerai un peu plus d'informations sur la procédure que nous suivrons alors quand nous serons rendus à cette partie.
J'aimerais souhaiter la bienvenue, en premier lieu, à Colleen Dupuis. Colleen est chef de la direction de Nunavut Tourism. Nous attendons par ailleurs Rowena House, qui est directrice générale de la Nunavut Arts and Craft Association. Espérons qu'elle arrivera bientôt. Stéphane Daigle, directeur régional du bureau du Nunavut d'Arctic Co-operatives Limited, est avec nous, et il sera accompagné de Nicole Sikma, qui est directrice de la même organisation. Nous souhaitons également la bienvenue à Daniel Vandermeulen, président du Collège de l'Arctique du Nunavut. On m'a dit que nous serons là-bas demain matin pour une visite du site. Enfin, nous accueillons M. Chris West, président de la Chambre de commerce régionale de Baffin.
Nous avons donc un groupe de témoins très vaste pour cette dernière partie de notre séance à Iqaluit. Commençons donc avec les exposés.
D'abord, je précise aux témoins qu'il y aura traduction simultanée. Donc, pendant votre exposé, parlez un peu plus lentement que vous ne le feriez normalement dans une conversation ordinaire. Cela facilitera le travail des interprètes. N'ayez pas peur de ne pas avoir le temps de tout dire en cinq minutes. Nous vous laisserons un peu de marge de manoeuvre à cet égard.
Commençons avec Mme Dupuis, de Nunavut Tourism.
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J'aimerais commencer en remerciant chacun d'entre vous de nous donner cette chance et d'être venus à Iqaluit pour écouter nos préoccupations.
Voici un aperçu du contexte. Tourisme Nunavut a été créée en 1995. Il s'agit de la première organisation qui a réuni les trois régions du Nunavut. Notre vision consiste à faciliter le développement d'une industrie touristique respectueuse de l'environnement et viable au Nunavut caractérisée par le professionnalisme de ses intervenants et fonctionnant en harmonie avec la culture et les traditions inuites.
Nous faisons cela depuis environ 15 ans et nous avons connu beaucoup de succès, mais il y a encore plusieurs difficultés auxquelles l'industrie fait face sur ce territoire. Nous pouvons en régler certaines, comme un programme d'assurance de la responsabilité civile à l'intention des petits exploitants, nous-mêmes, mais nous avons besoin d'aide pour plusieurs autres choses, en particulier une aide fédérale.
Ces besoins se divisent en trois principales catégories. Nous avons tenu notre assemblée générale annuelle il y a quelques semaines et ces préoccupations ont été soulevées par nos nombreux membres et notre conseil d'administration. Puisque nous savions que nous allions venir ici, nous en avons discuté et l'industrie était d'accord.
La première catégorie, c'est l'infrastructure. Il faut améliorer l'infrastructure au Nunavut. Ces besoins sont généralisés. Les subventions fédérales ont aidé pour ce genre d'infrastructure dans d'autres villes du Nord, comme Yellowknife, Dawson et Whitehorse, mais les besoins ont été largement négligés dans les collectivités du Nunavut, même ici dans la capitale.
Parmi ces besoins figure l'aménagement de routes et de sentiers. Depuis 1995, nous travaillons à la construction d'un pont sur la rivière Sylvia Grinnell pour accroître l'aménagement de sentiers, depuis 1995. C'est un projet auquel le gouvernement fédéral s'est engagé, mais en raison des retards, les coûts ont continué d'augmenter depuis 1995 et le pont n'est toujours pas construit. Celui-ci nous permettra de développer le tourisme et les activités du parc de l'autre côté, dans l'un de nos parcs territoriaux. Il existe également d'autres besoins, ce n'est qu'un exemple.
De plus, nous avons besoin de plus de pistes asphaltées pour augmenter la capacité de trafic aérien et la sécurité. La plupart des petites collectivités n'ont pas de pistes asphaltées, ce qui fait en sorte que certains avions à réaction — des avions de certaines tailles — ne peuvent pas atterrir. Malheureusement, certains touristes ne veulent pas atterrir sur une piste de gravier. Si vous ne l'avez jamais fait, cela peut être une expérience intéressante. Cette capacité permettrait aussi l'expansion de plusieurs autres secteurs dans la collectivité.
L'amélioration des quais dans les collectivités contribuerait au tourisme et à d'autres activités de développement économique, comme la pêche, notre transport maritime annuel, et plusieurs autres aspects.
L'aide concernant l'infrastructure comprend également le fait d'avoir besoin de plus de petits avions. Ce n'est pas seulement pour les transporteurs aériens, mais certaines des collectivités et d'autres partenaires qui pourraient participer au tourisme si nous avions plus d'avions.
La formation est la deuxième grande catégorie. La formation est un besoin généralisé. Allant du démarrage de petites entreprises et de leur réussite, de la formation des pourvoyeurs et des guides spécialisés ainsi que de la conduite des embarcations, jusqu'à la collaboration avec les touristes étrangers. Il faut améliorer les programmes des ministères fédéraux pour qu'ils correspondent aux besoins du Nord, et du Nunavut en particulier. Nous n'avons pas un environnement uniforme. Certains des programmes de RHDCC qui fonctionnent au centre-ville de Toronto, ne fonctionnent pas ici. C'est l'une des raisons pour laquelle les programmes sont sous-utilisés à l'heure actuelle.
Nous, à Tourisme Nunavut, aimerions collaborer avec le gouvernement fédéral pour élaborer un programme de formation exclusif à l'industrie touristique du Nunavut. Nous avons des besoins précis qui doivent être comblés.
L'une des principales choses dont il faut se souvenir, c'est que le tourisme est l'un des rares moteurs économiques que peut faire tourner chaque collectivité du Nunavut. Dans certaines collectivités, la pêche en haute mer est bonne, des gisements de minerai sont proches ou d'autres possibilités existent, ce qui leur donne un avantage. Mais chaque collectivité du Nunavut a un potentiel touristique. C'est l'un des moteurs économiques que tout le monde peut faire tourner. C'est également l'un des moteurs économiques qui garde beaucoup d'argent fait par les pourvoyeurs et les exploitants de petites entreprises dans le Nord. Il n'y en a pas beaucoup qui va vers le Sud lorsqu'il s'agit d'une entreprise communautaire. La formation serait un élément de solution important pour développer des entreprises dans les petites collectivités et améliorer l'infrastructure de l'industrie touristique.
La troisième catégorie, c'est la commercialisation et la promotion. Depuis des années maintenant, nous disons que les programmes sont différents au nord du 60e parallèle. Des changements ont été apportés à certains des programmes de la CCT et à d'autres choses à l'échelle panterritoriale. Nous avons constaté qu'ils ne correspondent toujours pas aux besoins du Nunavut. Le Nunavut est différent par rapport à son expérience, au niveau des infrastructures et à ce qu'il a à offrir. Même notre budget est différent de celui des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon.
À cet égard, nous avons quelques suggestions. Au lieu des programmes que la CCT offre actuellement et qui versent une somme égale à celle d'autres administrations, nous proposons un ratio de deux pour un pour le Nunavut. Nos budgets sont considérablement plus petits que ceux d'autres destinations, et nous avons besoin de cette aide supplémentaire.
Il faut aussi que la CCT comprenne mieux le Nunavut. Récemment, cela a attiré notre attention, en raison du programme de passeport qu'offre la CCT pour 2010 à Vancouver. La présence de rennes au Nunavut servait de publicité. Nous n'avons aucun renne. Nous avons vérifié dans le site Web et ailleurs, et le changement a été fait. Toutefois, c'est un problème lorsque les gens ne comprennent même pas ce qu'ils essayent de promouvoir et qu'ils transmettent le mauvais message. Il a fallu changer d'autres choses dans le programme de passeport, mais les rennes nous ont marqués.
Les solutions panterritoriales ne fonctionnent pas. Nous travaillons avec les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon à certains programmes de la CCT, notamment notre part du marché allemand, parce que nous devons travailler ensemble pour pouvoir participer autant qu'eux. Pour avoir une incidence en ce moment, le niveau de base est de 130 000 $. Aucun de nous n'a ce montant. Nous devons nous unir. Lorsque nous faisons de la promotion ensemble, nous sommes souvent présentés à la table comme le cousin pauvre, parce que notre participation ne peut pas dépasser les 20 p. 100.
Nous avons également constaté que la mission fondamentale de la CCT est un échec pour le Nunavut. Nous ne sommes pas en mesure de participer aux campagnes nationales. Nous ne sommes pas représentés correctement. Dans les copies de mon exposé, j'ai fourni un document portant sur la mission de la CCT pour que vous puissiez voir de quoi je parle plutôt que d'avoir à chercher.
En conclusion, il s'agit en partie des choses qui ne fonctionnent pas. Le Nunavut a un énorme potentiel. Il a le potentiel de devenir un chef de fil en écotourisme et en tourisme d'aventure ainsi que de créer une industrie touristique durable. Toutes les collectivités ont le potentiel de réussir et ont des produits à offrir. Nous avons besoin de solutions pour nous aider à rendre cela possible au Nunavut, pas de programmes fédéraux efficaces dans d'autres administrations mais pas ici.
Tourisme Nunavut et l'industrie touristique du Nunavut veulent travailler à former un partenariat fructueux et précieux pour arriver à cette fin. À notre avis, le fait que vous soyez venus ici est un bon pas dans cette direction.
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité permanent, mesdames et messieurs les témoins, bonjour. Je vous remercie d'être venus au Nunavut et de nous donner la chance de présenter cet exposé.
Je comprends que nous devons limiter nos observations initiales pour laisser plus de temps aux questions. Je vais donc restreindre mes observations initiales à trois domaines précis, même si nous serions ravis de parler pendant des heures du plus grand rôle que pourrait jouer le gouvernement fédéral dans le développement économique de nos régions.
L'Agence canadienne de développement économique du Nord a été un rouage important pour mieux comprendre et combler les besoins du Nord. Iqaluit constituait le meilleur choix pour établir son administration centrale, non seulement parce que nous croyions que le Nunavut était prêt pour une telle décision, mais surtout parce que la plupart des nouveaux postes de l'agence seront comblés par des employés existants du bureau régional d'AINC au Nunavut. Ils ont prouvé leur engagement et leurs solides connaissances relatives aux besoins du Nunavut et du Nord.
À mesure que l'Agence canadienne de développement économique du Nord fait sa place, nous espérons qu'un plus grand nombre de programmes ministériels affectant le Nord y seront transférés. Nous espérons également que l'agence continuera à recevoir l'appui du gouvernement au Sud et que les pouvoirs décisionnels concernant le Nord seront délégués aux personnes qui comprennent la réalité des régions dans lesquelles nous vivons.
Cela étant dit, nous espérons également que d'autres ministères fédéraux comprendront l'importance de l'agence et utiliseront au maximum ses ressources et ses connaissances. Nous entendons trop souvent parler de programmes et d'initiatives qui n'obtiennent pas le succès espéré parce qu'on a omis d'inviter les organisations fédérales et les autres organismes du Nord à participer au processus. Si un ministère fédéral prépare une initiative qui concerne le Nord, son premier appel devrait être à l'agence, ce qui améliorera ses chances de succès. On a malheureusement un exemple des lacunes en matière de consultation.
Il est malheureux de voir que le bureau régional d'AINC n'a pas été consulté dès le départ afin de déterminer les invités pour cette série d'exposés. De nombreux organismes n'ont entendu parler de cette possibilité qu'à la toute fin du processus et ils ont perdu beaucoup de temps qui aurait été mieux utilisé s'il avait été consacré à la préparation et à la consultation. En fait, AINC et le BRN ont entendu parler de ce comité par l'entremise d'un des participants invités. J'espère qu'il n'y a pas d'organismes brillant par leur absence.
Passons aux infrastructures du Nord. En construisant les infrastructures de transport partout dans les provinces du Sud, le gouvernement a bâti le Canada. Chemins de fer, routes, ports et autres ont été construits pour unir les Canadiens d'un océan à l'autre. Maintenant que la souveraineté du Nord est devenue un sujet à la mode, les anglophones utilisent l'expression « coast to coast to coast » pour parler de l'ensemble du pays. Le gouvernement fédéral doit maintenant développer les mêmes infrastructures vers l'Arctique.
Nos besoins sont les plus grands et nos infrastructures, les moins nombreuses. Les communautés du Nunavut ne bénéficient d'aucune liaison routière ou ferroviaire avec le reste du pays. Il n'y a aucun port commercial au Nunavut qui puisse répondre aux besoins des Nunavummiuts. De nombreux aéroports ont besoin d'investissements substantiels. Toutes ces infrastructures sont vitales pour le développement économique futur de la région, et nous avons besoin de votre aide pour faire en sorte que le Nunavut et le Nord soient traités équitablement, de la même manière que le reste du pays l'a été auparavant.
Pensez-y. Si tous les systèmes routiers et ferroviaires qui relient l'Est et l'Ouest du pays s'arrêtaient au pied des Rocheuses, à la frontière occidentale de l'Alberta, croyez-vous que la Colombie-Britannique ferait toujours partie du Canada? Le Canada serait-il aussi prospère sans ce lien? Le serait-il sans la participation de la Colombie-Britannique? Permettez-nous d'en douter.
Le Nunavut est une terre de possibilités, et plus le temps avance, plus les richesses qui se trouvent sur nos terres seront importantes pour le Canada et le reste du monde. Ce n'est que la première raison d'investir dans le Nunavut. L'autre raison concerne l'équitabilité.
Le Canada a investi dans la liaison des différentes régions du pays entre elles. Il doit maintenant faire de même dans le Nord. Comme le gouvernement disait autrefois au mépris des Inuits quand il était question de la souveraineté du Nord, pour ne pas perdre le Nord, on doit y investir.
Je vous remercie une fois de plus de votre présence.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité permanent, de m'avoir invité.
Je voudrais profiter de l'occasion pour vous présenter des statistiques concernant l'éducation des adultes — ces statistiques proviennent du recensement de 2006. Je me servirai ensuite de ces statistiques pour parler des barrières et des solutions qu'elles représentent pour le développement économique.
La force de l'économie canadienne, ainsi que les possibilités qu'elle offre, est évidente, même en plein coeur de cette récession. C'est également vrai au Nunavut.
Les secteurs de la construction et du transport du Nunavut sont demeurés relativement forts et, alors que l'économie reprend son souffle, l'industrie minière semble vouloir également se remettre sur ses rails. Cependant, les Inuits du Nunavut ne pourront pas profiter de cette reprise au même titre que les non-Autochtones du Nunavut et du reste du pays, surtout en raison des différences en matière de scolarisation, comme on peut le constater dans le recensement de 2006.
J'ai fourni des notes d'allocution lorsque je me suis inscrit. Je ne passerai donc pas à travers tous les éléments du tableau, mais vous pouvez consulter les principaux éléments.
Si on compare les Inuits du Nunavut aux Canadiens non autochtones, on observe que 60 p. 100 des Inuits du Nunavut n'ont pas terminé leurs études secondaires, comparativement à 15 p. 100 dans le reste du pays. Du côté des métiers, l'écart se ressert substantiellement. Environ 10 p. 100 des Inuits ont obtenu un certificat dans un métier, comparativement à 12 p. 100 dans le reste du pays. Au niveau collégial, que ce soit pour un certificat ou un diplôme, l'écart est encore serré, soit 18 p. 100 au Nunavut contre 20 p. 100 dans le reste du Canada. Au niveau universitaire, l'écart est beaucoup plus grand. Seulement 4 p. 100 des Inuits du Nunavut ont fait des études universitaires, alors que dans le reste du pays, on parle de 28 p. 100.
Nous nous tenons relativement près de la moyenne nationale en ce qui concerne la formation professionnelle et technique. Le grand écart dans le recensement de 2006 se trouve chez les 60 p. 100 d'Inuits du Nunavut qui n'ont pas de diplôme d'études secondaires, alors que ce chiffre s'établit à 15 p. 100 dans le reste du Canada, et chez les 4 p. 100 d'Inuits qui ont fait des études universitaires par rapport aux 28 p. 100 de Canadiens.
Si on regarde le tableau qui vous sera distribué, en tenant compte des taux d'emploi, des taux de chômage et des salaires moyens, on peut observer les conséquences de ces statistiques. Toujours selon le recensement de 2006, chez les Inuits du Nunavut, le taux de chômage est de 19 p. 100 alors qu'il s'établit à 5 p. 100 dans le reste du pays.
Maintenant que je vous ai mis en contexte, j'aimerais formuler quelques brefs commentaires sur nos succès pour ensuite parler des défis qui nous attendent.
En effet, le Nunavut a connu un certain nombre de succès impressionnants. Le Collège de l'Arctique du Nunavut a été établi à titre d'établissement postsecondaire distinct au Nunavut il y a environ 15 ans. Nous offrons des programmes d'éducation et de formation aux adultes dans trois établissements à Iqaluit, à Rankin Inlet et à Cambridge Bay, et nous avons également des centres communautaires d'apprentissage, souvent dans des salles de classe que nous louons, dans toutes les communautés du Nunavut. Nous couvrons maintenant un très vaste territoire. Cet élément est très important.
En ce qui concerne le développement d'une main-d'oeuvre qualifiée, nous avons de nombreux partenariats avec des universités du Sud. Nous offrons un baccalauréat en éducation primaire depuis 1986, pour lequel nous avons actuellement un partenariat avec l'Université de Regina. Nous offrons un baccalauréat en soins infirmiers pour l'Arctique en partenariat avec Dalhousie. Nous avons offert un programme complet de droit entre 2001 et 2005 avec l'Université de Victoria, et nous en préparons un autre avec l'Université d'Ottawa. Nous nous débrouillons plutôt bien à cet égard.
Nous avons également établi un partenariat très solide, en particulier avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Nunavut, afin de permettre aux habitants du Nunavut d'acquérir les compétences nécessaires pour occuper un emploi dans le domaine de la santé. Grâce à l'appui de notre partenaire, nous avons été en mesure d'offrir plusieurs programmes, comme les soins infirmiers, la formation de sage-femme, les soins de maternité, les soins à domicile, les soins continus, la santé mentale, les services à la personne et l'aide à la thérapie communautaire. D'ailleurs, au cours des dernières semaines, les deux premières sages-femmes inuites ont reçu leur diplôme et répondent entièrement aux normes d'agrément en vigueur au Canada.
Pour ce qui est des métiers, et encore une fois en grande partie grâce à notre partenariat avec le Nunavut Housing Trust, nous avons pu offrir des cours de formation préparatoire au moins une fois dans pratiquement toutes les collectivités, ce qui a permis à beaucoup de personnes d'avoir la préparation nécessaire pour devenir des apprentis.
Toujours sur le plan des métiers, le gouvernement du Nunavut a investi des sommes considérables. Le centre de formation professionnelle ouvrira ses portes en 2010 à Rankin Inlet. Ainsi, nous pourrons notamment offrir des formations d'électricien et de plombier, mais aussi des cours de mécanicien de brûleurs à mazout et de préposé à l'entretien du logement, qui sont deux métiers propres au Nord. De plus, nous avons récemment doublé la capacité de notre programme de formation en menuiserie à Iqaluit.
Nous avons commencé à planifier l'ouverture d'un centre de formation en exploitation minière à Cambridge Bay. Lorsqu'il sera ouvert, nous pourrons y offrir des formations en mécanique d'entretien et en soudure. Nous avons déjà commencé à songer à la deuxième phase du centre de formation professionnelle. Nous aimerions former des conducteurs d'équipement lourd, des mécaniciens de machinerie lourde et des mécaniciens automobiles.
Nous avons donc déjà connu beaucoup de succès. Nous avons de belles réalisations à notre actif. Mais nous avons encore de grands défis à relever. Si vous jetez un coup d'oeil aux statistiques, vous remarquerez que nos réussites se situent surtout sur le plan de la formation professionnelle et de la préparation à la carrière au niveau collégial. Lorsque nous touchons à la formation universitaire, c'est toujours dans le domaine professionnel, c'est-à-dire que ce sont des formations axées sur l'emploi. En fait, c'est parce que la majeure partie du financement que nous recevons vise des domaines particuliers. Par exemple, si l'industrie de la construction est en croissance, on investit dans la formation en menuiserie. Si c'est l'industrie minière qui est en plein essor, on investit pour former des mineurs. Si on manque d'enseignants, on investit dans l'enseignement. De la même façon, si on a besoin de plus d'infirmières, on investit dans la formation en soins infirmiers.
Ce qui nous manque, c'est le financement qui servirait à ce que j'appelle le renforcement de la capacité générale. Je vous rappelle deux statistiques importantes: 60 p. 100 des Inuits du Nunavut ne possèdent pas de diplôme d'études secondaires et qu'une proportion de seulement 4 p. 100 a suivi une formation universitaire. Mais le renforcement de la capacité générale n'est pas nécessairement axé sur la carrière ou sur les métiers professionnels.
Nous avons besoin de plus de fonds simplement pour aider les Nunavummiuts adultes — et encore une fois, je parle du groupe d'âge des 25 à 64 ans — à retourner à l'école. Les raisons du déséquilibre qu'on observe sont historiques et remontent aussi bien à l'ancien système des pensionnats qu'au manque de financement et au développement tardif de la région est de l'Arctique. Sur le plan des études secondaires, il y a un besoin criant. Et compte tenu de la capacité financière des territoires, je crois qu'il n'y a que le gouvernement fédéral qui serait en mesure d'offrir un financement pour contribuer à régler le problème.
Toutefois, il ne faudrait pas négliger la formation universitaire, qui est un autre facteur clé, selon moi. J'invite le gouvernement du Canada à appuyer le renforcement de la capacité universitaire dans le Nord en endossant les conclusions du rapport Jago sur l'Université de l'Arctique et en offrant le financement connexe. Vous en avez certainement déjà entendu parlé par les responsables du Collège du Yukon et du Collège Aurora au cours de vos visites.
Le rapport Jago a été produit à la demande d'AINC. Le mandat du groupe de travail était de se pencher sur la viabilité de la capacité universitaire dans le Nord et sur la façon de la financer. Le rapport recommandait un investissement de 2,5 millions de dollars par année pendant cinq ans, ce qui permettrait de prévoir pour l'avenir et de compter sur un financement de contrepartie. Je reviens donc à cette recommandation. Jusqu'à ce que nous obtenions ce type de financement, dans un contexte où de plus en plus d'employeurs demandent un diplôme d'études secondaires ou une équivalence, le taux de diplomation nettement insuffisant au secondaire continuera d'être un obstacle considérable au développement économique.
Merci.
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[
Le témoin s'exprime dans une langue autochtone.]
Bonsoir, mesdames et messieurs. Je suis heureuse d'être ici ce soir pour représenter le système des coopératives de l'Arctique canadien.
Je m'appelle Nicole Sikma et je fais partie du conseil d'administration de Arctic Co-operatives Limited, qui est la fédération de services centraux pour les coopératives de l'Arctique. Je vous transmets les excuses du directeur général, Andy Morrison, qui devait être parmi nous aujourd'hui. Malheureusement, son avion a dû faire demi-tour en raison des mauvaises conditions météorologiques.
L'année 2009 est importante pour les coopératives de l'Arctique, puisqu'elle marque le 50e anniversaire de la création de la première coopérative de l'Arctique à appartenir à la collectivité et à être dirigée par la collectivité. Aujourd'hui, 31 coopératives appartenant à la collectivité fournissent toute une gamme de services. Mentionnons par exemple les magasins de vente au détail, les hôtels, les restaurants, la distribution de carburant, la télédistribution, le marketing, l'aménagement immobilier et la vente ou la location de propriétés.
Les 31 coopératives communautaires du Nord et les deux fédérations de services appartiennent à plus de 20 000 membres au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest. L'année dernière, les coopératives ont remis plus de 8 millions de dollars en ristournes à leurs membres partout dans le Nord. Les coopératives communautaires emploient 1 000 personnes à temps plein et à temps partiel.
En 2008, les coopératives ont investi plus de 22 millions de dollars dans les collectivités sous forme de salaires et d'avantages sociaux versés aux employés. J'aimerais profiter de mon passage ici ce soir pour décrire trois obstacles importants au développement économique du Nord et présenter de brefs commentaires sur la façon de surmonter ces obstacles.
Les obstacles au développement économique sont liés au renforcement de la capacité, au processus d'approvisionnement du gouvernement du Canada et au tarif des services publics. Sur le plan du renforcement de la capacité, nous croyons que l'un des principaux freins au développement économique dans l'Arctique est l'éducation et la formation des Autochtones. Pour nous, il est essentiel de diriger, de gérer et d'exploiter nous-mêmes toutes les facettes de notre économie. Malheureusement, nous manquons de leaders, de gestionnaires et d'employés en mesure de gérer nos propres affaires de façon durable. Les mesures à court terme et les solutions provisoires ne suffisent pas. L'acquisition de compétences est une priorité; il faut se concentrer sur le développement des ressources humaines dès aujourd'hui si l'on veut être en mesure de relever des défis à long terme et de saisir les occasions de demain. Le gouvernement du Canada doit affecter des ressources supplémentaires au perfectionnement des ressources humaines et il doit aussi éliminer les formalités administratives excessives qui sont associées à ce type de programmes.
Passons maintenant au processus d'approvisionnement du gouvernement du Canada. Le gouvernement a élaboré, par l'entremise d'Affaires indiennes et du Nord Canada, une stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Selon les renseignements dont nous disposons, cette stratégie est conçue pour accroître la participation des entreprises autochtones à la prestation de biens et services pour le gouvernement, par l'entremise d'un programme prévoyant des mesures obligatoires et sélectives pour des marchés réservés et des activités de développement pour les fournisseurs autochtones. Cette stratégie doit mener à l'accroissement de la représentation des entreprises autochtones et à l'augmentation des marchés qui leur sont octroyés par les différents ministères et organismes. Il s'agit d'une excellente initiative qui pourrait avoir des répercussions très positives sur les entreprises autochtones. Malheureusement, le programme ne fournit que des lignes directrices aux ministères.
En effet, les ministères ne sont pas tenus d'adhérer à cette politique. En fait, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, celui-là même qui est responsable du programme, ne respecte pas la politique. Le gouvernement doit reconnaître les répercussions positives que ses investissements peuvent avoir sur le développement économique des collectivités, la création d'emplois, le perfectionnement des compétences, le développement des infrastructures et la création de la richesse. Ce sont des éléments qui contribuent au développement et à la viabilité des collectivités à long terme, une fois que le projet ou le programme gouvernemental est terminé.
Autrement dit, les Autochtones et leurs collectivités pourraient profiter beaucoup plus des investissements gouvernementaux si le gouvernement veillait à l'application de ses stratégies d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones.
Enfin, il y a également la question du tarif des services publics. Le coût de la vie dans l'Arctique est extrêmement élevé, principalement en raison du coût de l'électricité. Nos petites collectivités dépendent grandement de l'alimentation au diesel, et les coûts en sont excessifs.
Au Nunavut, le coût de l'électricité varie d'une collectivité à l'autre; le minimum observé est de 32 ¢ le kilowattheure à Iqaluit et le maximum est de 79 ¢ le kilowattheure à Whale Cove, une de nos plus petites collectivités. Dans la plupart des cas, le coût de l'électricité au Nunavut est supérieur à 55 ¢ le kilowattheure. Aux Territoires du Nord-Ouest, le coût de l'électricité dans la petite collectivité de Colville Lake s'élève à 2,15 $ par kilowattheure.
Les dépenses en électricité font augmenter le coût de la vie et empêchent les gens de subvenir à leurs besoins de base. Les entreprises ont aussi beaucoup de mal à survivre. Il n'est pas rare que les petites coopératives communautaires du Nord dépensent entre 250 000 et 350 000 $ par année pour l'électricité. Il est clair que nos territoires ne peuvent pas prospérer et se développer s'ils doivent assumer des coûts aussi élevés. Le gouvernement du Canada doit collaborer avec nos gouvernements territoriaux pour trouver une façon de diminuer le coût de la vie dans le Nord. Un bon point de départ serait de réduire le coût de l'électricité.
Mesdames et messieurs, nos coopératives de l'Arctique sont des organisations communautaires qui travaillent depuis 50 ans au bénéfice des collectivités et des gens. Nous nous sommes engagés à collaborer avec tous les ordres de gouvernement et les autres organisations pour bâtir une économie solide et durable dans le Nord.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner ici ce soir. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Merci.
La Nunavut Arts and Crafts Association, que nous appelons NACA, est un organisme à but non lucratif fondé en octobre 1998 afin de promouvoir le développement et le rayonnement des talents des artistes du Nunavut dans le milieu des arts visuels et de leurs nombreuses créations artistiques et artisanales. Le Nunavut compte un grand nombre de sculpteurs, de graveurs, de céramistes, de peintres, de photographes, de joailliers, de tapissiers et de couturiers, et bien d'autres activités.
L'adhésion à la NACA est gratuite pour les artistes. Nous comptons actuellement 800 membres et représentons des artistes de partout au Nunavut. Nous cherchons constamment des occasions afin de promouvoir l'industrie dans les marchés nouveaux et existants et conclure de nouvelles ventes pour le compte des artistes du Nunavut.
Afin de diversifier et renforcer le secteur des arts, nous travaillons de manière stratégique pour introduire et faire connaître de nouvelles méthodes d'expression artistique. En organisant des activités telles que des conférences, des ateliers, ainsi que le festival des arts du Nunavut, qui a lieu annuellement, la NACA veut améliorer le cadre de travail et d'affaires des artistes. On fait régulièrement appel à la NACA pour organiser des événements tels que le salon professionnel Aurores boréales, où les artistes peuvent montrer leur talent et vendre le fruit de leur travail.
Nous nous sommes engagés à soutenir nos membres en demandant du financement à des organismes tels que le Conseil des Arts du Canada et Patrimoine canadien afin d'avoir accès aux sommes nécessaires pour réaliser les projets inscrits dans notre plan stratégique sur quatre ans et notre plan d'action. Ces documents directeurs, en plus de nos activités quotidiennes, guideront la NACA alors que l'organisme obtiendra le financement nécessaire pour lui permettre d'avancer et de croître.
Les éléments qui suivent sont des pistes de réflexion qui nous permettront d'améliorer les perspectives économiques du secteur des arts.
Le secteur des arts du Nunavut est l'un des plus importants segments de l'économie du territoire. L'art inuit, de réputation internationale, constitue l'une de nos principales exportations. La production artistique est une source substantielle de revenus dans la plupart de nos communautés. On estime que ce secteur emploie et soutient plus de 3 000 artistes et son apport à l'économie du territoire s'élève à 30 millions de dollars par année.
Afin d'assurer la viabilité du secteur, la NACA insiste sur l'importance du transfert des compétences des aînés ou des artistes établis vers les jeunes. Nos jeunes ne s'engagent pas parce qu'ils croient souvent que le secteur artistique ne constitue pas un domaine assez payant et viable. Nous craignons que l'érosion des connaissances aura des répercussions appréciables sur l'économie artistique au cours des prochaines années. On doit renforcer et soutenir le mentorat pour aider à améliorer le secteur artistique et continuer à en faire une source de revenus durable et offrir des emplois respectables.
Nos artistes ont besoin d'avoir accès au financement. Certains de nos artistes membres sont unilingues et ont besoin d'une aide supplémentaire pour remplir les demandes afin d'améliorer leurs possibilités de mise en marché. La NACA a l'intention de les aider en leur donnant accès à un plus grand nombre de possibilités de financement à l'échelle de l'économie sociale et en leur permettant de devenir des artistes à temps plein.
Les programmes offerts par Entreprise autochtone Canada, ainsi que d'autres programmes fédéraux, sont actuellement sous-utilisés. Les artistes n'en tirent pas profit parce qu'ils ont du mal à remplir les diverses demandes de financement et qu'il faut beaucoup de temps pour leur traitement.
Pour faciliter la présentation de demandes de la part des artistes du Nunavut, les formulaires devraient être plus simples, plus faciles à utiliser, et être traduits en inuktitut. La communication dans une langue que l'artiste maîtrise est un aspect important de la culture inuite. Pour régler ces problèmes, la NACA travaille de concert avec le Conseil national des arts pour veiller à ce que ces demandes soient faciles à comprendre et traduites en inuktitut pour les artistes du Nunavut.
Le ministère du Développement économique et des Transports a consacré beaucoup d'énergie à la création de la nouvelle image de marque Authentique Nunavut pour le gouvernement territorial. Ce nouveau programme solidifiera l'identité du Nunavut dans le domaine des arts et il permettra la reconnaissance de notre contribution unique dans le domaine de l'art inuit et des arts en général.
La NACA appuie fermement le programme Authentique Nunavut et ses avantages pour nos artistes; la marque garantira que leurs oeuvres sont originales, faites à la main, et produites au Nunavut. Le programme favorisera les oeuvres authentiques plutôt que les imitations et permettra de reconnaître facilement les oeuvres du Nunavut partout dans le monde.
En appui au programme, la NACA aimerait obtenir l'aide du gouvernement fédéral afin de faciliter les communications avec le programme de l'étiquette de l'igloo, qui est géré par le ministère des Affaires indiennes et du Nord, ce qui favoriserait un renforcement du partenariat entre les deux programmes. Il nous manque cette composante essentielle pour assurer le succès des programmes liés à la marque Authentique Nunavut.
Merci de m'avoir donné l'occasion de parler de la Nunavut Arts and Crafts Association et du secteur artistique du Nunavut, qui est une composante substantielle de l'économie globale du Nunavut.
Nous concentrons nos efforts sur l'épanouissement du secteur et, avec votre aide, sur l'amélioration des partenariats en matière de financement, l'accès au financement pour nos artistes, ainsi que nos efforts conjoints de solidification de la marque Authentique Nunavut.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir à tous. Merci d'avoir pris le temps de venir nous parler à cette heure tardive.
Au cours de la dernière journée, nous avons eu de nombreux exposés. Nous avons posé des questions et vous avez été pour nous des mines d'information. Nous avons demandé quelles étaient les barrières au développement économique et nous avons entendu toutes sortes de réponses. Nous avons également eu la chance de voir ce qui en était, ce qui est important. Mais en parallèle, j'ai également le sentiment qu'il y a énormément de potentiel ici, même si la région connaît beaucoup de difficultés et fait face à de nombreux défis. Nous avons vu quelques-unes des occasions qui s'offrent. Nous avons déjà parlé du Collège de l'Arctique, du cinquantième anniversaire du mouvement coopératif — mes félicitations, en passant — ainsi que de l'industrie artistique, qui génère 30 millions de dollars par année. On pourrait en faire plus encore.
Et en toile de fond, on peut sentir des tensions avec le Sud. J'entends dire que les programmes sont conçus en fonction du Sud et qu'ils ne sont pas adaptés au Nord, que les gens ne saisissent pas qu'ils risquent d'avoir des problèmes de mise en marché quand ils disent qu'on peut trouver des rennes au Nunavut, que notre vision se situe dans un axe est-ouest plutôt que nord-sud. Il y a donc beaucoup de tiraillements de part et d'autre, mais en même temps, on sent un désir que le Sud fasse partie de la solution — vous savez, le gouvernement fédéral, le gouvernement fédéral et le gouvernement fédéral.
Je voudrais donc poser une question, globalement parlant. Est-ce vrai que les personnes du Nord, particulièrement au Nunavut, se sentent tenues en laisse par le Sud, par ses décisions, par ses modes de prestation, par ses perceptions, par son contrôle? Est-ce ce que les gens ressentent?
Cette question nous ramène à la délégation et au transfert de responsabilités, et aux personnes qui prennent la responsabilité d'exécuter leurs propres programmes touristiques. J'aimerais savoir comment les gens ce sentent à ce sujet, parce que je crois que ça nous aidera à mettre notre étude en contexte.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vois qu'il y a parité ce soir.
M. West a manifesté une inquiétude. Il s'interrogeait sur la capacité des gens de CanNor de prendre des décisions concernant le Nord. Nous avons rencontré la sous-ministre qui siège ici, à Iqaluit. En tant que sous-ministre, elle doit être capable de prendre des décisions par elle-même. Sinon, il faudra la remplacer. La personne qui occupe ce poste devrait être capable de prendre des décisions.
Je m'adresserai maintenant à M. Vandermeulen, et je parlerai d'éducation. Cet après-midi, nous avons rencontré un responsable des mines. On a mentionné que des mineurs pourraient être formés sur le tas. J'espère que vous ne commettrez pas cette erreur. En tant que personne non autochtone ou non inuite, vous vous ferez détester. Car plusieurs personnes peuvent se faire tuer. Au Québec et en Ontario, la formation pour les gens qui travaillent dans les mines est obligatoire. D'ailleurs, elle a sauvé plusieurs vies.
Le représentant des mines a admis qu'il y avait nécessité de faire des consultations tant au sujet de l'éducation professionnelle que de l'éducation au secondaire pour former des gens. Comme on en a discuté cet après-midi, ce genre de chose se prévoit. Il serait probablement préférable pour vous, pour le Collège de l’Arctique du Nunavut, à Iqaluit, de prévoir un programme de formation pour les mineurs, puisque ces derniers seront probablement les premières personnes à être appelées sur les lieux d'exploitation d'un site minier.
Je ne sais pas s'il y avait d'autres inquiétudes au sujet du développement. En ce qui a trait au gouvernement territorial, je ne connais pas ses pouvoirs. Habituellement, qu'il s'agisse de tourisme, d'éducation ou de culture, les pouvoirs relèvent de la province même. Je pense qu'il appartient aux instances provinciales de négocier avec les instances fédérales selon les besoins qui se présentent sur ce plan. Si le gouvernement fédéral — qui vient de perdre sa jupe, d'ailleurs — ne vous écoute pas, nous serons là pour le lui faire savoir.
Monsieur Vandermeulen, voulez-vous émettre une opinion à ce sujet?
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Très bien, monsieur Payne.
Merci beaucoup.
Cela conclu notre réunion avec ce groupe d'experts, et met un terme à cette journée. Avant de terminer, j'aimerais souligner certaines choses.
Premièrement, comme vous pouvez sans doute l'imaginer, et ce point a été soulevé plus tôt dans nos discussions, venir ici pour une réunion de deux jours représente toute une entreprise, et ce, particulièrement en raison de tout ce qui entoure notre comité. Une équipe nous soutient pendant ce voyage. Cette équipe est présente ici à Iqaluit, et était également avec nous la semaine dernière à Yellowknife et à Whitehorse. Il y a presque autant d'employés qui nous soutiennent qu'il y a de députés. Je ne sais pas ce que vous retirez de ça, mais je peux vous dire que c'est une équipe merveilleuse et que je souhaite la remercier.
En plus de nos interprètes en langue inuktitute qui nous ont épaulé aujourd'hui, nous avons reçu l'aide d'une équipe de AVW-TELAV, composée de Chris Ferris et Gerry Saumur. Ils travaillent après notre départ, puis remballent tout le matériel.
Il y a également nos interprètes. Il a fallu trois interprètes pour faire toute la traduction française et anglaise, soit Josée Beaudoin, Carol Card et Annie-Joëlle Tailleur.
Comme je l'ai mentionné plus tôt aujourd'hui, nous avons également une équipe d'agents de délibérations et de vérification qui procèdent à la transcription. Cette équipe est composée d'Anna Joynt et de Stéphane Monfils.
Nous avons également une agente de la logistique qui effectue toutes les activités de planification. On a pu l'apercevoir aujourd'hui près de la porte d'entrée. Il s'agit de Julie Geoffrion. Julie se trouve à l'arrière.
Je m'en voudrais de passer sous silence les deux messieurs assis à mes côtés. M. James Gauthier est analyste de la recherche. Il prépare à l'avance tout le matériel inclus dans nos documents d'information. Graeme Truelove, qui se trouve à ma gauche, est le greffier de notre comité.
Voilà donc toute l'équipe qui rend tout cela possible. Je peux vous dire, au nom de tous les députés, que nous apprécions le travail qu'ils font pour nous.
Des voix: Bravo!
Le président: J'aimerais ajouter un point administratif. Demain nous visiterons le Collège de l'Arctique du Nunavut. Nous nous y rendrons le matin.
La 39e séance du comité permanent est levée.
Merci.