:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord dire quelques mots au sujet du mandat de CANAFE et de ses activités.
L'avocat-conseil principal Yvon Carrière m'accompagne aujourd'hui.
La loi adoptée par le Parlement en 2000, c'est-à-dire la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité, a entraîné la création de CANAFE, un organisme indépendant qui relève du ministre des Finances. Son mandat est de détecter et de prévenir le blanchiment d'argent. En 2001, après le 11 septembre, la Loi antiterroriste a élargi le mandat de CANAFE pour qu'il prévoie la lutte contre le financement des activités terroristes.
CANAFE est l'unité du renseignement financier du Canada. Nous comptons un peu plus de 300 employés, et nous avons trois bureaux régionaux, en plus de notre administration centrale.
CANAFE est un organisme unique en son genre au Canada, car son mandat consiste, d'une part, à analyser les renseignements sur les opérations financières et à communiquer certains renseignements aux enquêteurs dans les limites prescrites par notre loi, et, d'autre part, à fournir des renseignements financiers de niveau stratégique.
[Français]
Le ministre des Finances est responsable devant le Parlement de notre loi et de la formulation de propositions de modification à celle-ci ainsi qu'à ses règlements d'application.
Je crois qu'il est important de mettre au clair ce qu'est exactement le blanchiment d'argent. Le Groupe d'action financière, ou GAFI, définit le blanchiment d'argent comme étant le retraitement de produits provenant d'activités criminelles pour en masquer l'origine illégale. Par essence, le blanchiment d'argent fait en sorte qu'il soit plus compliqué de retracer l'origine criminelle de l'argent, qui est maintenant propre. C'est là que nous intervenons.
En vertu des lois canadiennes, une infraction de blanchiment d'argent comporte la perpétration de divers actes dans l'intention de cacher ou de convertir des biens ou le produit de biens, comme de l'argent, alors qu'on sait ou croit qu'ils proviennent de la perpétration d'une infraction désignée.
[Traduction]
Dans ce contexte, une infraction désignée englobe la plupart des infractions graves au sens du Code criminel ou de toute autre loi fédérale. Elle concerne, entre autres, le trafic illégal de stupéfiants, la corruption, la fraude, la falsification, le meurtre, le vol qualifié, la contrefaçon d'argent, la manipulation d'opérations boursières et, depuis peu, l'évasion fiscale.
Pour vous donner un meilleur aperçu de CANAFE, j'aimerais souligner ce que nous ne sommes pas: le centre n'est pas un organisme d'enquête et il n'a pas les pouvoirs pour réunir des éléments de preuve, porter des accusations, saisir et geler des biens ou dresser des listes de surveillance de présumés bailleurs de fonds d'activités terroristes. CANAFE n'enquête pas sur les infractions présumées et n'intente pas de poursuite en ce sens.
Le centre est plutôt un organisme d'analyse qui produit des renseignements financiers pouvant être communiqués, le cas échéant, afin de faciliter les enquêtes menées par les organismes d'application de la loi et de sécurité et de fournir des analyses de niveau stratégique aux ministères chargés de l'établissement de politiques et aux organismes d'évaluation.
Étant donné que nous détenons des millions de déclarations d'opérations financières de Canadiens, le Parlement voulait faire en sorte que la loi soit minutieusement et délibérément rédigée afin de donner de l'information très précise et claire sur le genre de renseignements que nous pouvons recevoir et que nous pouvons communiquer. La loi stipule que nous ne pouvons communiquer des renseignements que lorsque nous avons des motifs raisonnables de soupçonner que les renseignements seraient utiles aux fins d'enquête ou de poursuite relativement à une infraction de blanchiment d'argent ou de financement des activités terroristes.
[Français]
De plus, la loi oblige CANAFE à communiquer ces renseignements lorsqu'il a atteint un minimum de motifs raisonnables de soupçonner. Pareillement, la loi stipule que lorsque CANAFE a des motifs raisonnables de soupçonner que certains renseignements se rapporteraient à des menaces à la sécurité du Canada, le centre doit communiquer ces renseignements au Service canadien du renseignement de sécurité.
En bref, notre travail consiste à fournir aux organismes d'application de la loi, de la sécurité nationale et du renseignement des indices de nature financière. Nous sommes une source de renseignements pour tous les services de police du Canada, et nous possédons une capacité unique de suivre la piste de l'argent issu d'activités criminelles partout au pays et dans le monde.
Nous communiquons également des renseignements à l'Agence du revenu du Canada, à l'Agence des services frontaliers du Canada et au Centre de la sécurité des télécommunications lorsque certains critères législatifs touchant la communication à ces organismes sont remplis. Enfin, nous pouvons aussi communiquer des renseignements aux unités du renseignement financier étrangères.
[Traduction]
Notre travail commence par une quantité quotidienne de plus de 65 000 déclarations de plusieurs types d'opérations financières transmises par diverses entreprises que nous appelons entités déclarantes. Les entités qui nous font parvenir le plus grand nombre de déclarations sont les banques, mais nous recevons également des déclarations des casinos, des caisses populaires, des compagnies d'assurance-vie et des entreprises de services monétaires, pour n'en nommer que quelques-unes. En vertu de la loi, toutes ces entités ont l'obligation de nous transmettre des déclarations.
Nous recevons plusieurs types de déclarations. Aux termes de la loi, nous sommes autorisés à recevoir des déclarations de biens appartenant à un groupe terroriste, des déclarations d'opérations douteuses et de tentatives d'opérations douteuses, des déclarations d'opérations importantes en espèces de 10 000 $ ou plus, des déclarations relatives aux déboursements de casinos et des déclarations de télévirements internationaux de 10 000 $ ou plus. Lorsque je dis « internationaux », je parle de télévirements en provenance et à destination du Canada. Nous ne sommes pas autorisés à recevoir des déclarations de télévirements nationaux.
Au fil des années, nous avons monté une très vaste base de données de différents types de déclarations d'opérations. Grâce à nos programmes informatiques de pointe et aux compétences de nos analystes hautement qualifiés, nous pouvons analyser ces données d'un point de vue tactique et stratégique, et les comprendre, en les associant à des renseignements provenant d'autres sources, comme les bases de données des organismes d'application de la loi, les bases de données commerciales ou accessibles au public et, même parfois, des renseignements provenant d'unités du renseignement financier étrangères.
Nous recherchons plus particulièrement les opérations financières et les modes opératoires qui éveillent nos soupçons quant au fait qu'il pourrait s'agir de blanchiment d'argent ou de financement d'activités terroristes. Comme vous pouvez l'imaginer, les déplacements de fonds illicites sont habituellement très discrets et complexes et concernent des centaines, et parfois même des milliers, d'opérations ainsi que des douzaines de personnes et d'entreprises.
Il convient de mentionner que notre loi a été rédigée minutieusement afin de protéger de la meilleure façon possible les renseignements personnels, tout en permettant la communication de certains renseignements aux organismes d'application de la loi.
Nous sommes le seul organisme fédéral dont le mandat comprend expressément l'obligation d'assurer la protection des renseignements personnels qu'il détient. Aucun organisme de l'extérieur ne peut avoir accès à nos banques de données. La loi prévoit de lourdes sanctions pénales en cas de communication non autorisée de renseignements.
[Français]
Laissez-moi maintenant vous parler d'un sujet d'intérêt particulier pour ce comité, soit l'évasion fiscale par des Canadiens qui ont recours à des comptes bancaires à l'étranger.
Au cours des deux dernières années, nous avons augmenté le nombre de communications à l'Agence du revenu du Canada pour parvenir à un total de 287 communications. Ces communications ont servi à des enquêtes criminelles sur la fiscalité et au Programme spécial d'exécution, qui vise des particuliers soupçonnés de tirer des revenus imposables d'activités criminelles, comme la fraude commerciale et le trafic de stupéfiants. Selon les commentaires reçus de l'Agence du revenu du Canada, les renseignements que nous lui avons communiqués ont facilité ses enquêtes et ses vérifications, et ont permis de recouvrer des millions de dollars en impôt fédéral sur le revenu.
[Traduction]
Jusqu'à tout récemment, CANAFE pouvait seulement communiquer des cas à l'Agence du revenu du Canada lorsqu'il avait atteint deux seuils. CANAFE devait en premier lieu avoir des motifs raisonnables de croire que les renseignements qu'il communiquait pouvaient être utiles à une enquête liée au blanchiment d'argent et, en deuxième lieu, il devait déterminer que les renseignements se rapportaient à l'évasion fiscale.
Dans les cas qui ont été communiqués à l'Agence du revenu dans le passé, l'infraction sous-jacente était très souvent liée au trafic de stupéfiants ou à la fraude. Je peux même ajouter que dans ces cas, les services de police sont les principaux enquêteurs, et les coupables font habituellement l'objet d'une enquête pour l'infraction sous-jacente et le blanchiment d'argent. En d'autres mots, la loi n'autorisait pas CANAFE à utiliser l'évasion fiscale à titre d'infraction sous-jacente, soit l'activité criminelle qui permet d'obtenir les produits et à partir de laquelle nous pouvions constituer un cas.
Grâce à l'adoption récente du projet de loi , nous pouvons maintenant utiliser l'évasion fiscale à titre d'infraction sous-jacente à partir de laquelle nous pouvons constituer un cas à communiquer. Les règlements appliqués en vertu du Code criminel ont été modifiés afin de faire de l'évasion fiscale une infraction sous-jacente au blanchiment d'argent lorsqu'il s'agit de déterminer s'il faut communiquer un cas à l'Agence du revenu du Canada.
Mais, tout aussi important, il y a seulement quelques semaines, plus précisément le 14 février, dans le cadre de l'entrée en vigueur des modifications aux règlements du projet de loi, les exigences s'appliquant à la communication de renseignements à l'Agence du revenu ont été assouplies. Il ne s'agit plus de « déterminer » si les renseignements à communiquer se rapportent à l'évasion fiscale, mais seulement « d'avoir des motifs raisonnables de soupçonner » qu'ils peuvent s'y rapporter.
Comme vous le savez peut-être déjà, nous avons reçu des fonds additionnels dans le cadre du budget de 2010 pour nous aider à lutter contre l'évasion fiscale. Les analystes de CANAFE ont récemment reçu une formation approfondie sur les incidences de ces modifications législatives et réglementaires. De plus, les spécialistes de l'Agence du revenu du Canada nous ont donné une formation sur l'évasion fiscale par rapport à leurs activités.
Pour les cas de blanchiment d'argent, nous avons défini des indicateurs de blanchiment d'argent, dont se servent plus ou moins les organismes du renseignement financier à travers le monde pour déterminer s'il s'agit de blanchiment d'argent. Nous avons maintenant fait de même pour l'évasion fiscale avec l'aide de l'Agence du revenu du Canada. Au cours des trois dernières années, nous avons travaillé avec elle afin de définir des indicateurs d'évasion fiscale qui pourraient aider nos analystes à déterminer si des cas peuvent être communiqués à l'agence.
Grâce aux modifications apportées à la loi, au financement additionnel et à la formation reçue, nous sommes convaincus que nous sommes prêts à fournir plus de renseignements pour aider les enquêteurs de l'impôt à résoudre leurs cas liés à l'évasion fiscale.
Je vous remercie.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie de nous avoir invités à participer à l'audience d'aujourd'hui.
Je suis accompagné de Stephen Foster, directeur de notre Sous-direction des délits commerciaux, à la Direction générale de la GRC à Ottawa, et de l'inspecteur Dave Rudderham, qui supervise la section des délits commerciaux à Winnipeg. Je suis directeur général des programmes de criminalité financière de la GRC.
Je suis heureux de pouvoir dire quelques mots sur la criminalité financière, le rôle de la GRC dans les enquêtes liées à l'impôt sur le revenu et sa relation de longue date avec l'Agence du revenu du Canada.
Dans l'environnement complexe et de plus en plus mondialisé d'aujourd'hui, la criminalité s'étend souvent sur plusieurs territoires. Les criminels utilisent des moyens de plus en plus perfectionnés pour dissimuler leurs profits illicites sans se compromettre. La mondialisation des activités économiques leur permet d'effectuer rapidement des virements de fonds internationaux. Grâce à l'évolution fulgurante des systèmes financiers, de la technologie et des communications, ils peuvent déplacer des fonds rapidement et facilement partout dans le monde, ce qui complique énormément les activités de surveillance des autorités d'application de la loi tout en offrant de nouvelles possibilités financières aux organisations criminelles. Les corps policiers doivent donc travailler en étroite collaboration avec leurs partenaires au Canada et à l'étranger pour composer avec la complexité sans cesse croissante de la criminalité financière transnationale.
En général, la fraude fiscale s'entend des efforts déployés par un particulier ou une entreprise pour cacher des gains au fisc. La mondialisation croissante dont je viens de parler ouvre toute grande la porte aux activités de ce genre aussi. En août 2010, le est venu modifier la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes, faisant de la fraude fiscale une infraction désignée — c'est-à-dire sous-jacente — en matière de blanchiment d'argent. Autrement dit, la fraude fiscale est désormais reconnue comme une infraction criminelle dont la perpétration peut donner lieu à des produits de la criminalité, qui prennent la forme d'impôts impayés, et le blanchiment d'argent de ce genre de fraude constitue maintenant une infraction de blanchiment d'argent.
Contrairement à l'Agence du revenu du Canada, la GRC ne figure pas parmi les principaux destinataires de l'information sur la fraude fiscale. L'ARC a ses propres ressources d'enquête et est bien placée pour élucider les affaires de fraude fiscale. Par conséquent, la GRC n'enquête généralement pas sur les cas de ce genre qui concernent des fonds de provenance légitime produisant des revenus à l'étranger.
[Français]
Quand la GRC prend connaissance d'activités illicites touchant l'impôt sur le revenu, c'est presque toujours par la bande, dans le cadre d'une enquête sur autre chose. Nous transmettons ces affaires à l'Agence du revenu du Canada aux fins de suivi, dans la mesure du possible.
[Traduction]
Le Programme des délits commerciaux et le Programme intégré des produits de la criminalité de la GRC entretiennent depuis longtemps une étroite relation de travail avec l'ARC. Dans le cas du Programme des délits commerciaux, cette relation remonte au début des années 1970, et dans celui du Programme intégré des produits de la criminalité, elle existe depuis la création des unités mixtes des produits de la criminalité, au milieu des années 1990. La GRC peut communiquer de l'information à l'ARC, mais elle le fait seulement lorsque la loi le permet et que cela ne risque pas de compromettre une enquête criminelle en cours.
Lorsqu'il y a circulation de renseignements entre l'ARC et la GRC relativement à l'impôt sur le revenu, c'est habituellement la GRC qui les transmet à l'ARC. En règle générale, l'ARC ne renvoie pas de dossiers à la GRC. Cette dernière offre toutefois son aide aux enquêteurs de l'ARC lorsqu'ils en font la demande. Dans certains cas, l'ARC peut transmettre des renseignements de nature fiscale à la GRC aux termes d'une ordonnance judiciaire délivrée en vertu du Code criminel ou après le dépôt d'accusations faisant suite à une enquête criminelle.
La GRC communique régulièrement avec l'ARC au sujet d'affaires fiscales par l'intermédiaire de son Programme intégré des produits de la criminalité. De mars 1999 à mars 2009, les affaires que le programme a renvoyées à l'ARC ont donné lieu à des avis de cotisation d'impôt fédéral totalisant environ 145 millions de dollars.
[Français]
En préparation à cette audience, nous avons fait une recherche dans les dossiers d'incidents de la GRC et avons découvert que, pendant cette même période de 10 ans, c'est-à-dire de 1999 à 2009, la GRC a ouvert 542 dossiers relatifs à la Loi de l'impôt sur le revenu. Ces dossiers visaient principalement des services d'aide fournis à l'Agence du revenu du Canada.
[Traduction]
À l'heure actuelle, le Programme de la criminalité financière de la GRC ne dispose d'aucune équipe d'enquête consacrée exclusivement à la fraude fiscale. Par contre, à la lumière des récentes modifications législatives que je viens de citer, la GRC pourrait à l'avenir jouer un rôle accru dans les enquêtes sur les cas de fraude fiscale qui présentent un lien avec les produits de la criminalité et le blanchiment d'argent.
Comme je l'ai mentionné tantôt, l'un des plus grands défis de la lutte contre la criminalité financière sous toutes ses formes tient à l'évolution de l'environnement dans lequel elle se pratique: les techniques et les technologies mêmes qui créent des occasions d'affaires légitimes favorisent par ailleurs le perfectionnement continu de la criminalité.
En tant que service de police national du Canada, la GRC reconnaît avoir un rôle important à jouer dans la répression de la criminalité financière et la protection de l'intégrité économique du Canada.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je conclus sur ce mon allocution. Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
D'accord. Prenons un exemple d'évasion fiscale comme infraction sous-jacente.
Admettons que quelqu'un démarre une entreprise et ouvre un compte bancaire. La personne a deux ou trois employés et elle dit que l'entreprise fabrique des meubles.
Au bout d'un moment, la banque nous envoie une déclaration d'opérations douteuses dans laquelle elle affirme avoir constaté des transactions inhabituelles dans le compte: importants dépôts en espèces, dépôts structurés ne dépassant pas le seuil de 10 000 $, télévirements dans un compte bancaire aux États-Unis sans raison, étant donné qu'il s'agit d'une petite entreprise. Par ailleurs, il n'y a pas de retenue salariale ni paiement de la TPS et aucun montant versé à des fournisseurs.
On se dit alors qu'il y a anguille sous roche. La personne a peut-être même mentionné qu'elle payait ses employés au noir, en espèces.
La police nous envoie une déclaration de renseignements transmis volontairement dans laquelle elle indique que la personne en question est mêlée à... En l'occurrence, la police enquêtait sur une affaire de drogue.
Les indicateurs et le genre de comportement transactionnel qui attireraient notre attention, ce sont les opérations inhabituelles, l'absence de paiement à des fournisseurs et les dépôts importants en espèces. Ces dépôts n'apparaîtraient pas normaux pour une entreprise censée plutôt avoir des dépenses par carte de crédit ou de débit.
Donc, l'information vient de la banque. Nous avons aussi d'autres renseignements, provenant notamment d'une source ouverte. L'entreprise n'existe pas... elle n'a pas d'emplacement réel.
Tout cela nous donne des motifs raisonnables de soupçonner du blanchiment d'argent, le trafic de drogue étant une infraction sous-jacente, comme la police nous l'a indiqué. Nous en arrivons à déterminer qu'il semble s'agir également d'évasion fiscale. Nous transmettrions donc le dossier à la GRC.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Meunier et monsieur White, je vous adresse d'abord mes félicitations, chose qu'on fait rarement ici. Vos présentations étaient des plus claires et je vous en remercie sincèrement.
Je veux vous poser quelques questions en vue de savoir, un peu à l'instar de Mme Glover, ce qu'on peut faire pour aider.
J'ai assisté à une conférence à Londres, il y a quelques mois, où on nous a donné une statistique qui m'a étonné. On nous a dit que tous les quatre jours, l'équivalent du PIB du monde entier est transféré sur la planète. C'est étonnant. Cela veut dire que les filtres qu'on doit mettre en place pour essayer de savoir ce qui est fait correctement et ce qui est fait de manière toute croche doivent être aussi élaborés que ce qui est en place.
Il ne faut pas tomber dans ce que M. Rudderham décrit: cela ne doit pas faire le tour en une nanoseconde et finir dans une boîte noire aux îles Caïmans. Nous devons être aussi futés que les gens qui sont en train de faire ça. Donc, c'est un peu le sens de ce que je veux examiner avec vous aujourd'hui.
Une chose nous étonne parfois quand on examine les causes offertes en exemples. Je fais toujours très attention, par ailleurs, de ne pas vous traîner dans notre domaine purement partisan. Je vais essayer de respecter ça aujourd'hui.
Je vais vous parler d'une cause concrète, qui a déjà été jugée et qui est terminée: la cause d'Earl Jones. J'ai tout le dossier, tous les documents de la cour et tous les documents internes de la succursale Beaconsfield de la Banque Royale du Canada, où Earl Jones faisait affaire et où il a volé 50 millions de dollars de ses clients dans une combine à la Ponzi absolument classique.
Dans les documents de la banque, il est écrit à chaque étape:
[Traduction]
On lui a dit qu'il utilisait un compte d'intérêt pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec l'utilisation normale d'un tel compte. On lui a dit que c'était clairement illégal et qu'il pourrait avoir des problèmes.
[Français]
Ça s'est passé comme ça pendant des années et des années, dans le cas d'Earl Jones.
Il y a une chicane entre les conservateurs et nous. Eux disent que la meilleure chose à faire est de créer un organisme national de réglementation des valeurs mobilières, et moi, je ne cesse de répéter que le Bureau du surintendant des institutions financières Canada n'a rien fait dans le cas d'Earl Jones.
Une affaire comme celle d'Earl Jones vous touche-t-elle de près ou de loin, les gens de CANAFE, ou relève-t-elle strictement de la responsabilité du Bureau du surintendant des institutions financières Canada?