:
La séance est ouverte. Bienvenue à la 41
e séance du Comité permanent des finances. Nous poursuivons nos consultations prébudgétaires pour l'exercice 2010.
Je souhaite la bienvenue aux témoins qui sont parmi nous cet après-midi.
Le premier groupe est composé de cinq organismes, dont l'Association médicale canadienne, l'Université Athabasca et les Jeux olympiques spéciaux Canada.
[Français]
Ensuite, nous entendrons les représentants de la Confédération des syndicats nationaux.
[Traduction]
Nous accueillons également l'Institut canadien des actuaires.
[Français]
Les témoins auront cinq minutes pour faire leur présentation.
[Traduction]
Par la suite, les membres du comité poseront des questions.
Je vous avertirai lorsqu'il vous restera une minute pour terminer votre exposé.
Nous commencerons par l'Association médicale canadienne.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant le comité aujourd'hui.
Le mémoire de l'AMC contient sept recommandations touchant des besoins pressants du système de santé.
[Traduction]
Avant de les aborder, je voudrais vous expliquer pourquoi, de mon point de vue, notre système de santé a besoin de l'attention du gouvernement fédéral.
Hier, à l'Hôpital d'Ottawa, où je suis médecin-chef, notre taux d'occupation atteignait 100 p. 100. Trente des patients qui se sont présentés à l'urgence ont été admis à l'hôpital, mais nous n'avions un lit que pour quatre d'entre eux. Dix autres patients attendent encore sur une civière à l'urgence. Six patients ont été admis aux étages où ils reçoivent leurs soins dans le corridor. Trois chirurgies ont été annulées, ce qui porte à 480 le nombre de chirurgies annulées cette année. C'est un nombre effarant. Pendant ce temps, 158 patients hospitalisés attendaient un lit dans un établissement de soins de longue durée, où ils seraient mieux traités à moindre coût.
Ça, c'était hier. Aujourd'hui, c'est encore pire.
À quelques coins de rue d'ici tout comme dans des communautés un peu partout au pays, l'état de santé de nos groupes les plus pauvres et les plus vulnérables est comparable à celui qui prévaut dans des pays dont le PIB atteint à peine une fraction du nôtre et ce, malgré des investissements très importants dans la santé.
Je pense que les fournisseurs de soins de toutes les catégories sont confrontés tous les jours aux lacunes de notre système de santé. Comme pays, nous pouvons faire mieux, et les Canadiens méritent d'en avoir davantage pour leur argent. Les médecins du Canada réclament un changement transformationnel afin de bâtir un système de santé fondé sur les principes de l'accessibilité, de la grande qualité, de l'efficacité des coûts, de la reddition de comptes et de la viabilité.
En visant un meilleur rendement, une meilleure intégration et une intendance solide, les gouvernements peuvent repositionner les soins de santé de façon à en faire un moteur économique, un agent de productivité et un avantage concurrentiel pour le Canada dans le marché mondial d'aujourd'hui. L'Accord sur la santé arrive à échéance en mars 2014 et nous exhortons le gouvernement fédéral à entreprendre dès maintenant des discussions avec les provinces et les territoires sur la façon de transformer notre système de santé pour qu'il réponde aux besoins des patients et soit viable pour l'avenir. La population canadienne doit elle aussi participer à la conversation.
Pour aider à positionner le système en vue de ce changement transformationnel, le mémoire de l'AMC fait ressortir un certain nombre d'enjeux sur lesquels le gouvernement fédéral doit se pencher à court terme.
Premièrement, notre système a besoin d'investissements dans les ressources humaines de la santé afin de garder les médecins et les infirmières et d'en recruter davantage. Même si nous accueillons favorablement les mesures prévues dans le dernier budget pour augmenter le nombre de postes de résidence, nous exhortons le gouvernement à tenir le reste de sa promesse électorale en investissant encore davantage dans les postes de résidence et à investir aussi dans des programmes de rapatriement des médecins formés au Canada qui vivent à l'étranger.
Deuxièmement, nous devons étayer notre infrastructure électronique en santé publique afin qu'elle puisse fournir des soins efficaces et de qualité et soit en mesure de réagir avec plus d'efficacité aux pandémies. Nous recommandons d'investir davantage pour améliorer la collecte et l'analyse des données entre les autorités locales de la santé publique et les pratiques de soins primaires, pour pouvoir se préparer aux situations d'urgence en santé à l'échelle locale et pour créer une stratégie pancanadienne d'intervention dans l'éventualité d'une crise en santé.
Troisièmement, il faut aussi intervenir face aux enjeux du vieillissement de notre population. À mesure que les soins continus sortent des hôpitaux pour être dispensés davantage à domicile, dans la communauté ou dans les établissements de soins de longue durée, le fardeau financier est transféré des gouvernements aux particuliers.
Nous recommandons que le gouvernement fédéral étudie des options de préfinancement des soins de longue durée — y compris l'assurance privée, les stratégies d'épargne à impôt différé et à impôt prépayé, et l'assurance sociale basée sur les cotisations — pour aider les Canadiens à se préparer à répondre à leurs besoins futurs en soins à domicile et en soins de longue durée.
Comme le fardeau des soins continus des personnes âgées est aussi porté en grande partie par des soignants et des aidants naturels non rémunérés...
:
Je vous remercie pour cette occasion de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
L'Université Athabasca, la cyberuniversité libre du Canada, accueille plus de 38 000 étudiants de partout au Canada et de plus de 100 pays. La reconnaissance de l'importance économique croissante des dépenses d'investissement immatérielles dans une économie mondiale fondée sur le savoir constitue le pivot de la stratégie au coeur du mémoire de l'université Athabasca.
La création, le transfert et la dissémination du savoir constituent les pierres angulaires de l'économie numérique. L'apprentissage technologisé peut permettre à tous de contribuer pleinement.
Même si on a couramment décrit le fossé numérique comme un problème d'accès à la bande passante, ce nouveau fossé concerne plutôt les écarts entre les compétences, techniques et autres, nécessaires à une contribution pleine et entière à cette économie. Au niveau intermédiaire, la culture numérique comprend les connaissances, les habiletés et une sensibilisation qui permettront de faire appel aux TIC pour améliorer l'efficacité et la productivité des secteurs public et privé. Au niveau avancé, la culture numérique comprend les connaissances, les habiletés et la sensibilisation nécessaires pour élaborer des infrastructures, des produits et des services dans le domaine des TIC et pour créer des contenus numériques.
Que l'apprentissage en ligne constitue la solution idéale pour favoriser une culture numérique ne nous étonne pas. L'apprentissage en ligne, qui comprend les cours et les programmes hybrides, permet aux apprenants d'acquérir les habiletés nécessaires pour entrer sur le marché du travail dès maintenant et pour faire partie des premiers utilisateurs des technologies et des applications de demain, parce que le cyberapprentissage fait appel aux mêmes outils utilisés dans les lieux de travail pour améliorer l'efficacité, la collaboration, l'innovation et la productivité.
On a dit que la moitié de l'écart entre la productivité du Canada et celle des États-Unis pouvait être attribuée à la plus faible culture numérique du Canada. On doit envisager l'élaboration d'une stratégie nationale d'apprentissage continue qui comprendrait une composante forte de culture numérique afin d'établir les bases et de fournir les connaissances et les habiletés nécessaires à l'innovation dans l'économie du savoir.
Le gouvernement, les milieux de l'éducation primaire, secondaire et postsecondaire, les employeurs, les associations professionnelles et les groupes communautaires doivent travailler ensemble pour qu'un plus grand nombre de Canadiens acquièrent les habiletés nécessaires afin de participer à cette économie. Ces habiletés incluent les capacités de réfléchir, de travailler et d'apprendre tant les compétences traditionnelles en matière de littératie que les outils de traitement et de collaboration et les outils multimédias qui, mis ensemble, prépareront les personnes à adopter et intégrer les technologies dans leur vie.
Le cyberapprentissage peut également jouer un rôle de soutien important auprès des nouveaux Canadiens, qui sont nombreux à avoir besoin de formations linguistiques, de mises à niveau professionnel ou de formation en milieu de travail. Par exemple, l'Université Athabasca, en partenariat avec l'Institut royal d'architecture du Canada, lancera bientôt le premier cyberprogramme de formation en architecture au pays. Ce programme répondra aux besoins des architectes qui ont été formés à l'étranger de même qu'à ceux qui veulent faire leur entrée dans la profession. Le programme sera composé de cours en ligne et d'outils virtuels tels qu'un studio virtuel. Ces éléments font partie des besoins en infrastructure des TIC nécessaires pour mettre ce programme en oeuvre.
J'aimerais souligner un autre élément important de notre mémoire, soit la nécessité de nous attarder plus sérieusement sur les possibilités d'apprentissage des Autochtones. Le cyberapprentissage et l'apprentissage hybride pourraient leur être très utiles pour atteindre les objectifs des communautés en matière d'éducation, de santé, de bien-être, d'emploi et de culture numérique. Les initiatives doivent toutefois être planifiées et mises en oeuvre en collaboration et elles doivent inclure des programmes de préparation au cyberapprentissage qui sont appropriés sur le plan culturel.
Le cyberapprentissage permet aux personnes d'apprendre sans quitter leurs communautés. Lorsqu'il est mis en oeuvre adéquatement, il constitue une excellente occasion pour des activités telles que l'incubation d'entreprises autochtones, le soutien d'initiatives de gouvernance et la sensibilisation du public à l'égard de problèmes de santé partout au pays.
Grâce au soutien du gouvernement de l'Alberta, l'Université Athabasca travaille de concert avec ses partenaires des communautés autochtones et d'autres communautés rurales ou éloignées à la mise sur pied d'une initiative communautaire portant sur le cyberapprentissage.
Je suis ravi de représenter Olympiques spéciaux Canada et plus de 34 000 athlètes de partout au pays devant le comité.
[Français]
Au nom de Mme Judd Campbell, de M. Miceli et de tous les membres de la grande famille des Olympiques spéciaux, je vous remercie d'avoir accepté de nous rencontrer aujourd'hui.
[Traduction]
Il y a tout juste un mois, des athlètes des Olympiques spéciaux de l'ensemble du Canada sont venus à Ottawa passer une journée sur la Colline parlementaire afin de rencontrer des députés et des sénateurs et présenter nos athlètes, notre sport, ainsi que tout ce que nous avons offert aux Canadiens atteints de déficience intellectuelle de l'ensemble du pays.
La demande d’Olympiques spéciaux Canada est fort simple: nous demandons une somme minimale de 800 000 $ versée à tous les deux ans afin de payer les frais de voyage et les uniformes des athlètes qui participent aux Jeux nationaux. Nous voulons un traitement égal à celui des autres organismes nationaux de sport qui tiennent des compétitions annuelles à l'échelle nationale. Les deux prochaines présentations des Jeux auront lieu en 2012 à St. Albert, en Alberta, puis en 2014 à Vancouver, en Colombie-Britannique.
Ces jeux constituent un tremplin vers l’excellence pour nos athlètes de partout au pays.
Il est important que vous compreniez tous la mission d'Olympiques spéciaux Canada, qui consiste à enrichir la vie de Canadiens atteints de déficience intellectuelle par l’entremise du sport. Pour ce faire, nous offrons des programmes sportifs toute l’année durant à des athlètes comme Christina, qui est à côté de moi, et à d’autres Canadiens atteints de déficience intellectuelle provenant de tous les milieux au Canada.
Les participants aux programmes sportifs des Olympiques spéciaux ressemblent beaucoup aux autres athlètes canadiens: ils sont motivés par l'amour du sport, le plaisir de faire partie d'une équipe et, bien sûr, par les possibilités de compétition sportive que leur offrent les Olympiques spéciaux.
Le sport est un vecteur d’inclusion qui permet aux athlètes des Olympiques spéciaux d’acquérir des habiletés motrices fondamentales, d’améliorer leur santé et leur forme physique et de prendre confiance en leurs habiletés sociales nécessaires à leur participation active et concrète au sein de notre société.
Je suis bénévole pour Olympiques spéciaux Canada. On me demande souvent ce que sont les Olympiques spéciaux et quand auront lieu les prochaines compétitions. Je réponds que les Olympiques spéciaux ont lieu tous les jours dans les grandes communautés comme les petites, dans les clubs sportifs, à la campagne, en ville, d’un bout à l’autre du pays, dans toutes les langues. Voilà l’essence de notre sport.
Nous avons tenu dernièrement nos jeux d’été nationaux de 2010 à London. Plus de 1 400 athlètes, entraîneurs et soigneurs y sont allés, non seulement pour représenter leur province, mais aussi, et surtout, pour courir la chance de représenter leur pays. Notons que chacun de nos chapitres — nous avons des chapitres dans chacune des 10 provinces et dans deux territoires sur trois, mais le Nunavut sera ajouté d’ici le milieu de l’année prochaine, si tout va bien — est responsable du financement lié au transport et à la participation aux compétitions. Nous aimerions nous en charger pour libérer du financement et de l’argent qui permettront d’augmenter le nombre de programmes individuels dans les provinces, de permettre le recrutement d’athlètes et de bénévoles et, enfin, d’élaborer de nouveaux programmes.
À London, une athlète a gagné la chance de représenter le Canada aux prochains jeux mondiaux à Athènes, en Grèce. Elle constitue un exemple remarquable de l'apport des Olympiques spéciaux.
J’invite Christina Judd Campbell, athlète des Olympiques spéciaux, à raconter son histoire.
:
Christina personnifie parfaitement ce qui se produit lorsqu’on donne une chance aux Canadiens atteints de déficience intellectuelle.
Je pense qu’il est important que le comité comprenne l’ampleur de notre tâche. Notre programme compte 34 000 athlètes et 16 000 entraîneurs et adjoints, tous bénévoles et formés.
Maintenant, pour mettre les choses en contexte, plus de 700 000 Canadiens sont atteints de déficience intellectuelle. Même si nous faisons de notre mieux, nous donnons à moins de 5 p. 100 de cette population les mêmes chances que nous avons données à des athlètes tels que Christina. Voilà l’ampleur de la tâche qui nous attend.
Nous espérons pouvoir poursuivre notre travail avec le gouvernement du Canada. Le soutien du gouvernement à l’égard des Olympiques spéciaux est extraordinaire. Au nom de tous nos athlètes, je vous remercie. Mais notre tâche est assez lourde, et c’est pour cette raison que nous demandons un financement minimal pour nous permettre de nous charger des voyages de l’équipe, ce qui nous permettrait ainsi de prendre cette partie de notre budget et de retourner l’argent aux provinces, qui pourraient...
:
Merci, monsieur le président.
J'ai le plaisir de présenter au comité le point de vue de la Confédération des syndicats nationaux, une organisation syndicale qui représente un peu plus de 300 000 membres.
Le gouvernement se plaît à dire que la récession est terminée et que la priorité est maintenant de réduire le déficit budgétaire. Or, la situation n'est pas aussi simple. Selon les estimations les plus récentes de la Banque du Canada, la croissance économique a fortement ralenti au troisième trimestre de 2010 et s'annonce lente à moyen terme. Le taux de chômage demeure élevé et la création d'emplois prévue d'ici à 2012 ne permettra pas de revenir rapidement au taux de chômage qui avait cours avant la récession.
Le secteur du logement, de même que celui des dépenses de consommation des ménages, ne sera pas aussi dynamique que lors des dernières années, en raison notamment de l'endettement croissant des particuliers. La croissance des exportations nettes est aussi menacée par la turbulence actuelle des marchés de change. Or, plusieurs pays développés, notamment les États-Unis, ont besoin d'exporter pour mettre derrière eux la récession et renouer avec la croissance.
Dans ce contexte, la CSN est d'avis que le gouvernement doit continuer d'utiliser tous les leviers dont il dispose pour soutenir la croissance économique. Se lancer dans une politique d'austérité budgétaire et de lutte contre le déficit, alors que la reprise est si fragile, serait mal avisé, d'autant plus que, par rapport aux autres pays développés, le Canada dispose toujours d'une marge de manoeuvre financière appréciable. Alors que la plupart des pays développés ont compris que l'assainissement des finances publiques passait par un relèvement de la fiscalité, le Canada accroît artificiellement ses déficits budgétaires en continuant d'octroyer des baisses d'impôt aux entreprises. Selon la CSN, il est peu probable que, dans le contexte actuel, les baisses d'impôt octroyées aux entreprises se traduisent par un regain d'investissement. En revanche, le recours aux dépenses publiques continue d'être nécessaire pour soutenir l'activité économique.
Les programmes d'infrastructures du plan de relance du gouvernement sont assortis de dates butoirs. Les travaux doivent être terminés à cette date, sans quoi le financement fédéral ne sera pas accessible. Ces dates butoirs sont irréalistes et doivent être reportées. Premièrement, le fait que les négociations entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec ont traîné en longueur désavantage les municipalités du Québec. Selon la présidente du Conseil du Trésor du gouvernement québécois, l'application stricte des règles fédérales pourrait priver les municipalités québécoises d'environ 200 millions de dollars. Deuxièmement, des effets pervers résultent du maintien des dates butoirs. Il y a actuellement une surchauffe dans le secteur de la construction, qui est actif sur le plan des infrastructures municipales, de telle sorte qu'on observe des pénuries de main-d'oeuvre et de matériaux. Celles-ci occasionnent une inflation du coût des projets. Le gouvernement canadien doit acquiescer à la motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec, adoptée le 29 septembre dernier, qui demande un report des échéances pour les programmes d'infrastructures.
Même si l'accord sur les transferts fédéraux aux provinces au titre de la santé ne doit être négocié qu'en 2014, les parties commencent déjà à se positionner. Cet été, le ministre des Finances du Canada nous a avertis que, compte tenu de la série de déficits budgétaires auxquels fait face le Canada, les provinces ne pourront plus nécessairement compter sur la générosité dont le Canada a fait preuve à ce jour. Le ministre fait fausse route lorsqu'il suggère aux provinces d'enligner la croissance des dépenses de santé sur celle du PIB provincial. Ces deux taux de croissance n'ont aucun rapport entre eux et il n'y a aucune raison, autre que purement comptable, pour qu'ils soient égaux. La CSN s'attend à ce que d'ici à 2014, le gouvernement respecte ses engagements et n'élimine pas les déficits budgétaires anticipés en coupant les transferts aux provinces au titre des programmes sociaux, notamment en matière de santé, mais aussi en matière d'éducation postsecondaire.
L'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada comptait augmenter de 15 ¢ les cotisations des salariés au programme d'assurance-emploi à compter de janvier 2011, mais une fois de plus, le vient suspendre les pouvoirs de cet organisme dit indépendant. Il a annoncé, le 30 septembre dernier, que la hausse des cotisations serait plutôt limitée à 5 ¢ par tranche de 100 $ assurable en 2011 et à 10 ¢ pour les années subséquentes, et ce, jusqu'au retour à l'équilibre du compte d'assurance-emploi. La CSN aurait préféré que le taux de cotisation soit augmenté de 15 ¢ et qu'on laisse le soin à l'office de faire son travail. Cela aurait permis une bonification du programme d'assurance-emploi dans le contexte d'une reprise économique qui s'annonce plus lente que prévu. La décision du gouvernement fédéral fait perdre 1,2 milliard de dollars aux chômeurs en 2011 et 600 millions de dollars pour les années subséquentes.
En outre, le caractère inadéquat du programme d'assurance-emploi canadien fait subir une pression supplémentaire considérable aux programmes de sécurité du revenu des provinces. La contribution fédérale à ces programmes a d'ailleurs beaucoup diminué au cours des années 1990, dans la foulée de la réforme des transferts fédéraux. La CSN estime qu'il est urgent d'apporter des changements au régime d'assurance-emploi pour améliorer l'accessibilité, augmenter le taux des prestations et abolir le délai de carence.
La CSN déplore le fait que le gouvernement fédéral ait décidé de mettre en avant le projet visant à créer une commission fédérale des valeurs mobilières. Ce champ de compétence est depuis toujours du ressort provincial. Le système canadien de réglementation des valeurs mobilières, bien qu'il soit décentralisé, se classe parmi les meilleurs au monde, selon les études de l'OCDE et du FMI. Il devance les organismes nationaux de réglementation des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Australie.
Clairement, le projet de commission fédérale des valeurs mobilières menace l'industrie financière du Québec. En plus de détruire des emplois dans le secteur financier, la création d'une commission fédérale des valeurs mobilières viendrait ôter au Québec un levier important de développement économique.
À la suite des chocs que représentent pour l’industrie de la production des biens l’appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain, la montée en puissance des pays émergents, les difficultés économiques des États-Unis et la recrudescence prévisible des prix de l’énergie, des mesures spécifiques doivent être prises pour préserver des pans entiers des secteurs manufacturier et forestier.
Le gouvernement du Canada doit assumer son leadership et mettre en place une politique industrielle digne de ce nom. Paradoxalement, les gouvernements provinciaux, notamment celui du Québec, sont plus actifs que le gouvernement fédéral en ce qui a trait à l’aide aux secteurs en difficulté, ce qui est un non-sens compte tenu des marges de manoeuvre financières plus restreintes des provinces.
Le boom pétrolier explique pour une bonne part l’appréciation du dollar canadien vis-à-vis du dollar américain, mais la sortie de crise des pays émergents, plus convaincante que celle des pays développés, se traduit par une pression à la hausse sur le prix des produits de base, dont le pétrole, bien évidemment. Le résultat est que le dollar canadien s’approche de la parité avec le dollar américain, ce qui menace encore une fois les exportations des secteurs manufacturier et forestier.
:
Oui, j'aurai fini dans une minute.
Selon une projection faite par la Banque Nationale du Canada récemment, si le dollar canadien s’appréciait jusqu’à valoir 1,02 $US, alors la marge bénéficiaire de cinq des 19 segments du secteur manufacturier canadien serait réduite à néant, ce qui serait, bien sûr, catastrophique pour le Québec et l'Ontario.
En guise de conclusion, la CSN considère que la reprise économique est loin d’être assurée. Des signes inquiétants persistent, la partie est loin d’être gagnée dans les économies les plus développées, en particulier chez notre voisin du Sud. Conséquemment, la CSN considère que le gouvernement fédéral doit poursuivre une stratégie interventionniste. Tout miser sur la lutte contre les déficits budgétaires, au détriment de la relance économique, constituerait une grave erreur qui pourrait avoir des effets néfastes à court et moyen terme.
Merci, monsieur le président.
:
Bonjour. Mon nom est Micheline Dionne et je suis présidente de l'Institut canadien des actuaires. Je suis accompagnée aujourd'hui de Marc-André Vinson, membre de l'institut et spécialiste en matière de régimes de retraite.
Nous apprécions cette invitation, et j'espère que cet échange sera bénéfique pour tous les Canadiens. Laissez-moi dire quelques mots sur qui nous sommes et sur la nature de nos activités.
L’Institut établit les règles et les processus auxquels doivent se soumettre les actuaires du Canada, qui mettent en pratique leurs connaissances mathématiques approfondies en matière de finances, de statistiques et de théorie du risque pour contribuer à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les régimes de retraite, les organismes de réglementation, les institutions financières, les programmes sociaux et les particuliers.
Plusieurs de nos idées pour améliorer le système d'épargne-retraite canadien ont été adoptées, mais ces mesures ne sont pas suffisantes pour créer un contexte propice à la survie, au renforcement et à l'expansion des régimes de retraite privés.
Cette année, nous avons mené une enquête afin d'évaluer la compréhension des retraités et des préretraités en ce qui concerne les risques financiers liés à la retraite, leurs choix personnels et leur responsabilité à cet égard. Cette enquête a révélé d'étonnantes constatations qui appuient la nécessité d'apporter des changements. Par exemple, chez les préretraités, 72 p. 100 sont préoccupés par le maintien d'un niveau de vie raisonnable jusqu'à la fin de leur vie; 62 p. 100 se préoccupent du coût éventuel des soins de santé et des établissements de soins infirmiers; 62 p. 100 craignent l'épuisement de leurs économies; 20 p. 100 croient qu'ils ne prendront jamais une retraite complète. De plus, bien qu'ils se préoccupent des risques et qu'ils en soient conscients, ils sont peu nombreux à prendre des mesures concrètes pour assurer leur protection financière pour l'avenir.
[Traduction]
Alors, quels sont les principaux enjeux?
Tout d’abord, les Canadiens devraient épargner davantage en prévision de leur retraite. La possibilité qu'un grand nombre de Canadiens aient un revenu de retraite insuffisant s'est accrue. Des mesures correctives doivent être élaborées.
Deuxièmement, un plus grand nombre de Canadiens doivent pouvoir bénéficier d'une protection à la retraite. Moins du quart des travailleurs du secteur privé participent à quelque type de régime de retraite que ce soit.
Ensuite, les Canadiens doivent pouvoir jouir d'une plus grande marge de manœuvre. L'espérance de vie enregistrée ne cesse d'augmenter depuis plus de 100 ans. Il faudrait donc revoir l'âge de la retraite actuellement établi à 65 ans. Par exemple, les régimes de retraite établis par les employeurs devraient pouvoir fixer l'âge normal de la retraite à plus de 65 ans, il ne faudrait pas que la législation sur les pensions oblige les régimes établis par les employeurs à offrir la retraite à 55 ans, les gouvernements et les employeurs devraient déterminer s'il est pertinent de continuer à offrir de généreuses prestations de retraite anticipée, on devrait envisager sérieusement le retrait des mesures de dissuasion qui visent à empêcher les employés de travailler au-delà d'un certain âge et on devrait permettre aux Canadiens de travailler à temps partiel ou même d'occuper un emploi saisonnier et de toucher en même temps des prestations de retraite partielles.
Quatrièmement, les Canadiens doivent être davantage informés des questions touchant la retraite. Une part importante des Canadiens ne participe ni à un régime de retraite offert par l'employeur ni à un REER ou un compte d'épargne libre d'impôt et ne sont pas propriétaires d'une maison. Une meilleure éducation financière dès leur jeune âge permettra aux générations futures d'éviter de se retrouver dans une telle situation. Selon notre enquête, seulement la moitié des retraités et des préretraités cherchent à obtenir des conseils financiers. L'Institut appuie le Groupe de travail sur la littératie financière mis sur pied par le gouvernement fédéral et lui a offert son aide. On devrait inciter les promoteurs de régimes à présenter aux participants de l'information utile. Il serait avantageux que ces derniers puissent bénéficier de conseils financiers indépendants plus accessibles. Nous appuyons l'élaboration d'outils que les Canadiens pourraient facilement utiliser afin de bien comprendre les diverses sources de revenus de retraite.
De plus, les Canadiens ont besoin de régimes à prestations déterminées. Ceux-ci sont d'excellents véhicules et il n'est pas dans l'intérêt des Canadiens ou du Canada que ces régimes disparaissent. Pour inciter le versement de cotisations plus élevées, un meilleur provisionnement et une sécurité accrue, le gouvernement devrait adopter des mesures législatives permettant aux employeurs de créer des fonds de sécurité de retraite entièrement provisionnés par les employeurs qui seraient distincts des caisses de retraite des régimes à prestations déterminées, mais qui viendraient les compléter. L'Institut a proposé que ces fonds de sécurité de retraite soient conçus pour fonctionner de pair avec une marge de solvabilité cible axée sur le risque, et que l'excédent admissible maximal d'un régime soit haussé avant que les cotisations de l'employeur ne doivent être arrêtées. Les mesures de réforme ont été bénéfiques, mais pour résoudre la question du déséquilibre et vraiment encourager un provisionnement plus vigoureux, le concept du fonds de sécurité de retraite doit être mis en œuvre.
Les régimes de retraite ont besoin de mécanismes de gestion des risques plus efficaces. La crise financière a mis en lumière la nécessité pour les régimes de retraite de se doter d'une politique de provisionnement qui tient compte de la gestion des risques. Nous sommes déterminés à encourager la recherche sur les méthodes visant à améliorer les pratiques de gestion du risque qui s'appliquent aux régimes de retraite.
Enfin, on devrait favoriser la mise au point d'une approche fondée sur des principes en matière de surveillance et de contrôle des régimes de retraite. Une telle approche contribuerait à éliminer les grands obstacles au maintien et à l'amélioration des régimes à prestations déterminées et des autres types de régimes. Nous serions ravis de participer à l'élaboration de règlements qui favoriseraient une meilleure équité quant au partage des risques entre les promoteurs et les participants.
Merci.
Je voudrais parler d’abord des olympiques spéciaux. Je remercie M. Wright et Mme Christina Judd Campbell d’être ici aujourd'hui.
Christina, vous l’avez tiré d’affaire. Vous avez été superbe, on peut vraiment le dire. Il est certain que tous ceux qui sont assis à cette table, et ceux qui nous regardent, savent que non seulement vous faites de votre mieux, mais que vous occupez aussi le rôle d’ambassadrice du Canada.
Vos accomplissements et ceux des quelque 34 000 autres athlètes touchent beaucoup de vies. Je pense à cela et au fait que plus de 700 000 Canadiens aux prises avec des problèmes semblables sont inspirés par tout ce que vous faites.
Je n’ai qu'une seule question à vous poser. Vous pouvez demander à M. Wright d’y répondre. Pourquoi n'avez-vous demandé que 800 000 $? Je crois que vous devriez demander un million de dollars.
:
Pour répondre brièvement, cela constitue pour nous la première étape de certains de nos autres programmes.
Nous avons présenté à Sport Canada une demande pour un programme d’aide aux athlètes qui nous permettrait de leur fournir une aide directe, comme on le fait pour les athlètes qui représentent le Canada aux Jeux paralympiques et aux Jeux olympiques. Nous évaluons le coût de ce programme à environ 450 000 $.
Un deuxième programme porte sur le recrutement de bénévoles. Je le répète, tous nos entraîneurs sont des bénévoles. Le ratio est de 3:1, c’est-à-dire que nous devons trouver un entraîneur pour chaque groupe de trois athlètes comme Christina. Nous devons les recruter et les former, ce qui coûte 250 000 $ de plus.
Si vous additionnez ces chiffres, c’est un peu plus que ça, mais nous sommes venus ici avec notre demande initiale de 800 000 $, monsieur Szabo.
:
À cet égard, la CSN voudrait que la caisse de l'assurance-emploi soit autonome, administrée essentiellement par les travailleuses et travailleurs ainsi que par les employeurs, car ce sont eux qui y contribuent. Quand l'office a été créé, la CSN a dit que c'était un pas dans la bonne direction tout en croyant que les pouvoirs de l'office n'étaient pas suffisamment affirmés pour qu'il puisse jouer le rôle d'une véritable caisse autonome.
On constate maintenant que le gouvernement va à l'encontre de la décision de l'office, parce que tout ce qu'il veut, c'est équilibrer le budget à court terme. De notre côté, nous pensons que, durant la crise économique qui a été assez importante, il s'est perdu beaucoup d'emplois. Depuis, il s'en est créé un certain nombre, qui ne sont pas toujours des emplois à temps complet. Nous aurions donc souhaité une hausse plus importante des taux de cotisation, comme le voulait l'office, et une amélioration du régime d'assurance-emploi, qui est important socialement pour les gens qui se retrouvent au chômage en période de crise économique. C'est aussi un régime important même sur le plan économique, parce que les gens ont plus de capacité de consommer s'ils ont de bonnes prestations d'assurance-emploi que s'ils n'en ont pas. De plus, bien souvent, les gens qui n'ont pas d'assurance-emploi se retrouvent prestataires des programmes de sécurité du revenu des provinces. Finalement, cela transfère le fardeau financier du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux.
:
Quand le Conseil du patronat du Québec, Quebecor et la CSN s'entendent, on appelle cela « un consensus » au Québec.
M. Daniel Paillé: C'est unanime, oui.
M. Pierre Patry: On est très près de l'unanimité.
Pour ce qui est de la commission des valeurs mobilières du Canada, quel est le problème à l'heure actuelle en ce qui concerne le système que nous avons? Il est prouvé que le système, même décentralisé, est plus performant que bien d'autres systèmes ailleurs dans le monde.
Si le gouvernement fédéral veut vraiment s'intéresser à ces questions, il devrait davantage s'affairer à préparer une réglementation plus utile à l'échelle internationale. L'une des causes de la crise financière que nous avons vécue, c'est le manque de réglementation, notamment dans les fonds spéculatifs. À cet égard, les commissions des valeurs mobilières provinciales sont en mesure de jouer une bonne partie de ce rôle. À l'échelle internationale, il y a un problème de réglementation. Si le gouvernement fédéral voulait faire oeuvre utile, je préférerais qu'il travaille à l'échelle internationale afin de mieux réglementer les marchés financiers et qu'il laisse les commissions des valeurs mobilières provinciales assumer leur rôle, comme elles le font à l'heure actuelle.
:
Merci, monsieur le président.
J’essaierai de partager mon temps de parole avec .
Je veux dire tout d’abord aux représentants des Olympiques spéciaux que je viens d’adresser un courriel au qui, c'est bien connu, est un grand amateur des Olympiques spéciaux. Il me charge de vous saluer. Il aurait adoré pouvoir assister à l’audience.
Christina, je peux vous dire qu’il est extrêmement rare que les vieux politiciens bourrus qui se trouvent autour de cette table applaudissent qui que ce soit. Vous pouvez en être très flattée. Les gens qui évoluent dans le domaine des finances sont en général un peu bourrus; je dois donc vous féliciter. Ce n’est pas souvent que nous applaudissons nos témoins. Vous pouvez vous sentir assez spéciale.
Christina, pouvez-vous nous parler un peu de votre entraînement et de vos plans en vue d’Athènes? Soyez très à l'aise.
:
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins, particulièrement à Christina, dont j'aime beaucoup l'histoire.
Ma question s'adresse à M. Patry.
Je ne veux pas faire de commentaire inapproprié, mais je me suis demandé si les initiales de l'auteur de votre mémoire, B. Q., tenaient pour « Bloc québécois ». Je dois vous poser une question quand même assez importante.
La semaine dernière, on a prolongé de huit mois trois projets-pilotes en matière d'assurance-emploi. Si je suis votre logique, on n'aurait pas dû le faire, étant donné que les fonctionnaires nous l'avaient déconseillé. Or ce sont pourtant eux qui nous ont demandé d'augmenter le taux de cotisation de 15 ¢ par tranche de 100 $. Vous dites qu'on aurait dû procéder de cette façon et, par le fait même, suivre le conseil de l'office. On ne l'a pas écouté, et c'était précisément pour réserver des fonds afin de protéger les chômeurs canadiens.
J'essaie de comprendre votre logique. Je ne sais pas si vous avez estimé ce qu'il en coûterait aux Canadiens si on appliquait tout ce que vous avez indiqué plus tôt, c'est-à-dire augmenter les dépenses gouvernementales fédérales et ne pas baisser les impôts, entre autres. Quoi qu'il en soit, il est certain, madame Dionne, que nous n'aurions pas d'argent à investir dans nos régimes de retraite. Vous demandez la lune, en fin de compte.
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Les gens autour de cette table connaissent bien cette étude.
Je vous remercie de votre présentation.
Monsieur Patry, j'aimerais revenir sur un point que vous avez soulevé. À mon avis, vous faites une analyse complète de la situation qui a mené à ce qui est vécu dans les secteurs manufacturier et forestier, notamment.
On a tendance à considérer ce qui est arrivé en octobre 2008 comme le point de référence de la crise actuelle. Bien sûr, il s'agit d'une crise internationale. Toutefois, selon Statistique Canada, le secteur manufacturier au Canada a perdu 322 000 emplois entre 2004 et 2008. On appelle ça la « maladie hollandaise », à cause de ce qui s'est passé aux Pays-Bas lors de la découverte d'hydrocarbures. Avant l'arrivée de l'euro, charque pays avait sa devise. Celle des Pays-Bas était le florin. Sa valeur a monté et, tout à coup, les Pays-Bas ne pouvaient plus exporter, bien que ce soit un pays très axé sur la fabrication. On est en train de vivre la même chose ici. Une partie de la solution, selon nous, est d'internaliser les coûts réels des sables bitumineux. En ce moment, on pompe, mais on n'inclut pas les coûts à long terme. Il y a donc un nombre artificiellement élevé de dollars américains qui entrent au Canada.
J'aimerais connaître votre avis à propos d'un aspect qui rejoint la discussion que l'on vient d'avoir avec les actuaires. Lorsque l'on parle de développement durable, très souvent on pense à l'environnement, mais il y a aussi un aspect social. Des centaines de milliers d'emplois manufacturiers, dont le salaire était suffisamment élevé pour faire vivre une famille et auxquels des pensions de retraite étaient liées, sont remplacés par des emplois de bas niveau, souvent à temps partiel.
Prenons l'exemple du secteur des services et de la vente dans les magasins. Ça n'enlève rien à la dignité de la personne qui exerce ce métier pour vivre, mais on reconnaîtra qu'une telle personne ne gagne pas assez d'argent pour faire vivre un famille et qu'il n'y a pas de pension rattachée à cet emploi. N'est-on pas en train de créer une autre bulle à long terme ou dans une autre génération? Beaucoup de gens n'auront pas assez d'argent pour vivre de leurs revenus de retraite parce que l'on a évacué les secteurs manufacturier et forestier avec des pensions de retraite et des revenus assez élevés.
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Tout d'abord, vous soulevez un point important, celui de la question du secteur manufacturier.
Je me rappelle que le Comité permanent des finances avait entendu nos témoignages sur l'impact de la montée du dollar canadien. C'était avant 2008, et le secteur manufacturier avait déjà perdu bon nombre d'emplois. En effet, on parlait d'emplois bien rémunérés, avec des régimes de retraite, en général, à prestations déterminées. La Confédération des syndicats nationaux voit que, même au sein de la grande entreprise, mais encore plus dans le cas des PME, il y a de plus en plus de régimes à prestations déterminées qui sont convertis en régimes à cotisations déterminées. Nous pensons qu'il faut s'attaquer à cette question de façon importante.
Par exemple, on propose la mise en place de régimes de retraite sectoriels où l'on pourrait canaliser une certaine quantité d'épargne. J'ai trouvé que l'Institut canadien des actuaires avait fait des propositions intéressantes. Si on n'agit pas à ce niveau, ce ne seront peut-être pas des régimes à prestations déterminées, mais beaucoup de gens, au moment de leur retraite, auront très peu de revenus. Au Québec, 40 p. 100 des Québécois ont un régime de retraite à prestations déterminées et à cotisations déterminées. Si on se fie uniquement aux régimes publics...
Ma question s’adresse à M. Turnbull et à M. Adams, de l’AMC.
Il me semble que nous devons désormais nous écarter du modèle qui place l’hôpital au cœur des soins de santé, surtout à la lumière du vieillissement de la population, et chercher à créer une approche des soins centrée sur le domicile, tant sous l’angle économique que social.
Monsieur Szabo a fait mention de sa mère. La mienne a 81 ans et souffre d’Alzheimer. Mon père âgé de 87 ans s’occupe d’elle. Nous devons actuellement composer avec cette situation.
À quel point aiderait-on les familles canadiennes si la période de prestations d’assurance-emploi octroyées aux aidants, ces travailleurs qui essaient de s’occuper de leurs proches à domicile, passait de six semaines à six mois?
De même, à quel point un crédit d’impôt aux aidants fondé sur le modèle de la prestation fiscale pour enfants, qui viserait à aider les familles — particulièrement celles à faible et à moyen revenu — à prendre soin de leurs proches, aiderait-il non seulement le système de santé, mais également la survie même des familles canadiennes?
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Chers collègues, mesdames et messieurs, nous reprenons nos travaux.
Nous accueillons un petit groupe de témoins. J'aimerais remercier mes collègues de permettre la tenue de cette série de questions supplémentaires.
Nous recevons quatre organismes: premièrement, le Front d'action populaire en réaménagement urbain; deuxièmement, le Réseau des invalidités épisodiques; troisièmement, l'Association des conseillers en gestion de portefeuille du Canada; et quatrièmement, Enbridge Incorporated.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui.
[Français]
Vous aurez cinq minutes pour votre présentation. Ensuite, on entendra les questions des députés.
[Traduction]
Vous disposez de cinq minutes. Je vous ferai signe lorsqu'il ne restera qu'une minute à votre déclaration préliminaire.
[Français]
On va commencer par les représentants du Front d'action populaire en réaménagement urbain.
Je veux d'abord mentionner que notre présentation d'aujourd'hui fait suite à une manifestation de 450 personnes qui s'est tenue à Ottawa aujourd'hui et qui s'est terminée devant l'édifice du ministère de la Défense nationale, ce dernier ayant été brièvement bloqué par les manifestants. Le but était de dénoncer le fait qu'il y aurait, à partir du 1er avril de l'an prochain, 1 milliard de dollars en moins pour le logement social, soit pour la construction et la rénovation de logements sociaux existants.
Cette réduction arrive au même moment où le gouvernement choisit d'allouer possiblement, dans son budget, 16 milliards de dollars à l'achat et à la réparation d'avions militaires F-35, et d'élever le budget de la Défense nationale de l'an prochain à environ 22 milliards de dollars. On a bien de la misère à comprendre le choix d'investir dans les effectifs militaires plutôt que dans le logement pour les gens qui ont des problèmes, qu'ils soient des mal-logés ou des sans-abri.
On voulait aussi rappeler — on le fait chaque fois qu'on passe, et on pense que ce n'est pas inutile de le faire — que le Canada a adhéré, en 1976, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui reconnaît notamment, parmi les droits, « le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu'à une amélioration constante de ses conditions d'existence ». En ratifiant ce pacte, le Canada a pris l’engagement de respecter, protéger, promouvoir et mettre en oeuvre tous les droits et aussi — je pense que c'est important de l'ajouter — d’y consacrer le « maximum de ses ressources disponibles ».
Au cours des quatre dernières années, trois instances de l’ONU ont critiqué le faible respect du droit au logement au Canada. Il y a eu le Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Ensuite, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au logement a fait une mission d'observation au Canada. Enfin, dernièrement, le Conseil des droits de l’homme s'est réuni pour l’Examen périodique universel du Canada.
Pourquoi dit-on qu'il va y avoir 1 milliard de dollars en moins pour le logement social? C'est tout simplement que le Plan d'action économique du Canada, qui avait permis au Canada de faire un peu mieux dans le domaine du logement, se termine, et qu'on n'a pas prévu de suite, relativement au logement à tout le moins. Cela veut dire que les provinces recevront 250 millions de dollars en moins à l'échelle du Canada pour la construction de logements sociaux, et qu'il y aura 500 millions de dollars en moins pour la rénovation des logements sociaux.
Cette semaine, on a rencontré les Offices municipaux de l'habitation. Ce sont eux qui gèrent les logements sociaux, soit les HLM existants au Québec. L'impact de la réduction de ces fonds est majeur. À Montréal, on parle de 20 millions de dollars en moins, ce qui veut dire que 75 immeubles qui auraient pu subir des rénovations majeures ne seront pas rénovés. C'est ainsi dans à peu près tous les coins du Québec. Il y aura 300 millions de dollars en moins pour les communautés autochtones et nordiques, alors que les besoins y sont criants.
On voudrait que le gouvernement poursuive ce programme. On ne pense pas que la crise économique soit finie. En tout cas, il faudrait nous démontrer qu'elle l'est. Par contre, on sait à coup sûr que les effets de la crise économique sur les gens à faible revenu ne se sont pas éteints. On en veut pour preuve, et on le cite dans notre mémoire, l'augmentation faramineuse du nombre de plaintes à la Régie du logement pour non-paiement de loyers dans les régions qui ont été le plus durement touchées par la crise au Québec. On pense, par exemple, à la Mauricie ou à l'Estrie, des régions qui ont été très durement éprouvées lors de la crise.
On voudrait donc qu'on maintienne le budget pour la rénovation des logements et qu'on augmente le budget pour le logement social. La cible qu'on se donne est de 2 milliards de dollars d'investissements par année pour construire des nouveaux logements. Connaissant les dépenses effectuées par la Défense nationale, on est convaincus qu'il y a possibilité de faire ainsi.
Très rapidement, je voudrais mentionner un problème qu'on rencontre de plus en plus. C'est la fin des conventions des logements sociaux qui ont été réalisées dans le passé. Très concrètement, c'est ce qu'on voit à l'heure actuelle, par exemple, relativement aux coopératives d'habitation. Ce sont les gens à plus faible revenu qui perdent les subventions qui leur permettaient de payer un loyer adapté à leurs revenus. On pense qu'il faut absolument maintenir ces subventions.
Finalement, on fait remarquer, relativement à la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, que les sommes qui vont aux organismes qui interviennent auprès des personnes itinérantes n'ont pas été indexées depuis le lancement de ce programme. La première annonce qu'il y a eu à ce sujet remonte à 1999. Il nous semble qu'il faudrait à tout le moins indexer les sommes.
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Il est pratiquement certain que chacun d'entre vous a déjà été affecté par une invalidité épisodique. Une affection épisodique entraînant incapacité ou une maladie épisodique invalidante dure toute la vie, mais elle diffère des affections permanentes ou progressives entraînant incapacité. La période d'invalidité d'une affection épisodique peut varier en gravité et en durée. Un préavis peut annoncer un épisode, mais un épisode peut survenir sans qu'on ne s'y attende.
Parmi les affections qui peuvent entraîner une invalidité épisodique, notons les maladies liées à la santé mentale, l'arthrite, le VIH-sida, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn et la colite, ainsi que l'asthme. Je pourrais en nommer davantage. Trop souvent, ces affections ont des conséquences négatives sur la participation au marché du travail et la sécurité du revenu.
Un nombre croissant de Canadiens souffrent d'une invalidité épisodique. Dans une certaine mesure, c'est probablement le cas parce que nous arrivons mieux à diagnostiquer et à gérer ces affections chroniques. De nos jours, on estime que plus de quatre millions de Canadiens souffrent d'arthrite; environ 20 p. 100 des Canadiens connaîtront un épisode de maladie mentale au cours de leur vie; entre 55 000 et 75 000 Canadiens souffrent de sclérose en plaques; et environ 63 000 Canadiens sont atteints du VIH-sida. Les effets conjugués sont stupéfiants, et les politiques actuelles en matière de soutien du revenu ne sont pas adaptées à la situation.
Une plus grande souplesse dans les programmes de soutien du revenu pour les personnes handicapées permettrait d'accroître la participation des Canadiens au milieu du travail. Des solutions créatives sont nécessaires.
Je veux vous donner un exemple d'invalidité épisodique. J'aimerais vous parler de « Jill ». Jill n'est pas réelle, mais son histoire s'appuie sur les réalités de milliers de Canadiens auxquels La Société de l'arthrite parle tous les jours.
Jill est une femme âgée de 50 ans. Elle travaille depuis plus de 25 ans. Il y a sept ans, elle a reçu un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde. Grâce à un diagnostic rapide et à une bonne gestion, Jill menait une existence enrichissante et satisfaisante jusqu'à l'an dernier.
L'an dernier, elle a commencé à avoir des poussées d'arthrite. Parfois, elle devait s'absenter du travail pendant une journée, parfois pendant une semaine, et plus récemment, pendant un mois. Malheureusement, Jill n'a que 10 jours de congé de maladie par année, alors elle éprouve des difficultés. Son médecin lui dit qu'il ne peut pas lui assurer que sa maladie sera mieux gérée.
Le mois dernier, Jill a dû se rendre à l'évidence: elle devait quitter son emploi. Cependant, si Jill avait été en mesure d'avoir recours aux prestations de maladie de l'assurance-emploi de manière plus souple sur une plus longue période, elle aurait été en mesure de continuer à travailler.
La question n'est pas d'en avoir plus; c'est de faire les choses différemment.
Nous aimerions vous soumettre trois recommandations aujourd'hui. Notre première recommandation consiste à assouplir les règles de l'assurance-emploi régissant les indemnités pour cause de maladie, de sorte que les personnes aux prises avec une incapacité épisodique puissent demeurer au travail. Elles seraient autorisées à travailler à temps partiel et à toucher en même temps une part d'indemnités de maladie pendant 75 journées complètes ou 150 demi-journées, au lieu de la norme actuelle de 15 semaines.
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Les personnes vivant avec une invalidité épisodique se trouvent devant toutes sortes de programmes complexes de soutien du revenu. J'aimerais insister sur le fait que le gouvernement, les entreprises privées et les organismes paragouvernementaux ont versé environ 28 milliards de dollars en 2008-2009 en prestations de soutien du revenu direct aux personnes handicapées, et qu'il n'existe aucun mécanisme global de surveillance pour évaluer le bilan de ces programmes ou leurs objectifs par rapport aux bénéficiaires canadiens. Actuellement, il n'y a pas d'organisme de coordination qui assure une surveillance et qui fait rapport sur les différents aspects des programmes et services. Sur le plan individuel, il se peut que chaque programme ou service fonctionne bien, mais il est difficile d'avoir accès au système dans l'ensemble, et il ne convient pas aux personnes souffrant d'invalidités épisodiques.
Notre deuxième recommandation est la suivante: que le gouvernement mette sur pied un organisme — une commission ou un ministère — pour superviser et assurer la coordination entre la gamme de programmes de soutien aux personnes handicapées et les secteurs de service, et pour offrir des possibilités nouvelles aux gens atteints d'une invalidité épisodique, dans le cadre du programme d'assistance qui leur est destiné.
Voici notre troisième recommandation. Que le gouvernement élabore un programme ou une combinaison de programmes permettant d'accorder aux personnes aux prises toute leur vie avec une invalidité épisodique et aptes dans une certaine mesure à travailler un soutien financier qui complétera le revenu que leur rapporte un travail à temps partiel.
Il est crucial d'amorcer un dialogue national sur la politique publique entre les principaux intéressés afin d'échanger sur l'avenir à long terme des programmes de services et d'aide aux personnes handicapées, ainsi que de trouver des façons d'assouplir les programmes et services. Le Réseau des invalidités épisodiques est bien placé pour collaborer avec le gouvernement fédéral et les principaux intervenants afin de faire progresser les échanges, et il le fera avec plaisir.
Merci.
:
Merci beaucoup monsieur le président.
[Français]
Nous sommes heureux d'avoir la possibilité de nous présenter devant le comité aujourd'hui. Je m'appelle Katie Walmsley. Je suis présidente de l'Association des conseillers en gestion de portefeuilles du Canada.
[Traduction]
Je suis accompagnée de Barb Lockhart, qui est vice-présidente principale des finances et de l'administration chez McLean Budden Limited, et aussi ancienne présidente du conseil d'administration de l'ACGPC.
L'Association des conseillers en gestion de portefeuille du Canada regroupe des firmes de partout au Canada qui gèrent plus de 700 milliards de dollars en actifs pour les Canadiens.
Notre mémoire porte principalement sur quatre recommandations précises liées à l'impôt, et si elles étaient toutes mises en oeuvre, elles favoriseraient à l'épargne-retraite des Canadiens. Aujourd'hui, mes commentaires porteront essentiellement sur le plus crucial des quatre enjeux, soit la TPS et la TVH.
Qu'ils habitent en Alberta, au Manitoba ou au Nunavut, à compter du 1er juillet 2010, la plupart des Canadiens dont les économies comprennent des fonds mutuels, un régime de pension d'entreprise ou un portefeuille personnel paient probablement la TVH. Les Canadiens paient la TPS pour gérer leurs économies depuis 1991. Le coût lié à la gestion de ces économies a augmenté le 1er juillet.
Nous croyons que ce n'est pas juste et que ça ne cadre pas avec les autres priorités énoncées par le gouvernement.
[Français]
Nous croyons que ce n'est pas juste.
[Traduction]
Toutefois, nous aimerions souligner le fait qu'un organe du gouvernement étudie actuellement la question de l'épargne-retraite, tandis que l'organe responsable de la politique fiscale du gouvernement a augmenté le coût de l'épargne en prévision de la retraite.
Bon nombre des solutions en matière d'épargne-retraite envisagées par le gouvernement sont très coûteuses à mettre en oeuvre. Parmi les solutions à l'étude, nous vous demandons instamment d'envisager d'exonérer les Canadiens de la TPS et de la TVH pour les services qui les aident à épargner pour l'avenir et à le faire d'une manière qui ne les rend pas tributaires des gouvernements dans le futur.
Pourquoi vous pressons-nous de le faire? À un niveau élevé, la TPS et la TVH sont des taxes à la consommation. Nous ne souscrivons pas du tout au fait que les Canadiens paient une taxe pour gérer leurs économies. Ils ne consomment pas; ils essaient d'épargner afin d'avoir suffisamment d'argent pour la retraite.
Nous ne sommes pas contre le fait que la TPS et la TVH soient payées au moment de la consommation. Nous respectons l'orientation du gouvernement d'harmoniser la taxe. Cependant, la TPS et la TVH sont toutes deux des taxes de consommation et devraient être payées au moment de la consommation, et non pendant que les Canadiens essaient de gérer leurs économies.
Dans l'Union européenne, par exemple, diverses formes d'exonérations existent pour cette raison en matière de gestion des investissements. Nous recommandons fortement au gouvernement de revoir la nouvelle taxe sur l'épargne-retraite.
Je cède maintenant la parole à Barb Lockhart, qui vous donnera trois exemples précis des répercussions sur l'épargne-retraite des Canadiens.
Je représente Enbridge Inc., un chef de file dans les domaines du transport et de la distribution d'énergie au Canada. Notre empreinte en énergie verte dépasse les 850 mégawatts dans les secteurs de l'énergie éolienne, solaire et géothermique, des piles à combustibles et des systèmes de production d'énergie à l'aide de la chaleur. Nous croyons que nos recommandations prébudgétaires s'harmonisent avec les politiques canadiennes en matière d'énergie et d'environnement. Elles créent et favorisent également de nouvelles idées et la capacité de transformer ces idées en nouveaux produits et services tant pour notre économie nationale que celle axée sur l'exportation.
Le Canada a efficacement encouragé d'importants investissements dans le secteur de l'énergie éolienne. À mesure que cette technologie évolue, des possibilités sont maintenant offertes de diversifier nos sources d'approvisionnement en énergie à faible teneur en carbone, grâce à un portefeuille de technologies qui génèrent de l'électricité en produisant très peu d'émissions supplémentaires, voire aucune. Nous les qualifions de technologies sans combustion. Elles comprennent les piles à combustible et les systèmes qui recueillent l'énergie résiduelle pour générer de l'électricité à faible impact.
Les piles à combustible sont comme des piles à autonomie continue. Comme leur fonctionnement par électrochimie ne requiert pas de carburant, elles représentent une solution propre et efficace par rapport aux combustibles renouvelables et fossiles.
Les technologies de récupération de l'énergie résiduelle comprennent les systèmes de réduction de la pression des pépines de gaz naturel, à l'aide de turbodétendeurs, et la récupération de la chaleur industrielle résiduelle pour produire de l'énergie.
Pour soutenir les objectifs énergétiques et environnementaux du Canada, le gouvernement fédéral devrait penser à adopter des mesures incitatives pour l'achat de technologies sans combustion, et à cette fin soutenir ces technologies, si les programmes gouvernementaux écoÉNERGIE ou écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable sont renouvelés, ou faire en sorte que ces technologies bénéficient d'un environnement fiscal favorable. De telles mesures pourraient comprendre l'octroi de crédits d'impôt à l'investissement pour les systèmes d'énergie sans combustion admissibles.
Ces recommandations appuient nos priorités énergétiques, à savoir la production d'énergie verte, l'efficacité énergétique et l'utilisation des combustibles fossiles par procédés propres. Les piles à combustible fixes soutiennent les trois priorités. Elles ne requièrent pas de carburant, offrant ainsi une énergie propre et sans smog, matières particulaires ou émissions sulfureuses. Elles ont une très haute efficacité en matière de conversion en électricité, réduisant ainsi les gaz à effet de serre. Elles exploitent différentes sources d'énergie, qu'il s'agisse de gaz naturel, de méthane renouvelable, d'hydrogène ou de gaz de synthèse, comme ceux qui sont obtenus par la gazéification des déchets ligneux, les émanations de peinture, etc. En résumé, elles permettent l'utilisation propre et judicieuse des matières fossiles et renouvelables ainsi que de l'énergie résiduelle.
La récupération de l'énergie résiduelle pour la production d'électricité appuie également ces priorités. Ce procédé améliore l'efficacité par une diminution de l'énergie utilisée par unité de produit intérieur brut. Plusieurs flux d'énergie résiduelle se produisent chaque jour au Canada. Il serait possible de les récupérer pour en faire de l'électricité, en produisant peu d'émissions supplémentaires, voire aucune. Voici quelques exemples.
Enbridge a développé une pile à combustible hybride qui contrôle la pression d'un pipeline à l'aide d'un processus plus efficace et moins polluant. En 2008, une usine a été installée à Toronto, grâce au soutien de Resources naturelles Canada. Cette usine produit de l'électricité à faible teneur en carbone pour environ 1 700 résidences, sans consommer de carburant et en récupérant la pression du pipeline. Au Canada, l'important réseau de pipelines gaziers offre de nombreuses possibilités de réproduire cette installation.
La compagnie Ford du Canada, située à Oakville, exploite une pile à combustible qui fonctionne à partir des émanations de peinture. Les émanations sont récupérées sur la chaîne de montage, de façon à permettre à la pile à combustible de produire de l'énergie sans générer d'émissions. Dans tout le Canada, de nombreuses industries pourraient bénéficier d'une approche similaire.
En Saskatchewan, des stations de compression de pipelines ont été installées pour produire de l'énergie à l'aide de la chaleur. Auparavant, l'air chaud était libéré dans l'atmosphère, tandis que maintenant, de l'énergie propre est produite pour le réseau électrique. Cette technologie peut être appliquée aux usines de ciment, aux aciéries et à d'autres usines où on a recours à des processus nécessitant de hautes températures. Un tel investissement permet de créer des emplois verts, mais de manière plus importante, il nous permet de conserver notre main-d'oeuvre en améliorant la capacité concurrentielle de l'industrie.
Dans le cadre du dialogue entre les États-Unis et le Canada sur l'énergie propre, nous concentrons nos efforts sur des réseaux de distribution améliorés, axés sur la production à partir de sources d'énergie propres et renouvelables. Le dialogue vise également à encourager la recherche, le développement et le déploiement de technologies énergétiques propres. En raison du caractère intégré des économies, Environnement Canada envisage la possibilité d'harmoniser ses politiques et ses cadres réglementaires avec ceux des États-Unis.
J'aimerais d'abord parler d'Enbridge, de la nécessité de moderniser les systèmes énergétiques au Canada. Il ne s'agit certainement pas d'un cas isolé; la discussion doit être beaucoup plus large.
Vous avez mentionné la possibilité d'harmoniser certaines de nos politiques avec celles des États-Unis, notamment pour ce qui est des politiques fiscales. Le gouvernement américain, le gouvernement Obama, a dépensé six fois plus d'argent par habitant que le Canada pour moderniser ses systèmes énergétiques et les rendre plus écologiques. Alors, je suis d'accord avec vous. Le Canada doit en faire plus; nous devons travailler de concert pour moderniser aussi bien la production que le réseau.
Dans le domaine de l'énergie classique propre, nous avons un avantage à certains égards. On estime que, dans 20 ans, 80 p. 100 de l'énergie consommée dans le monde proviendra toujours des hydrocarbures; il est donc clair que nous devons travailler plus fort pour développer l'énergie classique propre, qu'il s'agisse du captage et du stockage du carbone, de la gazéification du charbon, etc.
À votre avis, que devrions-nous faire, non seulement pour élaborer des solutions de remplacement mais aussi pour rendre nos systèmes d'énergie classique plus propres?
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Et même quand il s'agit de moderniser le réseau énergétique ou électrique, les effets sont importants lorsque, avec l'ancien réseau, on perd 20 p. 100 d'électricité avant même d'avoir touché le commutateur. Et que dire des réseaux intelligents, de l'éco-efficacité et de tout le reste. Je vous remercie pour votre exposé.
En ce qui concerne l'invalidité épisodique, vous soulevez une question très importante. C'est une question qui a trait à la compassion, mais c'est aussi une question qui touche la productivité économique, compte tenu du nombre de personnes qui doivent se retirer prématurément de la population active en raison d'une invalidité épisodique. Si ces gens pouvaient continuer de faire partie de la population active, si nos régimes de travail et d'aide étaient plus flexibles...
En fait, j'aimerais vous rencontrer à ce sujet et discuter plus à fond de la forme que pourraient prendre les politiques publiques. Je vous encourage vivement à prendre en considération les pertes économiques découlant de l'inaction. Très souvent, les gens que le comité des finances rencontre proposent d'investir davantage. Je pense que votre proposition permettrait de réaliser des économies considérables et procurerait un avantage réel pour l'économie, qu'il serait possible de quantifier.
Votre exposé m'a semblé très convaincant. Vous pouvez nous parler de l'aspect économique et de la compétitivité. Nous sommes très préoccupés par le vieillissement de la population et par ses conséquences pour la productivité du Canada, et je pense que certaines de vos propositions sont susceptibles de nous être très utiles sur le plan économique.
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Je vais partager avec mon collègue le temps dont je dispose.
Je m'adresserai à M. Saillant, puisqu'il dit venir souvent ici nous rafraîchir la mémoire, ce qu'il faut toujours refaire.
Vous êtes le symbole de la persévérance et, à un certain moment, vous allez être écouté, ou vous allez cesser de venir ici.
Vous donnez un certain nombre de chiffres et, hier, d'autres personnes nous ont dit qu'il y avait entre 10 p. 100 et 12 p. 100 des familles au Québec qui avaient des logements inadéquats parce que trop de personnes habitaient dans le même logement. On a aussi dit que cela variait selon les groupes, que c'était de l'ordre de 20 à 30 p. 100 dans le cas des familles monoparentales, des Autochtones et des personnes âgées. Comme je l'ai dit hier, en ce qui concerne les itinérants, 100 p. 100 d'entre eux n'ont pas de toit sur la tête. Il faut le dire.
Vous avez fait un parallèle intéressant aujourd'hui en disant que les coûts d'un seul F-35 permettraient de subventionner 3 500 logements. Cela veut dire 8 760 heures d'utilisation d'un logement par année, parce qu'il est utilisé 24 heures sur 24. Pour 3 500 logements, cela représente 30 millions d'heures d'utilisation équivalant aux coûts d'un seul F-35. Ça frappe.
J'aimerais vous entendre parler de deux effets pervers de la fin des conventions de logements sociaux. Je le vis, à Hochelaga, où on semble avoir oublié que, à l'échéance de l'entente hypothécaire, la coopérative est vieille. Il faut donc utiliser des sommes d'argent qu'on n'a pas pour rénover les portes et les toits ou encore changer la tuyauterie. Dans les pires cas que j'ai vus, on vend le tiers de la coopérative pour rénover les deux autres tiers. Alors, on sacre dehors des gens. C'est le premier effet dont j'aimerais vous entendre parler.
Il y en a un autre. La fin des conventions entraîne aussi la fin de la subvention donnée à ceux qui ont des revenus modestes pour occuper ces coopératives. On va donc se retrouver avec un parc d'ex-coopératives de logements sociaux.
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En effet, nous sommes très inquiets de la fin des conventions. C'est quelque chose qui va toucher l'ensemble du Canada et l'ensemble des logements sociaux, à peu de chose près. C'est donc un problème considérable qui a surgi dans l'espace de deux ans. À l'échelle du Canada, 11 000 logements ne sont plus subventionnés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement parce que l'entente hypothécaire est terminée.
L'idée derrière tout ça était de croire que l'entente allait arriver à échéance, que les gens allaient avoir bien entretenu leur logement, qu'il n'y aurait pas de problèmes et qu'on aurait l'argent pour aider les gens à plus faible revenu. Dans la vraie vie, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Le gouvernement fédéral a toujours refusé, sauf au cours des deux dernières années, d'accorder des subventions à la rénovation de ces logements. Il n'y avait donc pas de subventions pour rénover les logements, alors ces logements se sont détériorés et, à la fin des conventions, les gens vont probablement être obligés de prendre une nouvelle hypothèque. Ainsi, l'économie qui va provenir de la disparition de l'hypothèque va être annulée par une autre hypothèque pour, cette fois, rénover adéquatement ces immeubles.
Vous le dites bien, pour nous, la grosse conséquence demeure pour les locataires à faible revenu. J'habite dans une coopérative d'habitation, et tout l'argent qu'on reçoit du gouvernement fédéral, de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, va aux gens à faible revenu dans notre coopérative. C'est ce qui fait que ces gens, au lieu de verser 50 p. 100 de leur revenu au logement, en versent 25 p. 100. Or, du jour au lendemain, cette subvention va être retirée aux gens. Ça veut dire qu'on va les replonger dans la misère dans laquelle ils se trouvaient auparavant. Ces gens risquent aussi de s'en aller, et où vont-ils aller, compte tenu des loyers du marché?
:
Bonjour, tout le monde.
Je ne suis pas député de la même région que mon collègue. Il est de Montréal, député de la circonscription d'Hochelaga, où les besoins de logement sont criants. Je suis député dans la ville de Laval où il y a aussi un problème de logement. Cela crée une pression sur l'itinérance. Parce que Laval est une banlieue de Montréal et qu'on y trouve beaucoup de bungalows, on a l'impression que les gens sont à l'aise. Toutefois, la pression est aussi forte de ce côté.
Je ne peux pas comprendre que, en 2010, on parle d'acheter 65 avions F-35 au coût de 9 milliards de dollars et qu'on puisse tolérer que des familles complètes soient sans logement et qu'elles ne puissent pas se payer un logement abordable et adéquat. C'est inconcevable.
Monsieur Saillant, je voulais vous demander quelles sont les données que vous possédez sur Laval, présentement. Il me semble que plus de 1 000 demandes de logement abordable administré par l'Office municipal d’habitation de Laval sont en attente. La situation est, pour moi, problématique et je travaille beaucoup là-dessus.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer, puis laisser le reste de mon temps à M. Hiebert. Je vais être très bref. Je n'ai que deux commentaires à adresser à M. Saillant.
À vous entendre parler, j'imagine que vous pensez que le gouvernement ne s'est pas vraiment engagé à consacrer 2 milliards de dollars aux logements sociaux de 2009 à la fin de 2011. Je ne vais pas nier le fait que des gens ont besoin d'un logement, mais veuillez au moins reconnaître le fait que 2 milliards de dollars ont été consacrés à cet aspect. C'est sans parler des projets de logements sociaux qui ont été réalisés à l'intention des Premières nations, qui vivent des situations plutôt désastreuses, dont peuvent témoigner de nombreux députés des régions rurales.
Je m'offusque, ou peut-être suis-je... de vous entendre dire que l'itinérance est en hausse. Parlez-vous seulement du Québec? Parce que nous avons reçu hier un témoin de l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine, qui a reconnu les investissements que nous avons faits et qui a laissé entendre que l'itinérance avait en fait diminué de 1 p. 100 au Canada en 2006.
Rapidement, quel rôle le secteur privé peut-il jouer dans le développement du logement social? J'ai entendu beaucoup de personnes dire que nous devons inclure le secteur privé dans ce dossier.
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Je répondrai d'abord au sujet de l'aide gouvernementale des deux dernières années. C'est tout à fait vrai que plus d'argent a été accordé, ce qui a permis de rattraper, en partie, un retard qui s'était accumulé, mais pas complètement. On déplore le fait qu'on a fait l'effort durant deux ans et que maintenant on ne fait plus rien. Il ne va rester que des miettes, soit environ 125 millions de dollars pour la construction de nouveaux logements sociaux à l'échelle du Canada. Ce sont des pinottes. C'est la somme d'argent la plus basse qui aura été attribuée depuis 2001 par le gouvernement fédéral pour de nouveaux logements sociaux.
Donc, des efforts ont bel et bien été faits au cours des deux dernières années, mais ces efforts prennent fin. On n'est pas du tout convaincus que la crise économique soit terminée, mais on sait certainement que les effets de la crise persistent. Alors, on demande que ces budgets soient maintenus au cours des prochaines années, plutôt qu'ils soient supprimés. Cela vaut pour les sommes accordées aux provinces, aux communautés autochtones et nordiques, aux gens qui habitent des logements sociaux, qui ont pu faire rénover une petite partie de leur logement ces dernières années, mais pour qui c'est terminé.
Donc, on ne vous dit pas que vous avez mal agi au cours des deux dernières années, mais que tout n'est pas réparé et qu'il faut continuer, qu'il faut aller plus loin. En ce qui a trait à la construction de nouveaux logements sociaux, il faut investir des sommes supérieures à celles accordées au cours des deux dernières années.
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La semaine dernière, on est venus ici, à Ottawa, pour s'exprimer à ce sujet. Nous avons donné notre point de vue sur ce projet de loi, auquel nous sommes favorables, en souhaitant que la compétence du Québec en matière d'habitation soit reconnue.
Cependant, pour nous, la reconnaissance du droit au logement est un défi à long terme, je dirais. Il y a des étapes à suivre, il y a des projets de loi qui peuvent nous aider. On a une urgence dans l'immédiat, soit le prochain budget et la diminution prochaine des sommes qui avaient été augmentées au cours des deux dernières années en raison de la relance économique. Cela a des conséquences extrêmement dramatiques pour les gens, pour les locataires de logements sociaux, pour les gens qui habitent un HLM. Dans certains cas, on leur a demandé de se retirer du HLM parce que des travaux de rénovation devaient y être effectués de façon urgente. À présent, avec la réduction des fonds fédéraux, ils se font dire qu'ils devront attendre un an de plus avant de réintégrer leur HLM. Cela a des conséquences pour les gens, de manière très pratique. Quand on dit qu'il y a des subventions seulement pour l'équivalent de 413 logements sociaux alors que les besoins sont si grands, qu'on parle de 203 000 ménages locataires au Québec qui versent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, ça aussi, c'est une situation dramatique.
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Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et vous avez justement une manière de dire les choses qui est très claire. Vous avez dit que cela allait replonger les gens dans la misère. On a fait des investissements au fil des ans, on a commencé à bâtir quelque chose qui pouvait sortir les gens de la misère, mais on va les replonger dedans, parce que ce n'est pas une priorité.
Merci beaucoup, monsieur Saillant et madame Laflamme, de votre présence aujourd'hui.
[Traduction]
Bien que j'ai une confiance absolue dans les qualités extraordinaires de nos interprètes, je ne veux pas qu'il y ait d'erreur de traduction à ce sujet. Je veux m'assurer de bien comprendre, et c'est en fait le but de ma question: Existe-t-il deux « Enbridge Inc. »?
Nous avons devant nous M. Teichroeb, dont le titre est « Technologie propre ». Dans son document, il dit qu'Enbridge a développé une pile à combustible hybride qui rend le contrôle de la pression dans les gazoducs « plus efficient et moins polluant ».
S'agit-il de la même Enbridge qui a dit à l'Environmental Protection Agency aux États-Unis que tout allait bien relativement à ses gazoducs et qui, cinq jours plus tard, a déversé trois millions de litres de pétrole brut dans la rivière Kalamazoo? Ou y a-t-il eu une erreur dans la traduction?
Dites-moi qu'il s'agit d'une autre Enbridge, que vous représentez une autre entreprise.