:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Permettez-moi tout d'abord de remercier tous les membres du comité pour leur participation à l'étude du projet de loi , qui tente de favoriser un peu plus la transparence relativement aux salaires payés par les oeuvres de bienfaisance.
[Traduction]
Monsieur le président, lorsque j'ai présenté le projet de loi l'automne dernier, je croyais sincèrement que son adoption allait de soi. Je ne m'attendais pas à ce que quiconque s'oppose à l'idée voulant que les organismes à but non lucratif canadiens aient les mêmes exigences de divulgation des salaires que les organismes à but non lucratif américains, et que respectent les entreprises publiques canadiennes comme Rogers et Bell ainsi que la plupart des gouvernements provinciaux. Cette réticence ardue a fait en sorte que je me suis demandée si je n'avais pas innocemment découvert quelque chose.
J'ai rencontré de nombreux organismes de charité et encore plus de donateurs et j'ai demandé pourquoi la transparence en effrayait tant. Mon projet de loi cherche à mettre en oeuvre une mesure de transparence simple, soit la divulgation des noms, titres et salaires des cinq employés les mieux payés. Les organismes de charité feraient toujours rapport de la fourchette de salaire des 10 employés les plus payés, comme c'est le cas actuellement, mais la divulgation serait entière pour les cinq employés les mieux payés.
Le second volet de mon projet de loi ajoute à la longue liste de pouvoirs rarement, sinon jamais, utilisés du ministre pour réglementer les organismes de charité. Le projet de loi donnerait au ministre le pouvoir discrétionnaire de révoquer l'enregistrement d'un organisme de charité qui verse plus de 250 000 $ par année à un dirigeant. Bien que récemment, les médias ont fait état d'abus par des organismes de charité, je tiens à dire tout de suite qu'il y a de nombreux excellents organismes de charité au Canada.
Je vous donne en exemple St. Peter's Parish Dominican Relief Fund. Cet organisme accorde des centaines de milliers de dollars d'aide chaque année aux Haïtiens qui vivent dans les bateyes en République dominicaine. Le père Michael Corcione, le Dr Dario Del Rizzo et une équipe de bénévoles ont mis sur pied des cliniques médicales, offrent des soins médicaux, des médicaments et des vêtements, s'occupent de collectes de fonds, de logistique et de prestation de programmes sans dépenser un cent en coûts d'administration ou de collecte de fonds.
À l'autre extrême nous avons Vision Mondiale. L'organisme recueille plus de 350 millions de dollars en dons annuellement, dépense moins de 20 p. 100 en collecte de fonds et en administration, et verse 188 000 $ à son PDG. Le plus important producteur de reçus d'impôt au Canada semble verser beaucoup moins que le plafond discrétionnaire proposé dans mon projet de loi. Les petits organismes de charité et les grands organismes de charité peuvent accorder la priorité à leur cause et maintenir des salaires raisonnables.
Au milieu du spectre, on retrouve des organismes de charité de la taille d'environ 2 p. 100 de Vision Mondiale mais qui versent beaucoup plus aux dirigeants et qui dépensent deux à trois fois plus en administration et en collecte de fonds. La transparence comme telle ne va pas mettre fin aux intérêts personnels et à la tentation de se verser des salaires et des avantages supérieurs; toutefois, la transparence donne une certaine mesure de retenue et de sensibilisation des donateurs. Les organismes de charité mieux gérés pourraient profiter de dons réaffectés des organismes qui consacrent plus de la moitié de chaque dollar aux entreprises de collecte de fonds et aux salaires des administrateurs, où le président s'engage lui-même comme consultant, où par népotisme, on verse des salaires de six chiffres aux conjoints et aux enfants, où les dirigeants s'approprient les prix de donateurs, où on facilite une fraude fiscale de 2,5 milliards de dollars en émettant des reçus d'impôt gonflés aux fins d'abris fiscaux pour les dons.
Pour comprendre les raisons pour lesquelles la divulgation des salaires est si importante pour les donateurs et si menaçante pour les dirigeants, examinons l'état actuel de la divulgation. Vous aurez lu dans le Toronto Star que la Fondation de l'hôpital d'Oshawa a versé à son PDG 200 000 $, des avantages sociaux dans les cinq chiffres, 10 000 $ par mois en frais de consultation, et encore plus. Ces données auraient surpris quiconque avait examiné la déclaration affichée sur le site Web de l'ARC, selon laquelle l'organisme de charité n'a pas déclaré de dépenses d'indemnités des employés pour l'exercice fiscal. Le total, selon le Toronto Star, se chiffre à environ 350 000 $. L'ARC publie « zéro » pour 2009 et les années précédentes.
Il est plus facile de trouver des documents classifiés du Pentagone sur WikiLeaks que d'obtenir de l'information sur les indemnités versées par les organismes de charité.
Je ferais valoir que la divulgation tôt dans le processus des indemnisations aurait empêché la situation d'Oshawa de se transformer en crise, puisqu'il n'aurait jamais eu lieu pour un journaliste d'enquête de faire des recherches pour dénicher la vérité.
Monsieur le président, avec l'état actuel de la divulgation, 88 p. 100 des donateurs ne se donnent pas la peine d'aller sur le site de l'ARC pour consulter l'information trompeuse et portant à confusion qui y est affichée. Les gens n'ont pas le temps de démasquer les escrocs. Les gens se fient au seul vrai organisme de réglementation des organismes de charité, soit les médias: le Toronto Star, le Globe and Mail et la SRC, entre autres.
L'ARC a été assez aimable pour fournir des données sur les donateurs, les dons, les collecteurs de fonds et les coûts de gestion/administration. J'ai fait circuler des tableaux que vous pouvez consulter. Vous verrez que depuis 2000, le nombre de donateurs est resté stable, ce qui signifie que les collecteurs de dons à fort prix n'attirent pas davantage de donneurs. Les reçus de dons de charité augmentent à peine plus rapidement que le taux de l'inflation, soit à peine plus de 1 p. 100 par année en moyenne, mais les coûts de collecte de fonds sont en hausse. Pour chaque augmentation d'un point de pourcentage des dons, les coûts de collecte de fonds augmentent de trois points de pourcentage et demi. Même en tenant compte de l'inflation, et les coûts de collecte de fonds ont augmenté de plus de 50 p. 100, soit trois fois et demie plus vite que les dons.
Les coûts de gestion et d'administration ont monté en flèche également, augmentant même plus vite que les coûts de collecte de fonds, alors la non-divulgation a certainement mené à une réussite sans précédent pour les collecteurs de fonds et les dirigeants en matière de salaire. On ne peut en dire autant pour les organismes de charité économes qui doivent toujours dépenser davantage pour maintenir leur revenu et qui sont en concurrence avec des organismes pouvant dépenser 50 ¢ de chaque dollar en collecte de fonds et en administration, sans sanction ni divulgation de salaire.
Examinons la situation selon la perspective des gens qui ont besoin de l'argent pour une cause, pour un remède, pour offrir de l'aide. Si vous le permettez, prenons un exemple concret, celui de la Société de la sclérose en plaques. Je sais que les donateurs et les patients sont déçus de savoir que la Société de la sclérose en plaques dépense plus pour la collecte de fonds que pour la recherche. La collecte de fonds, la gestion et l'administration ensemble dépassent l'argent consacré à la recherche de 75 p. 100, et dépassent le total dépensé pour tous les programmes de charité de 20 p. 100, selon l'ARC. Malgré cela, la Société de la sclérose en plaques a l'un des meilleurs rendements parmi les organismes de charité médicaux, et est peut-être victime de la réalité inflationniste créée par l'industrie de la collecte de fonds, dont vous entendrez parler plus tard.
Les organismes de charité deviennent des filtres, qui trop souvent diminuent les dons de moitié et laissent aux contribuables fédéraux et provinciaux le soin de payer la grande partie des vrais programmes, au moyen de crédits et de déductions. Mon projet de loi nous mène à nous demander si la non-divulgation fonctionne. Les salaires sans limite et non divulgués des dirigeants font-ils augmenter ou diminuer les coûts? Les Canadiens devraient-ils toujours avoir à consulter les enregistrements américains pour savoir le montant des sommes que les organismes de charité s'attribuent?
Vous allez entendre les dirigeants des organismes de charité. Vous allez entendre les avocats et les collecteurs de fonds privés qui dépendent d'eux. Que pensent les Canadiens? Que pensent les donateurs?
J'ai demandé à Pollara de poser la question à 2 000 Canadiens, et voici ce qu'on a découvert. Seulement 12 p. 100 des répondants ont dit avoir consulté le site Web de l'ARC; il faut donc qu'il y ait une autre façon de mettre en lumière cette générosité aveugle.
À la question de savoir si les cinq dirigeants les mieux payés de tous les organismes de charité canadiens devaient divulguer leurs salaires, 83 p. 100 des répondants ont répondu oui et 11 p. 100 ont répondu non.
Lorsqu'on leur a demandé s'ils savaient que des dirigeants d'organismes de charité gagnaient plus de 250 000 $ par année, 68 p. 100 des répondants ont dit non. Croient-ils qu'il devrait y avoir une limite? Soixante-huit pour cent ont répondu oui; 22 p. 100, non.
Quelle limite selon eux est appropriée? De ceux qui étaient en faveur du plafond, 82 p. 100 ont répondu 100 000 $ ou moins. La réponse médiane était 75 000 $. Seulement 3 p. 100 des donateurs estimaient que le plafond devrait être supérieur à 250 000 $. Voilà un très bon aperçu de ce que les donateurs pensent en général et ce qu'ils tentent peut-être de vous dire. Mais malheureusement, on vous dira que le ministre pourrait révoquer l'enregistrement d'hôpitaux ou quelqu'un gagne peut-être plus que la limite, par exemple un neurochirurgien. On vous dira d'autres hypothèses de diversion, et ce, venant de personnes qui savent très bien que le ministre a déjà les motifs de révoquer l'enregistrement de nombreux organismes de charité en raison d'un gain privé disproportionné, ce qu'il n'a pas fait. Il serait mal placé de révoquer l'enregistrement d'un hôpital, d'une université ou d'un orchestre qui verse des salaires à des médecins, des professeurs ou des chefs d'orchestre.
Peu importe, j'ai convenu de supprimer la disposition sur le plafond, car je ne veux pas entrer dans un débat secondaire qui volerait la vedette à la non-divulgation des salaires exorbitants.
J'ai obtenu l'assurance du secrétaire parlementaire que le gouvernement allait examiner la question nébuleuse des contrats de collecte de fonds et des entreprises de collecte de fonds. Peut-être allons-nous finalement obtenir la divulgation complète de tous les salaires des collecteurs de fonds payés à partir de dons qui n'aboutissent jamais à la cause.
De plus, je ne veux pas que quiconque puisse cacher un salaire d'un million de dollars en raison des préoccupations en matière de vie privée d'un secrétaire, comme si on s'inquiétait de la vie des travailleurs à faible revenu. Alors j'ai offert un autre amendement afin de créer un plancher de divulgation de 100 000 $.
En conclusion, nous avons maintenant un projet de loi avec un seul but non ambigu: obtenir de la transparence pour les dirigeants bien payés. Je crois que le projet de loi est un petit pas vers la réforme du secteur des organismes de charité qui deviendra un véhicule de financement transparent et efficace pour de bonnes causes. Je sais qu'il faudra faire davantage.
Les salaires des collecteurs de fonds et les profits des entreprises de collecte de fonds doivent être divulgués. Les coûts de collecte de fonds et les salaires des PDG doivent être divulgués sur les reçus d'impôt ou autres, comme Blaine Calkins l'a proposé à la Chambre des communes. Les reçus d'impôt devraient être réduits d'un montant équivalent aux coûts de collecte de fonds et d'administration supérieurs à 25 p. 100. La réaction des donateurs ferait baisser les coûts de collecte de fonds à la vitesse de l'éclair — cela profiterait à toutes les causes, remède ou besoin vital.
Finalement, le ministre devrait avoir les mêmes pouvoirs que les organismes de réglementation des valeurs mobilières en ce qui a trait à la révocation de l'enregistrement de dirigeants qui ne dévoilent pas les coûts, acheminent des fonds à des entreprises connexes ou participent à des escroqueries comme les abris fiscaux pour les dons qui ont privé les contribuables canadiens de plus de deux milliards de dollars en reçus gonflés. Grâce à cette mesure, le dollar du donateur ne passera plus par de nombreux intermédiaires, et peut-être que les organismes de charité feraient davantage de travail de charité.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Puisqu'on est en train de parler de l'importance de nos institutions, je tiens à remercier ma collègue d'une autre formation politique. Elle a eu la perspicacité de voir qu'il y avait un problème dans un domaine qu'elle connaît, de toute évidence, extrêmement bien et elle est arrivée avec une série de propositions.
J'accueille très favorablement les propositions de modifications que nous apporte aujourd'hui Mme Guarnieri. Je pense que ça va régler une des préoccupations majeures.
Je me permets de résumer la situation. L'université qui est en train d'effectuer une collecte de fonds à la hauteur de 700 millions de dollars peut très bien, en effet, payer quelqu'un au-delà des 250 000 $, ce qui est la limite proposée ici. Or la personne qui fait un don à cette université va obtenir la seule information qui importe. Si la personne qui s'apprête à faire un don à l'université « A » regarde les cinq noms et se rend compte que tout le monde reçoit un salaire de sept, huit ou neuf cent mille dollars par année, elle peut trouver que c'est totalement absurde. Elle aura eu ainsi accès à l'information dont elle avait besoin pour prendre ses décisions. Pour le reste, ce n'est pas à nous de dire ce qu'est un salaire raisonnable.
Je trouve ça extrêmement bien.
Comme l'a fait M. Chong précédemment, je vais vous poser une question afin de voir si, en effet, il pourrait y avoir une petite modification possible ou souhaitable. Je vais proposer à notre caucus d'appuyer votre projet de loi avec l'amendement que vous venez de proposer.
Ma question porte sur la modification, à la toute fin, qui ajoute le bout de texte concernant la rémunération des cinq cadres ou employés. La définition ou la notion d'employé est-elle assez large pour regrouper des gens qui pourraient constituer des contractuels?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Guarnieri, bienvenue. Je trouve ce que vous proposez extrêmement intéressant.
Lorsque j'ai fait un projet d'importance dans ma ville, à l'époque où j'étais maire, on avait consulté des firmes spécialisées pour pouvoir faire des collectes de fonds. À ce moment-là, en échange de leurs services, elles auraient pris 15 p. 100 du montant total de ce qui aurait été recueilli en dons.
Je vais continuer dans le sens des propos de M. Mulcair. Si on veut véritablement avoir une transparence complète sur les dons et les donneurs, ainsi que sur les montants qui sont prélevés sur le don... Vous venez de donner un exemple où 75 p. 100 du montant a servi aux personnes qui ont fait le...
[Traduction]
travail de collecte de fonds plutôt qu'à la cause.
[Français]
C'est vraiment choquant. Personnellement, je n'aurais jamais accepté ça. Je ne sais pas s'ils ont signé ce contrat de bonne foi. Cela dit, il y a tout le temps deux côtés à une médaille.
Je pense que l'intervention de M. Mulcair est intéressante. Si on avait accepté l'offre de la firme, on aurait eu à lui donner près de 200 000 $. Finalement, on n'a pas accepté leur offre, on a décidé de le faire de façon bénévole, cela a bien fonctionné quand même.
Ces firmes devraient-elles aussi faire partie de la liste? Si ça avait été le cas, personne n'aurait été rémunéré pour ce fait.
:
Chers collègues, je vous demanderais de reprendre vos places, s'il vous plaît; nous allons commencer notre deuxième heure de discussion ici aujourd'hui sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu, qui porte sur les organismes de charité.
Nous accueillons des représentants de deux ministères aujourd'hui. Nous avons avec nous le ministère des Finances et l'Agence du revenu du Canada.
Je vous remercie d'être ici cet après-midi.
Nous accueillons M. Baxter Williams, directeur général par intérim, Analyse, Direction de la politique de l'impôt. Nous accueillons également Mme Sharmila Khare, chef, Direction de l'impôt des particuliers.
De l'Agence du revenu du Canada, nous accueillons Mme Cathy Hawara, directrice générale intérimaire, Direction des organismes de bienfaisance, Direction générale de la politique législative et des affaires réglementaires, et M. Bryan McLean, directeur, Division de la politique, de la planification et de la législation, Direction générale de la politique législative et des affaires réglementaires.
Nous allons d'abord écouter l'exposé du ministère des Finances, nous passerons ensuite à l'ARC.
Nous allons commencer par M. Williams, s'il vous plaît.
Je comprends que les amendements au projet de loi ont été déposés. Je n'ai pas eu la chance de les incorporer à mes notes d'allocution, alors je vous demande d'en tenir compte.
Je vous remercie de la présentation et de me donner l'occasion de vous faire part de commentaires au sujet du projet de loi d'initiative parlementaire , qui traite de la rémunération au sein des organismes de bienfaisance enregistrés.
Mon objectif aujourd'hui est de donner un peu de contexte au cadre législatif et réglementaire actuel par rapport à la conformité à la Loi de l'impôt sur le revenu dans le secteur des organismes de bienfaisance.
Au Canada, on dénombre actuellement 85 000 organismes de bienfaisance enregistrés, tant des petites entités entièrement gérées par des bénévoles que de grandes organisations de bienfaisance comme les hôpitaux et les universités. Pour vous donner une idée de la diversité des organismes de bienfaisance en ce qui concerne leur taille, environ la moitié d'entre eux déclarent un revenu annuel total inférieur à 100 000 $. Plus de la moitié des organismes de bienfaisance enregistrés au Canada n'ont pas d'effectifs rémunérés.
[Français]
La Loi de l'impôt sur le revenu offre d'importants incitatifs pour encourager les dons aux organismes de bienfaisance enregistrés.
Les donateurs individuels reçoivent un crédit d'impôt sur le revenu de 15 p. 100 pour les dons annuels allant jusqu'à 200 $, et un crédit de 29 p. 100 pour les dons de plus de 200 $.
Si l'on tient compte des mesures de soutien des gouvernements provinciaux et fédéral, les Canadiens reçoivent des crédits d'impôt d'environ 46 p. 100, en moyenne, pour les dons excédant 200 $.
Les entreprises bénéficient d'une déduction fiscale pour les dons.
[Traduction]
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement du Canada a considérablement augmenté les mesures incitatives en vue d'encourager les dons aux organismes de bienfaisance enregistrés. En 1997, l'impôt sur les gains en capital au titre des dons de titres cotés en bourse aux organismes publics de bienfaisance avait été réduit avant d'être complètement éliminé en 2006. En 2007, cette exonération a été étendue aux dons de titres cotés en bourse à des fondations privées. Les mesures incitatives encourageant les dons de terre écosensibles à des organismes de bienfaisance voués à la conservation avaient aussi été améliorées de façon notable. Finalement, le gouvernement a aussi facilité les dons plus importants aux organismes de bienfaisance en augmentant la limite des dons annuels de 20 p. 100 du revenu net à 75 p. 100.
En plus de pouvoir émettre des reçus d'impôt pour des dons qu'ils reçoivent, les organismes de bienfaisance sont exemptés de l'impôt sur le revenu.
Compte tenu des généreuses mesures fiscales offertes pour encourager les Canadiens à faire des dons aux organismes de bienfaisance, la Loi de l'impôt sur le revenu prévoit certaines restrictions encadrant le mode de fonctionnement de ces organismes. Ces dispositions s'appuient sur les principes de la common law et les lois provinciales qui réglementent les organismes de bienfaisance.
La Loi de l'impôt sur le revenu exige que les organismes de bienfaisance soient mis sur pied à des fins de bienfaisance et qu'ils consacrent leurs ressources aux activités de bienfaisance. Même si ce que l'on entend par « activités de bienfaisance » et « à des fins de bienfaisance » est en grande partie défini par la jurisprudence, la Loi de l'impôt sur le revenu prévoit des exigences spécifiques relatives à l'enregistrement de ces organismes ainsi que des motifs de révocation.
Pour ce qui est de la rémunération, le cadre actuel relatif aux organismes de bienfaisance comprend des outils de conformité pouvant être utilisés dans les cas de rémunération excessive.
D'un point de vue stratégique, il est important de reconnaître que le secteur des organismes de bienfaisance livre concurrence au secteur privé pour ce qui est du recrutement de cadres de direction hautement qualifiés. Il est donc normal que les organismes de bienfaisance offrent aux cadres de direction un salaire comparable à celui de leurs homologues dans le secteur privé, c'est-à-dire qu'ils les rémunèrent à leur juste valeur marchande.
[Français]
Ainsi, l'évaluation de la rémunération raisonnable de l'ARC doit être fondée sur un examen complet des circonstances particulières dans lesquelles la rémunération est versée.
Par exemple, il peut être raisonnable de verser une rémunération plus importante à un cadre de direction responsable de surveiller des dépenses de plusieurs millions de dollars en ressources et de gérer des centaines d'employés. En revanche, il pourrait être mal avisé de verser le même salaire au président et seul employé d'un petit organisme de bienfaisance.
[Traduction]
En cas de rémunération excessive, la Loi de l'impôt sur le revenu donne à l'Agence du revenu du Canada le pouvoir d'imposer une sanction intermédiaire; c'est-à-dire une pénalité pour des avantages indus, lorsqu'une oeuvre de bienfaisance rémunère un employé de façon déraisonnable.
Si l'ARC détermine qu'une personne reçoit un avantage personnel indu, elle peut imposer une pénalité de 105 p. 100 du montant de cet avantage. S'il y a récidive, elle peut imposer une pénalité de 110 p. 100 et suspendre les privilèges de délivrance d'un reçu d'impôt. Les pénalités sont habituellement transférées à une oeuvre de bienfaisance admissible, de sorte que les fonds restent dans le secteur caritatif.
Dans certains cas, les rémunérations excessives pourraient être motif à révocation parce que les fonds affectés aux rémunérations excessives sont des fonds qui ne servent pas aux oeuvres de bienfaisance, tel que stipulé par la loi.
J'aimerais également mentionné que les règlements de la Loi de l'impôt sur le revenu relativement aux avantages indus s'appliquent à bien des types de transactions, et pas uniquement aux salaires excessifs. Cela permet de s'assurer que les oeuvres de bienfaisance ne paient pas plus que ce qui serait considéré comme une rémunération raisonnable pour les biens et services qu'elles reçoivent.
[Français]
La Loi de l'impôt sur le revenu exige que les organismes de bienfaisance enregistrés déposent une déclaration de renseignements annuelle accessible au public. Cette exigence permet aux Canadiens d'accéder à un vaste éventail de renseignements financiers sur les organismes de bienfaisance, y compris sur la rémunération. L'obligation de produire des rapports contribue à la transparence dans ce secteur.
Les organismes de bienfaisance doivent déclarer la rémunération totale versée pour les 10 postes les mieux rémunérés par fourchette salariale. Ces renseignements sont accessibles au public sur le site Web de l'ARC et favorisent la transparence à l'égard de l'utilisation des ressources des organismes de bienfaisance. Ces déclarations aident l'ARC à repérer les éventuels cas d'abus et à établir les priorités en matière de vérification.
[Traduction]
Le ministère des Finances va poursuivre ses efforts afin de s'assurer que les cadres législatifs et réglementaires adéquats sont en place pour favoriser la reddition de comptes dans le secteur caritatif.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de l'invitation à comparaître cet après-midi dans le cadre de l'examen du projet de loi .
Je m'appelle Cathy Hawara et je suis la directrice générale de la Direction des organismes de bienfaisance à l'Agence du revenu du Canada. Je suis accompagnée de Brian McLean, directeur de la Division de la politique, de la planification et de la législation.
[Français]
Je voudrais, aujourd'hui, vous expliquer le cadre juridique et réglementaire existant, administré par l'Agence du revenu du Canada, dans son rôle d'organisme de réglementation fédérale des organismes de bienfaisance enregistrés au Canada.
L'agence administre la Loi de l'impôt sur le revenu, qui accorde d'importants avantages fiscaux aux organismes de bienfaisance enregistrés, et établit les exigences en vue d'obtenir et de maintenir l'enregistrement à titre d'organisme de bienfaisance.
[Traduction]
L'ARC a le pouvoir de révoquer l'enregistrement d'un organisme de bienfaisance si ce dernier ne se conforme pas aux exigences d'enregistrement de la Loi de l'impôt sur le revenu. Par exemple, si l'organisme de bienfaisance utilise ses ressources à des fins qui ne relèvent pas de la bienfaisance, y compris pour accorder des avantages personnels indus à n'importe lequel de ses membres. Il y aurait un avantage indu si un organisme de bienfaisance versait ou rémunérait autrement une personne au-delà de la rémunération raisonnable pour les services rendus, quel que soit le niveau de rémunération.
[Français]
Par exemple, verser à un particulier 50 000 $ pour des services rendus constituerait un avantage injustifié si, en réalité, aucun service n'avait été rendu ou si la rémunération ne correspondait pas à la juste valeur marchande de ce service.
[Traduction]
Chaque année, les organismes de bienfaisance doivent produire ce que l'on appelle « une déclaration de renseignements », laquelle comprend des données sur la rémunération. La déclaration de renseignements est rendue publique dans le site Web de l'ARC et est prise en compte dans le cadre de notre programme de vérification. Les pratiques de vérification actuelles de l'ARC comprennent l'examen de situation où la rémunération du personnel dépasse la juste valeur marchande pour les services rendus. Notre examen tient aussi compte du degré de l'avantage conféré, de la question de savoir si un avantage a été conféré par inadvertance ou de savoir si la situation a été structurée précisément pour produire des avantages excessifs.
Le cadre législatif actuel permet à l'ARC d'adopter une approche mesurée pour régler les cas d'inobservation, tenant compte de la gravité de l'infraction. Par exemple, si l'infraction n'est pas jugée intentionnelle, grave ou flagrante, l'ARC peut choisir des mesures correctives qui donnent la possibilité à l'organisme de bienfaisance de corriger son inobservation Si notre examen révèle des infractions graves ou répétées, nous pouvons imposer des sanctions intermédiaires sous forme de sanctions pécuniaires et /ou deux suspensions des privilèges de délivrance des reçus officiels de dons, ou procéder directement à la révocation.
[Français]
En ce qui concerne les exigences de divulgation, la Loi canadienne de l'impôt sur le revenu prévoit actuellement un cadre pour la responsabilité envers le public dans le secteur de la bienfaisance. C'est pourquoi l'agence affiche, dans son site web, les déclarations de renseignements remplies chaque année par les organismes de bienfaisance enregistrés. Cela permet aux Canadiens d'avoir accès à des renseignements détaillés au sujet des opérations annuelles des organismes de bienfaisance, y compris les dépenses et les programmes.
[Traduction]
Afin d'améliorer la clarté et la pertinence de l'information publique sur les organismes de bienfaisance, nous avons, en 2009, actualisé les catégories d'échelles salariales dans la déclaration de renseignements annuelle. Le plafond de l'échelle a été relevé pour convenir aux oeuvres de bienfaisance plus importantes, dont les hôpitaux et les universités, et pour fournir à la population une information plus utile. Les oeuvres de bienfaisance sont maintenant tenues de donner l'échelle salariale pour les 10 postes les mieux rémunérés et les catégories salariales ont été élargies, le dernier niveau étant de 350 000 $ et plus.
En 2008, dernière année complète pour laquelle nous avons des données, 86 p. 100 des oeuvres de bienfaisance ont déclaré avoir versé moins de 250 000 $ à l'ensemble de leurs employés. Bien que nous n'ayons pas des données complètes pour 2009, les premiers indicateurs révèlent que la rémunération individuelle de plus de 250 000 $ survient surtout dans les oeuvres de bienfaisance du secteur de la santé et, dans une moindre mesure, dans celles des milieux universitaires et éducatifs. Jusqu'à maintenant, moins de 1 p. 100 des oeuvres de bienfaisance ont déclaré avoir versé des salaires de plus de 250 000 $ à des particuliers.
[Français]
En conclusion, les cadres législatifs et réglementaires actuels fournissent à l'agence la capacité de surveiller les salaires en fonction des renseignements qui sont actuellement déclarés et rendus publics, ce qui nous permet d'enquêter plus en profondeur, le cas échéant. Le cadre législatif donne aussi un éventail d'options d'observation qui nous permettent d'adopter une approche mesurée, afin de corriger des situations comportant un avantage injustifié, fondée sur les faits propres à chaque situation, allant jusqu'à la révocation de l'enregistrement.
Monsieur le président, cela nous fera plaisir de répondre aux questions que pourraient avoir les membres du comité.
:
L'agence a un programme de vérification. Pour vous donner un aperçu, on effectue environ 800 vérifications par année. Il y a des vérifications ciblées relativement à certains risques potentiels, selon nous, dans certains endroits du secteur des organismes de bienfaisance. Nous faisons aussi des vérifications au hasard.
Parmi ces 800 vérifications, certaines peuvent également être entamées à la suite de plaintes du public ou de rapports médiatiques, etc. Nous nous penchons sur la question des avantages injustifiés pour savoir si, en effet, il y en a.
Après certaines vérifications, nous trouvons des cas d'avantages injustifiés. Par contre, il n'y aucun cas où, pour la seule et unique raison qu'un salaire élevé ou déraisonnable ait été payé, nous ayons dû révoquer l'enregistrement d'une organisation.
Nous trouvons, par contre, des cas d'avantages injustifiés dans le cas de paiement de dépenses personnelles, de voyage, de maisons, etc. Dans de tels cas, l'année dernière, par exemple, nous avons eu des inquiétudes dans 27 de nos vérifications relativement aux avantages injustifiés. Six de ces cas étaient suffisamment sérieux pour que nous procédions à la révocation de l'enregistrement.
Nous avons donc des inquiétudes relativement à cela, mais nous n'avons pas encore trouvé de cas où le salaire était si déraisonnable qu'on ait dû révoquer ce statut.