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Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler du niveau d'épargne que les Canadiens devraient viser en prévision de leur retraite.
Le niveau d'épargne-retraite que doivent viser les Canadiens dépend d'un certain nombre de facteurs. De façon sommaire, beaucoup disent que le revenu de retraite total devrait équivaloir à environ 70 p. 100 du salaire gagné avant la retraite pour que le retraité puisse maintenir son niveau de vie.
Donc, par exemple, un retraité qui gagne un salaire annuel de 60 000 $ à sa dernière année d'emploi devrait recevoir un revenu de retraite total d'environ 42 000 $. S'il touche des prestations du RPC et de sécurité de la vieillesse qui totalisent en moyenne 12 000 $, il devra avoir investi suffisamment d'argent dans un régime de retraite ou un REER pour pouvoir toucher une pension d'environ 30 000 $ et ainsi avoir une rémunération qui, au total, équivaut à 70 p. 100 du revenu qu'il gagnait avant sa retraite.
Combien coûtera cette pension de 30 000 $? D'après le taux actuel de constitution de rente, chaque dollar de cette pension — indexation et prestations de survivant y compris — coûte environ 21 $ si la retraite est prise à l'âge de 60 ans, et 18,50 $ à l'âge de 65 ans. Donc, un retraité qui gagne 60 000 $ par an avant de prendre sa retraite devra avoir épargné entre 550 000 $ et 650 000 $, selon l'âge auquel il souhaite prendre sa retraite, pour toucher une pension de 30 000 $.
Bien entendu, il faut être conscient qu'une pension équivalant à 70 p. 100 de la rémunération moyenne avant la retraite ne convient pas à tout le monde. Certains retraités auront besoin d'un salaire supérieur alors que d'autres auront besoin de moins. Les besoins dépendent de différents facteurs: le revenu avant la retraite, le coût de la vie dans la région où le retraité habite, et à savoir s'il possède sa résidence ou s'il la loue, si le conjoint touche un revenu de retraite et s'il a des personnes à sa charge.
Combien les Canadiens ont-ils épargné en prévision de leur retraite? Il est difficile de répondre à cette question parce que les données disponibles concernant l'épargne-retraite des travailleurs du secteur privé au Canada ne permettent pas de dresser un portrait clair de la situation. Toutefois, nous avons de bonnes raisons de croire que les Canadiens qui travaillent dans le secteur privé n'épargnent pas suffisamment d'argent en prévision de leur retraite et qu'ils n'y sont pas bien préparés.
D'après des données fournies par Statistique Canada, en 2005, l'épargne-retraite médiane des familles canadiennes dont le membre qui a le meilleur salaire est en âge de prendre sa retraite ou presque est très modeste: l'épargne se chiffre à 55 000 $ dans le cas des familles qui ont seulement un REER, à 227 000 $ dans le cas des familles qui ont seulement un régime de retraite et à 245 000 $ dans le cas des familles qui ont à la fois un régime de retraite et un REER. Si on suppose que l'âge de la retraite est de 60 ans, ces familles toucheraient respectivement un revenu de pension mensuel de 218 $, de 900 $ et de 972 $ par le biais de cette épargne.
De toute évidence, ces chiffres sont bas, et il est important de se rappeler deux choses: premièrement, ils témoignent de l'épargne-retraite des familles et non des individus; deuxièmement, ils s'appuient sur des données concernant l'épargne des travailleurs du secteur public et de ceux du secteur privé. Comme les travailleurs du secteur public ont généralement une épargne-retraite supérieure, celle des travailleurs du secteur privé doit être considérablement inférieure à la médiane que j'ai mentionnée plus tôt.
Donc, combien les travailleurs du secteur public ont-ils épargné? Prenons l'exemple d'un fonctionnaire fédéral. En 2006-2007, le nombre moyen d'années de service à la retraite était de 30,5 ans et l'âge de retraite moyen était de 58 ans. S'il gagnait 70 000 $ par an à la fin de sa carrière, un fonctionnaire qui compte 30 années de service et qui prend sa retraite à l'âge de retraite médian touchera une pension d'une valeur de 850 000 $, selon le taux actuel de constitution de rente.
Donc, un ménage dont les deux membres ont travaillé à la fonction publique auront une épargne-retraite totale d'environ 1,7 million de dollars, sans compter les fonds investis dans un REER en plus de leur régime de retraite.
L'écart entre l'épargne-retraite des travailleurs du secteur privé et des travailleurs du secteur public soulève une grande question: est-ce que la réglementation de l'épargne-retraite empêche les travailleurs du secteur privé de faire suffisamment d'économies en prévision de leur retraite?
Dans le secteur public, 85 p. 100 des travailleurs cotisent à un régime de retraite qui offre de très bonnes prestations de retraite, alors que dans le secteur privé, 75 p. 100 des travailleurs n'ont aucun fonds de retraite. Pourquoi? Parce que les règles fiscales excessivement restrictives du gouvernement fédéral empêchent la plupart des travailleurs du secteur privé d'adhérer à un régime de retraite ou d'économiser et d'investir de l'argent en prévision de leur retraite comme le font les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé qui ont un bon régime de retraite.
Il y a différentes règles fiscales qui empêchent les travailleurs du secteur privé d'accumuler un bon fonds de pension, par exemple le fait de ne pas pouvoir adhérer à un régime de retraite à moins de travailler pour un employeur qui en offre un, de ne pas pouvoir investir des revenus tirés d'un travail indépendant dans un régime de retraite et de ne pas pouvoir cotiser davantage à un REER ou à un régime de retraite à cotisations déterminées pour compenser les pertes occasionnées par un fléchissement du marché.
Sans surprise, l'épargne-retraite des travailleurs du secteur public est entre cinq et sept fois supérieure à celle des travailleurs du secteur privé. N'allez pas croire que je considère que les travailleurs du secteur public ne méritent pas leur fonds de pension ou qu'il devrait être réduit. La plupart des régimes de retraite du secteur public sont bien gérés et sont rentables en raison des économies d'échelle.
Bien entendu, le fait d'appliquer le modèle fructueux du secteur public au secteur privé et de permettre aux travailleurs du secteur privé qui n'ont pas de régime de retraite d'y adhérer est une solution au problème d'insuffisance de l'épargne-retraite au sein du secteur privé. Mais il est impossible de le faire en raison des règles fiscales en vigueur.
À mon avis, l'étude du dossier de l'épargne-retraite doit être axée sur la réforme des règles fiscales qui empêchent les travailleurs du secteur privé d'épargner suffisamment en prévision de leur retraite.
Merci.
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Bonjour. Je suis ici pour parler des employés de Nortel qui sont aux prises avec une invalidité de longue durée. Nous sommes un groupe de personnes invalidées par des maladies comme le cancer, la sclérodermie, la maladie de Crohn, les maladies cardiaques ou les maladies mentales. Plusieurs, dans notre groupe, ne savent même pas ce qui se passe. Nous nous retrouvons dans une situation horrible parce que Nortel nous a vendu des assurances-vie, des assurances-accident et des assurance-invalidité pour lesquelles nous avons payé des primes, croyant que nous étions assurés par Sun Life et Clarica.
En 2005, nous avons appris que Nortel jouait en fait le rôle d'une compagnie d'assurance et en assurait le risque, ce qui veut dire que Nortel aurait dû mettre de côté les réserves suffisantes pour couvrir les prestations devant être versées dans le futur en se fondant sur une étude actuarielle. Je me demande où sont passées nos primes d'assurance. Nos assurances-vie, nos assurances-accident et nos assurances-invalidité vont disparaître le 31 décembre. Nous sommes non-assurables pour le reste de nos jours, et il n'y a aucun remède possible. Pourtant, Nortel avait fait les choses correctement au départ. Il y a une fiducie qui est gérée par un fiduciaire indépendant. Malgré cela, nous avons été victimes d'un abus de confiance. En effet, il manque plus de 100 millions de dollars aux revenus destinés aux personnes prestataires d'une pension d'invalidité.
Après la signature de l'entente avec Nortel, nous avons appris que 37,1 millions sur les 100 millions de dollars avaient été empruntés par Nortel pour des besoins autres que celui des bénéficiaires et que la compagnie avait laissé un billet IOU dans la fiducie. En fait, Nortel a arrêté de contribuer à la fiducie des années avant de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. On en est donc à éponger la faillite, et ça descend rapidement. Pourtant, avant de cesser de contribuer au plan et d'y mettre fin, Nortel devait aviser le fiduciaire. Celui-ci devait faire une étude actuarielle pour déterminer les besoins futurs qui relèveraient de la fiducie. Cela n'a pas été fait. Nortel n'a toujours pas envoyé d'avis. Je me demande si Nortel essaie de s'en sortir en envoyant l'avis le plus tard possible afin d'empêcher n'importe quel recours et de rendre impossible la récupération des fonds. En effet, la compagnie sera en faillite. L'autre hic est que la U.S. Securities and Exchange Commission a découvert en 2005 que la fiducie dont nous sommes les bénéficiaires était en fait mêlée aux revenus d'exploitation de Nortel. Cela me donne à penser — à moi et à d'autres — que Nortel aurait pu utiliser les fonds pour gonfler ses revenus d'exploitation. Bien d'autres choses me viennent également à l'esprit .
Les gens ordinaires comme nous n'ont aucune chance lorsqu'il y a une faillite d'entreprise au Canada parce que les avocats sont payés par l'entreprise et on ne leur demande aucun résultat relativement aux gens qu'ils représentent. De plus, notre firme d'avocats a signé une entente de non-divulgation avec Nortel et Ernst & Young. Nous avons été gardés dans le noir depuis le début. Pis encore, nous avons été contrôlés, bâillonnés et démolis par notre avocat, qui a pris d'assaut le groupe et isolé ceux qui posaient les vraies questions et cherchaient des solutions. Notre cas aurait pu être réglé dès le début en bloquant les ventes pour forcer Nortel à négocier et à prendre ses responsabilités ou encore à se restructurer. Nortel était correcte, mais ce sont les dirigeants qui l'étaient moins. Rien n'a été fait. Plus la compagnie chute, plus c'est profond, plus c'est long et plus les avocats et les contrôleurs récoltent de l'argent.
Ce qui me choque vraiment, c'est de voir que l'industrie de la faillite au Canada est en fait une grande famille. Dans le cas de Nortel, le juge est issu de Goodmans LLP, qui représente Ernst & Young dans le cadre de la faillite. De plus, David Richardson, qui est maintenant le président de Nortel, vient de Ernst & Young. Il a été nommé à Nortel après la mise en faillite de la compagnie. Le jour où M. Zafirovski est parti, M. Richardson s'est vu promu au rang de président, avec à la clé une augmentation de salaire de plus de 100 000 $ que lui offrait Ernst & Young, désormais aux commandes de Nortel. Les avocats qui me représentent crient haut et fort que le traitement que nous subissons est répugnant. Or, ces mêmes avocats ont représenté Massey Combines Corporation et Eaton's et aucune recommandation n'a été faite au gouvernement pour que les choses changent auparavant. En effet, ce serait à leur désavantage de le faire. La faillite est une industrie qui rapporte énormément.
Depuis le début de la faillite, le superintendant et Nortel n'ont pas été honnêtes. M. Doolittle, qui est maintenant président, s'est vu offrir un salaire qui a doublé et qui dépasse les 1,7 million de dollars pour les deux prochaines années. Il a prétendu dans son affidavit que Nortel continuait à s'acquitter des avantages, mais il n'a jamais mentionné que la fiducie était en fait en déficit et que les contributions à notre fonds d'invalidité avaient cessé. En plus, Murray McDonald, le court monitor chez Ernst & Young, a mentionné dès son premier rapport qu'il y avait un surplus dans la fiducie alors que celle-ci était déficitaire.
Il a continué à maintenir qu'on contribuait à la fiducie selon les pratiques du passé. Il aura fallu attendre l'entente de règlement pour savoir qu'il y aurait un déficit, car Ernst & Young n'a rien dévoilé auparavant, bien que cette firme ait été en possession d'une étude actuarielle de Mercer réalisée en janvier 2009. Je me demande comment Nortel, une compagnie qui ne se restructure même pas et prétend ne pas avoir d'argent, peut avoir l'audace d'octroyer depuis le début de sa mise sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité plus de 333 millions de dollars en primes et plus de 137 millions de dollars en bonis approuvés par la cour, la même cour qui a rejeté l'entente de Nortel pour satisfaire les détenteurs d'obligations à haut risque. Ce sont eux qui voulaient empêcher que tout changement à la Loi sur la faillite et l’insolvabilité s'applique à notre groupe. Les détenteurs d'obligations à haut risque vont obtenir quelques sous de plus pour chaque obligation en échange de nos vies, alors qu'ils font déjà un profit tout à fait scandaleux en achetant des swaps sur défaillance de plus de 60 ¢ pour chaque 100 dollars de valeur des obligations.
Comment est-il possible que la cour entérine une entente qui nous jette à la rue et nous prive de nos droits de poursuite envers les fiduciaires quand nous sommes victimes d'un abus de confiance et que, de plus, on nous prive d'une audience d'équité du règlement tout à fait nécessaire pour les invalides? En effet, si on compare notre situation à celle des pensionnés, nous nous attendons à recevoir 17 p. 100 de nos revenus alors que les pensionnés ont l'assurance de recevoir de 69 p. 100 à 92 p. 100 de leurs revenus s'ils vivent en Ontario, ce qui représente la moitié des pensionnés. De plus, nos paiements cessent en janvier 2011, alors que ceux des pensionnés continuent comme d'habitude et que ma pension n'existe plus du tout.
Bien que nous tentions d'aller en appel, il n'y a qu'une solution pour nous. Il faut que le gouvernement appuie le projet de loi S-216 sur une base humanitaire. On est en pleine crise, on a besoin d'une aide urgente car sinon encore plus de vies seront perdues. On a déjà perdu deux membres, dont une personne qui a perdu le goût de vivre parce qu'elle était trop stressée. Elle avait trop peur de se faire couper ses médicaments. Sa famille dit qu'elle a vraiment perdu le goût de vivre.
Je voudrais rajouter aussi que lorsque l'entente a été révélée et qu'on a appris qu'il y avait un déficit et un emprunt de Nortel, nous n'avons eu que 10 jours pour nous trouver un avocat afin de nous opposer à l'entente. Malgré le fait que le cabinet Rochon Genova ait décidé de sauter dans la fosse aux lions, le juge a rejeté toutes nos raisons pour s'opposer. Si on a rejeté l'entente et si on l'a signé de nouveau par la suite, c'était uniquement dans le but de favoriser les détenteurs d'obligations. Je trouve que c'est scandaleux. Je trouve carrément dégueulasse de jeter 400 personnes à la rue, dont certaines vont mourir. Je suis une de celles qui va finir dans la rue. Il n'y a rien d'autre à faire pour moi parce que je ne vais disposer que d'à peu près 8 000 $ par année. Je ne peux pas survivre avec ce montant quand je dois débourser à peu près 7 000 $ par année en frais médicaux.
C'est tout, merci.
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Bonjour. Je m'appelle Malcolm Hamilton. Je suis actuaire dans le domaine des pensions depuis 30 ans. Aujourd'hui, c'est à titre personnel que je m'adresse à vous.
Je ne répondrai pas à toutes vos questions, mais je formulerai quelques commentaires à propos de trois d'entre elles, en commençant par celle qui porte sur la comparaison entre notre système de pensions et ceux des autres pays de l'OCDE.
L'an dernier, mon entreprise, Mercer — je suis employé et non propriétaire —, a mis au point ce que nous appelons le « Mercer Melbourne Global Pension Index », dont l'objet est de classer et de coter les régimes de pensions dans le monde. C'était une première. Nous avons seulement examiné les systèmes en vigueur dans 11 pays, dont le Canada. Nous avons attribué à chacun une cote allant de A à D, puis nous les avons classés. Aucun pays n'a obtenu un A. Le Canada a été l'un des quatre pays à obtenir la cote B. Officiellement, nous étions quatrièmes, et n'avons donc décroché aucune médaille, mais nous n'en étions pas très loin. En fait, il n'y avait pas de grande différence entre le premier et le quatrième au classement; les systèmes examinés étaient tous bons.
Je vous épargne la façon dont les cotes ont été attribuées, car la méthode est très compliquée; en voici l'essentiel. Je crois que si vous réunissiez les spécialistes mondiaux des régimes de pension et que vous donniez aux spécialistes canadiens la possibilité d'échanger leurs problèmes contre ceux d'autres pays, la plupart ne le feraient pas. En réalité, je me demande s'il y a un pays qui a aussi peu de problèmes que le Canada dans le domaine de l'épargne-retraite.
Maintenant, comprenez bien ce que cela signifie. Dans une certaine mesure, cela veut dire être le meilleur des moins bons, ou le moins pire des meilleurs. Je ne dis pas que le système canadien est excellent. Je ne dis pas qu'il n'y a pas place à amélioration ou qu'il ne peut être amélioré, ou encore qu'il n'a pas besoin d'être amélioré, mais nous n'avons pas à nous apitoyer sur nous-mêmes en imaginant que d'autres pays ont un bon système et que nous sommes les seuls à avoir des problèmes.
Selon le Mercer Global Index, les Pays-Bas viennent en tête. Je sais que si vous lisez les journaux néerlandais ou des histoires concernant les régimes de pension néerlandais, vous finirez par croire que c'est l'un des pires au monde. D'ailleurs, si vous lisez des histoires australiennes au sujet du système australien, l'Australie étant deuxième, vous serez aussi amenés à penser que c'est l'un des pires systèmes au monde.
Le fait est que, lorsque vous vivez une crise financière, les régimes d'épargne-retraite sont malmenés. Il faut s'y attendre. Je crois que c'est presque inévitable. Lorsque ces systèmes sont mis à mal, dans tous les journaux de la planète, les pays se plaignent de leurs propres systèmes, et c'est normal. Tout ce qu'il y a à retenir de telles situations c'est que nous pouvons faire mieux. Nous devons en tirer des leçons et renforcer le système, mais nous ne devons pas croire que nous partons sur de mauvaises bases, parce que ce n'est pas le cas.
Le deuxième point sur lequel je voudrais commenter c'est notre façon de traiter les régimes de pension en sous-financement lorsque les compagnies déclarent faillite et ce que nous devons faire au sujet des pertes encourues par les participants à ces régimes de pension, le cas échéant.
Maintenant, un peu d'histoire qui vous ennuiera peut-être. Vous rappelez-vous les années 1960 au Canada, alors que vous pouviez avoir un régime de pension enregistré et ne pouviez mettre un sou de côté? Ce mode de fonctionnement était permis et on ne s'en privait pas. Au cours des années 1960, à la suite de ce qui, à mon avis, a été l'un des événements déclencheurs, soit la faillite de la Studebaker, les gens ont décidé que ce n'était pas une façon d'administrer un régime de pension. On ne devrait pas avoir un régime de pension qui disparaîtrait en même temps que l'employeur.
Depuis ce temps, au Canada, nous avons financé nos régimes de pension. Nous avons débuté par un financement sur une base de permanence, autrement dit, vous versez des fonds dans le régime en supposant que celui-ci continuera ses opérations, le seul problème étant que quelquefois, lorsque le régime prend fin, bien qu'il y ait suffisamment d'argent pour le maintenir à flot, il n'y a pas suffisamment d'argent pour verser les prestations. Dans les années 1980, nous avons introduit la notion de capitalisation du déficit de solvabilité pour essayer de régler ce problème. Plus récemment, nous amorçons de nouvelles réformes, tant au niveau fédéral que provincial, pour essayer d'améliorer la situation lorsque l'on liquide certains régimes.
Maintenant, il faut savoir qu'aucune de ces solutions ne sera parfaite. Le régime d'aujourd'hui est meilleur que celui des années 1960 ou des années 1980, ou même que celui d'il y a cinq ans, mais il n'en demeure pas moins, advenant une crise financière mondiale, si les marchés boursiers chutent de 50 p. 100, si les taux d'intérêt plongent, faisant ainsi grimper le coût pour s'acquitter de toutes les obligations relatives aux régimes de retraite, et si, par malheur, les entreprises font faillite au même moment, si tous ces évènements se produisent au même moment, comme en 2008, la capitalisation des régimes de pension s'avérera inefficace. Les participants malchanceux aux régimes que des organisations en faillite auront liquidé seront vulnérables et perdront des sommes qui leur sont dues.
Si nous croyons que nous devons faire quelque chose à ce sujet... je tiens à souligner que ce n'est vraiment pas différent de la situation des personnes qui ont un REER. Les cotisants à un REER, sauf ceux qui n'y détiennent que des obligations d'État, ont vu la valeur de leur portefeuille chuter au cours de l'année 2008. La valeur de leurs obligations de société a diminué, tout ce qu'ils possédaient a perdu de la valeur. Tous ont perdu de l'argent. Autrement dit, ils ont vécu la même chose que les quelques malheureux dont les régimes (de retraite) à prestations déterminées ont été liquidés à ce moment-là.
Si vous voulez corriger cette situation, il y a quatre options à examiner.
Tout d'abord, vous pouvez accroître les niveaux de financement. J'entends par là d'essayer de verser suffisamment d'argent dans les fonds de pension de sorte que, même s'il survient des drames économiques, il y aura toujours suffisamment d'argent de côté.
Ensuite, vous pouvez signaler aux sociétés responsables de fonds de pension qu'elles ne doivent pas prendre autant de risques liés à l'investissement. Il faut dire aux compagnies d'assurance-vie qui promettent des rentes de ne pas investir dans le marché boursier. Vous pouvez dire aux sociétés de fonds de pension de faire des placements moins risqués.
Une autre option serait de conclure une entente nationale en matière d'assurance, comme l'ont fait les États-Unis, ou l'Ontario, ou encore le Royaume-Uni. Ils perdront tous de l'argent, c'est garanti. Ils se dirigent tous tout droit vers la faillite. Mais il y a peut-être une leçon à tirer de tout cela.
La dernière option à envisager est, je crois, celle sur laquelle vous vous penchez déjà, à savoir que dans des situations malheureuses, nous accorderions la priorité de réclamation aux participants à un régime de pension par rapport aux créanciers garantis et aux créanciers non garantis. Même si je crois que cela peut marcher, j'estime également que c'est très dangereux.
À mon avis, chaque option comporte des conséquences indésirables. Elles auront toutes des effets néfastes sur le système des pensions. Toutefois, je crois personnellement que la dernière option est la pire. Tout le monde ne voit qu'un côté de la médaille: les retraités auront la priorité et recevront donc toutes les prestations auxquelles ils ont droit. Personne ne pense au fait que les entreprises auront de la difficulté à emprunter ou que tout emprunt sera assorti de certaines conditions. Par exemple, elles ne pourront pas améliorer leur régime de pension, parce que si les retraités passent avant les créanciers garantis pourquoi devrions-nous prêter de l'argent à une organisation qui, à la dernière minute, peut améliorer son régime de pension et supprimer toutes les garanties rattachées à sa dette? Il faut réfléchir à ce genre de choses.
Il ne me reste que 10 secondes et j'aimerais simplement ajouter, sur la question de savoir si les Canadiens économisent suffisamment, que nous savons une chose: le revenu des retraités canadiens est très bon pour des gens qui n'ont jamais eu la réputation d'économiser suffisamment. En aucun temps, à ma connaissance, on a estimé que les gens épargnaient suffisamment et, pourtant, la génération actuelle s'en tire bien. Dans la plupart des études sur le sujet, on a de la difficulté à prouver que les Canadiens n'épargnent pas suffisamment, mais la preuve du contraire est aussi difficile à faire.
Alors, bien que j'estime qu'il y ait des raisons de s'inquiéter, et que nous aurons à faire face à d'autres situations difficiles, jusqu'ici le système a été relativement efficace.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président. Mon nom est Shirley-Ann George et je suis première vice-présidente, Politiques, à la Chambre de commerce du Canada. Je suis accompagnée aujourd'hui de Sue Reibel, vice-présidente principale et directrice générale, pour les solutions d'épargne-retraite collectives, à la Financière Manuvie.
Je vous remercie de nous avoir invitées à comparaître. Il s'agit d'une réunion importante. La présente réunion et l'étude que vous avez entreprise auront des effets sur la vie de millions de Canadiens. Nous vous appuyons, votre comité et vous, dans votre étude.
Comme vous le savez, la Chambre de commerce du Canada est l'association de gens d'affaires la plus représentative du pays. Elle regroupe un réseau de plus de 340 chambres de commerce ainsi que de nombreuses sociétés; en tout, nous représentons environ 175 000 membres.
Étant donné le large éventail d'entreprises que nous représentons, tous les sujets abordés dans l'étude sur la sécurité du revenu de retraite des Canadiens et des Canadiennes entreprise par votre comité intéressent nos membres. Cependant, en raison du temps limité dont nous disposons et des exposés que vous avez déjà entendus, notre propos portera essentiellement sur le « troisième pilier » de l'épargne-retraite, à savoir les régimes de retraite en milieu de travail et les REER.
La Chambre de commerce du Canada est d'avis que, dans l'ensemble, le système actuel d'épargne-retraite du Canada est solide. Les législateurs et les responsables des politiques doivent se concentrer sur les améliorations à apporter dans les domaines où il existe des lacunes plutôt que sur les changements en profondeur.
On estime que jusqu'à 50 p. 100 des employés du secteur privé n'ont accès à aucun régime d'épargne-retraite en milieu de travail. Il n'est donc pas étonnant qu'une bonne partie du débat actuel sur la question de l'épargne-retraite porte sur les moyens de faire en sorte que les employés du secteur privé aient plus facilement accès à un régime d'épargne-retraite d'employeur. On semble mieux disposé à offrir au secteur privé plus de possibilités en matière d'épargne-retraite. Une stratégie allant dans ce sens a été présentée la semaine dernière par le ministre des Finances de l'Alberta au Sommet national sur le revenu de retraite tenu à Calgary, et certains des homologues du ministre croient aussi en cette stratégie.
Les entreprises canadiennes doivent pouvoir choisir les solutions d'épargne-retraite qui leur conviennent le mieux, en fonction de leur taille et des ressources dont elles disposent. Il ne faut pas oublier non plus que les besoins des Canadiens et des Canadiennes varient sensiblement pour ce qui est des revenus et de l'épargne-retraite. Nous recommandons au gouvernement fédéral ainsi qu'aux gouvernements provinciaux et territoriaux d'envisager une stratégie équilibrée et concurrentielle en matière d'épargne-retraite, de manière à offrir un plus grand nombre de possibilités aux entreprises et aux employés du secteur privé.
La plupart des petites et des moyennes entreprises n'ont pas les ressources nécessaires pour offrir un régime d'épargne-retraite. Cela veut dire que les modifications à apporter aux politiques et à la réglementation doivent surtout viser à améliorer les régimes de retraite à cotisations déterminées et les REER collectifs afin qu'ils deviennent moins coûteux et que les petites et les moyennes entreprises puissent y avoir accès plus facilement.
Dans quelques instants, Mme Reibel décrira plus en détail certaines des améliorations qui pourraient être apportées aux modalités encadrant à l'heure actuelle les régimes d'épargne-retraite d'employeurs afin qu'un plus grand nombre d'entreprises disposent des outils nécessaires pour aider leurs employés à économiser en vue de la retraite. Il importe que tous les gouvernements travaillent ensemble et qu'ils collaborent avec les fournisseurs du secteur privé pour aboutir à des résultats concrets. Les efforts en ce sens pourraient profiter aux millions de Canadiens et de Canadiennes qui n'ont pas d'économies pour leur retraite, ou si peu.
Sur ce, je laisse la parole à Mme Reibel.
Comme Shirley-Ann l'a mentionné, je suis responsable du Secteur de l'épargne-retraite collective à la Financière Manuvie. Chez Manuvie, nous offrons des solutions en matière de caisses de retraite et de régimes de prestations aux employés à plus de 20 000 entreprises et 3,5 millions de Canadiens et de Canadiennes. Nous appuyons des entreprises dont l'effectif varie entre 2 et 40 000 employés.
J'ai consacré beaucoup de temps au cours de la dernière année à discuter avec des propriétaires d'entreprises et leurs conseillers au sujet des programmes de retraite qu'ils offrent ou, dans certains cas, qu'ils ont choisi de ne pas offrir à leurs employés.
Pour les besoins de la discussion, nous devons parler de plusieurs objectifs que nous devons atteindre en apportant des changements à la réglementation et aux lois. Premièrement, nous devons encourager un plus grand nombre d'entreprises à offrir un régime de retraite en milieu de travail, et, deuxièmement, nous devons améliorer les taux de participation et les taux d'épargne parmi les employés là où l'employeur offre un tel régime.
Laissez-moi commencer par la question de l'amélioration de l'accès aux régimes de retraite d'employeurs. La plupart des Canadiens et des Canadiennes qui n'ont pas de régime de retraite en milieu de travail œuvrent dans des petites et des moyennes entreprises. Leurs employeurs jugent complexes et coûteuses les règles qui encadrent les régimes de retraite, et ils se tournent plutôt vers les REER collectifs, plus flexibles et plus faciles à administrer, lorsqu'ils choisissent d'offrir un régime de retraite.
Il y a plusieurs obstacles qui empêchent l'accès à de tels régimes. Ces obstacles peuvent être surmontés de deux façons: premièrement, en apportant des modifications à la réglementation s'appliquant aux régimes à cotisations déterminées dans onze administrations au Canada afin de simplifier les règles et de permettre l'accès aux régimes de retraite interentreprises; deuxièmement, en apportant des modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu visant à renforcer les REER collectifs pour leur donner des attributs qui les rapprocheraient davantage des régimes de retraite. En utilisant le cadre des REER, le gouvernement du Canada pourrait, de façon rapide et efficace, améliorer considérablement et à un coût minimal les régimes actuels, ainsi qu'encourager les entreprises qui n'offrent pas de régimes de retraite à le faire.
Les changements à apporter à la Loi de l'impôt sur le revenu comprendraient les suivants.
Premièrement, permettre les régimes interentreprises dans un cadre de REER collectif: cela réduirait les coûts relatifs à l'administration et à la vérification de la conformité, et permettrait la réalisation d'économies d'échelle.
Deuxièmement, bloquer les cotisations des employeurs: les dispositions législatives qui régissent actuellement les REER collectifs ne restreignent pas l'accès à l'épargne-retraite. Le fait que les travailleurs puissent avoir accès à ces fonds, notamment aux cotisations de l'employeur, rend peu attrayants les REER collectifs aux yeux de nombreux employeurs. Pour la même raison, les employeurs hésitent à verser des cotisations égales à celles des employés.
Troisièmement, limiter la transférabilité: aussi longtemps qu'ils travaillent pour l'employeur qui parraine le régime, les employés ne devraient pas pouvoir transférer leur avoir hors du régime. Lorsqu'un employé change d'employeur ou prend sa retraite, il devrait avoir la possibilité de transférer son REER collectif à celui du nouvel employeur, à un régime à cotisations déterminées ou à un autre régime d'épargne-retraite immobilisé.
Quatrièmement, et pour finir, appliquer aux cotisations et aux versements un traitement fiscal semblable à celui des régimes de retraite: contrairement aux cotisations de l'employeur à un régime de retraite, les montants versés par l'employeur à un REER collectif sont assujettis à l'assurance-emploi et au RPC. Les cotisations des employeurs à un REER collectif ne devraient pas être assujetties à l'une ou l'autre de ces charges sociales. Les montants versés par un régime de retraite peuvent être partagés entre les conjoints dès l'âge de 55 ans; le revenu tiré d'un REER ne peut quant à lui être partagé qu'à l'âge de 65 ans.
Une fois que des employés ont accès à un régime de retraite d'employeur, certaines modifications à la réglementation et aux lois pourraient contribuer à améliorer leur taux de participation et d'épargne. Premièrement, ce serait la participation automatique des employés au régime avec possibilité de retrait. Les employeurs devraient pouvoir inscrire à nouveau des employés au régime de retraite à intervalles fixes, afin d'y réintégrer des employés dont la situation personnelle a changé et qui ne veulent plus ou n'ont plus besoin de se retirer du régime. Deuxièmement, ce serait de permettre le rajustement automatique des cotisations des employés pour qu'elles soient haussées lorsque le salaire de l'employé augmente ou qu'il reçoit une promotion.
Nous croyons que toutes ces améliorations renforceront le cadre qui régit les régimes d'épargne-retraite d'employeur en offrant plus de possibilités aux entreprises.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
En effet, monsieur Hamilton, vous avez raison de ne pas dire « mon » entreprise, quand on parle de Mercer. Cela me fait penser à M. Wallace, quand il dit « mon » gouvernement. Je n'aime autant pas que ce soit à lui.
Des voix: Ah, ah!
M. Daniel Paillé: On dit, en effet, qu'on a de très bons systèmes de pensions. Quand on se compare, Monsieur Hamilton, vous dites être d'accord. Cela dit, il reste tout de même qu'il y a des gens comme chez Atlas, chez Nortel et comme 50 p. 100 de la population dans des entreprises privées qui n'ont pas de système de pensions. C'est bien de pouvoir dire qu'on a le meilleur système au monde, mais il reste qu'il ne faut pas se mettre la tête dans le sable et qu'il faut pouvoir l'améliorer.
J'aurais une question par rapport à ce que vous avez dit. En fait, j'appelle ça une légende urbaines concernant les financements. Plusieurs intervenants viennent ici pour nous dire que ce serait incroyable si les régimes de retraite des employés étaient une créance privilégiée en cas de faillite. Il disent que les entreprises ne pourraient plus se financer et que ce seraient des taux épouvantables.
Pour avoir joué là-dedans toute ma carrière avant de venir me reposer ici, j'affirme que c'est carrément faux. Je pense que faire des prêts, faire du financement et acheter des obligations d'entreprises ou des actions demandent une analyse de risque. Les investisseurs ne s'interdiraient jamais d'investir dans une bonne entreprise. Peut-être que cela aurait des résultats importants parce que ces gens feraient peut-être plus attention à des situations comme celle de Nortel et pourraient peut-être suivre l'entreprise de plus près que ce qu'on voit maintenant.
Considérant votre expérience en matière de financement, d'où tenez-vous que ça coûterait beaucoup plus cher et que, dans certains cas, ça serait impossible à financer? D'où tient-on ça? D'où part la rumeur urbaine?
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Merci, monsieur le président.
Madame Marin, avant d'aller plus loin, je comprends mal que vous exposez vos propres problèmes quand nous parlons des pensions. Nous avons proposé au gouvernement, dans un projet de loi que j'ai déposé, la possibilité de changement. Nous appuierons certainement le projet de loi libéral s'il est présenté à la Chambre des communes. Nous avons demandé au gouvernement de faire tout ce qu'il peut. En fait, l'achat de rentes de quelques centaines de millions de dollars, même si cela ne semble pas énorme, pourrait redresser la situation. Il existe donc diverses possibilités.
M. McCallum a parlé tout à l'heure d'un RPC complémentaire. Madame Reibel, j'aimerais vous poser une question à cet égard à vous — ou à quiconque voudrait répondre. Le NPD a fait une proposition semblable, mais plutôt qu'un RPC complémentaire, avec une nouvelle administration, il est question de faire croître l'actif principal qui sera géré par l'OIRPC. En ce moment, 4 ou 5 p. 100 de la cotisation au RPC est versé par l'employeur et 4 ou 5 p. 100 par les employés. Nous voulons accroître la cotisation de l'employeur de 2,5 p. 100 et, sur 40 ans, continuer à l'augmenter.
Nous examinons un cadre en vigueur. Nous avons la SV et le RPC. Nous réfléchissons au fait qui, je crois, était mentionné dans votre rapport; vous dites que 50 p. 100 des personnes n'ont pas de régime, alors que pour l'ensemble des travailleurs, environ 63 p. 100 n'ont aucune économie et aucune pension.
Je me questionne donc à ce sujet. S'il y a des hausses minimales pour tout le monde, il ne s'agit pas des personnes qui sont assez à l'aise financièrement pour investir eux-mêmes. J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
Je m'excuse. J'ajouterai que ce serait obligatoire. Pouvez-vous donc me donner votre avis sur la hausse des cotisations et de l'argent dans les coffres du RPC par rapport à un régime complémentaire qui entraîne des dépenses additionnelles.
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Ce n'est pas que c'est une idée ridicule. On a fait l'essai d'une assurance de ce genre en Ontario, et le gouvernement ontarien vient d'être obligé d'ajouter 500 millions de dollars. On en a fait l'essai aux États-Unis, et cela s'est avéré insolvable. Au Royaume-Uni, l'expérience est plus récente, et c'est en quelque sorte insolvable.
Le problème, c'est qu'on ne sait pas clairement s'il est possible d'assurer ce risque. Parce que le principal problème associé à ce genre d'assurance, c'est que, si on essaie de refiler la facture aux personnes dont les investissements présentent le plus grand risque, on constate que ce sont ces personnes qui ont le moins les moyens de payer; le problème est de taille quand il est prévu d'envoyer les grosses factures à l'organisation qui est le moins en mesure de les payer. Personne n'a encore réussi à faire en sorte que le régime d'assurance soit entièrement autosuffisant.
Cependant, je n'ai pas d'objection si les gouvernements nous disent, regardez, nous allons le faire, nous savons que nous allons perdre de l'argent et nous savons que, de temps en temps, le système deviendra insolvable et qu'il devra se renflouer; les contribuables devront le remettre à flot et nous pensons que c'est une bonne utilisation des fonds publics. C'est parfait. Mais le problème qui se pose est évident: parmi les contribuables, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas de pension, et on leur dit que de temps en temps leur argent va servir à renflouer les régimes de ceux qui en ont.
Si c'est ce que nous voulons faire, soyons transparents. La plupart des gouvernements jusqu'ici n'ont vraiment pas fait preuve de transparence. Ils disent qu'ils font cela, que c'est un système autosuffisant, et que le gouvernement n'aura pas à y verser d'argent. Mais quand surviennent les temps difficiles, le gouvernement doit payer.
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Permettez-moi de poser deux questions.
J'ai dit plus tôt que, comparativement à d'autres pays, notre régime fonctionne plutôt bien. Si vous croyez qu'il y a des pays qui n'ont pas connu de problèmes en 2008, des pays où les pensionnés s'en sont bien tirés, j'aimerais en avoir la liste parce que je n'en connais pas.
Il faut aussi comprendre de quoi on parle. Il y a le régime de pensions et le régime économique. En 2008, nous n'avons pas connu une crise des pensions; nous avons connu une crise économique. C'était une crise des marchés financiers. Tous les actifs ont diminué.
La majorité des régimes de pensions sont fondés sur des épargnes-retraite. Par épargnes-retraite, on entend qu'ils disposent d'importants bassins d'actifs. En 2008, plus le bassin d'actifs était important, plus les sommes d'argent perdues ont été considérables. Les gros régimes ont perdu de l'argent et les petits REER ont perdu de l'argent. Les seules personnes qui n'ont pas perdu d'argent sont celles qui ont investi tous leurs actifs dans des obligations du gouvernement.
Si on se demande ce que les gens doivent faire pour éviter de revivre la même situation qu'en 2008, la réponse est d'opter pour un régime de pensions fondé entièrement sur des obligations du gouvernement qui rapportent 4 p. 100. Le problème est que c'est une solution sécuritaire mais inabordable. Pour se payer un bon régime de pensions ayant un rendement de 4 p. 100, on doit débourser, comme le régime de la fonction publique fédérale, 34 p. 100.
La plupart des gens ne croient pas qu'ils peuvent se permettre de payer 34 p. 100 de leur salaire pour un régime de pensions. Il faut donc décider à un moment ou à un autre si on est prêt à prendre ce risque et à composer avec celui-ci, ou si on préfère l'éviter. Si, à l'instar de la majorité des régimes, on décide de prendre ce risque, on doit se résigner à ce que des problèmes surviennent en de rares occasions, comme ce fut le cas en 2008.
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Il faut bien comprendre le sens de cette statistique. Il ne s'agit pas du taux de remplacement pour une personne qui touche une rémunération moyenne au Canada. Il s'agit du taux de remplacement pour un travailleur du Canada qui touche une rémunération moyenne, mais qui ne cotise pas à un régime de pension d'employeur, et qui n'a jamais épargné un sou de sa vie. C'est, en gros, ce que ces personnes toucheront en fait de prestations gouvernementales. C'est ce qu'elles recevront au titre de la Sécurité de la vieillesse, du Régime de pensions du Canada et du Supplément de revenu garanti.
La comparaison dont nous parlons indique où le Canada se situe par rapport aux autres pays, si l'on examine exclusivement les régimes de pensions gouvernementaux, sans tenir compte de l'épargne personnelle ni des régimes de pensions d'employeurs. Vous n'avez pas tort: nous faisons très bonne figure dans le cas des personnes qui gagnent la moitié du salaire moyen. C'est dans cette tranche de revenu que le Canada est relativement fort. Nous avons un très bon filet de sécurité sociale pour les travailleurs à faible revenu. Si l'on parle du salaire moyen, nous sommes sous la moyenne des autres pays de l'OCDE, et dans le cas des personnes qui se situent dans les tranches de revenu les plus élevées, nos statistiques sont très basses par rapport à celles des autres pays de l'OCDE. Mais ces statistiques tiennent exclusivement compte des prestations gouvernementales.
Ce qui nous intéresse, maintenant, c'est le système de retraite global. Nous n'essayons pas de déterminer si les prestations gouvernementales sont adéquates. La question est la suivante: si l'on combine les régimes de retraite d'employeurs, les régimes de pensions gouvernementaux et l'épargne personnelle, où le Canada se situe-t-il par rapport aux autres pays, pour ce qui est du revenu des retraités?
À cet égard, il y a une statistique qui me semble révélatrice. Dans une de ses études, l'OCDE a examiné la question du revenu après impôt des personnes âgées du Canada, comparativement à celui des travailleurs canadiens, en procédant à un ajustement selon la taille de la famille pour tenir compte du fait que les familles ont besoin de plus d'argent, car elles doivent subvenir aux besoins d'un plus grand nombre de personnes grâce à leur revenu familial. Le ratio, pour le Canada, était de 90 p. 100, c'est-à-dire que le revenu après impôt des personnes âgées, ajusté en fonction de la taille de la famille, s'établissait à 90 p. 100 du revenu des travailleurs. Au sein des pays de l'OCDE, je crois que nous figurions au troisième rang, sur une vingtaine de pays. Donc, en examinant toutes les sources de revenu de retraite, notre système s'en tirait plutôt bien.
Encore une fois, je ne prétends pas que nous devons nous complaire dans un optimisme béat. Je ne dis pas que, parce que ça va bien aujourd'hui pour les personnes qui sont actuellement à la retraite, nous pouvons présumer que les choses iront bien dans 20 ans pour les gens qui ont actuellement 45 ans. Mais pour ce qui est de l'efficacité de notre système aujourd'hui, nous faisons assez bonne figure.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins d'être ici aujourd'hui. J'ai beaucoup apprécié le débat.
Récemment, j'ai lu dans l'édition d'avril de The Ambachtsheer Lette, un article dont le titre en français pourrait ressembler à « L'heure a sonné pour la réforme des régimes de pension: du débat aux décisions ». J'aimerais vous lire la traduction d'un extrait de cet article:
Nous avons eu la chance de participer activement à ce processus depuis le tout début en tant que contributaires, mais aussi comme observateurs. Nous exprimons ici nos plus récentes opinions sur chacun des trois principaux sujets énoncés ci-dessus, et sur la façon de les résoudre. Ce faisant, nous gardons à l'esprit le commentaire de Roger Martin, selon lequel de meilleures réponses devraient nous venir jusqu'à la toute fin du processus de conception.
J'aimerais ajouter à ce que vous avez dit, madame George. Vous avez commencé votre allocution en disant que cette audience comptait et que tout changement apporté aurait une incidence sur la vie des Canadiens pour les années à venir. Je crois que vous avez raison, et c'est pourquoi notre gouvernement conservateur a pris le temps de mener ce type de consultations, comme c'est le cas pour le présent comité, notre et notre , et nous voyons certainement ce qui se passe dans les provinces.
Vous avez également dit dans votre exposé que la Chambre de commerce du Canada était d'avis que, dans l'ensemble, le système actuel d'épargne-retraite du Canada était solide et que les législateurs et les responsables des politiques devaient mettre l'accent sur « les améliorations à apporter dans les domaines où il existe des lacunes plutôt que sur les changements en profondeur ».
Pourriez-vous récapituler rapidement ce que vous entendez quand vous parlez des domaines où il existe des lacunes? J'aimerais aussi savoir ce que vous pensez, en tant qu'organisation nationale, de la nécessité pour les responsables des politiques des gouvernements provinciaux et fédéral de travailler ensemble.
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Traditionnellement, si on cherche à sécuriser son investissement — surtout si on a fait des placements à risque —, la méthode privilégiée est de mettre de côté plus d'argent que ce dont on croit avoir besoin. Ainsi, si on en perd une partie, il nous en reste assez pour vivre.
Le problème des régimes à prestations déterminées, c'est que les employeurs ne veulent pas s'embarquer là-dedans. Ils se sont fait dire que s'ils mettent trop d'argent de côté et que la situation est au beau fixe, si les montants en surplus augmentent, rien ne garantit qu'ils pourront récupérer cet argent. C'est pour cette raison qu'on les pousse vers un régime en leur disant, d'une part, d'être extrêmement responsables et de s'assurer que les prestations sont assorties d'une garantie, et d'autre part, de ne pas trop mettre l'accent sur la garantie, car autrement, ils perdront de l'argent.
Naturellement, ils ont l'impression de se mettre sur la ligne de feu. S'ils n'ont pas assez d'argent de côté, les critiques pleuvent de toutes parts, car on les accuse de laisser leurs membres sans protection. À l'inverse, s'ils en ont trop, tout le monde s'attend à ce que le surplus soit redistribué aux membres.
C'est un problème. Et tant que le problème n'est pas réglé — bien des propositions ont été faites, mais on n'a vu aucune action en ce sens —, c'est difficile pour les employeurs d'instaurer la mesure qui permettrait tout naturellement d'assurer la sécurité des régimes de retraite.
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J'aimerais remercier nos invités d'aujourd'hui. Nous avons aujourd'hui une discussion des plus fructueuses au sujet des pensions.
J'aimerais aborder quelques sujets rapidement. Quelqu'un a dit tout à l'heure que nous étions aux prises avec une crise économique plutôt qu'une crise des pensions; toutefois, à la lumière des situations d'AbitibiBowater, de Fraser Papers et de Nortel — pour ne nommer que ceux-là —, les gens ont senti le besoin de prendre du recul et de se demander ce qu'ils pouvaient faire. Lorsque nous avons examiné la question, nous avons constaté que 300 000 Canadiens ont un revenu inférieur à 1 160 $ par mois, c'est-à-dire inférieur au seuil de pauvreté, car ils ne reçoivent que le SRG et les prestations de sécurité de la vieillesse. Il y a là un problème critique.
Aussi, vous m'avez entendu dire plusieurs fois que 63 p. 100 des Canadiens n'ont rien aujourd'hui et ne font rien. L'autre jour, un témoin nous a dit que les Canadiens sont plus endettés que jamais. En l'occurrence, il y a quelques facteurs en jeu.
Je ne cesse de revenir aux bases, c'est-à-dire à notre régime public de pensions. C'est pourquoi nous parlons d'élargir le RPC et de prévoir des dispositions obligatoires pour les personnes qui ont fait ces choix. Nous ne voulons rien enlever à ceux qui ont suffisamment d'argent pour en faire davantage, mais nous voulons essayer de faire en sorte... Bref, nous avons le choix de payer maintenant ou de payer plus tard.
Madame Marin, je vais dire quelque chose au gouvernement et je vous invite à écouter attentivement. Nortel avait 2,4 milliards de dollars en liquidités et environ 4 milliards de dollars, si je ne m'abuse, en éléments d'actif. Beaucoup de cet argent a été placé en fiducie aux États-Unis, ce qui pose un véritable problème. Je demanderais donc au gouvernement de chercher à obtenir, en vertu des dispositions de l'ALENA, des conditions équivalentes à celles offertes par ces fiducies et à assurer un suivi de cette question. Je pense que c'est envisageable et j'apprécierais vraiment que quelqu'un fasse cette démarche.
Monsieur Hamilton, vous vous apprêtiez à faire un commentaire il y a quelques minutes et vous avez été interrompu. Souhaitez-vous ajouter quelque chose?
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J'ai simplement une brève remarque à faire à ce sujet.
Évidemment, cela dépend toujours des périodes. Même si le Régime de pensions du Canada est présentement valide, il peut y avoir des problèmes dans 15 ou 20 ans. Quand tous les baby-boomers — il y en a beaucoup ici autour de la table — arrêteront de faire de la politique et prendront vraiment leur retraite, c'est à ce moment-là qu'il y aura un problème.
Tout à l'heure, madame Reibel, en ce qui concerne ce que disait notre collègue du NPD, vous avez indiqué qu'il était dangereux de faire des généralisations. Toutefois, on peut aussi tomber dans des généralisations situées à l'autre extrême, qui sont aussi particulières, quand on dit que les gens les plus pauvres au Canada sont généralement les mieux traités au monde. On ne peut tout de même pas évoquer cela comme une raison de ne pas tenter de trouver comment on pourrait accroître la capacité de l'État à offrir de meilleurs régimes de pension à sa population. Il y a encore énormément de choses à améliorer. Quand on considère les énormités comme celles décrites par les employés de Nortel, d'Atlas Steel, ou d'autres qu'on a rencontrés, on constate qu'il y a encore beaucoup de place pour des améliorations.
J'aimerais seulement qu'on soit prudent quant à l'évaluation des coûts. Bien sûr, on peut parler de 50 ou de 250 business points pour faire peur. Toutefois, il s'agit de la capacité de gestion et, parfois, il faut avoir confiance. On peut comparer la Régie des rentes du Québec au Régime de pensions du Canada. La petite décision prise au Québec dans les années 1960 de capitaliser entièrement le régime a donné d'énormes résultats jusqu'à maintenant par rapport à la situation du Canada. Bien sûr, il y a l'année 2008 — M. Hamilton l'a souligné — où les choses allaient assez mal. Toutefois, quand on examine un modèle de gestion de pensions, on n'examine pas seulement une année. Quant à ce que vous disiez tout à l'heure, à savoir qu'on a perdu 200 ou 300 milliards de dollars en 2008, il faut dire qu'on a regagné cet argent en 2009. Je pense qu'il faut être prudent à ce sujet.
Merci d'être venus nous rencontrer.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, merci à tous nos témoins.
Ils ont soulevé de nombreux points intéressants; c'était un excellent débat.
Madame George, j'ai retenu les commentaires de Perrin Beatty au sujet de la collaboration entre les gouvernements. En fait, dans votre exposé, vous avez également abordé ce sujet, celui de la collaboration entre tous les paliers gouvernementaux.
Certains membres de l'opposition croient qu'ils ont trouvé la recette miracle, qu'ils ont la solution, et ils nous disent constamment qu'ils ont déjà la conclusion qui va tout arranger. J'aimerais seulement soulever un point qui va vous intéresser. Le et moi-même nous sommes rendus dans cinq provinces récemment. Nous avons rencontré le ministre des Finances Wes Sheridan à l'Île-du-Prince-Édouard, ainsi que Kevin O'Brien à St. John's, Dwight Duncan à London, en Ontario, Ted Morton à Calgary et Rosann Wowchuck. Ils se sont tous assis aux côtés du ministre des Finances, ils ont pris des notes et écouté les gens, et nous ne croyons toujours pas posséder la solution exacte. Je serais donc intéressé d'entendre également ce que vos membres ont à dire, et nous en serions reconnaissants.
Mais il n'existe aucune recette miracle. Nous espérons qu'à la suite de ces discussions, vos membres pourront nous conseiller encore davantage à ce sujet. Ce n'était qu'une parenthèse, si je puis dire.