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Merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
J'ai plusieurs diapositives à vous présenter. Certains d'entre vous en connaissent peut-être déjà un peu le contenu, mais il est bon de revoir ensemble tout cela, et je vous ferai part ensuite de mes conclusions. Je vais essayer d'être aussi bref que possible.
J'aimerais aborder quatre sujets avec vous. Premièrement, y a-t-il, oui ou non, une crise des pensions? Deuxièmement, beaucoup d'analystes des pensions omettent d'inclure l'avoir propre foncier dans les épargnes. Troisièmement, quel devrait être l'âge minimal de la retraite? Et quatrièmement, il y a une absence d'égalité entre les secteurs public et privé.
J'aimerais préciser ici que je ne fais de la consultation auprès d'aucune organisation, directement ou indirectement, que ce soit des syndicats, des gouvernements ou des entreprises, et que je n'ai aucun investissement, direct ou indirect. Je suis professeur titularisé, donc je ne peux pas perdre mon emploi. Cela me permet de dire la vérité aux puissants. Je suis une espèce rare au Canada: j'ai un emploi à vie, comme les sénateurs et les autres professeurs titularisés.
Commençons par la première diapositive. Elle vient de l'OCDE, qui a fait une analyse comparative importante des régimes de pensions. La diapositive montre que les aînés canadiens, c'est-à-dire ceux qui ont plus de 65 ans, se classent au troisième rang des personnes âgées les plus riches au monde, selon le revenu annuel.
À la deuxième diapositive, nous voyons les taux de pauvreté parmi les aînés. Les 65 ans et plus viennent au deuxième rang des moins pauvres dans le monde. Chez les jeunes, les taux de pauvreté sont beaucoup plus élevés que chez nos aînés.
Une troisième diapositive comparative qu'il convient d'examiner attentivement est la diapositive de l'OCDE sur les dépenses au titre des retraites. Nous faisons partie des pays qui dépensent le moins à ce chapitre, et je considère cela comme une excellente nouvelle. L'Union européenne connaît énormément de problèmes, comme vous le savez, la Grèce étant devenue pratiquement insolvable. Et à l'origine d'un grand nombre de ces problèmes, on trouve des régimes de retraite extraordinairement généreux.
Je vais maintenant passer à la diapositive sur les propriétaires canadiens. Environ 68 p. 100 des Canadiens sont propriétaires d'un logement, ce qui est l'un des pourcentages les plus élevés au monde. Bon nombre d'études canadiennes sur les pensions — et je veux parler d'études menées par des chercheurs — ignorent ou nient la réalité de l'avoir propre foncier. Pourtant, le pourcentage des propriétaires fonciers est nettement supérieur à celui des détenteurs de REER. On peut en conclure que les Canadiens estiment qu'ils peuvent vivre dans leur logement jusqu'au moment où ils décident de le vendre pour prendre leur retraite ou pour acheter un logement plus petit, comme ils sont nombreux à le faire.
Voici maintenant un tableau de la Banque Scotia, « A Nation of Homeowners ». Les investissements que les Canadiens choisissent de faire montrent clairement qu'ils préfèrent la propriété d'un logement à l'épargne financière, y compris les pensions.
J'essaie de démonter l'argument selon lequel beaucoup de gens n'y connaissent rien aux pensions. Au contraire, je prétends qu'ils savent parfaitement qu'ils doivent faire des compromis, et ils préfèrent la propriété foncière aux pensions quand ils sont dans la vingtaine ou la trentaine, au début de leur carrière.
Les membres du comité ont tous ces chiffres, et je ne m'attarderai donc pas là-dessus. Mais ils montrent encore que la propriété est divisée en fonction de l'âge et de la dette. Au fur et à mesure que nous avançons en âge, nous remboursons notre hypothèque, notre avoir propre augmente et nous avons plus d'économies pour financer nos pensions, entre autres.
La valeur nette des ménages canadiens, après une récession brutale, est aujourd'hui de 6 billions de dollars, ce qui représente un volume d'épargne phénoménal. Ceux qui prétendent que nous n'épargnons pas suffisamment devraient nous dire combien, à leur avis, il en faudrait. C'est ce qu'indique cette diapositive sur la valeur nette des ménages canadiens, ainsi que le pourcentage que représente l'épargne personnelle.
Ces chiffres de Statistique Canada remontent à 2006. Sur la deuxième diapositive, on voit, encore une fois, que l'avoir propre le plus important n'est pas le fonds de pension, l'épargne ou le REER, mais bien la propriété foncière, ce qui démontre encore une fois la volonté des Canadiens d'acheter leur logement avant d'investir ailleurs.
Je sais que le temps passe très vite et par conséquent, je vais accélérer mon exposé.
C'est Bismarck, le chancelier allemand, qui a créé en 1870 le premier fonds de pension au monde. C'était un politicien très habile. Il avait fixé l'âge de la retraite à l'espérance de vie moyenne. Autrement dit, la plupart des gens mouraient à peu près au moment où ils étaient sur le point de toucher leur pension, c'est-à-dire à 65 ans. Bien entendu, étant donné que très peu de gens pouvaient toucher leur pension, le régime était très viable à l'époque de Bismarck.
Maintenant, évidemment, les femmes vivent jusqu'à 83 ans — selon les données de Statistique Canada — et les hommes, jusqu'à 78 ans. Nous devons commencer au moins à parler de porter l'âge minimum de la retraite à 70 ans de façon à tenir compte de l'espérance de vie beaucoup plus longue. Pourquoi 70? Eh bien, dans les pays de l'OCDE, plus précisément en Europe, plusieurs pays ont déjà porté cet âge à 67 ans. L'année dernière, le R.-U. l'a porté à 68 ans.
L'ancien directeur du bureau du budget du Congrès américain milite activement pour que l'âge de la retraite soit fixé à 70 ans, tout comme l'ancien directeur des Services relatifs aux billets, Pete Peterson, qui a d'ailleurs fait le vidéo I.O.U.S.A et qui est l'auteur de Gray Dawr. Selon l'analyse de l'OCDE, plusieurs pays ont augmenté l'âge de la retraite.
Pour terminer, comme il me reste encore quelques diapositives, j'aimerais vraiment parler de l'injustice qui existe en matière de pension. Je suis sûr que d'autres vous en parleront, comme la FCEI. Même si je travaille dans le secteur public — je suis professeur titularisé —, j'ai travaillé pendant 10 ans dans le secteur privé, dans les banques, et je compatis avec les travailleurs du secteur privé qui sont nombreux à ne pas avoir de pension du tout, alors que nous, dans le secteur public, nous avons des pensions très généreuses. J'estime que c'est injuste pour les travailleurs du secteur privé.
Il y a plusieurs choses qu'on pourrait faire. On pourrait imposer des limites annuelles sur les règles relatives à l'épargne-retraite, ainsi que des restrictions sur les pensions privées, larges et communes. il faudrait également examiner la question des liens entre l'épargne-retraite et l'emploi. Il faudrait avoir, comme objectif, un ensemble de règles sur les pensions à peu près semblables entre le secteur public et le secteur privé, avec un âge minimal de la retraite fixé à 70 ans pour les deux secteurs. Je sais qu'un grand nombre de mes collègues — parmi les professeurs et mes amis du secteur public — ne vont pas être ravis de cette recommandation. Par ailleurs, étant donné les problèmes qui se sont posés avec Nortel, votre comité devrait envisager de créer une société d'assurance-pension comme il en existe aux États-Unis, laquelle d'ailleurs fonctionne apparemment fort bien.
Pour terminer, j'aimerais vous faire remarquer que si votre comité et le Parlement décident d'augmenter les cotisations afin de distribuer des pensions beaucoup plus généreuses, cela signifiera que les Canadiens auront moins d'argent à consacrer à l'achat d'un logement. Il y a donc un compromis à faire. C'est bien beau de vouloir créer des régimes de pensions plus généreux ou des systèmes obligatoires, mais cela va se traduire par une diminution des sommes qui seront consacrées à l'achat d'un logement, et c'est une question qui doit être examinée de près.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Au nom du BMO Groupe financier, je suis heureuse de vous parler aujourd'hui de la sécurité des revenus de retraite des Canadiens.
Tout au long de ma carrière, je me suis occupée de planification financière dans bon nombre des domaines que votre comité examine actuellement. En qualité de planificateurs financiers, nous sommes constamment à l'écoute de nos clients, et nous avons donc une connaissance directe de leurs intentions. Je suis heureuse d'avoir l'occasion d'en parler avec vous cet après-midi.
En plus d'être directrice générale de la planification de la retraite chez BMO, je dirige le Centre info-retraite BMO, qui a été créé il y a deux ans. Ce centre est un groupe de recherches indépendant qui prépare des rapports et qui propose des stratégies financières aux personnes sur le point de prendre leur retraite ou déjà retraitées. Nous recevons l'appui du Conseil consultatif sur la retraite BMO, qui est présidé par quelqu'un que vous connaissez bien, l'ancien greffier du Conseil privé, Mel Cappe. Ce conseil est composé de personnes talentueuses, notamment l'une de vos collègues de la chambre haute, le sénateur Pamela Wallin.
Nos initiatives dans ce domaine — la création du centre, les rapports que nous publions, notre participation à des événements comme celui-ci — procèdent de notre volonté d'aider les Canadiens à prendre de meilleures décisions financières. Notre banque s'emploie aussi à accroître la littératie financière des Canadiens, car cela est indispensable si nous voulons qu'ils soient en mesure de bien investir leur argent.
Le BMO Groupe financier est fermement convaincu que les Canadiens doivent assumer la responsabilité de leur retraite. Cet exercice doit être délibéré et comprendre trois étapes fondamentales: déterminer le genre de retraite que le client veut avoir, planifier ses ressources financières dans cette optique, et enfin lui proposer des stratégies financières qui l'aideront à atteindre ses objectifs de retraite, et ce, en commençant le plus tôt possible. Cette approche permet de mettre en relief la nécessité d'épargner davantage et de faire des compromis, comme le disait mon collègue Ian Lee, entre le remboursement d'une hypothèque ou la contribution à un régime de retraite, et elle permet aussi d'envisager des options dont on parle aujourd'hui, notamment la nécessité de travailler plus longtemps, de dépenser moins ou de changer délibérément de mode de vie à la retraite.
À notre avis, les Canadiens n'épargnent pas assez pour leur retraite. Notre centre d'info-retraite a mené un certain nombre d'enquêtes dont j'aimerais vous présenter certains résultats.
Par exemple, en janvier dernier, une enquête a montré que seulement 34 p. 100 des Canadiens avaient un plan financier. C'était certes une nette amélioration par rapport à 2008, ou ce n'était le cas que de 27 p. 100 des Canadiens, mais nous estimons que c'est encore tout à fait insuffisant. C'est notamment pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui, pour voir avec vous si le système actuel des pensions est en crise et s'il faut le réformer.
Nous avons fait une autre enquête à la fin du mois de février, juste après la saison des REER, et seulement 38 p. 100 des Canadiens nous ont dit qu'ils avaient cotisé à un REER avant la date limite. Quand on leur a demandé pourquoi, nous n'avons pas été surpris d'entendre les deux tiers des répondants nous dire que c'était parce qu'ils n'avaient pas suffisamment d'argent. En fait, ils estimaient qu'il était important de contribuer à un REER, mais malheureusement, ils n'avaient pas l'argent pour le faire.
Nous avons également constaté au cours de nos recherches que les Canadiens d'aujourd'hui, contrairement à ceux de la génération de leurs parents, ne se souciaient guère d'avoir des dettes à la retraite. Ce n'est pourtant pas une bonne idée. Nous encourageons tous nos clients, et bien sûr tous les Canadiens, à faire tout ce qu'ils peuvent pour ne plus avoir de dettes au moment où ils prennent leur retraite.
Les résultats de nos recherches sont quelque peu inquiétants. À mon avis, ils sont certainement une source de préoccupation pour les baby-boomers qui sont sur le point de prendre leur retraite. En effet, ceux qui prennent leur retraite aujourd'hui vivent plus longtemps — bien au-delà de 65 ans — mais ils épargnent moins, et le fait qu'il y ait de moins en moins de régimes à prestations déterminées et de plus en plus de régimes à cotisations déterminées déplace le fardeau de la gestion de l'épargne-retraite des institutions vers les individus.
J'aimerais également parler de littératie financière car c'est un sujet d'inquiétude pour beaucoup de Canadiens aujourd'hui. Je crois que les deux vont de pair. À l'heure actuelle, la plupart des Canadiens n'ont ni régime à prestations définies ni régime à cotisations définies, mais je dois quand même signaler — et cela devrait intéresser nos amis de la FCEI — que des banques comme la nôtre offrent aux petits entrepreneurs des régimes de pension individuels, à prestations déterminées. Autrement dit, le secteur privé offre des solutions pour compenser l'absence de régimes à contributions déterminées ou à prestations déterminées.
Récemment, les chroniqueurs se sont intéressés davantage aux pensions du secteur public, mais j'aimerais aujourd'hui vous parler des quelques changements qui ont été apportés aux règles relatives aux REER et aux FRR, dans le but de donner aux Canadiens plus de contrôle sur leurs revenus de retraite. Je les ai présentés dans un article qui a paru dans la revue Options politiques, le mois dernier, et je vais vous en exposer quelques-uns aujourd'hui.
Premièrement, nous avons recommandé de supprimer la condition d'âge pour contribuer à un REER. Les Canadiens vivent plus longtemps, ils travaillent plus longtemps, et il est donc logique qu'ils puissent épargner davantage en contribuant à leur REER quelques années de plus, au lieu d'être obligés de s'arrêter à 71 ans. Nous en reparlerons tout à l'heure, si vous le voulez.
Nous recommandons également de réduire l'impôt sur les retraits d'un FERR. À l'heure actuelle, les retraits d'un FERR sont imposés comme des revenus d'emploi ordinaires, ce qui pourrait entraîner des taux d'imposition très élevés et faire disparaître le traitement fiscal préférentiel auquel les garanties sous-jacentes des régimes auraient donné lieu si les fonds avaient été investis ailleurs que dans un REER. Au lieu de cela, nous recommandons que seules les cotisations différées au régime qui proviennent du revenu d'emploi soient imposées en tant que tel et que les revenus de placement soient imposés à un taux inférieur représentatif du taux d'imposition qui se serait appliqué à ces fonds s'ils provenaient d'une source autre que ces régimes.
Nous recommandons également la réduction du taux prescrit qui s'applique aux retraits d'un FERR. À l'heure actuelle, dans le cas d'une personne âgée de 71 ans, le taux minimal applicable aux retraits d'un FERR est de 7,38 p. 100. Ce taux doit être réduit pour que la durée de vie des FERR soit égale à celle des Canadiens.
Nous estimons aussi que vous devriez élargir les possibilités de roulement du produit d'un REER ou d'un FERR au décès du cotisant du régime, de façon à ce qu'il puisse transférer le solde de son régime en franchise d'impôt à ses enfants qui ont un REER ou un FERR. Pourquoi ne pas permettre le roulement du produit d'un REER ou d'un FERR en franchise d'impôt à la génération suivante? Ce transfert permettrait aux enfants de tirer parti des économies que leurs parents ont investies dans un REER et présenterait un avantage immédiat pour certaines personnes au seuil de la retraite dont les parents sont encore en vie. À l'heure actuelle, seul le montant net après impôt est transféré à la génération suivante. La franchise d'impôt pourrait donner un bon coup de pouce aux personnes qui ont fait peu d'économies en prévision de leur retraite.
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Je vous remercie sincèrement de me donner l'occasion de venir vous parler aujourd'hui.
En ce qui concerne les pensions, les petites et les moyennes entreprises doivent relever des défis intéressants, dont certains ont été abordés par les témoins précédents. Comme nous ne savons pas encore quelle direction prendront nos discussions, j'ai pensé commencer mon exposé en vous parlant de quelques principes importants pour les petites et les moyennes entreprises, qui représentent près de la moitié de l'activité économique du Canada. De toute évidence, ces entreprises revêtent une très grande importance pour l'économie et l'emploi en général; habituellement, les petites entreprises font plus que leur juste part pour la création d'emplois.
Par exemple, il est intéressant de savoir qu'au cours de la dernière récession, le nombre global d'emplois au sein de la communauté des petites et des moyennes entreprises est resté stable. Il n'a pas chuté, parce que certaines entreprises éprouvaient des difficultés alors que d'autres étaient en plein essor. Elles ont assuré une certaine stabilité pendant cette période, ce qui a été salutaire. Elles sont manifestement un important pilier. Naturellement, j'ai un parti pris, mais je crois sincèrement que dans l'ensemble, elles revêtent une grande importance.
Certains principes... Jusqu'à maintenant, un certain nombre de propositions ont été avancées, par exemple doubler les cotisations au RPC ou, autrement dit, doubler les charges sociales, qui seraient obligatoires. Nous croyons que des solutions facultatives, auxquelles les gens pourraient décider d'adhérer ou non, seraient beaucoup mieux accueillies. Les charges sociales sont déjà élevées au Canada et les répercussions sur les petites entreprises sont disproportionnellement considérables. Il s'agit véritablement d'une taxe sur les emplois, et nous nous y opposons fortement.
Pensez aux travailleurs autonomes. Ils doivent verser au RPC à la fois les cotisations de l'employeur et celles de l'employé. Vous leur demanderiez de payer 20 p. 100, ce qui est beaucoup. Cet exemple vous montre que cette solution n'est pas très commode.
L'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes a proposé d'obliger les entreprises comptant 20 employés et plus à instaurer un régime. Là encore, nous ne sommes pas au courant des détails de cette proposition, mais nous ne sommes pas en faveur de ce type de mesure obligatoire.
Toutefois, nous sommes d'avis que le système pourrait être davantage souple de façon à ce que les frais de gestion que doivent assumer les petites et les moyennes entreprises pour offrir un régime à leurs employés soient inférieurs à ce qu'il en coûte de nos jours. À l'heure actuelle, ce sont les REER collectifs qui sont les plus accessibles pour les petites entreprises. D'après ce que nous savons, les frais de gestion associés aux REER collectifs ont tendance à être considérables; ce n'est donc pas la meilleure façon de faire.
Mais il existe des solutions — par exemple des régimes de retraite interentreprises — qui faciliteraient quelque peu la tâche aux petites entreprises — qui ne bénéficieront jamais grandement des économies d'échelle — et qui leur permettraient de se joindre à d'autres employeurs et ainsi de réduire leurs frais.
Comme Ian Lee l'a mentionné plus tôt, bien des études portent sur l'écart considérable et croissant qui sépare le secteur public du secteur privé en matière de pensions et de rémunération. Cet écart est présent dans tous les ordres de gouvernement, mais nous nous limiterons au gouvernement fédéral pour l'instant.
Si on tient compte des salaires, des pensions et des autres avantages à la fonction publique fédérale, l'écart actuel se situe au-dessus de 40 p. 100. C'est évidemment un chiffre imposant. Bien des gens ont suggéré qu'il suffisait que les cotisations des entreprises soient égales à celles du secteur public pour régler tous nos problèmes. Tout d'abord, si nous faisions cela, il ne resterait plus aucune entreprise parce qu'elles ne seraient tout simplement plus compétitives. Elles sont soumises à la concurrence du marché, ce qui n'est pas le cas des gouvernements. De plus, ces éléments ne sont pas tout à fait indissociables. Il y a probablement un éventail de raisons qui expliquent pourquoi les gens n'ont pas d'argent à investir dans un REER; il y a notamment le taux d'imposition élevé au Canada. Plus les gens doivent payer des impôts — entre autre pour payer une partie des pensions très généreuses et des nombreux avantages sociaux offerts par le secteur public —, moins les gens auront les moyens de mettre de l'argent de côté en prévision de leur retraite. Il faut donc davantage d'équité. Nous croyons fermement que ni les employés, ni les employeurs du secteur privé ne devraient avoir à verser un sou de plus à un régime de retraite obligatoire tant que nous n'aurons pas commencé à réduire les disparités qui existent entre le secteur public et le secteur privé.
Les entrepreneurs font eux aussi face à des défis particuliers pour ce qui est de leur retraite ou de leur succession — employez le terme que vous voulez. Il y a une foule de baby boomers qui travaillent dans des petites entreprises, comme c'est le cas dans tous les autres secteurs de l'économie. Ils envisagent de prendre leur retraite. Nous sommes très heureux que le gouvernement ait fait passer l'exonération cumulative des gains en capital de 500 000 $ à 750 000 $ il y a quelques années. D'autres mesures ont été prises. Mais il ne faut pas se limiter aux pensions; il faudrait peut-être aussi envisager d'autres mesures fiscales qui faciliteraient la vie aux entrepreneurs et qui leur permettraient de passer le flambeau et de vendre leur entreprise. C'est souvent du produit de cette vente que provient leur revenu de retraite.
J'en arrive à la première diapositive, qui s'appuie sur des données qui remontent à 2006. Nous menons en ce moment un autre sondage sur un éventail de questions connexes que nous terminerons d'ici la fin du mois. Nous arriverons donc à respecter l'échéance. Nous veillerons également à ce que l'information vous soit transmise. Je dirais que tout sera terminé dans 10 jours environ. Ces données ne datent pas d'hier, mais je crois qu'elles sont tout de même pertinentes.
En 2006, nous avons demandé à nos membres ce qui était le plus important à leurs yeux en ce qui concerne leur retraite. Résultat: en première place, nous retrouvons les épargnes et les actifs personnels, ensuite l'exonération cumulative des gains en capital — que nos membres considèrent manifestement aussi très importante —, puis le produit de la vente de l'entreprise — naturellement —, les REER — qui revêtent malgré tout une certaine importance —, les ristournes continues de la vente de l'entreprise, le RPC et ainsi de suite. C'est écrit là.
La diapositive suivante porte sur les types de régimes offerts en milieu de travail. Il y a beaucoup de facteurs qui empêchent les entreprises d'offrir des régimes à leurs employés. Je crois que c'est un aspect auquel nous devrions travailler; ici encore, vous êtes libres de consulter les données. Dans l'ensemble, la plupart des petites entreprises n'offrent pas de régimes de retraite; si c'est le cas, elles optent généralement pour des REER collectifs. La troisième diapositive montre que dans la plupart des petites entreprises, l'employé et l'employeur versent tous deux une cotisation égale à un REER collectif.
Sans surprise, si les propriétaires n'offrent pas de régime, c'est principalement parce que c'est trop cher. Un peu moins du tiers d'entre eux ont allégué que c'était trop compliqué et lourd à administrer, et environ le quart — une proportion assez considérable — ne voient aucun intérêt à offrir ce type d'avantages parce que leurs employés n'en veulent pas. Ils ne voient donc pas l'utilité d'un tel régime.
Quand on compare la portée des régimes de pension agréés du secteur privé et du secteur public, on constate que la situation est totalement différente. Plus de 80 p. 100 des gens du secteur public ont un régime de pension agréé — ce qui est énorme —, alors qu'au secteur privé, presque autant de gens n'en ont pas. En passant, ces données proviennent de Statistique Canada.
Il y a aussi l'âge de la retraite. Certains ont allégué qu'il fallait hausser l'âge de la retraite puisque notre espérance de vie est plus longue que celle de nos prédécesseurs — ce qui est une bonne chose —, mais les pensions sont effectivement sous pression. Sur cette diapositive, on peut constater que les travailleurs du secteur public prennent leur retraite beaucoup plus tôt que les autres membres de la population active.
Je sais que beaucoup de gens disent que les fonctionnaires financent leur pension. Eh bien, à l'heure actuelle, les fonctionnaires fédéraux versent seulement 32 ¢ par dollar, mais ce chiffre devrait passer à 38 ¢. Donc, environ les deux tiers de leur pension sont financés par les travailleurs du secteur privé qui, par ricochet, ne peuvent pas mettre cet argent de côté en prévision de leur propre retraite. Donc même s'ils contribuaient à part égale — 50-50 —, ce ne serait pas équitable.
En résumé, nous avons un système à deux niveaux — le secteur privé et le secteur public. Ce système cause des distorsions sur le marché du travail du fait que les petites entreprises perdent souvent leurs employés, qui se laissent tenter par le secteur public. Et bien entendu, le secteur public finance cette campagne de séduction par le biais des impôts, ce qui est quelque peu déloyal. Et il y a d'autres problèmes, par exemple le vieillissement de la population.
En conclusion, nous avons vraiment besoin de renseignements plus justes au sujet des responsabilités du secteur public. Nous sommes témoins des graves difficultés qu'éprouve la Grèce, qui viennent entre autres du fait que son secteur public est saturé et qu'il offre des avantages très attrayants. Ce n'est pas le seul problème de la Grèce, mais c'en est un de taille. Le Canada doit, pour sa part, prendre en main les problèmes qui le touchent; le gouvernement doit donc communiquer davantage l'information.
Merci beaucoup.
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Oui. Merci, monsieur le président, et merci beaucoup de nous avoir invités de nouveau devant ce comité.
Je m'appelle John Farrell, directeur général, Employeurs des transports et communications de régie fédérale, connu aussi sous le nom de ETeur FinaCOF. M. Ian Markham, chef canadien de l'innovation en matière de retraite pour Towers Perrin, et Mme Marlene Puffer, directrice générale de Twist Financial, m'accompagnent en tant que conseillers pour l'ETCOF. M. Markham est un actuaire de renom au Canada, et Mme Puffer est titulaire d'un Ph. D. en finances et en statistique appliquée et une experte en investissements à revenu fixe et en placements de fonds de retraite.
L'ETCOF est un organisme regroupant des grandes entreprises et associations du secteur des transports et des communications sous compétence fédérale. Une liste de nos membres fait l'objet de l'annexe A. Les entreprises membres de l'ETCOF emploient environ 586 000 personnes. La majorité d'entre elles gèrent des régimes de retraite à prestations déterminées et certaines offrent également des régimes de retraite à cotisations déterminées.
Le printemps dernier, nous nous sommes présentés devant le présent comité pour parler de nos recommandations visant à renforcer la protection des prestations de retraite de nos employés actifs et retraités sans restreindre indûment la flexibilité financière des promoteurs des régimes qui leur permet d'investir convenablement dans leur entreprise. Puis, en octobre dernier, le gouvernement a annoncé son intention d'apporter des modifications précises à la Loi sur les normes de prestation de pension et aux règlements connexes.
Ces modifications se veulent un ensemble de mesures équilibré découlant de vastes consultations auprès des Canadiens. Les modifications proposées fourniront une protection supplémentaire aux participants de régimes de retraite. Elles comprennent notamment ce qui suit: la capitalisation intégrale du déficit de solvabilité à la cessation du régime; le dépôt annuel des évaluations actuarielles; des restrictions sur les suspensions de cotisations; une interdiction de modifier les régimes dont le financement de solvabilité est inférieur à 85 p. 100; une augmentation de la limite actuelle de « surplus excédentaires » relative aux cotisations de l'employeur, celle-ci passant de 10 à 25 p. 100; une communication accrue de l'état financier du régime à tous les participants.
Les modifications proposées aux règles de financement, y compris le droit d'avoir recours aux lettres de crédit, atténueront, dans une certaine mesure, la volatilité actuelle des exigences de cotisation des employeurs aux régimes de retraite à prestations déterminées.
Les membres de l'ETCOF appuient cet ensemble équilibré et les modifications à la Loi sur les normes de prestations de pension et aux règlements afférents. Nous aimerions souligner l'importance des propositions avancées et de leur mise en oeuvre en temps opportun.
La nécessité de modifier de façon permanente les règles de financement des régimes de retraite est évidente. À deux reprises au cours des quatre dernières années, le gouvernement a instauré des mesures temporaires d'allégement de la capitalisation du déficit de solvabilité afin de pallier la nature onéreuse et volatile des exigences en la matière. Le rendement des obligations à long terme du gouvernement, sur laquelle s'appuie le passif de solvabilité, reste à des niveaux faibles presque record. Les marchés financiers demeurent instables. Les promoteurs de régimes de retraite à prestations déterminées continuent d'être accablés par des obligations de capitalisation coûteuses et volatiles du déficit de solvabilité.
Le projet de loi , déposé récemment à la Chambre des communes, contient les modifications proposées à la Loi sur les normes de prestation de pension. Toutefois, la majorité des détails se retrouveront dans les règlements, qui n'ont pas encore été publiés. Nous incitons le Parlement du Canada à adopter les modifications proposées à la Loi sur les normes de prestation de pension et demandons au gouvernement de publier les règlements habilitants avant le 30 juin 2010, date limite pour le dépôt des évaluations actuarielles pour 2009.
J'aimerais maintenant parler de la question du statut des créanciers en cas de faillite. Je sais que le comité étudie le statut des créanciers des régimes de retraite moins qu'entièrement financés dans le cas où un promoteur déclare faillite. Nous voudrions lui offrir les commentaires de l'ETCOF à ce propos.
Nous comprenons l'intention de la politique de vouloir fournir une protection accrue aux bénéficiaires des régimes de retraite advenant le cas où un promoteur déclarait faillite. Les ramifications financières négatives, quoique non intentionnelles, d'une telle protection pourraient toutefois s'avérer importantes.
Une loi accordant un statut de créancier privilégié dans le cadre de déficits de régimes de retraite aurait un impact négatif sur les créanciers existants, y compris sur les détenteurs d'obligations, ainsi que sur les promoteurs qui dépendent des marchés financiers pour financer leur régime. Elle augmenterait les coûts de financement des promoteurs, réduirait pour eux la disponibilité du crédit et diminuerait la valeur de leurs obligations existantes. Pour les promoteurs plus fragiles, cette loi limiterait l'accès au crédit de tout genre et pourrait même les pousser au pied du mur vers la faillite.
De même, l'octroi d'un statut de créancier privilégié aux régimes de retraite occasionnerait des dommages collatéraux tout aussi importants à d'innombrables Canadiens. La réduction de la valeur des obligations des promoteurs des régimes de retraite éroderait les épargnes de retraite de milliers de personnes âgées pour qui les obligations forment une grande part de leur portefeuille.
Aussi, les épargnes de retraite de la plupart des Canadiens, qu'il s'agisse de REER, de régimes à cotisations déterminées ou d'autres véhicules, subissent l'influence des obligations des entreprises. Leurs épargnes de retraite seraient également affectées si un statut de créancier privilégié était accordé aux régimes de retraite à prestations déterminées. De plus, cette situation fait ressortir les iniquités entre les Canadiens qui participent à un régime de retraite à prestations déterminées et ceux qui participent à d'autres types de régimes de retraite qui ne peuvent pas, par leur nature, bénéficier du statut de créancier privilégié en cas de perte de valeur.
Le statut de créancier privilégié désavantagerait les entreprises qui offrent un régime de retraite à prestations déterminées par rapport à celles qui n'en offrent pas ou à celles qui se trouvent dans un pays où un tel statut ne peut être accordé, par exemple aux États-Unis, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une loi de cette sorte finirait par éloigner plus rapidement le secteur privé des régimes de retraite à prestations déterminées.
Au moment d'étudier la protection des prestations de retraite des participants aux régimes, il est crucial que les législateurs ne perdent pas de vue le fait que le fondement sous-jacent sur lequel doit s'appuyer la protection des prestations reste la solidité financière du promoteur. Les entreprises doivent continuer d'investir si elles veulent rester compétitives et accroître leur productivité, à défaut de quoi elles s'affaibliront et pourraient même se voir forcées de fermer boutique. Ce scénario risque de se produire plus rapidement qu'on ne le pense si les entreprises continuent d'être accablées de coûts marginaux, y compris de coûts associés au statut de créancier privilégié appliqué aux déficits des régimes de retraite.
Maintenant, j'aimerais revenir sur le système de revenu de retraite au Canada.
L'ETCOF appuie les vastes consultations qui se déroulent actuellement au Canada afin d'assurer la solidité continue du système canadien de revenu de retraite. Au coeur de ces consultations se trouve la question de la protection des prestations de retraite des Canadiens. Le rapport du professeur Jack Mintz, publié en décembre 2009, dit et je cite:
L'OCDE est d'avis que le système canadien de revenu de retraite fonctionne extrêmement bien d'après les normes internationales; les trois piliers permettent aux Canadiens d'épargner suffisamment pour maintenir un niveau de vie adéquat à la retraite.
L'ETCOF croit que les éléments obligatoires existants de notre système d'épargne retraite actuelle constituent, en gros, un cadre minimum suffisant. De plus, nous croyons que la diversité de ses composantes réduit les risques et contribue de façon positive à la sécurité du revenu à la retraite.
Il est généralement reconnu que les programmes de sécurité sociale actuels du Canada offrent des revenus de base suffisants à la retraite pour les personnes à faible revenu. Si le gouvernement en venait à vouloir améliorer le système actuel pour les Canadiens à revenu moyen, nous nous opposons à une expansion obligatoire du Régime de pensions du Canada. Les employeurs doivent pouvoir disposer d'un éventail d'options qui conviennent à leur niveau de tolérance.
Enfin, la modernisation des normes de prestations de pensions en vue d'appuyer la viabilité des régimes de retraite à prestations déterminées est cruciale au maintien d'un revenu de retraite adéquat pour de nombreux Canadiens. Cette modernisation permettrait aux promoteurs de régimes de retraite de continuer de gérer les risques inhérents à leurs régimes et, par le fait même, de maintenir la viabilité de ces régimes pour leurs employés actuels et futurs au Canada.
Monsieur le président, je vous remercie beaucoup de m'avoir donné la chance de m'exprimer. Je vais me tourner vers mes conseillers si vous avez des questions techniques dont vous aimeriez discuter.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à participer aux travaux du Comité permanent des finances sur la sécurité du revenu de retraite des Canadiens.
Le Bureau du surintendant des institutions financières, le BSIF, est le principal organisme de réglementation des banques, des sociétés d'assurance et des régimes de retraite privés de compétence fédérale. Les régimes de retraire fédéraux comptent pour près de 7 p. 100 de l'ensemble des régimes privés au Canada et pour environ 12 p. 100 du total des actifs des régimes de retraite. La majorité des régimes de retraite privés du Canada sont réglementés par les provinces.
Aujourd'hui, je vais faire le point sur le contexte actuel des pensions dans la perspective du BSIF et aborder brièvement certains outils dont nous disposons pour suivre l'évolution des régimes de retraite fédéraux.
[Traduction]
Vous savez probablement tous que les régimes de retraite ont été sérieusement touchés par les perturbations économiques et financières des dernières années. L'actif des régimes a souffert de la contraction des marchés boursiers qui s'est amorcée à l'automne 2008, tandis que leur passif s'est accru en raison du niveau très faible et en baisse des taux d'intérêt à long terme. Au même moment, le ralentissement de l'économie a fait en sorte que nombre de répondants n'étaient guère en mesure de capitaliser davantage leurs régimes.
Même si l'économie montre des signes de reprise, la situation des régimes de retraite privée restera difficile. Malheureusement, le rendement élevé des placements des régimes en 2009 a été tempéré dans une certaine mesure par les effets des taux d'intérêt très faibles sur le passif de solvabilité des régimes.
Les résultats des tests de solvabilité obtenus par le BSIF en sont probablement la meilleure illustration. Le ratio de solvabilité d'un régime de retraite représente le rapport entre les actifs et les passifs de ce régime. Les évaluations de solvabilité font appel à des calculs actuariels et à des hypothèses en supposant qu'il est mis fin au régime et que les actifs sont utilisés pour verser les prestations promises. Elles donnent une idée approximative du montant que recevraient les participants en cas de cessation du régime à la date d'évaluation.
Le BSIF estime les ratios de solvabilité des régimes de retraites fédéraux tous les six mois afin d'avoir une idée de la situation financière des régimes à prestations déterminées qu'il réglemente. Nous suivons l'évolution du ratio moyen au fil du temps, de même que la proportion des régimes nettement sous-capitalisés.
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Il y a deux ans, nous avons indiqué que le ratio de solvabilité moyen estimatif des régimes fédéraux s'établissait à 1,05 en décembre 2007. Autrement dit, l'excédent des actifs des régimes sur leurs passifs était de 5 p. 100 en moyenne. Un an plus tard, à la fin de 2008, le ratio avait baissé à 0,85, ce qui signifie qu'en cas de cessation, la valeur marchande des actifs des régimes n'aurait permis de couvrir, en moyenne, que 85 p. 100 des prestations promises — soit une baisse considérable entre 2007 et 2008. Selon nos plus récentes estimations, le ratio moyen s'est légèrement redressé pour s'établir à 0,9 en décembre 2009.
L'un des indicateurs qui a pris du mieux de façon marquée est celui de la proportion de régimes nettement sous-capitalisés. Selon nos estimations, à la fin de 2009, à peine 15 p. 100 des régimes de retraite fédéraux affichaient un ratio de solvabilité inférieur à 0,80 contre 40 p. 100 à la fin de 2008.
Le ratio de solvabilité déclaré d'un régime influe directement sur les cotisations que le répondant doit verser conformément à la réglementation fédérale sur la capitalisation des régimes de retraite, laquelle n'exige pas que le régime de prestations déterminées soit entièrement capitalisé en tout temps. En revanche, lorsque le ratio des actifs aux passifs est inférieur à 1, le répondant doit verser des paiements spéciaux afin de combler le déficit. Les provinces et de nombreuses autres instances appliquent des règles semblables. Par conséquent, même si les plus récents tests de solvabilité font état d'une tendance vers l'amélioration, de nombreux répondants devront quand même verser des paiements spéciaux élevés, ce qui pourrait entraîner des difficultés pour certains régimes.
En estimant les ratios de solvabilité, le BSIF cherche avant tout à déceler rapidement les problèmes et les défis afin de pouvoir prendre, de concert avec les régimes, des mesures pour protéger les prestations des participants lorsque nous croyons qu'elles sont menacées.
Les tests de solvabilité sont un volet important de la surveillance plus étroite des régimes de retraite par le BSIF. Nous utilisons les résultats de ces tests pour recenser les régimes sous capitalisés et pour déterminer si les répondants de ces régimes prennent les mesures qui s'imposent afin de corriger la situation. Au besoin, le BSIF intervient de différentes façons, qu'il s'agisse d'encourager les répondants à mettre fin à une exonération de cotisations, d'exiger que les participants soient mieux informés ou de demander des rapports d'évaluation anticipés.
En accord avec la manière dont il surveille les institutions financières fédérales, le BSIF applique une approche de surveillance fondée sur les risques aux régimes de retraite et adapte ses activités au profil de risque de ces derniers. Au cours des deux dernières années, nous avons recensé les régimes les plus touchés par les conditions du marché, et nous avons pris des mesures afin de protéger les droits et les intérêts des participants et des autres bénéficiaires.
Même si les organismes de réglementation comme le BSIF ont un rôle à jouer, la législation fédérale prévoit que ce sont les administrateurs et les répondants des régimes qui doivent avant tout relever les défis auxquels ces derniers sont confrontés à l'heure actuelle. La gouvernance efficace des régimes est donc déterminante pour le contrôle des risques. C'est ainsi que la surveillance exercée par le BSIF consiste notamment à évaluer la qualité de la gouvernance des régimes de retraite.
Le BSIF rappelle périodiquement aux administrateurs de se préparer à composer avec des chocs ou des événements défavorables potentiels, et à utiliser couramment la simulation de crise ou l'essai de scénarios pour gérer les risques. À notre avis, l'essai périodique de scénarios aidera les administrateurs de régimes à comprendre les risques qui pèsent sur eux, et à s'y préparer.
Compte tenu du contexte économique actuel et de son impact sur la santé des régimes de retraite des Canadiennes et des Canadiens, il importe plus que jamais que les gouvernements, les organismes de réglementation et les administrateurs des régimes de retraite travaillent de concert pour relever les défis auxquels les régimes de retraite privés sont actuellement confrontés.
[Français]
Je vous remercie. Il me fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.
Dès qu'on va plus loin, les défis deviennent évidents.
Monsieur Lee, nous entendons beaucoup parler des gens qui veulent que la situation se règle rapidement. Ils ont une solution magique, et ils veulent que nous l'utilisions aujourd'hui. Je pense que c'est un élément qui préoccupe bon nombre des ministres provinciaux, bien qu'ils ne soient pas tous ministres des Finances; certains d'entre eux sont en fait ministres responsables des pensions.
À la fin de la séance qui a eu lieu à Whitehorse, six provinces ont dit qu'elles allaient amorcer des consultations. Nous avons fait l'objet de critiques à l'échelon fédéral pour avoir en fait écouté les Canadiens, et je pense qu'on nous a montré clairement, notamment aujourd'hui, que nous devons le faire.
Ted Morton est notre nouveau ministre des Finances en Alberta, et je vais vous dire ce qu'il a dit. Il a plaidé en faveur d'une démarche graduelle. Il propose de s'éloigner de la position précédente de l'Alberta, qui était de procéder d'urgence à une réforme des pensions et de considérer le supplément facultatif au Régime de pensions du Canada comme la meilleure solution. M. Morton a par ailleurs rejeté la proposition d'élargir de façon obligatoire le Régime de pensions du Canada pour aider les personnes à la retraite à joindre les deux bouts. Selon lui, le fait d'élargir le RPC ne ferait qu'aggraver les problèmes du système actuel et refiler aux jeunes le lourd fardeau de subvenir aux besoins d'un nombre croissant de personnes âgées. Quand il a dit cela, le ministre des Finances de l'Ontario, Dwight Duncan, a dit qu'il avait toujours conseillé vivement d'adopter une approche prudente pour réformer les pensions, et voilà que l'Alberta tient le même langage.
Pensez-vous qu'une telle démarche soit prudente? Comme l'a dit le ministre des Finances, il faut éviter de nuire au système. Nous avons un bon système.
Je suis le socialiste enragé qui a proposé le projet de loi concernant le statut privilégié, alors j'ai décidé d'aborder le sujet dès maintenant.
J'aimerais poser une question, mais sentez-vous bien à l'aise de ne pas y répondre. Y a-t-il quelqu'un parmi les spécialistes que nous recevons aujourd'hui qui gagne moins de 50 000 $ par année?
La raison pour laquelle je pose cette question, c'est que nous sommes réunis ici pour parler de la sécurité du revenu de retraite. Un quart de million de Canadiens vivent aujourd'hui sous le seuil de la pauvreté. Je me suis rendu dans 24 collectivités — et Ted Menzies a entendu beaucoup d'histoires semblables aussi — où des femmes mangent de la nourriture pour chat pour avoir des protéines. Je ne cherche pas à dénigrer qui que ce soit, et j'ai beaucoup de respect pour les personnes qui viennent nous faire part de leur expertise, mais je veux mettre les choses en contexte.
Madame Di Vito, je suis d'accord avec vous sur quelques points. Les gens achètent leurs maisons pour y vivre. Si cela se passait comme M. Lee l'a décrit, beaucoup moins de gens se pointeraient dans mon bureau le coeur brisé pour me demander ce qu'ils peuvent faire pour garder leurs maisons, parce qu'ils veulent vraiment la garder.
L'un des éléments importants que vous avez soulevés, c'est le concept du revenu reporté. L'argent que les gens versent dans des régimes de retraite, c'est leurs salaires qu'ils mettent de côté. On en parle maintenant comme s'il s'agissait des actifs d'une entreprise. Eh bien, bon sang, il s'agit de leur argent.
Je suis désolé, je ne devrais pas m'emporter ainsi.
Madame Swift, vous allez être étonnée d'apprendre que je suis d'accord avec vous aussi sur le fait que l'économie canadienne repose sur les petites et moyennes entreprises. Je ne m'obstine pas avec vous là-dessus. Mais quand vous parlez du RPC, vous dites que les cotisations doubleraient. Dans la proposition de mon parti — et je ne sais pas laquelle vous avez examinée — les cotisations sont aujourd'hui de 4 ou 5 p. 100 pour l'employeur et l'employé, et nous parlons d'ajouter à chacun 2,5 p. 100, ce qui porte le total à 14 p. 100; j'essaie simplement de préciser.
C'est une de ces journées où je prends beaucoup de notes parce que l'information que vous nous fournissez m'intéresse vraiment.
Mme Puffer a parlé du fait de ne pas avoir de données sur ce que pourrait entraîner le statut privilégié. Saviez-vous que le gouvernement australien a publié cette semaine un rapport selon lequel les incidences sur les coûts d'investissement là-bas sont négligeables? Ce rapport a été publié mardi; cela vaudrait peut-être la peine d'y jeter un coup d'oeil. Quand nous avons commencé à nous intéresser nous-mêmes à la question, nous avons réalisé qu'il y avait très peu d'études dans ce domaine sur lesquelles nous pouvions nous fonder. C'est la raison pour laquelle nous attachons de l'importance à votre participation aujourd'hui.
Revenons maintenant à Mme Swift. Robert Brown, un ancien dirigeant de Price Waterhouse, s'est récemment prononcé en faveur d'un élargissement du RPC. Il a parlé d'une augmentation de 35 p. 100. Il va sans dire que cette idée ne me convient pas, mais j'essaie de trouver des solutions concrètes à cette question, comme tout le monde j'imagine. Nous avons le système public. Nous avons le système privé. Les gens sont capables de faire certains investissements. Mais comme je l'ai dit, 63 p. 100 des Canadiens n'ont pas la capacité d'épargner pour la retraite. Alors si on revenait au système public, pour établir un plancher garanti qui donnerait aux gens un peu de dignité, même des gens provenant du milieu des affaires qui n'y arrivent pas, jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour élargir le RPC?
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C'est exactement la raison pour laquelle nous effectuons l'étude dont nous avons parlé aujourd'hui, parce que nous savons aussi — et cela figurait dans les données que nous vous avons présentées — que le RPC est un programme important aux yeux de nos membres. D'ailleurs, nous avons travaillé avec Paul Martin dans les années 1990 pour informer nos membres. Les questions relatives à la retraite sont complexes. Je suis certaine que vous avez tous pu vous en rendre compte récemment, et vous devez vous familiariser avec le sujet.
Nous allons vous tenir informés. Une fois de plus, il n'y a pas de solution magique. Je ne pense pas que le RPC soit une solution magique, pas plus que toutes les options dont nous discutons. À mon avis, il faut combiner plusieurs éléments. Je souscris certainement à la notion d'agir avec prudence. N'oublions pas la crise qui a touché le RPC dans les années 1990. Cette crise était attribuable à de nombreux facteurs, notamment au fait que le gouvernement de Pierre Trudeau avait augmenté les prestations dans les années 1970. À l'époque, il y avait beaucoup de baby-boomers, dont moi, et il y avait beaucoup plus de gens qui payaient des cotisations que de gens qui tiraient des prestations; il a donc fallu 25 ans pour que le RPC connaisse une situation de crise. Il y avait aussi d'autres facteurs, comme les provinces qui contractaient des prêts à risque, etc. La bonne nouvelle, c'est que nous avons plutôt bien réussi à remettre le RPC en bon état.
Ce dont il faut se méfier, c'est qu'il arrive souvent que ces problèmes liés aux régimes de retraite ne surgissent que des décennies plus tard, et c'est ce qui est effrayant. Dans 30 ans, quand nous serons probablement décédés, il est possible que la situation soit tout à fait à l'opposé. Il faut en tenir compte.
Il est difficile de penser à long terme en politique, mais c'est vraiment ce que nous recommandons dans ce cas-ci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais continuer à parler du sujet qui a été souligné par ma collègue libérale. J'ai été surpris un peu plus tôt, monsieur Farrell, lorsque vous vous êtes opposé, lors de votre présentation, à ce que les régimes de retraite soient considérés comme créanciers privilégiés à la fin ou lors d'une faillite, surtout que vous ne proposez pas de solution de rechange. Vous vous opposez facilement à cette obligation, à cette avenue qui pourrait être abordée. On en discute beaucoup à l'heure actuelle. Sans être socialistes, comme disait mon voisin, on est très préoccupés par la protection minimale à accorder à la population. On parle d'améliorer la protection de l'ensemble de la population, mais je pense qu'on doit au moins respecter un minimum quand les gens ont travaillé toute leur vie dans une entreprise, qu'ils ont sacrifié une partie de leur salaire pour accumuler une retraite confortable et que, à la fin, ils se retrouvent devant rien. Je pense qu'on ne peut pas, comme responsable d'entreprise, dire que ce n'est pas important parce que cela nous aurait coûté trop cher. Je me demande si vous avez au moins une solution de rechange pour protéger la population.
Au Québec, une loi a été adoptée l'année dernière. Elle fait en sorte que lors de la faillite d'une entreprise, le Régime de rentes du Québec — l'équivalent du Régime de pensions du Canada — prend la relève du régime de retraite de la compagnie qui a fait faillite. C'est une solution qui pourrait être suggérée. Dans ce cas, je vous le suggère, parce que vous n'apportez aucune solution de rechange pour protéger les travailleurs qui se retrouvent devant rien. Qu'avez-vous à dire pour votre défense?
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Merci beaucoup, monsieur le président et merci chacun d'entre vous d'être ici et des exposés que vous avez faits aujourd'hui.
Mes commentaires et la question qui suivra s'adressent à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la FCEI.
Nous avons entendu à maintes reprises des propositions qui permettraient de doubler ou d'accroître grandement le montant des prestations du RPC. Toutefois, je n'ai pas entendu beaucoup parler des coûts que les petites et moyennes entreprises auraient à assumer à la suite d'une telle décision jusqu'à ce que vous abordiez le sujet dans votre exposé aujourd'hui. Je remarque que vous avez parlé de certains dangers, de même que de garanties de protection nationales, applicables aux fonds d'assurance pour les pensions. J'aimerais avoir votre point de vue sur ce sujet.
Toutefois, avant d'aborder ce sujet, j'aimerais vous faire part d'un échange qui s'est déroulé dans le cadre des délibérations du Comité permanent de la condition féminine entre mon collègue, M. McCallum, et M. Edward Whitehouse, de l'OCDE. Voici ce qu'a dit M. McCallum:
Ma dernière question se rattache à l'assurance-pensions. Je crois qu'on a dit qu'il y avait à ce chapitre un déficit en Ontario, au Royaume-Uni et aux États-Unis, et c'est un problème. Nombre de gens font valoir qu'il y a un danger moral lié à l'assurance-pensions.
Premièrement, partagez-vous cet avis? Deuxièmement, peut-on relever dans les pays de l'OCDE des exemples de régimes d'assurance-pensions qui fonctionnent bien?
Ce à quoi a répondu M. Whitehouse, chef de l'analyse des politiques de pension, Division des politiques sociales, à l'Organisation de coopération et de développement économiques:
Aux États-Unis, on a établi la Pension Benefit Guaranty Corporation au milieu des années 1970... Beaucoup d'économistes de renom ont écrit au sujet de la PBGC et, pour autant que je sache, ce fonds d'assurance affichait essentiellement un très important déficit dès le premier jour. À vrai dire, il a servi à verser d'importantes subventions aux transporteurs aériens, aux aciéries et aux constructeurs d'automobiles durant les années qui ont suivi.
Il a poursuivi en disant:
Au Royaume-Uni, lorsqu'on a mis au point le fonds de protection des pensions, on a tenté de mettre à profit certaines des leçons tirées des erreurs de la PBGC aux États-Unis.
J'ai bien peur qu'il n'y ait pas, à mon avis, un bon exemple de fonds d'assurance qui a fonctionné à l'étranger. En principe — je ne fais allusion à aucun de ces fonds en pratique, mais, en principe —, ils risquent de finir par ressembler à un trou noir. Ils peuvent aspirer beaucoup d'argent très rapidement.
J'ai aussi relevé dans une lettre datée du 16 décembre à l'intention des ministres des Finances fédéral, provinciaux et territoriaux que vous aviez recommandé ce qui suit:
Les membres de la FCEI rejettent de façon nettement majoritaire la notion selon laquelle le gouvernement devrait soutenir les régimes de retraite privés qui connaissent des problèmes financiers. En effet, si, ce faisant, on garantit les régimes de retraite, on les expose à de futurs risques financiers et on les empêche d'être gérés de façon rentable. Une telle décision crée également un dangereux précédent en donnant à d'autres régimes de retraite qui battent de l'aile un motif pour demander un câble de sauvetage de ce genre. Le fait de renflouer certains régimes de retraite « à la volée » aura certainement un effet néfaste à long terme sur les finances publiques.
J'aimerais que vous nous en disiez davantage sur ce sujet si vous le voulez bien.
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Je suis heureuse que quelqu'un ait lu ces lettres.
C'est le problème avec ce type de fonds. Nous consultons toujours des actuaires. Nous ne sommes pas des actuaires, même si nous nous dirigeons rapidement vers ça — je crois que ce sera ma prochaine carrière.
Selon ce que je comprends des constatations faites par des personnes qui examinent ces enjeux plus attentivement que moi, ça n'a jamais fonctionné nulle part. Je sais que ce n'est pas une bonne réponse.
Vous avez parlé du Québec. Ce sont les contribuables qui subventionnent...
Alors qui obtient la subvention? Malheureusement, d'un point de vue macroéconomique, vous avez les bonnes entreprises, et bien sûr les contribuables, qui subventionnent les mauvaises entreprises. C'est notre expérience; c'est un fait.
Vous pouvez parler d'établir un fonds... Le gouvernement de l'Ontario a consacré un demi-milliard de l'argent des contribuables à son fonds, qui est en vigueur depuis un bon bout de temps. C'est un échec monumental. Si vous voulez un exemple lié au Canada, il y en a un récent.
Vous avez raison. Nous subventionnons sans cesse. Ce sont des industries plus standard — l'acier, l'automobile, ce type d'industries. Nous représentons les petites entreprises, et nos membres ne peuvent pas profiter de ce genre d'opération de sauvetage. Ils ne peuvent jamais en bénéficier même s'ils participent à leur financement.
Donc d'un point de vue macroéconomique, ceux qui ont du succès subventionnent toujours ceux qui n'en ont pas. Je crois que n'importe qui peut comprendre que c'est... Vous voulez peut-être le faire, mais vous ne savez pas vraiment pourquoi.
Le hic au sujet des pensions, c'est que tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir. Tout le monde veut une garantie, mais les gens doivent payer pour cela. Ça résume très bien le problème. C'est le défi que doivent relever les décideurs. Comment faire pour concilier ces intérêts incompatibles?
Aux dernières nouvelles, on ne peut obtenir aucune garantie sur cette planète. Nous faisons de notre mieux. Avec un peu de chance, nous pouvons trouver une solution polyvalente qui aidera les gens à s'aider eux-mêmes. On veut tous que tout le monde profite d'une retraite convenable. Nous pouvons tous nous entendre sur ce point. Comment pouvons-nous y arriver sans accabler l'un des groupes?
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Merci, monsieur McCallum.
Merci, monsieur le président.
J'ai quelques questions, mais je veux d'abord revenir au RPC facultatif ou obligatoire. Si tout le monde pense qu'il devrait être facultatif, il n'y a aucun problème, mais selon les statistiques, beaucoup de personnes ne peuvent pas contribuer à un REER. La seule chose qui arrivera, c'est que les gens qui ont de l'argent l'investiront volontairement dans le RPC. Alors, je ne crois pas que nous réglerons le problème ainsi.
Notre travail est d'essayer de trouver un terrain d'entente ou un juste milieu. Si nous voulons trouver une solution pratique, disons pour les 15, 20, 25 ou même 30 ans à venir, pourquoi ne pas trouver un terrain d'entente?
Madame Swift, selon mon expérience en tant que comptable, les petites entreprises sont prêtes à prendre des mesures pour leurs employés, si ça leur permet de garder leurs employés. Dans les sondages, c'est trop coûteux. C'est toujours trop coûteux pour les petites entreprises, mais j'ai toujours trouvé la situation compliquée. Nous pouvons améliorer quelque chose qui existe déjà, c'est-à-dire le RPC. Il ne faut pas nécessairement se doter d'un deuxième régime parce que ce serait trop coûteux pour l'employeur, selon moi. Mais il serait probablement possible de faire un compromis. Ne pourrions-nous pas envisager d'aller dans cette voie?
Monsieur Lee, vous avez dit que le régime de retraite des fonctionnaires est trop généreux. Ce serait une façon de le réduire parce qu'on aura un RPC dans 15, 20 ou 25 ans pour compenser les prestations de retraite additionnelles. Alors ne pourrions-nous pas trouver un terrain d'entente qui convienne à l'industrie privée et au secteur public?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins.
Monsieur Marston, vous avez demandé plus tôt aux témoins si tous ces gens gagnaient moins de 50 000 $ par année. Étant donné que je suis moi-même entrepreneur, vous m'avez insulté, dans une certaine mesure. En effet, au cours des 15 dernières années, avant d'être élu député, je gagnais 25 000 $ par année parce que j'avais choisi d'être entrepreneur, de créer des emplois. Je suis membre de la CFCI depuis environ 15 ans. J'ai fait un choix personnel, c'est-à-dire celui d'être entrepreneur et de travailler 80 heures par semaine, et j'ai réussi. En effet, j'ai aujourd'hui 20 employés et un chiffre d'affaires de 2 millions de dollars. Je suis très heureux de faire ce que je fais. Par contre, cela n'a rien à voir avec le montant qu'on gagne ou qu'on ne gagne pas. Il s'agit de la responsabilité de faire en sorte qu'un jour, ce qu'on fait nous appartient. Je pense sincèrement que cela nous appartient à tous, chacun individuellement.
Madame Swift, j'ai apprécié vos interventions. Comme je le disais plus tôt, je suis membre de votre organisation.
Selon vous, est-il réaliste d'envisager l'âge de la retraite à 70 ans?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Généreux, j'aimerais préciser un point: la raison pour laquelle j'ai parlé de la somme de 50 000 $ au début n'était pas de diffamer ni d'humilier qui que ce soit, mais tout simplement pour étudier le problème à travers la loupe des gens qui sont touchés. Les personnes qui gagnent plus de 50 000 $ par année ont un différent point de vue que ceux qui gagnent moins que ce montant.
Je suis d'accord avec tous ceux ici qui disent qu'il est impossible de trouver une solution rapide. En tant que parti, nous avons proposé différentes idées. Une des choses dont nous avons discuté est d'agir rapidement pour le quart de million de personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Pour ce qui est du statut privilégié, madame Puffer, j'aimerais corriger ce que j'ai dit plus tôt. Lorsque j'ai parlé du sondage venant de l'Australie, j'aurais dû souligner qu'il avait été porté à notre attention par Mélanie Johannick, qui était ici mardi. C'est une étude faite en 2005, donc quand j'ai dit que l'étude avait été publiée mardi, j'ai donné la mauvaise impression et je souhaite corriger cela.
Nous parlons de Nortel qui, lorsqu'elle a fermé ses portes, possédait environ 2,4 milliards de dollars en liquidité et 4 milliards de dollars en biens immobiliers. Cette entreprise a refusé de verser des indemnités de départ. Comme mon collègue d'en face l'a déjà mentionné, il y a 400 personnes qui se sont retrouvées devant rien. Deux personnes de mon bureau d'Hamilton sont des retraités de longue durée et risquent de tout perdre, notamment leurs prestations. Ceci donne donc une touche plus humaine et plus émotive à ce que nous tentons de faire ici.
Il devrait s'agir d'un processus en deux étapes. Nous devons agir immédiatement. Je crois que d'une part nous devons protéger le quart de million de personnes et, d'autre part, offrir un statut de créancier privilégié pour les régimes de retraite. Nous devons également organiser un sommet national pour réunir toutes ces personnes qui nous proposent des idées, et surtout agir avec la diligence nécessaire afin de faire pour le mieux.
En ce qui concerne les petites entreprises, je crois que nous devons imposer une augmentation aux RPC — même si cela dérange certaines personnes, c'est-à-dire les propriétaires de petites entreprises qui devront cotiser — et éviter de cotiser à un REER qui leur imposerait des frais administratifs, entre autres. Comme ma collègue l'a déjà mentionné, certaines personnes oeuvrant dans les petites entreprises ont une santé financière très fragile, surtout les premières années. Si les choses s'améliorent, elles pourront alors décider investir.
Cette génération, comme l'a dit Mme Di Vito, tente de rejeter le poids de la dette sur les futures générations. C'est une génération qui ne cherche pas à planifier de la même façon que nos parents l'ont fait ou que nous l'avons fait. Comme résultat, cela nous ramène à peut-être envisager un RPC obligatoire. Je crois qu'il faut sérieusement réfléchir à la possibilité d'augmenter les actifs à l'intérieur du RPC, qui est obligatoire, au lieu de cotiser à un régime supplémentaire qui, lui, implique de nouveaux coûts et une nouvelle administration, que tout cela soit doublé ou non.
J'ai fait plus de commentaires que je ne l'aurais dû.
Madame Cameron, si vous pensez à la situation de Nortel, bien qu'il a déjà été dit que vous n'aviez rien à voir avec cette situation, le seul rôle que le fédéral aurait pu jouer est d'amender la LACC ou la LFI pour aider les travailleurs avec ce type d'actif, c'est-à-dire les 2,4 milliards de liquidité et les 4 milliards de dollars en biens immobiliers. À ce que je vois, cela aurait été la seule façon de faire.