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La séance est ouverte. Nous en sommes à la quatrième séance du Comité permanent des finances. Nous poursuivons notre étude de la sécurité du revenu de retraite des Canadiens et Canadiennes.
Chers collègues, nous devons voter à 17 h 30, alors nous devrons quitter à 17 h 15.
Nous avons également une motion présentée par M. McCallum, et je propose que nous l'examinions à la fin de la séance, peut-être à 17 heures.
La séance est donc raccourcie, et je m'en excuse à l'avance auprès de nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui plusieurs organismes et une personne à titre individuel. Nous entendrons le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario, la composante d'Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique, l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, l'Association des banquiers canadiens et l'Association canadienne des compagnies d'assurance de personnes inc. Nous accueillons M. Jean-Pierre Laporte, avocat, à titre individuel. Bienvenue à vous tous.
Nous commencerons par le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario.
Je vous demande de bien vouloir limiter votre exposé à cinq ou sept minutes, afin de permettre aux membres de poser des questions.
La parole est à vous, madame Brown.
Le fait d'être ici aujourd'hui m'apparaît comme un privilège. Je suis Jennifer Brown, agente en chef des pensions au sein d'OMERS Administration Corporation, qui est responsable des placements, du plan d'administration et des services aux membres d'OMERS. OMERS possède également une société de parrains, à qui incombe la responsabilité de la conception du plan, des prestations et des taux de cotisation.
Je suis accompagnée de Ian MacEachern, notre directeur des relations gouvernementales.
OMERS est sans doute la meilleure illustration canadienne d'un régime pluripatronal de pensions à prestations déterminées couronné de succès. Y participent plus de 928 employeurs dans les municipalités, commissions scolaires, sociétés d'aide à l'enfance, services d'incendie, services de police et autres organismes locaux de l'Ontario. Le modèle pluripatronal permet une mise en commun des frais et des risques.
De l'autre côté de la table se retrouvent 290 000 membres actifs. Pour tout dire, un employé sur 20 travaillant en Ontario est membre d'OMERS. Nous versons actuellement des pensions à plus de 110 000 retraités. Il y a plus de 40 groupes de coordination représentant les syndicats et les associations d'employés et plus de 600 sections locales.
Notre modèle a pris forme sur une longue période, en partant du bas vers le haut, étape par étape. OMERS est financé conjointement par les employeurs et les membres participants depuis 1962, et gouverné conjointement depuis 1968. OMERS est un régime de pension financé conjointement. En vertu de notre modèle, employeurs et membres ont un nombre égal de voix au sein du conseil d'administration. Aux employeurs et aux membres incombe une responsabilité immédiate commune pour toutes les grandes décisions et pour le succès du régime.
D'une façon générale, nous gérons nos activités en matière d'investissement et de pension en vertu des lois fédérales et ontariennes sur les impôts et sur les régimes de pensions. Notre tâche consiste à utiliser le produit des cotisations et le revenu provenant de placements antérieurs pour faire des placements et pour garantir le versement des pensions de retraite de nos membres. OMERS compte des conseillers en placements très compétents qui gèrent plus de 47 milliards de dollars d'actifs financiers, lesquels produisent le revenu requis pour le versement des pensions. Près de 70 p. 100 des frais de pension sont acquittés par le rendement des placements, l'autre 30 p. 100 provenant des cotisations des employeurs et des membres.
L'accès à long terme au capital est une priorité de notre stratégie de placement. Cela nous permet d'acquérir des placements de plus grande valeur que nous ne pourrions acquérir autrement par suite de considérations relatives à la gestion du risque.
L'année dernière, le gouvernement de l'Ontario a accru les pouvoirs d'OMERS afin de lui permettre d'offrir des services de gestion de placement à un large éventail de clients éventuels au Canada et hors du Canada, y compris les caisses de retraite des secteurs public et privé, les gouvernements et les organismes qui s'y rattachent, les sociétés, les collèges, les universités et leurs fondations ainsi que les organismes enregistrés de bienfaisance. L'étendue des pouvoirs que nous confère la loi reconnaît notre capacité d'assurer la prestation de tels services. Mais ce qui importe davantage, c'est qu'elle permet aux autres de bénéficier des avantages que nous avons en matière de capacités d'administration de régimes de pension et de capacités de gestion de placements.
Ces deux dernières années, la suffisance de la protection en matière de pension est également devenue un enjeu politique très sensible. Les premiers ministres et les ministres des Finances fédéraux, provinciaux et territoriaux ont tenu plusieurs réunions et fait nombre de déclarations sur les questions de protection en matière de pension et de revenu de retraite. L'Ontario s'est engagé à tenir des consultations sur les modifications importantes que l'on envisage d'apporter au système des pensions. Plusieurs provinces ont déjà publié des documents de consultations et le gouvernement fédéral a annoncé qu'il procéderait au printemps à des consultations et à un examen des possibilités d'action lors de la réunion des ministres des Finances qui se tiendra en mai prochain.
OMERS souhaite contribuer activement au débat national sur la réforme du pilier public du système des pensions. Nous voulons faire part de nos vues sur ces questions de retraite et de sécurité parce que nous sommes un des plus importants régimes de pension à prestations déterminées du Canada: nos parrains et nos membres s'attendent à ce que nous exercions un rôle de chef de file lors de ces discussions sur les pensions.
Nous estimons que la réforme des pensions doit offrir un choix concurrentiel aux travailleurs ne bénéficiant pas d'une protection en matière de pension et que les modifications apportées au système ne doivent pas compromettre les mécanismes existants en matière de pensions ou d'épargne-retraite, ni leur nuire. Nous continuerons d'étudier les propositions actuelles pour déterminer dans quelle mesure elles peuvent s'écarter des modalités du Régime de pensions du Canada, et nous déterminerons les risques et les avantages que comporte chaque solution proposée.
Le débat public qui s'amorce est très utile et important, et nous nous réjouissons de l'intérêt que lui accorde votre comité.
Grand merci. Au cours du temps qu'il nous reste, n'hésitez pas à nous faire part de vos questions et de vos observations, notamment au sujet de notre position concernant le choix concurrentiel dont tous les Canadiens devraient bénéficier.
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Bonjour, mon nom est Katherine Thompson. Je suis la présidente de la Composante d'Air Canada du SCFP. Je suis ici aujourd'hui en tant que représentante des 6 600 agents de bord à l'emploi d'Air Canada.
Nos membres font partie d'un régime de retraite à prestations déterminées dont le promoteur est Air Canada. C'est au sujet de la situation de ce régime de retraite que je m'adresse à vous aujourd'hui.
Notre profession n'est pas de celles qui comptent des membres nantis, nos salaires sont le reflet de l'évolution des effectifs. Comme nous ne sommes pas en mesure d'accumuler d'importantes épargnes personnelles au cours de notre carrière, nous ne pouvons compter que sur la sécurité et la stabilité de notre revenu de retraite pour pouvoir profiter d'une retraite convenable.
Les régimes de retraite d'Air Canada couvrent plus de 30 000 employés et retraités. Si ces régimes de retraite avaient dû être liquidés en date du 1er janvier 2009, les employés et les retraités n'auraient touché que 76 p. 100 des rentes de retraite promises.
Si le niveau de capitalisation des régimes de retraite s'est amélioré au cours de la dernière année, les régimes de retraite demeurent sérieusement sous-capitalisés, et ce, malgré les sacrifices consentis par les employés d'Air Canada pour les préserver. Cette situation fait courir aux membres du régime de retraite — dans notre cas, il s'agit en majorité de femmes et de représentants des minorités — un risque inacceptable et souligne à grands traits l'incapacité de l'actuel système fédéral de réglementation des régimes de retraite à protéger les membres des régimes de retraite.
L'expérience d'Air Canada en matière de régimes de retraite devrait être considérée par tous comme un grand feu clignotant avisant d'un danger. Les régimes de retraite d'Air Canada ont été menacés lors du recours à la LACC en 2003 et une fois de plus en 2009, lors d'une deuxième restructuration des régimes de retraite.
Lors du recours à la LACC de 2003, les règles de capitalisation de la Loi sur les normes de prestation de pension ont été mises de côté à la demande d'Air Canada et elles ont été remplacées par de nouvelles normes de financement moins exigeantes. En 2009, Air Canada a été dans l'incapacité de respecter même ces exigences affaiblies et nous avons été confrontés à une autre crise des régimes de retraite et à une nouvelle restructuration.
Résultat de cette restructuration, jusqu'en 2014, Air Canada n'est tenu que de prévenir une nouvelle dégradation de la capitalisation de ses régimes de retraite. Il n'existe aucune possibilité que les régimes de retraite soient de nouveau pleinement capitalisés avant cette date.
Pour un régime de retraite privé, il s'agit d'une situation inacceptable. La raison d'être de la réglementation sur les régimes de retraite est d'assurer une protection pleine et entière de la retraite, sans égard à la survie ou non du promoteur du régime.
La réglementation actuelle n'a pas permis de protéger les employés d'Air Canada et la réalisation des promesses d'Air Canada en matière de régimes de retraite dépend maintenant de la survie de l'entreprise.
Rétrospectivement, il apparaît clairement que Air Canada aurait dû obtenir le droit de financer un coussin de sécurité — ce qui est une procédure normale dans certains pays d'Europe — et n'aurait pas dû obtenir la permission de prendre un congé de contribution lorsque sa situation était meilleure. Les réformes de la Loi sur les normes de prestation de pension semblent prendre cette direction, mais si c'est trop peu, espérons qu'il n'est pas trop tard pour les membres des régimes de retraite d'Air Canada.
La crise des régimes de retraite que nous avons vécue à Air Canada devrait être une occasion d'apprentissage pour tous. Nous devrions retenir de cette expérience que les règles de financement doivent être suffisamment strictes pour être en mesure de protéger les régimes de retraite et qu'elles doivent être appliquées avec rigueur. Elles doivent être conçues de telle façon que les régimes de retraite sont à l'abri des inévitables fluctuations financières.
La seule alternative valable à une réglementation des régimes de retraite plus stricte est, comme le suggère le CTC, un programme d'assurance des régimes de retraite parrainé par le gouvernement fédéral. Une assurance des régimes de retraite, qui existe déjà aux États-Unis, au Royaume Uni et même chez nous en Ontario, serait financée par les primes versées par tous les régimes de retraite et servirait à préserver les prestations de retraite, au même titre que d'autres produits financiers comme les dépôts bancaires et les prestations d'assurance sont assurés contre les pertes subies par les entreprises.
Nous devrions également retenir de cette expérience que le fardeau du maintien de régimes de retraite convenables est devenu trop lourd, même pour les entreprises de la taille d'Air Canada. La partie du revenu de retraite provenant du Régime de pensions du Canada doit être améliorée et la partie privée doit être diminuée. Le coût de la capitalisation du RPC doit être réparti sur la plus large base possible et permettre une plus grande sécurité des prestations de retraite, ce qui garantira que même la faillite d'une entreprise ne pourra dorénavant anéantir les plans de retraite des employés.
En conclusion, nous partageons l'avis du CTC à l'effet que de déplacer une part plus importante des dépenses de financement des régimes de retraite, des entreprises vers le secteur public, constituerait une bonne chose pour la compétitivité des entreprises canadiennes et favoriserait une meilleure sécurité de la retraite pour les Canadiens.
Sur ces commentaires, je mets fin à mon intervention et je remercie le comité de m'avoir invitée et d'avoir pris le temps de m'écouter.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi. Je m'appelle Don Raymond et je suis vice-président principal des placements sur les marchés publics à l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada.
C'est avec plaisir que je me présente devant vous à nouveau.
Je suis accompagné de mon collègue M. Dale, vice-président principal des communications et des relations avec les intéressés.
Je vous remercie de m'avoir invité à présenter mon exposé.
Au milieu des années 1990, les intervenants du secteur de la retraite et les décideurs, au Canada, discutaient de ce qui fonctionnait ou non. À l'époque, le Régime de pensions du Canada était réputé ne pas être viable. Avec prévoyance, courage politique et ingéniosité, les gouvernements provinciaux et fédéral du Canada ont collaboré et pris des mesures énergiques qui ont mené à une réforme fructueuse du RPC. En s'appuyant sur les commentaires de cotisants et de bénéficiaires ainsi que d'experts du secteur de la retraite, d'employeurs, de travailleurs et d'universitaires, ils ont élaboré une solution durable garantissant la viabilité du RPC.
Observons maintenant la situation actuelle: le RPC est solide et sera viable pendant la période de 75 ans visée par le rapport de l'actuaire en chef, voire au-delà. Ce n'est que dans 10 ans qu'il faudra commencer à puiser dans les revenus de placement de la caisse du RPC pour verser les prestations. En outre, le RPC est maintenant perçu comme un élément important de la solution menant à une sécurité accrue à la retraite, et non comme un élément du problème.
Il est rassurant de savoir que, selon un récent sondage Nanos, une majorité de Canadiens est d'avis que le RPC (ou le Régime de rentes du Québec) sera à même de respecter son engagement en matière de prestations de retraite futures. Il est toutefois préoccupant de constater que moins de la moitié des Canadiens de 30 à 39 ans en étaient convaincus ou plutôt convaincus, tandis que près de 70 p. 100 des Canadiens de plus de 60 ans l'étaient. Trois quarts des répondants âgés de 30 à 39 ans ont répondu qu'ils croyaient probable ou plutôt probable que le RPC-RRQ ait à réduire les prestations versées à l'avenir, contre seulement 42 p. 100 environ des répondants de 60 ans et plus.
Nous en tirons la conclusion que de nombreux Canadiens ne sont toujours pas au courant que le RPC a fait l'objet d'une réforme il y a près de 15 ans, qu'il est solide et qu'il sera viable pour les générations à venir. Une belle occasion de modifier la perception en ce qui a trait au RPC s'offre aux décideurs fédéraux et provinciaux.
Le rôle de l'Office d'investissement du RPC est de gérer la caisse du RPC; nous croyons toutefois que les Canadiens prendraient peut-être des décisions différentes en matière de finances s'ils étaient mieux renseignés quant à la viabilité du RPC. Une chose est claire cependant: les Canadiens pourront compter sur le RPC à la retraite et le régime leur procurera, comme prévu, une portion importante de leur revenu de retraite. Le RPC doit donc être perçu comme la pierre angulaire de la sécurité de la retraite des 17 millions de Canadiens qui y participent à l'heure actuelle.
Examinons les caractéristiques du RPC. Il s'agit d'un régime à prestations déterminées national obligatoire, financé par des cotisations. Les prestations, pleinement indexées et entièrement transférables, sont versées la vie durant. Entre autres avantages, mentionnons le partage des risques entre un grand nombre de participants, soit les 17 millions de Canadiens qui participent au RPC. En outre, pour la grande majorité des Canadiens, bien qu'ils disposent d'instruments d'épargne-retraite donnant droit à une aide fiscale, le RPC constitue le seul régime leur donnant accès à une véritable rente.
Le modèle de la réforme du RPC de 1996-1997 et l'Office d'investissement du RPC sont admirés par les caisses de retraite et les régimes de retraite nationaux du monde entier, et sont reconnus comme une solution efficace aux difficultés des systèmes de retraite nationaux. Le mérite de cette réalisation revient aux décideurs. Il est vraiment remarquable que le RPC, que l'on jugeait avec raison être en crise il y a 15 ans, est maintenant considéré comme un élément de la solution et que l'on étudie des améliorations qui pourraient y être apportées.
Nous pouvons aujourd'hui partager ce que nous avons appris de notre expérience de la gestion de la caisse du RPC afin de contribuer au débat qui a cours à l'heure actuelle au Canada et ailleurs dans le monde.
L'Office d'investissement du RPC gère l'actif de la caisse qui n'est pas nécessaire au versement des prestations de retraite courantes, actif qui n'appartient pas au gouvernement et est distinct des recettes fiscales générales. L'office exerce ses activités sans lien de dépendance avec les gouvernements, sans intervention politique et en tant qu'organisme de gestion de placements professionnel devant rendre des comptes à un conseil d'administration averti en matière de finances. Son mandat, qui consiste à maximiser le rendement des placements tout en évitant les risques indus, est exclusivement commercial. De plus, l'office investit en ayant un degré élevé de certitude quant aux rentrées de fonds futures de la caisse. Enfin, en raison de sa structure de capitalisation partielle, la caisse dispose d'une période d'amortissement réelle de 75 ans.
L'Office d'investissement du RPC dispose d'un horizon de placement à plus long terme que presque tous les autres intervenants sur le marché. Sa stratégie de placement vise à produire un rendement à long terme qui garantira la viabilité du RPC pour 17 millions de Canadiens pendant des décennies et des générations. L'office gère la caisse du RPC, dont l'actif se chiffre à 124 milliards de dollars, en fonction de son horizon de placement de 5, 10 et 20 ans conçu pour produire le rendement requis pendant des décennies.
Bien que le rendement plus élevé obtenu en 2009 soit encourageant, la viabilité continue du RPC dépend de notre rendement à long terme. L'office a maintenu le cap et est resté fidèle à sa stratégie à long terme, ce qui a permis à la caisse du RPC de profiter du rebond récent sur les marchés financiers partout dans le monde.
En 2009, nous avons su profiter de nos avantages structurels et de notre expertise interne pour réaliser des investissements importants au Canada et à l'échelle mondiale. Nous prévoyons que les investissements effectués au cours des 12 derniers mois constitueront une solide source de revenus de placement à long terme. Nous maintiendrons la pondération d'actif stratégique du portefeuille et tirerons parti des forces de l'office, soit sa taille et son horizon de placements à long terme, pour profiter des occasions de placement qui se présentent dans les conditions actuelles du marché.
Bref, nous ne nous prononçons en faveur d'aucun modèle de réforme particulier et ne recommandons aucune proposition précise. Notre rôle au sein du système de retraite consiste à gérer les fonds qui permettront d'assurer la viabilité du RPC tel qu'il est structuré à l'heure actuelle. Tous nos efforts sont consacrés à investir l'actif du RPC; nous avons bâti un organisme capable de gérer la croissance importante de la caisse, qui atteindra de 250 à 350 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
Si une expansion du RPC était prévue par les décideurs, l'office pourrait, si on le lui demandait, gérer l'actif supplémentaire. Un organisme distinct reflétant le modèle éprouvé de l'office pourrait aussi s'en charger.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir invité à participer à la rencontre d'aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, et bon après-midi. Nous remercions le président et les membres du comité pour cette occasion de fournir notre point de vue au sujet du système d'épargne-retraite du Canada.
Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Marion Wrobel, directeur de l'évolution des marchés et de la réglementation à l'ABC. Nous avons soumis au comité, en novembre dernier, un rapport qui traite de l'enjeu en question et qui renferme une nouvelle étude faite sur l'épargne des ménages canadiens. Nous avons prévu aujourd'hui des exemplaires de ce rapport.
[Traduction]
L'Association des banquiers canadiens partage les préoccupations émises au sujet du niveau d'épargne-retraite des Canadiens. À titre de fournisseurs d'instruments d'épargne-retraite, d'employeurs offrant des régimes de retraite à prestations déterminées et de conseillers auprès des Canadiens durant les différents cycles financiers de leur vie, nos membres cherchent activement des moyens de raffermir les systèmes d'épargne-retraite au pays. Le rapport que nous avons déposé devant vous aujourd'hui présente quelques-unes de ces idées.
Mon intervention aujourd'hui comporte quatre points clés.
Premièrement, les raisons qui motivent les familles canadiennes à épargner et les façons dont elles s'y prennent comportent de nombreux aspects qui varient au cours du cycle de vie d'une famille. Lorsqu'on se penche sur cette question, on a parfois tendance à considérer la participation à un régime de retraite agréé comme seule mesure permettant d'atteindre la sécurité financière, alors qu'en réalité les Canadiens disposent de divers moyens pour se préparer à la retraite. Nous craignons qu'une approche universelle ne soit pas efficace pour répondre aux besoins d'épargne des Canadiens. En effet, cette approche pourrait avoir des conséquences fortuites, comme le simple transfert des fonds d'un instrument à l'autre sans augmentation du niveau d'épargne, ce qui doit être l'objectif poursuivi.
Deuxièmement, les décideurs devraient, selon nous, examiner très attentivement plusieurs questions avant de tenter d'instaurer un nouveau régime public. Par exemple, certains ont proposé la création d'un régime à cotisations déterminées complémentaire. Cette mesure suscite de nombreuses questions qui exigent — selon nous — des réponses. Par exemple, qui conseillera les participants au sujet de leurs placements dans ce régime public? Comme nous venons tout juste de l'entendre, les Canadiens ont des attentes très claires envers le Régime de pensions du Canada, qui est un régime à prestations déterminées. Ainsi, qui répondra aux attentes des Canadiens et qui dissipera leur confusion face à l'incertitude des prestations à l'égard d'un nouveau régime à cotisations déterminées créé par le gouvernement? Quel sera l'effet d'un nouveau régime sur les incitatifs qui poussent les employeurs du secteur privé à parrainer un nouveau régime de retraite pour leurs employés ou à maintenir leur régime en cours? Ce sont des questions comme celles-là qui doivent être examinées attentivement avant que l'on entreprenne ce processus.
Troisièmement, nous sommes d'avis que le système actuel n'est pas défaillant — bien au contraire, il s'agit d'un système solide qui fonctionne bien —, mais qu'il nécessite quand même quelques améliorations. Si notre objectif commun est de raffermir la sécurité financière des Canadiens, il serait plus efficace que les gouvernements du pays collaborent pour améliorer le système d'aide fiscale à l'épargne-retraite existant au lieu de créer un nouveau régime public qui serait redondant en termes d'infrastructures.
Dans le rapport que nous vous avons présenté, nous proposons quelques recommandations susceptibles d'améliorer davantage notre système d'épargne-retraite. Par exemple, la loi devrait, selon nous, permettre l'existence de régimes de retraite indépendants de la relation de travail afin que les régimes soient ouverts à un plus grand nombre de participants. De tels régimes offriraient aux petites entreprises des solutions efficaces pour remplacer le parrainage d'un régime de retraite d'entreprise et seraient par ailleurs ouverts aux travailleurs autonomes afin qu'un plus grand nombre de personnes puissent y participer et épargner en vue de leur retraite.
De plus, les règles régissant le système d'aide fiscale à l'épargne-retraite devraient être améliorées; par exemple, en instaurant un plafond viager sur l'épargne à l'abri de l'impôt, plutôt qu'une limite annuelle. Par ailleurs, en ce qui concerne le système d'aide fiscale à l'épargne-retraite, le nouveau compte d'épargne libre d'impôt illustre parfaitement comment un instrument d'aide fiscale bien conçu peut être à la fois populaire et efficace, en aidant les Canadiens à épargner.
En ce qui concerne les mesures que nous devons tous prendre, il ne faut pas oublier le besoin d'améliorer les connaissances financières, étant donné qu'elles se trouvent en lien direct avec l'épargne et la planification de la retraite. Nous appuyons bien entendu les efforts du groupe de travail sur la littératie financière mis en place par le gouvernement.
Le quatrième et dernier point que j'aimerais aborder est que le niveau adéquat d'épargne-retraite est une question nationale qui nécessite des solutions publiques nationales. En ce qui a trait aux questions de politiques financières en général et plus particulièrement aux politiques visant l'épargne-retraite, la fragmentation des solutions à travers le pays finira, selon nous, par nuire aux Canadiens.
Je serai heureux de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
Je m'appelle Jean-Pierre Laporte. Je suis avocat et je travaille exclusivement dans le domaine des pensions et des avantages sociaux dans la ville de Toronto. Je m'intéresse activement aux questions de réforme des pensions depuis 2003 et j'ai publié plusieurs articles à ce sujet. Certains d'entre vous ont peut-être entendu parler d'une politique que j'ai proposée en 2004 et qui réclamait la création d'un régime complémentaire de retraite au Canada. Cette solution visait à régler le problème des protections inadéquates en matière de pensions au Canada dans le secteur privé. Je serai heureux de discuter de ce concept pendant la période de questions.
J'ai témoigné devant le Comité permanent de la condition féminine dans le cadre de son étude sur les femmes et les régimes de pension, et je vous recommande de lire cette étude approfondie de la Chambre des communes ainsi que le rapport qui en a découlé si vous voulez en savoir davantage.
Mon objectif d'aujourd'hui est cependant de présenter à ce comité certains renseignements sur l'efficacité du régime de pension dans une perspective internationale. Bien que je sache que certains des témoins que vous avez invités aborderont ce sujet lors de prochaines rencontres, je pense que ce comité a tout avantage à entamer son étude en jetant un oeil sur ce qui se fait sur la scène internationale avant de s'enliser dans les détails canadiens ou provinciaux. Les comparaisons internationales fournissent des points de référence utiles pour évaluer le rendement de notre propre système, et elles font ressortir les différences qui existent entre nous et les pays qui nous ressemblent.
Je pense qu'il est juste de dire que la première question que devraient se poser la plupart des décideurs est simple: les Canadiens ont-ils suffisamment d'argent pour vivre une fois atteint l'âge de la retraite? Mais de qui parlons-nous? Du travailleur autonome, des fonctionnaires fédéraux, des agriculteurs, des personnes au foyer, des immigrants récemment arrivés au pays? La réponse à cette question fondamentale diffère selon la catégorie de personnes que l'on examine, mais la question vaut néanmoins la peine d'être posée: la population canadienne dans son ensemble a-t-elle les moyens de prendre sa retraite?
Cela m'amène à des statistiques internationales de haut calibre qui ont été recueillies par l'OCDE et que j'ai distribuées aux membres de ce comité. Comme vous le savez tous, l'Organisation de coopération et de développement économiques essaie de communiquer des renseignements statistiques normalisés pour permettre l'établissement de comparaisons internationales utiles. Je ne suis pas statisticien et je ne peux donc pas vérifier l'exactitude des données fournies par cette organisation, mais, comme la plupart des Canadiens, je présume que quelqu'un de plus qualifié que moi a pris le temps de s'assurer de l'utilité et de la fiabilité de ces statistiques.
Alors que nous dit l'OCDE de la capacité du Canada à fournir un appui financier à ses aînés lorsqu'ils quittent le marché du travail? Les chiffres importants à mon avis — ceux que je veux porter à votre attention aujourd'hui —, ce sont les taux de remplacement net du revenu octroyés par les régimes de pension aux travailleurs qui gagnent le salaire industriel moyen dans leur pays. Cette information est disponible sur le site Web de l'OCDE, et je peux fournir ces données au greffier du comité, mais je pense qu'elles se trouvent dans les documents que je vous ai remis.
Pour votre information, bien que l'OCDE fournisse des données à ce sujet concernant tous ses membres, je n'ai conservé que les données relatives aux 14 premiers pays, ceux qui affichent les taux de remplacement net les plus élevés. Ces données datent de 2006; ce sont les plus récentes que j'ai trouvées sur leur site.
En examinant le classement, on peut constater que les Pays-Bas occupent le premier rang avec 103 p. 100 du revenu préretraite et que le Canada est au 12e rang avec 57,86 p. 100. Il y a entre les deux un certain nombre de pays qui affichent des taux assez hauts: le Danemark, 91 p. 100; l'Autriche, 90 p. 100; l'Italie, 74 p. 100; etc.
Cette vue d'ensemble — qui examine le taux de revenu préretraite qui est remplacé par les régimes de pension — se révèle intéressante sous plusieurs aspects. Tout d'abord, cela met en perspective les allégations selon lesquelles notre système de pensions est un chef de file mondial et qu'il n'est pas nécessaire de réformer quoi que ce soit. Les chiffres ne mentent pas, quoi qu'on en dise.
Deuxièmement, au niveau global, on voit qu'il nous reste pas mal de travail à faire pour que le Canada soit en mesure d'offrir des taux de remplacement du revenu que d'autres pays économiquement plus faibles sont déjà en mesure d'offrir.
Les statistiques ne nous permettent toutefois pas de savoir si les Canadiens ont droit à un remplacement du revenu suffisant pour bien vivre à l'âge de la retraite. Elles ne nous disent pas non plus qui est couvert et qui ne l'est pas, pas plus qu'elles ne fournissent de détails sur la viabilité du régime de pension canadien ou sur son caractère économiquement abordable. Elles nous donnent toutefois une idée de l'ampleur de notre réussite, en tant que nation, pour ce qui est d'offrir un revenu à la retraite à nos citoyens qui gagnent le salaire industriel moyen.
À mon avis, si certains d'entre nous avons un excellent régime de retraite et pouvons envisager l'avenir en toute confiance, les millions de Canadiens qui n'ont pas d'économies pour la retraite ou qui ont des ressources financières inadéquates font diminuer notre moyenne nationale, et il y a beaucoup de travail à faire.
Merci pour votre invitation.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Dean Connor. Je suis chef de l'exploitation à la Financière Sun Life. J'ai le plaisir de représenter aujourd'hui l'Association canadienne des compagnies d'assurance de personnes, aux côtés de Frank Swedlove, président de l'association.
L'industrie canadienne des assurances de personnes se réjouit de l'intérêt que le comité permanent porte à la sécurité du revenu de retraite. Cette question nous tient aussi très à coeur. Elle a énormément d'importance pour nos clients, environ 26 millions de Canadiens, qui comptent sur nous pour assurer leur sécurité financière au moyen des divers produits d'assurance de personnes et de revenus viagers que nous offrons, comme les régimes de retraite, les rentes, les REER et les FERR. Plus de deux-tiers des régimes de pension du Canada sont administrés par le secteur privé.
[Français]
En tant que représentants de cette industrie, nous avons mûrement réfléchi à cette question et nous nous sommes penchés non seulement sur ce que nous pouvons faire pour sauver nos clients et nous adapter à l'évolution de leurs besoins, mais aussi sur notre rôle et notre contribution au tissu social du Canada.
Aujourd'hui, nos propos porterons principalement sur l'état de l'épargne-retraite.
[Traduction]
Selon le Melbourne-Mercer Global Pension Index de 2009, le système d'épargne-retraite du Canada n'est égalé que par ceux de trois autres pays, l'Australie, les Pays-Bas et la Suède. Cette réussite repose sur le lien de complémentarité qui existe entre les régimes d'État et les régimes privés.
À cet égard, on fait souvent référence aux trois piliers de notre système. Les deux premiers relèvent bien sûr de l'État: ce sont d'une part la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti et, d'autre part, le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec. Nous sommes d'avis que le rôle du gouvernement en ce qui concerne le système d'épargne-retraite canadien est de veiller à ce que tous les Canadiens aient un niveau de revenu de retraite suffisant pour subvenir à leurs besoins de base. Nous estimons que ces deux premiers piliers, la partie de notre système d'épargne-retraite qui relève de l'État, sont efficaces.
Le troisième pilier est composé de régimes de retraite professionnels et des autres régimes fournis par les employeurs, des REER individuels et des économies personnelles. Ce troisième pilier sert à fournir un revenu complémentaire à celui qui est nécessaire pour satisfaire les besoins de base.
Notre troisième pilier est bien structuré. Il y a un vaste choix de produits offerts par de nombreux fournisseurs. Le marché est très concurrentiel. Il existe des incitatifs fiscaux. Par contre, de nombreux Canadiens épargnent trop peu en vue de la retraite et certains n'épargnent pas du tout. C'est parfois parce qu'ils en ont décidé ainsi, et parfois parce qu'ils n'en n'ont pas la possibilité.
En ce qui a trait aux régimes de retraite au travail, il y a une disparité notable entre le secteur public et le secteur privé, entre les grands employeurs et les petits. Environ huit millions de travailleurs, parmi les 14 millions au pays, sont couverts par un régime de retraite quelconque au travail. De ce nombre, cinq millions bénéficient d'un régime à prestations définies, ou régime PD. Environ 1,3 million participent à un régime à cotisations définies, ou régime CD, et deux millions participent à un REER collectif offert par leur employeur, dont l'administration est moins complexe que celle des régimes CD.
Dans le secteur public, 90 p. 100 des travailleurs sont couverts par un régime de retraite professionnel, et il s'agit la plupart du temps d'un régime PD. Par contre, dans le secteur privé, seulement 50 p. 100 des travailleurs ont accès à un régime de retraite d'entreprise.
Dans le secteur privé, les régimes PD cèdent progressivement la place au régime CD et au REER collectif. Cette tendance mondiale s'explique par le coût du provisionnement, les risques et la complexité des régimes PD, qui les rendent de moins en moins intéressants pour les employeurs.
L'industrie des assurances estime que certaines mesures raisonnables pourraient améliorer grandement notre système d'épargne-retraite. Nous nous joignons d'abord à ceux qui croient que les règles régissant les REER devraient être revues. Nous croyons qu'en élargissant la définition de « revenus gagnés », pour y inclure entre autres les redevances et les bénéfices d'une entreprise active, on prendrait mieux en compte les travailleurs autonomes canadiens. En outre, si l'on faisait passer de 71 à 73 ans l'âge auquel les Canadiens sont tenus de commencer à tirer un revenu de leurs REER et autres régimes d'épargne-retraite, on permettrait à ceux qui sont encore sur le marché du travail de continuer d'épargner en vue de la retraite. Certains pays sont allés encore plus loin. Au Royaume-Uni notamment, on peut repousser le moment de toucher sa retraite jusqu'à 75 ans.
Nous croyons par ailleurs qu'il serait extrêmement avantageux pour les Canadiens de leur faciliter l'accès aux régimes de retraite d'entreprises. Les principaux obstacles pour les employeurs à l'heure actuelle sont le coût de ces régimes et leur complexité sur le plan administratif. Il est particulièrement difficile de surmonter ces difficultés pour les petites entreprises.
Nous recommandons que les gouvernements autorisent l'établissement de régimes de retraite interentreprises à cotisations définies, dont un établissement financier réglementé assumerait le rôle de promoteur et d'administrateur, et auxquels tout employeur pourrait participer. Les employeurs éviteraient la plupart des frais administratifs de même que le fardeau de la conformité, à l'exception des prélèvements sur le salaire. Et comme de nombreux employeurs pourraient participer au même régime, on réaliserait d'importantes économies d'échelles.
Les travailleurs adhéreraient automatiquement au régime, mais ils auraient le droit de s'en retirer. La hausse automatique des cotisations devrait, en outre, être permise par la loi; les adhérents pourraient verser au début des cotisations de base, qui seraient augmentées automatiquement les années suivantes, jusqu'à ce que le niveau de cotisations visé soit atteint. Les employeurs pourraient verser une contrepartie ou choisir de ne pas verser de cotisations.
Dans le cas des REER collectifs offerts par l'employeur, le fait que les cotisations ne soient pas immobilisées et puissent être retirées en tout temps nuit à la maximisation de l'épargne-retraite. Nous recommandons que toutes les cotisations patronales à des REER collectifs soient immobilisées, afin d'assurer qu'elles servent comme prévu à procurer un revenu à la retraite.
Tous ces changements qu'il est proposé d'apporter aux régimes de retraite privés — l'adhésion automatique, la hausse automatique, les régimes de retraite interentreprises et l'immobilisation des cotisations patronales dans les REER collectifs — nécessiteraient des mesures relativement simples qui renforceraient notre troisième pilier de l'épargne-retraite, et bien peu nombreux sont ceux qui s'opposeraient à de telles améliorations.
Je vais terminer en formulant quelques observations. L'industrie des assurances de personnes convient que le système public doit procurer un revenu de retraite de base, mais elle n'appuie pas la mise en place sur une grande échelle de nouveaux programmes relevant de l'État. Qu'il s'agisse d'un régime à contributions définies complémentaire au RPC/RRQ ou d'un régime d'État entièrement nouveau, ces programmes ne feraient, selon nous, que reproduire ce que le secteur privé a déjà fait.
En résumé, l'industrie des assurances de personnes est d'avis que notre système d'épargne-retraite est bien structuré et jouit d'une réputation enviable sur la scène internationale. Nous devons trouver des mécanismes qui permettront à un plus grand nombre de Canadiens de profiter de ce qui est déjà en place. Les mesures que nous proposons — ouvrir le marché des REER et rendre les régimes de retraite d'entreprises plus accessibles — constituent les meilleures façons de leur permettre d'atteindre leurs objectifs.
Merci, monsieur le président.
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Très bien. J'imagine que nous pouvons nous-mêmes lire entre les lignes.
Sur une note plus sérieuse, le Parti libéral s'est prononcé en faveur d'un régime de pension supplémentaire, et je remarque que les compagnies d'assurances de même que l'association des banquiers s'y opposent. Notre décision reposait en partie sur le fait que les frais de gestion imposés par le secteur privé pour la gestion des fonds sont de deux ou trois points de pourcentage par année, selon la catégorie d'actifs, et compteraient parmi les plus élevés de l'OCDE, tandis que dans le cadre d'un régime de pension public, comme le Régime de pensions du Canada, le coût est beaucoup moindre.
Les frais très élevés que demande le secteur privé constituent l'un des éléments qui nous incitent à envisager la mise en œuvre d'un autre régime de pension canadien. Le secteur privé nous dit de ne pas nous en faire, de ne pas reproduire ce qu'il fait déjà, mais le véhicule que nous proposons coûterait beaucoup moins cher aux Canadiens que ce que le secteur privé demande actuellement.
J'aimerais demander aussi bien à l'association des banquiers qu'aux assureurs pourquoi nous ne pouvons pas faire les deux. Nous proposons de créer un autre régime de pension canadien. L'idée ne vous plaît pas parce qu'un tel régime rivalise avec les vôtres. Vous proposez, et vous avez tous les deux dit quelque chose de semblable à ce sujet, de « permettre l'existence de régimes de retraite indépendants de la relation de travail ainsi que des régimes parrainés par plusieurs tierces parties et ouverts à de larges catégories de participants ».
C'est ce que proposent les banquiers et les assureurs. Je n'ai rien contre cela. Les assureurs ont déjà le droit de gérer de tels régimes de pension en vertu de la Loi sur les régimes de pension de l'Ontario. S'il y a des obstacles qui nuisent à ce genre de régimes, je pense que nous devrions les éliminer.
Ce que je veux dire, c'est pourquoi ne pas laisser 1 000 fleurs s'épanouir? Pourquoi ne pas offrir un plus grand choix aux consommateurs? Nous pourrions avoir un autre régime de pension du Canada avec lequel le secteur privé devrait concurrencer, et nous pourrions avoir des régimes de retraite interentreprises avec lesquels le secteur public devrait concurrencer. Pourquoi insistez-vous pour qu'il n'y ait pas d'ajout au régime de pension du secteur public et pour que les régimes de retraite soient exclusivement privés? Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir un mélange des deux et offrir aux Canadiens un plus grand choix de produits?
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Tout d'abord, laissez-moi apporter quelques précisions concernant les coûts.
Je veux tout d'abord signaler que, dans la partie la plus générale du marché des pensions de retraite des compagnies canadiennes d'assurances de personnes et d'assurance-maladie, les coûts sont effectivement très concurrentiels. Nous parlons ici de coûts qui se situent dans les 60 à 70 points de base aux fins des registres et des investissements, qui se comparent favorablement à la nation offrant la plus grande compétitivité au monde, notre voisin du sud, avec des régimes 401(k) gérés par une industrie vingt fois plus importante.
La proposition visant à permettre aux petites entreprises de participer à un régime plus global — et c'est encourageant d'entendre une proposition qui cherche à éliminer les obstacles, cette proposition, dis-je, permettrait aux Canadiens d'avoir accès à un régime de pension très économique comme ceux dont les plus grosses entreprises canadiennes profitent aujourd'hui grâce à des régimes à cotisations définies.
Pour répondre plus particulièrement à la question de savoir si nous pourrions avoir un régime de pension canadien parallèle, la réponse est oui. Ce qui nous dérange dans cette proposition, c'est que lorsque nous regardons ailleurs et constatons toute la structure qu'il faut mettre en place, en prenant situation du R.-U. comme exemple intéressant, il en coûte 50 millions de dollars par année à l'État. En fait, ce mouvement a débuté en 2003 et je crois qu'à compter de 2013 ou 2014, ce sera graduellement mis en place.
Alors, je voudrais simplement ajouter que c'est une question de temps et d'argent.
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J'aimerais remercier les gens d'être ici, particulièrement ceux qui font l'effort de parler en français, même si ce n'est pas leur langue maternelle.
Au départ, j'aimerais m'adresser aux gens d'Air Canada en disant que vous êtes probablement et malheureusement l'exemple d'un délestage de la part d'un employeur qui, à deux reprises, s'est servi de la loi pour ne pas verser ses contributions, a pris un congé de contributions et vous a laissé sans parachute — si je peux m'exprimer ainsi.
Manifestement, vous cherchez une piste d'atterrissage auprès du gouvernement fédéral, à titre d'ancien actionnaire, ou de l'État. La solution qui a cours au Québec, soit de permettre à la Régie des rentes d'accueillir les régimes de rentes d'employeurs en défaut, pourrait-elle être utilisée?
Pendant que vous réfléchissez à votre réponse, j'aimerais m'adresser aux gens de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada. Je suis content que vous disiez qu'en 2010, vos résultats sont encourageants, parce qu'en 2009, à moins 18,6, on faisait partie de la vague descendante.
Une capitalisation qui s'étend sur une durée de 75 ans, c'est manifestement très long. D'ailleurs, dans le rapport annuel, vous dites qu'il s'agit d'un régime de capitalisation différent de la capitalisation intégrale.
Seriez-vous en mesure d'administrer des fonds, tels que celui d'Air Canada, qui seraient en position de délestage, en position de poche d'air — si vous me permettez de garder la même allégorie? Serait-il possible pour vous de prendre le même relais que celui de la Régie des rentes et la Caisse de dépôt et placement du Québec?
Madame Thompson?
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Merci, monsieur le président. Je veux remercier les membres de ce groupe de leur présence ici aujourd'hui.
Monsieur le président, je veux souligner que les témoins sont assez nombreux et qu'il s'agit là d'une question très importante. À mon avis, il pourrait être utile d'inviter de nouveau certains de ces témoins à nous rencontrer. À l'avenir, je préférerais des groupes plus petits afin que nous ayons plus de temps pour poser des questions.
J'ai déjà transmis mes questions aux représentants de l'OIRPC. En fait, j'ai un grand nombre de questions à poser et j'aimerais que les réponses soient communiquées aux membres du comité par écrit d'ici le 12 avril, si possible. À noter que cette démarche pourrait vous obliger à revenir défendre ou justifier les réponses que vous aurez données.
Je vais faire la lecture de ces questions afin que mes collègues de l'autre côté soient au courant de ce qui m'intéresse. D'ailleurs, certains d'entre vous avez déjà abordé ce sujet.
Une des questions porte sur la proposition d'un régime de retraite canadien supplémentaire, une idée dont nous avons entendu parler. Est-ce que l'OIRPC dispose actuellement des ressources nécessaires pour gérer et promouvoir un système volontaire ou obligatoire tel qu'énoncé dans les récentes propositions? Combien de temps faudrait-il à l'OIRPC pour mettre en place l'infrastructure nécessaire pour gérer un tel régime et de combien d'autres employés l'OIRPC aurait-il besoin pour y parvenir? Une estimation?
Quels seraient les avantages pour les clients d'avoir accès à un régime volontaire géré par le RPC comparativement à un régime financier privé ou à ceux offerts par les institutions financières du secteur? À quels risques s'exposeraient les contribuables qui ne cotiseraient pas à un régime de pension volontaire?
Est-ce que le RPC actuel est supérieur à ceux actuellement offerts sur le marché? Nous avons certains renseignements à ce sujet. Pouvons-nous espérer qu'un régime de retraite canadien supplémentaire volontaire puisse atteindre les mêmes niveaux de rendement ou un rendement supérieur? Est-ce qu'un régime de pension canadien volontaire nous permettrait de continuer à profiter de l'avantage au niveau des coûts administratifs que nous offre, selon ce qu'on nous a dit, le régime obligatoire actuel?
En outre, pour faire suite à la question de M. Paillé, est-ce que l'OIRPC dispose actuellement des ressources nécessaires pour prendre en charge les régimes de pension privés qui sont en difficulté? Je crois que vous avez déjà abordé brièvement cette question. Combien de temps faudrait-il à l'OIRPC pour mettre en place une infrastructure capable d'accueillir ces régimes en difficulté et combien de personnes supplémentaires faudrait-il embaucher? Enfin, quels risques devraient assumer les contribuables si on confiait à l'OIRPC le mandat d'administrer les régimes de pension en difficulté?
Ce sont là de nombreuses questions. En général, ce que nous ont dit d'autres personnes, et pas seulement les gens de l'opposition, mais des gens que nous avons rencontrés la semaine dernière et avec lesquels nous avions déjà eu de brèves discussions sur les pensions plus tôt au cours de l'automne, ces personnes nous ont dit qu'un programme volontaire administré par l'OIRPC constitue une option valable, mais qu'il y a lieu de se poser des questions. Nous n'avons pas quatre ou cinq heures à consacrer à une discussion sur le sujet, nous n'avons que quelques minutes.
C'est pourquoi j'aimerais que toutes les personnes présentes reçoivent les réponses à ces questions. D'ailleurs, les réponses et les questions seront diffusées en français et en anglais afin de nous permettre d'avoir une discussion valable sur le sujet. Et...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis sorti de cette vénérable enceinte pour prendre part à 26 réunions au cours desquelles j'ai écouté parler des Canadiens ordinaires qui n'avaient pas nécessairement de connaissances spécialisées sur les pensions.
Vous avez parlé des trois piliers. Les participants aux régimes de retraite à contribution définis ou aux régimes enregistrés d'épargne-retraite éprouvent de graves difficultés à l'heure actuelle, mais je n'entrerai pas davantage dans les détails.
Monsieur Campbell, vous avez très bien décomposé le problème. Le NPD a, entre autres, proposé qu'on double les prestations du RPC. Bien entendu, cela prendra bien du temps. On augmenterait essentiellement les prestations — je crois que le montant maximal est de 907 $ par mois à l'heure actuelle — pour qu'elles s'élèvent à 1 814 $, de façon à consolider ce pilier qui soutient les deux autres du régime public.
Nous sommes conscients que plus de 60 p. 100 des travailleurs canadiens, tant du secteur public que du secteur privé, n'ont aucune économie ni fonds de pension. Pourriez-vous nous faire part de vos remarques à ce sujet?
Et si vous le permettez, madame Thompson, j'aimerais que nous discutions un moment du projet de loi présenté par le NPD. Air Canada a eu recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Nous voulons que les fonds des régimes de pension soient considérés comme une créance garantie aux termes de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. J'aimerais avoir votre opinion à ce sujet, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Merci également aux témoins.
Je pense qu'on parle beaucoup en ce moment des situations comme celles d'Air Canada ou de Nortel et qu'on se penche sur de nombreux ratios et régimes privés, tout particulièrement les régimes offerts par l'employeur, qui sont en difficulté. Malgré la relance économique, ces régimes se trouvent toujours en difficulté. Pour pallier cette situation, différentes choses ont été proposées, dont celle que préconise tout particulièrement notre parti, c'est-à-dire l'adoption d'un régime complémentaire au RPC.
M. Campbell soulève des questions intéressantes.
En passant, messieurs Raymond et Dale, c'est agréable de parler avec vous d'autre chose que notre sujet de prédilection habituel.
Laissez-moi reprendre les questions de M. Campbell afin de connaître vos réactions.
Il a cherché à savoir comment les Canadiens pourraient obtenir conseil quant aux décisions de placement qu'ils auront à prendre s'ils sont appelés à cotiser à un régime complémentaire. À cette question, je répondrais par une autre: pourquoi les Canadiens chercheraient-ils à obtenir conseil si on parle simplement d'un régime auquel on cotise à la source chaque mois ou chaque semaine ou je ne sais trop? Pourquoi faudrait-il conseiller les gens pour ce genre de démarche?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être des nôtres aujourd'hui.
Mes questions s'adressent à l'Association des banquiers canadiens. Je sais que vous vous trouvez tout au bout de la table du même côté que moi, alors je ne serai peut-être pas en mesure de vous voir tout le temps.
J'ai beaucoup apprécié ma lecture de votre rapport intitulé Modernisation du système d'épargne-retraite du Canada et prendre connaissance des difficultés que cette étude vous a permis de constater au sujet de la réforme des pensions. J'apprécie également le fait que vous ayez distribué ce rapport aux membres du comité afin que nous puissions continuer de l'étudier.
Dans ce rapport, vous indiquez qu'il n'existe pas de solution unique qui convienne pour tous et je suis heureuse que vous l'ayez redit ici aujourd'hui.
À la page 10 de votre rapport, vous avez également insisté sur le fait que tous les ordres de gouvernement du Canada doivent collaborer et prendre des mesures coordonnées. Vous écrivez également:
Le niveau adéquat d'épargne-retraite est une question nationale qui nécessite des solutions politiques nationales pour augmenter la capacité d'épargner des Canadiens.
Êtes-vous toujours d'avis que nos gouvernements doivent collaborer et s'entendre avant d'apporter des changements à ce niveau? Pouvez-vous préciser davantage quels seraient certains des changements proposés?
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Je vais commencer par la limite personnelle à vie, et nous pourrons ensuite revenir sur la question de l'âge pour les REER, car je sais que les assureurs-vie ont proposé un âge précis, dont ils voudront peut-être parler.
Pour ce qui est de la limite personnelle à vie, je n'ai pas encore un plan très détaillé, mais un certain nombre de chroniqueurs en ont fait la proposition, et je pense qu'elle est pleine de bon sens. Elle ajoute de la souplesse, puisque la limite est fixée pour la vie. On applique déjà un peu ce principe avec les REER en ce sens que vous pouvez utiliser les marges qui vous restent des années précédentes, mais la limite dépend du revenu et quand on est jeune, la limite est plus basse.
Si vous fixez une limite pour la vie — certains analystes proposent une limite de 1 million de dollars, d'autres davantage —, ça vous permet d'augmenter vos cotisations au fur et à mesure que vous vieillissez, alors qu’avec un REER, qui fixe une limite en fonction du revenu même s'il prévoit une formule de rattrapage de la marge non utilisée, avec un REER, donc, si vous n'avez pas cotisé au début de votre carrière, vous ne pouvez pas cotiser autant. Nous y voyons plus de souplesse.
Il y a beaucoup de gens qui connaissent des hauts et des bas au cours de leur carrière. Pendant un certain temps, ils sont au chômage ou ils gagnent moins d'argent, et il serait peut-être souhaitable de permettre à ces gens-là de faire du rattrapage lorsqu'ils sont en mesure de le faire.
Je vais maintenant laisser mes collègues de l’ACCAP vous répondre.