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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis effectivement très heureux de pouvoir discuter des questions de fond avec vous.
Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire combien j'apprécie la possibilité qui m'est donnée de rencontrer les membres du comité et de m'exprimer sur les enjeux stratégiques auxquels la Banque du Canada sera confrontée à moyen terme. Je me réjouis à la perspective des nombreux témoignages que j'aurai l'occasion de faire devant ce comité et le Comité sénatorial des banques et du commerce, puisque le gouverneur est appelé à se présenter périodiquement devant les parlementaires afin d'expliquer le point de vue de la Banque sur l'économie, la politique monétaire et le système financier.
Je tiens, toutefois, à préciser, d'entrée de jeu, que je ne suis pas encore le gouverneur de la Banque du Canada. Aux termes de la Loi sur la Banque du Canada, le gouverneur actuel, David Dodge, demeure responsable de la politique monétaire mise en oeuvre au pays jusqu'à la fin de janvier. Depuis quelques années, les décisions relatives à la politique monétaire de la Banque sont prises par voie de consensus par le conseil de direction de la Banque. Je ne fais pas encore partie du conseil. C'est pourquoi, en répondant à vos questions aujourd'hui, je m'appliquerai à ne commenter ni la politique monétaire actuelle, ni les perspectives économiques, de façon à éviter de porter préjudice aux décisions à venir du conseil de direction. J'espère que l'ensemble de l'auditoire comprendra cette importante réserve.
Compte tenu du poste que j'occupe actuellement, j'aimerais axer mes propos sur les principaux défis stratégiques auxquels la Banque devra faire face à moyen terme. Comme il est énoncé dans le préambule de la Loi sur la Banque du Canada, l'objectif de l'institution consiste « de façon générale, à favoriser la prospérité économique et financière du Canada ». Pour atteindre cet objectif, la Banque, premièrement, mène la politique monétaire de façon à maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible; deuxièmement, veille à la fiabilité et à la solidité du système financier canadien; troisièmement, fait office d'agent financier du gouvernement du Canada afin de fournir des services de gestion financière efficients et efficaces; et, quatrièmement, émet des billets de banque de qualité aisément acceptés et dotés de caractéristiques anticontrefaçon. Sur ce dernier point, je me permets d'ajouter que la Banque accorde une très grande importance à cette activité et que nous collaborons étroitement avec nos partenaires des différentes organisations policières — notamment la GRC — et le secteur de la vente au détail pour faire échec au faux monnayage, grâce à une stratégie d'information et de communication sur les billets et d'observation de la loi. Ces efforts ont donné, et continueront de donner, de très bons résultats.
Ayant brossé cette toile de fond, je vais maintenant aborder la question du travail que fait la Banque dans les domaines de la politique monétaire et du système financier.
[Français]
En ce qui concerne la politique monétaire, j'ai la chance d'hériter d'un cadre de conduite de la politique exceptionnellement fiable et solide. Au fil des ans, il est devenu évident que la meilleure contribution que la politique monétaire puisse apporter au bien-être économique et financier du pays consiste à garder l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible. Autrement dit, la maîtrise de l'inflation n'est pas une fin en soi; c'est plutôt le moyen par lequel la politique monétaire peut le mieux contribuer au dynamisme de l'économie. Plus précisément, la Banque du Canada vise le maintien du taux d'accroissement annuel des prix à la consommation à 2 p. 100, soit le point médian d'une fourchette de maîtrise de l'inflation qui va de 1 à 3 p. 100. Ce faisant, la politique monétaire aide à faire en sorte que l'économie tourne à son plein potentiel et favorise une croissance économique soutenue.
Le Canada a été extrêmement bien servi par son régime de cibles d'inflation, qui a été imité par de nombreux pays. Les résultats exemplaires obtenus par la Banque au chapitre de la maîtrise de l'inflation nous ont évité les effets destructeurs d'une inflation élevée observés dans les décennies antérieures. Ces effets ont touché particulièrement les Canadiens les plus pauvres et ont fait baisser notre production et augmenté notre chômage. Depuis l'adoption des cibles d'inflation, malgré tous les chocs que le Canada a subis, la production réelle au pays a crû à un taux moyen de 3 p. 100 par année et le taux de chômage est tombé à des niveaux qu'on n'avait pas vus depuis plus de trois décennies. Comme cela a été le cas dans les pays qui se sont dotés d'un régime de cibles d'inflation, le taux d'inflation et les taux d'intérêt ont généralement été plus bas et moins volatiles.
L'adoption d'une cible explicite en matière d'inflation a été officialisée pour la première fois dans une entente conjointe conclue entre la Banque du Canada et le gouvernement du Canada en 1991. Étant donné le succès qu'elle a remporté au départ, l'entente a été reconduite à quatre reprises, moyennant de légères modifications, plus récemment jusqu'à la fin de 2011. Cette entente établit un objectif clair — la cible d'inflation — et fournit un cadre de responsabilité transparent pour la Banque du Canada. Cette dernière appuie ce cadre en communiquant de façon ouverte et fréquente avec les Canadiens et les Canadiennes. Si le taux d'inflation s'écarte de la cible, la Banque en expliquera les raisons et les mesures qu'elle prendra pour le ramener et précisera la durée prévue du processus. Il importe de souligner que la Banque suit une approche symétrique pour maîtriser l'inflation.
[Traduction]
L'un des éléments clés de notre cadre de mise en oeuvre de la politique monétaire est le taux de change flottant. Grâce à lui, le Canada peut mener une politique monétaire indépendante, adaptée à sa conjoncture propre. Bien qu'il n'existe pas de cible en ce qui concerne le taux de change du dollar canadien, la Banque se préoccupe tout de même des facteurs à l'origine des variations de ce dernier et des effets qu'elles risquent d'avoir sur la production et l'inflation.
Le taux de change est un prix relatif important au sein de notre économie. Ses mouvements influent sur le niveau des importations et des exportations, ce qui aide à équilibrer l'offre et la demande globales. Qui plus est, ces variations du taux de change sont un signal qu'il convient de déplacer des ressources vers des secteurs où la demande est plus élevée. Un taux de change flottant facilite ce processus et contribue à réduire au minimum les ajustements dans d'autres secteurs de l'économie.
Le défi qui se pose pour la Banque est de comprendre les facteurs qui expliquent les variations de la monnaie, d'en tenir compte dans les évaluations qu'elle fait d'autres données, et d'orienter la politique monétaire de telle sorte qu'elle aide à maintenir la demande et l'offre globales en équilibre, et l'inflation au taux cible. Cela signifie que la Banque doit porter un jugement sur les causes et la persistance probable des mouvements du taux de change, la vitesse et le degré de transmission de ces mouvements aux prix intérieurs et leur incidence possible sur la confiance et, sous l'influence de celle-ci, sur la consommation et l'investissement.
Il est vrai que les mouvements du taux de change peuvent être, et ont été, passablement volatiles. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que certaines personnes demandent au Canada d'arrimer sa monnaie au dollar américain. À mon avis, ce serait une erreur. Cela supposerait que le Canada adopterait de fait la politique monétaire américaine, même si les structures de nos économies sont très différentes et que, par conséquent, elles nécessitent souvent différents types d'ajustements en réponse à des changements sur la scène internationale.
Les ajustements étant inévitables, la question est simplement de savoir comment s'adapter aux forces économiques mondiales. Avec un taux de change fixe, les ajustements devraient être opérés par des variations de la production globale et de l'ensemble des salaires et des prix. L'expérience passée montre que ces ajustements sont plus longs et plus difficiles que les ajustements de taux de change. Mais, là encore, je tiens à souligner que ce point de vue ne signifie pas que la Banque ne se soucie pas des mouvements du taux de change.
Un autre aspect important de notre cadre de conduite de la politique monétaire est la nécessité d'avoir une vision prospective, en raison des décalages entre les mesures prises et leurs effets sur l'économie. Une telle perspective est en effet essentielle au succès du régime de cibles d'inflation. L'entente conjointe entre le gouvernement du Canada et la Banque à l'égard de la cible d'inflation a aidé à arrimer les attentes d'inflation près de 2 p. 100.
Plus fondamentalement, la gestion efficace de la politique monétaire par mes prédécesseurs a mené un processus qui a la capacité de se renforcer lui-même: une crédibilité accrue en matière de politique ancre davantage les attentes d'inflation, ce qui contribue à une plus grande stabilité de l'environnement macroéconomique, laquelle améliore à son tour la crédibilité de la politique. Nous ne devrions pas sous-estimer la valeur de ces gains durement acquis, et je n'ai aucunement l'intention d'y renoncer.
Des attentes d'inflation bien arrimées aident à atténuer les variations des taux d'intérêt, à abaisser le coût des emprunts pour les Canadiens, à rendre le coût du capital plus stable et plus concurrentiel pour nos entreprises et, au bout du compte, à favoriser une croissance plus durable de la production et de l'emploi.
Malgré les succès qu'elle a remportés, la Banque a l'obligation envers les Canadiens d'évaluer continuellement les possibilités d'amélioration du cadre de conduite de la politique. Elle a donc lancé un programme de recherche concerté ayant pour but de déterminer si ce cadre pouvait être amélioré et de quelle façon. Le programme porte essentiellement sur les avantages et les inconvénients que pourrait présenter l'adoption d'une cible d'inflation inférieure, la poursuite d'une cible basée sur le niveau des prix plutôt que sur l'inflation et les défis que présente la communication de ces changements éventuels à la population.
La Banque mènera cette recherche et en publiera les résultats de manière transparente, afin d'encourager le débat et la formulation de suggestions. Je dirais également que des résultats favorables à un changement devraient être très convaincants pour que nous voulions modifier un régime qui connaît manifestement beaucoup de succès depuis 15 ans.
Au cours des prochaines années, quatre tendances fondamentales mettront à l'épreuve la conduite de la politique monétaire. Il est difficile de prévoir avec précision la rapidité de leur évolution, mais il est impossible de ne pas tenir compte de leur influence. Ces tendances sont:
Premièrement, la mondialisation des marchés des biens et des capitaux et, de plus en plus — du fait de l'impartition et des technologies — de ceux du travail.
Deuxièmement, la correction des déséquilibres mondiaux, qui nécessitent un raffermissement de la demande intérieure dans les pays qui ont de gros excédents courants et le passage à un régime de change flottant dans les pays ayant une importance systématique qui gèrent activement leur taux de change en ce moment. Comme la Banque l'a dit à maintes reprises, ce processus risque de se dérouler de manière désordonnée.
Troisièmement, le rythme et l'orientation de l'innovation et de l'intégration financières, qui ont d'importantes implications pour le degré d'intermédiation financière, le niveau des taux d'intérêt nominaux et réels ainsi que les mécanismes de transmission de la politique monétaire.
Et, quatrièmement, la trajectoire de la croissance de la production potentielle au Canada, qui reflète l'équilibre entre de profonds changements démographiques et l'évolution de la productivité au Canada.
Ces tendances économiques et financières sous-jacentes rendent la poursuite de notre cible d'inflation plus ardue, non seulement parce qu'il est probable qu'aucune ne progressera à un rythme constant et prévisible, mais aussi parce qu'elles sont toutes liées les unes aux autres. Par exemple, les déséquilibres mondiaux, l'intégration financière et des taux d'intérêt nominaux historiquement faibles peuvent tous s'expliquer en partie par le phénomène bien connu de l'intégration mondiale qui se produit actuellement à une échelle sans précédent.
La Banque doit mieux comprendre ces forces afin de s'acquitter efficacement de ses responsabilités. Elle doit aussi continuer de communiquer son point de vue sur ces grandes tendances pour que les particuliers, les entreprises et les administrations publiques du Canada disposent de toute l'information qu'il leur faut quand vient le temps de prendre des décisions en matière d'épargne et d'investissement.
[Français]
La vigueur de notre système financier aidera à déterminer l'incidence finale de ces tendances, puisque chacune peut en soi influer sur la volatilité des prix des actifs et la stabilité de la croissance et de l'emploi. Les systèmes financiers robustes et résilients absorbent les chocs, permettent d'affecter les ressources avec efficience et contribuent à améliorer l'efficacité de la politique monétaire. Par contre, ceux qui sont faibles risquent d'amplifier les répercussions des chocs sur l'activité macroéconomique et de diminuer l'efficacité de la politique monétaire. Par conséquent, la Banque du Canada doit jouer un rôle fondamental de promotion de la fiabilité et de la stabilité du système financier canadien.
Le rôle joué par la Banque à l'égard de la stabilité financière est au coeur du mandat qui lui est conféré par la loi, à savoir favoriser la prospérité économique et financière du Canada. Avant de terminer, j'aimerais vous faire part de cinq brèves observations à ce sujet.
Premièrement, en tant que banque centrale du pays, nous sommes chargés par la loi de la surveillance générale des systèmes de compensation et de règlement d'importance systémique en vue d'en assurer la fiabilité et la solidité.
Deuxièmement, nous remplissons un rôle de premier plan dans la fourniture de liquidités pour faciliter le règlement des transactions financières. Traditionnellement, la Banque procédait à des opérations de prise en pension sur le marché pour les titres de dette du gouvernement canadien seulement, et accordait des liquidités en vertu de son mécanisme permanent d'octroi des liquidités en contrepartie de garanties de grande qualité, afin de maintenir le taux de financement à un jour près de la cible visée. Toutefois, compte tenu des événements récents, il y a lieu de se questionner sur le rôle approprié des banques centrales dans l'injection de liquidités sur les marchés monétaires. Comme l'a fait remarquer mon collègue Pierre Duguay le mois passé, la Banque se demande en ce moment s'il ne conviendrait pas mieux, pour réagir à certaines défaillances du marché, que la banque centrale instaure un mécanisme d'octroi de liquidités à une échéance de plus d'un jour, contre des garanties pouvant appartenir à une gamme élargie de titres.
[Traduction]
Troisièmement, la réaction à la turbulence récente sur les marchés financiers devrait confirmer que les acteurs du marché sont foncièrement responsables de leurs actes. Par exemple, il faut que les investisseurs comprennent la dynamique des prix et les risques de liquidité liés aux produits qu'ils achètent, plutôt que de se fier uniquement aux agences de notation. Le marché entreprend de mettre en oeuvre bon nombre des changements qui s'imposent: les institutions améliorent leur gestion de la liquidité et pratiquent une meilleure discipline en matière de crédit; et les initiateurs de prêts ainsi que les distributeurs de créances commencent à modifier leurs produits afin d'en uniformiser les modalités et d'harmoniser les incitations. Parallèlement, le marché doit absolument disposer d'informations exactes en temps opportun sur les risques sous-jacents pour pouvoir différencier les risques et les évaluer correctement. C'est pourquoi, comme le soulignait le gouverneur Dodge en septembre, il est crucial d'accroître la divulgation et la transparence.
Quatrièmement, l'évolution mondiale récente a fait ressortir l'importance, pour les autorités canadiennes, de maintenir une étroite collaboration. La Banque travaillera encore de concert avec ses partenaires, dont le ministère des Finances, le Bureau du surintendant des institutions financières, la Société d'assurance-dépôts du Canada et les commissions provinciales des valeurs mobilières à promouvoir le fonctionnement sûr et efficace des composantes clés de notre système financier.
Enfin, la Banque continuera de tirer parti de son appartenance à des organismes internationaux ainsi que de ses importantes capacités de recherche pour concourir à la sûreté, à la fiabilité et à l'efficience du système financier à l'échelle du globe. Par exemple, la Banque et le gouvernement du Canada se sont employés activement à promouvoir la réforme du Fonds monétaire international, notamment le renforcement de sa fonction de surveillance, ce qui peut contribuer de façon importante à la résolution des déséquilibres mondiaux et au développement d'un système financier international plus robuste. Dans le cadre des mesures prises à l'échelle internationale en réaction à la turbulence récente sur les marchés, la Banque participe aussi aux travaux du Forum sur la stabilité financière qui visent à examiner les propositions de modification des normes comptables et des dispositions réglementaires, et à déterminer dans quelle mesure une surveillance accrue pourrait améliorer la gestion des risques de crédit et de liquidités dans les institutions financières mondiales.
Pour conclure, je tiens à vous dire que c'est un honneur et un privilège d'avoir été choisi pour servir les Canadiens et les Canadiennes en tant que huitième gouverneur de la Banque du Canada. Je me réjouis tout particulièrement à la perspective de diriger les employés talentueux et dévoués qui travaillent à la Banque pour relever les défis des années à venir. Je ferai de mon mieux pour être à la hauteur des normes très élevées établies par mes prédécesseurs. Je suis en outre persuadé que, grâce à mon expérience au sein des secteurs public et privé, je pourrai apporter une contribution utile au travail important qu'accomplit la Banque au nom de tous les Canadiens.
Je vous remercie du temps que vous m'accordez aujourd'hui et je suis à votre entière disposition pour répondre à vos questions.
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Merci beaucoup pour cette question. Elle est extrêmement importante, et il va sans dire qu'elle est tout à fait d'actualité.
Il ne fait aucun doute que nous avons observé dernièrement une importante volatilité sur les marchés des changes, y compris en ce qui concerne le dollar canadien. Mais, il convient de se rappeler, comme vous le savez, que les marchés des changes, comme tous les marchés d'actifs, peuvent être volatiles et finir par aller trop loin, et il ne fait aucun doute que l'évolution des facteurs économiques fondamentaux ne suffit pas pour expliquer la volatilité du dollar canadien que nous avons récemment observée.
Nous pouvons toujours discuter des causes potentielles de cette volatilité, si vous voulez — même si vous ne voudrez peut-être pas y consacrer le temps nécessaire — mais, au lieu de m'y attarder, je vais m'attaquer au fond de votre question, à savoir les mesures que la Banque peut prendre dans ce domaine.
Premièrement, je vous dirais — et on ne le répétera jamais assez — l'expérience de la Banque et l'historique de la politique monétaire canadienne nous amènent à conclure que la meilleure contribution que la Banque puisse apporter au bien-être économique et financier du pays consiste à continuer à viser l'objectif principal, voire même unique, qu'elle s'est fixé, qui est d'en arriver à un taux d'inflation qui soit faible, stable et prévisible.
Dans ce contexte, comme je l'ai indiqué dans mon exposé liminaire, le taux de change joue nécessairement un rôle important, et des mouvements du taux de change qui sont manifestement détachés ou différents des mouvements fondamentaux doivent être pris en compte dans le contexte de la conduite de la politique monétaire.
Mais, comment en tenir compte? Eh bien, il faut examiner les raisons pour lesquelles le taux de change a pu évoluer; il nous faut réfléchir à ce qui explique la persistance des changements du taux de change. Il est évident que nous avons observé la montée en flèche et la chute très rapide de notre taux de change. Il convient donc de réfléchir aux conséquences de ces changements pour l'économie, et ce toujours dans le contexte de l'atteinte de notre objectif relatif au taux de change.
Quelles mesures précises la Banque peut-elle prendre? Personnellement, je ne suis pas en faveur de l'arrimage du taux de change. Je ne suis pas favorable à l'idée d'une union monétaire. On peut toujours en discuter en détail par la suite, si les membres le souhaitent. Mais je pense que la Banque a grand avantage à communiquer ouvertement avec les Canadiens et avec le marché au sujet de l'incidence éventuelle de ces changements sur la production et, finalement, sur l'inflation, afin de leur donner le sentiment que la Banque assure une certaine stabilité, qui correspond, objectivement parlant, à sa fonction principale.
Si vous voulez injecter plus de volatilité dans les marchés d'actifs — qu'on parle de taux d'intérêt, de taux de change ou d'actions — il suffit de faire croire que vous changez d'avis au sujet de vos objectifs. À mon avis, la Banque doit continuer à mettre l'accent sur la cible d'inflation, à expliquer ce qu'elle fait, à expliquer les conséquences potentielles du mouvement des taux de change et à différencier les raisons qui peuvent avoir causé ce mouvement car, à ce moment-là, le marché s'ajustera en conséquence.
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Merci pour cette question. C'est, d'ailleurs, l'un des messages que je tiens à transmettre au comité aujourd'hui, car ce sont des questions d'actualité très importantes, et je pense que cela continuera d'être le cas au cours de la première année de mon mandat, et sans doute après la fin de mon mandat à la Banque du Canada. Donc, ce n'est pas uniquement une question d'actualité; ce sont des questions de plus grande envergure.
Je me permets, donc, de répéter que la Banque joue un rôle tout à fait fondamental dans le domaine de la stabilité financière. La stabilité financière et la politique monétaire sont étroitement liés l'une à l'autre.
Premièrement, nous devons nous assurer de fournir les liquidités nécessaires. Nous établissons un taux cible du financement à un jour. Comme vous le savez tous, il a été changé hier, et nous voulons que le taux réel sur les marchés de fonds à un jour soit le taux du financement à un jour. Donc, nous assurons par moments — ce qui semble logique — les liquidités nécessaires sur le marché du financement à un jour, si besoin est, afin de nous assurer que, en moyenne, le taux du financement à un jour atteindra le taux cible. Nous avons fait cela récemment, et je dirais que nous l'avons même fait fréquemment depuis le mois d'août. C'est une pratique courante chez d'autres banques centrales du monde à cette période de stress sur les marchés financiers.
Mais, la question est de savoir ce qui arrive entre le taux du financement à un jour et les taux trois mois plus tard. Au Canada, il y a généralement une courbe de rendement assez raide entre le taux du financement à un jour et le taux trois mois plus tard, étant donné que les taux de trois mois sont importants pour les institutions financières.
Les courbes aux États-Unis, en Europe et au Royaume-Uni sont beaucoup plus raides qu'elles ne le sont au Canada. Donc, si nous rencontrons une difficulté, c'est parce qu'il existe une difficulté ailleurs. Et la question est de savoir — c'est pour cette raison que j'ai parlé tout à l'heure d'instruments — ce que la Banque peut faire ou ce que la Banque devrait faire éventuellement afin de s'assurer de liquidités suffisantes par la suite, afin que les changements du taux du financement à un jour soient transmis sur toute la courbe.
Je voudrais faire un commentaire en parallèle, si vous me permettez — et c'est une simple observation — à savoir que le changement du taux de financement à un jour hier a donné lieu à une baisse de la courbe. Donc, même si la courbe est encore assez raide, au moins elle évolue de pair avec le taux du financement à un jour.
Voilà donc certains des éléments dont nous tenons compte pour ce qui est d'assurer des liquidités suffisantes à court terme. Cette question est tout à fait d'actualité. On en discute à l'heure actuelle, et vous pouvez vous-même vous rendre compte que c'est un sujet de discussion permanent aux États-Unis et en Europe, qui disposent d'une plus grande marge de manoeuvre, en ce qui concerne l'écart entre le taux du financement à un jour et le taux de trois mois, que nous, à la Banque du Canada.
Très rapidement, les autres mesures que nous devons prendre… Selon moi, il nous faut surveiller en permanence la situation, non seulement dans une optique macroéconomique, mais pour en faire profiter également les institutions individuelles, et c'est là qu'intervient notre collaboration avec le BSIF, le ministère des Finances et la SADC, afin de nous assurer que tout le monde est tout à fait au courant de la situation. Je répète, pour la gouverne des membres du comité, que la Banque doit constituer un prêteur de dernier recours auprès des institutions sous réglementation fédérale, et que nous travaillions activement, à l'échelle internationale, pour influencer davantage les réformes plus générales qui sont envisagées par l'entremise du Forum sur la stabilité financière.
J'insiste aussi sur un dernier point — et je ne voudrais pas qu'il persiste le moindre doute à ce sujet — à savoir qu'il existe un principe fondamental dans ce contexte: pour notre part, nous essayons de nous assurer que les problèmes actuels du système financier ne se propagent pas au sein de l'économie générale. Mais, comme il existe aussi un principe selon lequel les participants aux marchés doivent supporter les conséquences de leurs actes, il convient d'établir le bon équilibre entre ces deux principes très importants.
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Merci beaucoup pour cette question.
Votre observation au sujet de la transparence et des communications ouvertes est très importante. Dans mes remarques liminaires, j'ai justement insisté sur l'importance des attentes dans l'orientation de la politique monétaire.
Tout à l'heure, nous disions que les attentes se situent autour de 2 p. 100. Je pense que l'expérience a démontré que l'atteinte d'une cible d'inflation de 2 p. 100 n'est pas le seul facteur qui compte. Ce n'est pas juste la conduite de la politique monétaire qui compte; c'est aussi les moyens que vous prenez pour la concrétiser et la mesure dans laquelle les gens comprennent comment vous en êtes arrivé là. Et il faut miser sur le dialogue, comme celui que nous avons entamé aujourd'hui, et d'autres activités liées aux relations externes pour encourager cette interaction. Donc, la transparence, qui a toujours été l'une des caractéristiques fondamentales de la Banque du Canada, revêt une importance critique dans ce contexte.
Il nous faut continuer à trouver divers moyens de l'élargir et d'améliorer encore nos communications. Il nous faut également améliorer la qualité de nos publications régulières — que nous examinons en permanence — y compris peut-être notre Rapport sur la politique monétaire. Je vais vous donner des exemples d'éléments que nous pourrions réexaminer — par exemple, les décisions antérieures, les attentes et, plus explicitement, les attentes de la Banque, les résultats et les raisons pour lesquelles les résultats ont été différents. Cela comporte donc un élément de responsabilisation.
L'autre question que certaines banques ont examinée — et il est plus difficile de faire cela dans un organisme oeuvrant sous l'impulsion du consensus, même si c'est encore possible — concerne la publication de procès-verbaux suivant les décisions. Donc, avec un certain retard, la publication des procès-verbaux permet de se faire une meilleure idée de la gamme de résultats possibles et des considérations qui ont été prises en compte dans le processus décisionnel. Par exemple, la Reserve Bank of Australia a annoncé la semaine dernière qu'elle compte justement faire cela.
Une version extrême de cette formule consisterait à publier une prévision des taux d'intérêt. En ce qui me concerne, cette solution n'est pas tout à fait sensée, mais c'est une possibilité qu'il faut examiner dans le contexte de l'examen exhaustif du cadre de ciblage de l'inflation.
Et, si vous me permettez, je voudrais soulever un dernier point: je voudrais faire une petite publicité pour un site Web en particulier, soit www.inflationtargeting.ca. Je sais que vous avez déjà cela dans votre liste de signets. Il s'agit du site Web du programme de recherche dont je vous ai parlé au début. Nous voulons nous en servir comme tribune de discussion libre pour des discussions libres de type wiki ou pour la réalisation de recherche sérieuse, mais aussi, de façon plus pratique, comme lieu de discussion du prochain cadre que nous examinerons dans quatre ans.
Merci.
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Merci pour cette question.
L'un des problèmes qu'on rencontre quand ses efforts sont couronnés de succès, c'est qu'on oublie les raisons pour lesquelles on a voulu créer le cadre au départ.
Comme je l'ai indiqué dans mon exposé liminaire, notre taux d'inflation est faible, stable et prévisible depuis 15 ans. Nous devons cela à mes prédécesseurs, ainsi qu'à l'excellence et au dévouement du personnel de la Banque, mais voilà 15 ans qu'il en est ainsi, et les gens ont tendance à oublier ce que peut coûter l'inflation. Le coût de l'inflation — et j'insiste sur ce point — est tout ce que nous mettons en péril si nous cessons de poursuivre cet objectif avec persévérance, et je vous assure que cela ne va pas m'arriver.
L'inflation finit par faire baisser la valeur de l'argent. Et, si je peux me permettre de citer un aphorisme de Yogi Berra: une pièce de cinq cents ne vaut plus une pièce de dix cents. C'est ça la réalité. D'ailleurs, nous sommes témoins de toutes les discussions actuelles sur ce qu'il faut faire de la pièce d'un sou; en fin de compte, tout cela est la conséquence d'années cumulatives d'inflation.
Deuxièmement, l'inflation crée de l'incertitude. Elle crée de l'incertitude et elle a des incidences importantes sur les investissements et la consommation — surtout les investissements — de même que sur la production et les emplois.
Troisièmement — et même si j'en ai parlé dans mon exposé liminaire, il convient vraiment de le répéter — l'inflation influe sur les personnes les plus vulnérables. Ce sont les membres les plus pauvres de la société qui sont les moins bien placés pour se protéger contre l'inflation et les moins bien placés pour se servir de produits ou de contrats financiers sophistiqués pour échapper à ces effets.
Le cinquième point, et le plus important, dans le contexte de l'inflation — en fait, je ne devrais pas dire que c'est le point le plus important, mais c'est effectivement le cinquième point — et un point sur lequel il convient d'insister, est que les booms inflationnistes finissent toujours mal et que, bien souvent, ce phénomène se manifeste lorsque le taux d'inflation commence à augmenter. Ces booms inflationnistes se terminent toujours mal, et il faut ensuite faire des efforts herculéens pour se remettre sur la bonne voie.
À l'heure actuelle, nous avons un taux d'inflation faible, stable et prévisible. Nous avons des attentes bien ancrées. C'est extrêmement précieux. À ceux qui pensent qu'il y aurait lieu de modifier la cible ou d'ajouter d'autres cibles, alors que nous ne possédons qu'un seul instrument, je dirais qu'ils feraient bien de tenir compte des dangers que cela présente du point de vue des conséquences pour tous ces coûts différents.
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Pour répondre à la première partie de votre question, quand j'étais à l'étranger, je travaillais pour une maison bancaire d'investissement et mon travail consistait surtout à traiter avec des gouvernements souverains, notamment ceux des marchés émergents, à mesure que ces derniers s'affirmaient de plus en plus. Par exemple, il y a eu le cas de l'Afrique du Sud, quand l'ANC est arrivée au pouvoir et négocié ses premières transactions financières, la Corée, et d'autres pays du même genre. Je ne suis pas vraiment intéressé à la situation canadienne avant mon retour au Canada. Donc, la réponse à votre question est non, je n'ai jamais entendu parler de cet élément en particulier.
Votre question générale, toutefois — et c'est un enjeu important qui tient à coeur à la Banque du Canada — concerne les mesures à prendre afin d'améliorer la compétitivité et l'efficacité de nos marchés financiers.
Il ne fait aucun doute qu'il y a certaines mesures qu'on peut prendre, et je vais commencer par vous dire ce que la Banque peut faire. Dans un premier temps, il faut s'assurer d'avoir un marché des instruments à taux fixe efficace, surtout en ce qui concerne les marchés monétaires.
Nous avons un peu parlé tout à l'heure du mécanisme qu'il serait possible d'établir et quel en serait son rôle, mais nous devons absolument nous assurer d'assumer nos responsabilités fondamentales en ce qui concerne la surveillance du système de paiements. C'est important pour les marchés monétaires. Nous agissons à titre d'agent du gouvernement relativement à la dette du gouvernement fédéral. Les efforts de consolidation de la dette du gouvernement et de celles de certaines sociétés d'État ont été couronnés de succès. Mais il nous faut en arriver au bon niveau de liquidités.
À mon avis — et cela ne relève pas notre responsabilité; c'est au marché de le faire — la titrisation doit continuer d'être une caractéristique de ce marché. La titrisation fait l'objet de pressions intenses en ce moment, à juste titre, parce que certains produits sont devenus trop complexes; il s'agit donc d'en éliminer pour en arriver à un noyau de produits plus normalisés, ce qui permettrait d'améliorer grandement l'efficacité des marchés.
Il faut également renforcer l'intégrité du marché. La gouvernance est un aspect de la question, mais des mesures plus efficaces de répression sont tout à fait critiques. D'ailleurs, je vous recommande de lire le rapport préparé par Nick Le Pan sur les EIPMS et le rôle de la GRC. Mais il convient de préciser qu'il s'agit d'une responsabilité partagée. Donc, ce n'est pas juste le travail de la GRC; c'est le travail des provinces, des procureurs du ministère public et des commissions provinciales de valeurs mobilières. Pour notre part, nous essaierons d'apporter une contribution à ce travail collectif.
En conclusion, je voudrais aborder trois points.
Premièrement, la question de la valeur, de la transparence et de la concurrence. La règle touchant la propriété étrangère a été éliminée en 2005. Voilà qui a permis aux investisseurs canadiens d'avoir accès à toutes sortes de marchés intéressants à l'étranger. C'est important pour les retraités. En même temps, cela a permis de créer des marchés, comme celui des obligations dites « Feuille d'érable ». L'idée de demander à la Bourse de Toronto de promouvoir le libre-échange et les valeurs mobilières est, encore une fois, le genre de mesures qui peut permettre de favoriser la concurrence au Canada. Nous obtiendrons de meilleurs résultats si la concurrence était plus vive. Voilà l'élément essentiel.
S'agissant de réglementation, j'estime, personnellement, qu'il serait peut-être intéressant de retenir la notion de réglementation proportionnelle, qui tiendrait compte de la taille des compagnies, en prévoyant des exigences différentes pour des compagnies de taille différente et de réglementation axée sur les principes. Et l'enseignement que je tire de l'expérience de cet été est que les gens vont toujours mettre au point de nouveaux produits financiers très sophistiqués. Ils seront très complexes. La prochaine période de turbulence — pour reprendre le terme qui décrit officiellement ce qui est arrivé — ne ressemblera pas à la dernière. Les produits seront différents. Mais, si vous adoptez certains principes, vous pouvez toujours contrôler les activités entourant ces produits; par contre, si vous avez des règles, les gens réussiront toujours à les contourner. Voilà ce que le marché nous a appris.
Mon dernier point concerne la sensibilisation des investisseurs, mais comme il est déjà 5 heures, je ne pourrai pas vous en parler aujourd'hui.